L'auteur : coach Jack
La course : Ultra Tour du Beaufortain
Date : 17/7/2010
Lieu : Queige (Savoie)
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Distance : 103km
Objectif : Terminer
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Le Pallet, 01/08/2010
« MON JOUR LE PLUS LONG ! »
Depuis près de 6 mois, mon quotidien est organisé en fonction d’un objectif estival (Samedi 17 juillet 2010):
FAIRE l’UTRA TOUR DU BEAUFORTAIN (UTB), 103.5 kms et 5850 m. de dénivelé positif
et le finir (FINISHER).
Une grande première pour moi, simple coureur ordinaire depuis bientôt 10 ans et qui ne connait que les 10kms, semi, marathons (Nantes et New-York) et un trail de 58 km pour 1600m+ (GUERLEDAN).
Pour préparer ce défi, 6 mois de préparation spécifique, à raison de 3 à 4 sorties CàP hebdomadaires (60 à 100 kms), plus 1 à 2 sorties VTT (25 à 60 kms), et, quelques compétitions intermédiaires :
- Trail du vignoble Nantais (44) : Samedi 27 Févier (nocturne) 17.1 km en 1h22’41’’ (36ème sur 425) et le lendemain matin dimanche 28 Février 22 kms en 1h44’01’’ (170ème sur 502)
- Trail de CJAC (PORNIC 44) : Dimanche 11 avril, 35 kms en 3h09’14’’ (61ème sur 160)
- Course Nature de BOUGUENAIS (44) : Dimanche 16 MAI, 20 kms en 1h33’21 ‘’ (127ème sur 575)
- Trail de GUERLEDAN (22) : Dimanche 23 MAI, 58 kms en 7h26’17’’ (159ème sur 825)
- Les Foulées des bords de Loire (STE LUCE 44) : Samedi 19 JUIN, 10 kms en 39’27’’ (60ème sur 558)
- Les Coteaux de La Logne (CORCOUE sur LOGNE 44) : Dimanche 27 JUIN, 22.4 kms en 1h47’21’’ (99ème sur 362)
- Les Foulées d’Abélard (Le Pallet 44) : Dimanche 04 JUILLET, petite course en famille pour m’habituer à un rythme pépère !!! 12.2 Kms en 1h26’35’’ (193ème sur 193 !!!) mais un ENORME PLAISIR que de courir avec mes proches (Belles sœurs et Beaux frères) et surtout ma petite femme chérie (VAL) qui s’est accrochée jusqu’au bout pour terminer (RESPECT !).
Beaucoup d’incertitudes avant cet évènement quant à mes capacités par rapport à ce type de DEFI. Mes douleurs à la hanche droite (tendinite fessier) vont-elles m’ handicaper ? Mes cuisses vont-elles tenir après 40 kms (crampes) ? Vais-je pouvoir m’alimenter convenablement tout au long de la course ? Les bâtons (grande première pour moi) vais-je les adopter ? Et dernière question de rigueur depuis le briefing de François et son organisation, la météo va - t’elle être clémente (orages annoncés au petit matin) ?
Samedi 17 juillet 2010, c’est le jour J tant attendu.
et JEAN (Mon p’tit Papa)
02h15, le réveil… dur dur, je n’ai pratiquement pas dormi de la nuit, je m’y attendais un peu, pas d’inquiétude cependant, les nuits précédentes ont été reposantes. Réveil matinal également pour Val (ma p’tite femme adorée) et Jean (mon papa) qui vont m’accompagner tout au long de cette folle journée. Nous partons des SAISIES vers 03h00 pour descendre sur QUEIGE, lieu du départ de cette course. Bonne nouvelle, le ciel est clair, les étoiles brillent, cela laisse à penser que les orages devraient nous être épargnés … soulagement !
03h35, nous arrivons à QUEIGE au plan d’eau, je m’équipe, sac à dos, poche avant et road book, frontale, bâtons... Je suis fin prêt, serein... Le plus dure reste à faire, mais j’ai hâte d’en découdre avec cet Ultra. Quelques photos avec Val et Jean et puis je me dirige vers le sas de départ, j’y signe la feuille d’appel et retrouve GILDAS (ancien collègue prof d’EPS) et son pote CEDRIC.
CEDRIC – GILDAS et MOI 5 mn avant le Départ
Quelques secondes avant « la grosse détonation »
On tchatche et puis après les dernières consignes de François, c’est le décompte final 5…4…3…2…1 et une fusée d’artifice (je suis surpris par cette énorme détonation !!!) c’est parti, j’y suis, nous y sommes... Que du bonheur ! Magnifique ce départ avec toutes ces frontales et les torches qui brûlent sur les côtés pour délimiter le chemin. MAGIQUE ! J’ai une grosse pensée pour HERVE et JO, mes 2 fidèles compagnons de courses qui n’ont point voulu me suivre dans ce défi, ce n’est que partie remise, j’espère bien les persuader un jour.
« Les FAUVES sont lâchés »
Il est 04h05. Je salue au passage VAL qui filme le départ et mon Papa prenant quelques photos. Je progresse lentement mais pas tout à fait tranquillement. Il faut dire que la piste est étroite et que certains ont l’air pressé. C’est un peu la bousculade mais cela ne va pas durer bien longtemps. Nous abordons les 1ères rampes rapidement et c’est bien raide (marche obligatoire pour moi), nous sommes les uns derrière les autres et c’est parti pour 8.5 kms et 1500 m +. Progressivement je trouve mon rythme de croisière, les sensations sont bonnes, les bâtons me sont très précieux et me permettent vraiment de soulager mes cuisses. Je progresse à environ 800m/h., je marche à un bon rythme sans me mettre dans le rouge et double régulièrement des concurrents, il est vrai que je suis parti dans le dernier tiers du peloton (202 coureurs au départ).
QUEIGE – COL de la ROCHE POURRIE : 1h55mn de course, 8.5 km et 1535 m +, 15m – (pas de pause !)
Le jour commence à se lever, il fait beau, pas un nuage, à priori pas d’orage et c’est tant mieux ! La vue est magnifique sur les sommets environnants et sur la vallée d’ALBERTVILLE. 05h55, j’arrive au col de la ROCHE POURRIE, je suis 101 ème, les 1ers sont déjà passés depuis près de 30 mn ! ... Je ne gagnerai pas l’UTB 2010 !!! (Je m’en doutais un peu).
1er bilan, près de 1500 m+ de fait et je suis bien (heureusement, il ne reste plus que 94 kms !). Après le col, petite descente en monotrace sur terrain souple (bien agréable), j’arrive dans le bas de cette descente à un chalet où nous accueille un savoyard qui fait retentir sa grosse cloche, je le salue et slalome entre ses vaches (elles ne vont pas bouger !) avant d’entamer la montée vers le col des Lacs. Celle-ci n’est pas très difficile, je cours encore puis la pente se fait plus raide et naturellement je reviens en mode marche. Peu avant le sommet, 1er incident, je casse 1 de mes 2 bâtons ! Impossible de réparer, il est sectionné au niveau de la jointure en plastique, je me trouve bancale avec 1 bâton dans 1 main et 2 dans l’autre ! Je le laisserai en haut au pointage du col des lacs. Ce petit incident de course me perturbe légèrement, je m’arrête pour appeler VAL sur son portable, elle doit me rejoindre au Cormet d’Arêches et pourra donc me filer son bâton de rando. Pas de réseau, je lui laisse donc un message, j’en profite pour prendre 1 ou 2 photos et je repars, j’aperçois MAXIME devant avec qui je suis depuis le col de la ROCHE POURRIE.
MAXIME, juste avant de traverser le torrent
Nous arrivons ensemble au refuge des AROLLES (km 17) vers 07h20, je suis toujours sans nouvelle de VAL et cela m’inquiète (pourvu qu’elle ait pris son bâton de marche !). J’entends la radio annoncer les 1ers arrivant au lac ST GUERIN (km 28.5) !!! 10 bonnes minutes de pause, je remplis ma poche à eau (on me la remplit), mange des morceaux de banane, quelques fruits secs et boit 2 verres de coca avant de repartir avec MAXIME qui avait fait demi tour, il avait oublié ses bâtons au refuge !!! Ça l’apprendra, la prochaine fois il m’attendra !
Petite descente anodine, je suis derrière MAXIME lorsque tout à coup il se casse la figure, plus de peur que de mal, il me dit que tout va bien excepté le fait que lui aussi vient de plier son bâton… je lui dis « bienvenue au club ». Nous attaquons la montée vers le Lac TOURNANT et les BONNETS ROUGES, tout va bien je maintiens un rythme ascensionnel d’environ 750 m/h. Je dépasse quelques concurrents déjà éprouvés et j’entame la longue descente vers ST GUERIN sans MAXIME qui gère son effort (il a bien raison). Celle-ci n’est pas bien difficile mais piégeuse en certains endroits (pierres, racines…) et un petit moment de déconcentration et boum me voilà par terre ! Ma cheville gauche, comme d’habitude, plus de peur que de mal, je repars en boitillant et tout rentre dans l’ordre au bout de quelques minutes…OUF !
Je croise quelques randonneurs qui me signalent le lac dans 10 mn (déjà !) et effectivement j’aperçois celui-ci à travers les sapins. La descente est terminée, je longe le lac pendant environ 1 km (tout plat) avant de rejoindre 2 concurrents sur le barrage. Ils s’arrêteront pour se ravitailler après le barrage, là où les attendaient leurs proches. Il est 09h05, les 1ers sont passés depuis 1h40mn déjà !!!
QUEIGE – LAC ST GUERIN : 5h. de course, 28.5 kms, 2352 m +, 1323 m- (15 mn de pause)
Cela fait près de 5 heures que je cours, je suis bien mais le chemin est encore long. Je continue seul ma progression autour du lac tout en courant tranquillement (10 à 11 km/h). J’attaque la montée vers le Cormet d’Arêches, je double encore 2 ou 3 concurrents qui ont un coup de moins bien, les sensations sont toujours bonnes et en plus, je sais que dans quelques minutes je vais rejoindre VAL et mon Papa, ça le don de me booster. J’arrive aux Lacs des Fées, je suis en terrain connu, ballade faite en famille il y quelques années, magnifique endroit et j’aperçois sur le parking le C4 stationné, VAL et « papy Jean » sont montés à pieds au Cormet, dans quelques minutes je les verrai (quelle journée pour eux aussi !!!).
LAC des FEES … MAGIQUE !
Il est 10h10 quand je les aperçois au loin, je me remets à courir sur la large piste 4x4 en doublant 1 coureur qui à l’air très mal, je m’entretiens un instant avec lui, il m’explique qu’il souffre de 2 tendinites (tendons d’Achille droit et gauche) aïe aïe, et qu’il se fixe comme objectif d’aller jusqu’au Plan MYA (mi-course). Je lui souhaite bien du courage et le laisse seul avant de rejoindre le Cormet d’Arêches. Petite pause bien méritée, il fait frais, le temps commence à changer (nuage et vent) et les sommets se bouchent, dommage pour la beauté du paysage. J’ai la tremblote, change de tee-shirt, ajoute un autre à manches longues, grignote quelques morceaux de banane, avale 1 compote et quelques fruits secs. Quelques photos avec Val et Jean, je leur donne mes impressions sur ce début de course, elles sont bonnes mais le plus dur reste à faire !
Piste 4x4 avant d’arriver au CORMET d’ARÊCHES
CROIX du BERGER (à gauche au dessus de la tête de Val)
et COL du COIN (légèrement à droite de ma tête)
Mon Papa, 70 ans cette année … on ne dirait pas !!!
En pleine forme !
Il souhaiterait lui aussi faire le tour du Beaufortain … en 6 ou 7 jours !
Et c’est reparti… ça va aller moins bien !!!
Il est 10h25 et je repars en saluant « mon assistance » et surtout, j’ai récupéré mon nouveau bâton ! Merci VAL !!! J’alterne marche et course pour passer devant la croix du Berger et atteindre non sans mal le COL du COIN (2398m) vers 11h15, mon rythme commence à baisser, la fatigue se fait sentir (un peu normal après 37 kms).
QUEIGE – COL DU COIN : 37 kms, 07h10mn de course, 3227 m +, 1359 m – (30 mn de pause)
Une petite causette avec les contrôleurs (toujours aussi accueillants et sympathiques) et puis c’est la descente raide sur quelques lacets menant au magnifique lac d’Amour. Le ciel se dégage un peu, j’en profite pour le photographier, ainsi que la PIERRA MENTA qui se dresse devant moi…MAGNIFIQUE !
LE LAC D'AMOUR rebaptisé ... "LAC DE VALERIE"
La célèbrissime "PIERRA MENTA"
On ne dirait pas, mais ça grimpe !
Puis c’est la montée du fameux col à « TUTU » (320m + en 2 kms !), j’accuse ma 1ère défaillance, la pente est raide et le sommet toujours éloigné, plus j’avance et plus j’ai l’impression qu’il recule, je m’arrête régulièrement pour reprendre mon souffle. Le décor est sauvage, j’ai dû mal à apprécier à sa juste valeur. Puis c’est la délivrance, pointage au sommet et descente en rappel sur 50 m !!! Non, juste une corde nécessaire et indispensable pour ce passage délicat (130m - de perdu pour à peu près 300m !). Enfin course dans un pierrier avec quelques passages délicats sur des névés et j’arrive au refuge de PRESSET…EPUISE ! Je viens juste de boucler 1 marathon (loin de mes 03h03mn réalisé à NANTES !).
LE COL à TUTU, tout là-haut dans le pierrier (2 coureurs y sont déjà)
Je ne me souviens même plus de l’heure à laquelle je suis arrivé au refuge, le bonhomme n’est vraiment plus lucide et dire qu’il reste encore 61 kms (1 marathon et demi) !
Mes seuls souvenirs de PRESSET: je croise beaucoup de monde, j’y retrouve MAXIME bien plus frais que moi et dommage pour le paysage, les sommets sont complètement bouchés.
J’essaie de me refaire une santé en avalant 2 bonnes soupes de pâtes (DELICIEUX), quelques morceaux de bananes et fruits secs et mes classiques verres de coca. Il y a plein de bonnes choses (jambons, saucissons, fromage…), mais j’éprouve des difficultés à manger, cela m’inquiète pour la suite. Et en plus, je suis écœuré par ma boisson énergétique (hydrixir menthe), je vide ma poche et la remplace par de l’eau (merci au bénévole qui a fait cette opération).
15mn après, je repars... Toujours fatigué (je commence à douter), et les difficultés vont s’enchainer les unes après les autres. C’est tout d’abord la montée vers le col du GRAND FOND (2671m), sommet de cet UTB, j’avance tel un automate, mon rythme n’est plus aussi soutenu, mais j’avance tant bien que mal, des concurrents me rattrapent et me doublent sans difficulté, je ne peux pas les suivre.
Des pierres, toujours des pierres, quelques névés (ça glisse) et vers 13h00, j’atteins le sommet, continue sur un sentier très pierreux avec encore quelques passages délicats sur de grands névés avant de rejoindre cette fameuse brèche de PAROZAN (2660m). Dommage pour la beauté du paysage, c’est bouché (pas de photo), j’entame alors la descente de PAROZAN, très raide et très impressionnante, incontrôlable pour le mauvais descendeur que je suis. Puis mon portable sonne, c’est JC, coureur-blogueur de St Herblain (44) qui m’apporte son soutien et j’en ai vraiment besoin en ses moments très difficiles. La pente s’adoucit… enfin ! (je viens de me prendre 440m négatif en seulement 1,5 km !), je trottine sur un sentier monotrace plus souple et moins pierreux…SUPERBE et le temps se dégage. Petite photo sur ma gauche du LAC de ROSELEND et je repars avant de me tordre la cheville gauche pour la 2ème fois de la journée et là, cela semble plus sérieux. Je suis au plus mal, je gamberge, je commence sérieusement à douter quant à mes capacités pour rallier QUEIGE. La douleur est là, je boitille, j’avale 1 sporténine et me remets à courir et surprenant au bout de quelques minutes, là encore plus de douleur (moins de douleur), tout rentre à peu près dans l’ordre !
Le LAC de ROSELEND sur ma gauche... MAGIQUE !
J’aperçois enfin le plan MYA (51.5 kms), encore 10 mn d’efforts et je vais pouvoir souffler et recharger mes batteries. Je trottine pépère et je vois au loin toute ma petite famille réunie, Joffroy (12 ans), Julian (6 ans), Lorraine (15 ans) et ma maman qui ont rejoint mon assistance inconditionnelle du matin (VAL et JEAN). Que ça fait ENORMEMENT de bien de les voir !
Entouré par mon Papa (qui a du mal à suivre !) et mes 2 p’tits loups, JO (Joffroy) et JU (Julian, qui s’est fracturé le radius et le cubitus … le 1er jour de ses grandes vacances … 2 mois de plâtre !!!).
J’arrive ENFIN au plan MYA à la mi-course !
… Bien fatigué …
QUEIGE – PLAN MYA : 51.5 kms, 10h30 d’efforts 3907m +, 2577m – (1h15mn de pause)
Il est 14h30 lorsque j’arrive donc au Plan Mya, c’est la mi-course, je suis complètement HS (épuisé, crampes, cheville gauche douloureuse…), ce ravito de mi-course : un vrai champ de bataille où il n'est question que d'abandon parmi une bonne partie des coureurs présents. Loin de moi cette idée (quoique) mais je ne me vois vraiment pas aller au bout à cet instant là. PAUSE, elle durera près de 30 mn ! Photos, changement complet de tenue, T-shirt, short, chaussettes… je suis allongé à même le sol, et dès que je fléchis un peu les jambes, les crampes resurgissent ! Mes enfants sont à mes petits soins, Lorraine s’occupe de ma poche à eau en la vidant et en la remplaçant par une eau gazeuse, Julian me prépare un petit sachet avec des bananes, fruits secs et pâtes de fruits... Val me donne de l’Arnica et MAXIME qui est arrivé 10 bonnes minutes avant moi me propose gracieusement du sel que je m’empresse d’absorber (beurk !) avec un verre de coca. J’absorbe ensuite 2 bonnes soupes (merci à la jeune fille qui était très serviable), quelques morceaux de bananes…
Je ne vais pas tarder à repartir, mais je suis inquiet, je ne vois vraiment pas comment je vais pouvoir continuer (crampes), Val et Jean m’encouragent (heureusement qu’ils étaient là !), je leur donne quand même RDV vers 19h (j’ai encore la lucidité de faire des calculs !) au col du JOLY (si tout va bien), prochain ravito (je n’y crois guère).
PLAN MYA (l’arrivée)
J’étais au plus mal (crampes…), le doute s’est installé !!!
Mais, le soutien de ses proches, ça vous redonne une incroyable énergie !
PLAN MYA (le Départ) avec JO et JU qui vont m’accompagner 500m jusqu’au PLAN de la LAIE
BYE BYE … RDV au COL du JOLY (je l’espère !)
15h00, je salue mes proches, Jo et Ju m’accompagnent en courant jusqu’au plan de la Laie (un pur bonheur), mes jambes sont lourdes mais les crampes semblent avoir disparues. Puis, je continue seul vers mes prochaines difficultés (Col de la SAUCE et crête des GÎTES (725 m + en 3,5 km), je croise de nombreux randonneurs et toujours les mêmes mots d’encouragements (ça fait beaucoup de bien). Les sensations ne sont pas géniales, mais je monte tant bien que mal et progressivement tout s’améliore, les jambes sont meilleures, je reprends un bon rythme de montée (700m/h). INCROYABLE ! J’étais au plus mal il y a quelques instants et me voilà bien maintenant, comme au début à QUEIGE, je me permets même de doubler 3, 4 coureurs que je distance rapidement. Je m’arrête sur la crête des Gîtes pour prendre quelques photos et filmer, puis repars… en courant sur 2, 3 kms et arrive au refuge de la croix du Bonhomme sous les encouragements de quelques randonneurs et des contrôleurs (quel pied !), il est 16h40 soit 1h40 pour faire 8 kms (750m + / 180m -). Je retrouve un rythme comparable à celui du début de course.
QUEIGE – CROIX du BONHOMME : 59 kms et 12h40mn de course, 4657m +, 2757m – (1h15mn de pause)
A cet instant là, je me dis que rien ne pourra m’arrêter, le « soleil est au beau fixe » (mon moral), même si le temps s’assombrit sérieusement, on n’y voit plus à 10 mètres. Après ma traditionnelle causette avec les contrôleurs, je poursuis seul mon chemin vers le col du Bonhomme. Et puis, je m’égare dans le brouillard, je suis perdu … pas le temps de paniquer puisque je croise 2 coureurs qui me remettent sur le bon chemin et je repasse à nouveau à la croix du bonhomme !!! (j’ai bien perdu un petit quart d’heure !).
Le 1er est déjà arrivé ( à 17h10) : un peu plus de 13h pour faire le tour …
INCROYABLE ! Près de 8 km/h. de moyenne !
Je les suis donc afin de ne pas m’égarer à nouveau, nous entamons la longue descente vers JOVET. A nouveau, un coup de moins bien, les descentes, je n’aime vraiment pas. Je ne prends aucun risque et laisse donc partir mes 2 compagnons. Puis, alors que j’essayais de regarder où ils se trouvaient, badaboum ! Encore ma « foutu » cheville et une nouvelle fois pas trop de bobo et repars sans trop de mal. Je me retrouve vraiment tout seul, je crains toujours de me perdre à nouveau mais le balisage est facile à deviner. Elle est longue cette descente vers JOVET, le bas est plus roulant car moins technique, je rattrape un coureur (étonnant !) et l’invite à me suivre, il ne me répond pas, il est vraiment dans un sale état, j’insiste et il me signale qu’il va abandonner ! Je ne m’éternise pas et poursuis seul ma progression. Un autre coureur me rejoint, il s’agit de DENIS, nous discutons, puis poursuivons ensemble notre progression vers le pied du col de la FENETRE, prochaine grosse difficulté (350m + en 2 kms), j’ai du mal à le suivre mais je m’accroche à lui et entame l’ascension, raide, très raide sur la fin. Je connaissais ce col mais versant côté col du Joly (beaucoup plus facile). Le sommet est dans le brouillard, je me fixe donc à ma Suunto pour savoir où j’en suis. Je reste derrière DENIS sans difficulté (je préfère les montées) à environ 650m/h et nous atteignons le col vers 18h50, le vent est fort et il commence à tomber quelques gouttes d’eau, rien d’inquiétant pour l’instant. Nous basculons de l’autre côté, moi en tête, je connais par cœur cette portion pour l’avoir faîte en rando. avec ma p’tite famille. Je m’arrête un court instant et regarde Denis en lui signifiant que je vais m’équiper de ma tenue de pluie car je crains le pire à venir. Denis hésite, puis fait de même. Il me remerciera peu de temps après. En effet, 2 ou 3 mn plus tard, nous essuyons un grosse saucée (pluie glaciale et vent), je suis trempé et frigorifié, nous évoquons même le fait d’arrêter au col du JOLY si ce temps venait qu’à durer (ça va pas non !!!). Heureusement, cette grosse intempérie ne va durer qu’un petit quart d’heure et se calmer juste avant d’arriver au Col du JOLY (19h20), là ou VAL, JEAN, JOFFROY et JULIAN m’attendent. Toujours le même BONHEUR de les retrouver (je vous adore !)
QUEIGE – COL du JOLY : 69.5 kms et 15h15mn de course, 5101m +, 3645m – (1h35mn de pause)
COL du JOLY, il ne fait pas très beau
Denis (à gauche) repartira sans moi, il était pressé de rentrer !
Patrice (à droite), prend une soupe … et m’attendra.
Et moi, comme d’habitude … un COCA !
Bonne nouvelle, tout va bien, rien à voir avec mon moral au Plan MYA
3 coureurs sont là prêts à repartir, je m’assois, récupère un peu, la forme est là, le moral est au beau fixe (pas comme le temps, frais, humide et brumeux), c’est certain, je vais le boucler cet UTB. Pendant que VAL me masse les 2 jambes (humm mm !), arrive un groupe de 3 coureurs, PATRICE, LUDOVIC et YANNICK avec qui je terminerai cet UTB. Au même moment, DENIS (pressé) m’invite à repartir, « pas si vite Denis ! » Je lui dit de ne pas m’attendre, il me salue et repart seul. Pas de soupe, car elle est froide, je me contente de mes traditionnels morceaux de banane, mes pâtes de fruits, mes fruits secs et…mon coca. Mes compagnons de ravito tentent leur chance auprès de VAL pour un massage, sans succès. Un des 3 propose de partir en « convoi », bonne idée surtout dans le brouillard, c’est réconfortant de courir à plusieurs même si je n’ai pas d’inquiétude pour cette fin de course que je connais par cœur jusqu’à BISANNE (terrain de vacances été comme hiver). Les sentiers y sont moins raides et plus souples, dommage que tout soit bouché (pas vu le Mont-Blanc !).
Il est 19h40, plus que 34 kms ! Un peu de marche sur la large piste 4x4 jusqu’à une stèle puis nous trottinons sur un petit sentier (très souple et boueux en certaines portions), descente plus soutenue sous les aiguilles croches (que nous ne voyons point) et alternance course-marche jusqu’au Col du VERY (1h15) pour un énième pointage (je ne les compte plus). Nous attaquons avec nos frontales (on n’y voit vraiment plus rien) le Mont VORES (120m + en 1km), facile ! La visibilité est vraiment réduite, le balisage est efficace quoique un peu distant.
Puis nous arrivons au Mont Clocher où nous attendent 2 charmantes contrôleuses emmitouflées dans leur duvet (je me souviens du briefing de François et de l’acclamation des traileurs lorsqu’il avait évoqué ce point de contrôle tenu par 2 féminines !).
Puis nous redescendons vers les Jorets, le balisage se fait moins précis, mais nous apercevons au loin des points lumineux nous signalant la présence de contrôleurs ; tout va bien. Puis juste avant d’arriver à ce contrôle, j’entends une voix s’exclamer : « y-a-t’il un Jacques dans le groupe ? », je fais répéter et je reconnais Jean –Marie et sa petite famille venue me soutenir, ils campent au camping des JORETS (magnifique emplacement face au Col du Joly, MONT-BLANC et dominant la vallée d’Hauteluce et de Beaufort (le paradis !).
Surprise, Jean-Marie et sa p'tite famille vers les JORETS !
PATRICE à gauche et LUDOVIC à droite
Quelle chance, mes compagnons sont verts ! Quelques photos et nous repartons pour rejoindre le BENETON (resto d’altitude) là où Val et Jean sont montés en voiture (quelle SURPRISE !). Enfin, petite descente vers Les SAISIES (je suis chez moi, ça fait près de 12 ans que nous y venons été comme hiver) où notre dernier ravito avant l’arrivée nous attend. Il est 23h05 lorsque notre petite bande de 4 arrive au centre de la station sous les applaudissements d’une bonne vingtaine de personnes (famille et amis en vacances aux Saisies) … un pur BONHEUR, mes compagnons apprécient également. 15 à 20 mn de repos et de ravitaillement dans ma station de ski adorée et puis nous repartons vers notre dernière bosse du périple, BISANNE (320m + et 2,5 km).
Des amis venus me soutenir aux SAISIES… Un vrai PLAISIR
Ravitaillement … Toujours aussi accueillant !
La Bande des 4
YANNICK, « MOI », PATRICE et LUDOVIC … avec JULIAN (en pleine forme)
QUEIGE – Les SAISIES : 88.5 kms et 19h20mn de course, 5494m +, 4404m – (1h55mn de pause)
A peine 30mn de montée après, nous sommes au sommet de Bisanne, dans 1 brouillard épais et j’y croise à nouveau à ma grande surprise Val et Jean (décidément ces 2 là, quelle belle course, près de 185 kms !!! Un grand BRAVO et MERCI à eux 2). Il est minuit, le moral est excellent, le physique est bon, tout … va… bien ! C’est certain, sauf catastrophe, je vais boucler cet UTB, nous allons le terminer et c’est vrai que courir à plusieurs décuplent vraiment nos forces. Il nous reste environ 12 kms et 1500m négatif.
Nous entamons la descente, je reconnais la piste bleue du PLANAY mais le balisage semble plus léger et nous oublions sur notre droite un panonceau (pas de balisage réfléchissant lorsque nous y sommes passés) indiquant notre chemin. Nous poursuivons sur cette large piste, encore et toujours mais il est évident que nous faisons fausse route (plus de balisage et de rubalise). Nous décidons de rebrousser chemin et remontons cette pente raide. 20mn plus tard, nous retrouvons notre chemin avec l’aide d’un bénévole qui d’ailleurs s’excusera (nous lui en voulons point) pour le non balisage réfléchissant sur le panonceau que nous ne pouvions voir. Nous redescendons à nouveau sur un chemin étroit à faible pente avant de remonter ! Tiens, je l’avais oublié cette petite bosse vers la Croix de COSTE. Nous ne sommes plus que 3, Yannick nous a lâchement abandonné ! (devancés car pas descendu aussi bas que nous lors de l’égarement précédent, donc reparti plus vite sur le bon chemin et, il faut le reconnaître, moins lent que nous sur la fin !!!). Pointeurs et pompiers nous accueillent avec un magnifique feu de camp, puis nous repartons vers QUEIGE et cette longue, très longue, INTERMINABLE descente…je HAIS FRANCOIS et son organisation !!! (pas d’inquiétude François !). C’est vrai que nous ne sommes vraiment pas de bons descendeurs (surtout moi), mais avec PATRICE et ses problèmes de vessie, nous avons perdu pas mal de temps et lui pas mal de liquide, il doit être complètement desséché !!!
Enfin, nous entendons le DORON gronder dans la vallée, nous y sommes … Mais non, toujours pas de QUEIGE, vraiment interminable … Et puis les 1ères lumières et maisons apparaissent… C’est la délivrance. Nous courrons dans la petite ville illuminée de QUEIGE, dans ses petites ruelles, le passage sous-terrain, le terrain de FB, le camping, la passerelle sur le Doron, réalisée exprès et uniquement pour la course, puis le sous bois le long du cours d’eau et enfin l’arrivée … Que nous ne voyons même pas ! Nous nous tapons dans les mains Patrice, Ludovic et moi pour nous féliciter et franchissons ensemble cette fameuse ligne d’arrivée qu’on nous indique. VAL et JEAN sont là, il est 02h 27mn précisément. Que du bonheur, une sensation étrange… satisfait, fatigué mais l’impression de pouvoir courir indéfiniment ! Mais ça suffira pour cette 1ère expérience !!! Encore quelques photos pour immortaliser ces moments forts, puis l’on se retrouve à table pour avaler une excellente soupe et savourer les bons moments de cette folle journée.
Vraiment, mon jour le plus long !
BILAN : UTB, 103.5 kms de plaisir (pas tout le temps !),
11700m de dénivelé (je hais les descentes !),
22h22mn (dont environ 2h de pause indispensable),
202 partants, 99ème sur 136 à l’arrivée (66 abandons dont 18 hors délai).
C’est fini, il est 02h27mn, je viens de boucler
mon 1er ULTRA TRAIL (103,5 kms) !!!
MERCI à François et toute son équipe (près de 150 bénévoles)… Quelle ORGANISATION ! Mille excuses pour le lendemain, nous sommes remontés aux Saisies vers 04h00 du matin et réveillés vers 13h00, trop tard pour redescendre partager le repas et féliciter l’organisation. Mille excuses François !!! On y sera la prochaine fois !
MERCI à Maxime, Denis, Patrice, Ludovic et Yannick pour avoir partagé d’excellents moments (bon courage pour vos prochains défis, UTMB pour certains). Un petit coucou à GILDAS pour sa performance (18h30) et à CEDRIC qui est allé au bout.
LUDOVIC et PATRICE avec lesquels nous avons partagés de bons moments
depuis le COL du JOLY jusqu’à QUEIGE
Puis, un grand, grand, très grand MERCI à VAL et JEAN (plein de bisous) pour leur présence et leur soutien de tous les instants (sans eux, je ne pense pas que je serais allé au bout) et évidemment à mes 3 enfants (Julian, Joffroy et Lorraine) et ma maman qui m’ont donné ce petit plus au Plan MYA me permettant de boucler cette magnifique épreuve qu’est l’UTB !
Enfin MERCI à tous les randonneurs qui m’ont encouragé tout au long de ce raid et à mes AMIS (Hervé, Joël, JC, Loïc (le rameur), Manu, Yann et Laurence, Thierry et Betty, Chantal et Loïc, Christine et Renan, Claudie et Philippe, Benoît, Vincent …) qui m’ont apporté leur soutien avant et pendant la course (messages, téléphones…). Désolé pour tous ceux que je n’ai pas cités !
Maintenant place au repos et à la récupération avant de repartir vers de nouveaux défis, CCC ? UTMB ? Diagonale des fous ? ... UTB, c’est certain, j’y reviendrai, peut-être dès l’année prochaine !
Encore MERCI à tous et au plaisir de se revoir.
Jacques, dossard 96 (Loire-Atlantique)
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11 commentaires
Commentaire de DROP posté le 07-08-2010 à 10:07:00
Merci pour ce récit. ça me laisse reveur! Un jour peut etre
Commentaire de fondjede posté le 07-08-2010 à 13:13:00
Jack, j'ai du mal à t'imaginer sans un sourire solidement acroché aux lèvres... même dans les moments les plus difficiles.
Un long défi, un long récit... ça fait peur et ça donne envie....
On aura bien l'occasion d'en reparler lors d'une prochaine course sur les routes de Loire-Atlantique.
@+
Jean-Claude
Commentaire de Mustang posté le 08-08-2010 à 09:47:00
récit passionnant , il y a de quoi être fier d'avoir terminé ce trail où les difficultés, le doute mais aussi la volonté d'aller jusqu'au bout, le soutien de la famille ( le regard de tes enfants!!!) et des amis t'ont accompagné tout au long de ton périple!
Commentaire de françois camoin posté le 08-08-2010 à 23:10:00
Bravo Jacques pour ta belle course, ton moral revenu après Plan Mya, pour ton premier Ultra!
Bravo également pour ton récit très agréable à lire, il me permet de mieux comprendre et imaginer cette épreuve que j'imagine extrèmement belle...et difficile!
François. (celui que tu hais, lors de la descente à Queige)
Commentaire de Eponyme posté le 09-08-2010 à 09:25:00
Super ton CR, et quelle belle expérience... ca laisse rêveur... Moi aussi, un jour... ;)
Commentaire de CROCS-MAN posté le 09-08-2010 à 13:55:00
"TOUS derrière et lui devant", génial tout ce soutien de tes amis et surtout de ta famille.
BRAVO et merci pour ton récit.
Commentaire de helmut posté le 09-08-2010 à 21:35:00
Super , génial , ton récit donne vraiment envie de venir sur cet UTB. Moi je viens de finir le TGV , c'est un peu moins long avec des paysages splendides. Un jour surement je ferai parti de cette grande aventure UTB. Partir de nuit et rentrer de nuit, ce doit être un grand moment de souffrance. Chapeau à toi... OLIVIER B. DIGNE LES BAINS
Commentaire de helmut posté le 09-08-2010 à 21:38:00
... en plus quelle belle présentation, ça donne vraiment envie de passer du temps sur ton récit...OLIVIER
Commentaire de Clemafran posté le 10-08-2010 à 16:42:00
Fantastiquement impressionnant....et ton récit va combler mes rêves sportifs les plus fous
BRAVO
Commentaire de gilou01 posté le 14-08-2010 à 07:54:00
bravo pour ta course et super recit
bonne recup
Commentaire de paspeur posté le 16-08-2010 à 17:36:00
Salut
La prochaine foi, regarde bien sur ma tête, c'est écrit en gros KIKOUROU.
Le bas du col du Bonhomme, le col de la fenètre, le col du joly ensemble, tu avais le temps de lire.
A bientôt et bravo pour ton récit.
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