L'auteur : sergicus
La course : 100 km du Périgord Noir
Date : 21/4/2018
Lieu : Belves (Dordogne)
Affichage : 1352 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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Après avoir couru Millau en 2016, je m’étais dit, le prochain 100 km que je ferai, ce sera Belvès car je n’en avais eu que des bons échos. Donc nous voilà partis, mon épouse et moi le 15 avril 2018 pour la Dordogne. Après une nuit en chambre d’hôte à Castelnaudary et la dégustation d’un excellent cassoulet, nous voilà arrivés le 16 avril à Belvès. Nous prenons notre location chez des gens charmants et je découvre avec joie que la ligne de départ des 100 km est située à 30 m de notre habitation. Après 4 jours de visite sous un soleil radieux et chaud dans ce très beau département et la dégustation des saveurs locales, il est temps de penser à la course. Le vendredi matin je récupère mon dossard et le soir nous assistons à la présentation de la course et des coureurs. Effectivement il y a du " beau monde " sur cette 42° édition qui fait figure de championnat de France des 100 km. De nombreux concurrents venus assister à cette présentation, applaudissent les champions en titre et écoutent religieusement les conseils des organisateurs pour la course du lendemain, car les conditions climatiques seront dures en raison de la chaleur annoncée. Il s'ensuit un " pot " de l'amitié et de la" pasta party ".
Samedi matin, réveil à 4h 45mn et déjeuner dans la foulée, composé de pâtes, riz et pommes de terre. Ensuite je finalise la préparation de mon sac à dos : 33cl d'eau, 50cl de maltodextrine, 6 tubes d'arnica 9CH, 3 gels, 3 pâtes de fruit à l'argousier, 1 tube d'ibufetum, 1 bande velpeau, du sparadrap anti ampoule, des pansements, du papier toilette, des épingles à nourrice, 1 paire de lacet, 6 gélules de BCAA et un tee-shirt à manches longues. Puis je prépare un sac composé d'une paire de chaussures, un rechange complet, un coupe vent, une lampe frontale et 50cl de maltodextrine que je dépose à la mairie de Belvès à 7h pour qu'il soit acheminé au ravitaillement de La Roque Gageac du 67ème km.
A 7h 50mn je sors de la maison et je me mêle aux concurrents où la sono officielle motive les coureurs. Parmi cette foule bariolée on peut voir des visages souriants et sereins et puis d'autres plutôt crispés voire angoissés. Personnellement je me sens bien et sans stress. Puis c'est le départ du seul concurrent fauteuil qui est applaudit chaleureusement par l'ensemble des participants et des spectateurs.
8h 00, ça y est, c'est le départ. Un petit bisou à mon épouse, et je m'élance en queue de peloton afin d'effectuer mon deuxième 100 km. J'adopte rapidement ma foulée à une vitesse d'environ 10 km/h. On effectue une boucle de 2 km autour du village et l'on repasse devant la ligne de départ où une foule enthousiaste nous applaudit et nous encourage chaleureusement. Mon épouse me prend en photo, et nous voilà partis dans la descente de Belvès. Arrivé en bas, des groupes de coureurs se forment et des " discussions " s'engagent entre concurrents. On me demande si c'est mon premier 100 km que je fais, d'autres mettent en garde contre la chaleur qu'il va faire, bref on évacue le stress de début de course et l'on cherche à se rassurer. Pour le moment la température est plutôt fraiche et on est à l'ombre, donc tout va bien.
La Lenotte (5ème km), c'est déjà le premier ravitaillement, je prends un verre d'eau et je cherche désespérément du sucre, mais il faut se rendre à l'évidence il n'y a que de l'eau. Cela me contrarie légèrement mais comme c'est le premier ravitaillement je ne m'inquiète pas. Je continue à mon allure sur ce parcours plat, tout en admirant le paysage de campagne qui s'offre à nous. J'arrive à Siorac en Périgord (10ème km) et le deuxième ravitaillement est là avec des boissons, du salé, du sucré... bref tout ce qu'il faut. Je prends 2 sucres, 2 verres d'eau et je complète ma bouteille d'eau que j'ai un peu utilisé. Nous sommes encouragés par quelques spectateurs et je continue donc mon bonhomme de chemin. Le peloton commence doucement à s'étirer sur cette portion plate et l'on arrive tranquillement à Mouzens (15ème km). Je reprends 2 sucres et 2 verres d'eau, sans oublier de remplir ma bouteille et je repars sous les encouragements des bénévoles du ravitaillement. La route est large et ombragée et la température est encore douce. Les coureurs sont de plus en plus espacés et je traverse Saint Cyprien par sa rue principale, mais il y a peu de spectateurs. A la sortie du village il y a sur le côté gauche de la route le ravitaillement (19ème km) qui est dans une grande salle, mais j'ai bien failli ne pas le voir!!! Je prends mes 2 sucres qui sont disposés avec le café, mes 2 verres d'eau et je complète ma bouteille. Me voilà reparti et j'entame la partie la moins agréable de la course, car je me retrouve sur la grande route départementale, en plein soleil, avec pas mal de circulation et la chaleur qui commence à se faire sentir. Je cours toujours à mon allure et les kilomètres défilent. Je passe le ravitaillement de Bézenac (23ème km) en effectuant toujours le même rituel. Je continue seul sur la route tout en admirant la Dordogne qui s'écoule paisiblement à ma droite. Puis j'arrive à Beynac (28ème km) et son magnifique château. Je m'arrête au ravitaillement et après avoir pris mes sucres et mon eau, je m'assois sur un banc pour mettre un bout de sparadrap sur un doigt du pied gauche, car j'ai dû mal mettre ma chaussette et je suis légèrement entamé sur le dessus du doigt. Après quelques minutes je repars, et je profite d'une fontaine pour " tremper " ma casquette car là, il commence vraiment à faire chaud. Après le village, le parcours prend sur la droite et quitte la route "principale". C'est moins fréquenté par les voitures et nettement plus agréable. On continue à longer la Dordogne sur une route plate et j'arrive au très beau village de La Roque Gageac (33ème km) que je traverse dans l'anonymat total. Heureusement qu'il y a de l'ambiance et des encouragements au ravitaillement. Je prends 3 sucres, 1 pastille de sel, 3 verres d'eau, je remplis ma bouteille et je trempe ma casquette dans un seau d'eau avant de la remettre sur la tête. Ensuite la route traverse la Dordogne et l'on continue sur une jolie petite route ombragée tout en longeant la rivière. Je suis toujours bien et je maintiens mon rythme de 10 km/h. J'arrive au ravitaillement de Domme (38ème km) et j'effectue mon petit rituel "alimentaire". La chaleur devient assez importante et je m'hydrate fréquemment. Juste avant le ravitaillement de Vitrac (41ème km) on retraverse la Dordogne. La route commence à avoir un léger dénivelée, mais tout va bien. Je passe au marathon en 4h 25mn et en 222ème position. Je continue sur mon tempo et je commence à doubler des concurrents qui ont l'air de souffrir de la chaleur. J'arrive à Montfort (45ème km) où il y a un très joli château et le ravitaillement est au sommet d'une petite bosse. Je prends 2 sucres, 3 verres d'eau, 1 pastille de sel, je trempe ma casquette dans un seau et surtout je remplis ma bouteille d'eau. J'entame la descente à l'ombre, mais il fait tout de même bien chaud, et je passe au Cingle de Montfort, très beau. Ensuite on rejoint la voie verte et c'est un long faux plat montant qui m'attend. J'arrive au ravitaillement de Carsac, je m'hydrate, je mange mes sucres, je remplis ma bouteille et je m'arrose copieusement. Quelques dizaines de mètre plus loin je passe au 50ème km en 5h 15 et en 184ème position. Je suis toujours à mon allure sans aucune douleur, si ce n'est une pointe dans mon épaule droite mais qui finalement ne m'embête pas plus que ça. Ce long faux plat montant, mais heureusement à l'ombre, m'amène tranquillement au ravitaillement de Sarlat (55ème km), tout en dépassant quelques coureurs. A ce ravitaillement il y a un peu plus de monde et leurs applaudissements me font beaucoup de bien. C'est vrai que depuis le début de la course il y a peu de spectateurs pour nous encourager, hormis aux ravitaillements, c'est dommage. Après mon ravitaillement habituel, la route s'élève sur de belles côtes. D'ailleurs dans ces montées je marche ; c'est la première fois depuis le départ. S'ensuit une succession de montées et de descentes jusqu'au ravitaillement de Vitrac Comblelongue (59ème km). Là nous sommes quelques coureurs et nous échangeons quelque peu nos impressions. Ceux qui on des accompagnateurs vélo annoncent qu'il y a de la " casse " parmi les concurrents à cause de la chaleur. J'en profite pour prendre mon "ravito" habituel et bien m'arroser. Puis je repars et je sens que mon corps a de plus en plus de mal à encaisser cette température infernale. Je rejoins la large route qui mène à la Roque Gageac sous un soleil de plomb et je commence à avoir le dessus des cuisses qui me brûle. Je suis obligé de marcher quelques mètres et de m'étirer un peu. Puis je repars et je sens que je ralenti à cause de mes cuisses. Je commence à souffrir! J'arrive au ravitaillement du 62ème km et je prends plus de temps pour avaler mes 2 sucres, mes 3 verres d'eau et la pastille de sel. Je m'arrose bien et je repars en marchant sur une centaine de mètres. ça devient dur!!! Puis un peu plus loin j'aperçois mon épouse sur le côté de la route qui est venue m'encourager. Cela me fait beaucoup de bien moralement, ce qui me permet de rallier le ravitaillement de La Roque Gageac (67ème km) en courant, certes pas très vite, mais en courant tout de même. Au ravitaillement je prends 3 sucres, 3 verres d'eau, je remplie ma bouteille qui est vide et je m'arrose abondamment. J'avais prévu de prendre ma lampe frontale mais comme il est un peu plus de 15h et qu'il ne me reste " que " 33 km à parcourir, je me dis que je n'en aurais pas besoin. J'avais prévu une bouteille de rechange de maltodextrine, mais je n'ai bu que la moitié de celle de mon sac à dos, donc je reprends ma course péniblement. Je traverse La Roque Gageac sous un soleil de plomb, il fait 32° à l'ombre, et personne sur les bas côtés de la route pour nous encourager. C'est vrai qu'à ce moment là de la course, des encouragements auraient été les bienvenus. Je marche, je cours, je marche... mes cuisses me brûlent, j'ai le souffle court, et le moral dans les chaussettes. Vers le 70ème km je me demande si je ne vais pas abandonner, mais finalement je le " prends " sur moi et je continue à trottiner. Je traverse une nouvelle fois la Dordogne et je me retrouve au ravitaillement de Castelnau (71ème km) et son magnifique château. Là je ne prends que de l'eau, car j'ai un peu mal au coeur à cause du sucre et de la chaleur. Je me repose quelques minutes et je repars sur une route qui monte mais qui est ombragée. Je marche, je trottine, je cours, bref je me " refais la santé ". Je continue en alternant marche et course sur cette route vallonnée, mais je marche de moins en moins et je cours de plus en plus. J'arrive au ravitaillement des Millandes (76ème km), je reprends 2 sucres, 2 verres d'eau, 1 pastille de sel, je remplis ma bouteille, je trempe ma casquette dans un seau d'eau et je m'étire un peu. Je reprends mon souffle car cette portion de route est bien " casse pattes ", puis je repars tranquille, tranquille. La route alterne entre passage à l'ombre et passage au soleil, ça monte, ça descend, je marche, je cours, mais je suis bien seul; heureusement le paysage est toujours aussi beau. Puis j'arrive au ravitaillement d'Allas Les Mines (81ème km) située dans une grande salle. Il y a des tables de massages et quelques coureurs y sont installés. Je prends mon "ravito" et j'échange quelques mots avec les bénévoles qui m'encouragent et me félicitent. Je prends mon temps car depuis Castelnau le parcours est exigent et il fait toujours chaud. Je repars et je m'aperçois que les cuisses me font beaucoup moins souffrir, ce qui me permet de courir un peu mieux et surtout plus longtemps!!! mon moral remonte surtout que la route redevient plate. Après un passage sur une piste qui longe la Dordogne je rejoins la route qui m'amène à Saint Cyprien où se trouve le ravitaillement de Péchalou (86ème km). En plus du ravitaillement " normal ", des crêpes nous sont proposées, mais je ne suis pas tenté. Un coureur qui arrive un peu après moi se " jette " sur ces desserts et il a l'air de les apprécier. Les bénévoles sont vraiment formidables. Après mon ravitaillement je repars et malgré la diminution drastique de ma vitesse et de mon état de fatigue, je sais que je vais aller au bout de mon deuxième 100 km. Au dernier ravitaillement un petit regroupement de coureurs s'est effectué et j'arrive à les suivre à quelques dizaines de mètres. Cela m'aide à maintenir une certaine allure sans quasiment ne plus marcher. Cette route est la même qu'à l'aller, mais elle est en plein soleil et malgré la fin de l'après midi, il fait toujours très chaud. J'arrive au ravitaillement de Mouzens (90ème km), il est un peu plus de 18h et je me dis que je vais sans doute améliorer ma performance de Millau ( 12h 05mn ). Je me ravitaille et je repars avec un bon moral. La route est large et plate; 2 coureurs me précèdent d'une cinquantaine de mètres et je les garde en point de mire. Au fur et à mesure que l'on se rapproche de Siorac je m'aperçois que je reviens sur eux, doucement mais sûrement. Du coup j'arrive au ravitaillement de Siorac (96ème km) en même temps qu'eux. Je prends mes 2 sucres et mes 2 verres d'eau et on repart tous les 3 ensemble. La route est à l'ombre et il fait enfin moins chaud. On court pendant 2km ensemble, mais je suis un peu en " sur régime" et je les laisse filer. J'arrive au ravitaillement de La Lenotte (97ème km) au moment où ils repartent. Je prends 2 verres d'eau et je marche quelques instants afin de reprendre mon souffle et c'est à ce moment qu'une concurrente me dépasse d'une belle foulée, que je ne peux absolument pas suivre. Il me reste un peu moins de 3 km à parcourir, mais il y a la terrible côte, longue de 1,7 km à plus de 6%, avant l'arrivée à Belvès. J'attaque la montée en courant, mais rapidement je me mets à marcher car avec la fatigue j'ai l'impression de monter un mur. Tant bien que mal je grimpe, moitié en courant, moitié en marchant, tout en dépassant un concurrent, et j'arrive en vue de l'arrivée. Là je donne tout ce qu'il me reste dans les jambes. J'aperçois mon épouse sur le côté, je lui fais un petit" coucou" et je franchis enfin la ligne d'arrivée en 11h 39mn 54s et 133ème position. Je suis exténué, la côte m'a " achevé ", mais je suis très heureux d'avoir bouclé ce 100 km rendu très difficile dû aux conditions climatiques très, très dures.
Après l'arrivée je me fais masser les jambes, puis je mange un bol de soupe tout en racontant un peu ma course à mon épouse mais l'appétit n'est pas là et je suis vraiment fatigué. Un coup de fil de ma fille qui me félicite, puis je rejoins notre location où une bonne douche et une bonne nuit de repos m'attendent.
Pour conclure, ce 100 km fut très dur à cause de la chaleur, surtout que 75% du parcours se fait au soleil, d'ailleurs sur 575 participants il n'y a eu que 385 arrivants. C'est une très belle course, l'organisation est au top et les bénévoles sont vraiment formidables. Sans eux rien ne serait possible. Je les en remercie mille fois et je leur dis un grand bravo. Il n'y a qu'une seule chose que j'ai regretté sur cette course, c'est le " manque " de spectateurs sur le parcours, mais bien évidemment les organisateurs n'y sont pour rien.
Sur le plan personnel, ce 100 km est pour moi une très grande satisfaction car hormis mon chrono final qui m'a ravi, je me suis découvert une force de caractère que je ne me connaissais pas et qui m'a permis de ne pas abandonner quand j'étais au plus mal.
En tout et pour tout sur ce 100km je n'ai bu que de l'eau, mangé que du sucre et avalé 50 cl de maltodextrine et 6 tubes d'arnica 9CH.
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4 commentaires
Commentaire de galak42 posté le 08-05-2018 à 09:58:12
Félicitations pour ta course et ton résultat surtout dans ces conditions!
Commentaire de sergicus posté le 08-05-2018 à 11:16:18
merci beaucoup
Commentaire de Tof01 posté le 08-05-2018 à 11:51:04
Bravo pour ta performance. C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu ton commentaire. Car j’ai l’intention de tenter l’aventuredans quelques temps . Ces récits Kikourou sont des mines d’information et de conseils avisés. Bravo encore.
Commentaire de augustin posté le 14-05-2018 à 15:21:32
Bravo! merci pour ce récit, super perf au vu des conditions météo qui etaient c est vrai tres defavorables. Belle rigueur sur l 'alimentation et le sel, de bons choix savamment utilisés. Bien joué!
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