Récit de la course : Ultra Tour du Beaufortain 2013, par poucet

L'auteur : poucet

La course : Ultra Tour du Beaufortain

Date : 20/7/2013

Lieu : Queige (Savoie)

Affichage : 2277 vues

Distance : 102km

Objectif : Objectif majeur

6 commentaires

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PETIT JOURNAL DU BEAUFORTAIN

Petit Journal du Beaufortain




Hauteluce, Mardi 23 Juillet , c'est les vacances. Paisiblent. Les cuisses tiraillent encore, les idées se font plus claires. Pas d'internet ici. Bientôt trois jours que j'ai passé la ligne de l'UTB, je n'ai aucune idée de mon classement, la vie continue. Mon chrono indique 22h35, bien loin de ce que j'imaginais.

Les conditions étaient pourtant idéales. Nous étions arrivés Jeudi soir Au prés du nant , un nid douillet et charmant, à deux pas du départ, accueillis chaleureusement par nos hôtes, Francine et Christian.

Mes perfs des dernières semaines et le dernier galop du WE precedent sur les 17 km du trail Crêtes et Cimes m'avait convaincu que j'étais fin prêt pour aborder en toute confiance les 103 km et 6200 D+ de l'Ultra Tour du Beaufortain. Gonflé à bloc le Poucet, pas l'ombre d'un doute à l'horizon.

Le Vendredi veille de course s'etait déroulé tranquillement dans l'ambiance “bon enfant” du Tour de France, qui passait à quelques kilométres de là. Aprés quoi nous avions fait un petit crochet au plan d'eau de Queige pour récuperer le dossard et les dernières consignes. La fin d'aprés midi avait été consacrée aux derniers préparatifs. Deux autres coureurs nous avaient rejoint Auprés du Nant, dont Karine Matt et sa petite famille. Nous avons couru quelques bouts de sentier ensemble. Karine à bien mieux géré l'affaire que moi, pour terminer à une excellente quatrième place féminine.

Suis je parti trop rapidement ??? Je pense juste avoir adopté un tempo en rapport avec l'objectif que je m'étais fixé : rentrer pour l'heure du feu d'artifice. Je m'étais retrouvé par hasard en première ligne dans le Sas. Dés le départ, sur les premiers kilomètres roulants, j'ai été débordé de tous les cotés, surpris par le rythme endiablé imprimé au départ d'une épreuve aussi exigeante. J'ai marché dés les premières rampes, comme prévu ... Jamais je n'ai eu l'impression de forcer l'allure. 

Mon objectif était il trop ambitieux ??? C'est possible ... Le Beaufortain c'est de la haute montagne, ça n'a rien à voir avec les 100 bornes roulantes de l'Aubrac, qui m'avaient si bien réussi au printemps. En y reflechissant bien, il faut bien reconnaitre que je n'ai jamais atteint mes objectifs sur les épreuves trés montagneuses ... Planté au Verbier et au Grand Raid l'an dernier, à la 6000D il y a deux ans ... Le trail “pur montain” c'est vraiment particulier. Le classement de l'UTB le prouve, il n'y a que de véritables montagnards dans le haut du classement.

Est ce que j'en ai trop fait cette année ??? Possible aussi ... Entre le vélo et la course, je suis souvent sur le pont. J'ai pourtant le sentiment d'avoir correctement géré les enchainements et la récupération. Je m'entraine peu, l'envie et toujours là ...

A aucun moment je n'ai eu de bonnes sensations. Dés le départ, dan l'ascension de la Roche Pourrie, c'était trés moyen. Avec déjà des tiraillements dans le bas du dos et l'impression d'avoir un chat dans la gorge ... Le dos, c'est mon talon d'achille. Même les p'tits tracas du quotidien vont souvent s'y incruster. Ce genre de douleurs n'auguraient rien de bon, probablement une crispation inconsciente. Pourquoi ??? J'étais pourtant heureux d'être au coeur du ballet de frontales, excité à l'idée des décors à venir et du challenge à relever, certain que les bonnes jambes allait finir par venir. Comme souvent ...



J'ai respiré à plein poumon le levé du jour magique, lorsque l'ombre envoutante des crêtes devient lumière, lorsque que la fraiche rosée vient nous lecher les chevilles ... J'ai senti également mon genou droit venir cogner une lame rocheuse affutée, dans la descente qui suit le col des Lacs .... 

Le ravito du refuge des Arolles est bienvenu. C'est l'heure du grand RV avec sa Majesté le Mont Blanc, tant attendu .... La tête à trés envie, les jambes sont toujours à la traine, mais je suis parfaitement dans mon timing. Je tape une nouvelle fois le genou dans la délicate descente sur le Lac de St Guerin. Pourquoi aujourd'hui ???

 
Il y a beaucoup de monde au passage de la passerelle, nous sommes trés encouragés. Mais pas de trace de Danièle. Je me dis qu'elle a du se rendormir et profiter du copieux petit déjeuner Au prés du nant, aprés notre départ matinal. Pas facile d'accompagner ces bargeots de trailers. 



 
Je profite de la montée vers le Cormet d'Aréches pour consulter les SMS des copains et je laisse quelques infos sur le répondeur à Bridou. Au contrôle je salue Christian, notre hôte d'Auprés du Nant. On échange quelques mots, sympa. Il m'annonce autour de la 120ème place, ce qui me conforte dans l'idée que je ne suis pas parti trop vite.

Sur la section suivante les jambes commencent déjà à se faire lourdes, on rencontres quelques zones enneigées délicates et j'ai bien du mal à passer ce sacré Col à Tutu, raidasse à souhait dans le final. Mon dos me fait souffrir partout ou la pente est trés raide, et là on est servi. On appercoit rapidement le refuge de Presset au loin, mais le temps me parait bien long pour le rejoindre ... Il était bien temps d'arriver pour regler en urgence une bien curieuse affaire de transit perturbé depuis le début de journée. Karine arrive quelques minutes plus tard et me dis que je suis tout bon pour le feu d'artifice ... Effectivement, au chrono c'est toujours pile poil, mais je sens bien que l'affaire va se compliquer ...

Le refuge du Presset est flambant neuf, le ravito est installé sur le terrasse ensoleillée et ce n'est pas l'envie qui manque de se vautrer dans une chaise longue. Un coup d'oeil sur le profil glissé à ma ceinture me redonne du baume au coeur .... On contourne le discret Lac du Presset, on grimpe le col du Grand Fond, entierement dans la neige, et ensuite c'est profil descendant jusqu'au Plan de la Lai. En realité ce sera le début de la galère. D'abord sur l'interminable traversée de névés en devers, pour rejoindre la bréche de Parozan. Puis dans le toboggan qui suit, tout schuss dans un mélange de neige, de caillasse et de boue, souvent sur les fesses !!! Heureusement on retrouve l'itinéraire classique du GR plus bas, surplombant le magnifique Lac de Roselend.







Il y a beaucoup de monde en nous sommes encouragés et applaudis ... Je retrouve Danièle au ravito du Plan de la Lai à 14h, exactement dans l'horaire prévu. Mais là, je sais que c'est foutu. Les jambes ne répondent toujours pas et le doute s'est incrusté dans mon esprit. 





Karine me suit de pret, puis Laurent Schwartz, le grand moustachu vosgien, avec qui on avait échangé quelques souvenirs d'anciens combatants sur feu le Trophée des Trails de l'Est, fidéle abonné de l'UTB qui m'avait conseillé de partir doucement ... Laurent est bien plus fringuant que moi et repars le premier. Avec l'aide efficace de Danièle, je profite de mon sac relais pour me noker les pieds, changer de chaussettes et de chaussures. Craignant les orages annoncés pour la fin d'aprés midi, je troque le coupe vent light contre la veste imperméable plus encombrante.

La montée vers le col de la Saulce est interminable, je me traine comme un zombi sur la Crêtes des Gittes. Karine me double, elle donne toujours l'impression d'une grande facilité en montée. Je sens que je touche le fond du reservoir, les pates de fruit eu autres barres magiques commencent à m'ecoeurer. La descente sur la Gittaz me donne l'illusion d'un leger mieux. Je rattrape Karine, bien moins à l'aise sur ce profil. Le passage sous les rochers creusés en surplomb du torrent me plait beaucoup ... J'y croise de nombreux randonneurs qui m'applaudissent. C'est bien là le meilleur des dopages ... On traverse les troupeaux de tarine sur le bas, c'est l'heure de la traite.



Passage de la première fille à la Gittaz ...



Laurent repart déjà lorsque j'arrive au ravito de La Gittaz . Il est bien le grand. Quant à moi, j'ai perdu pratiquement une heure sur mes temps previsionnels, et je sens que la fin du parcours va être compliqué .... J'avale machinalement une soupe, même les tucs ne me font plus envie.

 
J'espère encore sauver les meubles, mais je n'avance toujours pas dans le Col de la Gittaz. Le temps se couvre et nous sentons quelques gouttes. En haut ça tambourine un peu partout, le vent se léve et je n'en mène pas large .... Il pleut dans la descente, la température chute tout à coup. Je m'arrete pour repasser les manchettes et enfiler la veste de pluie. Il y a encore quelques passages olé olé dans la neige. La pluie cesse assez rapidement et je débâche avant d'entammer la remontée sous le col de la Fenêtre .... On apperçoit le col du Joly au loin, le profil est plutôt courable mais je n'ai plus d'essence ...







Je retrouve Danièle au ravito du col du Joly aux alentours de 20h, avec deux heures de retard sur mes prévisions. Je fonce direct dans un bouquet d'herbes hautes pour un nouveau delestage d'urgence. Bizarre ... Jamais je n'avais imaginé arrivé aussi vidé (sans jeu de mots) à cet endroit. Au contraire, j'étais persuadé de pouvoir tirer mon épingle du jeu sur la fin de parcours plus courable. Mais j'ai du me rendre à l'évidence et admettre que je n'avais même plus la force de courir sur le plat, ni même en descente. Alors je me suis accroché à la seule volonté de terminer, pour terminer ... J'aurai donc fait toute la section Joly – Saisies en marchant. Même pas vite .... Avec parfois le mental en faillite, comme dans ce foutu Mont Vorès. Les moments ou on se demande ce que l'on fout là ... "c'est trop dur, je termine ce truc et plus jamais je n'y remet les pieds ..." Et c'est ainsi que j'ai pointé au Saisies vers 11h30, avec trois heures de retard sur mes prévisions. Heureusement que Grand Mimi est allé se couché à la veille de son Tour du Mont Blanc cyclo ...

Aux Saisies je n'étais pas le seul à être un peu en vrac .... Mais là, maintenant, même à point d'heure, impossible de ne pas aller au bout. Je repartirai assez vite, aprés un bol de soupe. Bizarement je retrouverai un semblant de plaisir dans la montée de Bisane .... Je me traine toujours, mais l'air est doux, c'est la pleine lune, le ciel est superbement étoilé. J'essaie de respirer au mieux ces instants .... Un dernier delestage d'urgence au clair de lune qui me fait piquer un fou rire tout seul, avant de basculer enfin dans la descente ou je me fait violence pour lacher les freins et oublier la douleur qui tétanise mes cuisses explosées, torture mon dos en compote et lamine mes genoux usés par cette longue balade. Dix bornes de descente infernale, dans les racines glissantes, la caillasse instable, avant de sortir enfin de la forêt et de rentrer dans le village de Queige. J'ai mal partout, je suis vidé et il faut encore en remettre un peu pour rejoindre le plan d'eau et passer sous l'arche et enfin pouvoir crier fierement "Je l'ai fait" !!!!



Dimanche, aprés la remise des prix et le repas de cloture, avant de quitter la meute je suis allez serrer une louche au boss François pour lui dire tout le bien que je pensais cette magnifique épreuve qu'est l'UTB, devenu un incontournable, un reference des épreuves d'ultra. Je suis impressionné par le nombre de bénévoles rencontrés tout au long de la journée. La parcours est certes difficile, mais tellement beau ... Le balisage est impeccable, notamment sur les sections nocturnes. Les ravitos sont parfait .... Et puis surtout le Beaufortain à su conserver cette dimension humaine et conviviale qui colle parfaitement à l'esprit originel du trail. Il faut le dire .... mais pas trop fort, de peur que les louanges méritées n'attire les hordes mercantiles pour les prochaines éditions. 

J'ai été trés agréablement surpris de trouver les sentiers aussi propres à mon passage. Comme si l'ambiance de la course incitait et imspirait le respect de la monatgne. Ce n'est pas toujours le cas partout ... Je prie pour que l'organisation ne succombe pas à la fiévre inflationiste qui sévit actuellement sur la planète trail. L'UTB est beau, il se mérite et, à mon sens, se suffit à lui même.

Hauteluce, Vendredi 26 Juillet les vacances se terminent ... Une semaine de récupération en balade sur les sentiers du Beaufortain, sous un soleil généreux, en profitant des douceurs locales ... Le dos encore un peu en vrac, mais je marche normalement, c'est déjà pas si mal !!! Ce soir on fait les sacs, demain on retrouve la vie "normale" .... Internet, le forum CCK et Kikourou pour poster ce petit journal du Beaufortain, avec les photos que Danièle à prisent pendant la course.

Rendez vous fin Août pour de nouvelles aventures, du coté de Grenoble ... Avec je l'espère une santée et un mental reconstruit. Au top.





6 commentaires

Commentaire de margoulin posté le 28-07-2013 à 21:07:20

Salut, bravo pour ta course. Je découvrais l'UTB et effectivement super trail, super esprit et des bénévoles aux petits soins!

Faut resigner l'an prochaine :)

Commentaire de Jean-Phi posté le 28-07-2013 à 23:04:32

Bravo bien joué ! Cette course semble bien difficile !

Commentaire de philkikou posté le 28-07-2013 à 23:25:24

Le Poucet toujours sur la brèche !!! bravo pour avoir fini cet ultra à taille humaine.. même si les jambes n'étaient pas au top, le mental et les paysages étaient là... Bravo encore, merci pour le récit, et @+ pour de nouvelles zaventures ;-))

Commentaire de fred_1_1 posté le 31-07-2013 à 06:49:03

Bravo pour le mental. j espère que t'as gardé du jus pour l'UT4M. Bonne récup ...

Commentaire de françois camoin posté le 24-11-2013 à 22:10:30

Sympa de te lire, petit Poucet, 4 mois après cet UTB.
Bravo à toi d'être "finisher" de cet ultra dessiner pour les "montagnards".
Ne t'inquiète pas, nous tacherons de garder notre état d'esprit, d'ailleurs, en 2014 nous n'accepterons pas + de coureurs solos, seuls quelques 50 équipes de relais (à 2)majoritairement féminins viendront grossir le peloton.
François

Commentaire de poucet posté le 25-11-2013 à 22:57:15

Salut François. Je crois que l'UTB est entre de bonnes mains ... Pour l'an prochain je laisse ma place, mais je reviendrai vous voir dans le Beaufortain c'est sûr. Bon courage à toute l'équipe pour l'édition 2014.

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