L'auteur : bubulle
La course : La Montagn'Hard - 100 km
Date : 2/7/2016
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
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Distance : 104km
Objectif : Pas d'objectif
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Je me suis déjà retrouvé face à ce problème : raconter une course qu'on a déjà faite. Comment ne pas refaire les mêmes « ça monte, ça descend » (bonjour, Arcelle) ? Comment ne pas redécrire le moindre passage, mètre après mètre, avec ma carte IGN à droite et ma trace GPS à gauche ?
Alors, bon, je vais vous le faire tout de suite, comme ça ce sera fait et on pourra passer à autre chose.un p
Prêt, feu, partez (vous pouvez vous jouer mentalement la musique de Big Bang Theory, ça va pas mal avec) : St-Nicolas, ça monte, Déchappieu, ça descend, Bionnay, ça monte, Champlet, ça descend, Les Toilles, on mange, ça monte, Prarion, ça descend, Bionnassay, on mange, ça monte, l'Are, ça descend, Passerelle, j'ai le vertige, ça monte, Tricot, ça descend, Chalets de Miage, on mange, ça monte, Chalets du Truc, ça descend, La Frasse, ça monte, Armancette, ça mouille, c'est plat, ça monte, Tré la Tête, hips, ça descend, Pont Romain, ça descend moins, ND de la Gorge, c'est plat et chiant, Contamines, on mange beaucoup, ça monte, Bifucation, on tourne à gauche, ça monte, Epaule du Joly, ça monte de ouf, Putain de Mont Géroux, ça remonte de ouf, putain de Mont Joly, ça descend, ça descend, ça descend, ça descend trop bas, du coup ça remonte, Les Tappes, on mange beaucoup, ça descend, ND de la Gorge, ça monte, La Chenalettaz, ça descend, Nant-Borrant, ça monte, Col de la Fenêtre, ça descend, Bolchu, on mange, ça monte, Col de la Gittaz, ça monte, Enclaves, ça descend, Lac Noir, ça monte, ça descend, Barrage, on mange, ça descend, Colombe, ça monte, Monument, ça monte, putain d'Aiguille Croche, ça descend, y'a du vide et j'ai peur, putain de crète qui monte et descend, putain de Tête de la Combaz, ça monte, putain de Joly, ça dédescalade, putain de Mont Géroux, ça re-désescalade, Bifurcation, ça descend plein, Arrivée.
Voilà, le compte-rendu millimétrique, c'est fait, les fans sont contents, on va passer à autre chose.
Je m'étais dit « bon en fait, ça va être chiant de leur raconter deux fois cette MH100, en plus que je leur ai déjà raconté la MH60 l'année d'avant, ils vont se dire que le demi-V3, il commence à être saoûlant, qu'on lit ses récits pour lui faire plaisir mais qu'il radote un poil. ».
Donc, pas de ça, cette fois. Enfin que je m'étais dit. «Tiens ça serait marrant de leur raconter ce qui me passe par la tête, même si ça n'a pas plus de queue ni de tête ». Le problème, c'est que je n'avais pas prévu Gollum et que ça allait être un poil chahuté dans ma tête. Alors, eh bien, je vais essayer de vous expliquer ça. On va reprendre le générique de BBT là-haut mais tout doucement, tout tranquillement....et on va essayer de retrouver ce que j'avais dans le crâne à ce moment là. Hang on.
Déjà, dans ma tête, avant la course, on peut dire que c'est le beau fixe. C'est un grand week-end que nous allons partager avec Élisabeth. Comme l'an dernier, j'ai vu large, nous gardant tout le vendredi pour profiter de l'environnement de St-Nicolas et du Val Monjoie, sans but ou plan précis. Le chalet de Guillaume et Cécile, aux Chattrix, est toujours aussi accueillant, nous avons la journée entière du vendredi pour que je puisse montrer à Élisabeth combien c'est beau, ce coin (ce qu'elle confirmera), prendre notre temps, profiter de *notre* week-end. Bref, partager.
Partager, c'est la constante de ce vendredi, dans ma tête. Partager cette passion avec les autres « fous » (pas si fous que ça) qui viennent se frotter à cette course. Alors, on partage. Le jeudi soir, on partage le travail de « puçage » des dossards avec Alice et Olivier (et le plaisir futile de mettre la puce à son propre dossard....mais aussi à celui de Sangé Sherpa et de Luca Papi). On partage une bière du Mont-Blanc avec les mêmes, en partageant leurs souvenirs de vacances à St-Nicolas et tout ce qui a amené Olivier à délocaliser un peu de lui-même dans ce village.
Puçage du n°1 (et coucou à JuCB, ma feignasse à 4 pattes, à droite)
Le mec, s'la pète
On partage d'autres boissons énergisantes avec « quelques » amis rencontrés, comme par hasard, à la terrasse du Coin du Feu. Enfin, on partage....on colonise la terrasse en fait. De même que, plus tard, Kikourou colonise le Schuss avec plus de 40 convives à la Pasta Party. Dont, certes, les 6 membres de la Bubulle Magic Team...
Eh oui, la BMT est dans la place, pour accompagner un john_help remonté comme une pendule qui, je le sais, vise le top10 sur la Moins'Hard....et aussi ma petite personne qui.....vise de faire aussi bien que l'an dernier.
Et donc, ce soir, dans ma tête, c'est beau fixe. Pas de pépin physique depuis une éternité, une entraînement de dingue, des courses plutôt réussies (Vulcain, Ecotrail, GR73), que peut-il arriver ?
« Gollum »
« oui, mais il le sait, l'an dernier tu as fait une course exceptionnelle, il le sait ? », dit la petite voix dans la tête...la petite voix du Gollum, qui prend le pas sur Sméagol. « tais-toi Gollum, je peux la recommencer, cette fois ». « Oui mais, gollum gollum, la course n'est pas raccourcie cette fois, gollum ». « La ferme, ça fera juste deux heures de plus, ça n'est rien. ». « Oui, mais il a vu la météo ? Il n'a jamais couru en montagne par mauvais temps, le trésor, gollum. » . « DEGAGE, vilain Gollum, je ne t'entends pas. »
On réussit même à partir suffisamment tôt du Schuss, avec Vik qui retrouve lui aussi ses habitudes au chalet. Je vais bien, tout va bien. Le sac est là, prêt, sur la chaise. La tenue aussi. Le sac de délestage où, comme prévu, je déménage la maison, est déjà rangé, avec ses trois sous-sacs : « Rechange », « Secours », « Pour me rassurer ».
« Gollum. Il veut se rassurer. Il voiiiiiiiis, mon trésssssor ? ». « Ta gueule, on va se coucher »
Dodo
Enfin, non, pas dodo. Ça fait rien que faire « Gollum » dans la tête : Bubullagol ne dort pas. Enfin, si. A 2h du matin. C'est juste dommage que le réveil soit réglé à 3h15.
A 3h15, la pèche est là. Lever sans souci, je fais ma petite routine en prenant mon temps (c'est pour ça que je me lève tôt), on finit par partir....un poil à l'arrache (Vik oblige...:-) ) et nous sommes juste à l'heure au départ.
Peu de temps pour réfléchir et saluer la foule des kikous, en pratique. Je me mets un peu dans ma bulle, ce qu'ejouvin remarquera (alors que moi je ne le calcule même pas....il est vraiment destiné à ce que je le manque sur la MH, le pauvre). J'ai même à peine le temps d'apercevoir Élisabeth que le briefing est fait et que....le décompte aussi.
Je me suis placé plus ou moins au milieu du peloton, l'objectif restant un départ pas trop lent, mais en restant à l'économie sur la montée. Etat d'esprit : calme, concentré. Doucement, doucement, pas s'emballer.
Cet état d'esprit subsistera sur toute la première côte : calme, pas s'énerver contre les bâtons qui sont sortis d'un peu partout, juste râler intérieurement. Je prends mon rythme assez tranquille, l'objectif est d'être en haut en 32-35 minutes et je connais suffisamment le parcours pour savoir comment monter. Confiance totale, zénitude absolue.....et 33'15" en haut, que dire de plus ? A quelques secondes de l'an dernier, comme prévu.
Non, je ne suis pas aussi décalqué qu'on dirait. La fin de nuit n'est pas à mon avantage, c'est tou (photo L'Bagnard)
Toujours en pleine confiance tranquille, c'est parti pour cette descente roulante. Je n'attends qu'une chose : croiser la route et voir Élisabeth. Ce sera la constante jusqu'à ce soir que d'attendre ces moments où je vais la voir. C'est tellement réconfortant, ces petits instants, vous ne pouvez pas savoir, vous les suiveurs. Tout ce temps que vous passez à aller et venir pour nous voir, parfois quelques secondes, c'est un plein de confiance et de motivation. Dans nos réussites, vous êtes toujours là, quelque part. Et moi, j'ai la Championne du Monde des Suiveuses de Trailers (certes un peu aidée par son psychopathe de la carte préférée, mais c'est pas le psychopathe qui fait les trajets voiture/parking/garer/crapahuter/attendre).
Route des Chattrix
Et bien sûr, à la route des Chattrix, elle sera là. Et elle ne sera pas là que pour moi : elle verra jusqu'à la fin du peloton, encourageant et photographiant tous les kikous croisés et identifiables (avec un petit faible, bien sûr, pour Françoise). Donc, même s'il n'y avait pas besoin de le requinquer, Bubullagol, il est à fond, comme une pendule. Et ça vole dans la descente, les SpeedGoat c'est de la balle sur ce terrain. Et, bim, 5 minutes d'avance sur l'an dernier, au Bon Nant.
Les bâtons sont bien sûr de sortie, j'arrive sur mon terrain, la marche nordique en côte avec bâtons. Ça va ch..... non, ça va pas chier. Rester zen, résister à l'envie de tout dépasser. Je m'étais promis cela avant la course, je sais que je vais avoir envie, donc pied à fond sur le frein. Ça pourra ch.... plus tard, quand reviendront les petites envies de revanche sur le mauvais sort qui a affecté mes amis, récemment
(vous me connaissez, n'est-ce pas ?).
Bref, mode zen, j'enclenche la routine des montées inaugurée à l'Échappée Belle, pour penser à boire : 1/2 gorgées tous les 50D+. Et la redescente sur les Toilles arrive presque sans que je ne m'en rendre compte. Élisabeth aura-t-elle bien pu être là (on a fait une reco, hier, et c'est une belle galère que d'accéder à ce ravito, avec une route étroitissime et presque rien pour se garer) ?
Évidemment qu'elle est là. Et ma soeur préférée (et unique) aussi. Comment voulez-vous que je n'aie pas le moral au top avec ça ?
1h50. Damned, vraiment vite, trop vite à mon sens. Je voulais aller plus lentement que l'an dernier (1h54), c'est raté. Ne parlons même pas du roadbook et de ses 2h04 hyper pessimistes !
Cela dit, j'ai zero inquiétude. Je me sens toujours hyper bien. Je rigole en envoyant le SMS "Toilles encore trop vite" et je repars.
Alors, les Toilles, déjà, je le prends comme le petit déjeuner. Je me suis bien chargé de saucisson, de pain, de fromage et sur le chemin roulant qui suit....eh bien, je pique-nique tranquillement en marchant, tout simplement.
Départ en pique-nique avec mon fidèle SpongeBob
Je me fais dépasser de partout mais je n'en n'ai strictement rien à secouer. C'est comme l'an dernier et, l'an dernier, cette « pause active » m'avait bien réussi. Il faut savoir se reconstituer....dès le début. Et je vais donc juste relancer tranquillement dans la Forclaz, à ceci près que....
....schlack, blang! Le premier orage, qui menaçait depuis un moment, nous arrive dessus à grande vitesse et c'est la volée de moineaux pour se précipiter sur les vestes de pluie. En quelque minutes, nous voilà tous trempés, avec la veste qui colle à la peau. Eh bien, ça y est, moi qui me gargarisais d'avoir fait tous mes ultras de montagne par beau temps, me voilà baptisé.
Aussi baptisé que le grand type à la veste verte devant, qui lui semble coller à la peau. Oups, ce grand type....mais c'est Samontetro! Houla, houla. C'est pas trop normal, ça, que je sois proche de lui. Normalement, il me met une mine. Bon, en fait il m'explique qu'il est quand même largement à court de forme, qu'il a un genou pas en état fabuleux...je comprends mieux..:-). Du coup, bin, on papote un peu en montant à son rythme qui......est aussi le mien, ça tombe bien. Car, quand il dit qu'il monte mal, le Patrick, ne le croyez quand même pas trop !
Tout cela sous la douche qui ne s'arrête qu'au sommet du Prarion avec, quand même, une ou deux jolies petites échappées sur la vallée de Chamonix. Je prends le temps, en haut d'envoyer un SMS. Et comme je le dicte à mon téléphone, que je n'ai pas de lunettes pour me relire, cela donne ce message mythique : "Parions carillon avec sa moto trop". SMS qui jettera quelque perturbation sur le fil Kikourou où le Bouzin refuse de bouziner. Les supputations les plus osées vont cicrculer sur le message que je tente de faire passer jusqu'à un éclair de génie que l'on doit, je crois, à Arclu : "Prarion, Prarion, avec samontretro".
3h10. C'était 3h15 l'an dernier...et sur le roadbook. Bref, dans les temps. Et je le sais. Et je suis fier de moi. Je ne me suis pas emballé, je ne me suis pas endormi. Le temps « perdu » avec la veste de pluie (que je retire évidemment dès qu'il ne peut plus, j'ai toujours trop chaud) ne se voit même pas. Du coup, je « vole » dans la courte descente, à la poursuite de samontetro, qui est réellement un sacré descendeur.
Le sérieux revient assez vite. La partie quasi plate en haut des pistes me revoit passer en mode marche : tant pis pour les autres qui dépassent, il faut se raisonner. Je me veux zen, je veux le rester.
Tellement zen que j'en loupe une bifurcation et j'ai failli descendre du mauvais côté. Eh ho, attention, un Bubulle qui se perd, ça ferait jaser. Re-trottinons un peu pour descendre...puis un petit peu plu, puis un petit peu plus, puis.....commençons à descendre de plus en plus vite. Aucune idée pourquoi mais, arrivé dans la forêt, je commence à envoyer. Peut-être un peu pour me rassurer que je suis capable de mettre une mine quand je veux, je ne sais pas pourquoi.
Du coup, ça dévale bien et...sans histoire et après quelques dépassements, me voici à Bionnassay.
Allez, un ravito où il faut se poser. Déjà, une petite inquiétude : je traîne depuis la descente sur les Toilles un petit point sur le petit orteil gauche, il faut vérifier, et......c'est bien une petite ampoule, flûte. Bon, pas d'affolement, j'ai tout ce qu'il faut dans le sac (je trimbale carrément une mini-pharmacie, maintenant, on n'est jamais trop prudent). Le Compeed de rigueur est en place, j'en profite pour faire un check général des pieds. Tout est nickel.
Toujours posé, j'en profite pour ranger la veste, vérifier qu'il n'y a toujours pas plus de réseau pour envoyer des SMS. Remplissage de flasques, provisions habituelles (jambon, pain, fromage). Je suis assez long par rapport à d'autres que je vois repartir illico, mais je sais que c'est un bon investissement.
3h52 en entrée, 3h59 en sortie (pour 3h54/4h06 l'an dernier et 3h57/4h07 prévues). Je sais que j'ai pris de l'avance, mais je sens que je l'ai prise tranquillement, sans me mettre la pression. Juste parce que ça va bien.
Et je repars tout aussi tranquillou de Bionnassay, en visant un créneau où personne ne repart, afin de ne pas être tenté de me mettre à la bagarre. C'est vraiment comme cela depuis le début : laisser les réflexes compétitifs de côté, gérer à l'économie, ne pas se préoccuper du temps. Eh oui, pas de coup d'oeil à la montre, aucun au roadbook, tout au feeling, on dirait presque Vik.
A nouveau une belle saucée nous rattrape, je n'ai que le temps de me précipiter d'abord sur ma veste, puis sur les gants imperméables, nouveauté que j'ai emportée pour les tester. Ils s'avèrent d'une grande efficacité, il faut juste que je pense à les mettre dès qu'il pleut avant que les gants normaux ne se mouillent.
Le dépassement d'un groupe de randonneurs dans la descente sur la passerelle me donne l'occasion de gambader allègrement, sans forcer, je m'amuse un peu à descendre assez vite : les séances de Colline d'Élancourt commenceraient à porter leur fruit, on dirait.
Toujours aussi "bien", je décide de me tester un peu après la passerelle. J'adore cette montée du Tricot, c'est mon terrain de prédilection, j'accélère donc avec, là, maintenant, c'est vrai, ce petit challenge de faire un joli truc. C'est mon petit Gollum intérieur qui me titille : « alors, mon Précieux, il veut avancer plus vite, hmmmmmm ? Il a envie de se la jouer Kilian devant le groupe de chinois(es), hmmm, le Bubullagol ?".
Cela fonctionne bien, j'arrive en deux temps, trois mouvements en haut du Tricot pour.....remettre en 4ème vitesse la veste de pluie car un déluge s'abat sur nous. En deux minutes, je suis trempé de haut en bas, je dégouline de partout. J'ai eu juste le temps d'envoyer un SMS : « Trocot »
31 minutes depuis la passerelle contre 36 l'an dernier ! Et la descente est du même acabit. Je vais le plus vite possible pour fuir la tempête, j'ai des jambes et un poral d'acier, ça ne glisse finalement pas trop, je foooonce vers la petite tente du ravito. 19 minutes tout pile pour l'atteindre, comme l'an dernier. Tellement vite que....eh bien Élisabeth n'est pas là, petite déception. Par contre, ce cher Arclu est bien là, lui et me fera une photo qui montre bien l'état dans lequel le déluge nous a mis.
Nooooon, on n'a pas pris cher, en haiu ! (photo Arclu)
Heureusement pour mon moral, j'ai à peine le temps de me poser qu'Élisabeth et ma soeur Andrée arrivent. La montée depuis la Gruvaz a été longue pour elles...et elles sont trempées, mais le moins qu'on puisse dire est que je suis soulagé de les voir....et plus qu'heureux ! Encore une fois, ces quelques minutes avec les suiveurs, cela change tout , vous n'avez pas idée. L'ultra, c'est beaucoup au mental que ça fonctionne et les petits moments avec les suiveurs, c'est aussi une façon de le trouver, ce mental.
Le Rêveur de Miage....(photo Arclu)
En fait, à ces chalets de Miage, c'est le moment où je sors de la bulle où j'étais. Jusque là, j'étais concentré sur la course, sur le fait de ne pas aller trop vite trop fort. J'en profitais peu, finalement, de cet environnement (que, certes, on voyait assez peu). J'étais quand même agacé par ces orages incessants (alors qu'ils n'étaient annoncés qu'en fin de journée). Là, enfin, déjà, je peux parler un peu à quelqu'un, donner mes impressions, en quelque sorte décompresser un peu. Merci à vous trois de m'avoir procuré cela !
Élisabeth m'indique quand même que j'ai 1/2h d'avance sur le roadbook (en fait, plutôt 15 minutes). Je suis quand même surpris car j'entends plus ou moins que je suis autour de la 70ème place alors que, l'an dernier, avec 15 minutes deplus, j'étais entre 50 et 55.
Il faut malgré tout repartir et nous nous donnons rendez-vous aux Contas pendant que je repars avec Arclusaz qui va faire un bout de chemin avec moi.
Et, soudain, en repartant, je me trouve les jambes lourdes....je donne un peu le change avec Arclu dans la montée vers le Truc, je ne vais quand même pas passer pour un minable, mais j'ai l'impression de me traîner. Le souffle est également un peu court, je n'aime pas ça. Et voilà donc qu'en 10 minutes, je passe d'une euphorie sereine au doute. Je me demande si je me suis assez bien alimenté au ravito (la réponse est pourtant « oui »). Je suis désagréablement mouillé, voire trempé et, sans avoir froid, je ne suis pas confortable. J'ai essayé de laisser ma veste de pluie, totalement détrempée, à l'extérieur du sac, pour qu'elle sèche un peu, au cas où il faille la réutiliser. Mais cela me gêne, je me prends les mains dans les manches qui pendent quand je pousse sur les bâtons. Bref, tout cela m'irrite et me chafouine.
Heureusement, le babil arclusien est là pour aider à se changer les idées et puis, finalement, je ne monte pas si mal. Arclu me fait une superbe photo devant le col de Tricot, quelques derniers mots et on se quitte, je pique dans la descente.
Oh, le beau Trocot ! (photo Arclu)
Amusant, a posteriori de voir que tout cela n'était pas qu'une impression. Je fais la montée en 19'15" au lieu de 16'30" l'an dernier. Bien sûr, cela peut paraître ridicule, ces 2'45" mais, sur une montée aussi courte, c'est, je pense, bien significatif d'un coup de mou.
Du coup, je me fouette un peu pour la descente qui suit. Elle est assez sournoise car destructrice pour les quadris avec une bonne part de chemins de 4x4 très raides. Et elle est tout de même assez longue. A tort ou à raison, j'essaie un peu de me relancer. A tort, je pense....mais cela prouve bien que les belles résolutions peuvent vite se diluer dans les aléas de la course. Je relance effectivement et vais la faire comme l'an dernier.
Par contre, c'est un gros coup sur la tête que je prends à La Frasse. Le chemin qui mène à Armancette est un mur au départ et je me retrouve....scotché. Plus d'énergie, une envie d'avancer qui me quitte et qui amène du coup les questions qui se posent. Comble de malchance, je revenais dans la descente sur deux coureurs mais ils me distancent irrémédiablement dans le début de côte jusqu'au torrent d'Armancette et son pont en bois. Pire encore, pile au moment où je commençais à calculer que le premier du 60 me passerait à Tré-la-Tête (l'an dernier, c'était aux 2/3 de la Combe).....le voilà qui déboule en petites foulées dans une côte à 15%. En fait, Christophe Polaszek va gagner la course avec....44 minutes d'avance, cela explique.
Mais sur le coup, cela m'en rajoute une couche. Me voilà au pont du torrent à broyer du noir. Mais, tout d'un coup, la Lumière m'apparaît. Je n'ai utilisé RIEN de tout ce que je trimballe sur moi comme alimentation. J'ai toujours mes 6 Pom'Potes, mes 5 barres amande. Nom de chien de tabernacle d'hostie de crisse de jenfoutre que je suis !
Allez, hop, opération Pom'Pote. Puis je mets en place la routine de "1 glou tous les 50 mètres". Et puis aussi le "1 barre dans 200D+ et une autre Pom'Potes dans 400D+ et une dernière Pom'Pote en haut de la Combe". Bref, je me promets des récompenses. Et on empoigne les bâtons, on oublie les idées noires et on part à l'assaut de ce machin.
Petit à petit, ça repart, je retrouve la motivation. Cela m'amuse de me tremper les pieds à chaque passage de ce ruisseau. Cette année, pas besoin d'y tremper la casquette à chaque fois. Je guette devant, derrière mais.....c'est désormais la solitude totale. J'ai noté l'heure où est passé le 1er du 60 afin de pouvoir donner, grâce à de savants calculs de vitesses différentielles, son écart au second quand il passera.
Au final, là où il me reste un souvenir de galère....eh bien j'ai mis trois minutes de moins que l'an dernier : une heure pile pour être en haut de la Combe.
Et, surtout, contrairement à l'an dernier, en haut, je relance à la course...que je tiens pendant toute l'assez longue traversée descendante jusque sous le refuge. Refuge où m'attend bien sûr Le Bagnard, Jay, Audrey et....la Binouze, le Saint Breuvage de TLT, la Légende de la MH. Comment ne pas être motivé pour arriver plus vite ? On ne dira jamais assez de la motivation que la Binouze de Tré la Tête peut apporter au trailer fatigué.
Le Déjeuner sur l'Herbe, tableau de Jérôme Verdier
Tré la Tête plage, 10 minutes d'arrêt, c'est mon tarif usuel et je n'y dérogerai pas. Accueilli comme un prince, on n'en n'est presque plus surpris, je profite de cet arrêt pour une vraie coupure assis dans l'herbe. Je sens, bien sûr que la fatigue s'est désormais installée. Je soupçonne que des moments de dur comme au bas de cette Combe, il y en aura d'autres, mais je suis optimiste : c'est pour ça qu'on a signé, les moments de vérité de la course commencent à arriver, on va les prendre comme ils viennent. C'est la promesse que je me fais, là, de me rappeler ce que je me suis dit pendant ce petit break.
Et c'est reparti...en 8h20 pour 8h37 prévues. Finalement, coup de mou ou pas coup de mou....j'ai gardé mon avance.
Je repars dans un état d'esprit bizarre, difficile à décrire. Je me sens physiquement bien, je n'appréhende pas la descente à venir, avantage d'avoir bien progressé dans ce domaine, mais je suis obnubilé par le désir de m'économiser. Cela en devient une obsession et je passe mon temps en m'enguirlander parce que j'ai l'impression de ne pas assez le faire.
C'est que j'ai tout le top 10 du 60km qui est en train de me dépasser. Le deuxième est passé à TLT, mais ensuite, dans cette descente, je vais voir défiler 10 coureurs. Du coup, cela me donne l'impression de me traîner, donc j'ai l'impression d'accélérer inutilement, je m'en veux, je me râle intérieurement.
Arrivé au Pont de la Laya, je suis du coup pas très content contre moi-même. J'ai l'impression d'avoir trop forcé. Le pire, c'est que je me mets à le faire vraiment, profitant du chemin de 4x4 jusqu'à ND de la Gorge pour envoyer une bonne vitesse sur les cailloux et casser de la fibre (mais aussi dépasser 2 coureurs). En fait, les encouragements sympas des randonneurs croisés (ainsi qu'une marcheuse nordique déjà croisée vers La Frasse et qui me reconnaît)....me dopent un peu.
Je me fais grande violence pour sortir les aérofreins à ND de la Gorge et commencer à marcher. Le plan est de tout faire en MN. C'est ce que j'avais fait l'an dernier et ça m'avait bien réussi.
Le problème....c'est qu'on a l'impression de se traîner. Et je manque de lucidité. Moi qui me crois un Grand Sage de la course, ne voilà-t-il pas qu'au premier coureur qui me redépasse....je repasse à la course et je décide de faire du cyrano.
Je vais effectivement tenir ce cyrano jusqu'au ravito des Contas. Du coup, je fais un bon temps, je ne vois pas trop passer les 4 kilomètres.....mais je me crame stupidement.
L'arrivée au ravito des Contas est grisante. Une belle animation, toutes la Team Bubulle est là ou presque (sauf Pat qui est allé à l'arrivée de Jonathan). Et, en plus, quand tu arrives avec le dossard 1, t'as l'impression d'être Kilian.....:-).... Donc, ouéééé, je me la pète à mort, mais....
« J'ai super chaud ». C'est tout ce que j'arrive à dire à Élisabeth, Andrée et ma maman de course. JE-ME-SUIS-CRAMÉ-COMME-UN-CON.
Quelle buse. Je vais me répéter cela intérieurement tout le ravito. Quelle nouille. Je prends un gros coup sur la tête, ça va être chaud.
J'y vais, j'y vais pas ?
On tente le plat de pâtes, mais ça ne veut pas passer. Heureusement, la soupe aux vermicelles est là et j'en engloutis 4 ou 5 bols. On refait un peu les pleins, mais je n'ai pas énormément bu. Je prends quelques cocas pour regonfler un peu tout ça, mes suiveurs sont géniaux, je n'ai pas à bouger. Elisabeth va et vient vers le ravito, je pense qu'elle a vu que je n'étais pas brillant-brillant.
Un coup de bien au moral : apprendre la 6ème place de Jonathan sur la Moins'Hard. Quelle progression pour mon neveu, c'est vraiment un cador. J'imagine la mine qu'il me mettrait s'il courait du plus long (ce qu'il ne fait pas, fort sagement).
Je n'ai pas ma durée d'arrêt aux Contas : j'ai en effet par erreur arrêté mon chrono un peu après TLT et ne vais m'en apercevoir qu'à la bifurcation. Je crois être resté 20 minutes.....20 minutes au bout desquelles il faut bien se résigner à repartir.
Se résigner. C'est le mot. J'y repars comme dans un chemin de croix. Pendant ce temps, 6 ou 7 coureurs du 60 sont passés, c'est un peu déprimant.
Je repars donc en broyant du noir, au ralenti. Et.....je suis scotché dans la très dure montée dans la forêt. J'avance comme un escargot, c'est ce qu'il me semble. Bien sûr, je me promets une Pom'Pote à 1400m d'altitude, et une autre lorsque démarrera la traversée vers Porcherey.
Mais ça ne suffit pas, je n'avance vraiment pas. En plus, commence à apparaître une douleur sur l'intérieur du genou gauche qui me gêne pour lever la jambe sur les pas un peu hauts.
Et des coureurs continuent à passer. Surtout ceux du 60, bien sûr, mais 1 ou 2 du 100 aussi. Et là, Gollum prend la parole : « Et si il tournait à droite là-haut ? ». « Pas question. J'ai dit que je ne regardais pas à droite ». « Oui, mais il est très fatigué, là. Il a mal à sa jambe ». « Naaaaaaaan, je veux pas tourner à droite ! ». « pourtant, 60km et 5000D+, c'est déjà....» « LA FERME, Gollum. Tiens une Pom'Pote dans ta tronche, tant pis on n'est pas à 1400m mais TAIS TOI ».
La pluie recommence. Ah bin tiens, une excuse pour s'arrêter et.....repartir aussi lentement. Je me sens poggien. En fait, je me dis ça pour me faire rigoler, et puis je sais que ce cher Jacques ne m'en voudrait pas de cette pensée mesquine. Allez, Jacques, fais moi rigoler, raconte moi un bon délire bouzinesque que j'arrête de faire le Gollum.
Enfin, au bout d'une éternité que je ne mesurerai jamais, les maisons des Roches Blanches. Au moins, je vais pouvoir essayer de « courir » dans la traversée vers Porcherey.
Mouais, c'est pas super concluant. Je n'ai qu'une envie : remarcher. Mazette, je ne vais pas marcher 50 kilomètres ? Allez, cours! Cours, je te dis !
J'ai trop chaud. Et puis la neige elle est trop molle. Y'a pas de neige, mais je me fais Balkasko dans ma tête pour me faire rigoler. Tiens, Balasko et Jacques , ça fait un joli couple, ça ? Je rigole...enfin, je hoquète bêtement.
Porcherey. Gollum. « En fait, la haut, il la voit la tente, hmmmmmmm ? » « Nan, j'la vois pas, y'a du brouillard » « Mais sssssssi, il sssssait qu'elle est là, la tente » « Tais, toi, Gollum » « Elle est ssssssi confortable, la tente. Et il n'a plus qu'à tourner à droite après, gollum » « LA FEEEEERME »
Deux gars du 60 me passent et m'encouragent super gentiment. L'un d'eux a l'air bien cramé, je me mets même à revenir un peu dessus, de ma marche nordique de course à 3km/h.
Du coup, Gollum est parti, je l'ai envoyé valdinguer d'un coup de pied, dans le brouillard.
Bifurcation du 60. 16h41. 16 minutes avant l'an dernier. On ne réfléchit pas, je salue les deux coureurs du 60 qui me souhaitent bon courage. Le bénévole me dit que "devant ça se tasse, c'est parti trop vite, y'a au moins 20 ou 30 coureurs pas loin, certains se reposent aux maisons au dessus".
Allez, on ne réfléchit pas et on part vers ce Mont Joly bien menaçant..... Enfin, pas tant que ça vu que...on ne le voit absolument pas ! Brouillard, brouillard, brouillard.
Non, la montée au Joly, ce n'est quand même pas ça, mais il fait bien peur, hein ? (photo Alice)
L'escargot du Mont Joly est reparti. Lentement, mais régulièrement. Je passe les maisons, j'entends effectivement des coureurs qui semblent y être arrêtés. Allez, j'ai gagné quelques places, toc !
Piste de ski. Gollum, tu restes en bas où je t'ai envoyé. Il ne se manifeste pas. Il y a bien la petite voix qui dit « tu vas en chier, tu vas en chier, tu vas en chier », mais ça.....je le sais...:-). Arrêt en haut du télésiège avant l'acrobatique Mont Géroux. Je prends une compote, encore. Et une barre amandes.
Et je pars pour ce qui va être très difficile, cette succession Géroux-Joly. Je vois un gars revenir, en compagnie d'un randonneur (qui en fait monte visiblement en haut du dernier télésiège ). Je suis déterminé à ne pas me laisser passer et je me fais violence pour grimper. Le genou est vraiment douloureux, maintenant, les pas de la jambe gauche sont une torture.
Pis : le brouillard s'épaissit. En haut du Géroux, on commence à chercher son chemin. Dans le dernier raidard du Joly, avec le coureur qui me suit (le dossard 218, je crois), nous chassons les balises car on les voit de moins en moins. En haut du Joly, c'est l'apocalypse : vent, froid, brouillard. Je prends quand meme 1 minute pour envoyer un SMS "Joly" car je sais qu'en bas, ça va les rassurer de me savoir ici, quand on sait l'état dans lequel je suis parti.
La rafale de SMS qui arrivent est monstrueuse. Cela a été comme ça toute la journée. Chaque fois que je rallumais le téléphone, c'était l'orgie de SMS. Cette fois, j'ai emporté....des lunettes de vue pour les lire! Elles sont là, à dépasser de la bretelle du sac, au dessus d'une flasque. Cela fait vraiment Pépère Bubulle avec ses lunettes pour lire son journal en pantoufles au coin du feu. Mais c'est un vrai bonheur que de lire tout ça. On me donne ma position (bon, OK, je lis la position à Tré la Tête quand je suis au Joly, mais même....), on m'encourage, on m'admire (quelle idée). Gollum, il en prend plein la tête à chaque fois que je lis mes SMS. Merciiiiiiiiii à tous ! Vous êtes géants.
Mais ce n'est pas le tout. Requinqué ou pas, il faut se lancer sur la descente. Et, déjà, continuer le jeu de piste, dans le brouillard avec mon collègue. Assez hallucinant, quand même, de s'interpeler de rocher en rocher façon « OK, j'en vois une à vingt mètres, viens sur moi ! ». Cela va durer toute la partie de crète jusqu'au moment où on prend le chemin de descente vers Les Tappes, où un signaleur est posté (nous apprendrons plus tard que certains ont continué sur la crète en direction de l'Aiguille Croche).
Cette descente est déjà un peu une tuerie, normalement. Pas nécessairement parce qu'elle est techniquement très difficile : c'est en gros un sentier d'alpage avec une pente régulière. Par contre, il est très creusé et raviné...et étroit. Donc, il faut beaucoup de vigilance pour ne pas buter et se prendre une gamelle.
Mais là, c'est compliqué par le fait que c'est très humide : il y avait de la neige un peu partout il y a encore peu, ici. Et puis, il a « un peu » plu récemment. C'est donc une vraie patinoire que nous descendons, alternant entre le creux du chemin qui est un cloaque de boue....et les vagues traces sur le côté, qui sont très glissantes.
Et, donc, petit à petit, la lassitude s'installe alors que, l'an dernier, plus je descendais mieux j'étais. Là, j'attends avec désespérance le moment où on sort de chez les moutons pour entrer chez les vaches (mauvaise idée : ça glisse encore plus chez les vaches). Je guette le passage où Zorglub74 me faisait une superbe photo l'an dernier. En plus, des coureurs plus agiles nous dépassent et même mon compagnon me lâche. La chape de plomb descend doucement sur le bubulle et j'entends à nouveau la petite voix de crécelle de Gollum. J'en ai assez de faire le yoyo au moral, ça me saoule.
Une dernière Pom'Pote me redonne l'énergie d'envoyer un coup de pied au cul du Gollum et je me fixe l'objectif le micro-ravito que le propriétaire d'un chalet met toujours en place à la (presque) fin de la descente. Même si c'est même pas 2km avant Les Tappes, cela fait un bien fou de s'arrêter et échanger 2/3 mots.
Et, finalement, c'est avec un coureur suisse que j'arrive aux Tappes, après la saloperie de bordel de cochonnerie de petite remontée de merde (c'est pas moi qui l'ai baptisée ainsi, c'est Jacques). Attendu par toute sa gentille petite famille, qu'Elisabeth a croisé un peu toute la journée.
Gentille, la petite famille, mais un peu envahissante. Les enfants racontent en long et en large comment ils sont montés avec la belle voiture suisse par la route de 4x4, je suis très content pour eux, mais....j'aspire à un peu plus de calme.
Gollum est à l'autre bout de la montagne. Je suis arrivé à ce ravito totalement décidé à en repartir. J'ai bien répété la routine prévue : se changer....de la tête aux pieds, manger, vérifier le pansement de l'ampoule, re-manger, ranger, repartir.
Cela va par contre prendre presque une heure. Je ne la vois pas passer. Je fais tout méthodiquement, mais lentement. J'ai besoin de cela, besoin de laisser le mode nuit s'installer, besoin, je le sens bien, de retrouver de la motivation.
Cela revient bien. Le dernier petit doute, l'ampoule, est levé, après réparation avec les kinés. Je me suis bien alimenté, j'hésite à me couvrir (il ne pleut pas, mais je dois ressortir dans une ambiance glauque) et....je repars d'une bonne solide marche, suivi d'un début de descente en trottinant bien. Beau moral. Le plus étonnant est que je repars en 15h03, exactement le même temps que l'an dernier.
La descente aurait pu être sans histoire, si je ne me tordais pas le pied deux fois (la visibilité est très mauvaise) et si je n'avais pas à mettre ma veste, car il pleut (et comme je suis tout sec, je tiens à ne pas me tremper tout de suite)....pour l'enlever aussitôt. Cela me prend bêtement la tête car je vois deux coureurs me passer ce qui me redonne encore l'impression que je me traîne. Du coup, stupide, je me mets à bien avancer en descente (c'est une constante de cette course, j'ai souvent très bien descendu), et avant de voir Pat et Jonathan, je les repasse.
Eh oui, comme l'an dernier, Patrick et Jonathan sont partis de ND de la Gorge à ma rencontre, ce qui me permet de féliciter Jo pour sa 6ème place et....de passer un peu le temps. Puis c'est Elisabeth et ma soeur Andrée qui sont en bas : « Allez mon kiki » résonne dans toute la vallée. Bon, OK, on est un peu tout seuls, mais quand même. Élisabeth est quand même là depuis près de 2 heures (elle a même vu passer les derniers du 60km dans l'autre sens, ce que Namtar appréciera beaucoup) et, vous l'aurez bien compris, ça rebooste à nouveau de voir tout le monde.....y compris ma maman préférée qui est près de l'église.
Pic, poc, pic, poc
Du coup, photos, bisous, ça remet du carburant avant de partir sur la rude côte de la Chenalettaz où.....bim, je suis scotché en 100 mètres !
Elle va être longue, immensément longue, cette côte. J'ai l'impression d'être aussi lent qu'aux Contas, les idées noires vont revenir. Le noir aussi, il revient. Il y a du brouillard, il est près de 21h, on commence à ne rien y voir. J'entends plus ou moins mes deux gars derrière qui reviennent progressivement....à 10 mètres de moi, avant de s'arrêter pour une pause, ce qui me relance dans la purée de pois.
C'est glauque, un peu casse-gueule, j'ai à nouveau mal au genou gauche, j'entends Gollum qui se réjouit là-bas dans le fond, car il sent que son heure va venir.
Allez, tant pis, on sort la frontale, elle était bien accessible dans la poche du sac, ça va servir pour la petite descente piégeuse vers Nant-Borrant. En fait, ça ne sert pas à grand chose : la frontale fait un grand halo lumineux, mais dans ce bois sombre, très très humide, on ne voit rien et je me paie toutes les flaques. J'aurais les pieds trempés si mes chères Tor n'étaient pas là. Du coup, ça me tient un peu le moral de jouer à l'Origole. Je vais d'ailleurs y penser toute la descente à l'Origole, à notre cher Mordor où les côtes sont humaines où y'a jamais de brouillard et où on croise parfois quand même un être humain.
Parce que, bonjour la solitude, là. Mes deux gars sont maintenant loin derrière. Devant.....rien. J'ai l'impression de faire la course tout seul. J'aperçois vaguement un type devant à Nant-Borrant, je semble l'avoir rattrapé dans la descente, mais dès le début de la montée il s'éloigne insensiblement. J'arrive aux chalets des Prés : solitude absolue, pas de bruits, pas de frontales visibles. Et, évidemment....brouillard. Je passe d'ailleurs 2 ou 3 minutes vers ces chalets à chercher mon chemin : il y a plusieurs singles et les balises sont trop espacées pour en voir toujours une. C'est vraiment angoissant par moments. Je me dis que s'il faut faire toute la nuit comme ça, on n'est pas rendus. Et le Beaufortain m'effraie déjà.
Pour l'instant, on reste focalisé sur le présent. Finalement, à un moment le brouillard se déchire, on voit même des étoiles ! Et, oui, ce sont bien des étoiles, pas des frontales (parce que si ce sont des frontales, vu qu'elles seraient au Col de la Cicle, c'est qu'il se sont trompés grave). Et aussi des frontales au Col de la Fenêtre très haut sur la droite. On aperçoit même les nombreux névés.
Donc, déjà, je ne suis pas seul au monde. D'ailleurs, les deux gars apparaissent à quelques centaines de mètres plus bas. Et je vais les voir se rapprocher pendant toute la montée où je suis de plus en plus lent, à nouveau. Le genou fait de plus en plus mal, je ne suis pas très sûr, je sens la vitesse chuter....et les deux gars finissent par me passer. Ils font gentiment mine de m'attendre (on sent bien tous qu'on va avoir besoin de compagnie), mais je leur dis que j'avance mal en côte et qu'on verra bien si je les retrouve à la descente. J'ai l'impression de mettre une éternité pour arriver au névé où Jacques m'a dit que des marches ont été taillées et puis.....sans prévenir, le col est là. Aussi surprenant que l'an dernier de se trouver très subitement au col sans avoir vu cela venir.
J'ai quand même mis un bon quart d'heure de plus que l'an dernier. Je ne le sais pas, mais je le sens. Et, en regardant la descente...je me dis que ce n'est pas fini. En effet, c'est la purée de pois totale !
On n'y voit absolument rien. Or c'est quand même un peu technique, mais j'ai du mal à distinguer mes pieds. Pas d'autre solution que de marcher dans cette descente. Le petit "verrou" après la bifurcation du Col du Joly, donc l'endroit où on retrouve le chemin de la TDS...et le rocher où je parlais aux vaches....ce verrou est une calamité. Glissant, acrobatique, sans visibilité. Je me rappelle bien d'Olivier qui suggérait à son traceur d'y mettre éventuellement des cordes fixes. Pas d'autre solution que marcher. Et prudemment, encore.
Du coup, je rattrappe à nouveau Arnaud et Bruno (ce sont leurs prénoms) juste en bas du verrou, là où on peut courir sur un chemin facile en direction du Bolchu, d'où les bénévoles vont faire du boucan en voyant nos frontales arriver.
Sauf que non. Ils ne voient rien arriver, les bénévoles. Et nous non plus. On n'y voit pas à 4 mètres ! Nous cherchons notre chemin en permanence, impossible de courir. On va faire tout ce bout de chemin pourtant hyper facile, en marchant. Même arrivés sur la piste de 4x4, il est totalement impossible de courir. On ne voit les balises qu'à 10 mètres. Je finis par crier « Bin, alors, et les cloches ? » pour qu'enfin les bénévoles du Bolchu nous signalent de quel côté ils sont. Un enfer total alors que le terrain est facile. Mais qu'est-ce que ça va être ensuite ?
21 minutes au lieu de 16 pour venir de la Fenêtre. Cela n'a l'air de rien, mais il y a à peine 2 kilomètres !
La tente du Bolchu, c'est la Bérézina. Un gars assis sur un des lits, un autre en train de dormir sur l'autre. Trois ou quatre coureurs sur des chaises, un peu hagards, dont tourist80 que je suis plus que surpris de voir ici. Ils abandonnent. Tous.
Il n'en fallait pas plus pour que Gollum revienne. « Il voiiiit bien, c'est trop duuuuur. Il doit garder sa Précccccccieuuuuse énergie pour une autre fois » « Non, je me suis promis de voir le Beaufortain, j'y suis ». « Mais il verra rien, mon trésor. Le vilain brouillard, il est partouuuuuut » « Y'a le névé de Jacques, je veux voir le névé de Jacques » « Tout glisssssant, le névé, il va tomber et il va casser ses jolis bâtons, mon trésor » . « Un peu de soupe de vermicelle, Monsieur ? ». « Quoi, Gollum, tu me proposes de la soupe, maintenant ? » « Hein, Monsieur, de la soupe ? ». Ah, zut, c'est pas Gollum, c'est une des bénévoles du ravito. « Volontiers, ça va faire du bien pour repartir » « Nooooooooon, il va pas repartir ? Vilaine Hobbite, méchante Hobbite, qui a convaincu mon trésor d'y retourner. Aaaaaaaaaaaaaa ».
Bim, Gollum voltige jusqu'au barrage de la Girotte. Va bouffer du poisson cru là-bas, moi, je repars.
Allez, hop, on empoigne les bâtons, un dernier encouragement de Ludovic/tourist80 et je vais pour sortir. « Ah oui, mais maintenant faut que vous partiez à deux ». Comment ça ? Pffffff. L'an dernier, j'avais réussi à y échapper en partant un peu en catimini, mais là, c'est raté. La bénévole-chef du ravito m'indique le gars qui attendait sur un lit. Elle lui cause en anglais de cuisine pour lui expliquer de partir avec moi.
Ah bin, me voilà beau, tiens, j'ai ramassé un genre de Letton/Lituanien. Va savoir pourquoi, je me figure que le gars est de par là-bas, au vu de l'accent qu'il a sur les 2-3 mots de français qu'il connaît. Me v'la bien barré. Non seulement je vais passer les 3/4 prochaines heures avec quelqu'un que je connais pas, mais en plus on va pas pouvoir se causer deux mots.
Je préférais Angelika à l'Échappée Belle, tiens (oui, chérie, je sors. Tout de suite. Aïe, non pas la tête).
Bref, dehors.
Purée de pois.
De malade.
On n'y voit que pouic.
Je repère une balise : « Allez, par là » que je dis au Letton. Bon, pas de chemin. La balise, elle est au milieu des bruyères. Balayage circulaire autour de moi (je rappelle que nous sommes à environ 15 mètres de la tente du Bolchu, qu'on ne voit déjà plus). Le Letton balaie aussi. Pouic. Keud'. Macache.
Re-balayage. Ah tiens, une vague lueur jaunasse. Balise suivante. On tire dessus....à travers les bruyères. Chouette, 20 mètres de faits en 1 minute.
Balayage circulaire. Lueur jaunasse. Bruyères. 20 mètres. Bon, les gars, là, ça va bien : le chemin pourri dans les bruyères c'était l'an dernier, NORMALEMENT Y'A UN CHEMIN NORMAL pour aller au Col de la Gitte.
Il est où, ce putain de chemin ? « Ici » dit mon Letton (c'est un des 4 ou 5 mots qu'il connaît, cool on va avoir de la conversation). Il a trouvé une balise. C'est un Bon Letton, ça, madame.
M'enfin, la balise, elle est encore dans les putains de bruyères. On a du faire 100 mètres à tout casser. Et là, macache, que dalle. On fait un mega repérage circulaire genre "je fais 10 mètres depuis la balise, je balaie avec la frontale, je reviens à la balise, je fais 10 mètres dans une autre direction, je recommence". Nib. Je mets le mode "Turbo" de la Stoots. Ouééééé, ça fait un grand halo blanc.....mais j'y vois toujours à 5 mètres.
« Bon, mec, je crois qu'on va revenir à la tente. Faut attendre un peu, on va y passer des heures. ». « OK, d'accord ». Ouééé, trois mots de plus. On va pour repartir....enfin, si on retrouve les balises vu qu'on a allègrement tourné en rond....
Oh, un sentier. Bim, miracle. J'arrive totalement par hasard sur un sentier. Un vrai. OH UNE MARQUE DE BALISAGE DE SENTIER !!!! Youhouuuuuu, on doit être sur le chemin du Col de la Gitte. J'avance, une balise. Yesssss, on l'a trouvé.
Enfin, nous voilà partis sur ce sentier....que je "reconnais" assez vite (on le fait à l'envers sur la TDS). Oh, pas bien vite, c'est à peine si on voit nos pieds. En plus, à 2 ou 3 reprises, le sol apparemment bien damé roulant s'avère être.......une grande flaque. Splaaaaaatch. Le bonheur total. Nous sommes au milieu de rien. Dans du coton. Y'a 14 kilomètres à faire. Je ne parle pas Letton. On est grave dans la merde, quand même.
Bon, bin tant qu'à y être, autant y être convivialement. « Tu viens de quel pays ? » que je dis tout lentement en détachant bien mes mots (c'est plus facile à dire que "kādi valsts jūs esat no", mon letton étant encore un peu rudimentaire). C'est que, bon, il est peut-être pas Letton, peut-être Lituanien, voire Estonien, allez savoir. L'Estonien, c'est plus dur, j'espère qu'il est pas estonien.
« Pas comprendre ». Ah bin flûte, nous v'la beaux. Bon, allez la roue de secours usuelle : « Which country are you from? » « Well, I'm from England but I now live in Switzerland ».
IL EST ANGLAIS, MON LETTON. Bonté gracieuse....
J'ai jamais été aussi content de voir un anglais, tiens.
Bon, je vous fais pas le dialogue qui suit, histoire que vous ne vous payiez pas ma fiole avec mon anglais qui se dérouille lentement, mais tout de suite, ça va mieux. Et Thomas, du coup, il peut m'expliquer plein de trucs comme quoi, il habite en Suisse à Monthey (trop la chance, le mec). Et on cause entraînements, montagne, et blablabla et blablabla.
Trop bien, ce Letto-Britannique. On réussit même à ne pas parler de Brexit (j'aurais l'air fin s'il avait voté pour).
La suite, c'est pas hyper passionnant à décrire. On va à une vitesse assez tranquille sur ce sentier pourtant facile : et d'une on n'y voit vraiment rien et on cherche toujours les balises (à la Montagn'hard, quand y'a qu'un chemin, on ne se fatigue pas à te mettre des balises, t'es censé le suivre), et de deux, Thomas il est quand même un peu atteint physiquement, il a quelques nausées, bref c'est pas la gloire totale.
Le seul truc intéressant à décrire, c'est cette sensation de solitude absolue et incroyable. Pas de frontales au loin (on ne les verrait pas), pas de frontales derrière, pas de bruit, un grand coton blanc. Quelques fois, on entend un peu des cascades du côté du barrage, mais c'est tout. Donc, on avance à environ 4-5km/h
C'est long. Je le sais. Je guette le Col de la Gittaz dont il me semble me souvenir qu'il est très peu marqué. Rien. La pente est douce et régulière. Je regarde l'altimètre (je me souviens de 2300m pour l'altitude du col), mais je sais qu'il est faux : la pression a énormément varié depuis les orages du matin et l'altitude affichée est en général inférieure de 60-70m à la réalité.
C'est long, long, long. Chiant, chiant, chiant. En temps normal, une partie de ce secteur serait courable, mais la visibilité complique tout. Plus les névés. Eh oui, il commence à y avoir pas mal de névés, aussi. On voit bien que le traceur fait ce qu'il peut pour les éviter, mais ça n'arrange rien car, alors.....eh bien, y'a plus de sentier, donc on se remet à jardiner pour trouver les balises. Épuisant.
Enfin, au loin, une lumière. Je sais qu'il y a un poste de secours, ici perdu au milieu de nulle part. En fait, le col de la Gittaz, c'est là où il est, me dira Jacques plus tard. Ah.
Bref, des humains. Cool de pouvoir s'arrêter un peu. Je papote un peu avec la secouriste, on entre même dans la tente s'asseoir 2 minutes (on n'en est plus à ça près !). Cela réveille l'autre secouriste, mais il est sympa bien que mon Lettonique lui envoie la lumière de sa frontale dans la tronche.
Courte parenthèse, mais ça fait du bien. On repart derrière deux autres coureurs (ah tiens, on n'était pas tout seuls dans le Beaufortain, alors ?) et un troisième qui, du coup, se joint plus ou moins à nous. En fait, c'est un de mes "deux gars" de la Fenêtre, le monde est petit.
Le temps s'est enfin dégagé et nous finissons de monter aux Enclaves sans brouillard, ça fait du bien. Cela dit, on ne voit rien quand même. Tout le monde guette un peu LA descente qui....arrive enfin.
Le névé aussi. Le mega-névé. 1,5 kilomètre de long que nous dira Jacques. Avec dans les 20% de pente. Autant dire une horreur. Bien sûr, avec des jambes en bon état, ça se skie très bien...:-). Mais avec les cuisses en bois, j't'en fous ! et une gamelle, une ! Et de deux gamelles, deux ! Et woooosh, une sur le cul..... Sur le cul, eeeeeeeh, mais c'est pas mal! Et alleeeeeez, c'est parti. Cul mouillé pour cul mouillé, autant être efficace.
Et pour être efficace, c'est efficace. Je suis un peu trempé, mais je vais à toute blinde. Seul problème : Thomas ne s'y résoud pas. Du coup....bin je l'attends tous les 100 mètres. Du coup, le névé n'en finit pas.
Notre compagnon s'est un peu échappé devant, je sens qu'il voudrait bien mettre les voiles, mais il n'ose pas. Il attend aussi. On va laisser un temps fou sur ce névé, mais, bon, on nous a demandé de rester ensemble.
Et on a bien fait. Parce qu'en bas du névé, coucou qui revoilou ? Le p....de brouillard. Et là, comme on est totalement hors sentier, va trouver les balises. On va encore laisser un temps incroyable dans certains jardinages, à vraiment totalement tourner en rond, à monter, descendre, revenir sur nos pas. Flippant, même, car ce serait facile de se perdre totalement. Nous veillons d'ailleurs à toujours nous souvenir où était la dernière balise vue.
Bref, cette Montagn'hard se transforme en Raid 28, quoi.
Nous serons plus patients que le parcours. Balise après balise, on avance. Peu à peu, on retrouve le chemin. Des panneaux (désolé, Poulpinette, j'ai oublié la photo, pourtant on les a vénérés, nos premiers panneaux). "Barrage de la Girotte : 3,4km, 1h30". Ouch. 1h30 *en descente*
Pas que.
Ça remonte, crisse de caribou d'hostie d'tabernacle. Ça fait que de remonter. Et puis on s'éloigne du barrage, qu'est-ce que c'est que ce bigntz ?
Thomas n'en peut plus, il a haut le coeur sur haut le coeur. Je voudrais foncer, mais je ne peux pas le laisser ainsi. Je fais signe à nore compagnon d'y aller, tant pis.
"2,1km".....ça avance lentemeeeeeent
"1,5km".....bon, à ce rythme, les mecs, ça serait aussi bien de PAS mettre de panneaux !
ÇA DESCEND. THOMAS, ça descend ! Enfin ! Putain de descente pourrie de merde, mais ça descend, youhouuuuuu.
Thomas m'indique qu'il va peut-être arrêter au barrage, qu'il va déjà essayer de faire une sieste et qu'il verra.
Bon bon bon. Ça fait pas trop mon affaire, ça. On n'était pas rapides, rapides, avec Thomas, mais il était un compagnon agréable, surtout depuis qu'il n'est plus letton. Et je me voyais bien finir avec lui.
« Ça ne fait rien, mon tréssssssor. Il peut aussi s'arrêter, lui aussi. ». « Ah, purée, Gollum qu'est-ce que tu refais là ? » « Il ne voulait pas laisser son préccccieux. Il est fatigué, mon trésor, il a mal aux jambes, il devrait aller se coucher ». « Si Sméagol se couche, Sméagol ne se relève pas, Sméagol doit repartir ». « Il ne va pas y arriver, mon trésor, il doit se coucher » « Nooooooon, il est à nous, le préccieux » « Tiens, Bubulle, qu'est-ce que tu fais là ? » « Eh, quoi, comment, qui me cause ? »
Nat. Free Wheelin' Nat qui surgit, tout bob dehors, telle Galadriel (mais en moins blonde, quand même)....et qui envoie Gollum valdinguer encore dans le barrage.
« Bin, je dois repartir. Tu repartirais, là ? » (on nous demande toujours de partir en tandem).
Nat, pas compliquée, dit en gros OK. En fait, elle est embêtée car elle cheminait bien avec Pascal, un Belge, et elle se serait bien vue repartir avec et je lui mets un peu le brin....mais elle ne dit rien, et au bout de 5 minutes, nous repartons ensemble.
Il m'aura fallu près de 4 heures pour faire Bolchu-Barrage. J'avais prévu....2h45...:-). Mais le roadbook est vraiment le cadet de mes soucis, là.
Nat m'explique qu'elle ne peut plus courir : elle a les pieds en feu, façon énorme ampoule blanche sous tout le pied. Ah oui, tiens, ça je connais. Qu'à cela ne tienne, on va marcher même si j'aurais bien couru. Je suis content d'avoir sa compagnie, elle ne se pose pas de questions, Nat. Je lui dis d'ailleurs que, si ça se trouve, elle est en train de faire podium car les 2ème et 3ème filles, que j'avais vues aux Tappes, cela fait un moment que je ne les ai pas vues et je pense qu'au moins une est derrière.
La descente se fait presque sans histoire si ce n'est qu'à un moment je me tords les deux pieds et je me prends une belle gamelle sur le dos. Heureusement, les Super Tor ont minimisé la torsion et j'ai échappé à la double entorse.
Par contre, sans prévenir, sur la longue route empierrée qui remonte vers les pistes de Hauteluce, je prends un gros gros gros coup sur la tête. Le rythme est monotone, nous marchons assez bien, mais c'est très monotone. Or, depuis 5 heures, j'étais hyper concentré à chercher la route, à ne pas perdre Thomas. Du coup, en très peu de temps, la somnolence m'envahit et je ralentis, ralentis, ralentis. Deux frontales reviennent derrière. L'un d'eux est le Belge de Nat. Elle me demande si ça m'embête qu'elle m'abandonne pour continuer avec son compagnon de la nuit. « Non non, bien sûr, vas-y » « T'es sûr, là, ça va ? » . Arg, je dois avoir ma voix murmurée d'outre-tombe, dite aussi « la Voix du Pontet », demandez à FranckdeBrignais, Spir ou Cyss, ce que c'est.
« Oui, oui, impec, je suis juste un peu lent, t'inquiète ». « Oki ».
Et Nat fait comme le gaz....elle part.
Moi aussi, remarquez, je pars. Le problème, c'est que c'est sur le côté. Arg, ça recommence. Le chemin du Pontet, le bubulle qui titube, qui s'endort par micro-secondes. Avancer. Avancer. Avancer.
Pas dormir. Avancer. Là, il n'y a pas de yourte accueillante dans 500 mètres. Pas de Super Chérie qui me porte jusqu'au lit. Le lit, il est là-haut, au Monument, très très très très haut.
Pas dormir. Avancer. Il n'y aura pas de rangée de secouristes à la route du Joly. Non, on ne peut pas toquer à la porte des chalets, là, pour demander à dormir, il est genre 5h du matin.
Avancer. Pic poc, pic poc. Suivre les deux frontales, là-haut. Ne pas les perdre de vue.
Route. Télésiège. Piste de ski. Dré dans l'pentu. C'est dur...mais finalement c'est mieux que ce chemin à la c... Et puis y'a une frontale qui vient d'être dépassée par Nat et son Belge, tiens. Ouéééé, un mec mal en point, aussi.
Allez hop, rattraper le mec. Concours d'escargots sur les pistes de Hauteluce. Et piiiiiic. Et poooooc. Et piiiiiic, ouille le genou gauche. Et poooooooc. Tiens, il a un chien, le mec, qui monte avec lui.
C'est bizarre, ça, un chien. On peut courir avec un chien ? Et piiiiic. Et pooooc. Altimètre, tu dis quoi ? 1650 mètres ? Je te déteste, je te regarde plus.
Et piiiic. Et pooooooooooc. Oups, je me rendormais, j'ai failli faire un gros poc sur le côté. Allez, braquer son regard sur le mec devant, avec son clébard.
Tiens une vague lueur, on dirait que le jour va se lever. Si je calculais où j'étais l'an dernier à cette heure là ? Ça va bien m'occuper 5 minutes et environ 200 piiiic-pooooc, ça.
Je n'ai jamais trouvé. Les pensées sont passées à autre chose. Gollum a montré le bout de son nez et je l'ai renvoyé bouffer du poisson cru dans le lac de la Girotte (qui est vide, soit dit en passant).
Elisabeth doit se lever, là, tiens. Elle doit voir le temps de dingue que j'ai mis jusqu'au barrage. Faudra que j'y mette un mot au Monument. Et piiiiiic. Et pooooooc. Putain de piste de ski.
1800 mètres. Youpi, c'est l'heure de la compote. Je me fais la fête. Allez, plus que 300 mètres et Dan va voir arriver son zombie préféré.
Et piiic, et poooc. Tiens ça s'accélère. Tiens, je m'endors moins sur place. Je pourrais presque calculer combien de centimètres je monte à chaque pas. Euh, non, finalement, faut pas déconner.
Eh, le mec c'est pas un chien qu'il a ! C'est le halo de sa frontale qui tourne au tour de lui. Bon, sans déconner, ça compte pas comme une hallu, ça, hein ?
Pic, poc, pic, poc, pic, poc. Youhouuuu, Col du Joly, attention voilà Turbo-bubulle, à au moins 3 km/h. Pic, poc, pic, poc, névé, plouc, ploc, plouc, ploc, ziouuuuuuup, platch! Purée, il est tout gelé, le névé! Je me suis croûté comme une grosse larve.
Mes mains aussi, elles sont gelées, d'ailleurs, ça pèle sa mère en cette fin de nuit et j'ai les gants trempés depuis le névé descendu sur les fesses.
Allez, le mec devant il n'est plus qu'à 20 mètres et la tente, elle est là, Monumeeeeeeent, me voilà! Je vais faire mon entrée triomphale dans l'antre de Dan et Alice, dans la seule tente à sens unique de toute la région.
2h pour Barrage-Monument contre 1h45 l'an dernier. OK, peut mieux faire. Mais, franchement, pour un zombie c'est pas mal. Et j'étais quand même à deux doigts de me coucher par terre au bord du chemin.
Évidemment, Dan se paie ma fiole en tentant de m'arracher un sourire, ce qu'il arrive à faire. Nat est encore là, j'apprendrai après qu'elle est arrivée à cette tente avec gros moral en baisse et que c'était dur de repartir. Bin, je vous assure qu'elle simule bien le contraire..:-)
Le Zombie du Monument (photo dan60)
Moi, par contre, en gros, c'est vite vu, je suis vanné, claqué, cuit.
Alors bien sûr, c'est la dernière ligne droite. Sauf que juste elle est pas droite la ligne.
Là, ça y est, je sais que j'irai au bout, bien sûr. Gollum a baissé les bras. Il ne reste plus que Bubulle face à la Crète du Mont Joly. « 400D+, 8km de crète avec 100D+, 6km de descente avec 1300D- et deux putains de passage pourris de foutues ardoises déglinguées » : c'est l'explication d'Alice...arrangée par moi, pour donner le vrai contexte (parce que si t'écoutes Alice, c'est supposé être le bonheur, cette crète).
Allez, on s'y lance.
Nat est quelques virages plus haut, avec son Belge. mon « type au chien » est reparti quelques minutes avant moi, ça va me faire des points de repère.
En plus, bon, ça va être cool, ils ont dit qu'on coupe un peu l'Aiguille Croche, le terrain étant trop glissant, on va couper au téléski. Je ne vais pas me plaindre.
En fait, je suis à nouveau assez bien. Un peu d'épuisement, certes, mais plutôt bien. Sauf que le genou gauche est maintenant un calvaire en montée, je ne peux plus monter les marches de plus de 20 centimètres qu'avec le pied droit. Et il n'y a que ça, sur l'Aiguille Croche, des marches!
Donc, je suis lent. Zero chance de rattraper Nat et son Belge, ou bien Jean-Luc. Essayons déjà de ne laisser revenir personne. Dan m'a dit que j'étais 60ème....eh bien, je vais faire comme l'an dernier, je vais « défendre une place » sur cette arête. C'est ridicule et stupide, je sais bien, mais ça fait avancer.
Rien d'autre à dire que cette (putain d') Aiguille Croche. Sauf que.....on monte bel et bien tout en haut ! Alors, bien sûr, pour la vue, je ne me plaindrai pas, mais sur le coup....j'aurais bien coupé.
La récompense, c'est quand même la vue. Là, je suis scotché à nouveau, mais pas par la fatigue. C'est totalement fabuleux, avec la mer de nuages sur le Val Monjoie, le Mont-Blanc énorme en face de nous et puis un 360° hallucinant où tous les grands massifs des Alpes du Nord sont visibles. Géant. Juste que j'ai foiré la photo, donc ça restera dans ma tête.
Par contre, bin il fait jour. Et le précipice à gauche, bin on le voit. Je suis pétrifié. Oui, je sais, Vik, c'est pas gazeux pour deux ronds. Mais il y a 2 ou 3 virages à droite où je me dis qu'avec les jambes en bois que j'ai, il suffirait que je bute un tant soit peu....
Mais ça passe. J'ai l'impression, même, que ça passe plus vite que l'an dernier (ça, c'est faux). La crète est grignotée mètre par mètre. Le plus souvent en marchant, je n'arrive pas vraiment à trottiner sur le plat.
Le téléski du Véleray, check.
La tête de la Combaz, check, mais ça moooooonte (eh oui, 100D+, quand même).
La bifurcation vers les Tappes, check.
Reste le (putain de) Mont Joly. De balise en balise que je le fais, et finalement my voilà. Ça y est, je suis en haut. Allez, je m'accord 3 minutes pour profiter une dernière fois de cette vue incroyable. Et je remets le téléphone en route (bling, bling, bling, bling, bling....énormes les SMS). "Joly" : je pense qu'ils comprendront. Et selfie....
Selfie-Mont-Blanc, on fait ce qu'on peut. J'ai l'air vaillant, hein ?
C'est parti pour les deux descentes de malade du Joly et du Géroux. Ces fichues ardoises déglinguées. Mais je les prends tranquillement. Les idées noires sont parties. Je me suis battu toute la nuit, je me suis accroché comme jamais et je vais le faire. Alors, je suis zen. Ces deux descentes ne sont pas longues, on arrive forcément au bout.
Et on arrive au bout. Voilà. Télésiège de l'Épaule. Je regarde la montre : il est 9h du matin. Je calcule : Départ à 5h. 9-5=4. 25+4=29. J'en suis à 29h de course. J'ai une heure pour descendre et je fais moins de 30 heures. Ce sera le dernier challenge, faire moins de 30 heures, allez on se motive (bon, SVP, ne rigolez pas *tout de suite*, merci).
Mais ça pique, ça pique, ça pique. Je me force à courir, mais c'est très dur. Vous savez ce que c'est dans ces cas là. Les maisons, la bifurcation, tir-pouêêêêt (dingue, c'est le même bénévole qu'hier soir, on dirait).
Maintenant, je connais cette descente par coeur, je sais où courir, je sais où marcher. Je guette d'éventuels copains Kikourou, je sais qu'il va y en avoir.
Téléski, piste. Andrée, Patrick. Youhouuuuuu, des humains connus. Ma soeur et Patrick sont montés jusque là. Ils m'annoncent une délégation de kikous plus bas. Certes pas forcément montés QUE pour moi, mais qui me guettent quand même un peu. Je suis remonté aux taquets par cette solidarité, ça se voit assez peu car je suis aussi vraiment épuisé, mais je reprends la dégringolade. Et, effectivement, sur la route, Arclusaz et toute la famille "de Brignais" sont là. Je les salue comme je peux, je mets le vent de l'année à Caro (décidément, je suis voué aux arrivées difficiles avec Franck et Caro), je m'arrête aussi peu que possible car je pense ne pas pouvoir repartir.
La Team Bubulle en action, avec Monsieur de Brignais (photo Arclu)
Ma Super-Maman est là aussi, un peu plus bas, au pied du mur de la piste bleue. En fait, toute la Team Bubulle est étagée sur les pentes du Mont Joly. Là, c'est ma maman, donc je m'arrête, j'ai bien été éduqué. Une photo, un bisou...et je repars. Andrée et Patrick me suivent en courant. Au Plan de la Croix, Andrée descend par la route « pour pas me gêner », je continue avec Pat par le chemin. Là, plus possible de courir, je n'ai plus les cuisses. Donc, je marche le plus vite possible (les 30 heures, pas oublier).
Andrée est toute fière car par la route elle descend aussi vite que moi...:-).
Les premières maisons, l'arbre de Raya (tu te souviens, Raya ?). Jonathan est là : quand je dis que toute la team est là. J'entends des hurlements en bas : c'est rien c'est juste Elisabeth qui salue l'arrivée du coureur précédent, on doit l'entendre jusqu'au Mont Joly.
Tourne à gauche, tourne à droite, petite descente, tourne à gauche, je connais ça par coeur et, enfin enfin enfin enfin, c'est cette dernière ligne droite que je voudrais savourer longtemps tellement elle m'a coûté.
Raaaaaaaaaaaah! J'ten foutrais du "parcours de santé" !
Je ne sais plus vraiment comment j'arrive, je crois que je laisse passer une espèce de rage heureuse, que je secoue mes bâtons comme des pruniers. Mais surtout, surtout, c'est une grosse fierté de m'être bagarré toute cette nuit. C'est l'image qu'il restera, c'est ce que je dis à Élisabeth, que je me suis vraiment battu la nuit entière. Ce que je dis aussi à Olivier en l'étreignant : que ce foutu Beaufortain, il se mérite vraiment. Et à Jacques, aussi, fidèle ami qui me scanne mon dossard avec une émotion visible.
Winners !
Ma deuxième Montagn'hard. Ma première complète. Elle était dure, elle était belle. Et je reviendrai. Forcément. Rien que pour tous ces amis qui m'ont soutenu et aidé, qui étaient dans ma tête pendant cette si longue nuit. Pour ma Suiveuse inestimable qui était là en permanence et qui me donne tant d'énergie. Et puis pour moi, surtout. Parce qu'en fait....j'aime ça.
Et, au final, pari réussi. J'ai fini en moins de.....29 heures. Bin oui, pas 30. Parce qu'il n'y a jamais eu 25 heures dans une journée, nouille. Vous pouvez vous payer ma fiole, maintenant.
Gollum : ce sera pour une autre fois, toc.
PS : au fait, mon Letto-Britannique, Thomas Disney...eh bien il a fini trois places et 38 minutes derrière moi. Je suis super content pour lui. Vive la Lettonie.
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31 commentaires
Commentaire de Wei_Qi posté le 11-07-2016 à 00:18:30
Comme j'ai participé seulement à la MH60 en 13h00, je me suis arrêté de lire à la bifurcation.
Pour faire une pause et être le premier non sur une course, mais à poster un commentaire.
Bref je savoure et continue de lire.
Commentaire de jpoggio posté le 11-07-2016 à 00:43:32
Nan mais p'tain, c'est pas bientôt fini les cr postés au milieu de la nuit ?
Pisque c'est comme ça, je commente d'abord et je lirai demain, voilà !
Non mais Carillon, quoi !
Commentaire de Mazouth posté le 11-07-2016 à 00:47:40
Quel CR ! Et surtout, quel combat cette MH100 ! Faut vraiment avoir un super mental en mithril ! Bravo M'sieur Bubulle !
Par contre à lire toute cette fabuleuse tartine je n'ai pas bien plus avancé mon modeste CR de ma modeste MH60 à moi... et pi faut quand même que j'aile me coucher si je ne veux pas avoir des hallus à base de chien demain au boulot ;-)
Commentaire de jpoggio posté le 11-07-2016 à 07:25:20
Complète, complète...
N'a quand même bien coupé le col du Sallestet...
(Hin hin hin)
Commentaire de Namtar posté le 11-07-2016 à 09:31:02
Merci pour le récit ! Et félicitations pour n'avoir pas flanché. C'est vraiment une autre dimension la 100. Bonne récupération et bon courage pour fin août.
Commentaire de sabzaina posté le 11-07-2016 à 09:32:55
Excellent et très drôle CR (le coup de l'Anglais, j'en glousse encore) pour une course hors norme.
Bravo Chris
Commentaire de shef posté le 11-07-2016 à 09:40:21
Merci pour ce CR !
J'aime bien la photo de la ligne d’arrivée, avec le panneau "Parcours de santé", genre c'est pas si difficile, pourquoi tout le monde en rajoute ! ;)
Commentaire de Trixou posté le 11-07-2016 à 10:18:49
Bravo pour ta course et ce CR !
Mais si même Bubulle Master, auteur de la célèbre maxime "si ca va bien ralentis", se laisse emporter par son égo quand il se fait doubler ou quand il croise des randonneuses souriantes, on fait comment nous ?
Commentaire de Vik posté le 11-07-2016 à 11:02:37
on fonce ;)
Commentaire de franck de Brignais posté le 11-07-2016 à 10:57:46
Bubulle plus fort que Gollum, le match était gagné d'avance. Nous partageons cette chance d'avoir des suiveurs "champions du monde", et, comme tu l'expliques très bien, c'est ce qu'il y a de plus précieux. Bravo Monsieur pour cette belle course, je reste convaincu que le 100 est un objectif (et un gros objectif !!) en soi. Rdv maintenant à Chamonix fin Août, où, j'aurai beaucoup de plaisir à partager quelques mètres sur la ligne de départ.. avant de te voir t'envoler vers une superbe performance sur les chemins de l'UTMB !! Bonne récup' la bise à toi et à une bonne partie de ta famille que j'ai découvert avec délice ! (mention spéciale à ta maman qui m'a mis une accélération de ouf lorsque nous montions te chercher sur les pentes du Joly !)
Commentaire de kld_root posté le 11-07-2016 à 12:17:37
Beau CR ..Gollum a bien tenté mais il n'y avait rien a faire avec ce Bubulle la ! ca décrit (presque) trop bien ce qui attends le coureur de 60 qui oserait s'aventurer au delà ... tu nous fous les j'tons, et, tu nous tentes aussi.... hé hé Gollum is back.;)
Commentaire de DavidSMFC posté le 11-07-2016 à 13:39:42
Excellent ! J'aurais aimé finir la lecture hier soir mais trop fatigué, je l'ai repris ce matin, comme de ton côté tu as pu passer la nuit en course sauf que là, j'ai dormi entre temps !
Un grand coup de chapeau pour la course et vraiment, quel régal que d'en lire ton compte-rendu ! Merci !
Commentaire de millénium posté le 11-07-2016 à 15:54:04
Magnifique ! Et tu (sembles) oublier personne ! Notamment les "suiveurs" et le bien qu'ils apportent ....Merci et BRAVO
Commentaire de Françoise 84 posté le 11-07-2016 à 17:52:00
Super récit, on s'y croirait!!! Je suis sûre qu'il sera bien utile pour les pôvres fous qui voudraient s'y aventurer aussi...! Bisous à vous deux!
Commentaire de Overnight posté le 11-07-2016 à 19:20:56
Ah oui ça fait peur quand même à la lecture :)... Le côté course d'orientation dans le brouillard doit être un poil stressant.
Bravo pour la course en tout cas. Un peu l'impression de faire les 12 travaux d'Asterix version revisitée...
Épreuve de la pluie, du brouillard, de la neige, du marchand de sable, des hallucinations, de la douleur, du letton anglais, de la tentation de l'abandon... Il en fallait du mental et t'en a pas manqué !!
Bonne " recup" avant l'autre gros morceau du mois d'août !!
Commentaire de Caracole posté le 11-07-2016 à 19:22:53
Zarma! Not'Bubulle qui vire schizo en altitude !
Et ben l'a gagné quand même. Bien, ça.
Bravo Moooosieur Christian. Et merci pour cette tuerie de récit.
Mais quand même vous êtes tous des dingues!
Commentaire de Benman posté le 11-07-2016 à 19:26:44
Très beau récit. Bravo pour avoir surmonté les démons de minuit et ce Gollum un peu envahissant parfois.
On ne se rend pas toujours compte dans quoi on met les pieds en montagne en cas de brouillard et d'orage... je crois que tu le décris parfaitement... Bravo pour cette course.
Commentaire de arnauddetroyes posté le 11-07-2016 à 20:31:39
Du CR de grand cru ,avec partage de voyage interieur a la clef !
Merci pour ce grand moment et bonne recup pour l utmb!
Commentaire de Vik posté le 12-07-2016 à 09:11:20
Gollum a bien noté les timings tout de même :)
Si tu as su laisser la trace et la carte IGN de côté pour ce récit, je suppose de que tu as gardé la trace et ton analyse chronométrique :p
Je suis étonné que tu es tant eu affaire à ce personnage, comme tu me l'a annoncé lorsque je t'ai retrouvé à l'arrivée. Bien sur t'avais "une sale tête" bien fatiguée, mais j'imaginais pas que ça puisse être aussi dur pour toi de continuer.
Bon repos et bonne prépa de la longue coursette roulane de la fin août, ça va venir vite mine de rien.
Et merci à Elisabeth pour sa présence, son sourire, ses photos...
Commentaire de Arclusaz posté le 12-07-2016 à 18:56:02
Très beau CR notamment ta nuit lettonne : inoubliable !
Merci de m'accorder des talents de déchiffreur de message codé mais ce n'est pas moi qui a compris le message du Prarion. Par contre, ton calcul des 30 h m'a franchement interpelé : j'ai cru brièvement à une méthode de calcul mental que je ne connaissais pas avant de me rappeler que... tu étais complètement cuit. C'est vrai que tu n'étais pas causant quand on t'a croisé mais bon, ça passe pour cette fois.
Bises à Elizabeth, Andrée et à ta maman.
Et Bravo pour cette folle Bubulle Night.
Commentaire de Mazouth posté le 12-07-2016 à 19:03:24
C'est sûr que croiser le Bubulle de minuit à 25h du soir doit vraiment susciter lettonnement :)
Commentaire de sabzaina posté le 12-07-2016 à 20:27:34
MDRRRRR ! Excellent
Commentaire de Renard Luxo posté le 12-07-2016 à 21:24:03
Quel plaisir à s'immerger dans ce récit en live-bouzinesque-différé, quelle tuerie aussi cette MH100 ! Moins de surprises sur l'UTMB et une densité de balises et de coureurs tels que ... Merci, et à tout bientôt ;)
Commentaire de patrovite69 posté le 12-07-2016 à 23:03:20
Super récit et surtout superbe course.Félicitations que dire d'autre.
Ne t'inquiète pas pour le vent que tu m'as mis, ce n'est que le deuxième après ton arrivée de la TDS...tu as raison, je commence a avoir l’habitude des arrivées difficiles.
Récupère bien et à bientôt en aout à Cham pour passer encore quelques jours de folie à vous courir après avec Elisabeth.
Commentaire de Japhy posté le 13-07-2016 à 06:19:24
MAis COMMENT fais tu pour te rappeler tout ça ? Tu as un disque dur à la place du cerveau ?
Bravo pour cette course de fou, avec ta famille tout le long, ça c'est très chouette !
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 13-07-2016 à 12:11:35
J'ai eu enfin le temps de savourer l'intégralité de ton récit... Génial.
Tu sais, je n'étais pas déçue de partir avec toi, au contraire, j'étais un peu "out" sur les bords , mais secrètement flattée de pouvoir courir un brin (courir? looool) avec toi!
Et côté blonditude, tu sais, je peux être très douée, et sans teinture...
En tout cas chapeau, j'ai été dans le dur moins longtemps que toi, je n'ose imaginer le combat avec Gollum...
Respect man!
PS: ta nana est super!
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 13-07-2016 à 12:12:26
Et j'ai oublié de confirmer: oui, elle a un organe puissant.
Commentaire de NRT421 posté le 13-07-2016 à 14:10:40
Le Letton t'étonne en tâtonnant.
2ème trou de ver du jour. Free Wheelin' et toi aurez eu la peau de ma stat de productivité du jour. Aita pea pea. Tellement agréable et instructif. Merci.
Commentaire de john_help posté le 14-07-2016 à 15:08:30
Encore un énorme bravo à toi SUPER tonton BUBULLE !
Commentaire de flyingkitty posté le 18-07-2016 à 22:05:22
Encore un super cr pour une énorme course!!!
J'adore te lire.
Bravo, bravo et bravo....
Commentaire de TomTrailRunner posté le 10-09-2016 à 16:02:06
je me suis toujours demandé si je serais capable de faire la MH....maintenant, j'ai un doute de plus ;)
Bravo golum, oups christian
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