L'auteur : Free Wheelin' Nat
La course : La Montagn'Hard - 100 km
Date : 2/7/2016
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
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Distance : 104km
Objectif : Terminer
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Bon, on n'est pas là pour animer des matinées enfantines...
Cipières a validé ma participation à la MontagnHard 100 cru 2016 , je devrai faire attention à mes pieds qui semblent désormais chauffer plus que de raison.
A St Nicolas, je fais pas mal de rencontres, et retrouve avec grand plaisir Olivier , mon gourou des Contamines en 2011. Il m'avait donné une brève, mais sérieuse leçon sur la douleur ,décisive dans mon choix de continuer malgré mon pépin à la cheville.
Tout le monde a pronostiqué l'abandon, toubis compris, et si j'avais plus ou moins décidé de continuer, Olivier a levé tout le doute qui me collait les pieds au ravito.
Les doutes pour cette année ? Pas trop. Comme dit à un kikourou lors d'une pluvieuse ascension (ne me demandez pas laquelle) , j'ai un compte à régler. Et je compte bien payer en cash.
A la montée de St Nicolas , la petite grimpette qui va bien pour attaquer joyeusement et se taper une petite rigolade avec les copains .
Devant moi , un première exemple , à l'instar du numéro 17 , de bêtise crasse, de méconnaissance du règlement et/ou d'irrespect de l'Epreuve .
Ca fait désagréablement « click-click » juste devant, et à coté de moi un coureur m'interpelle (ou peut-être quelqu'un d'autre mais on s'en fout)
« Les bâtons...c'est à partir de combien de kilomètres qu'on peut les prendre ? »
Moi : « heu, c'est pas à 6km après le départ ? »
Lui « ah bon ? »
Ah mince, je marche sur une rondelle de Leki...
Une pause, puis :
Lui : « C'est pas au règlement les bâtons seulement après le premier ravito ? »
Moi : « ah mais si , je crois bien, c'est pas maintenant en tout cas... ! »
Quelle maladroite, je marche encore sur la rondelle gauche …
« Oups, pardon ! » que je fais...
Le type a alors flingué sa filière lactates pour accélérer et fuir la zone.
Mon plus grand regret cette année, avoir eu quasiment constamment ce satané écran blanc , y compris au Prarion ou je ne m'attarderai pas, rien à voir...
J'ai eu beau regarder au delà de ce que je vois : rien. Du blanc.
En y montant, un espoir a brièvement illuminé l'ascension sous forme d'une belle (mais courte) éclaircie , et au moment ou je crie presque aux rayons solaires qui percent « Ouais ! … Ouais !! Ouais ! » j'entends une voix derrière qui me dit aussi fort « On n'est pas bien là ?!! »
Je l'engueule que c'est ma réplique et que c'est un voleur et que c'est ma réplique à moi et pas à lui.
A chaque trail, tout traileur shootant le paysage a proximité de ma trajectoire y a droit..
Juste un truc, j'ai envie de crier « Ni !!! », mais personne ne va me répondre cette fois-ci.
Franchement, malgré la flotte , tout roule.
J'adore l'odeur du n... du genêt au petit matin.
Une ascension et une ou deux averses plus tard, Le Col du Tricot.
Tout bien, j'attaque la descente en savourant le plaisir d'avoir tous les voyants au verts et un horizon bien dégagé , ouééééé !Profitons !
Pas question d'accélérer, je reste à allure modérée, tout le monde connaît les effets ravageurs de la Descente du Tricot . Et j'ai promis de rester tranquille.
Le terrain bien qu'humide est correct, la température nickel.
On n'est pas bien, là, à la fraîche, décontractés du bâton ?
Pas tant finalement puisqu'un randonneur devant moi est allongé , avec une probable fracture à la jambe. Je montre à un jeune mon dossard afin qu'il appelle les secours et poursuis, plusieurs personnes sont présentes , je ne servirais pas à grand chose. Mais bon, je n'aime pas m'éloigner comme ça... Je saurai plus tard que Bubulle a perdu pas mal de temps à cet endroit.
Je croise Elisabeth au ravito de Miage puis repars pour une nouvelle montée.
Chouette.
C'est greeen !!
Mais ça ne va pas durer, l'exterieur du genou gauche commence à titiller .
You talking to me , knee? You talking to me ?? La douleur fait partie de l'ultra, (même si ça fait un peu tôt ), et tant qu'elle reste à ce niveau, ce n'est pas trop gênant.
Quand même, une demi heure avant Le Tré la Tête, je ne pense qu'à une chose, refroidir ou faire triturer ce vilain genou.
Là haut je retrouve le zébulon de Luca Papi qui me Cépéise, Jay qui me prend en photo (il ne sait pas que je suis atroce à voir en course ? Lol) , et le Bagnard. Il y a des têtes comme ça qu'on adore retrouver en chemin...
Comme d'hab quelques coureurs étalés à profiter du moment, du paysage, de la bière ou des poules, et... Jean Mimi qui arrive avec la banane (pour changer …).
J'ai eu aussi le plaisir de l'avoir retrouvé précédemment et échangé avec lui quelques mots (je l'ai connu devinez où ? ;-) ), peut-être vers Bionassay.
Et quelle ne fut pas ma surprise voire mon effroi de le voir tranquillement rentrer dans le frigo à fûts comme dans sa baignoire,mé aaaahhhhhh !!! Il est en acier ce type !!!
Un pari avec Vik , à ce que je comprends...
Un pack de glace scotché au genou , je repars, mais dégage vite le machin, ça me déséquilibre...C'est que c'est lourd un pack de glace...
Un kikoureur je crois avec qui j'avais échangé auparavant me rattrape (désolée j'ai perdu ton identité, je sais je crains, mais mon neurone en course est peu physionomiste), et je lui demande de me mette la poche dans le sac, n'importe comment, ça me fait plus mal qu'avant, ça ne sert à rien, visiblement.
M'en fous , je suis l'aigle de la r... enfin, du monotrace.
Cet abruti va me pourrir l'arrivée aux Contas, mais comme sméssé à mon homme « je gère ».
Décidément, je passe encore à cet endroit en serrant les dents. Un jeune essaie de me tracter et je recours un peu, mais que nenNI !, je suis par moments obligée de marcher.
Le temps de remplir la poche, ah tiens... il pleut...
Ben on va s'assoir un peu du coup ! Et soulager les pieds en plus du genou, tiens, cette satanée pluie à limité l'effet de la nok à... zéro.
Je sais que le genou et vous avez l'intention de me déconnecter.
C'est quelque chose que je ne peux vous laisser faire.
En repartant, un traileur me demande, si je me souviens bien, si ça va, et je pense avoir été un chouille laconique, qu'il me pardonne mon impolitesse. En fait, j'étais pressée de repartir, en plus de l'averse bien violente à ce moment.
D'ailleurs , assise à l'abri juste avant de redémarrer, j'ai bien regardé le camion des toubis de l'autre côté de la place tout en me disant qu'il fallait que j'y aille, mais qu'il pleuvait trop...
A moins de ne pas vouloir entendre la même chanson qu'en 2011 ! lol
Une fois les 1400m de D+ vers le Joly attaqués, l'averse et le genou se calment.
Et j'arrive à La Bifurcation .
Tu vois, sur la Montagn'Hard, le monde se divise en deux catégories : il y a ceux qui montent au Joly, et ceux qui descendent.
Moi, je monte.
Me rattrapent un type sympa, mais un brin négatif , donc dès que j'ai fini de me ravitailler à la Ferme, j'attaque vite le Joly et son brouillard.
J'ai beau regarder au delà de ce que je vois, tout est blanc, humide, blanc et humide.
Autant ne pas voir le soleil déclinant me chagrine un brin , autant j'aime bien la ouate dans laquelle on évolue (nous sommes groupir à trois pendant un bon moment) .
Nous croisons (???!!!) plusieurs gars munis de balises …
« On balise pour le retour ! »
Merci de nous rappeler que nous n'en sommes qu'à la moitié et que les premiers sont sans doute en train de... Léger trouble dans la petite troupe...
C'est toujours aussi raide.
Faut reconnaître, c'est du brutal.
Je connais une Françoise et un Xahvié qui en prennent encore au petit déjeuner. Faut admettre quand même que c'est un raidillon d'homme...
Nous sommes deux lorsque nous abordons la section vers les Tappes.
A mon grand plaisir, cette fois-ci je vais descendre autrement qu'en serrant les dents.
Coooool.
Ah, par contre, nom de Zeus, terrain glissant !
Y'aurait pas de la boue ?
Y'en a .
D'ailleurs je me fais le fond de culotte à peine le versant abordé.
Mon compagnon du moment , un peu plus haut , se strappe , tandis que je me résouds à sortir les bâtons.
J'entends au bout d'un moment un truc comme :
- »Mais... Mais tu avais tes bâtons ??! »
- « Bah oui ! »
- »Mais pourquoi tu ne les a pas pris ?? » (grande incompréhension dans le ton de sa voix...)
S'il savait que j'ai une Suunto dont j'utilise seulement la fonction « heure »...
Ce fut une de mes bonnes marrades intérieures tellement le ton du monsieur était … déprimé !
Une fois de plus j'explique que les bâtons me pénalisent plutôt qu'autre chose en montée, et je régule beaucoup mieux mon allure comme ça.
Ca m'étonne que beaucoup aient du mal à comprendre, mais je mets ça sur le compte des épaules masculines mieux adaptées à un effort que les miennes.
Je pense également que mes dernières séances chargées ont eu leur mot à dire.
Retour au boulot où je pose mon sac sur une chaise dans le vestiaire :
- »Hoooo, c'est pas vrai, Nat, tu mets de la fonte dans ton sac, ho ? »
-Ben oui !!
J'ai presque entendu la mâchoire de la collègue tomber sur le carrelage .
Tu sais que tu fais de l'ultra quand tu vas bosser à pattes chargé comme un mulet et qu'en plus ça te fait rire.
Retour à nos névés.
C'est long, mais c'est bon quand même, et démoralisator man me rejoint.
Je le préviens qu'à l'arrivée aux Tapes je vais dire des choses bizarres.
Passé l'entrée je gueule (pas trop fort, je suis une timide) « Ho les trolls, barrez vous !!! »
En 2011, ils m'ont sauté sur le râble juste là, ces cons, et ce fut la plus grande détresse que j'ai eu à vivre en ultra : figée sur place à grelotter comme une perdue, totalement à l'ouest avec toute la misère du monde sur les épaules, dans un état d'épuisement proche de l'Ho ail eau....
Là, tout bien,
j'ai pris mes petites affaires, un peu galéré quand même à retrouver mes vieilles
chaussettes usées de dépannage,un couteau (oublié) pour le strap (merci pour le ciseau , collègue!), etc.
j'ai préféré strapper deux orteils par peur des frottements vu la taille des trous avant de renoker le feu sous les pieds.
J'entends une bénévole demander si mon voisin voulait une soupe ou quelque chose comme ça, et lui , lui répondre que non merci, il prendrait autre chose d'abord.
Bim ! Dans ma tête, ça fait « vous ne voulez pas un whisky d'abord ? »
Pétée de rire, la Nat.
Et en plus elle est contente, elle va repartir des Tappes, non seulement avec la frite, mais cette fois-ci de jour !
Même si les pieds et la cheville qui est repartie la soucient un peu.
C'est là que me rejoint le Belge. Pascal.
Bubulle a eu son anglais, moi , mon belge.
UTMbiste. Respect.
On attaque la discute, puis le Col de la fenêtre, et cette fois , la nuit tombe pour de bon, c'est parti pour ce que je j'adore en ultra : crapahuter en nocturne.
En tout cas quand le balisage est à ma portée, en fin de nuit ça a été moins sympa.
Ce que j'aime dans la partie nocturne (surtout le début), c'est que c'est un autre film qui commence, un film où tout s'apaise (comme la pluie, tiens, pleut plus ! ) ou s'éveille tout ce qui passe dans le rayon de la frontale , ruisseaux, plantes perlées de pluie , Xähvié...
Oui, le Xähvié Despringus Montagnhardus, plat-ventrement et bienheureusement assoupi, sur un lourd et long rocher acueillant et placide, profitant de la fraicheur vespérale et des senteurs terrestres un instant magnifiées par la nocturne exhalaison du végétal un instant unie à la terre enfin abreuvée aux averses étésiennes mères du glou glou ruisselant à sombre senestre !
« Ca va ?? »
« Oui, je me repose »
«... »
Oups (ah merde, pardon...)
Je prends, histoire de garder quelque contenance, des nouvelles de Françoise, qui va.
Bref, le soir, curieusement je revis.
Grand moment de bonheur, mon arrivée au Bolchu. Ca fait un moment que je suis seule, et vraiment dans la purée de pois mais le balisage tient la route.
Malgré l'aisance relative dans laquelle je me trouve, que j'ai aimé le son de la clarine et les encouragements des bénévoles !!
Ce ravito est vraiment fantastique.
Quand je les entends, près,tout près , je siffle un bon coup, carrément contente de me trouver là, même si je ne comprends pas bien comment je peux les entendre si près sans les voir !
J'avais la tête dans les nuages, mais à ce point, ce doit être la deuxième fois que je ne vois qu'à deux mètres tout au plus devant moi !
Choc thermique en entrant dans la tente ! La chaleur qui règne là dedans, terrible... Réchaud, soupe chaude, rires et bénévoles de folie, tout y est pour ne plus avoir envie de repartir...
Choisis la pilule bleue et tout s'arrête, après tu pourras faire de beaux rêves et penser ce que tu veux.
Choisis la pilule rouge, tu restes au pays des merveilles et on descend avec le lapin blanc au fond de la Girotte.
Je sors.
Pascal est arrivé juste avant mon départ, mais il me rejoindra quand je serai stoppée à une balise sans trouver la suivante, plus haut, bien plus haut .
On jardinera un petit moment avant de percuter que la balise est au dessus de nous.
Moi j'ai vu une cloture à terre alors que c'était juste un couloir entre deux paquages.
Je sais, je suis une femme barbara Gourde.
Pascal à nouveau derrière, je me retrouve nantie d'un binôme ( Bruno? Ah non, non, oups, Arnaud ;-) ...) que je trouve totalement gelé, et pour cause il a attendu 15mn pour pouvoir repartir...
On attaque la grande descente, jardinons un brin dans la neige.
Au plus raide il commence à descendre puis glisse et fait un peu de luge sur les fesses.
Sur le coup, voyant les gros rochers plus bas, je me prends un coup de frayeur quand je le vois partir et bam, je me trouve obligée (vessie pleine depuis un moment et n'osant arrêter mon compère), de poser culotte là, sur place, à moins de me pisser dessus de trouille !
Et bien sûr, Pascal arrive droit sur moi et s'arrête pile en regardant si possible derrière lui... lol
Bon, il en a vu d'autres et moi aussi, hein !.
Finalement nous cheminons (glissons?) un peu ensemble, puis je retrouve Arnaud plus bas après les gros rochers (j'ai les mêmes à la maison, youpiiii!) qui a visiblement bien jardiné le temps que j'arrive avant de trouver la bifurcation pour le barrage de Girotte.
Je n'aime pas trop ce coin,.
Et les pieds... Ca devient réellement pénible.
Bruno me permet de garder une allure correcte, je ne veux pas le perdre de vue.
Lui comme moi avons l'impression de tourner en rond, ça n'en finit pas de descendre dans l'humidité et un noir d'encre avec en continu ce bruit d'eau qui coule on ne sait où... Perso , aucune idée d'où se trouve ce satané lac , et à la lecture du profil après, je verrai que nous en étions loin d'être au pied de la dernière côte!!
Descente à la con. J'aime pas.
Interminable car impossible de savoir quand ça remonte.
Oui, j'avais mon profil sur moi, mais je le prends toujours pour ne pas le regarder. Ca me rassure. Pour finir par oublier que j'en ai un, au moment où ça me servirait le plus, du genre pour se dire « ah, il reste deux ravitos peut-être, mais regarde ce qui t'attend encore, c'est pas fini, ne te relâche pas »
Le ravito du barrage de la Girotte va faire du bien au moral dans le sens où ça veut dire que le temps passe malgré tout et qu'on avance...
Oahh ! Bubulle 1er au ravito !
Petit tour dans le bâtiment où je vérifie le strap sur un orteil, j'ai l'impression d'avoir serré trop fort et d'en avoir perdu un.
Ouf, non, mais enlever et remettre la chaussure m'a fait un mal de chien, ça brûle de partout... Et ces conneries me font perdre du temps, j'ai hâte de quitter l'endroit.
Bubulle Number One me demande d'être son binôme et c'est parti...
Comme moi il n'a pas l'air spécialement jovial... Fatigué je le vois glisser et se faire les deux chevilles.
On ne cause guère dans le bourg.
Tiens, une route qui, ouaiiiis,remonte ... Christian m'explique qu'elle est longue et saoulante mais qu'on va vite la regretter vu la côte qui nous attend.
Je veux bien le croire...
Le rythme se ralentit, et déjà pas très en forme côté mental, je suis tout doucement Bubulle Dossard numéro Un dans le coltar.
Et ces pieds mon Dieu, ces pieds...
Hop ! Click-click, un grand monsier nous double, puis Pascal .
J'en suis encore un peu honteuse, je laisse Bubulle the First à son spleen, pour suivre Pascal qui dès lors sera ma locomotive.
Je ne peux pas aller moins vite ou je tombe.
Enfin, ça monte.
Désolée, ça va en fâcher certains, mais les côtes, c'était là où j'étais le plus à l'aise, et là où j'avais le moins mal.
J'ai pu constater que physiquement ça suivait, et pas mal.
C'est la tête qui commençait à lâcher , ras le bol de ces brûlures et de cette flotte. Il ne pleuvait plus depuis le début de nuit, mais là où nous passions , c'était trempé.
Par contre, le jour est tout juste là, avec un ciel tout propre tout neuf :-)
Les trolls n'étaient pas aux Tappes cette année, mais au Monument, et j'ai vraiment envie de bâcher là.
Merde, c'est pas possible, passé la Bifurque, j'ai bien dit que c'était trop tard pour abandonner, non ?...
Maintenant encore moins, et je dis à Pascal , que non , je termine.
J'arrive à boire un peu de café (!) et je le rejoins vite , il m'attendait c't'animal...
Bubulle Je ne suis pas un numéro est assis et n'est pas en forme non plus, mais je ne le vois pas bâcher non plus.
Cette fois-ci je prends les bâtons pour monter.
Physiquement je pourrais m'en passer , mais rétrospectivement, je me dis que c'est la tête qui avait besoin de bâtons, pas les jambes . Elles allaient très bien, en fait.
Tout du moins leur partie supérieure.
Le soleil dans les yeux, je passe l'ascension aux antennes à détourner le regard, déçue de n'avoir, encore, pas contemplé l'Est tout juste réveillé par le soleil.
Déçue d'avoir perdu ces précieuses minutes , car un de mes objectifs secrets, ce n'était pas de faire moins, mais juste de voir le jour arriver sur le Joly au moment où moi j'y suis.
J'aurais dû le garder en tête, celui-là.
Donc se mélangent à mes pieds des fontaines de lave, dans le fondement des remous liquides nutratlétisés (il n'y resteront pas longtemps), et dans l'esprit le spleen du coureur dans le Dühr .
Pascal sera mon phare sur toute la crête.
Ne pas le quitter des yeux surtout non seulement parce que les Hoka, c'est pas de la balle côté accroche sur neige ( j'ai un peu craint pour lui la traversée du névé...) , mais surtout parce que c'est plutôt rockn'roll sous le bob .
C'est bien de pouvoir garder quelqu'un en ligne de mire, ça raccroche à la réalité et évite de plonger , pour mon cas, dans l'obsession qu'est devenue le chaos dans mes pompes.
Olivier si tu savais de quoi je t'ai traité...
Si , tiens, je vais le dire, de PSYCHOPATHE ! De psychopathe grand malade adoubé par tous ces grands malades de putains de traileurs qui retournent chaque année sur cette saloperie de MontaghHard que bordel pourquoi je suis là ???
Pis j'aime pas le trail, c'est nul et qu'elle me fait ch..r cette p..n de mer de nuage à la c...n que je vois rien, même pas ces p...s de ballons qui sont pas sortis à cause de cette s....rie de météo, que c'est trop chouette le Joly les ballons et... et merde.
Hem, reviens Nat...
Ca se dégage quand même un peu partout et je vois s'éloigner avec plaisir Pascal qui reprend enfin SA course . Il était temps qu'il me lâche celui là, il en a fait plus que sa part, et sans lui, la fin n'aurait pas été la même , finisheuse ou pas ...
Re bénévole de la bifurcation à qui je souffle un « merci » quand il m'annonce qu'il reste 4km , au bord des larmes, je chuchote à défaut de pouvoir parler normalement.
En plus l'effet dramatique est au max .;-)
Le chien tout sympa du début de soirée est cette fois-ci en train de pioncer papattes en rond , il doit en avoir sa claque lui aussi.
Plus bas, plus au soleil, vraoum, pas Jean-Mimi cette fois-ci, mais Timewarp, qui, big boum, badaboum, me double en gambadant comme un cabri.
Je t'ai envié en cet instant tu sais ! Lol
Je re-croise Arclu monté rejoindre Christian (ben oui, maintenant que je connais ton prénom, je ne vais plus me gêner), et qui me trouve dans un état, mais dans un état...
Dommage que mes premiers mots après mon arrivée aient été non pas « faites péter la bière », mais « y'a un médecin dans le coin, j'ai un peu mal aux pieds ? » .
Assise à faire baigner les pieds en attendant des soins, j'assiste au passage de Bubulle sous l'arche , on aurait presque pu arriver ensemble ;-)
Courir la Montagn'Hard, c'est... comment dire … et bien... enfin...vous comprenez... pfff... c'est ça , quoi !
Tout un monde, une petite planète qui tourne avec ses petits traileurs habitants d'un jour, les bénévoles comme kamis bienveillants et enjoués, et le Joly comme La Montagne à gravir comme rite de passage.
L'objectif de finir est largement atteint, s'il en fallait un seul, c'est bien celui-là, et pour ça , merci à tous, je ne peux pas citer tout le monde, mais le cœur y est.
La cerise aurait été de voir le soleil se lever sur le Joly... Woaaaa... Ce sera pour une autre fois peut-être …
Ah...
J'ai pourtant juré d'arrêter l'ultra ?
Je suis juste déçue de ne pas avoir profité comme il se doit des dernières heures, j'ai encore du boulot pour y arriver.
Comme j'ai pensé à un moment, finalement, je me croyais ultra traileuse, et ben , non , pas tout à fait encore. ;-)
Chouette, j'ai pas fini d'apprendre !
Hasta la vista baby, I'll be back !
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24 commentaires
Commentaire de Raphynisher posté le 13-07-2016 à 01:00:40
Super ton récit Nat, j'aurai aimé courir un peu plus avec toi, on s'est juste croisé au départ de la course et à l'arrivée quand tu m'as montré tes pieds, en tout cas bravo à toi pour cette gestion malgré la douleur ! Je pense que Raler pendant un trail permet de maintenir notre appétit au lieu de subir ou de s'endormir face à la beauté du paysage ! Moi aussi j'ai bien ralé en m'eclatant par terre dans ces put... de névés glissant !!
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 13-07-2016 à 20:38:16
Vi je me souviens, je t'ai même dit qu'on allait se croiser encore, et je t'ai vu arriver également, bravo à toi aussi, tu es resté plus longtemps avec les lapins blancs, respect!
Commentaire de Japhy posté le 13-07-2016 à 06:10:06
Alors Nath j'ai pas tout compris (j'ai eu l'impression parfois d'être dans un San Antonio où je n'aurais pas eu tous les codes de lecture :D, mais je te félicite pour cette course extraordinaire ! J'espère que tes pieds ont récupéré, tu dois en avoir besoin au boulot !
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 13-07-2016 à 20:41:17
Merci Japhy! Tu me donnes une idée, San Antonio pour rédiger un CR, ça ne doit pas être mal!
Les pieds ont bien récupéré , mais le lendemain ce n'était pas brillant, j'ai eu peur pour le retour et la reprise du boulot, qui s'est pas trop mal passé ,je me suis dit que j'avais vu pire 3 jours avant!
Commentaire de bubulle posté le 13-07-2016 à 07:24:00
Quelle banane ! En plus, je crois que j'avais à peu près tous les codes de lecture, on doit avoir des références communes..:-)
On a même réussi à partager quelques moments sur cette course et ça fait partie de mes grands moments du week-end, donc autant dire que je l'attendais, ce récit !
Bon, le moment de duo de zombies après la Girotte, on va oublier, je ne suis pas chafouin que tu aies préféré ton Belge à ma compagnie quelque peu déprimante en bas de cette p....d episte de ski.
Mais je crois que le moment ultime, c'était quand même le resto du dimanche soir, à s'enfiler le menu gastronomique du resto, avec les Ultimate Despringrus.....sans parler de notre inquiétude, avec Elisabeth de savoir si t'arriverais à remonter sur le toit de ta voiture (on est même retournés checker au cas où on te trouve désespérée au pied de l'échelle)
Et, pour couronner le tout, on a même des preuves que, non, tu n'es pas abominable sur les photos pendant les ultras.....;-)
Bizzzz!
Commentaire de jpoggio posté le 13-07-2016 à 07:56:37
Merci Nath, c'est splendidement en roue libre !
J'ai adoré ta rencontre avec Xavhië, on dirait du St John Perse sous Hydryxir (bio).
Commentaire de Mazouth posté le 13-07-2016 à 09:06:33
Super recit, j'adore !
Content de voir que tu as pris ton pied :-))
Commentaire de NRT421 posté le 13-07-2016 à 09:40:20
Quel c.. cet Einstein, me suis pris un trou de ver dans l'ouest parisien. Un regard vers mon stupidphone dans un train, je lève les yeux je suis dans un bureau. Et entretemps c'est Grimpez-la en danseuse au Mt Joly.
Respect et remerciements.
Commentaire de Fusalp posté le 13-07-2016 à 11:39:29
Salut Nath! C'est pas Bruno, c'est Arnaud! et effectivement, c'est moi le mec gelé d'avoir dû attendre un ou une binôme! Sympa ce petit bout de chemin ensemble, on a bien galéré dans ces névés, j'avais aussi l'impression de tourner en rond!! Bravo pour ta course, beau mental! A une prochaine! Ps : j'avais pas compris pourquoi j'avais perdu ta trace dans les névés justement... mais maintenant, c'est plus clair!!
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 13-07-2016 à 12:26:02
Je corrige de suite! Désolée, y'avait pas que les pieds "out"... Bravo à toi également, je te suivais des yeux, tu étais bien avec un grand gars avec une veste verte?
A la prochaine également, ce fut un plaisir!
Commentaire de Fusalp posté le 13-07-2016 à 14:13:36
Oui, exact, j'ai d'ailleurs fini avec ce gars en vert (très sympa d'ailleurs)! Et pas de soucis pour le prénom, j'étais pas très frais aussi... A bientôt!
Commentaire de Fusalp posté le 13-07-2016 à 14:18:42
Oui, exact, j'ai d'ailleurs fini avec ce gars en vert (très sympa d'ailleurs)! Et pas de soucis pour le prénom, j'étais pas très frais aussi... A bientôt!
Commentaire de Spir posté le 14-07-2016 à 02:03:15
Ben il fait des étincelles ce récit ! Des p'tites phrases qui allument des souvenirs, des bribes de choses lues ou entendues, ou le contraire. Et ces pieds qui n'en finissent pas de bouillonner ! L'ultra, est-ce trop pied ? Elle était méritée la bière à l'arrivée (tous ces pieds méritent bien un verre) !
Merci pour ce beau CR !
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 14-07-2016 à 12:48:58
"car mon père et ses verres ont les pieds fragiles! " looool !
Merci Spir (où?)
Commentaire de Arclusaz posté le 14-07-2016 à 10:10:00
On ne s'était jamais croisé mais tu faisais partie des amis virtuels que je voulais vraiment croiser : je n'ai pas été déçu par le personnage ! C'est à moi (peut être pas qu'à moi !) que tu as dit en montant à Tré la Tête que tu avais un compte à régler.
un nouveau CR qui fera date
Tirpouêêêt !!!!!!!!!!!!!!!!!
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 14-07-2016 à 12:56:54
Je me demandais qui se cachait derrière la montagne, et moi non plus je n'ai pas été déçue, j'aimerais bien qu'on remette ça!
Merci en tout cas!
Je ne me souvenais plus que c'était toi (quand je dis que ma mémoire des gens n'est pas fiable sur un ultra...), mais maintenant que j'y pense, il n'y avait pas un autre kikoureur au pseudo finissant par un truc du genre "qzefohbpvfvrb"? David , peut-être?
Ouais, je l'ai eu ma vengeance , il n'y a pas si longtemps je doutais tant pouvoir revenir à l'ultra, voire même le trail tout court...
C'est super greeen!
Commentaire de Françoise 84 posté le 15-07-2016 à 18:44:45
C'était super de passer un peu de temps avec toi ce WE là! Encore bravo, à la prochaine!!
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 18-07-2016 à 07:31:17
Au plaisir également de te (vous!) revoir bientôt !
Commentaire de L'Dingo posté le 17-07-2016 à 07:52:43
Je lis pas mal des élucubrations forumiques diverses :-) de Free Wheelin Nat, mais je ne lui connaissais pas ce talent de scénariste.
Bien supérieur au suivi LiveTrail , voila un CR en cinémascope sur l’écran noir de sa nuit blanche.(et pas que la nuit d’ailleurs : la météo ayant permis de vérifier qu’il est bien Blanc, le Mont.)
Un pur régal de récit !!
Pour sur, ce CR n’a pas de photos au prétexte que l’auteur serait atroce à voir en course.
Que nenni ! Figurez-vous que la Nat n’est pas moche, elle n’a pas un physique facile.. c’est différent. :-))
Mais bon, c’est tellement imagé par le verbe que, d’un bout à l’autre, on participe à ton aventure qui n’avait été jusque lors que pointages chronométriques.
Elle me donne l’envie, courageusement réprimée maintes fois, de m’y confronter à cette Montagn’Hard. Ou bien alors de retourner au Mercantour, sur ta belle Cote d’Azur, où nos bêtes bondées d’un cri ...
Alors Nat, merci pour ce moment.
C’est pas le tout, faut clore : Déconner, toujours déconner... Y'en a marre de déconner ! :-)))
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 18-07-2016 à 07:34:59
Pourquoi ne pas participer à l'UTM ? ;-) Après pas besoin de participer à un truc de malade, j'adore partager mon terrain de jeu, c'est quand tu veux!
Et merci pour ton com!
Quant à "déconner" dès qu'on est né, nous ne sommes qu'une foule sentimentale dès qu'il s'agit de la MOntagnHard ! :-)
Commentaire de Jam posté le 18-07-2016 à 12:09:44
Super récit Nath. J'ai 2 souvenirs de toi: près de ton chameau et sa tente posée sur le toit :) Et surtout notre petite discussion en sortant des kynés. Tes pieds n'étaient pas beaux, mais ton moral était au top. Au plaisir de te recroiser.
Commentaire de Jean-Phi posté le 18-07-2016 à 16:07:30
Ouahh les références ciné de malade !! J'adore ! Super green en effet !
Et puis quelle plume ! J'adore !
Manque quelques photos où que tu serais bien moche dessus (que c'est même pas vrai au demeurant !) pour qu'il soit parfait. Comme ta course en fait. Parfaite ou presque... juste à la fin quoi...
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 19-07-2016 à 15:46:36
Humour et références, voilà un plaisant récit. J'ai bien apprécié "You're talking to knee".
C'est vrai qu'en course le corps est parfois un autre.
Bravo à toi.
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 20-07-2016 à 19:43:51
Merci à tous! :-)
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