L'auteur : canard49
La course : 100 km du Périgord Noir
Date : 25/4/2009
Lieu : Belves (Dordogne)
Affichage : 4440 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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Bonjour à tous
J'ai hâte de commencer à raconter mon premier 100 km, les conditions météos étaient exécrables et la température certainement un peu basse mais finalement la chaleur aurait peut-être constitué un obstacle plus important.
Je vais d'abord laisser la plume à mon ange gardien qui pourrait bien publier un ouvrage intitulé "Les règles d'or de l'accompagnateur sur 100 km".
A toi Fred...
Si je me permets aujourd’hui de prendre la plume, c’est pour tenter de vous préserver de certaines erreurs à ne pas commettre en tant qu’accompagnateur cent bornard. En effet, je n’ai trouvé qu’assez peu de renseignements sur ce rôle dans les différents sites de course à pied. Tout d’abord, la présence d’un accompagnateur, si elle n’est ni indispensable, ni essentielle, n’en est pas moins très importante: il convient donc de ne pas aborder les choses à la légère. Lorsque nous avons convenu, avec mon Canard, de faire équipe, il me confiait une grande part de responsabilité. S’aligner au départ d’une telle épreuve suppose un volume d’entraînement, un programme nécessitant une dose de constance, de rigueur, d’opiniâtreté et de courage (ces qualités étant particulièrement développées chez Alex, liées à une intelligente préparation et à une faculté de tirer profit des expériences peu commune ; de toute façon, il est très intelligent), de douleurs parfois, qu’il ne s’agissait pas de mettre à mal en bâclant les choses de mon côté. Prudemment, j’ai composé mon propre calendrier de courses en fonction de la fraîcheur nécessaire le jour de l’épreuve : 100 km à vélo, ce n’est pas tout à fait anodin, et plusieurs heures sur bicyclette réclament un minimum d’accommodation, cet entraînement s’intègre parfaitement à la PPG d’un programme marathon. Ma monture était mon VTT : les pneus sont un peu gros mais la position est confortable. Ce ne sont pas les jambes qui fatiguent, un peu le séant, mais surtout les poignets et les épaules, constamment en appui : pensez à relever le guidon. J’ai toujours mouliné, pour me préserver, bien sûr, mais aussi parce que cela facilite la constance de l’allure. Nous avions deux sacoches, une chacun, pour les affaires de pluie ( et Dieu sait qu’elles furent nécessaires !), le change, chambre à air, pharmaco et une sacoche de guidon - ce qui n’est peut-être pas la meilleure idée si on veut lâcher le guidon, avec le ballant, je me suis cassé la … - pour les lunettes de soleil (et Dieu sait qu’elles furent inutiles !), le papier hygiénique, aspirine, barres énergétiques et - grosse erreur - le bidon eau/coca. J’avais un porte-bidon pour l’eau, rapide d’accès, mais pas pour la boisson énergétique, ce qui m’obligeait à stopper pour ravitailler Alex. Ceci résulte de la première monumentale erreur, celle d’avoir pris à la légère la séance d’entraînement à blanc. Celle-ci me semble indispensable pour les derniers réglages si importants le jour J. La constitution de notre fine équipe s’est faite naturellement: notre amitié n’a cessé de croître depuis huit ans que nous nous connaissons, lié à un grand respect l’un de l’autre et pour ma part d’une profonde estime, tissée au fil des fous rires et des courses auxquelles nous nous sommes rendus ensemble (parce que, pendant la course, il est loin, bien loin devant; c’est pourquoi je conserve toujours les clefs de la voiture !). Je crois qu’il est effectivement nécessaire de bien se connaître pour supporter dans une épreuve aussi difficile tous les travers de chacun.Je crois qu’il est utile pour l’accompagnateur d’avoir une expérience de la course à pied et de l’effort d’endurance. Ayant trottiné quelques marathons, je décelai plus facilement les symptômes de fatigue, de besoin en ravito, de besoin de silence, de positionnement du vélo pour ne pas entraver rythme et progression, et Alex n’avait pas besoin de m’expliquer trop de choses, j’en savais déjà un peu. Une fois parti, être à l’écoute, bien connaître pour éviter de faire répéter quatre fois une requête d’eau, anticiper aux ravitos pour ne pas faire boire de l’eau trop froide, freiner les ardeurs du départ, bien qu’Alex soit très raisonnable sur ce plan, ne pas dramatiser les coups de moins bien - Alex n’en a connu qu’un seul sur les 100 km, et il est reparti tout seul, avant que je formule quoi lui dire ! - et puis surtout être là, pleinement dévoué. Faciliter la progression du coureur, une partie de la course se déroulant sur route ouverte : se décaler sur la gauche pour protéger des voitures, prévenir lors des changements de voie pour que le coureur n’ait pas à se retourner, faire signe aux crétins qui viennent face aux coureurs de ne pas les obliger à monter sur un trottoir, c’est dur au 75ème … ! Voilà quelques recommandations, bien lacunaires, mais si ça peut être utile … Et la course, me direz-vous? Une véritable aventure!Partis à sept coureurs et treize accompagnateurs le vendredi soir, les visages étaient plutôt fermés, les regards perdus.Je concentrerai mon récit sur Alex, les plus perspicaces d’entre vous auront deviné qu’il s’agit d’un de mes meilleurs amis, sur Lionel (binoclard sur kikourou) un garçon constitué d’autant de muscles que de gentillesse, et il est drôlement musclé, le bougre ! Et enfin sur Etienne, le roc de l’équipe, présence rassurante et réconfortante, avec quelques dizaines de milliers de kilomètres en randonnées cyclistes, et non des moindres. De surcroît, il a conduit comme un chef à l’aller comme au retour ; Armstrong et Loeb n’ont qu’a bien se tenir ! Je connaissais moins bien le reste de la troupe, qui m’avait convié à participer au tour de la Vienne en relais et à un marathon : ce sont toutefois de sacrés loulous.Départ des cyclistes en convoi dès sept heures vingt, sous une pluie qui ne cessera pas de la journée - au fait, prévoyez des gardes boues, j’ai retiré de ma barbe quatre cents kilos de boue séchée le soir ! - puis nous passons une heure à attendre l’arrivée des coureurs. Il fait froid mais l’ambiance est très bon enfant entre les accompagnateurs.Etienne me prend en photo :
« et bien, Frédéric, voyons, souris ! » . Mais je souriais, Etienne. J’étais simplement mort de trouille, noué de stress : et si je n’étais pas à la hauteur de mon canard pas boiteux ? Et si je ne tenais pas la distance ? La durée ? Sujet à des migraines ophtalmiques, qui troublent la vue avec des éclairs lumineux ( c’est le quatorze juillet plusieurs fois par an avec moi !) et qui me laissent K.O. un bon quart d’heure, je ne pourrai jamais rattraper l’autre flèche…le plus important, c’est de ne pas stresser. Et je stresse, ce qui me fait stresser. En fait, je méta-stresse, ce qui, on en conviendra aisément est assez stressant. Les premiers du cinquante kilomètres arrivent, impériaux d’aisance, puis les cent bornards. Alex et Lionel ne tardent pas à apparaitre : ce sont des cadors ces deux-la ! Allure souple, rythme régulier, la pluie ne les contrarient même pas…comme à l’entraînement, et leur complicité fait plaisir à voir.Etienne et moi prenons nos marques et tout s’organise naturellement. Je dois toutefois avoir une sale g. car Alex pousse la sollicitude jusqu’à me demander plusieurs fois« Ca va ? » , c’est le monde à l’envers ! Puis l’angoisse se dénoue doucement, la calme bienveillance d’Etienne fait le restePas le temps de s’ennuyer, le spectacle est partout : les coureurs, les spectateurs prompts aux encouragements, les bénévoles parfaitement efficaces, les gens aux ravitos toujours souriants malgré la pluie et le froid, aux petits soins, accueillants, voilà qui transcende le marathon ! Nous avons même eu des crêpes chaudes au Nutella au quatre-vingtième kilomètre mais Alex était pressé, alors…le paysage était joli -couvert, mais joli- souvent très joli. 20 km, 30 km, régularité métronomique, les siamois progressent à bonne allure, et dès les premières côtes, comme je me préserve sur petit braquet, ils me larguent ! Etienne, bien entraîné les colle au train avec ses grandes pattes, mais je peux vous dire que je mouline ! Les voir courir est un spectacle : ils sont efficaces, confortables, harmonieux, … la vraie classe ! Nous partageons les ravitos : même pour les vélos, ils ne sont pas à négliger, l’effort est peu intense (sauf les côtes) mais très long .Le paysage est toujours enchanteur, la pluie toujours aussi drue. A l’approche du marathon, la voiture chrono du 50 km encombre la voie . Nos coureurs accélèrent pour dépasser : Lionel continue au train. Pour Alex, c’est l’heure du repas quotidien, il sent le coup de mou. Alors il gère : il ralentit, très légèrement dans le long faux plat avant Sarlat. Et puis, au lieu de dire, comme à l’accoutumée, « tu peux me passer un peu d’eau, Frédéric, s’il te plaît ? », il se contente de dire : « D’l’eau, Fred, s’t’p’laît ! ». Comme coup de moins bien, on a connu pire. Et ce sera le seul ! Ce gars-là n’est pas tout à fait humain. Nous arrivons à Sarlat. Je pousse les spectateurs à crier « Allez Alex ! ». Il n’est pas nécessaire de réclamer deux fois : encourager, ils savent faire à Sarlat ! Et mon Alex reprend ses marques dans le grand raidillon - où il me distance ! A partir de là, sa progression ne faiblira pas jusqu’à l’arrivée, la détermination se lit sur son visage, le regard noir de jais au redémarrage de chaque ravito, où il ne s’arrête jamais plus de 30 secondes. Au fur et à mesure que les kils s’accumulent, les sensations et les émotions s’affûtent : le spectacle des coureurs devient du grand art. Economie de gestes, régularité de la course (le soir en m’endormant, je verrai les pieds d’Alex survoler alternativement le goudron détrempé), concentration extrême. Au 72ème kil, nous sommes désolés de rattraper Lionel, terrassé par des soucis gastriques. Et pourtant, il a une caisse incroyable, une endurance, des capacités hors du commun. Vertiges, nausées, il souffre, il a le masque … Etienne le soutient, avec toute sa chaleur humaine, mais raisonnablement, Lionel jette l’éponge. Etienne nous rejoint un peu plus loin, après avoir confié son coureur à une organisation sans faille. Nous sommes donc trois accompagnateurs, Etienne, moi-même, et la pluie toujours aussi fidèle. Alex, inexorablement, maintient son allure, double des concurrents. Tous ces mois d’entraînement, ces dimanches à l’aube, ces heures accumulées, ces efforts maintes fois renouvelés portent leurs fruits sous nos yeux admiratifs. C’est indicible : un peintre qui achève son tableau, un poète son recueil, un architecte sa clef de voute doivent offrir le même spectacle. J’en suis sans voix (et je suis pourtant un fameux bavard !).
Quatre-vingt-dix kilomètres. Je calcule le temps prévisionnel. Alex me corrige : lui a gardé toute sa lucidité et se rappelle qu’il n’y a pas cent minutes dans une heure mais bien soixante ! Quatre-vingt-quinze kilomètres. Long faux-plat montant : l’eau s’écoule sur la route comme un ru. La foulée est à peine plus courte. Quatre-vingt seize kilomètres. Alex nous dit « il doit être possible de passer sous neuf heures ». Et tenez-vous bien : il accélère ! Inouï ! Il en a gardé sous le pied ! Il a tout géré de fond en comble, même ça ! 97, 98, la côte de Belvès : il lâche les chevaux ! J’ai peine à le suivre ! Je souffle plus fort que lui ! Ca le fait rigoler ! Etienne tente de prendre un peu d’avance pour prendre une ultime photo : il n’y arrive pas, Alex va trop vite ! On ne l’aura que de dos
Et c’est l’arrivée ! Huit heure cinquante-deux ! Premier cent bornes, 29° place, 5° open.Arrivé à ce stade, l’émotion est à son comble parce qu’il n’y a plus de faux-semblant. Tant de tension, d’effort, de volonté, confine à l’ascèse. La sensibilité est totalement pure, l’amitié à son plus haut degré d’expression. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre et nous étreignons : moment rare et intense, balise indéfectible de notre amitié. Puis un farfadet hilare surgit et saute littéralement dans les bras d’Alex ! C’est Lionel ! Il exulte de joie, m’embrasse, congratule Etienne, masse Alex, court dans tout les sens, prépare une soupe chaude, va chercher des vêtements secs, ré embrasse Alex, s’occupe de mon vélo, félicite Alex ! Je vous rappelle qu’il vient d’abandonner, je vous rappelle également qu’il est la gentillesse faite homme. J’en connais beaucoup qui se serait lamenté sur leur triste sort. Pas Lionel. Lui, il est fou de joie pour son pote. Chouette mec. Un peu plus loin, à un mètre quatre-vingt quinze du sol, brillent deux yeux rougis par l’émotion. Le très flegmatique, très réservé Etienne laisse couler une demi-larme. Pourtant, la vie n’a pas fait de lui une mauviette. Il gratifie son gendre d’un sonore « je suis fier de toi, mon garçon . » Si un jour mon beau-père ou même mon père m’adresse pareil compliment, je cours me le faire tatouer sur le sein gauche ! Alexandre va ensuite sur la table de massage, tremblements de froid, relâchements nerveux. C’est sur, il ne fera plus jamais de long. On y croit tous, Alex : jusqu’à la prochaine fois au moins.Les autres membres de l’équipe arrivent avec des fortunes diverses. Bien plus tard, Tom néo-cent bornard et Olivier, son accompagnateur passent sous l’arche, plus de douze heures de froid, de douche, et la même tranquille opiniâtreté qu’Alex. Chapeau, les gars. Retour à la maison. Lundi, au boulot, nous allons encore passer pour des fous. Sans doute. Mais j’ai l’impression d’être parti en voyage, si loin…Merci, Alexandre , de compter sur moi, j’en suis très fier.Merci lecteur, d’avoir été au bout de ce récit.
Merci, Alice, ma fille, d’avoir tapé tout ça pendant que j’écrivais.
... et je reprends le fil de mon récit !
Marco49, un ami et copain d'entraînement, me taquine depuis des mois en m'expliquant que je suis un "puceau du cent bornes", c'est vrai mais j'ai quand même à mon actif quelques longs trails dans lesquels j'ai acquis une expérience fondamentale.
Je ne me souviens plus pourquoi j'ai décidé de participer à un 100 km. Belvès s'imposait par son cadre et parce que dans notre troupe, ce fut le premier 100 km pour les plus expérimentés. Bien évidemment nous avons suivi pour passer un we sportif et convivial comme nous avons l'habitude de le faire.
L'entraînement : j'ai récupéré un plan d'entraînement qui ressemble beaucoup à celui d'un marathon et je l'ai adapté à ma sauce : deux trails de préparation, Glazig et le TVN (trail du vignoble nantais), un marathon à une allure proche du 100 km (Cheverny).
Tout n'a pas été simple, j'ai une tendinite d'insertion du tendon d'Achille droit qui m'empêche de m'entraîner sereinement. J'ai beaucoup souffert mais j'ai tenu grâce à Gmtrail49 : il m'a fourni une série d'exercices à réaliser tous les jours pour éviter le pire (il s'agit du protocole de Stanish). Cette douleur parfois importante est mon cauchemar, j'y pense et je me dis que ce n'est pas très raisonnable de m'aligner au départ... Oui mais ils sont tous là et je pense pouvoir tenir. Inquiet, je l'ai été au point de me rendre dans une pharmacie dans la semaine pour demander une bombe qui produit du froid mais à la place j'ai trouvé mieux ! Une dame m'a conseillé un massage de la zone douloureuse avec une huile traditionnelle dans laquelle on ajoute quelques gouttes d'huile essentielle (menthe poivrée). Mon scepticisme a presque disparu quand j'ai constaté avec enchantement que la douleur diminuait. Je n'ai pas encore le recul pour déterminer si elle va disparaître, je me masse encore tous les jours mais je souffre beaucoup moins.
Après le TVN où j'ai beaucoup donné, je mets presque deux semaines à récupérer et la reprise de l'entraînement est difficile à tel point qu'il ne correspond plus à celui prévu initialement mais je n'ai pas le choix. J'aurai finalement 5 semaines réelles d'entraînement structuré pendant lesquelles je sens que la forme revient petit à petit et c'est avec un moral retrouvé que j'aborde la dernière ligne droite. Ma motivation vient aussi du fait que j'ai décidé de faire une grosse coupure après le 100 km et surtout d'arrêter le long si exigeant en terme d'entraînement. Je parcours ainsi les coteaux saumurois avec Binoclard, qui partage l'essentiel de mes séances, et le reste de la troupe. Le groupe est important pour les sorties longues dans les moments difficiles, il se défait puis se reconstruit, nous sommes parfois 8 et à d'autres moments 2 mais la cohésion existe toujours.
J'ai rapidement choisi mon accompagnateur, ce sera Frédéric, un des hommes par qui tout a commencé, l'étincelle des débuts. Sans hésiter il accepte et je le connais bien, le stress l'envahit immédiatement, il voudra être à la hauteur. Je n’ai aucune expérience et je ne sais pas trop quoi exiger de mon ange gardien, c’est certainement un point à améliorer.
Après une période de repos de deux semaines, nous partons à 20 : 7 coureurs, 7 accompagnateurs et une partie de nos familles.
(il manque Marco49 mais les équipes sont quasiment au complet : les 6 coureurs debout derrière mains sur les épaules et les 7 accompagnateurs devant)
(le reste de la troupe)
Nous représentons notre club, le CAPS (club d’athlétisme du pays saumurois). Je ne serai pas classé aux championnats de France car je suis licencié loisir mais je m’en moque, nous ferons tous la même course.
Une partie des équipes :
(Fred mon accompagnateur en rouge, dernier massage avant la nuit)
(de gauche à droite, 3 coureurs : Jean-Luc, Marcel et Thierry)
(Jean-Paul (Gmtrail sur kikourou) avec une casquette qui fait sourire... oui mais c'est celle du grand raid de la réunion!)
(le même avec la frontale nécessaire en cas d'arrivée nocturne)
(Binoclard, gourmand de nature...)
(Marcel déja dans son match)
(Yves son accompagnateur de toujours, 7 cent bornes à leur actif)
(les deux Philippe qui accompagnent respectivement Jean-Luc et Marco49, une grande première!)
(Thierry et ses ravitos très personnels, il lui aurait fallu une charette pour tout emmener)
(Olive et Tom, cela ne s'invente pas, premier cent bornes pour Tom et premier accompagnement pour Olivier)
Quelques regards vers la météo mais malgré le temps lamentable qui est prévu, je suis rassuré car je redoute énormément la chaleur. Je me prépare mentalement et je sais qu’il doit pleuvoir mais la température semble idéale pour courir.
Nous partons le Vendredi soir, il nous faudra quasiment 5 heures pour rejoindre Le Buisson en Dordogne où nous attendent nos compères arrivés un peu plus tôt. L’ambiance est chaleureuse, nous sommes hébergés dans un centre de vacances avec beaucoup d’autres participants. Après un repas copieux, il est temps d’aller se coucher pour une nuit qui sera très courte. J’entends la pluie tomber, je ne trouve pas le sommeil mais j’ai l’habitude avant les grandes courses…
Réveil à 5h30 pour un petit déjeuner conséquent, il pleut encore et l’horizon semble bouché, la météo est fidèle aux prévisions : il faisait 24°C hier soir à notre arrivée, il fait 10°C ! C’est le moment fatidique où il faut choisir sa tenue. J’opte pour le short et un t-shirt technique très simple, une paire de boosters et les Asics avec lesquelles j’ai fait tout mon entraînement (un peu lourdes mais confortables).
Direction Belvès sous une pluie continue, on s’est fait une raison, il va pleuvoir toute la journée. Pendant que nous allons retirer nos dossards, nos accompagnateurs partent à 7h20, 10 km plus loin, pour éviter un départ groupé qui serait dangereux. A 8 h c’est à nous, casquette vissée sur la tête, GPS allumé pour surveiller son allure, la tactique est simple : courir régulièrement pour arriver dans un état correct au 60ième puis gérer la suite comme on peut en fonction de la forme. Binoclard est avec moi, je le surveille et lui donne l’allure régulièrement pour ne pas qu’il accélère inconsidérément. La suite en images :
(Etienne, grand cyclo devant l'éternel, il a déja terminé un Paris-Brest-Paris, accompagnateur de Binoclard et Fred, un sourire jaune pour un bleu...). Ils nous attendent au 10 ième !
(la longue file des vélos se met en place pour accueillir les coureurs)
(Ca y est, le premier du 50 km arrive)
(voila les premiers du cent bornes, 39min25 au 10 km...)
(toujours les premiers, cela envoie!)
(Nous voila, Binoclard, dans sa tenue de triathlète et moi-même)
(Arrivée à Montfort, une des seules éclaircies du circuit autorisant nos accompagnateurs à prendre une photo)
(Photo sous la pluie, Bino se restaure, je tiens un tube de Nok pour me graisser l'entrejambe toutes les heures
(Ce n'est pas très élégant mais tellement utile pour ne pas souffrir)
(Arrêt "propice", j'en ferai une dizaine sur le circuit preuve que mes reins ont bien fonctionné, je n'ai pas eu de soucis d'hydratation ou d'alimentation)
(On vient de passer la première féminine au 41ième kilomètre, belles fesses comme on dit ici, on passera le marathon en 3h38)
(Le coureur en orange est espagnol, il tente de demander où se trouve le 50 km... Je n'en suis pas certain ! C'est le moment que choisi Bino pour accélérer légèrement, j'ai un coup de barre et je le laisse filer, on se retrouvera au 65ième!)
Je prends un petit coup au moral mais je préfère laisser passer la tempête, il est 11h32 et j'ai faim. La route est encore longue, je ne peux pas me permettre d'accélérer pour me mettre déja dans le rouge.
Cette piste goudronnée mène à Sarlat (50ième kilomètre), je commence tranquillement à rentrer dans ma bulle, l'allure ne fléchit pas, le chemin est en faux-plat montant pendant des kilomètres...
Au 48ième, un spectateur bien intentionné m'encourage pour les deux derniers kilomètres. Je gaspille un peu d'énergie pour lui expliquer qu'il me reste encore le retour... Perspective peu alléchante.
A Sarlat je ne m'arrête pas, je préfère m'éloigner de ce gymnase si tentant. Je ne doute pas vraiment mais je suis un peu dans le dur alors je dois partir vite.
La stratégie aux ravitaillements est toujours la même : rester peu pour ne pas que les muscles se tétanisent mais je bois et mange très régulièrement.(photo de l'organisation)
Il pleut encore et toujours, les kilomètres défilent et je commence à me sentir mieux. Nous revenons sur La Roque Gageac, magnifique village même sous la pluie mais il manque la lumière.
La lueur d'espoir apparaît, j'aperçois Bino au loin, on approche le 65ième et je veux absolument le rejoindre pour qu'on termine la course ensemble donc j'accélère. Fred tente calmement de me faire ralentir mais je ne veux pas finir seul.
Bino a ralenti et au ravitaillement il s'arrête brusquement, je ne le vois pas et je ne sais pas ce qu'il fait... Cela m'intrigue un peu, au 31ième il s'était déja arrêté au même endroit parce qu'il avait des problèmes gastriques. J'arrive à hauteur de la tente et je vois Etienne son accompagnateur mais pas Bino. Je commence à comprendre, il a décidé de retourner aux toilettes, je suis dans mon allure, je ralentis mais ne m'arrête pas car la course devient difficile.
3km plus loin il me rejoint au prix d'un effort important mais il a le masque et même dans les pires moments de l'entrainement il n'a jamais autant été marqué. Il s'arrêtera 2 km plus loin la mort dans l'âme, le verdict est sans appel : hypothermie, gros coup de froid qui a provoqué des diarrhées et il pleut encore avec une température qui avoisine les 9°C.
Je récupère donc un deuxième accompagnateur, il me reste 30 km et l'abandon de Bino me casse un peu les jambes, je vais devoir finir seul. A partir de ce moment là, je m'isole complètement, communique très peu. Je passe le 70ième en 5h59.
Mon objectif initial est un temps situé entre 8h30 et 9h10 (2,7 à 3 fois mon meilleur temps au marathon), tout est jouable. Je continue, j'ai mal aux jambes mais je double beaucoup de coureurs dans la détresse. Je n'ai aucun problème particulier, le parcours est cassant et le profil absolument pas fidèle à celui proposé sur internet, ce n'est plus grave maintenant.
Je sais que je vais terminer, je redoute l'ultime ascension mais finalement elle se fera bien :
(cela sent bon l'écurie!)
(Il ne reste plus que quelques centaines de mètres)
(Encore un virage à gauche et c'est la libération)
(Bino est là à l'arrivée pour me féliciter, il a récupéré un peu, cela me fait chaud au coeur, Fred pleure, je tombe dans les bras de tout le monde, je jubile)
(direction les tentes pour un massage et surtout du repos)
Temps final : 8h52 pour une 28ième place, l'objectif est atteint mais que ce fut dur dans ces conditions.
Mon expérience sur grand trail m'a permis de tenir et la présence d'un, puis de deux accompagnateurs, a été déterminante dans la réussite d'une telle aventure. Évidemment on arrosera cela ensemble autour d'une bonne table !
(repas du dimanche midi à Domme)
(Après le canard de Cheverny voici Barnabé le jars de l'auberge, symbole de notre métamorphose)
Les amis ont tous terminé, le bilan est exceptionnel sportivement et humainement, voici leur classement :
Marc DUGAS-BOURREAU 77ième en 9h53 (28ième classement open) (1er passage sous les 10 h!)
Marcel LEBORGNE 94ième en 10h09 (38ième classement open)
Thierry DUBOURREAU 117ième en 10h26 (64ième classement championnat de France)
Jean-Luc MARDON 192ième en 11h16 (82ième classement championnat de France) (1er cent bornes)
Jacques-Olivier THOMAS 365ième en 13h20 (261ième classement open) (1er cent bornes)
J'ai quand même réussi à noyer mon GPS, j'ai 101,4 km au compteur. Après quelques jours au sec, il semble fonctionner à nouveau, voici le parcours :
Merci à tous !
Alexandre
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14 commentaires
Commentaire de nono_la_robote07 posté le 29-04-2009 à 08:51:00
Bravo à toute l'équipe de coureurs et d'accompagnateurs et félicitations pour ton superbe chrono.
le 100 kms de Belvès est une épreuve magnifique avec une organisation exceptionnelle je ne peux que vous conseiller d'y retourner pour apprécier dans d'autres conditions ce superbe parcours.
Nono_accompagnatrice_hémérodrome
Commentaire de Jerome_I posté le 29-04-2009 à 09:43:00
bravo pour ta course et ton récit.
Jérome
Commentaire de Fibre posté le 29-04-2009 à 10:37:00
Bravo Alex,
C'est une très belle perf pour une 1ère en plus.
Et tu as arrosé ca pendant 100 bornes lol
Bonne récup
A bientot
Fabrice
Commentaire de seapen posté le 29-04-2009 à 11:37:00
Bonjour Canard49. ça a été passionnant de te lire avec une belle illustration de photos parlantes. Vous faites vraiment un belle équipe. Chapeau pour la performance et bravo à tous et une pensée pour Bino qui a du s'arrêter peu avant les 70 kms. Salutations sportives.
Commentaire de alain posté le 29-04-2009 à 13:18:00
Super ton CR en image !
Un vrai plaisir de te lire
J'espère un jour te croiser à Belvès mais sans pluie...
Commentaire de eric41 posté le 29-04-2009 à 14:50:00
Bravo Alex tu as concrétisé au vu de ta forme à Cheverny.
A voir les conditions c'est très,très fort.
Eric
Commentaire de binoclard posté le 29-04-2009 à 15:26:00
hello mon canard,
Merci pour ton CR, j'en reconnaît une grande partie.
super performance pour ton premier 100 bornes, en ayant afficher ton objectif dès le départ. Respect et Robustesse
Le mauvais temps a eu raison de notre cohésion, surtout de moi. Dommage, cela aurait génial de le finir ensemble.
Au 68ème, j'ai été, dans mon fort intérieur, blessé de devoir te laisser partir et finir la course tout seul, mais j'ai sérieusement atteint.
Après cet exploit le canard s'est transformé en cygne, tellement ta course a été belle.
Bonne récup. et RDV sur nos pistes d'entraînements
Commentaire de Z@G posté le 29-04-2009 à 19:56:00
Chapeau l'artiste ! Très beau récit des 2 compagnons de galère!
J'ai bien pensé à toi samedi surtout quand j'ai vu via le forum les conditions climatiques désastreuses! Finalement c'était peut être un mal pour un bien, tu risquais pas d'être déshydraté!
Bravo encore, la performance est impressionnante. Félicitations également à l'équipe et aux accompagnateurs. Une petite pensée à ton binôme Lionel qui a dû bien souffrir mais dont la performance est remarquable.
Dom
Commentaire de canard49 posté le 29-04-2009 à 23:45:00
Après l'avoir dit, je l'écris : Je suis très fier de toi, mon garçon !
Etienne
Commentaire de CROCS-MAN posté le 30-04-2009 à 14:35:00
Un grand BRAVO pour ta super course et merci pour ce récit très instructif.
Commentaire de melanisse posté le 30-04-2009 à 21:47:00
bravo, quelle course et quel magnifique cr, on s'y croirait ,bravo à vous tous!!!
Commentaire de Marco49 posté le 07-05-2009 à 14:19:00
Bravo,mon ami,je savais que tu nous ferais un trés bon 100km malgré la pluie,il y à encore de la marge.Je me doit de ne plus te taquiner Monsieur canard.Je suis content pour toi.
A bientôt et bise à tous.
Commentaire de gmtrail49 posté le 08-05-2009 à 22:55:00
Salut champion !
Un bien beau récit, emprunt de modestie et agrémenté de belles photos (légèrement aqueuses) et de la plume ô combien lyrique de notre ami Fred !
A te lire Alex, le cent bornes parait bien simple : il suffit de gérer le "p'tit" coup de moins bien au 45ème, de ne pas trop s'arrêter aux ravitos et tu finis quasiment par larguer ton vélo dans la côte finale !
Félicitations à tous les autres coureurs du groupe !
Une mention particulière à Marco pour son énorme performance.
Merci également à Thierry que j'ai accompagné en vélo : ce mec est une crème, toujours souriant et aimable même lorsqu'il n'est pas très bien.
JP
Commentaire de augustin posté le 10-02-2016 à 16:00:40
Chapeau bas pour ces récits et la performance réalisée. Merci d'avoir partagé tous ces details, utiles pour qui veut preparer Belvès dans de bonnes conditions!
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