Récit de la course : No Finish Line Paris - 24 heures Officiel 2023, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : No Finish Line Paris - 24 heures Officiel

Date : 10/6/2023

Lieu : Paris 07 (Paris)

Affichage : 887 vues

Distance : 181km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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New Finish Line

Changement de décor pour la No Finish Line. Fini le Champs de Mars et la Tour Eiffel, bienvenue au parc André Citroën. Décor moins prestigieux, publicité plus modérée, course en presentiel annoncée tardivement (il y a deux mois à peine), autant de raisons qui font que nous ne sommes que 14 compétiteurs à nous présenter sur la ligne de départ du 24h, contre 90 lors de ma dernière participation, il y a 5 ans. L'organisateur nous présente le parcours, avec deux petites côtes de 7m de D+ pour une distance d'1km, "un peu plus, un peu moins suivant les montres", et c'est parti !

Comme toujours sur les courses horaires, les premiers tours sont abordés avec curiosité. À quelle sauce allons nous être mangés ? 100 m de plat, descente sur la gauche, virage à droite pour la première rampe. Longue ligne droite, où l'on peut trouver un peu d'ombre si l'on a de la chance, et nous sommes déjà au fond du parc. Nous passons devant une fontaine, descendons dans un passage ombragé, encore 200 m et nous faisons le tour de la montgolfière Generali. Retour vers le départ à travers ce que j'appellerai "l'allée des enfants", tant ils seront nombreux à nous obliger à slalomer cette après midi, petite montée vers le village d'arrivée, et voilà 1 km de parcouru.


Il ne reste qu'à répéter ça, un certain nombre de fois. Combien de fois ? Bonne question ! L'objectif du jour est d'approcher les 200, je ne vais pas me cacher. Et puisque nous ne sommes que 14, dont 9 garçons, le podium masculin me semble largement envisageable. Je pars donc relativement rapidement, autour de 10 km/h. Seul un jeune coureur est parti sur ces bases, et dans un premier temps nous échangeons la première place au gré des arrêts au stand, un peu comme en formule 1. Puis il ralentira, marchera, et abandonnera avant la nuit.

Il faut dire que la chaleur n'epargnera personne, en ce chaud week-end de juin. Il y a heureusement beaucoup d'eau dans ce parc : en plus du ravitaillement, une fontaine publique à mi parcours, des petits canaux dans lesquels barbottent des canetons, et des jets d'eau dans lesquels jouent avec ravissement des enfants de tout âge (on me comptera souvent parmi eux). Les plus hardis remplissent de gros pistolets à eau et nous demandent poliment si nous voulons être arrosés,  ce que j'accepte avec avidité.


L'après midi se déroule ainsi. J'observe avec curiosité les intrigues se nouer et se dénouer dans le parc, que ce soit cet anniversaire qui se prépare ou cette petite fille et son frère qui se disputent une trottinette : un coup elle est à toi, un coup elle est à moi, un tour je ris, un tour je pleure. Ces courses ne sont jamais monotones quand on sait regarder.


D'un point de vue sportif, j'avance bien. 60 km en un peu moins de 6h, c'est bien mais j'ai du pas mal piocher, en raison de la chaleur et des "côtelettes" que je m'obstine encore à monter en courant. J'ai creusé l'écart avec mon poursuivant, Guillaume. Pour fêter ça, je m'offre un "granité" à la boutique devant laquelle nous passons depuis ce matin. La brûlure de la glace est savoureuse et me change des ravitaillements qui commencent à me sembler monotones.


Contre la monotonie, rien de mieux qu'un frère comme le mien ! C'est vers 20h qu'il passe pour la première fois. Il prend un dossard et passe trois délicieuses heures à courir avec moi. Nous discuterons ensemble de choses et d'autres, notamment de son projet de relier Londres en courant cet été, et le temps filera sans que je m'en rende compte.

Ensemble, nous verrons la nuit tomber. À la différence du Champ de Mars, le parc André Citroën ferme la nuit. Ensemble, nous observerons avec curiosité les gardiens harpanter le parc en vélo pour mettre tout le monde dehors , sauf les coureurs et quelques bénévoles, nous demandant vaguement s'il ne devra pas passer la nuit dans le parc. Ensemble, nous franchirons la barre des 100km, vers 23h. Au moment où il me laisse, c'est ma copine Isabelle qui vient me saluer, en sortant du Resto. Je ne sais pas comment elle a fait dans ce parc fermé, mais ça me fait bien plaisir.


L'ambiance de nuit dans notre parc vide est singulière. Un havre de paix, un îlot de silence dans le tumulte de Paris. Dans un premier temps, un bateau boîte de nuit nous distrait, avec ses baies vitrées colorées qui m'évoquent le décor de l'académie des 9, puis le silence se fait vers 2h. Deux concurrents dorment quelques heures sur la pelouse. La nuit est douce, presque trop chaude, j'accueille avec plaisir les jets d'eau qui nous eclaboussent en arrosant les plantes.


Je pensais naïvement avoir trouvé la solution à tous mes problèmes. Erreur, double erreur. Je pensais qu'un gel caféiné me permettrait de tenir la nuit, mais je tombe littéralement de sommeil. Je m'assied un peu sur un banc, j'ai l'impression que mes yeux se ferment immédiatement et que je pourrai m'endormir. Pourquoi pas, après tout ? Guillaume me reprend un tour, et c'est l'esprit compétiteur qui va me fouetter. Pour ne pas le laisser espérer et vivre une fin de course pénible (j'ai 14 tours d'avance à 8h de l'arrivée), je me remets en mouvement. Le lever du jour achèvera de me réveiller.


Je pensais tout aussi naïvement qu'un mallox calmerait toute nausée , que je rencontre souvent sur mes courses longues. Nouvelle erreur. La nausée me prend vers 6-7h du matin, au point de vomir le verre d'eau ingurgité. S'engage alors le dialogue suivant avec un  secouriste qui hésite entre rentrer chez lui après une nuit blanche ou intervenir :
"- qu'est ce que vous avez fait, vous avez couru ?
- ben oui, je cours depuis hier midi
-sans faire de pause ?
- ben non, faire une pause c'est tricher."


Je dis cette dernière phrase pour plaisanter, mais avec une spontanéité qui me surprend et me prouve qu'au fond, c'est ce que je pense. Et pour marquer le coup, je repars immédiatement, pour frimer devant le secouriste, avant de m'arrêter de nouveau au tour suivant. Voyant que je ne sais plus quoi choisir au ravitaillement, un bénévole me propose alors une bière fraîche, que j'accepte avec empressement. Je suis prêt à aborder la dernière partie de la course.


Je vais l'aborder en mode gestion. Dans un premier temps, conserver l'écart (toujours de 14 km) avec le second, Guillaume. Je regarde une heure ou deux, après, à 3h de la fin, je n'ai plus vraiment besoin de m'inquiéter. Ensuite, se fixer une marque intéressante. J'ai oublié depuis longtemps les 200km, mais 180 restent largement faisable. Va pour 180, il suffit d'avancer à 5 km / h. Enfin, se promettre des récompenses. La première, passer les deux dernières heures avec mon frère, de retour pour m'encourager sur la fin. Royal. La deuxième, s'offrir une glace dès les 180 km atteints. Je fais un dernier tour, pour le plaisir, et m'assied sur un banc ombragé. Paris gagné.

 

6 commentaires

Commentaire de Twi posté le 21-06-2023 à 14:48:19

Wahou, chapeau, quel mental !!!

Commentaire de marathon-Yann posté le 21-07-2023 à 18:19:19

Merci Twi !

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 23-06-2023 à 18:08:50

Bravo pour ta perf ! Passer 180 km, ce n’est pas donné à tout le monde. J’en sais quelque chose…
Au niveau de la dope, je te conseille le double Smecta, ça fait des années que cela a réglé mes problèmes de bide.

Commentaire de marathon-Yann posté le 21-07-2023 à 18:18:31

Merci Lutin ! Je me souviens avoir discuté avec toi sur cette course, quand elle avait lieu au Champ de Mars.
Pour le smecta, il faut que j'essaie !

Commentaire de Bert' posté le 04-07-2023 à 23:43:57

Enorme bravo, qui plus est avec cette chaleur !!
Tu as encore super assuré et réussi une grosse perf'

Commentaire de marathon-Yann posté le 21-07-2023 à 18:20:36

C'est marrant, sur le coup j'étais presque déçu de ma marque (25 km de moins que sur mon dernier 24h), mais vue la chaleur et ma forme du jour, j'en suis bien content !

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