Récit de la course : Saintélyon 2015, par Tatard

L'auteur : Tatard

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2015

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3921 vues

Distance : 72km

Matos : Petzl nao
Asics trabuco
Sac à dos Salomon

Objectif : Terminer

6 commentaires

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Compte rendu à chaud bête et méchant de ma saintélyon 2015

Préambule:
J’ai été ignoble avec tous ceux qui m’ont entouré durant cette course (bénévoles et autres coureurs). Première fois que ça m’arrive en course.
 
Entrainement:
J’ai fait toutes les séances prévues sans respecter à la lettre les allures demandées (parfois en dessous et souvent au-dessus) mais à la sensation, sans frustration et toujours avec beaucoup de plaisir.
Les séances hors fractionné et la plupart des longues ont été faites en montée (j’habite en morte plaine de Saône mais j’ai quand même trouvé plusieurs montées de 400 à 600 m avec des % significatifs) enchainées en boucle avec concentration sur les appuis, la pose de pied… Pas besoin de se payer des W.E. dans les alpes pour faire du dénivelé ;-).

Test de tout le matériel jusque dans les moindres détails (emplacement des élastiques sur sac à dos pour tenir le tuyau de la poche à eau par exemple).
 
La semaine précédente:
Pour moi, elle n’a pas été de tout repos mais quand même beaucoup mieux que pour toutes les autres courses ADDM auquel j’ai participé jusqu’à maintenant.
 
Alimentation : programme habituel sur 3 jours.

Regroupement du matériel dès le début de la semaine. Mon sac à dos pèsera 3,9 kg, composé de:

15 sachets de sucre 3 grammes (1 tous les 5 km)

1,25 litre de saint yorre dans ma poche à eau

un t-shirt manches longues

des gants

un tour de cou

une polaire extra fine

un accu de rechange pour ma frontale petzl nao

2 chaufferettes (dont 1 que j’ouvrirai contre ma poche à eau dès le départ)

du strapp

une couverture de survie (obligatoire)

des lentilles de contact (au cas où j’ai trop de buée sur les lunettes)

un bidon (en remplacement du gobelet "obligatoire").

un coupe-vent léger avec capuche.

 

Le jour d’avant:

Aller-retour en train pour retrait des dossards. Loin d’être de tout repos mais comporte cependant plus davantages que d’inconvénients (stress, attente, imprévus…).

Le jour J:

Voyage en train donc équipement réduit d’autant plus suite à la limitation de la contenance du sac à laisser à la consigne à 40 litres suite aux d’attentatsSeul le tapis de sol m'a vraiment manqué par rapport à ma liste initiale.

Arrivé à Saint Étienne vers 19h, direction une sorte de salle des fêtes à 500 m du départ.

Repas avant 20h00. 2 grosses assiettes de spaghetti bolognaise avec gruyère râpé. Je me suis forcé à manger la 2eme moitié de la 2ème assiette car le dessert était une tarte aux pommes et je n’en suis pas fan avant une course.

Repos dans une pièce à part. Couché à même le sol sur une sorte de moquette : froid et dure (d’où tapis de sol obligatoire).

22h00 : café et toilettes.

22h30 : en tenue.

23h00 : direction le départ. Gymnase surchauffé, coureurs entassés, même pas possible de s’assoir de peur d’être piétiné. Du coup à 23h30 nous (Alexandre (un collègue de travail) et moi) décidons d’aller au départ. Le ciel est étoilé. Je suis habillé en haut de seulement 2 couches, au lieu des 3 prévues, avec t-shirt manches longues craft et maillot craft avec moufles incorporées mi polaire mi coupe-vent. Placés en milieu de peloton. Le speaker annonce que nous sommes 6500 au départ et nous incite à sauter pour s’échauffer. Je ne bouge pas, on aura le temps de se mettre en jambe.

Minuit : départ à l’heure, fluide puisque nous marchons seulement jusqu’à une dizaine de mètres après la ligne. Pas de stratégie au départ, programme d’entrainement pour faire 8 heures sur du plat sur cette distance et évalué à 10h en rajoutant les contraintes horaires et terrain accidenté.

Premier km sans regarder la montre, à la sensation, avalé à 9, 2km/h. On se fait déboiter de partout.

2ème kil, naturellement nous accélérons (9,8) Le thermomètre d’une usine de la zone indus indique 2° (remember il y a 5 ans il affichait -12°).

3ème kil avalé à plus de 10 km/h.

4ème à presque 11 et on se fait encore plus doubler.

Km 5,5 (j’ai appris par cœur les km des ravitos, ce qui me permets d’adapter les miens): premier sucre avec une gorgée de saint yorre (les coureurs autour de moi me regardent, étonnés que je m’alimente dès maintenant). Arrivent les premiers faux plat sur du bitume jusqu’au 7ème, c’est là qu’avec Alexandre nous nous serrons la main, chacun va maintenant faire sa course.

Après le 7ème, c’est parti pour les enchainements montées/descentes dans l’obscurité.

11éme km: une gorgée de st yorre puis un cachet de sporténine puis une nouvelle gorgée de st yorre une fois le cachet fondu (environ 1km plus loin).

16ème : premier ravito, classement 453101h50: le même bordel qu’il y a 5 ans ! tente surchauffée, impossible d’approcher les tables de ravito. En mode bourrin j’arrive à chopper une tranche de pain d’épice, une tartelette et un cran de chocolat noir. Je rempli mon bidon de Pepsi (j'aurais préféré du coca :-)) et ressort de suite en repartant en marchant tout en buvant et mangeant tout ça tranquillement. Je mets mon coupe-vent craft à capuche.

Ah oui au fait, chose importante, depuis le départ j’ai la gerbe (je n’aurais pas dû me forcer à finir la 2ème assiette de pates !?). [rajout à froid une réflexion de la part de collègues le sur-lendemain qui me disent que ça peut aussi venir de la propreté de ma poche à eau].

22ème km : sucre st yorre.

Ravito du 28ème, classement 472003h43 (depuis la sortie du premier ravito j’avais l’impression de plus doubler que de l’être, mais apparemment non). On nous annonce qu’il n’y a plus de solide pour le moment et en liquide il reste soupe ou thé, pour avoir autre chose il faut attendre un peu. Je me fais donc remplir le bidon de thé (une première pour moi). En repartant, un bénévole arrive avec 2 packs de saint yorre et un paquet de tartelettes qu’il donne à une bénévole de l’autre coté de la table, elle n’arrive pas à ouvrir le paquet de tartelettes (surement paniquée et débordée la pauvre), je lui arrache des mainsprends une tartelette et ressors du ravito en mettant mon bidon sur mon ventre entre mon t-shirt et mon maillot (j’ai toujours le ventre qui gargouille). Je mange tranquillement ma tartelette et enchaine les montées descentes en jonglant avec l’ouverture et la fermeture de ma veste, ma capuche et la fermeture éclair de mon maillot en fonction du vent et du froid (nous aurons le vent dans le dos tout le long du parcours (heureusement car quand c’est à découvert…)). J’ai moins mal au ventre, le chaud dessus m’a fait du bien [où c’est le Pepsi qui a désinfecté...]. Quand le bidon devient tiède, j'hésite quand même à boire (car je ne bois habituellement pas de thé, donc là en course…). Je goute et suis agréablement surpris par le gout. En effet, il restait un fond de Pepsi dans le bidon donc on dirait un pisse mémé avec du miel, coooool !

En parlant de pisser : je me suis arrêté à plusieurs reprises pour uriner depuis le départ (trois goutes à chaque fois alors que ma vessie est douloureuse en permanence) sachant que je ne m’arrête jamais en course d’habitude.

35ème km : st yorre sporténine st yorre

km 36, altitude 930m, point le plus haut du parcours pile poil la mi-course. Je passe en 05h15 donc 15 minutes de retard pour faire 10 heures mais je ne m’inquiète pas car la première partie est plus montante que la seconde et que pour la fin, il fera jour.

Km 41 ravito, classement 397005h47 : toujours la même cohue au ravito ça m’énerve, je pourris donc un coureur qui n’a pas éteint sa frontale et m’ébloui ! (déjà que j’ai plein de buée sur les lunettes). Toujours en mode bourrin je chope 1 tranche de rosette, une de pain et d’emmental, du Pepsi dans le bidon. J’hésite à me changer. De toute façon, il y a trop de monde. Je ressors et mange tranquillement en marchant (j’ai l’impression d’être un corbeau qui a trouvé une grenouille écrasée sur la route et qui va la becter en cachette dans un coin. C’est rigolo donc je rigole). C’est là qu’Alexandre m’envoie un sms pour me dire qu’il est arrêté au ravito d’où je viens de repartir car il ne peut plus rien avaler depuis 15 km. J’essaie de lui répondre tout en courant mais manque de me ramasser à plusieurs reprises. Je l’appelle donc pour l’encourager à repartir mais il me répond que c’est trop tard, il a rendu son dossard! Je suis sur le cul car c’est sa 4ème sainté et que lors des 3 éditions auxquelles il a participé les conditions météo n’étaient pas aussi bonnes que cette année et pourtant il est toujours allé au bout entre 10 et 11 heures ! Comme quoi… Dans la foulée mon ex-épouse (Delphine) m’appelle pour m’annoncer qu’elle est arrivée. Elle était sur la Saintexpress (les 44km derniers km de la saintélyon avec départ à 23h00). Je suis sincèrement très heureux et fier pour elle mais je ne lui dit pas...

Km 46 : sucre st yorre

Km 51 ravito, classement 3661, 07h23 : c’est beaucoup moins la cohue, j’hésite de nouveau à me changer car le jour commence à se lever et une gelée blanche s’installe sur le sol. Je pose mon sac sur un banc pour ranger ma frontale mais « un vieux » s’assoie à coté de moi et commence à me raconter sa vie. Je le laisse en plant en plein milieu d’une phrase, je prends 2 carrés de gruyère (dégueu......) et bois un fond de bouteille d'eau. Je recharge mon bidon de Pepsi et feu ! Du coup, je n’ai pas rangé ma frontale. 500 m plus loin 2 charmantes quadras attendent sagement leur coureur de mari. Je m’arrête pour leur demander de ranger ma frontale dans le sac à dos, évitant ainsi de tout redéfaireJ’appelle Delphine pour faire un point et lui annonce qu’il me reste 02h25 pour faire un semi (enfin j’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises pour calculer et me rends compte alors que la lucidité n’est plus là).

Km 56 : st yorre - sporténine - st yorre

Depuis le km 36, là ce n’est pas qu’une impression je ne fais que doubler et suis vraiment très bien, je suis sur les bases de 09h50 à l’arrivée soit 25’ de gagnées en 22 km.

Km 59 : je me suis dit : tiens 69 normal nous sommes dans le Rhône !:-) ?

Km 62 : ravito, classement 334308h49’ : j’ai froid mais mes 10 minutes d’avance ont fondu, j’en ai même bientôt 3 de retard. J’ai encore du jus mais pas assez pour compenser la perte de temps de changement d’habits. Je mets donc des chips dans un sachet congèle, recharge en Pepsi et repart en grignotant tout en appelant Delphine, qui m’attend à l’arrivée, pour lui annoncer que 10h00 c'est mort et que ce sera plutôt 10h10. Elle me répond alors que c’est encore jouable car c’est roulant (j’avais mis le haut-parleur et un coureur à mes côtés rigole et me dis que c’est pas du tout roulant. De quoi y se mêle ce c..!) Je range mes chips et feu. 10 ; 11 ; 12 ; 13 km/h sur plusieurs km, faux plats y compris, en pourrissant les relayeurs qui marchent (même pas capable de courir 20 bornes et ça vient faire ch... les autres en se mettant au milieu du chemin!). Soudain je suis stoppé net dans mon élan par un bouchon, en plein milieu d’un parc. Une bonne dizaine de coureurs attendent ; je jette un œil sur le côté pour m’apercevoir avec stupeur qu’ils font la queue pour franchir, en marchant sur une planche, un ruisseau qu’au regard de ce que nous avons eu avant j’aurais appelé un verre d’eau ! Je m’élance donc sur le coté pour passer par-dessus « cette rivière » et forcément après 66km on est moins souple ! J’atterri donc en plein milieu « éclaboussant » ainsi le gentil coureur mouton qui attendait sagement son tour (surement un relayeur ;-)) et qui me remercie méchamment de l’avoir sali. Je lui réponds donc qu’à 4 (oups c'était 6…) km de l’arrivée si ça le dérange d’être mouillé sa place n’est pas là mais bien dans son canapé devant TF1 !

Km 67 : je mange mon reste de chips en buvant la st yorre qu’il me reste dans la poche à eau (ça allège et en plus vu ma vitesse "élevée" faut prendre du salé pour éviter les crampes :-)) Et là arrive THE montée de la mort qui tue, sur environ 1, 5 km (montée de l'aqueduc).

Km 69 : pas possible je les ai déjà passé il y a bien longtemps. Je ne comprends plus. En fait 10 km avant j’avais lu (ou voulu lire) 69 au lieu de 59. Les 10 h c’est sûr c’est mort ! Puis des escaliers à descendre (130 d’après un gars derrière moi, en réalité presque 200) puis le musée confluence, le pont Raymond Barre puis la halle Tony Garnier est en vue sous le soleil.

Km 72 : arche d’arrivée, je jette un œil sur ma montre:10h16’ pour 72,64 km. Temps officiel 10h12’49’’, classement 3020ème sur 5323 arrivants. Je fais une dernière fois la queue, cette fois ci pour récupérer mon t-shirt de « finisher ». Je demande du S, la p’tite dame me répond qu’elle n’en a plus, dernière déception, je prends du M en pensant que pour les derniers il ne restera surement plus que du XXL…

6 commentaires

Commentaire de Benman posté le 18-12-2015 à 08:37:37

tiens, on a trouvé le coureur dont tout le monde parle dans ses CR!

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 18-12-2015 à 08:49:10

"J'ai été ignoble avec tous ceux qui m’ont entouré durant cette course (bénévoles et autres coureurs)."... Le mot est faible !

Commentaire de Spheniscus posté le 18-12-2015 à 16:06:46

Je pense que c'est de l'humour.
Tatard est un sérieux concurrent de Yohann Metay et son dossard 512 !

Commentaire de Spheniscus posté le 18-12-2015 à 17:15:46

Je pense que c'est de l'humour.
Tatard est un sérieux concurrent de Yohann Metay et son dossard 512 !

Commentaire de Casidescôtes posté le 23-12-2015 à 12:45:41

Trés bon récit, j'ai bien rigolé en le lisant et ce sinisme est a tombé.

Commentaire de Tatard posté le 23-12-2015 à 21:47:59

Bonsoir Casidescôtes. Merci beaucoup pour ton commentaire. Le pire c'est qu'en relisant mon C.R., je n'ai toujours pas honte et que j'en rigole aussi ;-) Mais je ne recommencerai pas, promis!

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