Récit de la course : Marseille-Cassis 2024, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Marseille-Cassis

Date : 27/10/2024

Lieu : Marseille 01 (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 40 vues

Distance : 20km

Objectif : Faire un temps

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Belle, atypique et exigeante

Une nouvelle classique dans ma collection de courses, pourquoi pas ? Aussitôt proposée par mon club, la RIM, on n’a pas été long, Laetitia et moi, à tergiverser pour finalement s’offrir un week-end sportif dans le sud le France et ainsi découvrir la célèbre Marseille-Cassis. Idéalement placée durant les vacances scolaires d’automne, en fin de saison, ce pas-tout-à-fait-semi-marathon (20km et beaucoup de dénivelé) pourra s’appréhender sans grande préparation pour le stakhanoviste du km que je suis devenu.

 

6h de TGV

Un mois après les 100km de Millau, deux semaines après les 10km de Brumath et une semaine après les 40km du trail des forgerons, tout va pour le mieux. Ces dernières courses ont toutes été finies en tenant l’objectif fixé. Le dernier entraînement, jeudi, s’est certes fait avec une fatigue dans les jambes bien palpable mais je compte sur les deux prochains jours de repos pour que tout rentre dans l’ordre.

Le voyage est prévu en train avec un départ en début de matinée pour 6h de TGV en direction de Marseille. C’est long mais toujours moins qu’en voiture. On retrouve avec bonheur Sylvie et Thierry qui, magie du hasard, sont placés juste derrière nous. Le voyage passera d’autant plus vite avec des amis runners.

 

Longue journée

Arrivés à destination, d’autres « collègues » nous rejoignent sur le quai pour, ensemble, nous rendre au salon du running et récupérer nos dossards. Tout se fait très facilement malgré les 20.000 coureurs attendus. Nouvelle petite déception pour le maillot offert avec deux coloris au choix : rose pour les filles et bleu pour les garçons … no comment.

Le dernier tronçon en train ne se fera pas sans un petit aléa dont la SNCF a le secret. Le TER pour Cassis d’abord retardé puis non et enfin avancé nous fera finalement arriver vers 19h à l’hôtel. Une longue journée qui s’achève et sous la pluie en plus. Nous sommes en plein épisode cévenole et durant toute la semaine des trombes d’eau étaient annoncées pour le week-end. Apparemment tout ça devrait se calmer dans la nuit, on croise fort les doigts pour courir au sec et pouvoir profiter d’un after en terrasse.

 

Sas 2

Le coup de feu est à 9h00 mais avec la navette en direction de Marseille à prendre et la promesse de sas bondés, on prend déjà le petit déjeuner à 6h30 pour un départ à 7h00. On n’est pas loin d’une trentaine et on ne passe pas inaperçu au petit matin dans les rues de Cassis avec nos maillots blancs. On trouvera très facilement les navettes et arrivons au pied du stade vélodrome vers 8h30 : parfait l’attente n’en sera que moins longue.

Tout est vraiment bien organisé, il n’y a de l’attente nulle part, tout se passe de manière très fluide. Je suis sans le sas 2 réservé aux coureurs ayant pu justifier d’un certain chrono sur semi ou marathon. Je suis donc, théoriquement, de ceux qui devraient passer la ligne en moins de 1h45. Je pense que c’est faisable et j’espère même faire moins de 1h40. J’ai chargé une stratégie Pace Pro dans ma montre pour 1h35 sans vraiment y croire. On dit que cette course se fait dans les mêmes temps qu’un semi plat et je ne crois pas que les 1h35 soient encore à ma portée … On verra bien …

 

Petit privilège

Avant de rentrer dans mon sas, un dernier au revoir à Laetitia et aux autres pour retrouver Seb et Thomas tous deux en route pour le sas 1, celui des élites et des prétendants au sub 1h30 ou 1h20. Un petit circuit au tour d’un rond-point est improvisé par les coureurs pour un échauffement à minima. Je me mets également en mode hamster pour quelques minutes avant de me ranger derrière la ligne de départ.

A côté de nous, les coureurs des sas suivants, « grand public » (c’est noté ainsi sur leur dossard), sont agglutinés derrière des grilles, parqués comme du bétail. C’est drôle et flippant à la fois. Pour une fois que je ne suis pas dans le clan des gueux, je profite de mon petit privilège. Le départ est dans 5 minutes pour moi et déjà le décompte pour le sas 1 est lancé pour les élites dont les meilleurs devraient arriver après une petite heure.

 

Premiers km

C’est parti pour moi aussi et évidemment le premier km est un peu galère le temps de trouver sa place. En plus il y a des petites bordures de voies de bus très piégeuses auxquelles il faut être très attentif. Cette grande artère est pourtant large mais nous sommes 2000 par sas ! Je réussis cependant à clore ce premier kilo en 4:36 avec même un peu d’avance sur le programme Pace Pro et malgré le faux-plat montant.

C’est effectivement un peu montant mais on le sent à peine, pour l’instant. En fait l’altimétrie de la course est plutôt simple et elle peut se résumer en 10km de montée suivie de 10km de descente. Mentalement et physiquement il y aura une bascule à mi-parcours mais pour l’instant il s’agit de tenir et je remarque déjà au km3 que mon allure baisse par rapport à ma programmation. Je n’ai plus que quelques secondes d’avance et mon cardio commence à plafonner (170bpm) malgré un petit replat. Je décide de lever le pied au détriment du chrono de peur d’être totalement rincé avant même la fin de l’ascension.

Je ne regarde plus trop mes allures et jette uniquement un œil à la fréquence cardiaque en essayant de rester aux alentours des 164bpm. On sort petit à petit de la zone urbaine mais les spectateurs sont toujours aussi nombreux. Il ne pleut pas et il fait même trop chaud, je pense déjà à boire. Evidemment je n’ai rien emmené mais je pourrai attendre le sommet du col où, c’est sûr, il y aura un ravito.

 

Col de la Gineste

Km7, mon retard et d’environ 1 minutes mais ça ne me fait rien, mon objectif, celui que j’ai jugé dans mes cordes, et à 1h40 et là je suis encore sur des bases de 1h36, tout va bien. Un speaker met l’ambiance à grand renfort de décibels et nous indique que nous allons rentrer dans le Parc National des Calanques où ce type d’animation ne sera plus possible. Effectivement quelques mètres plus loin une arche annonce l’entrée dans le Parc et un panonceau de bord de route indique le col de la Gineste et ses 2,7km de montée.

Le dernier kilo montait déjà bien mais là … C’est à toute petite foulée que j’avance sur cette route à flan de montagne. Mes semelles de presque 1000km sont à la peine pour accrocher correctement le bitume encore humide des pluies matinales et je m’installe dès que possible sur la piste cyclable où le revêtement est plus rugueux. Les montées de Millau me reviennent en mémoire (ce n’est pas si loin) et une fois de plus je me délecte de cet effort malgré le souffle court, les mollets qui gueulent et le chrono qui s’émousse.

Les paysages promis commencent à s’offrir à nous avec d’abord la vue sur une nature préservée puis au loin, la mer. Une carte postale d’abord gâchée par quelques verrues tout de béton vêtues mais aussitôt oubliées par la majesté de l’environnement. Le serpent de coureurs qui se glisse sur la route devant moi est impressionnant et me donne une idée de la tâche qui reste encore à accomplir.

 

Descente

Encore 1km avant le D- et 3 minutes de retard. J’ai bon espoir de rattraper quelques secondes perdues dans pas longtemps, j’ai hâte de m’amuser dans cette descente. Km10, tout pile, on y est, il y a un ravito mais une petite pluie fine me rafraîchit assez pour pouvoir m’affranchir d’un arrêt et puis, j’ai du temps à rattraper en plus !

Ca va vite et dès le 1er km de descente je suis à nouveau sous une estimation de 1h38 avec un kilo à 4:11 suivi d’un à 4:08. Je suis bien essoufflé mais la vitesse est tellement grisante. Cependant, jusqu’au km15, quelques km seront malgré tout agrémentés de plat ou même de petites bosses me ralentissant quelque peu. Rien de grave je profite du paysage et des odeurs thym (ou romarin ou autre chose ?).

 

De plus en plus vite

Km15, une grosse section descendante, je suis sur une prévision de 1h37 et quelques. Le sub 1h40 est acquis mais je veux faire mieux. Je cours de plus en plus vite, encore un km en 4:08 mais je vais toujours plus vite. Je commence à passer sous les 4:00. Je force encore un coup, ça me ferait kiffer d’avoir un kilo sous 4:00 (pas sûr que ça me soit déjà arrivé et encore moins en course).

Km17 en 3:49 ! Record du M… Euh non, calmons-nous mais je m’impressionne quand-même avec cette allure inédite. Certes en descente mais irréelle pour mes vieux jambons. Au loin, Cassis et la mer. J’ai bon espoir de faire sous 1h37 mais il faut à présent assurer, tenir car, ça je l’avais noté, la rigolade en descente est finie à présent. Il reste du plat, un peu de montée et tout juste un peu de descente encore avant l’arrivée.

 

Content

L’enchaînement descente à fond les ballons puis montée est horrible. J’ai les jambes coupées, vidées, ça fait mal et là je rentre dans le dur. A trop vouloir faire le zouave, je me retrouve très diminué. Il y a de nouveau du monde, la ville est toute proche et ça contribue à ma motivation pour avancer sans trop ralentir. Je descends quand-même à 5:06 sur le km19 et ses 15m de D+ mais mon chrono prévisionnel se stabilise à présent aux alentours des 1h36.

Plus qu’un km, il y a beaucoup de monde. J’entends le speaker et la foule au loin, je suis à mon effort maximum. Des barrières, un tapis rouge et des panneaux 300m, 250m, …50m et … 1h36 et 30 secondes. Waow, je suis bien atteint, très essoufflé avec un dernier kilo à 4:19 où j’ai tout donné. J’avance en marchant à petit pas et attrape une bouteille d’eau que je vide d’une traite. On me tend un sac ravito avec la médaille des 45 ans de la course. Je suis content de moi. Objectif atteint une nouvelle fois sur un format qui ne me correspond plus trop donc … Content !

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