Récit de la course : Saintélyon 2014, par Charlys42

L'auteur : Charlys42

La course : Saintélyon

Date : 7/12/2014

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3914 vues

Distance : 72km

Objectif : Faire un temps

4 commentaires

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saintelyon 2014 comment j'ai vécu cette course

23H !!

Déjà sur la ligne pour partir dans les premiers et ne pas avoir trop de bouchon.

L’ambiance monte, le vent se lève.
J’ai froid !!... Même avec un sac poubelle pour protéger du vent (ne pas faire de trou pour les bras la prochaine fois !!!).

Dans ma bulle, musique dans les oreilles, je trottine sur place et me frictionne les bras pour tenter de me réchauffer. Je ne suis pas seul, et d’autres aussi sont frigorifiés. Quelques sourires échangés, quelques paroles… ça fait chaud au cœur.

J’aperçois Laurent et Véro venus nous suivre tout la nuit.
Et un peu plus tard, Benoit qui s’apprête à prendre le départ aussi.

TOP départ 10 min.
Un peu plus collé les uns aux autres, ça réchauffe. Les élites prennent place devant nous et nous en profitons pour tous nous rapprocher de la ligne.

 

3,2,1 …. C’est partit… et vite, très vite !! Des centaines de coureurs me doublent sur les premiers hectomètres. Je ne m’emballe pas et reste calme. Je regarde mon cardio pour ne pas dépasser les 120/130 pulsations/min.

Les 5/6 premiers kilomètres sont roulants. J’avance à une bonne allure, les sensations sont correctes et les jambes répondent bien.
La première difficulté arrive : la montée vers Sorbiers avant d’arriver sur les 1er chemins.

8km de course, je prends une barre (amelix++), quelques gorgées de boisson énergétique et on attaque un petit raidillon. Mon Cardio Bip. Réglé à 165 pulse/min il m’indique que j’ai dépassé cette limite. Suis-je partit un peu vite ?

 

12km, première frayeur. Je glisse dans le boue, mon pied s’échappe et je parts en avant.
Le genou gauche frappe le sol et la douleur m’envahit. Heureusement j’ai pu amortir le choc avec les mains.
Plus de peur que de mal, je me relève vite et repart tranquillement, bien boueux !!

15km, arrivé à St-Christo 1h27 de course. Comme prévu je ne m’arrête pas. Je marche la côte d’un bon pas et j’en profite pour m’alimenter  (aliment liquide au chocolat++) et boire un peu. La boisson dans le Camel bag est trop froide, ça passe mal.
Je repars à bonne allure, mais déjà une sensation désagréable monte au fond de mon estomac… N’y pense pas !! Un pied devant l’autre et en avant.

22km, les jambes sont là mais mon estomac fait des siennes. La gêne est supportable mais m’inquiète un peu pour la suite. J’ai du prendre froid au départ et le vent sur les hauteurs n’a rien arrangé. Je prends un gel antioxydant et quelques gorgées de boisson mais ça ne passe toujours pas. Trop froide. Vivement Ste-Catherine et un bon thé chaud !!

27km, arrivé à Ste-Catherine 2h42 de course. Je suis dans les temps que je m’étais fixé.
Ce sera soupe !! ça fait du bien mais je n’avale rien de solide. Mon ventre ne s’est pas arrangé.

C’est repartit vers la prochaine étape : St-Genoux, avec une belle côte au 35ème km.
Malheureusement de violentes crampes d’estomac me saisissent au 33ème km et m’obligent à marcher.  Impossible de courir dans les descentes. Mon abdomen me fait trop mal. J’ai comme l’impression d’un étau qui se resserre autour de mon ventre.
Je n’y arriverai pas !!.....

 

-       4 mois de préparation, alimentation rigoureuse, refus de boire des canons avec les potes !

-       T’as pris la tête à toute ta famille, ta femme et ton frère qui t’attendent et font nuit blanche pour te suivre !!

-       Et tout tes potes qui aimeraient être à ta place

-       Tu veux faire l’UTMB ??

 

« Et tu veux abandonner ?? à 35 bornes ?? »
« N’y pense même pas. Tu serres les dents (et les fesses !!) et en avant !! »

Je repars, me force à avaler un gel (coup de fouet) et quelques gorgées. J’ai bien cru que tout allait ressortir aussi vite !!
2km plus loin ma frontale baisse d’intensité. C’est pas vrai !! Encore 2 km avant St-Genoux !!Au ralentit pour ne pas me blesser j’arrive tant bien que mal au ravitaillement.

39km, St-Genoux 4h08. J’ai du retard sur mon objectif. L’important maintenant c’est d’arriver au bout et de retrouver le plaisir.
Je change la batterie de ma frontale par des piles neuves en espérant que ça tienne jusqu’au bout.
Un verre de Thé Chaud sucré (250ml), 2 quartiers de mandarine et je repars en marchant avec un 2ème verre de Thé. L’arrêt a été long, j’ai froid, je grelotte et claque des dents. 2 couches en haut… pas suffisant !

En route vers Soucieu, ce n’est pas la grande forme. J’alterne les hauts et les bas, toujours des problèmes gastriques mais je m’accroche.
C’est frustrant car les jambes sont là.
Quelques petites gorgées en tentant de les réchauffer dans ma bouche, un gel antioxydant (45km), je m’économise dans les montées. Les descentes sont toujours difficiles, mon ventre ne me lâche pas.
C’est décidé, à Soucieu je vide le reste de mon Camel bag et le rempli avec du Thé Chaud. J’aurais une bouillote pour les 22 km restant.
Cette pensée me réchauffe et enfin mon estomac me libère !

J’arrive à Soucieu, 5h32 de course. Je remplis mon Camel bag comme convenu. Après 2 carré de chocolats et 2 quartiers de mandarine,  je quitte la ravito un verre de thé chaud à la main et la bouillote dans le dos.
Les sensations reviennent. Les quelques côtes sont dures mais j’accélère en descente en restant prudent. Enfin les gorgées de thé chaud absorbées me font du bien.
Soudain en pleine descente, un coureur derrière moi hurle à la mort. Il s’est tordu la cheville. Je m’arrête:

« Ca va ? »

« Oui, c’est bon continue !! »

«  T’es sûr ? »

«  Oui, oui continue »

Je repars, avec un sentiment mitigé…mais très vite la course reprend le dessus.

60 Km, Chaponost 6h54. Je ne traîne pas. Une moitié de mandarine, un verre de thé chaud et une demi barre salée à la main, je repars.

Il reste 12 km.
C’est roulant jusqu’à la montée de Ste-Foy. Je relance sur le plat et double en descente. Ce n’est pas un début d’ampoule qui va m’arrêter.
« Dernière difficulté » me crie un bénévole avant la montée de Ste-Foy.
Je la connais. Longue, un gros pourcentage. Les mains sur les cuisses, je suis sur un bon rythme. Je passe 1,2,3 coureurs puis d’autres. La fin de la côte est moins raide, je vide le reste d’aliment liquide qu’il me reste (je l’avais oublié) et finis la côte en courant.
Enfin La descente vers Lyon, je me relâche et descends plutôt bien, quand subitement :
« Dernière difficulté hein !! »
Un bon raidillon de 300m bien corsé. A celui-là, il fait mal !!

3,5 km de l’arrivée, des escaliers pour finir. Mais les jambes suivent et les avalent rapidement.
3 km de plat, je relance, les jambes brulent mais l’arrivée est proche. 2 km, les allées de Gerland, je reconnais la fin du parcours !! L’émotion me gagne. Non ! Ne pas craquer maintenant. Je n’arrive plus à déglutir, la poitrine me serre, j’ai du mal respirer.

Dernier km, j’entends le speaker au loin qui annonce les arrivées précédentes… 500m… 300m… les photographes, je dégage mon dossard pour être identifiable sur la photo et tente de sourire… 200m… je relance…100m… 50m… La libération, enfin, je passe la ligne, me retourne, regarde cette arche…
J’entends à peine ma femme crier mon prénom. Et mon frère qui m’attend avec 1 Guiness. Je ne crois pas que je pourrais la partager avec lui tout de suite !!.
Je m’effondre dans leur bras… ça fait du bien de pleurer.

 

 

 

Voilà pourquoi je cours : vivre et partager ces émotions, ces expériences et repousser toujours plus loin mes limites physiques et mentales.
J’espère que vous aurez pris du plaisir à lire ces quelques lignes.

A l’année prochaine pour de nouvelles aventures.

Charles S.

4 commentaires

Commentaire de Spir posté le 10-12-2014 à 00:28:48

Merci pour ton récit. Belle course malgré ces problèmes gastriques, mais c'est une des marque de fabrique de cette course ;o) Bonne récup !

Commentaire de christ-off posté le 10-12-2014 à 10:19:59

Que d'émotions dans ton cr.Dommage pour tes problèmes de ventre.Bonne récup.

Commentaire de Eddy_87 posté le 10-12-2014 à 14:22:58

De bien belles émotions ! ça donne envie (sauf pour les petits soucis de ventre !).

Commentaire de Edo posté le 11-12-2014 à 21:03:24

Tout d abord bravo, comme tout ceux qui se sont lancés dans l aventure ( toutes formules confondues ), et il est vrai que dans les moments difficiles, on se raccroche toujours a quelque chose, c est un carburant qu overstims , isostar ou autres n apporteront jamais.
super : )

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