L'auteur : francois 91410
La course : No Finish Line Paris - 24 heures Officiel
Date : 13/5/2017
Lieu : Paris 07 (Paris)
Affichage : 1523 vues
Distance : 141km
Objectif : Battre un record
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Equus asinus
13 & 14 mai 2017
A la veille de l'édition 2018 de la NFL Paris je me suis décidé.
J’ai longtemps cherché le bon titre à ce récit.
D’ailleurs pourquoi ce titre me direz-vous ?
La réponse se trouve en fin de prose…
… si vous parvenez à en supporter la lecture jusqu’au bout bien sûr !
Les yeux dans les yeux
Faut en vouloir pour s’inscrire à un 24h, quand bien même celui de la NFL Paris est pour une bonne cause…
Faut être capable de se regarder dans un miroir, planter son regard droit devant et se dire : « allez je le fais ! ». Les yeux dans les yeux.
Surtout que j’y ai goûté en 2016 avec des souvenirs froids dans le corps et brûlants aux pieds...
En fait… c’est pour cela que j’ai bien en tête d’y retourner : me démontrer que je peux gérer différemment l’épreuve. Et dans la tête des règles absolues :
- chaussures de pointure +1,5 et +2,5 et surtout Nokage obligatoire toutes les 3h
- alimentation obligatoire tous les trois tours
- alternance Cyrano 8/1 dès la première heure
En bref, l’objectif est de moins souffrir tout en améliorant la marque de 141km.
Après moultes tergiversations je me décide : je m’inscris… enfin j’essaie : la course est complète ! Faut dire que j’ai attendu J-10 … ça m’apprendra.
100 dossards vendus (et 30 sur le 5 jours). Grosse déprime. Et un sacré coup de canif dans mes certitudes.
Il faudra la compréhension et la grande gentillesse de Baptiste au sein de l’organisation et d’un coup de pouce du fait que je suis kikoureur pour obtenir un dossard quand même.
Comment le remercier …
A mon avis une belle équipe
Vendredi 12 mai, 19h05. Je rentre du boulot. Je viens de passer une semaine ordinaire : pas vraiment reposante.
La Lutinmobile est garée devant la maison. Le Lutin et sa Josette, Annick une amie et Mustang viennent d’arriver il y a 5 mn : la maison sera leur camp de base. Chacun prend rapidement possession de sa chambre et songe à ses derniers préparatifs. Quelque chose me dit que nous n’allons pas dîner tard ce soir.
Le repas est joyeux. La soirée est empreinte d’un mélange de joie, d’impatience, d’inquiétude et d’incertitude du lendemain.
Chacun se raconte, décrit son objectif :
Mustang semble content de faire un pied de nez à l’avis défavorable de son médecin pour participer à ce 24h. A mon avis c’est sa Mireille qui est inquiète ; mais comment ne pas admirer et encourager notre inestimable équidé à lutter de cette façon contre son "ennemi intérieur". Il prendra les heures et les km comme ils viennent : les uns après les autres.
Annick c’est la force tranquille. Le Lutin m’a prévenu, elle est costaude. On a l’impression que rien ne peut lui arriver, qu’elle est sûre d’elle. A mon avis ça doit être vrai. Faut dire qu’elle est animatrice de marche nordique en Ecouvie, une sorte de référence. La suite montrera qu’en effet elle est inoxydable.
Pour Josette et son Lutin, c’est une grande première : 24h en marche nordique. Je me demande si elle va supporter… enfin LE supporter tout du moins ! A mon avis marcher pendant 24h ça se fait, mais un Lutin qui parle pendant 24h : faut gérer.
Le Lutin, il me parait égal à lui-même : Lutin. Il est "maso" car il remet ça. Mais à mon avis il va emmener sa Josette loin, très loin.
Pour ma part je suis tellement content de pouvoir participer avec un vrai dossard que mon objectif de dépasser les 141km deviendrait presque secondaire. A mon avis finir en bon état, relativement, serait l’essentiel pour pouvoir affirmer que j’ai réussi cette épreuve.
La belle équipe (photo prise le lundi)
Kikouroù, la famille
Le petit déjeuner copieux est avalé, j’ai prévu de partir tôt … J’emmène tout le monde, la voiture est pleine !
Ma première préoccupation de la journée est de rouler doucement dans les ronds-points dourdanais : un Lutin est à bord et empli à ras bord. Faut pas le brusquer sous peine de cata à base de thé, de café au lait, de tartines et de cakes pêle-mêle sur les tapis de sol.
Nous trouvons rapidement une place sur le parking public jouxtant le village NFL : le top ! Dès les contrôles d’accès passés, chacun prend rapidement son dossard. Il est encore tôt : à peine 9h. Les 24h ont les dossards 1 à 100. J’hérite du 6987 !
La tente Kikouroù est le lieu de ralliement et des retrouvailles avec les copains. Chacun s’installe comme il peut : pas de lit cette année !! J’accueille Sophie, alias Breizheyes, collègue néo coureuse et néo kikoureuse notamment impliquée dans le marathon vert de Rennes pour coordonner l’équipe de l’entreprise, plus de 60 participants.
Il reste un petit quart d’heure avant le coup de feu : les kikous se regroupent pour une photo de famille, témoin de l’attachement de Kikouroù à l’épreuve et aux valeurs de solidarité qu’elle défend.
Une journée vite passée
Le départ est donné. L’excitation fait bien vite place à l’action. A la concentration aussi, car partir trop vite est très facile.
Ma routine s’installe : 24mn de course puis 3mn de marche rapide. Arrêt au stand ravitaillement tous les 3 tours. Alimentation au moins liquide.
Chacun est entré dans son rythme. Les 3 marcheurs écouviens restent groupés. Je suis bien content que Breizheyes se cale à mon allure et m’accompagne ainsi les deux premières heures. Grande découverte pour elle qui n’a jamais réalisé de sortie de plus de 15km a priori et déjà une performance.
Il est déjà midi : le temps passe vite lorsqu’on est en bonne compagnie. Je vais la laisser se reposer et continuer ma petite vie de hamster.
Il commence à faire chaud, rien à voir avec l’an dernier. Un bon point. Je double les marcheurs à plusieurs reprises : les tours s’enchainent.
En fin d’après-midi je m’aperçois de mon retard sur mon kilométrage de l’an dernier. Et je n’ai pas des sensations de fou. Je me résous à me convaincre ainsi que Breizheyes qu’il ne faut surtout pas forcer l’allure sage que j’ai prévue. Quant à elle, elle aligne les tours à mes côtés, en alternant avec les pauses au village. Elle a passé le marathon et je suis autant épaté que fier d’elle. Elle me soutient autant que je la soutiens.
Josette et Annick superstars
0h15 : je passe les 100km. Un petit quart d’heure de retard sur l’an passé. Pas inquiet ceci dit car je reste constant.
La soupe chaude fait du bien en ce début de nuit. Il y a encore du bruit autour du circuit : noctambules, derniers touristes, groupes de jeunes en route vers leur soirée, discobus…
La douce nuit
Bientôt 2h : j’essaie de convaincre Sophie d’aller dormir un peu. Au fil des heures elle est devenue ma précieuse aide de camp, m’aidant à délacer mes chaussures aux arrêts au stand pour noker, me passant mes rechanges… M’apportant ainsi un confort inestimable dans ces moments de course délicats.
3h : je rentre dans le dur. Désormais seul face à moi-même. Depuis un ou deux tours je sens que je n’ai pas le même niveau de forme que l’an passé. Je me dis déjà que mon score de 141km ne sera pas dépassé et que je m’en moque : je me fais à l’idée que je me contenterai de 130 ; pas envie de forcer. Il ne fait toujours pas froid, il ferait même doux. Et toujours pas dans l’idée de dormir, je n’ai absolument pas sommeil.
5h : la forme revient. Quelques oiseaux commencent à se faire entendre. Il ne reste que 5h à gérer. Comme le jour nouveau se lève, j’arrive à reprendre une allure vraiment rapide de marche. Je double les concurrents et ne m’arrête que peu au ravito.
Vers 6h Breizheyes m’accompagne sur plusieurs tours à nouveau ! Elle aura fait plus de 75km ! Contrairement à l’an dernier je ne m’effondre pas. Mieux : je rattrape pas mal de km sur mon plan de marche. Tour après tour. Je ne sais combien de temps va durer cette embellie mais j’en profite.
Profitons de cette forme inespérée... des fois que ça ne durerait pas !
Un autre jour
8h : c’est dur. Je n’avance plus. Plus rien dans le moteur cette fois.
Ma jambe gauche est devenue très douloureuse, et les ampoules ont fini par se former : j’ai zappé un nokage en cette fin de nuit. Je me sens essoufflé et commence à piocher sérieusement.
Ah ben j'ai plus la même tête... pffff...
Je sais pourtant que je vais dépasser largement la marque de l’an passé. Mais inconsciemment je n’ai qu’un seul chiffre en tête : 150. C’est ce qui me pousse à continuer à mettre un pied devant l’autre.
Il reste une grosse demi-heure. Ça va être juste mais j’y crois encore. Deux ou trois concurrents du 24h vont me doubler, plus résistants et performants que moi sur cette fin de course.
10h : je suis au bout du bout, je crois que j’ai tapé dedans depuis un ou deux tours … hum. Le coup de sifflet retentit au loin : c’est terminé. Je ne ferai pas un mètre de plus et lâche la marque portant mon n° de dossard.
Je tente de m’asseoir sur le bord de la barrière, l’attente des officiels pour le mesurage du dernier tour me parait une éternité. Le temps se fige, tout ce qui m’entoure ne m’atteint plus, je suis incapable de parler, d’exprimer la moindre émotion. Je regarde hagard mes camarades écouviens encore « frais » qui passent déjà à quelques étirements.
Josette, le Lutin et Annick auront fait plus de 90km et Mustang plus de 120 !
Disons que j'essaie de faire bonne figure
La nausée monte, je sens poindre nettement le malaise vagal : je m’allonge par terre par précaution. Je dois être d’une pâleur à faire peur, les coureurs s’inquiètent ; je sais que cela va passer et les rassure. J’ai besoin de très longues minutes avant de retrouver quelques couleurs.
Je me relève enfin, m’appuie sur Breizheyes qui m’aura soutenu de bout en bout dans tous les sens du terme ; chaque pas vers la tente est une épreuve et me parait un effort insensé. Bref passage au brunch, ça va mieux.
Il commence à pleuviner, il faut rentrer au camp de base.
18h : tout le monde a fait la sieste. Une bière bien fraîche nous récompense de ces efforts inouïs.
Le lendemain une belle équipe de robots se retrouvera pour le petit déj. Personne ne fait le malin. Seule Annick, inoxydable, semble encore fringante, prête à repartir.
Post Scriptum :
A l’aube de la NFL 2018 je suis bien étonné de m’apercevoir que malgré les joies et les difficultés rencontrées mes souvenirs se sont dissipés, les bons comme les mauvais.
J’ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à accoucher de ce récit. Mes sensations ici livrées ont eu besoin de 12 mois pour se révéler : la durée de gestation des ânes communs : Equus asinus.
François
15e sur 94 classés
150,058km
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7 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 01-05-2018 à 16:12:08
Merci mon bon François d'avoir enfin accouché de ce récit. C'est quand même fort d'arriver à raconter une épreuve de hamsters pareille.....et on remet ça demain....;-). Je serai bien content de te revoir, très cher car depuis que je ne fais plus de courses de majorettes on ne se croise plus et on ne peut plus se faire le défi de poutrer l'autre.
Commentaire de Arclusaz posté le 01-05-2018 à 16:13:56
Quelle précision ! à 58 mètres près.... impressionnant !
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 01-05-2018 à 23:09:09
V'là qu'tu nous mets la pression le François avec ton récit! On remet le couvert sous peu...
Ce serait un grand plaisir de t'y revoir des fois que tu passes dire bonjour aux hamsters.
Commentaire de marathon-Yann posté le 02-05-2018 à 11:45:37
Quelle belle idée de partager ce récit juste avant la nouvelle édition !Comme pour les ânes, la gestation a donné lieu à un beau bébé ! (je veux dire un beau récit, faut pas mal interpréter mes propos)
Félicitations pour tes 150.058 kms !
Commentaire de Mustang posté le 02-05-2018 à 18:19:46
Nostalgie de ce long -très long - moment à tourner sur le Champ de Mars.
Bon 24 h.
Commentaire de Jean-Phi posté le 03-05-2018 à 14:32:43
C'est toujours sympa de lire un CR pareil même 12 mois après l'épreuve. Bravo François !
Commentaire de caro.s91 posté le 04-05-2018 à 14:02:30
François, je sais que tu es passé cette année aussi sur la NFL, mais nous n'y étions pas au même moment. Mais, bon, la NFL 2018 n'est pas finie ! Peut être lirons nous 2 récits de tes NFL dans la même année? ;)
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