Récit de la course : Marseille-Cassis 2013, par vincevador
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Marseille Cassis 2013. Dans le dur, pas dans le mur.
Marseille Cassis 2013
Dans le dur, pas dans le mur.
Je pensais qu’avec un piètre 2h40, mon triste record de longévité sur l’épreuve était inattaquable. Je m’imaginais aussi mal aller taquiner mes 2h12 de l’édition précédente et encore moins les 2h réalisés il y a pas mal d’années maintenant.
Préparation à la hussarde, tronquée par une énième blessure au tendon et poids digne des plus grands ursidés de Sibérie. Si je pensais avoir tout vécu sur les lacets menant à Cassis, je me fourrais le doigt l’œil... avec une profondeur abyssale !
Mais je connais bien la bestiole et l’envie de partager ce moment de sport, d’effort et de convivialité avec d’autres amis compte énormément. Je voulais en être un fois encore, qu’elle qu’en soit l’issue. Après plusieurs entraînements minimalistes et un 5 km plus que poussif à Cabriès la semaine précédent la course, je décidai de trimbaler ma carcasse aux abords du Vélodrome avec pour buts avoués d’encourager mes runneuses et runners préférés, de rencontrer quelques amis, et de finir en évitant toute blessure.
En bon résilient que je suis, le macadam reste aussi pour l’heure un ring idéal pour affronter démons et idées grises en tout genres. Au “lâcher prise” prôné par une amie très chère, j’allais opter à son insu pour le traditionnel “lâché de torgnoles” mental. La baston s’annonçait donc fratricide.
Au lendemain d’un retrait des dossards ponctué de belles rencontres, avec notamment Clémentine, nous embarquâmes avec “Ironita” Delphine (pour son baptême) sur cette course renommée et redoutée. On retrouvait ainsi des amis de travail plus motivés que jamais. La tension et l’excitation étaient palpables. Mon rouleau de papier toilette les “rassurait” et achevait de nous faire rire.
Dès notre arrivée dans la cité phocéenne, pas de temps mort avec un premier rush pour déposer les sacs aux vestiaires. La foule était au rendez-vous, comme toujours. Un brouhaha sourd teinté d’éclats de rire émanait de ce magma en baskets.
Je retrouvais dans ce “monstre” runnistique quelques connaissances dont Clémentine, mon Bu, Captain, Vincent, Renaud (“redescendu” des avant-postes spécialement pour trottiner quelques hectomètres à mes côtés), et enfin Nadia, THE libellule of Nandy. Juste le bonheur.
ça part de là !... part one
La température extérieure rejoignais celle de l’ambiance générale : chaude ! Quelques papotages et la masse se mît d’un coup à se mouvoir en direction du portique de départ. Accolades, encouragements et le long serpentin prenanait son envol en direction de l’Obélisque. J’avais les jambes un peu lourdes. Je ne savais pas encore que cette “pesanteur” allait me lester jusqu’au charmant petit port cassidain !
Les premiers hectomètres passés, j’intimais à Delphine et Renaud de démarrer enfin en suivant leur rythme. Je savais que j’étais en dedans et attendais en bon vieux diesel que le moteur se mette enfin à ronronner. Ma libellule restait sur mon flanc gauche, idéalement placée pour tailler la bavette avec son grand nounours (entre mes tentatives infructueuses de reprise de souffle). Les faux plats longeant Valmante et Luminy sont toujours aussi sournois !
ça part de là !... part two
Dès le KM 4 et après un premier ravito que je néglige habituellement, j’ai su que j’étais aux abonnés absents. Pas de jus. Pas de jambes. Rien de rien (non mais allô quoi ?...). Impossible d’envoyer ne serait-ce qu’un demi km/h de plus. Malgré un bon cardio, et une chaleur quasi estivale que je sais pourtant appréhender, le physique ne suivait pas. L’absence de préparation et les quelques kilos superflus ajoutés aux cinquante qui ne le sont pas moins se payaient cash.
Un des avantage de la lenteur est qu’elle permet de repenser tranquillement sa stratégie de course. Au virage fatidique, quand le tapis d’asphalte s’est soudainement soulevé sous la gomme de mes New Balance, j’ai donc marmonné un valeureux “ça part de là !”.
Tu parles que rien n’est parti... Un bâton de dynamite accouchant d’un “pet du diable” !
Je me suis retrouvé en marche forcée à durée indéterminée, avec pour unique réconfort les encouragements de ma nandynette de choc. C’est qu’elle est forte la diablesse. Je la savais capable de monologuer sur longue distance, je découvrais avec stupéfaction ses aptitudes à faire de même avec du dénivelé. Un grand cœur... Dans tous les sens du terme.
Au bout d’un kilomètre environ, je lui proposais de me laisser continuer mon chemin de croix. Honnêtement, je n’avais plus vraiment de notion de temps et commençais à m’inquiéter pour son horaire de train pour rejoindre le pays de Nandy. L’organisation à l’arrivée de cette édition 2013 ayant été fortement bouleversée.
Etonnement, c’est en voyant s’éloigner Nadia, qu’un ersatz de force m’est revenu. Dans cette côte que j’ai tellement arpentée, à pied, en vélo ou en Coccinelle avec mes parents... Je retrouvais un peu de ma “superbe”. Je n’allais pas plus vite mais trottinais avec une cadence qui me permettais de doubler quelques concurrents sérieux (plus d’un quintal à vue de nez !) et de tenir en respect quelques autres prétendants à mon trône.
MA course avait enfin commencé. Bien différente de mes six autres participations. Avec certes quelques sanglots toujour. Des endroits magnifiques qui ravivent encore aujourd’hui mes plus beaux souvenirs. J’arrivais ainsi au col sous les vivas du gang d’Ingrid, avec une adorable Mary totalement déchaînée avec son “pouët pouët” !
Ce passage de baume au cœur et le replat me firent le plus grand bien. Autant que le second ravito précédant le KM 10. J’y saluais en catimini la fille de Pierre-Yves et repartais d’une foulée aussi décidée que... lente ! Mais là, pas d’amertume ni d’autoflagellation inutile. Je me faisais grâce des “gros con”, gros nul” enfin toutes les injures commençant par “gros” et finissant par un adjectif peu qualificatif... Concentré. Uniquement concentré.
N’oubliant pas ma récente blessure, je ne relançais pas non plus dans la première belle descente. Me rappellant les cadences de métronome de cadors de l’ultra, j’appliquais celles-ci à ce semi et enchaînais tous les faux-plats linéaires de Carpiagne sur un rythme constant. J’étais dans ma bulle et pas prêt d’en sortir.
J’encourageais parfois quelques concurrents à la peine et observais d’un œil dubitatif le ballet de camions de pompiers ou les secours présents au chevet des nombreux coureurs étendus sur le bitume. La chaleur pesante avait fait quelques ravages (130 interventions sur cette édition...)
Au km 15, je fis quelques dizaines de mètres avec un dernier quintalien. Un bref échange et je saluais le gringalet avant de lui mettre une mine dans la descente ! Pour mon club de Septèmes comme pour ma chère Team Salami, j’avais soudainement la satisfaction du devoir presque accompli. Je courais et m’éclatais.
Je trouvais devant les objectifs des paparazzis un moyen de rendre un hommage sportif à Sabrina, étoile partie trop tôt... Ainsi qu’à mes autres étoiles, parties trop tôt aussi à mon goût. Je croisais par la même occasions mes doigts pour deux autres personnes vers qui va tout mon respect et mon indéfectible soutien.
Au pied de ma Gineste, sous les encouragements des spectateurs encore présents, je ne cherchais pas non plus à relancer. Je connais suffisamment ces trois derniers kilomètres pour me préserver au maximum jusqu’au finish. Les deux derniers corps de coureurs allongés après le raidillon des pompiers me donnaient raison. Enfin, une petite décharge dans le tendon au KM 19 me confortais définitivement dans mes choix.
ça part de là !... part three
Vînt enfin ce dernier petit virage qui vous fait basculer d’un seul coup sur le port de Cassis. C’est à ce moment précis que j’ai entendu le cri incomparable d’Aurore. La reine des Kikous attendait les derniers concurrents avec sa joie communicative. Tellement communicative que les gens massés aux terrasses des restaurants cassidains me saluèrent assez massivement.
En plusieurs participations, je n’avais encore jamais vécu ça. J’étais galvanisé. La clepsydre avait beau être pleine à ras bord depuis belle lurette, la magie opérait une fois encore : j’étais heureux comme un gamin ! J’échangeais des regards, des sourires, des clins d’œil. J’arrivais ainsi tranquillement sur la finish-line...
Je retrouvais Delphine (radieuse pour son itronisation réussie !) et Philippe, puis Vincent et beaucoup d’autres amis dans le village puis sur la plage. Un salut bref en direction d’André Giraud, créateur du Marseille-Cassis, un échange très courtois avec Nelson Monfort et je me remis à déambuler au gré des rencontres sympathiques, et des “photos finish” entre amis dont les incomparables Xenath et Lucho, la Team Odalys et les kikous. Un bain de foule rafraîchissant en somme.
Ma libellule dans son train, Clémentine dans les bras de son bodyguard de mari, je termine ainsi ravi (comme un ravi !) cette énième édition à laquelle j’aurais probablement dû renoncer. L’envie de partager est donc plus forte qu’une simple côte goudronnée, fusse-t-elle un peu longue. Dans le dur oui, dans le mur non. Maintenant, après une année un peu compliquée, je vais essayer de me servir de ce sursaut d’orgueil pour reprendre mon combat quotidien en réfléchissant bien tranquillement à ma statégie... de vie. ça part de là !
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7 commentaires
Commentaire de Rudyan posté le 29-10-2013 à 23:18:20
Toujours un plaisir de te lire! Bravo pour ta course et à bientôt!
Yannick
Commentaire de calou posté le 30-10-2013 à 00:36:05
Bravo Vincent ! Tu l'as fait et bien fait ;-) J'espère partager quelques tours avec toi bientôt du côté de Marseille...
Commentaire de renaudm posté le 30-10-2013 à 07:31:01
Encore bravo Vincent !
Je n'ai pas regretté ma descente ” des avant-postes : La CAP c'est encore mieux en bande !
Commentaire de patmar13 posté le 30-10-2013 à 19:20:39
Un récit hors du commun et une volonté en acier blindé!! Tout mon respect Vincent!! Et pour l'année prochaine, ça part de là...
Commentaire de akunamatata posté le 02-11-2013 à 15:25:15
Bravo pour la leçon de combat ! Effectivement Mary et son klaxon, elle a supporte a fond.
Commentaire de vincevador posté le 04-11-2013 à 16:30:17
Merci les kikous. N'exagérons rien pour la volonté Pat !... Juste un brin de gestion pour ne pas se griller et hypothéquer ma saison de perte de poids et de course à vos côtés ;-)
Commentaire de Prokofiev posté le 27-11-2013 à 00:12:31
Très belle plume! On aimerait pouvoir raconter sa course avec autant de talent. Bravo pour ce récit. Et pour cette course. Je vais lire les autres.
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