Récit de la course : 100 km du Périgord Noir 2009, par leeson

L'auteur : leeson

La course : 100 km du Périgord Noir

Date : 25/4/2009

Lieu : Belves (Dordogne)

Affichage : 2559 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Pour estelle

Pas envie de l'écrire mais très envie de le partager:

Ce récit cela fait longtemps que j'y pense, et même que je me réveille la nuit pour l'écrire dans ma tête, et maintenant que je suis ici devant mon écran je ne sais plus quoi écrire. C'était une course atypique et tellement forte en émotion, en souffrance et en souvenir que j'ai peur de l'écrire, comment trouver les mots justes et retranscrire exactement ce qui s'est passé...

 

Alors tant pis je me lance et même si mes mots ne sont pas les plus justes, j'ai envie de le faire:

Tout d'abord pourquoi un 100km:

J'ai commencé à courir il y a maintenant presque 3ans, pff qu’est ce que le temps passe vite, comme tout a chacun, après quelques courses de village très sympas, je me suis dit : « et un marathon pourquoi pas » tout ça grâce à un ami qui avait couru celui de New-York et à l'entendre j'étais pétri d'admiration , moi qui n'avais jamais couru plus de 30min et encore forcé à l'école, tous mes petits copains de classe étaient des footeux très accomplis caus' sport étude football, mais moi  j'étais juste le jeune binoclard fluet qui ne comprenait pas pourquoi il fallait tourner autour d'une piste ou se dépasser dans la boue.

Alors pour réaliser cet eldorado je me suis mis à courir 1 fois 30min, éreinté, puis deux fois par semaine. J'ai acheté Jogging international un peu comme tout le monde je pense, c'est devenu mon livre de chevet, mon premier plan d'entraînement était scotché sur mon frigo et à chaque sortie je mettais un coup de stabylo sur la sortie du jour...Puis je réfléchissais déjà à la sortie suivante, bilan 4h30 à Paris.

Et puis un premier marathon terminé complètement lessivé en disant plus jamais, finalement je suis reparti une fois, deux, trois fois le plus beau à Barcelone,

le récit est là:

http://www.kikourou.net/recits/recit-4744-marathon_de_barcelone-2008-par-leeson.html

, et puis une fois de trop bilan:blessure, un quatrième à l'arrache et un cinquième dans le cadre de ma prépa pour Belves c'était à Monaco le récit est là:

http://www.kikourou.net/recits/recit-7638-marathon_de_monaco-2009-par-leeson.html

Et puis un jour Christine (Chris78) me dit qu'elle va faire Belves, genre un truc de ouf 100km rien qu’à l'écrire j'en frissonne, mais c'est vrai que ça fait un moment que ça me trottait dans la tête alors j’accepte en me disant que je ne m’inscrirai qu’une semaine avant la fin de la préparation et, si celle ci se passait bien.

Maintenant je rentre dans un monde obscur et inconnu:

Fini jogging international, je lis maintenant ultra fondus, j'achète le livre de Bruno Heubi et je m'attarde sur le coté alimentation, accompagnateur, envie, préparation (merci Bruno pour tous ces conseils que j'ai pu lire et apprendre), je délaisse mon taf je suis à fond dedans 4 ou 5 entraînements par semaine, bizarrement la prépa me semble "facile"  et pas trop longue. Heureusement j'ai la musique pour me motiver car je suis un coureur qui court en musique que ça plaise ou pas. D'ailleurs à ce sujet je serai éliminé moi et ma chérie d'un bike and run organisé à Toulouse, pas envie de rentrer dans la polémique mais éliminé car elle avait un lecteur mp3 et moi pas de chambre à air pour réparer le vélo, et un ARBITRE de M..... J’étais juste venu faire une petite séance de fractionnés, sans aucun objectif de résultats d’ailleurs nous serons disqualifiés alors qu’on devait être avant avant dernier !

La prépa - ration est terminée

Alors comme j'avais envie que tout soit au point, le vélo, les ravitos, « l'accompagnatrice », nous avons testé tout ça ensemble, Estelle, moi et le vélo sur une sortie de 3h00 peu de temps avant le vrai challenge, bilan je suis rentré ramassé, épuisé...pour juste 3h00 et surtout très inquiet pour la suite car j’espère boucler en 12h00 soit 4 fois plus !!!

Le départ dans l'inconnu:

J'avais peur de manquer de quoi que ce soit sur le parcours, voici un déballage de l'équipement:

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un caleçon long, tee-shirt manche longue, short, tee-shirt manches courtes, K-way, hydrixir, des gels, des tucs et du Babybel et même le livre de Buno Heubi pour les dosages de glucose (80g/litre/heure) , et puis le vélo bien sur, une selle adaptée, un panier , des sacoches, une frontale et autres couvertures de survie, on est fin prêt... enfin je l'espère une résa dans un gîte près de Belvès et en route vers le vrai inconnu: un double marathon et des brouettes qui feront très mal.

On arrive à BELVES:

Beau soleil, j'ai pas envie de passer par Sarlat je me vois mal faire les 50 bornes en voiture et me dire que demain je ferai le même parcours en courant , alors petit détour, on récupère les clefs du gîte et on file récupérer les dossards, grosse déception pas de tee-shirt pour les accompagnateurs, même en payant y'a plus la taille....Peut être un petit truc à revoir pour les organisateurs, remarque à chaque course c’est la même chose : y’a que du XXXXL

Pour éviter de galérer à doser l’ Hydrixir, on avait préparé des petites fioles, la photo est sympa, ça fait limite dealer de came mais bon. Estelle m’avouera plus tard que les récipients servent en réalité pour les analyses ….d’urine.

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On a rencontré Grand Ware:

Une icône, un mythe tout le monde le connaît sur kikourou, j’étais très content de le rencontrer, finalement il est abordable mais il impressionne, pour lui, demain c'est comme un footing...tellement il dégage de zénitude. Le repas est sympa sous une tente amménagée près de l’arrivée de demain avec Chris78, GW, On Off, sa compagne, Jihem, RTTH et Estelle. Bon ok on attendra les pâtes pendant une heure, et des pâtes aussi cuites j’en ai rarement vues.

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La nuit se passera bien, malgré la pluie qui a commencé à tomber très fort, et dans un bungalow on entend plutôt bien ce genre de détail et ça fait pas mal cogité quand on se dit qu’on va essayer de courir 100km le lendemain.

La course est lancée:

Arrivée à Belves, le temps et gris et la pluie au rendez-vous, avec Estelle on restera le plus longtemps possible dans la voiture avant de rejoindre les autres sur la ligne de départ. A peine dix minutes d’attente et je sens déjà la pluie qui traverse ma veste D4 que j’avait du payer 10 euros y ’a trois ans…Je suis là avec Grand Ware, rtth, jihem qui passe nous voir sur la ligne de départ je ne le reverrai plus car il réalise un super temps. Il pleut déjà tellement qu'on se demande ce qu’on fait là, cette photo c'est le départ des vélos:

Fedo Mora - After the rain http://www.youtube.com/watch?v=lHn7620gEHs&feature=fvst

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Et voilà le départ des premiers sur un rythme que je ne tiens même pas sur un semi !

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 Pour eux, le temps est bien plus propice que la canicule de l'année dernière. On est partie tranquille, comme on dit dans le milieu du vélo : «   je suis dans la roue de Christine et GW ». Ils sont partis pour courir 14min et marcher une min ,moi plutôt 9' et une minute, du coup on se perd, mais on se retrouve souvent alors je décide
de me caler sur leur rythme, et c'est Grand Ware à la manoeuvre : Go, stop, on repart moins vite: on progresse plutôt bien en 9,5km/h.

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ON-Off et Estelle nous rejoignent à vélo. Ils sont partis après nous, on suit le train mais la pluie est très pesante. Ma miss est gelée les lèvres bleues au bout de vingt km, je m'inquiète pour elle, même si elle garde toujours le sourire. Je me rappelle aussi quelques altercations avec des coureurs mécontents de voir tous ces vélos, qui semblent les déranger dans leur course.

Les kilomètres s'enchaînent, les ravitos aussi, on y a passé trop de temps chacun, les gens sont sympas et les tables toujours aussi bien garnies: rillettes, glucose, sucre, raisin, pruneaux, orange, pastille de sel, soupe bien chaude : humm c'est bon !!

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La régularité est essentielle, on a remarqué deux coureurs que l’on rattrape plusieurs fois, eux semblent avoir plus d’expérience, ils s’arrêtent très peu à chaque ravito, contrairement à  nous, mais ils avancent doucement mais sûrement. Je pense que c’est une de nos erreurs sur cette course. Mais c’est vrai que c’est tellement agréable de discuter avec les bénévoles, de les remercier pour leur accueil et leur travail, et aussi cela permet de s’abriter quelques moments sous la tente.
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Le marathon :

Le marathon est passé en 5h30 ça me semble lent, trop lent je suis flippé de m'embarquer dans une galère insupportable, mais bon l’essentiel est bien d’arriver au bout et peu importe le temps (en heure), en revanche le temps (la météo) me fiche le moral dans les chaussettes, pendant toutes ces heures, j’en aurais passé du temps à regarder le ciel, en espérant, en priant pour une petite éclaircie qui vous réchauffe le corps et le cœur. C’est aussi à partir de maintenant pour moi l’inconnu « complet », chaque foulée de plus est pour moi une expérience nouvelle, je ne suis jamais allé au delà de 42.195 km.

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Je suis mieux:

A partir de cet instant j'enclenche le mode "musique" avec mon lecteur mp3 mon allure est plus régulière, et ça va beaucoup mieux, http://www.youtube.com/watch?v=ckBvdGua54o&translated=1. Je suis plus habitué à courir en musique, du coup ma foulée semble plus « naturelle », plus aérienne, c’est à ce moment là que je décroche encore Chris78 et Grand Ware.

Arrivée au 50iéme :

Et oui encore un ravito, beaucoup s’arrête ici, je me mets à discuter avec un autre coureur, pour lui, c’est terminé, il ne supporte plus la pluie, il me souhaite bien du courage. Je me sens bien, je repars sans trop tarder en laissant Estelle au ravito, maintenant la mission c'est rentré à Belves le chemin du retour: Keny Arkana - Les chemins du retour http://www.youtube.com/watch?v=2T4mMF0d8XA. C’est aussi cela le rôle d’un accompagnateur, laisser le coureur gérer sa course à son allure, les moments de solitude me permettent de rentrer dans ma course, de m’isoler, de me concentrer sur mon allure, c’est important pour moi car je m’entraîne 90% du temps tout seul. En revanche à chaque fois c’est toujours un plaisir de retrouver son compagnon en vélo. Même s’il n’est pas sans cesse derrière vous, une des plus belle reprise que je connaisse : Keane - With or without you http://www.youtube.com/watch?v=i32BUDTiDmU&translated=1 vous savez qu’il n’est pas loin et ça, ça remonte le moral.

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Je suis passé en 6h25 au cinquantième, un calcul rapide et je me dis « banco » pour 13h00, je me mets donc à accélérer car je me dis que 13h00 ça serait bien pour moi mais aussi pour Estelle car pour elle aussi c’est très dur. A chaque fois qu’elle me retrouve, j’ai droit à un sourire, un petit mot d’encouragement, vraiment elle est superbe, mais au fond de moi je l’imagine les minutes d’avant de me retrouver en train de serrer les dents, de râler aussi et se demander ce qu’elle fout dans cette galère, mais jamais elle ne s’est plaint, quel courage.

Maudite boucle :

Je commence à vraiment avoir mal à la cheville et sous le pied, les impacts deviennent difficiles. J’avais déjà ressenti cette douleur mais seulement à l’arrivée du marathon de Monaco, je regrette de ne pas avoir consulté le podologue avant la course : deuxième erreur: Moby - Mistake http://www.youtube.com/watch?v=jhdB1244TpA Au 65ieme : je m’arrête à la salle des fêtes de Castelnau, à la table à côté de la mienne encore un coureur qui abandonne. J’essaye de me réchauffer mais en vain, j’en profite pour me mettre du Voltaren là où j’ai mal, chevilles, tibias externe et genoux. Une petite soupe et c’est reparti il est presque 17h00. En sortant, je remarque que des coureurs reviennent dans l’autre sens, j’essaye de me remémorer le parcours, mais en vain je ne comprends rien, je n’arrive pas à me rappeler le parcours qui est affiché depuis plus de 6 mois dans mon bureau. Je demande si le parcours a été modifié par l’organisation, en fait non il y a belle et bien une boucle, celle ci  va faire mal sur le moral, juste 3 km mais que c’est dur de croiser ceux qui en reviennent, tous ont l’air physiquement et moralement très fatigué. Encore un arrêt pipi, en tout, je pense m’être arrêté une bonne quinzaine de fois rien que pour cela, c’est simple dès que je bois j’éprouve le besoin de me soulager. L’avantage c’est que j’optimise les pauses, je bois et j’urine en même temps, c’est synchro !! A partir de maintenant je n’ai plus trop de souvenirs, d’ailleurs on ne prend même plus de photos, je marche de plus en plus, repartir est de plus en plus difficile, au 65ieme j’ai pensé ne pas repartir de cette salle des fêtes. Je discute avec un coureur, lui c’est son 15ieme Belves et déjà 15 fois Millau, il sourit et semble prendre beaucoup de plaisir. Ca réchauffe le cœur. Seul petit Hic, il m’annonce qu’il est réglé comme du papier à musique à chaque fois c’est 14h00, je fais un rapide calcul…  « quoi encore 5h00 à courir », je prends un grand coup de pompe là, je pensais pouvoir terminer dans 4h00 maxi. Je regarde Estelle, je pense que là elle a compris que ça serait vraiment très très difficile.Estelle pour m'encourager me dit qu'il reste plus "qu'un semi" je ris jaune mais interieurement moi qu'il lui ai servi deux fois de lievre sur semi pour qu'elle arrive au bout...pff c'est dur.

Le 81 ième :

Maintenant sur le parcours on ne voit presque plus de coureur, personne en ligne de mire ni personne qui double pour se raccrocher dessus. Maintenant la nuit est presque tombée, un peu avant Allas les Mines Estelle me laisse pour aller se réchauffer dans le gymnase, maintenant me voici seul, les kilomètres, que dis-je, les mètres me semblent interminables, à chaque impact j’ai une douleur qui me remonte de la cheville jusqu’au genoux, bizarrement les montées me paraissent plus faciles que les descentes Placebo - Running up that hill http://www.youtube.com/watch?v=BdK9OlOzayE&feature=fvst. Enfin j’arrive au gymnase, j’ai soif, je trouve le vélo là dehors mais les gourdes n’ont pas été remplies, c’est bizarre car c’est toujours ce qu’Estelle faisait en premier, je rentre dans le gymnase, je la cherche, elle est assise sur une table avec des bénévoles et un médecin autour d’elle : verdict hypotension et hypothermie, le docteur ne veut pas la laisser repartir. Elle insiste, je lui explique qu’il faut arrêter là, elle refuse. Le médecin lui propose de se reposer un peu et de différer son avis. En attendant je me fais masser, j’ai des contractures au niveau des adducteurs, un podologue m’explique que mon problème, cheville, tibias et genoux vient de mauvais appuis, voilà c’est confirmé j’aurai du aller me faire refaire des semelles avant la course Grgrgrgrrrrrr. Je retourne voir Estelle, dans la salle je n’arrive même pas à marcher, des bénévoles m’expliquent que la majorité qui repart d’ici revient plus tard pour abandonner. « Estelle, on arrête j’en peux plus, j’ai vraiment envie d’arrêter tout ça ». « Non c’est hors de question, on est venu pour aller au bout et on ira au bout ». Je suis scotché par sa réponse, impressionné mais aussi presque déçu, j’en pouvais plus, et puis je me dis, elle est au moins aussi mal que toi, je dois continuer pour elle aussi; Maintenant elle me confie une mission : aller au bout, 30 seconds from mars - The mission http://www.youtube.com/watch?v=xu4oqRupLuM&translated=1 Tous les deux on se fabrique un poncho avec une couverture de survie, c’est du plus belle effet le doré qui dépasse sous les blousons, du coup pour moi ça ressemble plutôt à une jupette.

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J’aurai voulu me changer mais toutes les fringues étaient trempées, même si les sacoches étaient de bonne qualité, elles n’ont pas tenue l’étanchéité. Entre le 80 et 85 ième avec cet arrêt il se sera passé presque 1h30, à ce rythme là on n’arrivera jamais.

Suite et fin ….

J’arrive à alterner, course et marche, une fois de plus je laisse Estelle au ravito, maintenant  la nuit commence à tomber très sérieusement, au 90 ième il est environ 20h30, le petit problème c’est qu’Estelle a gardé tout l’éclairage, frontal et gilet fluo. J’ai peur de me faire sortir de la course : Mac Fly - Don't stop me now http://www.youtube.com/watch?v=d2giXkpyHhk&feature=fvst par un bénévole car je ne suis pas du tout visible, je me retourne sans cesse pour espérer voir mon vélo arriver, mais en vain. Je croise une ambulance qui file en sens inverse, je pense à Estelle, ça fait presque une ½ heure que je l’ai pas revue, enfin je crois comme je n’ai plus trop conscience du temps passé. Je m’inquiète, au prochain arrêt je demanderai s’il est possible de contacter l’organisation pour être sûr qu’elle va bien. Le ravito est en vu, je me retourne une dernière fois, et je la voie, elle arrive perchée sur son vélo, le visage caché par sa casquette et sa capuche qui lui descend sur le visage. En fait elle a « traînée » au ravito précédent car il faisait ….des crêpes et qu’elle voulait m’en ramener pour changer un peu du reste et aussi pour compenser la pénurie de gels (j’en aurai avalé quand même une dizaine)….ouff j’ai vraiment eu peur pour elle. Je récupère ma frontale et on repart ensemble.

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A partir de maintenant on ne se quittera plus. Pour suivre le parcours ce n’est pas évident, il y a bien le marquage au sol, mais avec l’eau qui s’est accumulée ce n’est pas facile, à chaque croisement on hésite sur la direction à prendre car des fois il n’y a pas de bénévoles pour nous aiguiller: keny arkana - La rue nous appartient : http://www.youtube.com/watch?v=FyY0sibu0D4. Je pense aussi souvent à Chris et GW je me demande où ils sont. Plus tôt j’avais croisé On Off qui les accompagnait en vélo, il m’avait dit qu’ils étaient pas bien et qu’ils iraient le plus loin possible, lui partait chercher la voiture pour les ramener au cas où ils abandonneraient.  C’est pas bon signe malheureusement.

Avec la nuit, on a plus aucun repère, et même rien à l’horizon aucune lumière de village en vue, je cours sous la flotte et dans la flotte, sur les bords de la route, il y a plusieurs centimètres d’eau qui s’accumulent, le pire c’est quand on se fait doubler par les voitures, parfois à grande vitesse L et là ce sont d’énormes gerbes d’eau que l’on prend dessus. C’est horrible lorsque je m’arrête pour pisser, je n’arrive pas à repartir, même pas à marcher, je sens mon ventre qui se serre comme pris dans un étau, des larmes qui montent, je sanglote comme un gosse, j’ai l’impression de ne plus rien maîtriser, et même au 95 je ne suis pas sur d’aller au bout. Estelle est descendue du vélo, j’alterne marche et ….marche, je trottine mais rarement. On se tient la main quand on peut: Grégoire - Ta main http://www.youtube.com/watch?v=NgyIDWURjTQ, sinon je me cache les mains sous mon poncho de fortune pour tenter de les réchauffer, je sers les poings et les dents, je claque des dents et je tremble de tout mon corps et impossible d’arrêter cela.

BELVES :

 Ca y est on aperçoit enfin Belvès on entend même le bruit des micros au loin, je sais qu’il y a encore la montée, mais maintenant je m’en fiche même si il fallait traverser la Dordogne à la nage j’irai au bout là c’est simple il y a une côte à gravir de 3 kilomètres, on est là tous les deux, et maintenant on sait qu’on va aller au bout ensemble. La montée se fera en marchant, on s’arrête tout de même pour prendre une photo au 99ieme.

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L’arrivée « enfin ! » mais bizarrement peu d’euphorie de mon côté: James Blunt - No Bravery  http://www.youtube.com/watch?v=MtaeLofMD9c&translated=1, je suis tellement mal que je n’arrive pas à réaliser ce qu’on vient de réaliser ensemble. Je suis même déçu lorsque je reçois une médaille, il n’y en a pas pour les accompagnateurs. On s’abrite sous la tente, une soupe à l’oignon bien chaude nous attend, je suis en larme, complètement vidé avec des crises de tremblements incontrôlables, impossible de marcher. La soupe sera rapidement avalée, on retourne à la voiture, le démontage du vélo sera un véritable supplice pour nous deux, on « jette » les affaires en vrac dans la voiture, on aurait même abandonné le vélo sur le trottoir. En voiture sur le chemin du retour, on croisera encore quelques coureurs, au fond de moi, je n’arrive même pas à comprendre ce qu’ils font encore là, je leur souhaite d’aller au bout, on les encourage en passant à coté d’eux.

La nuit :

De retour au gîte, je vire mes affaires trempées, je m’habille du mieux que je peux, et je me glisse sous la couverture, je rajoute une couverture, puis une autre comme ça jusqu'à six mais impossible de se réchauffer. Je me force à manger un peu pour éviter l’hypoglycémie dans la nuit, au menu …..la fin du Gatosport du matin et le reste de mon bidon de boisson sucré. La douche ça sera pour plus tard, de toute façon j’ai tellement mal aux pieds et aux genoux que je suis incapable de me tenir debout et puis la douche a duré aujourd’hui plus de 14h00 !!!!!! La nuit fût vraiment mauvaise, réveillé sans cesse par la douleur et les crises de tremblements dès que je bouge à peine. Dire que j’avais ramené une bouteille de champagne pour arroser ça en rentrant de la course….

Ce qu’on aurait du voir sur le parcours avec le soleil:

Keny Arkana - 5ieme soleil: http://www.youtube.com/watch?v=aflhgqTELP0

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Le bilan de tout ça : 

12 semaines  réalisées à partir du plan d’entraînement d’UFO Tempet Force 3 sur laquelle j’ai rajouté une 4ieme sortie.

750 km de réalisés avant la course pendant environ 76h00.

Après cette course je suis retourné courir trop tôt, un semi et un trail avec les amis, je me sentait bien, et puis d’un coup le gros coup de mous, physiquement et moralement l’envie de courir n’est plus là. On me dit que pour se remettre d’un 100km il faut environ compter 100 jours de récup. Aujourd’hui alors que je publie mon récit, plus de trois mois plus tard, je recommence à courir 45-50 min mais c’est difficile, comme si j’avais tout perdu et que je reprenais depuis le début. Pour cette année, je n’ai pas d’objectif, juste celui de reprendre du plaisir à l’entraînement.Et cette course est ce que je l'ai vraiment faite ou pas moi qui maintenant n'arrive plus a courir plus d'une heure tellement j'ai puisé dans mes ressources: 30 seconds from mars - Was it a dream http://www.youtube.com/watch?v=BdK9OlOzayE&feature=fvst

 

 Mon accompagnatrice :

Elle a était parfaite, courageuse, un brun têtue mais il faut l’être dans ce genre d’épreuve, sans elle je ne serais jamais allé au bout. Pour Estelle car elle est l'actrice principale de ce périple, celle qui a le plus de mérite, je cherche une chanson, la plus belle bien sur, et j'ai choisi celle ci : http://www.youtube.com/watch?v=5vHhn0qtj2o&translated=1

 

 

 

 

                                               MERCI A TOI

Le parcours:

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10 commentaires

Commentaire de CROCS-MAN posté le 02-06-2009 à 23:11:00

Vivement la suite Leeson, merci pour cette première partie très prenante

Commentaire de alain posté le 03-06-2009 à 07:11:00

On se prend au jeu en te lisant, vite la suite, merci...

Commentaire de Estelle*82 posté le 31-07-2009 à 16:38:00

C’est un très joli souvenir que tu nous laisses là. Tu m’avais confié une « mission », celle de t’emmener au bout, c’est ce que je me suis appliquée à faire, comme je sais, tu l’aurais fait pour moi. Merci aussi et surtout à Toi de m’avoir permis de vivre ce certes très dur mais néanmoins magnifique voyage…intérieur, on aura été au « bout » de nous mêmes et cette expérience restera à jamais gravée en nous…alors MERCI.
Estelle

Ps : euh…c’est quand même moi qui choisis la prochaine course :-)

Commentaire de chris78 posté le 05-08-2009 à 07:17:00

Merci pour ce récit Cyril et surtout un ENORME BRAVO à vous deux pour cette course !!! Ton récit est super et relate bien cette journée de joie, de doute et de douleurs
Pour moi je ne sais pas si j’en garde un super souvenir . Trop de froid, de pluie et de souffrance, mêlée à mon sport favori. Courir tant de temps sous cette pluie continue…… pour rien au monde je ne voudrais revivre cette journée.
Comme toi, à ce jour, je soigne les blessures qui résulte de ce 100 bornes. Les blessures ce n’est rien, mais surtout maintenant je dois reprendre le gout de la course à pieds. Courir pour le plaisir et non plus par obligation dictée par le plan d’entrainement .
Certainement que pour toi aussi le sport est un besoin physique nécessaire pour se sentir « bien ». Donc pas de souci, d’ici quelques temps, nous partagerons de nouveau des récits de nos courses.
Egalement, un très grand bravo pour Estelle, pour ta présence et ta bonne humeur tout au long de cette course. J’ai été très heureuse de faire ta connaissance.
Bisous à vous deux
Christine

Commentaire de brague spirit posté le 05-08-2009 à 08:43:00

Un super récit,pour à n'en pas douter,une belle expérience que vous avez vécu,en cette journée.

Que le plaisir revienne,afin de pouvoir lire,bientot d'aussi beau récit.

Commentaire de grandware posté le 05-08-2009 à 18:15:00

bon ben on remet ça l'année prochaine...

Commentaire de lolobourg posté le 09-05-2010 à 14:01:00

J'ai ressenti beaucoup d'émotion à lire ce récit. Quelle aventure, je dirais même quelle (s) aventure (s) tant j'ai l'impression que c'était deux aventures entre le coureur et son suiveur.
Du strict point de vue sportif, laissez-moi vous dire à tous les deux toute mon admiration. Aurai-je le courage un jour ???? Pourtant, j'en ai envie mais ... la fin de ton récit me fait un peu peur (la récup, la récup ...)

D'un point de vue du récit, merci de m'avoir fait découvrir Gnarls Barkley et le live de run : il a va prendre bonne position dans mon MP3.
Bravo à tous les deux.
PS : Un an après ce 100 bornes, peux-tu nous dire comment a été la récupération???
Laurent PELLIZZARI

Commentaire de shunga posté le 11-11-2010 à 14:50:00

très émotionné oui. Merci et encore bravo. excellent récit et joli combat.

Commentaire de shunga posté le 11-11-2010 à 14:54:00

très émotionné oui. Merci et encore bravo. excellent récit et joli combat.

Commentaire de shunga posté le 11-11-2010 à 14:58:00

très émotionné oui. Merci et encore bravo. excellent récit et joli combat.

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