L'auteur : Liliputiengeant
La course : Saintélyon
Date : 6/12/2009
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 3963 vues
Distance : 69km
Objectif : Pas d'objectif
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La Saintélyon. Une course un peu mythique, mais dont je ne me faisais pas toute une montagne… Et pourtant aujourd’hui, au lendemain de la course, l’euphorie est encore tellement présente que je me sens obligé de retranscrire tout cela par écrit. Il y'en a déjà des quantités mais bon... Il faut que ça sorte quoi !
Après avoir pris la décision de participer à la Saintélyon il y a quelque temps, principalement à cause de tous les gens qui m’ont dit "la Saintélyon, c’est fou !", j’arrive à Saint-Etienne vers 19h ce 5 décembre. Retrait du dossard, contrôle de la puce, l’organisation est au top et tout va très vite. Ensuite il faut trouver le Flore pour rejoindre l’AAB Kikou, et je n’ai pas la moindre idée de par où aller. C’est à la même adresse que le départ de la course, certes, mais c’est un peu grand ici… Je prends donc une direction à l’instinct, et tombe très rapidement au bon endroit. C’est plutôt bon signe !
J’entre, je récupère mon ticket repas et mon petit nom donné par les organisateurs d’un jour qui ont fait un super boulot ! Je ne traine pas pour aller manger car il faut avoir le temps de digérer. Je me dirige vers une table non pleine et m’installe avec trois personnes bien sympathiques. Mais, et il fallait le faire étant donné le nombre de kikous présents, aucun d’eux n’est kikoureurs ! Pas grave, on n’est pas sectaire, et la discussion reste sympathique. Nous serons rejoints par ChrisTof et Tidgi, si ma mémoire des pseudos est bonne… Après une petite assiette de pâtes et un dessert sur lequel je n’ai pas résisté à mettre un peu de glace, la pression commence à monter et on part s’équiper les uns après les autres.
Préparation tranquille, concentré, où j’échange avec quelques kikous, notamment Belet que j’ai identifié après coup pour son numéro de dossard très proche du mien. Pouvoir faire tout cela sans se presser et au calme a vraiment été un super luxe ! Puis dépose des sacs dans les bus pour Lyon, rencontre de quelques Kikous dans le parc expo, et direction le départ. Je me concentre sur ma course, partir tranquille… L’objectif que je me suis fixé est la barre des 10h, passer sous les 9h me semblant inatteignable. Malgré cela, bien caché dans un coin de ma tête, une petite pensée me disait "quand même, la Sainté de bronze ça aurait de la gueule !" Je ne partirai pas pour et ferai ma course en gérant au mieux, à commencer par un départ prudent.
L’ambiance monte, la musique commence puis le départ est donné ! Cinq minutes plus tard, je franchis la ligne, déclenche mon chrono et commence à courir. C’est parti pour 69km !! Je courrai à petite allure, mais sans perdre trop de temps sur les premiers kilomètres. Il y a du monde sur le bord des routes, on courrote en discutant avec quelques kikous, ça commence bien. Puis ça commence à monter, je cours très lentement et me force à marcher dès que la pente est un peu forte. On commence à avancer dans les chemins quand quelqu’un devant moi annonce "regarde derrière". Le serpent lumineux, fil d’argent cousu sur le paysage nocturne, s’étire derrière nous. C’est époustouflant et il faut le voir pour en comprendre toute la beauté.
En approchant de Saint Christo, mon estomac commence à donner des signes de faiblesses. Les pâtes ne passent pas vraiment. Je n’envisage pas encore d’arrêt technique, mais je suis craintif… Au ravitaillement, suite aux différents conseils reçus, je décide de ne pas m’arrêter. Malgré cela, il y a suffisamment de monde pour être obligé de se frayer un chemin à travers le ravito de perdu. Un peu de temps de perdu, mais la consolation est toute trouvé : avec tout ce monde dedans, je viens de gagner au moins 200 places ! Je suis à 1h50 de course et 3117eme.
Peu après, les pâtes se rappellent encore à mon bon souvenir. Je suis obligé de m’arrêter, mais fort heureusement je n’aurai plus aucun problème de ce coté là jusqu’à l’arrivé. Je reprends la route, toujours en gérant mon effort, et en profitant de cette ambiance feutré si particulière et du spectacle qu’offre les frontales. J’arrive assez rapidement à Moreau où je décide de m’arrêter pour remettre de l’eau dans la poche. Il y a encore beaucoup de monde et quand j’atteins les bénévoles, on me donne un demi-litre pour qu’il reste de l’eau pour les suivants. Ah, on est rationné sur l’eau ? Bon, ben je serai plus léger et j’irai donc plus vite ! J’empoigne quelques tucs que je mange en marchant, après avoir bu un thé. J’en suis à 2h40 de course et 3052eme.
Ensuite il arrive pas mal de descente et de boue. Je reste prudent pour ne pas me blesser, et sachant pertinemment que j’aurai besoin de forces dans les derniers kilomètres. Les muscles commencent déjà à tirer, notamment au niveau des mollets, et je marche à la sportenine pour éviter les crampes. Malgré cela j’avance bien. Je mange également régulièrement barres et gels depuis le départ. J’en ai prévu assez pour ne pas devoir manger aux ravitaillements, et je pense avoir fait le bon choix.
A Sainte Catherine, je suis 3032eme en 3h25 de course. La je commence à me dire, sans y croire, que si je continue ainsi la Sainté de bronze est possible. Comme il y a toujours autant de monde je ne m’attarde pas. Je sais qu’il me reste peu d’eau, mais les ravitaillements sont proches. Ca remonte un petit peu, certains pestent, mais en marchant quand cela est nécessaire les côtes passent vraiment sans problèmes. J’arrive même à récupérer dans certaines montées. Par contre, je commence à avoir du mal à courir en continu sur les parties roulantes. Au trentième kilomètre, c’est déjà le mental qui fait tourner les jambes pour courir en continu…
Arrive la descente du bois d’Arfeuille, réputé assez dangereuse. Effectivement on retrouve une bonne composante trail ici, et j’en profite pour faire parler un peu l’expérience dans les descentes. J’emboite le pas des relais pour doubler à certains endroits, et gère le reste du temps. Un peu de souplesse est nécessaire dans les chevilles, mais ça passe plutôt bien. Ensuite, on aperçoit le ravito de Saint Genoux au loin. La je me dis que le chrono est bon, mais plus suffisant pour les 8h30. C’était sans compter que voir le ravito n’implique pas d’en être proche. Un sacré détour et pas mal de montée reste à faire avant de l’atteindre. Mais le point de vue sur le fil de lumière sur le versant opposé en arrivant sur le ravito est tellement beau qu’on oublie bien vite cette déception. Je range la Sainté de bronze très loin et me reconcentre. Je sais que je peux faire un chrono loin sous les 10h, alors autant se défoncer.
A sec depuis une demi-heure, je dois faire le plein du Camel. Après 5 minutes pour atteindre les tables, le bénévole est au regret de me dire que les Camels doivent être remplis au robinet près de l’entrée. Zut ! Je prends quelques tranches de saucisson et du coca et me place dans la file d’attente pour le fameux robinet car je ne peux pas repartir à sec jusqu’à Soucieu. Je profite de la file pour jeter mes emballages, sortir la poudre énergétique et manger tranquillement. Un petit peu de temps perdu, mais c’est le cas pour tout le monde et la motivation reste intacte. J’en suis à 4h36 et en 2740eme place.
Comme vu sur le profil, ça remonte un peu ensuite, et cela passe toujours bien en gérant. Par contre, là où je ne m’attendais quasiment qu’à de la descente jusqu’à Soucieu, il y a beaucoup de faux plats et de passages vraiment roulants. Il faut dérouler, courir sans discontinuer, et c’est dur. Je n’en ai pas l’habitude, les jambes raidissent et je commence à avoir les pieds endoloris, le bitume n’aidant pas. Pour la première fois le ravitaillement est un peu plus éloigné, et cela se sent, mais je continue, au forceps !
Soucieu en Jarrest, 5h45 de course, 1931eme. En découvrant ce classement, j’imagine qu’il y a eu de nombreux abandons à Saint Genoux, car je ne vois pas comment j’aurai doublé 800 personnes ! Une fois encore c’est l’engorgement. Je décide donc de ne pas m’arrêter, mais même traverser le chapiteau est difficile. Hop, astuce , on fait demi-tour et on emprunte le passage des relais à 3 et 4, et c’est reparti. Je continue de m’alimenter sur ma réserve personnelle qui s’avèrera tout juste bien dimensionné au final. Il me reste 2h45 pour la Sainté de bronze, ça me parait impossible, et pourtant je fais toujours le calcul, allez comprendre…
Les 12 kilomètres jusqu’à Beaunant me paraitront très long. Il faut beaucoup d’énergie pour courir et j’ai du mal. Je suis complètement cuit, mais le rythme reste assez régulier. Le moral baisse mais tiens parce que je suis content de ma gestion de course. Je me fais violence pour courir, et ça marche ! Quand je faiblis, je marche et en profite pour avaler une barre, et c’est reparti. Je suis de nouveau à sec, il faudra patienter quelques kilomètres. Heureusement les crampes ne se montrent pas. Ca descend vers Beaunant, j’en profite et arrive bien à allonger. Décidément, c’est le plat qui me ralentit !
Ravito de Beaunant, 7h09 de course et 1579eme. Il me reste 1h20 pour 12 kilomètres, la Sainté de bronze ressort vraiment de sa cachette et me motive à bloc. Une fois de plus l’eau doit être rationnée et je prends un demi-litre dans la poche. Ce sera un avantage dans la côte de Sainte-Foy. Je repars donc rapidement. Pour l’alimentation, je mange mes dernières barres dans la côte, cauchemar pour beaucoup, mais qui passe bien pour moi. Avoir fait des trails en montagne, ça aide pour la Saintélyon ! Malheureusement le panneau 10km n'arrive pas et je me dis que c'est définitivement foutu pour les 8h30. Pourtant j’arrive à rester dans ma course à ce moment là, alors que le moral aurait pu chuter et me faire perdre beaucoup de temps.
Puis voila le panneau 10km, il me reste 1h et 1 minute. C'est mort il reste la montée à Fourvière et il est impossible que je tienne 10km/h après tout ça. Mon sentiment est confirmé, mais je garde l’envie de faire bonne figure. La montée passe bien, et la descente, avec ses marches et ses pavés passe encore mieux (mais pourquoi ils ont mit du plat sur le reste du parcours ! ). Résultat, j’atteins le dernier point de ravitaillement à 8h de course à ma montre. Dans ma tête il restait 6 kilomètre ici, mais le panneau 5 kilomètres restant est là. La tête se réveille une fois de plus, il me reste 30 minutes pour le bronze. Ca veut dire que j’ai tenu 10 km/h sur la demi-heure précédente. Pourquoi est-ce que je ne pourrai pas y arriver maintenant ?
J'y crois pour de bon. Je cours à un gros rythme, mais impossible de savoir si ça sera suffisant. Je n’ose pas accélérer plus de peur de craquer, mais je n’écoute plus mes jambes. C'est très long, mais la tête dicte tout. On entre dans le parc de Gerland, il reste 6 minutes, je ne sais pas où est l'arrivée, j'accélère donc avec les forces qui me restent. J’ai peur de craquer de rater ce chrono si près du but. Et puis apparait un panneau 75m, il reste 3 minutes, je sais que c'est fait, l'émotion est énorme. Il y a beaucoup de public, une vraie ovation pour chaque coureur, c’est génial et j’en pleure. Je suis resté au bord des larmes pendant plus d'une demi-heure. Désolé pour les kikous croisés à ce moment là, je n'ai pas cherché la conversation, l'émotion était trop forte.
J'ai fait les derniers kilomètres à environ 10,5 km/h d'après le chrono, je n'ai pas la moindre idée d'où je suis allée chercher ça. Mais quelle satisfaction. 8h28 à ma montre. 8h30 et 55 secondes sur le site de la Sainté, mais sans compter le temps à passer l’arche de départ… Je n’aurai peut être pas "officiellement" ma Sainté de bronze, mais cela ne gâche rien. Il s’agit d’une barrière horaire, et je sais que je l’ai battue. Je suis donc aux anges !
Après avoir récupéré mon sac, je file prendre une douche, encore brulante à cette heure. Puis je prends le repas d’après course dans une ambiance un peu étrange : tous ceux qui ne sont pas en train de manger ou de parler s’endorment sur leurs chaises ! Ensuite je passerai entre les mains d’un kiné. Seulement 20 minutes d’attente, et un véritable luxe pour la récupération. Et déjà, il faut repartir prendre le train, quitter l’univers parallèle dans lequel on est entré pour cette course.
Au final, seuls des supers souvenirs restent, et même si j’ai critiqué les ravitaillements, je ne peux pas dire que cela aurait été mieux autrement. Aurais-je pu attraper un chrono à deux minutes prêt en prenant plus d’eau sur moi, et en étant encouragé à m’arrêter tranquillement à chaque fois ? Aucun moyen de le savoir, cette Saintélyon reste donc parfaite pour moi !
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6 commentaires
Commentaire de dédé.a posté le 07-12-2009 à 19:15:00
J'AI CHOISI CE C.R hasard car je voulais la faire cette saintélyon et de lire ce recit m'a projete dans ton parcours
bravo pour ton exploit: je pense que participer et terminer est plus important que le chrono
bien pour ton recit
je ne te connais pas mais c'est la magie de KIKOUROU
sportivement de la part d'un V4
dede.a
Commentaire de Fredy posté le 07-12-2009 à 20:44:00
Bravo pour ta course, tu as bien su gérer effectivement. Lorsque l’on a bavardé ensemble et que tu m’as annoncé vouloir finir en moins de 10 heures, je ne t’ai pas contredit, mais vu ton allure, je me doutais bien que tu serais largement en dessous.
Bon je sais j'ai fait un copier coller du MP que je t'ai envoyé, mais c'est vraiment sincère.
Commentaire de mysterjoe posté le 07-12-2009 à 21:00:00
bravo pour ta course et merci pour le récit qui rend bien le plaisir que tu as eu a la courir.
Commentaire de Belet posté le 08-12-2009 à 03:27:00
Bravo Sébastien.
En effet c'était facile de se repérer avec nos dossards :)
Officielle ou pas, félicitation pour cette Sainté de Bronze. Un peu mieux placé au départ et c'était dans la poche.
Et pour un traileur qui aiment visiblement le pentu, tu t'en sors plutôt bien sur un parfait contre-emploi.
Arnaud.
Commentaire de vial posté le 08-12-2009 à 23:44:00
la bronze était à portée de pied
la prochaine fois tu l'auras à la main
bravo pour le final de ta course contre le temps
michel
Commentaire de yves_cool_runner posté le 09-12-2009 à 21:17:00
Vraiment bizarre ces histoires de chrono : pour moi, j'ai bien été chronométré en temps réel... Sinon, j'ai aussi eu les intestins retournés (20' d'escale technique à Soucieu) et un gros coup de mou jusqu'à Beaunant... Grandeurs et misères du coureur de la Saintélyon ! Mais surtout même joie d'arriver ! FELICITATIONS FINISHER, c'est un grand "truc" de l'avoir fait.
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