Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées 2012, par laulau

L'auteur : laulau

La course : Le Grand Raid des Pyrénées

Date : 24/8/2012

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 3961 vues

Distance : 160km

Objectif : Pas d'objectif

11 commentaires

Partager :

137 autres récits :

L'Ultra du Grand Raid des Pyrénées...aventure inachevée

Dur de commencer un récit quand on a encore beaucoup de déception dans la tête. Je m’imaginais au pire être comme la chèvre de Monsieur Seguin qui s’était battue toute la nuit avant de baisser les armes au petit matin, à bout de force. L’ultra devait véritablement commencer à Villelongue avec la fatigue bien sûr des 72 premiers kilomètres. Mais c’est là qu’il s’est terminé.

Peut-être une explication, la chaleur et le vent du sud qui soufflait ce vendredi ? Je sais que je ne supporte pas un effort important quand il fait très chaud. Depuis de nombreuses années, en alpinisme puis en course à pied route ou trail, j’ai eu régulièrement des défaillances quand la température s’élèvait trop.

Dès le jeudi, il régnait une chaleur suffocante sur Vielle-Aure notamment sous la tente de retrait des dossards et du briefing.

A l’annonce du départ reculé de 2h, j’ai fait la grimace, sachant qu’on allait prendre le chaud dès Merlans puis surtout dans la montée du Pic du Midi.

Les sacs sont prêts, je dirais enfin prêts, puisque ce sera finalement assez long avec du bazar partout dans la chambre même si on avait commencé à préparer l’affaire avant de partir.

Il faut prévoir les sacs des base-vie avec des vêtements, de l’alimentation, des affaires de toilettes, préparer le sac en optimisant le poids.

Le repas du jeudi soir en terrasse d’un resto de Saint-Lary est très agréable avec Patrick et Raymond puis Julien et Christophe qui nous rejoignent. On est tous détendus.

Vendredi 24, 6h30, on s’approche du départ. Tant de mois à y penser ! Maintenant, on est tous impatients de partir.

 

Il ne fait vraiment pas froid. Les premiers hectomètres changent puisqu’on prend la route de Saint-Lary avant de partir vers Vignec. Dans les premiers lacets, cela monte quand même assez vite et on se fait doubler par de nombreux coureurs.

 

Soulan

C’est après Soulan que cela se calme, le sentier étroit et raide empêche de doubler.

 

en montant vers la crête de Cap de Pède

Enfin, la crête herbeuse, où on peut discuter en montant tranquillement. On voit loin devant les coureurs qui s’approchent peu à peu du Col de Portet. C’est sur les parties où on peut dérouler un peu que je me sens mieux, jusque là j’avais les jambes un peu lourdes.

Du monde nous encourage au passage de Portet, après 1400m de D+ je dis à demain aux cailloux du chemin…Ils doivent m’attendre encore !!

Arrivée au ravito de Merlans, où je pointe en 2h09 à la 119ème place, c’est conforme à ce que je m’étais dit.

Dans la remontée sous le téléski,j’ai anormalement mal aux jambes, çà, cela m’inquiète car ce n’était absolument pas prévu !

Dans les portions planes ou presque qui suivent, les jambes vont un peu mieux mais je sens que je n’ai pas l’agilité, la facilité que je devrais avoir à ce moment de la course. Puis en arrivant sous le col de Bastanet, une petite contracture (pas une crampe), se déclenche dans un mollet. Dans la descente derrière puis dans la caillasse jusqu’au barrage de Gréziolles, les jambes ne répondent pas bien alors que l’an dernier, en allant plus vite, j’avais eu l’impression d’une descente rapide jusqu’à Artigues. Pourtant, j’ai pris le soin de bien boire, de me rafraîchir dans les torrents que l’on traverse. Mais l’arrivée à Artigues dans la chaleur est difficile malgré les encouragements d’un public très important. J’y pointe en 101ème position en Sous la tente du ravito, il fait vraiment très lourd et je ne m’y attarde pas. Je remplis les bidons, me mets du ravito dans les poches et je repars avec Raymond.

On commence doucement la montée dans la forêt parce que c’est très raide et que je sais qu’après, il n’y aura plus d’ombre jusqu’au Pic. Au Pont des Vaques, je m’allonge pour me mettre la tête dans l’eau fraîche et imbiber ma casquette. Un groupe se forme dans la montée mais je sens que j’ai du mal à suivre. Peu à peu, je me fais lâcher. J’ai mal aux jambes, je me sens oppressé par la chaleur et le vent. Déjà, des coureurs sont mal en point au bord du sentier.

J’arrive avec un peu de retard sur Raymond à Sencours, je n’avais pas prévu de m’y arrêter car j’avais tout ce qu’il faut sur moi mais on est carrément obligé par les bénévoles. Finalement, je m’y assois. Mic31, m’encourage mais je suis très désabusé par mon état.

 

L’aller-retour vers le Pic est toujours aussi inintéressant, surtout quand on y a été déjà plusieurs fois. L’intérêt, c’est qu’on voit un paquet de coureurs à l’aller ou au retour et donc, on peut s’encourager !

 

 

 

Raymond

 

Patrick

photos sur le site http://www.jingoo.com/index.php?key_user=$1$U6TKPT48$X5wMxJN7la5Bg0KKPKz4C1

Il y a un robinet juste avant le CP et je m’arrose la tête.

Au pic, je passe 105ème en 7h51. L’an dernier, sur le 80km, j’y étais en 6h50, en bien meilleur état.

 Raymond, qui a mal aux genoux, descend doucement, je le rattrape  et on arrive à Sencours ensemble. Il envisage déjà l’abandon. Moi, pas encore, mais ça commence à tournicoter dans la tête. Toujours autant le bazar et tendu ce ravito de Sencours ! ça doit pas être simple d’y être bénévole, surtout cette année avec  ce vent et cette histoire de pénalité pour ceux qui ne montent pas au pic !

Je sais que, pour aller à Hautacam, c’est long et plus dur que ne l’indique le profil. Je me charge en eau. Dans chaque petit col, raides les cols, notamment celui de Bareilles, je dois m’arrêter pour me reposer. Dans les descentes, Raymond a mal aux genoux et moi, les cuisses explosées ! Alors, c’est allure moderato ! On se fait doubler par nombre de coureurs qui ont l’air à l’aise. Domi81, très bien, m'encourage en me passant. Enfin, Hautacam, dans le brouillard. Il y a du monde dehors ! Des concurrents sont mal en point. J’attends Raymond quelque temps. On décide d’être digne dans l’abandon ! On appelle la famille pour leur dire que l'aventure s'arrête là. J'appelle aussi Kikourkool pour lui dire de ne pas attendre, lui, qui  s'était porté gentiment volontaire pour nous aidé à Villelongue puis Cauterets.  On va jusqu’à Villelongue ! La descente achève mes jambes, même les portions roulantes me font mal !

A Villelongue, au 72ème km, on rend le dossard et on attend le bus des abandons au chaud dans la salle. On récupère un peu puis direction la sortie. Mais j’ai vraiment mal aux jambes et j’ai beaucoup de mal à marcher. Patrick, (kikourkool) est là et on blague ensemble puis il ira voir notre copain Patrick à Cauterets.

Déjà, j’envie les coureurs qui repartent dans la nuit, frontale sur la tête, vers le Cabaliros. Depuis Sencours, j’étais en galère, sans plaisir. Je crois que c’était mieux comme ça pour moi. Patrick, lui, arrivera au bout malgré des pieds bien abîmés qu’il a dû faire soigner, en 33h30 en 25ème position ! Son arrivée est émouvante pour tout le monde !

 

Patrick à l'arrivée

Quasiment tous les finishers passent la ligne d’arrivée dans un état de fraîcheur étonnant, puis quelques minutes après, tout l’organisme lâche et pas mal s’écroulent de fatigue, tremblent de froid et ne peuvent plus faire un pas ou alors difficilement. C’est impressionnant ! Mais contrairement à l'an dernier, cela ne m'effraie pas.

Je ne sais pas si je retenterai le coup l’année prochaine mais un jour, oui, c’est sûr !

Je tiens à féliciter l'équipe organisatrice pour son énorme boulot, les bénévoles pour leurs soutiens, leur efficacité dans des situations pas toujours simples. Cette petite place de Vielle-Aure est en train de devenir un endroit mythique dans le monde du trail !

11 commentaires

Commentaire de Byzance posté le 30-08-2012 à 20:51:30

Un abandon, c'est pas grave (j'ai testé) : permet de ne pas se "dégouter" et au contraire de se remotiver pour un autre objectif.

Commentaire de xaxa posté le 31-08-2012 à 14:17:17

Merci laulau pour ton cr et ton message sur le mien.
Je ne sais pas si j'irais plus loin en distance que des 80/100 déjà bien exigeant en préparation et course (même si hein pourquoi pas ?). Je ne peux que féliciter tout ceux qui se lancent ce genre de défi, même si là cette fois-ci pour toi il a fallu mettre le clignotant!
La chaleur a sûrement fait des dégâts.

Commentaire de caro.s91 posté le 31-08-2012 à 17:31:12

Laulau, Ce n'est jamais facile d'abandonner dans une course... Il faut "digérer" et comprendre ce qui n'a pas été. Je n'ai absolument nul doute que tu sauras rebondir rapidement et que tu vaincras ce 160 !!!
Caro

Commentaire de Francis31 posté le 01-09-2012 à 07:29:54

C'est un sacré morceaux ce trail ! Mais bien d'autres courses t'attendent pour retrouver le plaisir de dérouler....Bonne récup et à bientôt.

Commentaire de Ben64 posté le 01-09-2012 à 14:16:16

Un abandon pour mieux repartir du bon pied! Tu les boufferas une autre fois tes 160 km! Un jour sans au mauvais moment ça arrive.
Bonne récup et à bientôt!

Commentaire de grumlie posté le 01-09-2012 à 18:12:25

Partie remise alors?! C'est pas pratique de devoir s'inscrire en janvier: on n'a pas la météo... Au moins tu ne dis pas plus jamais. A bientôt sur d'autres sentiers ou à Vielle Aure ou l'on se sent super bien!

Commentaire de domi81 posté le 01-09-2012 à 19:51:27

et moi qui croyait que les Basques étaient des costauds !!
bien content de t'avoir rencontré et la prochaine fois, ça va passer.

Commentaire de Miche posté le 02-09-2012 à 11:07:19

Je n'ai pas vu beaucoup de coureurs cette année mais je t'ai vu avant le départ, un peu plus serein qu'après l'Andorre. Je t'ai revu après pas si abattu que ça. Tu t'étais sûrement mis un peu de pression mais c'est normal pour le premier 160 je suppose. Repose toi, refais des courses courtes comme tu les aimes et peut-être tu retenteras un 160 un autre fois... Moi aussi j'adore les courses courtes et aussi les semi et les marathons mais le 160 ça m'attire comme un aimant ! Transmets mes félicitations à Patrick

Commentaire de laulau posté le 02-09-2012 à 19:51:40

@ Bizance : Tu as raison...mais faut pas s'y habituer quand même ! ;)

@ xaxa : Tu viendras un jour goûter aux 160km, forcément !

@ caro : Merci caro et continue à soigner doucement ce satané genou !

@ francis: Oui, un sacré morceau mais j'arriverai bien à l'avaler un jour !

@ ben : J'ai commencé la récup en VTT avec toi ce matin !!

@ grumlie : A bientôt sur d'autres sentiers...peut-être à Nant début Novembre ?

@ domi: Je suis "en partie" basque...je ne suis qu'à moitié costaud ! Sinon, c'est bien dommage pour toi, je te sentais vraiment bien parti. T'es arrivé à Villelongue comme je voulais y arriver ! ...presque frais comme un gardon !

@ miche: Oui, peut-être as-tu raison pour la pression ! J'essaie d'analyser sereinement tout ça. En tout cas, les jambes dans la fontaine sur la place de Vielle-Aure à 2h du mat sur ton conseil et celui du pompier avec qui tu étais au PC course...ça restera un des bons moments du week-end ! Si je ne prends pas un dossard sur le GRP 2013, j'essaierai vraiment d'y être bénévole !

Commentaire de Japhy posté le 09-09-2012 à 15:49:07

Quand il fait très froid c'est très dur, mais parfois quand il fait trop chaud, c'est pas mieux! La montagne est décidément difficile! Bonne récup, et plein d'encouragements pour tes courses futures!

Commentaire de bobistb posté le 20-04-2013 à 14:17:09

Alors tu l'as ce dossard ? Moi j'espère Pour 2014 mais 80 pas 160. Trop peur !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.08 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !