Récit de la course : Saintélyon 2006, par gerard

L'auteur : gerard

La course : Saintélyon

Date : 3/12/2006

Lieu : Saint Etienne (Loire)

Affichage : 4356 vues

Distance : 68km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Saintélyon 2006 : Ah, quelle nuit !

 

8h36'10", c'est le temps qu'il m'a fallu pour parcourir, de nuit, les 68 km
séparant St Etienne de Lyon, en participant de la Saintélyon.

Il n'est que 21h, lorsque nous arrivons à St Etienne,
Fabrice, Candice, sa partenaire du relais à trois, et moi.
Il n'y a encore que peu de monde dans le Hall B du Parc des Expositions.
Nous récupérons nos dossards "bavette", et la puce à attacher à la cheville.
Il nous reste alors presque 3h à attendre.

Le Hall se remplit petit à petit à mesure qu'arrivent les coureurs.
Chacun se repose comme il peut, les uns assis, d'autres couchés, tête sur le sac.
Certains font chauffer leurs pâtes sur un camping-gaz,
et font leur dernier plein d'énergie.Il y a de quoi boire (thé, café, eau),
et s'alimenter (pain d'épice,..)

Le speaker annonce que le record de participants est battu :
7500 coureurs, dont 2800 environ en solo (68km), les autres en relais à 2, 3, ou 4.
A mesure que l'heure approche le stress monte. Je tourne un peu comme un lion en cage.
Je suis en tenue. Mon sac est déposé dans le car pour être transporté à Lyon.
Je me suis assuré que j'avais bien ma frontale, et qu'elle fonctionnait.
La nuit sera noire.La lumière de la lune ne traversera pas la couverture nuageuse.
Il pleuvait lorsque nous sommes arrivé chez les "Verts". La pluie menace.

Avant le départ, devant le panneau du parcours,


et juste devant "Soucieu en Jarrest" et le "Marjon",
lieux de mes entrainements.



23h45 : le départ des premiers relayeurs est donné,
sous les acclamations des futurs galériens.
Ces derniers s'approchent petit à petit du départ.
Je me place juste derrière la ligne.
On ne pense même pas qu'on est là pour rejoindre la capitale des Gaules,
à 68 km de là, qu'il faudra traverser les Monts du Lyonnais,
passer à 900m d'altitude, et emmagasiner 1300m de dénivelé positif.

Je viens là pour "le plaisir" mais je me suis donné un objectif de 8h15
Mon ami Régi a le même objectf . Il me donne sa feuille de route avec les temps escomptés.
- St Christo en Jarez (km 16) : 1h48
- Ste Catherine (km 28) : 3h15
- St Genoux (km 36) : 4h25
- Soucieu en Jarrest (km 45): 5h20
- Beaunant (km 57): 6h45
Ca me va. Je veux, en plus, rester autour de 140 bpm , soit 82% FCM.
Ce ne sera pas facile de controler avec la nuit.

0h00 : le départ est donné.
Le rythme est rapide. On est dans St Etienne. C'est du goudron.
Du plat, et faux-plats, jusqu'à la Talaudière. Je suis tranquillement. dans l'euphorie générale.
Cest àprès le ravitaillement de Sorbiers, à 6km, que commence le chemin.
Très rapidement, je vais voir ce qui va me pénaliser : la buée.
Il fait chaud et l'effort provoque de la buée sur mes lunettes.
A la lumière de la frontale le sol est fugitif. Je devrai m'arrêter souvent pour essuyer les verres.
De plus, la frontale, sur le front me gène. Je la garderai à la main, sauf dans les passages difficiles.

Les chemins sont boueux, les pierres et cailloux sont glissants,
les flaques d'eau sont importantes
Après être passé dans un parc, avec un lac, j'arrive sur le stade de St Christo en Jarez
Il est 1h38'39. J'ai 9 mn d'avance sur mon planning. Satisfait.
Jusqu'à Ste Catherine , il n'y a presque que des chemins. Pas facile.
Mais que c'est beau : un long serpent lumineux s'étire sur les Monts du Lyonnais.
Une ligne de lumière continu.
Quand on est dans un creux on voit où l'on devra monter, et vice-versa.
Au bout d'une descente, peu large, et glissante au possible,
j'atteinds Ste Catherine à 3h13'40. Encore 2mn d'avance.

Malheureusement, il commence à pleuvoir. J'enfile ma veste.
La sortie de Ste Catherine est une longue côte, puis un chemin qui n'en finit pas.
La fatigue commence à se faire sentir à cette heure matinale.
J'ai une baisse d'énergie et de moral, et me demande même si je vais aller au bout.
Il reste encore 38 km !
Je cours, sans conviction dans le bois d'Arfeuille,pas facile,
puis sur les chemins qui montent à St Genoux.
Un léger brouillard est de la partie. Avec de la buée et du brouillard, je n'y vois plus rien.
Au ravitaillement de St Genoux, je lis 4h40 sur ma montre. 15mn de retard sur le planning.

C'est un peu le bazar à ce ravito, mal organisé pour tout ce monde.
J'y passe un bon moment, un peu démoralisé, prêt à m'arrêter à Soucieu, chez moi.
Je marche sur la longue bosse apès St Genoux,
puis je me retrouve sur mes chemins d'entrainement, à Marjon.

"Gérard, tu ne va pas t'arrêter à Soucieu, après avoir parcouru tout ce chemin".

A l'entrée de Soucieu, j'entends " vive le Jarrezien" (habitant de Soucieu).
Il est 5h40. 20mn de retard, mais le moral est revenu. C'est reparti.

Tout s'enchaine : la descente vers le Garon, le passage sur la passerelle,
la montée à Chaponost, le passage dans le parc, une autre montée difficile pour en sortir,
et la descente jusqu'au Aqueducs de Beaunant, que j'atteinds à 7h07 (retard : 22')
Il ne me reste que 1h08, pour terminer en moins de 8h15 pour les 11 kms restants.
Cest mission impossible, avec la longue et dure côte de Ste Foy où il faut marcher.
L'essentiel est de terminer.

Je me laisse bien aller dans la descente vers la Saône
La rivière traversée, il reste 6 km, qui vont être interminables.
On court sur un chemin pietonnier entre la Saône et un chantier.
On contourne le terrain, confluent du Rhône et de la Saône,
sur lequel va être construit le Musée des Confluences.
Quand nous rentrons dans le parc des Confluences, il reste 2kms.
J'apercoit le dôme du Palais des Sports.
A la sortie du parc, nous rentrons, sous les applaudissements, dans le Palais,
où est jugée l'arrivée.

    

Il est 8h36'10". J'en ai terminé avec ce raid de 68 km. Fatigué, mais heureux .

Je bois jusqu'à plus soif, et mange un peu, mais l'estomac est noué après cet effort.
On me donne mon tee-shirt "Finisher 68 km", un sac "déjeuner".
Je rends ma puce, je me change et part à ...Soucieu.
A Soucieu, où je suis passé il y a 3h

Fabrice est déjà à la maison, lui qui, avec Candice et Gazet,
a terminé son relais à 3 en 5h45'09. Chapeau ! (Lire son récit)

Bravo, également, à Régi, qui m'avait donné la feuille de route,
et qui termine, comme moi, en un peu plus de 8h15 (Lire son récit).

Je suis classé 1190ème sur 2247 arrivants, et 18ème V3H sur 60.
L'objectif de 8h15 est dépassé.
Il était un peu optimiste après mon marathon de Philadelphie, il y a deux semaines.
Mais qu'importe. L'essentiel n'était pas là.

C'était ma 5ème participation à cette course difficile, magique, presque irréelle,

C'était, aussi, ma 14ème course de l'année  et la   143ème depuis que je cours.

Mon DIPLOME, avec les temps intermédiaires

Ah, quelle nuit !
 

3 commentaires

Commentaire de hagendaz posté le 31-10-2008 à 08:27:00

il en faut du temps pour faire le récit de cette belle aventure(bientôt 2ans !)bravo à toi en tout cas

Commentaire de gerard posté le 01-11-2008 à 00:00:00

Ce récit était, depuis 2006, sur mon blog.
http://gjbetton.free.fr/
J'ai eu envie de faire partager cette expérience en le postant sur Kikourou.

Commentaire de Baobab posté le 04-11-2008 à 10:23:00

Bonjour Gérard,
J'ai beaucoup aimé lire ton récit de la Saintélyon.

Bravo pour ton chrono, hh30 pour moi qui ne suit qu'un jeune Sénior...c'est de la science fiction : )

Rendez vous peut être sur l'édition 2008 ?
A +

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