L'auteur : yanshkov
La course : Ultra Tour du Beaufortain
Date : 17/7/2010
Lieu : Queige (Savoie)
Affichage : 1750 vues
Distance : 103km
Objectif : Objectif majeur
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3h55 Queige lac : ça y est, j'y suis . Dans quelques minutes je vais prendre le départ de mon premier ultra (103km et 5800m+) . Depuis le début de l'année mon entraînement est orienté vers ce rendez-vous et j'ai hâte de partir sur les sentiers du Beaufortain . La nuit au camping juste à côté a été très courte mais j'ai emmagasiné du sommeil les nuits précédentes . Je suis un peu stressé , plus que lors des autres épreuves courues cette année . Je pars avec des certitudes comme celle de pouvoir être "frais" en arrivant à la mi-course . Mais comment vais-je être par la suite ?? Des douleurs vont-elles apparaître ? Est-ce que je vais pouvoir m'alimenter convenablement tout au long de la course ? Et est-ce qu'il y aura des orages ??
Dans l'aire de départ je suis au côté de David (Uliana) avec qui j'ai co-voituré et co-tenté (!!) et Vincent (Sauzon) , les potes traileurs du Beaujolais . On se souhaite bonne course au moment où le compte à rebours est déclanché . 5...4....3....2....1....c'est parti .......... enfin !!
4h02 : Sur les premières centaines de mètres c'est un peu "chaud" sur un sentier assez étroit où ça frotte beaucoup et où il faut faire attention à ne pas se prendre un coup de baton . Mais très vite on tourne à droite et hop ! c'est parti pour une très longue ascension à la queue leu leu . Je suis derrière David et Vincent, environ en 15ème position . Je ne pensais pas que les premiers allaient partir si vite et je suis vraiment étonné de voir à quelle allure les ronds lumineux des frontales s'éloignent au-dessus de moi . Mes jambes ne sont pas super, un peu "flageolantes" . Sans doute la conséquence d'un entraînement quasi nul depuis 10 jours et aussi du stress . Je ne m'inquiète pas plus que ça, la route est longue . Sur les quelques mètres de goudron moins pentus je reviens assez vite sur les gars qui me précèdent si bien que rapidement je viens me positionner en 9ème position, aux côtés de Guillaume Millet (Lafuma) .
L'ascension passe vite, bien plus qu'il y a 2 semaines lors de ma reconnaissance des 30 premiers kilomètres . Je grimpe à un peu plus de 1000m+/h et pourtant devant je ne vois plus personne . Pas grave, je me concentre sur mon effort et boit très régulièrement ma boisson Maxim Energy Mix Neutre et au bout d'une heure j'ingurgite une bonne banane ! Le jour s'est levé et il fait grand beau ! Les alpages sont franchis sans encombre et me voilà plus très loin du Col de la Roche Pourrie . Je reviens sur Pierre-Henri Jouneau non loin du sommet et nous le passons ensemble .
5h30 Col de la Roche Pourrie (2050m) : Les pointeurs installés là nous indiquent que la tête est passée il y a 8 minutes . Je trouve ça énorme !! 8 kms et déjà 8 minutes dans la vue !! Je me dis qu'il y a vraiment des motos à l'avant et que nous ne sommes pas dans la même catégorie derrière . Mais au fond je sais bien que certains vont payer ce départ trop rapide ... Après le col il y a une courte descente pas très raide vers le chalet de l'Aulpe de Tours . Il y a 2 semaines j'y avais croisé un magnifique renard . J'ai beau regardé il n'est pas là ce matin ! Nous sommes maintenant 3 coureurs ensemble car nous sommes revenus sur Jean-Claude Mathieu .
Nous traversons un pierrier en suivant toujours le balisage du GRP du Beaufortain et arrivons au bout de 2 heures au Col des Lacs après 12,5km et 1835m d'ascension .
6h Col des Lacs (2250m) : Je m'arrête quelques secondes au sommet, pour plier et ranger mes batons dans mon sac . Je connais la suite du parcours jusqu'au Lac de St Guérin et j'estime que je peux m'en passer . J'ai remarqué que j'étais plus à l'aise en descente avec les deux mains libres . J'en profite aussi pour manger une barre Overstim's protéinée au chocolat . Mes 2 compagnons prennent un peu d'avance mais je reviens tranquillement sur eux par la suite . Par contre un gars nous double comme un fou !! J'ai jamais vu quelqu'un descendre aussi vite et avec autant d'aisance . En bas de la descente alors que nous rejoignons une large piste, Pascal Bertres, puisqu'il s'agit de lui, est déjà très loin !! Mais c'est une chose de descendre à bloc, c'en est une autre d'être attentif au balisage . Et Pascal rate le petit sentier sur la gauche qui part rejoindre à travers les alpages le Col de la Bâthie (1889m) . Malgré nos appels il file tout droit sur la piste ... Heureusement pour lui la piste rejoint aussi le col mais par une belle petite rampe ! Du coup, je passe au sommet en compagnie de mes 3 vétérans . Pascal repart dans la petite descente suivante et je suis à distance . Après un kilomètre le parcours remonte à droite pour une très courte ascension, à peine 100m+, mais qu'il ne faut pas négliger . Au pied je m'arrête faire un petit pipi et je repars juste devant mes autres compagnons qui avaient été un peu distancés . Je suis assez bien dans cette grimpette , toujours autour de 1000m+/h mais sans être à fond . Les autres soufflent beaucoup plus que moi ! Au sommet, j'ai presque recollé à Pascal Bertres et c'est de quelques secondes qu'il me précède au refuge des Arolles, 17ème km et premier ravito de la journée .
6h35 Refuge des Arolles (1900m) : Je ne traîne, je remplis juste mes 2 bidons et mange une poignée de fruits secs . Je repars en discutant avec Pascal tandis que les 2 autres prennent un peu plus leur temps . Il me remercie de l'avoir appelé lors de son erreur de toute à l'heure . Puis il me distance à nouveau sur les 500m descendant vers les Combettes . Je n'essaie pas de suivre et garde ma stratégie qui consiste à être relâché le plus possible pour ne pas me fusiller les quadriceps . Je reviens sur Pascal dès les premières pentes menant au col des Bonnets Rouges . Nous marchons beaucoup sur cette partie assez escarpée mais je relance de temps en temps sur les rares parties planes . J'en profite pour faire un peu mieux connaissance avec mon compagnon de route et surtout pour en savoir plus sur sa facilité en descente . Le secret ??? Des descentes à bloc dans des pierriers !!!
Pascal Bertres (4ème de l'Ultra 6000D et du TGV 2010 entre autres ...)
Devant nous se dresse le Grand Mont (2686m) mais il n'est pas prévu d'y monter . Court moment d'escalade le long d'un ruisseau puis magnifique passage au bord du Lac Tournant avant de regrimper jusqu'au col des Bonnêts Rouges . J'ai pris quelques longueurs à Pascal qui devrait sans problème revenir dans la descente ...
7h10 Col des Bonnêts Rouges (2150m) : Des gars de l'organisation sont là pour pointer et j'en profite pour demander à l'un d'eux de prendre mon bidon plein dans le sac à dos et de l'interchanger avec le vide de ma ceinture porte-bidon .
Une traversée dans un pierrier permet à Pascal de revenir et il me passe en me disant que je le reprendrai par la suite . Alors à tout à l'heure dans le col du Coin mec !!
Je sais que je vais perdre beaucoup de temps sur lui dans la descente vers le barrage de St Guérin mais peu importe, je ne dois pas m'emballer pour le moment ! Le début est assez roulant sur les pistes de ski et les kilomètres défilent quand même bien . On emprunte ensuite un joli sentier en balcon jusqu'au chalet des Rognoux avant de s'enfoncer dans la forêt et de plonger sur le lac de St Guérin . Je suis content de moi car malgré les racines nombreuses je ne suis pas trop mal . Et le sol est beaucoup moins glissant qu'il y a 2 semaines . Enfin j'aperçois le lac à travers les sapins .
Un petit kilomètre tout plat le long de la berge permet de rejoindre le barrage où m'attend mon assistance . Je suis sûr qu'avec les jumelles Murielle a vu que j'arrivais . D'ailleurs André vient à ma rencontre et m'accompagne quelques instants .
7h45 Barrage de St Guérin (1559m) :
Je suis content de retrouver Murielle, ça fait 2 semaines qu'on ne s'est pas vu puisqu'elle bosse à Arêches tout le mois de juillet . Elle a pris son samedi pour m'encourager, si c'est pas de l'amour ça !! J'avais prévu de remplir mes bidons avec du Maxim mais on s'est mal compris avec ma mère et la bouteille n'est pas prête . André sprinte vers la voiture mais elle est garée un peu loin et je décide de me passer de cette boisson car le prochain ravito n'est pas très loin . Mon staff semble être plus gêné que moi par cette petite erreur . C'est pas grave, faut savoir parer à tout évenement imprévu . Ca fait 3h45 que je cours (28,5km et 2350m+), je suis bien et ma chérie est là et m'accompagne quelques mètres pendant que je finis de manger une barre fraise-céréales . Et après avoir tronqué ma frontale par mon bob et fait un petit bisou à ma chérie, je laisse ma p'tite famille et retrouve la solitude du coureur d'ultra !
Le parcours continue autour du lac et je cours tout le long sur un sentier toboggan très agréable . Je m'étais arrêté au barrage lors de ma reconnaissance mais je connais l'ascension jusqu'au Col du Coin pour m'y être baladé un été avec Murielle . Ce n'est pas très raide et il est possible de beaucoup courir . J'alterne marche dans les passages pentus coupant la grosse piste 4X4 et trot dès que c'est moins dur . Et surprise je vois non loin Pascal mais aussi un autre gars que je rattrape très rapidement . Il s'agit du jeune Jean-François Philippot qui ne m'a pas l'air au mieux . Je l'encourage en passant mais le distance très rapidement . Puis je recolle aux basques de Pascal . Y'a pas à dire, il descend très bien mais je suis largement au-dessus quand ça grimpe . Je reste quelques instants avec lui et je le trouve un peu marqué . Faut dire qu'il commence à faire chaud et qu'il n'y a pas d'ombre . Dans un passage plus pentu je le distance à nouveau et c'est tout seul que je rejoins la piste menant au 2ème ravito de la journée . Je passe en courant les 400m en faux plat montant et débouche au Cormet d'Arêches après 34km et 2900m+ .
8h35 Cormet d'Arèches (2109m) :
Les bénévoles sont aux petits soins et je n'ai qu'a leur demander ce que je veux pour être servi comme un prince !! Je fais le plein des bidons dont un dans lequel je mélange coca et eau . Je mange aussi quelques abricots secs et range dans mes poches filets quelques morceaux de banane pour la suite . Je reste environ 3 minutes et je suis surpris de ne voir personne revenir de l'arrière . Je repars donc en solo sur un joli petit sentier vers la Croix du Berger qui se trouve juste au-dessus . Je double quelques randonnneurs et on se souhaite une bonne journée !
Après le passage à la Croix du Berger je retrouve mes potes Manu (Odin) et Rémy (Viala) qui sont partis ce matin du St Guérin . C'est cool de les retrouver ici . Manu reste un peu avec moi et me fait le point sur les gars qui sont devant . D'après lui certains semblent être déjà dans le rouge ! Rémy après sa belle victoire non loin de là à la Frison Roche a un peu de mal à suivre ! On traverse des alpages au milieu des vaches et heureusement que Manu est là et qu'il connait le coin comme sa poche parce que la signalétique est un peu légée ici . On retrouve les points roses du balisage un peu plus loin . Une dernière grosse grimpette et je me hisse au sommet du Col du Coin (km 37) .
9h08 Col du Coin (2398m) : La vue est splendide là-haut, la Pierra Menta se dresse au milieu des montagnes . Mais je ne traîne pas et m'engage rapidement dans la courte descente en lacets . Manu reste derrière moi et m'explique un peu par où il va falloir passer . Le chemin passe au milieu d'un pierrier puis on arrive au Lac d'Amour (2248m) . Là encore c'est paradisiaque, je vous le conseille pour un pique-nique ! Perso je n'ai pas le temps de sortir le pain et le saucisson, j'ai une rude grimpée vers le col à Tutu qui m'attend ! Je prends juste quelques secondes pour tremper mon bob dans l'eau fraîche du lac . Manu me laisse au pied du col pour attendre Rémy . Mais très vite je perds le balisage et grimpe tout droit dans la pente ... J'ai beau regarder je ne vois pas de rubans blancs flotter au vent . Je me retourne et aperçois Rémy puis Manu un peu plus bas . On se crie quelques mots et je dois redescendre car le bon sentier est un peu plus bas . Merci les gars ! Je ne perds que quelques minutes mais je me rends compte qu'un coureur en rouge est en train de se rapprocher ... Les 300m+ menant au col sont raides mais je garde une bonne vitesse ascentionelle autour de 800m+/h . Le décor est très sauvage, je me régale ...
9h45 Col à Tutu (2570m) : Je me fais pointer au sommet et mes potes me laisse partir définitivement . Encore une fois le col est suivi d'une courte descente très raide et je me sers de la corde installée là . C'est pratique mais ça brûle les mains !! Je vois au loin le refuge du Presset où se tient le 3ème ravito . Il y a environ 2km de traversée au milieu des pierres pour rejoindre le refuge . Je m'y arrête quelques instants pour faire le plein des bidons et comme d'habitude on s'occupe vraiment bien de moi . Un gars m'indique du doigt par où je dois passer pour rejoindre le Col du Grand Fond, point culminant de l'épreuve . Je repars avant que mon poursuivant n'arrive . Quelques traversées de névés plus loin et je suis presque au sommet du Grand Fond . Mon poursuivant qui n'a pas dû s'arrêter très longtemps au ravito est déjà revenu sur moi et j'ai l'agréable surprise de voir qu'il s'agit de Guillaume Millet .
10h25 Col du Grand Fond (2671m) : On passe le sommet ensemble . Déjà 43km et 3800m+ dans les pattes mais je me sens encore bien . Ca tombe bien il reste encore 60 bornes !! J'engage la conversation avec Guillaume en lui disant que je suis un copain de David . "Ah c'est toi Yann, le vainqueur du Salève !" . "Euh oui c'est bien moi ! " .
On continue quelques instants sur un sentier pierreux avant de passer par la Brèche de Parozan (2660m) . Il y a un peu de brouillard mais rien d'affolant . Je plonge en tête dans l'impressionnante descente . C'est tout en dérapage contrôlé (ou non !) pendant quelques minutes avant de retrouver une pente plus douce au niveau de l'alpage de Parozan .
Le lac de Roselend apparait sur notre gauche, c'est trop beau !
Le ravito de la mi-course approche et je demande à Guillaume si il compte s'arrêter quelques minutes car j'aimerais bien y changer de maillot et de chaussures . Il me dit qu'il va juste remplir ses bidons et qu'il s'arrêtera plus longtemps au col du Joly . D'un côté j'aimerai bien prendre quelques minutes à Plan Mya mais de l'autre j'ai envie de continuer le plus longtemps possible avec Guillaume car ça ne peut qu'être bénéfique pour moi . Ce mec a fini 3 fois dans le top 10 de l'UTMB et je peux apprendre beaucoup à ses côtés .
Nous attaquons la courte remontée vers le chalet de la Petite Berge avant de plonger vers le refuge de Plan Mya où se tient le ravitaillement . André est venu à ma rencontre et me dit que tout est prêt ! Mon siège et le sac de change n'attendent que moi !
11h25 Plan Mya (1860m) : La pause dure environ 5 minutes . Je suis content de voir que Guillaume s'est assis et qu'il prend son temps . Il m'emprunte même mon tube de Nok pour les pieds . Moi tranquillement je quitte mon maillot pour un sans-manche et je change de chaussettes et de chaussures . Au pied maintenant les Salomon S-Lab car c'est roulant maintenant !! Les bénévoles mais aussi Murielle et le reste de la troupe sont surpris de me voir si frais . Apparemment les premiers sont beaucoup plus marqués . Mais on n'est qu'à mi-course et j'avais comme objectif d'y arriver frais . Pour le moment tout va donc bien .
Aurélien Brun et Chris Near au ravito
Je repars avec André qui m'accompagne jusqu'à la traversée de la route du Cormet de Roselend au refuge du Plan de la Laie . Ensuite c'est tout plat sur un large chemin mais devant se dresse le col des Sauces (2307m) . Je décide d'attendre Guillaume qui est quelques centaines de mètre derrière et j'en profite pour manger une banane . On attaque ensemble l'ascension vers le col . J'imprime le rythme, entre 700 et 800m+/h . A proximité du col, le sentier s'aplanit et je relance en courant si bien que nous atteignons assez vite le sommet . Mais ce n'est pas fini et il faut grimper à droite sur la Crête des Gîtes pendant encore bien 250m+ . Le ciel s'est un peu couvert mais pas d'orage en vue pour le moment .
12h35 Crête des Gittes (2538m) : Encore une belle ascension de faîte . Près de 4600m+ depuis le départ, ce qui veut dire qu'il ne reste que 1200m à grimper . Mais 47km quand même, va falloir courir ! On passe au refuge de la Croix du Bonhomme et empruntons en sens inverse le parcours de l'UTMB . Il y a beaucoup de monde, des randonneurs et des traileurs en pleine préparation . La descente vers le Col du Bonhomme est très technique et je ne prends aucun risque . Je reconnais au loin la petite cabane du col où l'on s'était arrêté il y a 2 ans lors de la reco du Tour du Mont-Blanc . Guillaume est quelques mètres devant moi et donne la cadence en descente .
On retrouve au passage du col l'ami Julien Woznica . C'est marrant car on le connait tout les deux et il nous accompagne tout en discutant jusqu'à Plan Jovet, au pied du col de la Fenêtre .
Le début de l'ascension n'est pas très dure et on arrive à courir par endroit mais la fin est vraiment raide pour atteindre le col après 67km et 5000m+ .
14h Col de la Fenêtre (2245m) : Nous sommes dans le brouillard au sommet et nous ne nous arrêtons pas, je décide même de garder les bâtons à la main car la descente vers le col du Joly est assez courte . Sans vraiment m'en rendre compte je prends un peu d'avance sur Guillaume dans la partie en faux plat descendant menant au col du Joly .
14h25 Col du Joly (1889m) : C'est devenu une habitude, André m'accompagne sur les denrières centaines de mètres menant au ravito . Encore une fois je surprends tout le monde avec mon visage tout frais ! Apparemment Aurélien Brun est en grosse difficultée pas loin devant . Mais je ne veux pas zapper ce ravito et je prends le temps de remplir mes bidons et de bien me restaurer . Pour la première fois depuis le départ, je prends un peu de salé, des Tucs, et je goûte la soupe de légumes juste parce que les bénévoles insistent et que je ne veux pas les fâcher !! La pause dure un peu plus de 5 minutes et Guillaume est arrivé . Je repars avec Murielle qui m'accompagne . On marche sur la piste 4X4, le temps de finir de grignotter les quelques trucs pris au ravito . En nous retournant nous constatons qu'un gars en vert n'est pas très loin derrière nous !!! Mais d'où il sort celui-là ?? C'est pas possible est tel retour !! En fait il nous faut quelques secondes pour nous rendre compte que Guillaume a changé de maillot ! Je fais un bisou à ma chérie et repart en courant . Au moment de quitter la piste pour un petit sentier en balcon, j'encourage Guillaume qui se trouve environ 200m derrière . Puis je continue sur mon rythme . La grosse descente qui suit ne me pose aucun problème, je suis vraiment contant de ne pas avoir de crampes ni de douleur au genou ou à la cheville . Je me retourne à plusieurs reprises et je ne vois plus de Guillaume derrière ... Soit il a craqué, soit je suis encore très bien ... ou alors les deux !!
En étudiant bien le road-book, j'avais vu que les 35 derniers kilomètres étaient assez roulant et mon but était d'y arriver relativement frais pour pouvoir courir et prendre du plaisir . Mais je ne pensais pas que je pouvais y être aussi bien . Je négocie sans problème les traversées d'alpages et les quelques montées bien raides sur les crêtes . La seule chose qui m'embête un peu c'est que le ciel est maintenant très menaçant et je sens l'orage pas loin . J'aime pas ça .... alors je fonce ! Et je me régale ! Ces passages où après plusieurs heures de courses il faut courir entre 10 et 12km/h sur le plat et même plus vite quand ça descend légèrement j'adore !! Les 19km entre le col du Joly et les Saisies passent en moins de 2h . Je retrouve un peu de civilisation à l'approche de l'ultime ravitaillement . Des chalets tout neufs, des traversées de routes, des télésièges, y 'a pas de doute j'arrive aux Saisies .
16h25 Les Saisies (1620m) : André m'attend juste en bas des pistes de ski et me guide dans la traversée de la station car c'est vrai que le balisage est difficilement repérable au milieu des touristes, des magasins de cartes postales et des terrasses de bistrots ! Il me dit qu'il y a un anglais vraiment pas loin et qu'il a eu beaucoup de mal à descendre les 6 ou 7 marches d'escaliers sur lesquelles j'arrive ... Pour moi aucun souci mais alors vraiment aucun ! Sachant qu'il faudra finir par 1400m de négatif, je préfère être dans mon état que dans le sien !! Au détour d'une ruelle je vois Aurélien Brun qui repart tout juste . Du coup je vais un peu plus vite pour recharger mes bidons et me ravitailler . Je sens un peu d'excitation autour de moi, de la part de mes proches et de Titi de Cap Chulemo qui est venu m'encourager .
Pascal Giguet au ravito des Saisies ...
Il reste 15km, c'est à dire plus grand chose alors c'est pas le moment de traîner . André repart avec moi et m'encourage à bloc avant de me laisser filer .
J'ai un petit moment de panique lorsqu'au pied des pistes de ski je perds toutes traces de balisage . Je demande à un couple en train de descendre par un chemin si ils ont croisé des coureurs . Ils me disent que non mais m'indiquent où se trouve le Signal de Bisanne qui est le dernier sommet de la journée . Heureusement j'aperçois un concurrent avec des batons en train d'attaquer droit dans la pente . Je coupe à travers le champs et retrouve le balisage . J'ai perdu 1 ou 2 minutes mais c'est pas grave je ne suis plus très loin de reprendre le galois Chris Near . Mais un épais brouillard m'empêche de voir quel est l'écart avec lui . Cette dernière côte droit dans le pentu n'est pas facile mais je la négocie autour de 700m+/h .
17h Signal de Bisanne (1941m) : Au sommet je recroise Titi mais aussi Antoine Guillon qui est en balade par là . Je lui demande où sont les mecs devant et il me dit qu'il doit y avoir 3' qu'Aurélien Brun est passé et 1'30" pour Chris Near . Le bougre n'a rien perdu dans la montée, bien au contraire ... Par contre Antoine me dit que je suis bien plus frais qu'eux . Sur le haut le brouillard est vraiment très épais et un bénévole me fait brièvement le topo de la suite du parcours pour que je ne me trompe pas . D'abord sur une large piste, il faut prendre ensuite à gauche un tout petit sentier qui doit un peu plus loin redéboucher sur la piste . Je trouve sans problème ce sentier mais perds au bout de quelques centaines de mètres le balisage . Heureusement j'arrive sur la piste et le brouillard est de moins en moins présent . Je continue à descendre malgré l'absence de rubalise en me disant que je devrais bien retrouver le sentier débouchant sur la piste . Effectivement plus bas me voilà à nouveau sur le "droit" chemin !!
Je rattrape très vite Chris Near . Je lui tape sur l'épaule et l'invite à prendre ma foulée mais il ne peut visiblement pas . Je redoutais cette descente après 94 km de course mais j'arrive à y prendre beaucoup de plaisir . Faut dire que ce n'est pas trop technique, au milieu de la forêt, sur un sol relativement souple où il faut quand même faire gaffe aux souches et racines . J'ai juste une légère petite gêne sur le devant du genou droit mais ça ne m'empêche pas de courir . Par contre je jette très souvent un oeil à l'altimètre parce que je trouve que l'altitude ne baisse pas très vite !! Quelques passages sur route me permettent d'allonger la foulée et je dois pas être loin des 15km/h par moment . Je commence à apercevoir la route de la vallée à travers les arbres et bientôt j'entends les paroles du speaker . La traversée du village de Queige est sympatique, on passe dans de toutes petites ruelles .
Ca y est je suis tout en bas et j'ai bien chaud !! Je me vide ce qu'il me reste d'eau sur la tête, ça fait du bien ! Passage dans le souterain qui permet d'éviter la route et je débouche sur le terrain de foot du camping . J'en fais le tour, passe devant notre campement et m'engage dans le petit single en forêt le long de la rivière . Dans quelques instants je vais en terminer avec mon premier ultra ...
18h06 Queige Lac : Il y a pas mal de monde autour de l'arche d'arrivée et les applaudissements font plaisir . Un petit bisou à Murielle et je passe la ligne en 14h06 à la 5ème place . Je retrouve Pascal Giguet en train de récupérer, il est arrivé il y a un peu plus de 10 minutes . Puis c'est Aurélien Brun qui vient me serrer la main en me disant que je l'ai obligé à se mettre bien à fond sur la fin . Venant de sa part je suis très flatté !!
On se félicite avec mes proches, on a tous fait du bon travail aujourd'hui !!
Ca mérite bien de boire une p'tite mousse tout ça ...
Les arrivées se succèdent jusqu'au petit matin et je ne ferme pas l'oeil de la nuit, la tente étant planté sur le passage du trail !!
La remise des prix à lieu dimanche midi juste avant le repas de clôture et sa polenta-diot . J'ai comme les 10 premiers du scratch droit à un superbe trophée réalisé par un artiste du coin mais aussi à un gros panier très bien garni ...
Bravo à Thierry Bochet et Stéphane Eveques Mourroux, les enfants du pays, 1er et 2ème sans contestation . Bravo à Julia Fatton pour sa victoire chez les filles . Bravo aussi à Werner Schweizer, toujours présent sur les plus belles épreuves . Bravo à tous les participants .
Merci à François Camoin et à l'ensemble de son équipe, je reste persuadé que courir 103km dans les montagnes est beaucoup plus facile que d'organiser un tel évenement !!
Merci aux photographes et à Yanic de m'avoir si vite répondu ! Merci aussi à Laurent de terratrail pour les 2 photos franchement pas râtées !
Merci à Martine, Murielle et André pour leur présence, à David pour la compagnie !
Place maintenant au second objectif de l'année du côté de Belle-Ile en mer ...
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9 commentaires
Commentaire de CROCS-MAN posté le 26-07-2010 à 22:47:00
BRAVO pour ta course et Merci pour ton récit.
Commentaire de domi81 posté le 27-07-2010 à 05:47:00
félicitations pour ta course bien accomplie et pour ton CR très bien commenté.
au plaisir... ;-)
Commentaire de mic31 posté le 27-07-2010 à 10:42:00
Bravo pour ta course et tes résultats 2010, je pense que l'on a pas fini de te voir dans les hauts des classements.
Merci pour ton long récit, je sais le temps que ça peut prendre...
Commentaire de nico2938 posté le 27-07-2010 à 22:51:00
Superbe récit! J'ai cru vivre la course de l'intérieur!
Bravo pour ta performance! C'est incroyable ce qu'on peut faire avec une bonne préparation!
Et dire que certains ont enchainé avec la 6000 D ce week end!!
Commentaire de DROP posté le 28-07-2010 à 15:20:00
Vraiment tres bien ce récit. Clair et précis.
Pfiou, 5eme pour ton 1er ultra, ça n'augure que du bon pour la suite. BRAVO
Commentaire de jepipote posté le 28-07-2010 à 18:50:00
une course et un CR magnifique. bonne récup.
Commentaire de canoecl posté le 29-07-2010 à 22:30:00
Course magnifique, commentaire trés réaliste, je croyais être avec toi...
t'as un sacré moteur....
Félicitations !l'avenir t'appartient !
Commentaire de millénium posté le 31-07-2010 à 07:44:00
toujours aussi costaud ! Respect l'ami yann
Commentaire de LtBlueb posté le 03-08-2010 à 23:41:00
chapeau yann ! la grande forme que tu tenais au Salève est en train de bien te servir sur la saison estivale ! très belle course en tout cas (qui donne envie) ! merci pour ce récit captivant !
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