Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2022, par augustin

L'auteur : augustin

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 19/3/2022

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 1615 vues

Distance : 80km

Matos : NB 890 V8

Objectif : Se défoncer

8 commentaires

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RECIT ECO TRAIL DE PARIS - FORMAT 80 KM

Premier (gros) objectif de ce printemps 2022, avant d’enchainer avec un trail de 88 km / 2 600m de D+ début mai, un 6h fin mai et surtout de finir ce premier semestre 2022 avec l’Ultra Marin, course nature en Bretagne de…177 km (mais seulement 1 430m de D+) !

C’est mon inscription de 2020 qui a été décalée non pas à juillet 2021 (car je faisais déjà l’Ultra Marin le même week-end) mais à ce 19 mars 2022. Il était temps, j’ai hâte ! C’est déjà la XVème édition de cette course réputée.

Grosse ambition sur cette course, qui, sur le papier, me convient bien : longue distance et parcours roulant. Je souhaite viser un chrono autour de 7h / 7h15 (allure de 4’45 sur les 23 premiers km, puis de 5’15 sur les suivants), carrément optimiste en fait.

Les années précédentes ce type de chrono permettait d’aller chercher un classement autour de la 30ème place, mais sur 2 000 personnes. Cette année on sera 3 000 engagés, et nul doute que le niveau va encore continuer de monter, alors ce sera la loterie, d’autant plus que cette année la course est support des championnats de France de trail long.

Pas de vraie prépa spécifique, cependant je mixe le running, la natation, le vélo et le home-trainer pour faire des semaines honnêtes (11h en moyenne) et garder la forme 😊 Au final il m’aura manqué des séances spécifiques en côte.

Je me suis créé un plan sur 8 semaines, bricolé à partir de ce que j’avais sous la main et qui m’avais servi pour mon trail de 100k, avec quelques adaptations, on verra ce que cela vaut.

Je profite d’une présence sur site à Paris pour aller galoper 10 jours avant sur les quais de Seine, et ainsi reconnaitre grosso modo les 10 derniers km du parcours (depuis Boulogne jusqu’à la tour Eiffel, via les îles St Germain et des cygnes). Toujours utile, car je ne garantis pas l’état de fraicheur & lucidité ici même le jour J !

 

 

 

Je serai avec deux acolyte de club, Eric, avec qui je vélotaffe, et Denis le double finisher en 7h25, métronome de son état et toujours de bon conseil. Eric sera le gentil camarade qui ira récupérer nos dossards le jeudi à Paris !

Je me gave de malto à partir du mercredi, consciencieusement, et garde l’œil rivé aux prévisions météo (déterminantes pour savoir quelle paire de chaussures porter !). A priori la météo nous dit beau temps et sec, ce sera donc course en chaussures de route.

 

En ce samedi 19 mars donc, départ tôt de Seine et Marne, je passe prendre mes acolytes de club car il y a toute une logistique à mettre en place, enchainement de RERs jusqu’à St Quentin en Yvelines puis navettes de l’organisation pour nous emmener sur le lieu de départ (base de loisirs), où nous sommes convoqués à 10h. J’en profite pour finir mon gatosport dans le RER, pile dans le timing.

Trajet en compagnie d’autres amis Kikous aussi, et tout ce petit monde débarque juste à l’heure sur place. Heureux d’être là, l’occasion rêvée de courir cette course « des grands » tandis qu’il existe la version « moyens » (45 km) ; « juniors » (30 km) ; « enfants » (18 km) ; et « pitchounes » (10km) sans être péjoratif, en plus des épreuves de marche nordique.

 

L’endroit est bien exposé au vent, qui souffle fort aujourd’hui et qui est forcément défavorable, du coup nous attendons le plus tard possible pour se changer et déposer le sac d’après-course au camion que l’on retrouvera à l’arrivée. Au moment de se placer, le premier sas de 250 personnes est déjà complet, on postule donc pour le deuxième sas (départ 11h05). Mine de rien, on sera 3 000 alignés sur le 80 km, et 15 000 engagés toutes distances confondues !

L’enjeu est de taille et ne doit pas être traité à la légère, cela reste un ultra, et qui sera « en prise » la plupart du temps car réputé roulant. Pas de bâtons, pas de grosses montées, il va falloir aller vite et surtout faire preuve d’endurance, la journée sera longue. Et comme c’est mon premier Ecotrail, je ne connais pas le parcours, alors méfiance.

Ravitos : seront pris quasi à la volée, juste de quoi recharger les flasques d’eau, je serai en auto-suffisance côté alimentaire. Si coup de moins bien je m’arrêterai cependant pour une soupe, on verra bien.

D’aucuns diront que malgré la distance n’est pas un trail car le dénivelé (1 500m) est trop faible. Cependant le corollaire c’est que l’on a de fait un parcours rapide, et qu’il faut courir tout le temps !!

Photo avec les kikous, puis briefing rapide, on assiste au départ de la première vague, précédée des quelques chevaux ouvreurs comme le veut la tradition. On nous annonce 1 500m de D+ répartis en 92% sur sentiers et 8% sur route.

A notre tour de nous élancer, je suis sur la première ligne (casquette rouge, à ne pas confondre avec la verte 😉) et avec Denis nous nous élançons pour enfin en découdre.

 

Au niveau matos, j’arbore short, chaussettes de compression, tee-shirt manches courtes, buff, casquette et l’inévitable sac de trail, bien chargé (matos obligatoire : lampe frontale, couverture de survie, brassard réfléchissant, gobelet, contenant alimentaire, contenant déchet, réserve alimentaire, 2 flasques de 500mL, des comprimés de Sportenine et d’électrolytes, la carte d’identité, le téléphone portable) + ceinture élastique Compressport autour de la taille, pour y glisser des choses à attraper facilement.

Je me cale sur mon allure de croisière donc, 4’45 au kilo jusqu’à Buc. Denis est collé à moi, impecc. Surprenant quand même de déjà doubler des engagés partis dans la vague précédente et qui trottinent doucement, quel intérêt à partir en premier si c’est pour aller à ce rythme ? Bref on zigzague, on double, et on reste concentré.

On commence par un tour du lac de St Quentin pendant un peu plus de 7 km, puis traversons la ville de St Quentin. On longe le golf, sommes abrités du vent en grande partie, ça déroule gentiment.

Je bois toutes les 10 minutes, comme d’hab, il fait déjà chaud et la journée promet d’être piégeuse : ce sont les premières chaleurs, et le vent vient fausser la donne.

Au 10ème km on passe par la fameuse passerelle, de fait pas d’embouteillage car départs par vague, tout va bien. Les km défilent gentiment, souvent on chouille plus rapide que prévus mais globalement le plan est respecté. On double toujours, jusqu’ici tout va bien. Un gel englouti après presque 1h de course, avec de la sportenine pour prévenir les crampes.

Nous sommes désormais dans le bois des Roussières puis la forêt de Versailles (14ème km), ça tournicote gentiment, mais les sentiers sont secs et je ne regrette pas le choix des chaussures de route. Petite pause pipi quand même fissa.

Arrivée à Buc au km 23,5, 1h52 de course, je remplis mes deux flasques en y intégrant aussi des comprimés d’électrolyte. Denis est juste derrière moi, impecc.

Avec cette mini-pause on est à 4’49 de moyenne depuis le départ, c’est tout bon. 122ème au scratch à ce moment-là, nombreux sont ceux à être partis vite manifestement !

Fin de la partie roulante selon la plupart des récits que j’ai pu lire sur cette épreuve, et début de la partie à l’allure cible de 5’15 désormais. J’avais lu que le tronçon suivant (jusqu’au 45ème km grosso modo) était le plus technique, avec beaucoup du dénivelé concentré ici. Une côte bien raide est bien décorée par les Kikous Bubulle et madame, et leurs encouragements font chaud au cœur !

On continue notre bonhomme de chemin, mais Denis lève un peu le pied et l’écart ira grandissant, ouille. 2h de course, rebelote gel et sportenine, il fait chaud et mine de rien on y laisse des plumes.

Les difficultés se succèdent, rendant la poursuite d’une allure cible complètement inadaptée. Les côtes sont raides et tout le monde marche !

Point d’eau au 34ème km (Vélizy), rebelote je remplis mes deux flasques et repars aussi sec.

Passage près de Chaville (35ème km), les sentiers sont secs mais en voulant éviter une partie boueuse je me prends une branche morte de face et mon biceps droit en fait les frais ☹

Passage au 40ème en 3h27, en ligne avec le plan mais l’allure sera dure à tenir et le temps final ne sera pas temps au 40ème km x2 ! Puis c’est le marathon en 3h37 près de Meudon, je sais c’est bien une réflexion de routier ça !!!

Un endroit sympa se profile ici, c’est le château St Philippe à Meudon, nous sommes au 47ème km. Il y a point d’eau, mais en passant sous le barnum qui bipe nos temps de passage (avec la vidéo) je me cogne la tête, mon 1,95m n’est pas adapté à ces barnums !!!

Cependant je passe ici en avance par rapport aux prévisions de LiveInfo, et mon classement a fait un bond (passé de la 122ème à la 66ème place). Recharge des flasques comme toujours, la chaleur fait des ravages et quelques concurrents sont déjà mal en point. J’ai des douleurs musculaires qui apparaissent dans le dos, assez localisées, bizarre d’autant plus que mon sac est finalement léger et pas gênant. Mais je dois être crispé car c’est assez désagréable comme ressenti.

On voit la Tour Eiffel d’ici, sympa, mais le chemin reste encore long ! le parcours passe après par Clamart ; 56ème km un peu avant Chaville puis 2ème ravito au 57ème km (recharge des flasques) à Chaville, parc mare adam. Au chrono je suis à 4h57 de course, et pointe désormais en 59ème place. Un manque de vigilance me fait rater une racine, et je m’étale comme une loque de toute ma hauteur. Manquait plus que ça !

63ème km un peu avant Marne La Coquette, à certains endroits on doit traverses des gros axes, et attendre que le feu piéton soit vert pour pouvoir passer. Dans le dur, j’ai mal aux jambes et des crampes apparaissent, rendant la progression hasardeuse. Une deuxième chute aussi dans un escalier en béton, paf le genou a dégusté, bon manifestement ma lucidité n’est pas au rendez-vous, je revendique mon statut de « je subis la course ».

3ème ravito au 69ème km, dans St Cloud : en haut d’une belle montée, il sera le bienvenu celui-là, je rêve d’un coca frais !!! Recharge des flasques en eau & électrolyte et du coca aussi. 6h28 de course ici, 61ème au scratch, les places se tassent. Je suis bien entamé, je subis la course et n’arrive pas à prendre de plaisir.

70ème km dans la forêt de St Cloud, la fin se dessine pourtant, mais je suis dans le dur. Descente vers le pont de Sèvres, il reste donc les fameux 10 derniers kms sur les quais, la plupart des récits montre que chacun rechigne dans cette partie interminable (on voit la tour Eiffel mais elle ne se rapproche pas bien vite !), qui plus est sur le macadam, alors que moi j’attendais cette partie avec impatience, étant dans mon élément…sauf aujourd’hui !

Donc les quais en mode robot et décompte des km restant à parcourir, un crochet par l’île St Germain puis l’ile des cygnes comme reconnu en entrainement il y a quelques semaines. Des crampes sous la plante des pieds (une première !) m’obligent à m’arrêter pour m’étirer et essayer de faire partir celles-ci, avec finalement peu de succès.

78ème km, Pont de Bir Hakeim, ça sent l’écurie !!! On contourne la tour Eiffel, galvanisés par les encouragements des promeneurs et récupérons le fameux ticket au pied de la Dame de Fer (pas Margaret, l’autre 😊). Au chrono, 7h35 de course, ouille !

C’est parti pour l’ascension des 347 marches, le couteau entre les dents. Cela me rappelle une course verticale à Singapour en 2002 (ouille !), 1 336 marches il y avait à l’époque. Je me console en me disant qu’ici il y en a 1 000 de moins lol !

J’arrive quand même à doubler deux concurrents, au début j’attaque les marches deux par deux mais rapidement vu l’emballement du cardio je me résous à les grimper beaucoup plus modestement une par une !

Finish en 7h41 minutes, et 62ème place (devenue 70ème place du fait des départs par vagues) ouf enfin la délivrance. Le speaker en profite pour engager la discussion avec moi, et échanger sur les projets à venir en termes de courses trail.

Je récupère la fameuse médaille en bois, l’affiche signée « des bosses et des bulles », me jette sur la coca. Puis sur le téléphone pour appeler ma femme et mes kids, tout en me délectant de la vue que l’on a depuis ce premier étage (magique).

J’attends Denis qui arrivera 20 minutes après, déçu lui aussi de sa course, on aura tous les deux eu un jour « sans »!

Redescente en ascenseur, moins glamour, puis direction le centre sportif Emile Anthoine.

Mais parcours laborieux, en mode « on marche comme deux vieux grand-pères », les jambes complètement décalquées. Pas beau à voir !

A l’entrée du stade je suis pris de crampes fulgurantes, j’ai mal comme jamais, même assis par terre je me tords de douleur et suis dégoûté de passer par là. Heureusement Denis, même si en état pas tellement meilleur, tente de m’étirer pour faire passer ces crampes.

Enfin partie douche ; change ; kiné ; podologue et repas en compagnie des potes qui arrivent au fur et à mesure. On reprend des couleurs heureusement, et profitons pour échanger avec tous, kikous comme collègues de club et autres connaissances.

Le suivi des potes encore en course se fait via l’appli LiveInfo, très bien fichue et appréciable.

En conclusion, une épreuve exigeante à ne pas prendre à la légère, avec des vraies côtes ! La déshydratation de cette année a causé pas mal de dégâts, d’autant plus que la chaleur était masquée par le vent. Je pense avoir bu quand même pas loin de 4l, avec une régularité de métronome pour ingurgiter comprimés de sportenine et d’électrolyte, en plus des gels (5), pâtes de fruits (2), pom’potes (2), mais visiblement pas suffisant. Des séances qualitatives en côte auraient été bénéfiques aussi, oups !

Heureusement tous les amis ont pu accéder au statut de finisher, cela a été une belle aventure collective et c’est bien là le principal !

Petite récup quand même avant la prochaine échéance, qui arrive à grands pas : dans 7 semaines il y a le Périgord Grand Trail, 88 km et 2 600m de D+ pour lequel il faudra mieux gérer !

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Augustin

 

8 commentaires

Commentaire de Bacchus posté le 21-03-2022 à 19:58:41

Bravo pour ta perf !! j'aimerai avoir un jour sans en 7h41 -;)

Commentaire de augustin posté le 22-03-2022 à 14:35:38

Merci Bacchus, j'espère à une prochaine sur un Kivaou commun!

Commentaire de DavidSMFC posté le 21-03-2022 à 21:56:11

Bravo Augustin ! Je découvre à quel point ça n'a pas été simple pour toi aussi ! Je me dis que finalement, j'ai moins souffert en fait... mais j'ai fini 2 bonnes heures plus tard^^
Bien content de t'avoir vu avant la course et juste un peu déçu de ne pas avoir pu prendre le départ avec vous en vague 2 !

Commentaire de augustin posté le 22-03-2022 à 14:36:26

Merci David! toujours une bonne expérience, cela permettra d'affiner les réglages! A bientôt sur une course locale!

Commentaire de Shoto posté le 22-03-2022 à 05:31:58

Bravo et merci Augustin pour ton CR.
Sacré chrono qui me fait pâlir d'envie ;-)
Je me rends compte avec ton CR que même les formules 1 Top 70 comme toi subissent aussi des crampes et douleurs malgré une bonne prépa et une bonne alimentation ... comme quoi, l'Ecotrail 80 est une course bien exigeante pour tout le monde.
Bonne chance pour ton Périgord Grand trail :-)

Commentaire de augustin posté le 22-03-2022 à 14:37:34

Merci bcp Shoto! heureusement que tout le monde en bave ;-) en effet, je retiens que c'est une course piégeuse, à ne pas prendre à la légère. A bientôt sur un nouveau Kivaou!

Commentaire de marathon-Yann posté le 28-03-2022 à 11:33:37

Bravo pour ce récit, augustin, et pour ta course ! Impressionnants !
Ca m'a fait un vraiment plaisir de discuter avec toi après la course, et de rencontrer Denis que je ne connaissais pas "en vrai".
Bonne récupération, et à bientôt pour de nouvelles aventures !

Commentaire de augustin posté le 29-03-2022 à 10:42:21

Merci Yann! content de t'avoir attrapé malgré ton air hagard de fin de course ;-) et d'avoir pu refaire le monde entouré des autres coureurs! A bientot avec plaisir

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