Récit de la course : Ultra Tour du Beaufortain 2012, par coach Jack

L'auteur : coach Jack

La course : Ultra Tour du Beaufortain

Date : 21/7/2012

Lieu : Queige (Savoie)

Affichage : 1967 vues

Distance : 103km

Objectif : Terminer

6 commentaires

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Le récit

UTB 2012 : Une belle aventure… un peu trop longue à mon goût !

 


Préambule

Après une fin d’année 2011 difficile (problèmes récurrents au dos), je reprends mon activité de course à pieds (CàP) progressivement, 1 puis 2, puis 3 voire 4 sorties par semaine, la forme et les bonnes sensations reviennent rapidement.

3 gros objectifs pour cette année 2012 en vue de récolter les 7 points nécessaires pour postuler à l’inscription UTMB 2013 (Ultra Tour du Mont-Blanc, 166 kms et près de 10.000 m+) :

-      Trail de GUERLEDAN - 20 mai, 58 kms et 1 650 m + (1 point UTMB)

-      Ultra Tour du BEAUFORTAIN -  21 juillet, 103.5 kms et 6 300 m+ (3 points)

-      Endurance Trail des TEMPLIERS - 26 octobre, 106 kms et 5 100 m+ (3 points)

Mes entrainements ne dépasseront que très rarement un total de 50 kms par semaine, 3 à 4 sorties CàP auxquelles viennent s’ajouter à partir de mai des allers et retours au boulot à VTT (36 kms par jour). Je suis très, très loin de ma grosse préparation UTB 2010.

 

Entre janvier et juillet, 5 courses viennent parfaire ma préparation :

- Le trail du Vignoble Nantais (44), fin février, avec 1 nocturne le samedi 21 kms et 21.5 kms le dimanche matin.

- La course des Vignes Moine et Sanguèze (49), début mai, 19.6 kms, je suis en progrès et malgré des conditions peu favorables (pluie, terrain boueux), je réalise un chrono raisonnable de 1h35mn (43ème sur 194).

- La course nature de Bouguenais (44), mi mai, 20 kms, toujours en progrès sur un parcours exigeant, 1h35mn (102ème sur 626).

- Trail de Guerlédan (22), fin mai, 58 kms et 1 650 m+ où je termine « frais » en 7h40mn (283ème sur 676), très encourageant avant mon défi de cet été.

- Les Foulées d’Abélard (44), début juillet, 11.2 kms en 52’40’’ (44ème sur 206)

Bref, je suis rassuré sur mon état de forme même s’il est évident que ma préparation aura été insuffisante en terme de  volume (trop peu de sorties longues) et surtout peu ou pas de  travail de dénivelé.

Mi-juillet, nous partons en vacances sur Les Saisies (Savoie) en famille. Des petites randonnées et une sortie avec Fabien (Jeanolesurfer pour les kikous) vers Bisanne et la Croix de Coste (1h30) vont terminer ma préparation.

Voilà, je suis à priori prêt pour cet UTB 2012… 2 ans après avoir vécu de superbes moments sur cette même épreuve (récit UTB 2010).

 

Vendredi 20 juillet (veille de course)

Nous descendons (Val et moi) en compagnie de Fabien sur Queige afin de retirer les dossards et d’assister au briefing de François. Il est 18h, j’ai l’immense plaisir de retrouver Ludo et Karen que je n’avais pas revus depuis 2 ans ! Je croise également Sébastien Gérard (futur vainqueur de cet UTB 2012), il m’annonce qu’il va faire cette course en entraînement et qu’il s’arrêtera à mi-parcours !!! Il termine une grosse semaine de préparation (15 000 m de dénivelé !!!) en vue d’un futur raid.


Ce sera le 278 !

Fabien (Jeanolesurfer) en haut et Ludo et Karen en 1er plan lors du briefing de François !


Rien de nouveau dans le discours de François mis à part la descente du col du Bonhomme par le chemin du curé pour rejoindre le hameau de la Gittaz et la remontée par le col du même nom afin de rejoindre le pied du col de la fenêtre et le col du Joly.

Et la météo ? François résume celle–ci : « Pas beau, mais pas mauvais !!! » Bref, rien de très rassurant !

Il est près de 18h30, nous quittons Ludo et Karen en leur souhaitant une bonne nuit au camping puis nous remontons aux Saisies.

Coucher vers 23h pour tout le monde après une énième vérification de mon sac afin de m’assurer que je n’ai rien oublié.

 

Samedi 21 juillet (jour de la course)

02h00, le portable sonne, je n’ai pratiquement pas dormi de la nuit, j’en ai l’habitude les veilles de mes grosses épreuves. Réveil matinal également pour Val (ma femme), Julian (mon fils de 8 ans) et Jean (mon papa) qui vont m’accompagner tout au long de cette journée. Jeanolesurfer est fin prêt, il s’agit de son 1er Ultra, il a hâte d’en découdre lui aussi. Nous quittons Les Saisies vers 3h pour descendre sur Queige.

03h30, nous arrivons à QUEIGE au plan d’eau,  nous retrouvons Ludo qui contrairement à moi a passé une excellente nuit. Quelques photos, puis nous passons au pointage et allons nous placer en queue de peloton (pas grand monde derrière nous !), nous sommes près de 400 coureurs au départ.

Fabien au milieu et Ludo à droite

La stratégie de course est très simple, prudence au départ, il s’agit de ne pas se griller, je veux arriver « frais » à mi parcours au plan de La Lai (souvenirs de 2010 où j’étais « cramé ») afin d’envisager une 2nde partie de course dans de pas trop mauvaises conditions physiques.

Je me suis fixé 3 niveaux d’objectifs :

-      Niveau faible, TERMINER, peu importe le chrono (attention aux barrières horaires)

-      Niveau moyen, améliorer mon chrono de 2010 (22h22mn)

-      Niveau fort, 21 h même si cela va être difficile, il y a 500 m+ de plus cette année, je n’y crois guère mais sait-on jamais !!!!

Il est 04h00, le départ est proche !

04h00  François termine son discours d’avant course et c’est le départ, la météo est relativement douce (15°) et clémente, cela ne va pas durer. C’est un peu la bousculade mais rien de bien méchant, le chemin est relativement large et peu pentu, le peloton s’étire au fur et à mesure sur ce 1er km. Surprise ! Nous retrouvons Val, Ju et Jean qui sont montés en voiture jusqu’à Villarasson (1.5 kms), nous abordons ensuite les 1ères  rampes, nous sommes les uns derrière les autres et c’est parti pour 8 kms et 1 500 m +. Le rythme est tranquille, je suis en compagnie d’un gars de St Brieuc qui a la particularité de bien connaître JC (salut à toi JC), Ludo est à mes côtés, quant à Fabien, il se sent des ailes et est déjà plus loin devant. Nous doublons régulièrement des coureurs sans pour autant se mettre dans le rouge. Le jour se lève mais le plafond est très bas, nous sommes même dans le brouillard (ou les nuages), l’humidité est bien présente et plus nous montons, plus la fraicheur se fait sentir, mais cela reste supportable pour l’instant.

QUEIGE (530 m) – Col de la ROCHE POURRIE (2050m)

2h20mn de course, 9.5 km et 1 560 m +

06h20, Ludo et moi arrivons au col de la Roche Pourrie, nous sommes aux alentours de la 280ème place, nous avons repris près de 100 coureurs. Puis c’est la descente (très courte) vers l’Aulp de Tours, un monotrace très agréable où nous pouvons courir sans inquiétude. S’ensuit la montée vers le col des Lacs (2 250 m), nous traversons les premiers névés. Là-haut, le vent s’est levé, nous commençons à ressentir le froid, j’hésite à m’arrêter afin de sortir ma veste mais finalement je poursuis sans.

Ludo commence à m'attendre !

 

07h45, nous arrivons ensemble au refuge des AROLLES (1 900 m, km 17,5),  je laisse un message sur le portable de Val pour faire un 1er point, 15 mn de retard par rapport à l’horaire initialement envisagé. 10 petites minutes de pause, je remplis ma poche à eau en y ajoutant une dose de Nutraperf, mange 2 barres de céréales, quelques morceaux de banane, quelques fruits secs et boit 2 verres d’eau pétillante avant de repartir avec Ludo. Tout va bien même si les jambes ne sont pas excellentes et cela va se confirmer dans la montée vers le Lac Tournant  et celle du col des Bonnet Rouges (2 100 m) où j’ai du mal à suivre le rythme imposé par Ludo. Premiers signes de fatigue, inquiétant si tôt dans la course, et pourtant mon rythme est bien inférieur à celui de 2010 ! La météo ne s’améliore pas, tout est bouché, on n’y voit rien au-delà de 50 m et on se croirait en Bretagne avec son célèbre crachin. Je ne reconnais pas le parcours de 2010 (et pourtant c’est exactement le même), tout me parait plus long, une chose est sûre, j’ai beaucoup de mal à relancer la machine dans les parties planes ou peu pentues.

A la faveur d’un dépassement, Ludo s’éloigne irrémédiablement, je ne le reverrai pas avant le Cormet d’Arêches.

La descente vers le lac de St Guérin est toujours aussi piégeuse (racines, pierres …) et rendue encore plus difficile par la pluie. La fatigue est là, mes cuisses et fessiers me le font sentir, je ralentis donc mon rythme sur la fin de la descente. Enfin, j’aperçois le lac, cette année nous le contournons par la droite et empruntons la toute nouvelle passerelle, bien sympathique malgré le crachin et les nuages. Beaucoup de monde pour nous encourager à cet endroit et cela fait du bien, j’en ai besoin car je suis déjà en difficulté et dire qu’il me faut monter pendant 4 kms et près de 600 m+ avant de rejoindre le 2nd ravito au Cormet d’Arêches (km 31 et 2 109 m).

Que dire de cette montée, rien de difficile, mais mon rythme a sérieusement baissé, je vais bien perdre une dizaine de places. Je cogite déjà ! Pas bon, pas bon …

Je passe aux lacs des fées, je ne peux pas louper les mots d’encouragements placés derrière le pare-brise du C4 Picasso que mon équipe de suiveurs a laissé là pour monter à pieds au ravito.


Un vrai régal - Merci à Val et JU !


Une vraie épreuve pour les suiveurs : la pluie, le froid ...

Bravo à eux tous !



Fabien tient la grande forme !


Ludo n'est pas mal non plus, n'est-ce pas Karen ?


Encore un petit effort, la pente est raide avant de rejoindre une large piste 4X4 où je gambadais il y a 2 ans ! Cette année, je me contente de marcher, Julian et Mathias (fils de Ludo) m’accompagnent, un groupe de 7-8 coureurs me rejoint.


Quant à moi, c'est déjà galère ... Allez, une bonne soupe et on verra bien !

 

QUEIGE (530 m) – CORMET d’ARECHES (2 109 m)

5h35mn de course, 31 kms et 2 910 m +

 

Il est 10h35 quand j’arrive au ravitaillement du Cormet d’Arêches. Petite pause bien méritée, il fait très frais et toujours humide ! Je retrouve Ludo qui est déjà prêt à repartir, je lui dis de ne pas m’attendre car je ne suis pas en grande forme et suis donc incapable de le suivre. J’avale rapidement 2 soupes, mange quelques fruits secs, Val et Jean s’occupent de ma poche à eau. Je ne traine pas trop car j’ai froid, quelques photos et c’est reparti dans les nuages vers le col du Coin (2 398 m), prochaine difficulté (3 kms et 290 m+). Cet endroit est de toute beauté mais aujourd’hui rien à voir, tout est bouché ! Quel dommage, va falloir trouver d’autres sources de motivation pour avancer.


RDV à mi-parcours au Plan de La Lai


11h40, pointage au sommet du col du Coin, il fait vraiment très froid, je suis aux alentours de la 230ème place, petite causette avec les bénévoles toujours aussi sympas et c’est parti pour une petite descente tout en lacets sur les 1ers mètres et ensuite en faux plat descendant en monotrace nous menant au magnifique lac d’Amour. Il bruine toujours, les nuages sont encore très bas (pas de Pierra Menta en vue cette année !) et j’arrive tranquillement au pied du col à Tutu.


Le monotrace menant au Lac D'Amour


Un névé, on en verra beaucoup cette année !


Superbe accueil par l’équipe chargée du pointage, ils tiennent la forme, ce qui est loin d’être mon cas ! Cela se confirme dans la montée de « Tutu » où je suis scotché comme en 2010, il va me falloir près de 50 mn pour faire les 2 kms et 320 m+ ! Je suis en compagnie de 2 femmes (la mère et la fille) qui ont l’air bien plus frais que moi.

12h30, délivrance… le col à Tutu est atteint, je patiente 5 mn avant de prendre une corde nécessaire pour descendre un passage délicat, la femme qui me précède n’est pas très à l’aise et se fait aider par un des bénévoles. Après quelques photos, je descends à mon tour sans difficulté et je me mets enfin à courir même si le monotrace est glissant car tout en dévers.


Vue sur la Pierra Menta, cherchez  bien !


Le passage de corde sur une dizaine de mètres


A nouveau un passage de corde, puis j’alterne course et marche pour rejoindre le 3ème ravitaillement que j’atteins malgré 2 belles chutes, sans gravité, juste la main gauche égratignée, rien de bien méchant.

 

QUEIGE (530 m) – REFUGE DE PRESSET (2 514 m)

8h50mn de course, 39.5 kms et 3 660 m+

 

12h50, je suis au refuge de Presset, il fait toujours aussi frais mais le soleil tente des percées à travers les nuages qui se sont quelque peu élevés. Je m’attable sur la terrasse et avale 2 bonnes soupes, mange quelques chips, 2 morceaux de pâté en croûte, 2 barres de céréales, 1 compote et 2 nougats. Je suis rassuré au niveau de l’alimentation, les troubles digestifs que je rencontrais régulièrement sur mes ultras précédents semblent m’épargner cette fois-ci… Enfin une bonne nouvelle ! Je prends tout mon temps et apprécie ces moments en me souvenant qu’il y a 2 ans j’étais un vrai « zombi » à ce ravito ! J’y croise Denis (organisateur du GR 73) qui  ne veut pas s’attarder ici car il a froid, il compte s’arrêter plus longuement à mi-parcours au plan de la Lai.

13h05, je remercie et salue les bénévoles et repars. Je suis bien dans ma tête et les jambes ont l’air de tenir. J’attaque maintenant le col du Grand Fond, point haut de cet UTB (2 671m), c’est un immense pierrier avec des passages délicats dans de gros blocs de pierre et quelques névés. J’y double à nouveau mes 2 picardes, quelques mots échangés et je les laisse derrière moi.


Je viens de dépasser mes 2 amies picardes


J’atteins le col vers 13h30, le temps est meilleur, le soleil est plus présent mais le vent souffle toujours aussi fort en altitude et rafraichit sérieusement l’ambiance.


Col du grand Fond - vue sur Presset


Col du Grand Fond - vue sur la combe de la Neuva

Des pierres toujours des pierres, des dévers et encore quelques chutes, j’arrive à la brèche de  Parozan et sa descente vertigineuse, celle-ci se passe relativement bien et je rattrape même quelques trailers avant de chuter à nouveau, j’ai la main gauche tout en sang. Vers la fin de la descente, un immense névé en légère pente, à peine quelques mètres et je me retrouve allongé dans la neige, j’en profite pour nettoyer mes plaies à la main gauche. Je repars et adopte l’attitude d’un skieur de fond, tout se passe bien mieux. Je suis à nouveau en compagnie des 2 picardes, nous alternons course et marche sur les parties en faux plat. Le lac de Roselend est toujours aussi majestueux, j’arrive à maintenir la course en permanence, la descente est très facile, la monotrace débouche sur une large piste qui rejoint le Plan de La Lai.



Petite éclaircie et vue sur le lac de Roselend




Qualité 1ère des suiveurs : Savoir patienter !



Fabien arrive au Plan de La Lai, il est 13h50 !


Ludo vers 14h30 !


QUEIGE (530m) – PLAN DE LA LAI (1 818m)

11h15 de course, 49 kms et 3 910m+

 

Il est 15h10 lorsque j’arrive donc au Plan de la Lai, c’est à peu près la mi-course, je retrouve tous mes proches auxquels sont venus s’ajouter Joffroy (mon grand), ma maman et 2 amis de mes parents (Paul et Claude), ainsi que les familles (femmes et enfants) de Ludo et de Fabien. Toujours très agréables ces moments d’échanges, j’en profite pour me ravitailler, me changer complètement et faire un tour du côté de l’infirmerie afin de soigner mes petites plaies à la main gauche.

A mon tour, 40 mn après Ludo (1H20 après Fabien)

Respect à vous 2, je m'incline !


Quelques soins, merci à ma charmante infirmière !


Bye Bye, RDV à La Gittaz !



Et, au petit trot !


30 mn après, je repars vers le col de la Sauce et la crête des Gittes, le temps s’assombrit à nouveau et il se met à pleuvoir légèrement. J’avais anticipé en me couvrant de ma veste de pluie au précédent ravito, bien m’en a pris. Je double à nouveau mes 2 amies picardes qui se sont arrêtées pour s’équiper de leurs vestes. La montée se passe moyennement, j’ai du mal à hausser le rythme de marche, j’atteins la crête des Gittes (2 538) difficilement, l’accueil des bénévoles est toujours aussi sympathique, il est même personnalisé, une petite causette et je leur souhaite bien du courage (vent, froid) et poursuis ma progression vers ma prochaine étape, le refuge de la Croix du Bonhomme.

Je suis à nouveau dans un pierrier, pas de souvenir de celui-là il y a 2 ans ! Je suis prudent, attention à ne pas se faire d’entorse, le pierrier laisse place à une monotrace plus agréable. Le temps se dégage à nouveau, j’en profite pour photographier le lac de La Gittaz que je devine 700 m en contrebas. Au même moment je perçois des bruits de sabots, je me retourne et que vois-je ? Des bouquetins et chamois !



Au centre dans les nuages, on devine le lac de La Gittaz (700 m plus bas)


On devine les bouquetins en 2nd plan !


MAGNIFIQUE !!! J’immortalise ces fabuleux moments, j’en ai les larmes aux yeux, ça fait plus de 20 ans que je randonne et je n’avais jamais vu ces magnifiques bêtes ! Que d’émotions, ça a le don de me redonner de l’énergie et je poursuis la descente vers le col du Bonhomme et le hameau de la Gittaz par le chemin escarpé du Curé… De toute beauté !


Un gros névé peu avant le chemin du curé



Le chemin du curé ... Magnifique !


QUEIGE (530m) – HAMEAU DE LA GITTAZ (1 665m)

14h50mn de course, 61.5 kms et 4 760 m+

 

18h50, j’arrive au hameau de la Gittaz, tout va bien, les jambes répondent (pas bien vite) et surtout pas le moindre souci de crampes. L’accueil (famille, amis et bénévoles) est FORMIDABLE !!! Ça fait vraiment un bien fou !!!

Tout va bien, le moral est au beau fixe !


Paul à gauche, il vient de  faire plus de 15000 kms à tavers l'Europe de l'est ...

En camping car !


Fabien est passé 2 heures avant et Ludo est reparti il y a près d’1 heure, j’avale comme d’habitude 2 bonnes soupes, Jean s’occupe de ma poche à eau, Val immortalise tous ces moments. Je retrouve Denis qui a jeté l’éponge, il ne se sent plus la force de poursuivre, je l’encourage mais rien à faire il a déjà rendu son dossard. Beaucoup de personnes abandonneront à ce point de course ou bien seront victimes des barrières horaires. Je suis aux alentours de la 210ème place, certes je double quelques concurrents, mais mon classement progresse surtout en raison des abandons, le froid, le vent et la difficulté de l’épreuve commencent à faire des victimes. Le chemin est encore long, va falloir se serrer les coudes mais j’y crois de plus en plus, je ne suis pas fatigué et les jambes sont relativement bonnes… plus que 42 kms (un marathon !) et environ 1 600m+… YESSSSS !

19h05, je quitte le charmant hameau de la Gittaz où régnait une superbe ambiance festive pour rejoindre le col du Joly (10 kms et 800 m+).


Je repars juste derrière mes 2 copines !


La montée du col de la Gittaz n’est pas très difficile, la pente est régulière, nous sommes dans des alpages, les couleurs sont superbes et contrastées par les masses nuageuses. Je double à nouveau mes 2 amies picardes, la mère semble être dans le dûr (elles abandonneront hélas au col du Joly!). Je continue mon chemin en courant dans les parties planes ou descendantes avant de marcher à nouveau pour passer sous le col de la Fenêtre et de gambader à nouveau pour rejoindre le col du Joly où la nuit est déjà tombée. Il est 21h30 lorsque je parviens au ravitaillement. Le moral est toujours au beau fixe même si j’ai près de 2 heures de retard par rapport à mon UTB 2010 ! La nuit va être longue !!!

 

QUEIGE (530m) – COL DU JOLY (1 989m)

17h30 de course, 71.5 kms et 5 540m+

 


Grosse déception, Fabien s'arrête au Col du Joly

Il y était arrivé près de 2 heures avant moi !


Joffroy et Julian m’accompagnent sur les derniers mètres pour rejoindre le ravito et m’annoncent à ma grande surprise l’abandon de Fabien ! Quelle déception !!!  Il a été victime d’une hypoglycémie et pris de tremblements… une victime de plus, près de 170 coureurs seront contraints à l’abandon ! Val se souvient de mon abandon au Cormet de Roselend lors de ma TDS 2011 et me conseille de ne pas trop trainer sous la tente du ravito, il y fait chaud et quelques coureurs ne se sentent pas très bien, elle craint que je ne reparte pas. Mais pas d’inquiétude,  je suis bien à tous les niveaux (physique et mental) et je sais que rien ne pourra m’arrêter mis à part une grosse catastrophe. Fabien me prête gentiment sa frontale, un vrai phare de voiture, je salue tous mes proches et leur donnent RDV aux Saisies vers 1h30, Jo et Ju me suivent sur quelques mètres et font demi-tour.


Une de mes dernières soupes ... Fabien a peut-être rendu son dossard un peu trop tôt !



Jo et Ju m'accompagnent sur quelques mètres


Il est 21h45, je suis seul dans le noir, j’aperçois au loin quelques frontales mais bien trop loin pour les rejoindre. Je vais devoir courir SEUL… Dur dur !

 Vers 23h15, je passe au pointage du Véry (enfin une personne à qui parler !). C’est le début de la montée du Mont de Vorès, je suis toujours seul et il fait très froid, j’ai à nouveau les doigts gelés…

« Y en a marre de ce vent, vivement la fin, mais qu’est ce que je fais dans cette galère,  on m’y prendra plus à faire ces conneries ! »

Petit moment d’égarement dû surement à la nuit et à la solitude et je reprends mes esprits et ma course ou plutôt ma marche (je n’ai fait que marcher entre le col du Joly et Les Saisies !). Les différentes étapes s’enchainent, le Mont Clocher (j’ai froid !!!!), le col de la Lézette  (je marche seul, je marche seul, je fredonne la célèbre chanson de JJ Goldmann) et enfin la descente vers Les Saisies où mes proches et des amis patientent… Et oui, il est déjà 1h15 !


Les Saisies, il fait vraiment froid ! Mais cela n'arrête pas mes fidèles suiveurs !



Et les 1ères paroles que je lâche à mes proches :

«  Mais pourquoi je fais ce truc de malade ? Plus jamais on m’y reprendra !!! »

« Promesse  d’alcoolique ! » répondra Val…

J’ai ces mots par rapport aux moments difficiles rencontrés mais il y a tant de bons et fabuleux moments également.  Et puis, pourquoi je fais endurer ces difficultés à mes proches, ils sont debout depuis 2h du matin, ils patientent dans le froid, sous la pluie et vont devoir encore attendre  au minimum 3 heures avant de pouvoir enfin dormir ! MERCI à vous tous, je vous aime !

 

QUEIGE (530m) – LES SAISIES (1 650m)

21h15 de course, 88.5 kms et 5 845 m+

 

Je pointe au ravitaillement, je suis classé 185ème, 2 coureurs sont là emmitouflés dans des couvertures, ils n’ont pas l’air bien ! Je ne m’attarde pas,  j’avale 1 soupe bien chaude, quelques fruits secs, Val me donne mes gants car j’ai à nouveau les doigts gelés et je pars à l’assaut de la dernière difficulté : le Mont Bisanne (2kms et 350 m+). Il est 01h30 lorsque je quitte mes proches et leur donne RDV à Queige vers 04h30.


Je marche vers Bisanne ... Seul dans la nuit noire !

Tout va bien, j’ai toujours de bonnes jambes, aucune crampe à signaler, je vais mettre à peine 35 mn pour avaler Bisanne et remonter 2 coureurs qui sont scotchés à la pente.  Je retrouve là-haut Val et Jean qui sont venus apporter un énième soutien avant la longue et interminable descende vers Queige (1 500m négatif et 12 kms). Pendant ce temps, Ju, qui tient absolument à faire tout le périple, dort dans la voiture.

Mais avant cela, une dernière petite bosse vers la croix de Coste, pas bien compliquée, passage bien sympathique où comme il ya 2 ans se dresse un magnifique feu de camp, petite causette avec les bénévoles et c’est parti pour la fin de mon périple.

Je vais me faire dépasser par 2 ou 3 bolides, même pas un mot au passage ! Je vais reprendre quelques coureurs (5 ou 6), un me marque plus particulièrement, c’est au début de la descente, il dandine comme un canard ! La fin a dû être terrible pour lui. Il me signale qu’il a les cuisses et mollets en feu et qu’il est victime de crampes depuis un bon moment ! Je lui souhaite bien du courage pour cette fin de course et je poursuis ma progression en alternant course et marche de temps en temps. Mon portable sonne, c’est Val qui vient aux nouvelles, je lui signale que je ne suis plus très loin, il me reste 300 m- à faire.


ça commence à être vraiment long pour mes proches !


Enfin,  Queige est en vue, la cloche de l’église sonne juste à mon passage, il est 4h30, je cours à près de 12 km/h, je double encore 1 coureur en lui disant qu’on tient le bon bout ! Je passe sous la route d’Albertville, je longe le terrain de foot, le camping, tout est calme, pas un bruit ! La passerelle, puis je longe le Doron en sous-bois et enfin j’aperçois Julian qui m’attend avant  l’arrivée, Val et mon papa sont également là, ça se termine pour eux aussi, quelle longue journée !!!

Plus que 100 mètres !


C'est terminé pour tout le monde !

AU DODO, il est 04h37 !

Je passe sous l’arche d’arrivée artisanale avec un Julian ravi (même si Val a eu des scrupules à le forcer à se réveiller tant il dormait bien !), il est 04h37 ! Mon résultat s’affiche, 178ème (7 places de gagnées) et 24h37mn… un peu trop long à mon goût !!! Je serai finalement classé 182ème dans le même temps, mystère de l’informatique !!!

 

C’est donc terminé, je viens de boucler mon 3ème Ultra, 103.5 kms et 12 600m de dénivelé ! Que du bonheur surtout après mon échec à la TDS 2011.

MERCI à François et toute son équipe (près de 200 bénévoles)… Quelle ORGANISATION !!! Avant, pendant et après la course, ne changez rien, vivement 2013 !

Bravo à toi Ludo pour ta belle performance (22h36) et bon courage pour ton UTMB (fin Août) et peut-être à MILLAU fin octobre ? Une mention spéciale aussi à Karen qui a mis un point d’honneur à attendre mes passages malgré l’avance prise par Ludo à chaque fois. Je sais en plus que Val a apprécié cette solidarité.

Fabien, tu étais parti pour faire un truc de « Dingue », dommage que le froid et l’hypoglycémie aient eu raison de toi ! Une prochaine fois sûrement, en 2013 ?

Un très grand MERCI à tous mes proches qui m’ont accompagné durant cette épreuve, je le répète à chaque fois, sans ce soutien, je serai incapable de réaliser ces défis et de toute façon, impossible pour moi de les concevoir sans eux !!!

Merci à tous mes amis (ils se reconnaitront) qui m’ont soutenu par leurs messages d’encouragements avant et pendant la course.

Prochain défi, fin octobre du côté de Millau et son Endurance trail de 106 kms et 5 100 m+ !

A bientôt pour mes prochaines aventures !

Jack (dossard 278)

6 commentaires

Commentaire de Jean-Phi posté le 16-08-2012 à 09:39:16

Belle course et belle gestion bravo ! Bonne récup surtout avant de nouvelles péripéties. Les "promesses d'alcoolique", n'engageant jamais que celui qui les croit...

Commentaire de philkikou posté le 16-08-2012 à 15:53:50

allez au bout de ses rêves... en famille SUPER !!

dommage coté météo... pas de beaux paysages, et course plus dure (chutes, froid, humidité)

merci pour ce beau récit et les photos

Commentaire de Thity posté le 17-08-2012 à 08:26:14

Felicitations Jack pour cette performance. En effet au bout d'une préparation chaotique et une arrivée au pied de l'épreuve pas dans les meilleures dispositions, tu as su trouver et mobiliser les ressources physiques et morales pour dépasser toutes les difficultés. En vieux briscard, tu as su être à l'écoute des situations et faire les vrais bons choix pour atteindre ton Objectif. Un Grand Bravo !!!
Merci pour ce récit détaillé et riche en photo, la prochaine fois demande à quelqu'un de te prendre à côté du bouquetin
Le bébé Trailler du Néanderthal !!!

Commentaire de helmut posté le 17-08-2012 à 21:11:19

Salut Jack, je devais etre juste derriere toi pendant un bon moment car tout ce que tu marque j' avais l'impression d'y être encore...... tu as vecu un truc super avec ta famille, chapeau aussi pour eux. Moi j'ai embrassé mes 2 enfants et mon épouse sur le sentier un peu avant le ravito de Plan de la Lai, et c 'était magnifique aussi. Je finis cet ultra en 25 h 42 mn à la 213 éme place. Ce fut pour moi ma plus longue course , mais quel dommage de n' avoir pas profité des paysages. Nous sommes finnischeurs et ca le fait déjà bien !!!!!!!!!!!!!!!! olivier DIGNE LES BAINS Dossard 255

Commentaire de jano posté le 18-08-2012 à 22:02:01

bravo pour la gestion de ta course : tu étais moins bien préparé qu'il y a 2 ans mais tu es encore allé au bout, en terminant bien.
On ne se retrouvera peut-être pas l'année prochaine sur l'UTB (moi, j'y retourne) mais peut-être sur une autre course !!

Commentaire de Ludo42000 posté le 19-08-2012 à 17:30:43

toujours aussi agréable de te lire jack, je suivrai tes aventures a l'endurance trail... rdv l'année prochaine alors pour essayé de suivre fabien...;) et pourquoi pas en moins de 21h !!!

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