Récit de la course : Trail du Ventoux 2007, par Bourdonski
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Trail du Ventoux 42 km
Le Ventoux, montagne mythique, lieu de beaucoup d’exploits cyclistes, à laquelle j’ai longtemps rêvé sans pouvoir l’affronter. Et voilà que grâce au trail, je vais pouvoir enfin fouler ce sommet. Ce trail du Ventoux va me permettre de joindre l’utile à l’agréable : profiter du formidable panorama du sommet et me préparer à l’UTMB.
Avant d’arriver là-haut, il me faudra d’abord affronter la route (3h00) et le problème de beaucoup de traileurs : notre passion peut coûter cher. J’ouvre une petite parenthèse, si le calendrier route est assez fourni et permet de trouver chaussure à son pied à portée de route de chez soi, il en va autrement des trails. Même si l’offre s’est étoffée, les gros trails pentus sont par définition concentrés sur des régions montagneuses plus lointaines. La partie budget devient donc plus importante : carburant, péage, hébergement et peut donc limiter les ambitions ou envies de certains. D’autre part, même si les délais d’inscriptions étaient plus long qu’à l’UTMB, on se rend compte que beaucoup de trails affichent complets assez rapidement. Il faut donc prévoir sa saison assez tôt.
Quinze minute avant d’entrer dans Bedoin, alors que se profile à l’horizon le beau Ventoux, je me rends compte, lors d’une pause pipi, que j’ai oublié mon petit coupe-vent. J’espère que le beau temps annoncé sera bien là sinon j’en suis quitte pour trainer ma grosse veste de montagne toujours présente dans le coffre. J’ai réservé dans un petit hôtel à Bedoin, quand je dis que ça coute cher, avec juste le Ventoux en face de ma fenêtre. Par flemme, je préfère le restaurant de l’hôtel à la pasta party. Le menu n’est pas très sportif mais il est certainement meilleur pour le moral et les papilles : ravioles gratinées au chèvre, blanquette de veau aux légumes printaniers et un petit côte du Ventoux rosé pour faire passer le tout !
Il n’y a pas à dire, être sur place, pas très loin du départ apporte un réel confort. Je prends le temps de faire un avant déjeuner à 6h45, une part de gâteau énergétique avec un gobelet de thé. La veille le patron m’avait averti que le petit-déj ne serait pas servi avant 07h30. Finalement, je prends en plus le petit-dej à l’hôtel, là encore du classique qui me plait : tartines beurrées, café au lait et jus d’orange. Nous sommes à 1 h du départ mais je sais que sur ce genre de course où le rythme est plus lent, on risque moins les problèmes digestifs que sur un marathon.
En ouvrant les volets le matin, le Ventoux est juste en face, bien dégagé, la journée promet d’être magnifique : je n’aurais pas besoin de coupe-vent ! Je me rends tranquillement au départ. Beaucoup de monde qui s’échauffe, qui se prépare, qui règle les derniers petits détails. Le beau temps est de la partie aussi je partirais en short et maillot léger à manche longue. J’ai hésité à prendre un collant long porté façon corsaire : j’en reparlerai plus tard. Le petit plus des trails, la possibilité de côtoyer l’élite : Dawa est fidèle à sa réputation de simplicité et de gentillesse. Après un petit coup de téléphone à ma petite famille, je sors l’appareil photo pour immortaliser le Ventoux et dire : « c’est là haut que papa va monter ». Misère, j’ai oublié de recharger la batterie ! C’est foutu pour le reportage photo, un autre avantage du trail : allez prendre des photos pendant un marathon !
Le départ est donné à l’heure et c’est parti pour une petite boucle bienvenue. Elle permet de se mettre en jambes tranquillement, j’aime pas m’échauffer, et d’étirer le peloton avant d’attaquer la montée et ses singles tracks. J’ai couru seulement 50’ cette semaine et je me sens bien. J’adopte un rythme tranquille mais qui me permet de dépasser du monde. Autant gagner des places maintenant car après il sera plus difficile de doubler. Je suis surpris par ma facilité, je coure en montée et je peux accélérer sans aucune difficulté pour les dépassements. Je me dis qu’il vaut mieux que j’assure car il y a encore du chemin jusqu’à là-haut. Toujours aussi optimiste, je tablais sur un temps de 5h15 à 5h30. Après tout, il y avait une grosse montée où j’avais juste à limiter la casse puis une longue descente pour assurer le temps ! Comme d’habitude, je me suis trompé !
Les kilomètres en montagne passent beaucoup plus lentement que sur route. Je me surprends à me demander : « on est bientôt arrivé à la séparation du 22 et du 42 ? ». Pourtant tout se passe bien, j’ai pu admirer les demoiselles coiffées, me faufiler dans le défilé de Coustier et surtout grimper sans aucune difficulté : les jambes répondent présent. J’assure un bon rythme tranquille à part les quelques accélérations pour profiter des espaces de dépassement. De toute façon, les inévitables petits bouchons permettent de récupérer sans problème : encore un des avantages du trail, on est pas à bloc en permanence. Enfin la bifurcation et son ravito où je mange avec beaucoup d’appétit : pas besoin de mâcher pendant des heures pour avaler une petite bouchée. J’avale un verre de coca qui sera ma boisson de prédilection à chaque ravito.
Et c’est parti pour le grand tour, prochain arrêt le sommet du Ventoux. Je rattrape tranquillement une belle trailleuse en brassière : qui a dit que les coureuses n’étaient pas sexy ? La montée se poursuit régulière et le sommet approche. Juste avant c’est la première claque : d’un coup c’est toute la plaine qui s’offre à la vue. Grandiose ! En plus de la vue, nous sommes maintenant soumis au vent glacial, je pense avec pitié à la trailleuse en brassière. Il fait de plus en plus froid mais c’est pas pire. En fait, j’ai surtout froid aux mains mais je pense que ça va passer et j’ai la flemme de sortir les gants du sac. Par contre, je baisse les manches et enfonce la casquette à fond. La montée se poursuit toujours à un bon rythme, je ne souffre pas du tout, les heures d’entrainement payent. Et soudain, juste avant le sommet, les crampes. Je ne comprends pas, je n’ai pas l’impression d’avoir forcé, j’ai bien bu régulièrement. La tuile et l’inquiétude : j’ai connu la même chose aux Frahans en juillet 2006 et j’ai pas envie de revivre la galère. Je ralentis mais ça ne passe pas, je stoppe quelques secondes pour m’étirer et je repars tranquille. J’espère que ça va passer mais les crampes sont toujours présentes. J’ai l’impression que la moindre minime accélération me bloque les jambes. En fait, après avoir lu les posts ou récits d’autres coureurs, j’ai été victime du froid. Si mes quadriceps avaient été protégé par un collant, je n’aurais peut-être pas connu les crampes. Bon à savoir. Enfin, j’ai atteint le sommet en 3h10.
Le froid polaire qui règne au sommet n’invite pas à la rêverie. Après un petit ravito rapide, un petit coup de téléphone et un bon coup de mirette à 360°, je me lance sur les crêtes. Les crampes sont toujours là et je descends lentement. Ma petite brassière en profite pour me doubler, ainsi que 5 autres féminines toutes plus mimis les unes que les autres. Désolé, mais j’ai pas fait gaffe aux gars qui me doublaient ! Ce passage sur les crêtes, qui aurait dû être sublime pour la vue, est gâché par les crampes et aussi le froid. Je profite de ce ralentissement pour me restaurer. J’ai testé sur mes sorties longues la pause ravito active. Au lieu de m’arrêter, je marche tout en grignotant du solide : craquinette au chocolat, fruits secs, une banane. Ca me permet de me ravitailler sérieusement en perdant un minimum de temps sans m’étouffer. Je reprends la course, les crampes n’ont pas totalement disparu mais elles sont supportables, aussi je vais essayer de limiter la casse. Dans les descentes ça se passe mieux et j’en profite pour accélérer le rythme : j’aimerais bien finir en moins de 6h. A Chalet Renard, la soupe est la bienvenue et elle me donne des ailes. Les crampes ne sont pas loin mais elles ne me freinent pas. J’attaque la descente à un bon rythme. Quel plaisir de pouvoir laisser filer sa foulée. Je rattrape du monde, beaucoup de monde. La descente est un exercice délicat qui nécessite en plus de la technique, une certaine fraicheur et je suis surpris de bien descendre. Une à une, je récupère mes belles trailleuses qui m’ont servie en quelque sorte de lièvre. Il me faudra quand même 2 h pour rattraper la dernière, celle en brassière. Au passage, si elle me lit et si elle se reconnait, je m’excuse pour la petite frayeur que je lui ai causé. Quand je l’ai eu en ligne de mire à la sortie d’un virage, je me suis un peu déconcentré et j’ai buté sur un caillou qui a failli me couter un super vol plané. Elle m’a entendu crier un « P…. » retentissant et elle s’est vite mise sur le côté, accrochée à un arbre pour ne pas être entrainée dans ma chute. Heureusement, je me suis récupéré mais par contre, l’effort pour éviter de tomber a entrainé une super crampe. Après quelques étirements, j’ai pu repartir au même rythme et j’ai doublé pour de bon, cette fois, la belle brassière ! Cette partie de la descente a été un vrai plaisir. J’aime ce type de descente en single track qui serpente à travers les bois. C’est ludique et technique. Je sais maintenant que sauf accident, je serais sous les 6 h.
Dernier ravito en sortie de courbe où je suis arrivé un peu vite, j’ai failli verser dans le bas côté ! La fin sera un peu moins plaisante, le chemin est plus large, ça ne descend pratiquement pas et je dois l’avouer, je commence à saturer d’autant plus que les crampes sont de retour : certainement la descente rapide. Mais enfin, l’écurie n’est plus très loin et effectivement voila la ligne d’arrivée à portée de basket. J’accélère pour finir vite, oubliés les crampes, je me sens en forme et j’essaie de rattraper le gars loin devant moi. Dommage, il va me manquer quelques mètres et je viens buter sur son dos sur la ligne : 5 h 48 au compteur. Contrat presque rempli !
Ce trail du Ventoux est à conseiller surtout quand il fait beau, les paysages et la vue sont à coupés le souffle. Je suis très satisfait finalement par le déroulement de ma course et par mon temps. Les crampes ont disparu après l’arrivée et 10’ d’étirement. Je profite du spectacle et du repas d’après course qui est loin de mon diner gastronomique ! Après 1 heure de repos, je regagne ma voiture. J’ai une pensée émue et j’applaudis bien fort les concurrents qui continuent à arriver après 7 h d’effort. Voilà c’est fini, un trail de plus au compteur qui m’a rassuré sur mon niveau de préparation pour l’UTMB 2007.
Le matos :
Salomon XA pro
Chaussettes Salomon
Short
Maillot manche longue
Casquette
Sac Salomon Révo 20
Poche à eau avec 1 litre d’eau
1 bidon de 500 ml boisson énergétique dans 1 poche latérale
2 gels énergétiques utilisés pendant la course
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5 commentaires
Commentaire de akunamatata posté le 25-03-2007 à 18:45:00
joliment raconte ce recit.
dommage pour l'appareil photo, y avait sans doute un interet pour une certaine brassière!
Commentaire de Gibus posté le 25-03-2007 à 20:25:00
c vrai que sur ce trail y avait de belles plantes.
tu as dû m'enrhumer dans le descente.
J'ai trouvé cette épreuve plus dur que la 6000d à la Plagne, mais une semaine après, les jambes reposées, je pense que j'y retournerai.
Allez 5 lettres pour l'UTMB
Commentaire de Say posté le 29-03-2007 à 22:54:00
Si après ton récit, on n'a pas envie de faire un trail, c'est qu'on ne sait pas lire...
Dommage pour la brassière, euh, l'appareil :oS
A peluche
Coli
Commentaire de agnès78 posté le 15-05-2007 à 22:39:00
Merci pour ce beau récit!
Bravo pour la course!
Tu n'as pas honte de faire peu aux jolies femmes en brassière?
bises et à bientôt à Cham!
agnès
Commentaire de philkikou posté le 08-03-2008 à 11:39:00
J-15 pour la version 2008 .
merci pour ce cr, j'espère que la météo sera aussi bonne sur le Ventoux venté (pléonasme)
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