Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2009, par Bikoon

L'auteur : Bikoon

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 14/3/2009

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 4117 vues

Distance : 80km

Objectif : Faire un temps

15 commentaires

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L’ECOTRAIL : UNE COURSE PROPRE ET SANS BAVURE

 

La première phase concrète de cet Ecotrail prend forme lorsque je vais sur le parvis de la tour Eiffel en ce vendredi 13 à l’heure du déjeuner. Un peu d’attente, pas de vérif du matériel obligatoire, et me voila en possession du n° 596. Un petit tour bien sympa sur le stand UFO où je fais enfin la connaissance de Phil. J’en profite également pour tailler le bout de gras avec Freo91 et Anthony, nutritionniste d’Ergysport. Cool, ça commence bien. Je passe sur l’après midi au bureau où mes pensées étaient plus en forêt que sur mes tableaux Excel !

 

 

La soirée est consacrée à la préparation du sac, je partirai avec 7 gels, du Sporténine, de la boisson Ergysport donc et basta pour l’alimentation. Je me suis fixé un objectif assez ambitieux de 8h, voire un peu moins si tout va bien, mais il y a une grande part d’incertitude, cette distance allant représenter ma plus grande jamais parcourue. Il a un bien plu dans la semaine, mais connaissant les chemins, je partirai en chaussures de route afin de profiter d’un bon amorti pour la dernière partie sur les quais de Seine.

 

 

Samedi matin, le départ si situant à 30 min en voiture de la maison, et un départ à midi, c’est une première et c’est très confortable, je profite du début de la matinée avec ma petite famille, presque comme un samedi matin normal, mis à part le Gatosport au petit déjeuner.

 

 

Je suis à la base de loisir de St Quentin à 11h15 où je croise d’emblée Karine Herry et Vincent Delebarre qui s’échauffent. BOUM, tout de suite dans l’ambiance. J’adore. Quelques papotages avec des membres de Kikouroù, et notamment Badgone et Martinev rencontrés 6 mois plus tôt au trail des Aiguilles Rouges. Je fais également connaissance d’Ouster, Fastoch, Yannick 74 et le Lutin. Bien sympa ces rencontres. Mais toujours trop courtes.

Je me positionne dans les premières lignes pour éviter les bouchons en bon francilien qui se respecte !

 

 

Je suis confiant, « sûr mes terres », et impatient de parcourir certains de ces sentiers que je connais tant, dans le cadre d’une vraie course ! Seule ombre au tableau, l’incertitude concernant ma tendinite Achiléenne nodulaire à droite. Je pense d’ailleurs à l’échographe vue 15 jours auparavant et qui m’avait bien signifié que « c’était le moment d’être très raisonnable ». La notion de raison quand on est passionné de course à pied étant très relative, je m’étais abstenu de lui dire que je préparais une course de 80 bornes….. Donc ce trail sera le juge de paix concernant ma tendinite, soit ça tient, soit ce sera l’abandon.

 

 

L’organisation « les trailers de Paris »  met l’accent sur le côté écolo de la course avec notamment les filets à déchet [ils auraient d’ailleurs pu aller un peu plus loin en distribuant un gobelet pour éviter ceux aux ravitaillements, comme le fait le trail des Aiguilles Rouges]. Je ne doute pas que les coureurs ont dû s’abstenir de balancer leurs gobelets en forêt, mais je m’interroge sur le nombre de gobelets utilisés et sur leur éventuel recyclage. J’espère me tromper.

Une des consignes de départ, répétée plusieurs fois est « courez propre ». Je suis parfaitement en phase avec cette injonction qui prend tout à coup tout son sens : je réalise que pour la première fois, je prends le départ d’une course en étant propre, lavé ! Ben oui, je dois avouer que lorsque je me lève à 6h, 5h ou encore plus tôt pour me rendre sur une course où je vais suer sang et eau, je me contente des dents…..

Je vais donc courir propre sur cet Ecotrail de Paris 2009 ! Je suis en phase, les ondes sont positives, la grande Ourse est en Saturne ( ;o)), ça va cartonner dans la forêt !

 

 

Le départ est donné à 12h04, et le chemin est ouvert par des cavaliers, ça a de la gueule ! Malheureusement, pas trop le temps de garder le nez au vent, il faut se méfier des nombreux trous au sol, ce serait balot de se faire une entorse à 50m du départ…

Je sais que le premier tronçon est roulant donc piégeant pour la suite. Je rattrape un petit groupe dans lequel se trouve Karine Herry, et je décide de rester à sa vitesse. On tourne alors entre 12 et 13 à l’heure. On sent que les coureurs ont des fourmis dans les pattes, car beaucoup finissent par accélérer, trouvant sûrement le rythme trop lent. Peu avant le ravito du 21ème km, je me mets à la hauteur de cette grande championne et lui demande si ça va ; elle me répond par la négative, pas les jambes aujourd’hui. Un peu triste d’apprendre ça, je lui souhaite bon courage et décide de partir à un rythme un peu plus élevé. J’apprendrais plus tard son abandon au 24ème km. Dommage, j’espère qu’elle se vengera l’année prochaine.

 

 

 

 

Me voilà donc au 1er ravitaillement en 1h45 où je pointe en 90ème position. Taz28, Monstertruck et Badgone sont là pour encourager les coureurs. C’est bon d’être boosté comme ça ! Merci ! Petite pause d’1 mn pour recharger mon bidon et c’est reparti. La course va commencer maintenant, il faut avoir les batteries et les bidons chargés.

Les sentiers sont beaucoup moins roulant, il faut relancer à tout bout de champs, pas évident de trouver un rythme. C’est ma première course si longue, et j’ai du mal à savoir si je cours à un rythme qui va me permettre d’arriver à bon port dans les temps que je me suis fixé. On verra.

Et bien j’ai vu : je prends un énorme coup de beaucoup moins bien au 30ème km. C’est dingue à quelle vitesse viennent les idées noires quand le physique en prend un coup ! Là je me dis « mon gars, tu es sacrément dans la merde, il te reste 50 bornes ». Je me dis que j’ai très probablement atteint les limites de seulement 3 entraînements par semaine, que jusqu’alors c’était passé, mais sur une course de cette longueur c’est insuffisant. Bref, je gamberge. Et vous me direz, c’est ridicule, car on en est qu’à 30 bornes, une distance que j’ai quand même faite un certain nombre de fois. Bref, pas bien lucide sur les raisons de ce coup de mou.

L’idée d’abandon ne m’a pas assaillie, mais j’ai imaginé terminer à un rythme rando. Le fait que ma petite femme et ma puce de 5 ans m’attendent à l’arrivée m’a énormément boosté mentalement pour m’accrocher à ce moment là.

Et puis les mauvais moments n’étant (presque) jamais définitifs comme peuvent l’attester je pense de nombreux coureurs d’ultra ; un peu avant le 40ème km, les jambes sont revenues. Enfin, bien douloureuses quand même, mais avec nettement plus de répondant et de relative légèreté dans la foulée que précédemment.

 

 

Petit coucou à l’entrée dans le post marathon au km 43 que je passe en 63ème position, on entend déjà les haut-parleurs du ravito du 50 km…. Je connais bien ce coin pour le parcourir fréquemment à l’entraînement et je reprends vraiment plaisir maintenant que le jus est revenu. Juste avant le ravito, Badgone est encore là pour motiver les troupes ! Passage en 4h54 au 50ème km à la 58ème place (temps intermédiaire depuis le 21ème km : 3h09, soit à peine plus de 9 km/h, bof bof). Je m’ingurgite goulûment quelques morceaux de bananes, du coca, fais quelques étirements et 4 mn plus tard, me voilà reparti.

Je connais toujours bien le coin, nous descendons jusqu’à une nationale, puis une bonne montée sur la droite. Je me retrouve derrière un coureur avec un écusson UFO sur le sac, il s’agit de Jean-Philippe (JUANFE sur le forum UFO), avec lequel (mais je ne le sais pas encore) je vais passer les prochaines 2h30 jusqu’à l’arrivée.

On discute un peu lorsque cela est possible, et on se situe toujours dans les mêmes eaux de progression, même s’il déroule beaucoup plus que moi en descente !

 

 

Depuis un petit moment déjà, je joue à toi devant moi devant avec Papy, sa casquette Kikouroù bien vissée, sa corne de brume pour remotiver les supporters et son balancement de bras dans les bosses à nul autre pareil !

La cuvette de Chaville arrive, et dans la remontée je dis à Jean-Philippe de continuer à son rythme, il semble plus frais que moi. Je reprends un peu de poil de la bête dans la descente sur les étangs de Ville d’Avray, ce qui me permet de remonter à sa hauteur. Encore une rencontre furtive mais bien sympa : nous croisons Delphine qui fait sa sortie à contre-courant pour encourager les trailers. Vraiment sympa, ça fait du bien, car les jambes sont dures, mais je suis toujours content de galoper, je profite du paysage, bien concentré sur mes appuis, et on est maintenant souvent seuls dans les bois, les écarts entre coureurs étant assez important, j’aime ça.

 

 

Puis c’est Jardy qui pointe son museau, après un petit détour par une piste spécial chevaux ! Papy est cette fois bien devant nous, semblant adopter un rythme de croisière infaillible. Ce 63ème km est atteint après 6h05 de course en 42ème position ; re banane, re coca, très courte pause sur un banc, Jean-Philippe me dit qu’il ne préfère pas faire de même de peur de ne plus se relever ! Du coup, je ne m’attarde pas, la pause aura durée à peine plus de 2 mn. C’est au profit de ce ravitaillement que la future gagnante, Irina Malejonock nous passe. Dommage, j’aurais bien aimé qu’elle me passe « à la régulière » pour admirer sa foulée qui devait être impressionnante compte tenu de sa remontée proprement hallucinante (521ème au km 21).  Ce tronçon dans Marne la Coquette et le début du parc de St Cloud passe très vite, et nous arrivons au ravito du 70ème km, 33 mn après Jardy. Du coup, bananes et coca sont engouffrés en 24 secondes ! Et c’est reparti. Jean-Philippe et moi pointons 36 et 37ème.

Les allées et chemins étant suffisamment larges, nous pouvons progresser de front la plupart du temps, c’est vraiment le pied d’avoir un coureur de niveau équivalent à ses côtés pour ne pas relâcher le rythme.

La luminosité commence à baisser sérieusement, mais pas encore nécessaire de mettre la frontale. En bas du parc de St Cloud nous croisons le Castor Junior (malheureusement resté en civil à cause lui aussi d’un tendon d’Achille récalcitrant) qui nous félicite d’être déjà là et nous compte également 36 et 37ème.

 

 

Commence alors la partie la plus difficile du parcours, il est temps de poser dans le sac le peu de cerveau qu’il me reste, et d’enclencher le pilote automatique verrouillé sur la cible illuminée à 8 km devant nous. Nous tenons un bon rythme compte tenu du nombre de km déjà avalés, entre 11,5 et 12 km/h à mon Polar. Ce final est difficile et assez déplaisant lorsque nous remontons à contre sens du flot de circulation très dense en ce samedi soir. Ce bon rythme nous permet de reprendre un coureur, puis nous apercevons furtivement la casquette rouge de Papy.

On s’encourage mutuellement à ne pas baisser l’allure, motivés par une délivrance de plus en plus proche. Il fait maintenant nuit mais nous ne voulons pas sortir nos frontales pour seulement quelques minutes. Contre toute attente, nous revenons sur Papy, que je pensais lancé à vive allure jusqu’au but final ; un encouragement, une invitation à accrocher le wagon, mais après nous avoir félicité pour notre retour, il décline l’invitation.  On se reverra sur la tour.

 

 

Avant Bir-Hakeim nous croisons Dan60 qui nous flash et nous encourage encore chaleureusement.

Les marches pour regagner le quai Branly sont avalées 2 par 2, grandes foulées pour traverser, passer dans la tente et sur le podium, un zigue, un zague et c’est le stop obligatoire pour contrôle du sac. Une formalité qui nous permet de passer encore un coureur, nous attaquons les 348 marches 2 à 2 mais après 3 ou 4 paliers intermédiaires, nos quadriceps nous rappellent à la raison : une par une c’est bien aussi, et la rampe n’est pas la pour rien !

5 foulées pour le bip final sur le tapis rouge que nous franchissons main dans la main, le chrono s’arrête sur 7h34 et 36ème ex-aequo pour Jean-Philippe et moi. Une place que je n’aurais jamais espérée, même en rêve !

 

 

 

 

Voila, c’est fini, je suis vidé mais heureux, le tendon à tenu, je redescends par le même chemin pour retrouver mes petites femmes qui m’attendent au pied du pilier sud.

 

 

 

Cet Ecotrail a tenu toutes ses promesses et a répondu à toutes mes attentes, l’organisation est impeccable, les bénévoles au petit soin et encourageants, le parcours est parfait, et le final en met plein les yeux et plein le cœur.

Bref, à faire, à refaire et à recommander sans hésiter. Longue vie à l’Ecotrail !

 

15 commentaires

Commentaire de Papy posté le 20-03-2009 à 17:15:00

Votre retour et la légèreté de votre foulée m'a bluffé. BRAVO !
J'avais réussi à vous maintenir à distance après l'ile St Germain, mais sur la fin des quais vous étiez trop fort.
J'imagine aussi que l'émotion a du être très très forte de finir main dans la main avec son camarade. Je vous en félicite encore, vous l'avez bien mérité.
Au plaisir de se revoir et d'échanger un peu plus... ;-)

Commentaire de Astro(phytum) posté le 20-03-2009 à 19:33:00


merci de m'avoir laissé un petit mot sur mon CR

Et encore bravo pour ce super chrono

Commentaire de ouster posté le 20-03-2009 à 20:26:00

tout simplement énorme, bravo !

ravi de t'avoir vu un peu moins furtivement cette fois-ci :)

A bientôt j'espère
ouster

Commentaire de patcap21 posté le 21-03-2009 à 00:21:00

Merci pour ton récit et félicitations pour ta superbe course.

@++

Pat

Commentaire de marioune posté le 21-03-2009 à 06:48:00

Bravo Bravo Bikoon, quelle belle arrivée, qui symbolise ta course..Bon, heureusement que tu as eu ce coup de mou au km30, sinon tu serais arrivé trop vite, la banderole n'aurait pas été prête!!!

Commentaire de hellaumax posté le 21-03-2009 à 16:12:00

je ne me lasse pas de lire tous ces CR de l'Eco Trail et le tien est un vrai bonheur! bravo pour ta course et la simplicité avec laquelle tu nous la fait partager!

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 21-03-2009 à 19:23:00

7h34 ! Ouh ! On ne joue pas dans la même cour ! Bravo pour ta course !

Commentaire de millénium posté le 22-03-2009 à 07:29:00

que dire devant ce temps canon ? Chapeau , bravo , super....
Le tout avec le sourire , le petit mot qui va bien pour encourager...les suiveurs (lol).
Respect...

Commentaire de martinev posté le 22-03-2009 à 17:42:00

A mon tour de te féliciter, tu as super bien géré ta course et on sent dans ton récit que tu t'ai fait plaisir. Le parcours m'a beaucoup surprise, mais finalement je l'ai trouvé très plaisant, et l'arrivée au 1er étage fut magique.
A bientôt

Commentaire de TomTrailRunner posté le 23-03-2009 à 15:58:00

7h34 : un CR qui se lit à la vitesse de ton temps.
Bravo donc pour cette performance (8400 secondes de moi :-) -> c'est pas la même cour en effet)

Commentaire de Farfadet78 posté le 26-03-2009 à 18:41:00

Bravo pour cette jolie course.
Chapeau pour le classement et le temps.
Super votre arrivée à 2.

Commentaire de Nono limit posté le 26-03-2009 à 22:14:00

Quel bonheur le dépassement de soi ! Et quand la perf est au rendez-vous, voilà la récompense de quelques efforts bien sentis. Bravo à toi ! A bientôt sur une course toute aussi belle et difficile...

Commentaire de gastéropode posté le 29-03-2009 à 08:32:00

Bravo pour ta course!Il doit te rester "quelque chose" du tri longue distance. J'aimerais un jour le terminer...
Un triathlète débutant.

Commentaire de dje94 posté le 01-07-2009 à 09:31:00

Super récit ça me donne envie, mais je suis encore jeune dans les longues distances avec seulement un marathon dans les jambes
Enfin peut être un jour
Bonne continuation à toi

Commentaire de Le Loup posté le 24-02-2010 à 13:13:00

Merci pour ce récit très intéressant et bien détaillé... De bons indices pour finir de se préparer sereinement.

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