Récit de la course : Marseille-Cassis 2010, par guigou

L'auteur : guigou

La course : Marseille-Cassis

Date : 31/10/2010

Lieu : Marseille 01 (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 1118 vues

Distance : 20.308km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Marseille – Cassis… quelle course !

J’avais pu récupérer un dossard in extremis par un cousin lointain qui s’occupait d’un club sportif marseillais. J’ai donc inséré cette course dans mon planning 2010 pas très chargé par ailleurs (Marathon de Marseille en avril et Saintélyon en décembre), mais cette incursion de « semi » dans mon programme que je souhaite orienter vers le « long » me posait néanmoins problème.

C’est là qu’il faut saluer bien bas la pertinence des entrainements proposés par le Coach. Les séances proposées ne négligeant aucune allure, on peut facilement rebondir du marathon au 10 km ou au semi…. Je choisissais donc d’orienter mes entrainements vers le développement de mon AS21, mais de continuer à consacrer mes SL du weekend à courir sur des chemins, du dénivelé et du nocturne si possible. Un programme MK6 orienté Saintélyon, donc !

Quelques jours avant, le fameux cousin me propose de bénéficier d’un dossard préférentiel, permettant de partir juste après les élites et d’accéder à une aire d’échauffement… Génial, mais du coup la pression monte ! Moi qui voulais juste me faire plaisir sur cette course, je me mets à me fixer des objectifs chronos, dans l’inconnu d’ailleurs vu mon peu d’expérience et le profil de la course. Compte tenu de mon temps en 2009 au 20 km de Montpellier, en 1h19, j’extrapole un 1h30 qui doit tenir compte du redoutable col de la Gineste, et du fait que lors de cette course précédente j’étais dans un très bon jour, ce que je ne suis pas du tout sûr de reproduire.

Un consultation des résultats des années précédentes me laisse comprendre que cet objectif de temps est loin d’être aussi aisé à atteindre, cela veut dire arriver dans les 800 premiers sur 13 ou 14000 coureurs, soit dans les 5-6 % de tête. Ça correspond à mes classements précédents, mais pour des courses où j’étais vraiment entrainé…

Samedi, retrait du dossard au village expo. Les membres du club courent tous pour une association pour le don d’organe : « Maryse pour la vie ». Sympa ! Dans les allées, on croise Stéphane Diagana, Jean Galfione, ou encore Philippe Rémond (9 fois vainqueur du Marathon du Médoc), avec qui j’ai l’occasion d’échanger quelques mots. Autre célébrité, du site CCAP cette fois, je croise Finopat et nous nous encourageons mutuellement pour le lendemain… Content de t’avoir rencontré, dommage qu’on se soit pas revu après l’arrivée. Les discussions tournent surtout autour de la météo, tout le monde sent bien qu’on va en baver !

Dimanche matin, vêtu d’un magnifique sac poubelle 130l, je rejoins les coureurs de mon « team » pour la traditionnelle photo, sous une pluie battante. Celle-ci se calmera juste le temps de nous laisser nous échauffer. Je profite des avantages de mon dossard VIP, une aire d’échauffement collée au sas, qui permet de rejoindre la ligne de départ juste avant le coup de feu. Ya pas à dire, ça vaut le coup…

Je me retrouve donc au départ à 9h30, je dois être dans les 300 ou 400 premiers sur la ligne, et la pluie nous rejoint en rideau durant le décompte du speaker. Mes compagnons de sas sentent comme moi que cette course ne va pas être comme les autres…

Départ ! Avec la pluie, les gens partent « raisonnablement », je trouve de suite un rythme correct, et me colle derrière les ballons 1h30. Je cherche Finopat qui a le même objectif, mais il a dû être bien plus enfermé que moi au départ. Je double Elvis Presley, deux garçons de café, et un lit de bébé porté par deux coureurs…. En couche culotte !

Deux kilomètres de  plat pour dérouler la foulée, on est à 14.3 km/h, les ballons 1h30 discutent pour savoir s’ils sont dans le tempo. J’en profite pour les passer, en me disant que ce sera toujours ça de pris…

Faux plat montant. J’essaye de garder le tempo quand même, 14.5 de moyenne jusqu’au 6ème km. Il pleut fort, je suis déjà trempé, j’ai bien fait de prendre une casquette, ça m’évite de prendre les gouttes dans les yeux, et ça me cache la Gineste, tout là haut, ombre menaçante dans la brume. Sous un pont qui annonce le début de la « vraie » montée, un groupe joue du Stevie Wonder. Ça met la pèche !

Ça y est, on attaque le col… l’allure ralenti, je double du monde…  J’aime les montées ! Ma vitesse tombe à 13 puis 12 km/h. Il faut la gérer, celle-là, elle est longue quand même ! Dans un virage, un podium sur lequel un groupe de pompom girls nous encourage. J’ai droit à une ovation, car j’ai quitté ma casquette pour leur faire la révérence… du coup, je bombe le torse, style « même pas mal », et je réattaque vers le col. Depuis le début, je ne regarde pas ma FC, mais là, je sens bien que je suis au taquet. J’arrive au col en 42’40’’, soit en avance sur mon objectif de 45’. Je me prends à espérer une bonne surprise au chrono, car beaucoup disent que le temps à l’arrivée est celui du col x 2.

Mais il faut tenir dans la descente. J’aime pas les descentes ! Et là, ça fait mal… la Gineste nous protégeait du vent dans la montée, mais là elle le canalise dans la descente : 100 km/h  en pleine poire, avec des trombes d’eau qui fouettent les visages. Certains auront même droit à la grêle. Après l’euphorie du premier km de descente avalé en 3’45’’, un faux plat suit et il faut tenir… 3 km durant. Je reste aux alentours de 15 km/h, mais c’est dur.  Depuis la descente, nous sommes un groupe d’une 10 aine de coureurs, ils me larguent dans la pente et je les « recolle » sur les faux plat. Inséparables ! La vue sur Cassis est complètement bouchée, c’est pas grave, je ne contemple que mes pieds et le dos du coureur devant moi. J’aperçois quand même deux énormes chars en travers de la route, qui barrent le passage. Nous passons entre leurs canons, au son de la fanfare de la légion, sous le déluge… ça fait de drôles d’impressions !

La pente s’accentue, la pluie ruisselle sur la route, elle créée même des petites rivières que nous devons enjamber par moment, façon steeple chase. Le rythme s’accélère avec la pente, je donne tout pour rester collé à ce peloton, j’ai mal aux jambes, et je n’ai qu’une envie… arrêter ! Il reste 4 km. Je suis au bout de moi-même, j’ai l’impression de ne plus arriver à enchainer, pourtant les km passent : 3’40’’ au 16eme, 3’30’’ au 17, 3’50 au 18eme, 3’55 au 19eme avec le passage de la côte des Pompiers… j’en ai tellement marre et mal de courir que je la sens à peine. Je veux juste en finir…

Je cherche partout un peu de réconfort : où sont ma femme et mes enfants ? j’ai mal mais j’ai pas froid, eux ils pataugent depuis 3 h sous la pluie, ils ont bien du mérite de subir cela pour me voir 3 secondes courir après on ne sait quoi… Les spectateurs sont massés où ils peuvent, sous les abribus, sous les arbres, les ponchos et parapluies fleurissent au bord de la route au fur et à mesure que l’arrivée se rapproche.  Chercher ma tribu me détourne un moment de mes « tracas », je cours de virage en virage en espérant les trouver. J’arrive sur le port, l’allure est toujours soutenue à 3’34, pour ce 20eme km. Soudain je les entends m’appeler dans l’avant dernier virage, je n’ai que le son, pas l’image, il y a trop de monde, mais ça y est, je sais qu’ils sont là, et que je suis arrivé… Je passe la ligne, je stoppe mon chrono en 1h24’41, c’est 5 mn de mieux que mon objectif… ça me place 247/13 089 coureurs classés, c’est bien au-delà de mon niveau habituel !

Je suis crevé, mais heureux ! j’ai l’impression d’avoir tout donné, ce que me confirme mon cardio que je regarde enfin : 179 de moyenne, ça fait 93% de ma FCM. Ça doit être pour ça que j’étais pressé d’arriver !!

Accueilli au stand « Maryse pour la vie », je me jette sur une banane innocente, je retrouve mon souffle, les jambes tirent mais je sais pourquoi… Ma petite famille me rejoint, ils sont trempés, transis, place au réconfort, l’épreuve est finie… J’ai droit à mon petit quart d’heure de gloire familial (c’est bon d’avoir des fans !), mais eux ont eu droit à 3 bonnes heures de galère !

 

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