L'auteur : Sprolls
La course : Grand Raid 73
Date : 21/5/2011
Lieu : Cruet (Savoie)
Affichage : 2132 vues
Distance : 73km
Objectif : Pas d'objectif
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Récit sur mon blog: http://benjiscrazy.over-blog.com/article-grand-raid-73-dans-la-douleur-75014761.html
et ci-dessous (merci à martinev et Guillaume Bernard pour les photos que je me suis permis d'emprunter):
J'avais programmé très tôt dans l’année de participer au Grand Raid 73, comme dernière course de préparation avant le Tour de l’Oisans et des Ecrins en raison notamment du dénivelé proposé et des ascensions nombreuses et relativement longues pour une course à cette saison où la neige limite l’altitude atteignable. Je n’ai pas été déçu !! Avec 73km et plus de 5000m de D+ et près de 11h de course, j’en ai pris plein les cuisses et les genoux, voire un peu trop…
Départ vendredi de Paris pour Chambéry. Une fois le dossard récupéré (dossard 13 : est-ce que ça va me porter chance ou l’inverse ?), je me fais un petit road trip dans les Bauges pour passer à différents points de passage de la course et profiter, voire m’imprégner, de l’environnement et des paysages de ce coin de Préalpes.
L'arche d'arrivée et de départ est déjà prête à Cruet. ça me rappelle la semaine dernière cette arche...
Les vignes savoyardes et les remparts de la Roche du Guet par lesquels nous engagerons les hostilités demain
Le Lac de la Thuile, 1er ravito de la course après 20km. On le longera de l'autre côté
Un point de vue sur le Vieux Colombier au fond, point culminant du parcours après 50km de course
Après une bonne assiette de pâtes au saumon, je prépare le sac à dos (celui que j’utiliserai au TOE) qui ne sera pas trop rempli vu les conditions météos favorables et la température élevée (veste imperméable, lampe frontale, casquette, camel-back de 2L, recharge de produit énergétique et barres diverses, le portable pour twitter , etc…). Je prévois aussi d’emporter les bâtons, pour la première fois sur un trail. Au lit à 21h30 car le réveil sonnera à 3h30 pour un départ est à 5h00 de Cruet !
Après une nuit moyenne, je me rends au départ où je retrouve avec plaisir Emilie et Franck, pas vus depuis le Grand Raid 2009 et un départ de Raid 28 en 2010 je crois, qui sont maintenant des locaux ! On papote un peu puis c’est l’heure de se lancer sous les feux de Bengale dans la nuit à travers le vignoble savoyard. La météo est favorable mais un risque d’orages en fin de journée est annoncé, il faudra rentrer avant !
Je pars tranquillement dans l’avant du « peloton » de près de 300 coureurs puis, alors qu’on attaque une courte côte à travers vignes, les coureurs devant annoncent que ce n’est pas le bon chemin. J’ai de la chance je suis juste au-dessus du bon sentier et je passe en tête pendant 200m grâce à cette erreur d’aiguillage ! Ça valait le coup de partir tranquille
Assez vite, on attaque la 1ère ascension où la pente s’accentue progressivement, je continue à perdre quelques places pour reprendre la mienne. Quelqu’un devant fait tomber un paquet de grosses caillasses sur les lacets en dessous ! Dangereux !! Pas encore compris comment la chutes de ces blocs avaient pu être déclenchés mais ça crée un petit coup de stress !
On finit par rejoindre la crête de la Roche du Guet et ses lapiaz et la vue sur la Chaine de Belledone de dégage dans l’aube naissante… et oui l’heure est à la contemplation poétique et je commence à sortir le portable pour quelques photos et news.
L'aube sur Belledone
Le parcours se poursuit en montées/descentes sur la crête jusqu’au Montgelas où c’est la Chartreuse et le Granier que l’on peut désormais contempler:
Passage au sommet du Montgelas:
Une superbe section du tracé, technique et spectaculaire, tout ce que je peux attendre d’un trail ! Retour ensuite après quelques montées/descentes toujours raides ou presque sur des ultra-singles visiblement débroussaillés par les organisateurs jusqu’au lac de Thuile où se situe le 1er ravito. Une première alerte orientation sur une intersection un peu avant le ravito où je commence à m’aventurer dans un champ pour tout de suite faire demi-tour…
J’arrive au ravito après 2h30 environ, ce qui correspond pile poil à mon tableau de marche qui vise 10h. 3 minutes d’arrêt, le temps de passer le coucou à Franck qui attend Emilie, de manger quelques bouts de tomme de Savoie pour profiter de mon passage dans le coin et un peu de saucisson en plus des plus classiques oranges/bananes et enfin de remplir le camel-back avec la recharge de produit énergétique. Je repars 10e juste derrière 2 coureurs, autant dire que je suis extrêmement bien placé et commence à me dire que je peux faire un gros coup sur cette course car les sensations sont pour l’instant excellentes !
Le Lac de la Thuile, vu de la course cette fois
Mais très vite, le sourire va faire place à la grimace… Après avoir longé le joli lac, je prends la petite montée qui suit un peu derrière les 2 autres mais mon camel-back est bouché par de la poudre énergétique non dissous. Je tripatouille mon sac et le camel pour le déboucher en continuant à marcher… En arrivant en haut de la côte, je ne vois pas les 2 coureurs ni de trace de balisage à l’intersection. Je me suis à nouveau planté mais j’ai un peu de scrupule à redescendre la côte. Je pense me rappeler l’itinéraire (étudié avant la course) et rejoindre le bon chemin en longeant le plateau… Et là c’est le drame : un orienteur sans carte c’est comme le sel sans le poivre, ilm manque quelquechose ! C’est un fiasco, je me retrouve à errer dans de petits champs, je me prends un barbelé et m’écorche les genoux et finis par redescendre à travers de la forêt dense et agressive vers le lac. Je rejoins mon chemin de tout à l’heure et trouve plus bas la bifurcation parfaitement balisée que j’ai manquée plus tôt. Bilan : 19 minutes de perdues, un peu plus de 2km et 100m de dénivelée positif pour profiter un maximum de la région.
J’ai les boules, je me retrouve autour de la 30e place, j’ai les genoux en sang… Je relativise malgré tout en me disant que je suis là avant tout pour me préparer au Tour de l’Oisans et des Ecrins, pas pour faire une place. Je rejoins Emilie sur la partie roulante en haut du plateau qui m’encourage au récit de ma mésaventure. De son côté, elle est en tête, pas de surprise ! Sans doute un peu énervé malgré tout par mon égarement de tout à l’heure, je force l’allure et continue à rattraper quelques coureurs. Une montée très raide se présente après le col du Marocaz. Je commence à marque un peu le pas mais je rattrape toujours quelques coureurs. Une courte descente puis on enchaîne sur la montée vers la Pointe de la Galoppaz.
Belledonne à nouveau, depuis au-dessus du col du Marocaz
Le début n’est pas trop raide mais en arrivant sur les Crêtes, la pente s'accentue franchement et un coureur rattrapé dans la descente précédente me dépose. Clairement je suis dans le dur ! Départ finalement trop rapide ? Un réconfort, une nouvelle fois la vue est splendide ! Un point sur le chrono en haut : j’ai décroché par rapport à mes temps prévus pour 10h sur cette montée (en décomptant les 19 minutes perdues bien sûr) et décide d’oublier pour de bon le chrono pour aujourd’hui.
Répérage du plateau du Revard pour le O'Festival et les championnats de France de CO à venir cet été
La descente est ultra raide sur le début, droit dans la pente herbeuse puis on rejoint un sentier en forêt. Effet de la fatigue ou embrouille avec les bâtons, je me gamelle méchamment sur une section de chemin rocheux et m’écorche en beauté le côté et le genou droit, avec en prime une crampe au mollet pour avoir essayé de me rattraper après avoir trébuché. Je douille bien sur le coup ! Je repars à tout petit rythme, mal partout et moral à zéro, en laissant filer les coureurs avec qui je me trouvais… 2 gamelles en 2 trails, les genoux qui morflent, je suis un peu maudit cette année, au point de me demander si je suis fait pour le trail finalement… Des pensées noires qui illustrent mon état d’esprit à ce moment-là. Je rejoins le point d’eau à petite foulée comme le remarque Franck qui se trouve là et qui me chambre gentiment sur mon train de sénateur !
La montée suivante, à nouveau raide comme la mort, se passe péniblement mais je rejoins malgré tout un coureur qui a subi un gros coup de moins bien. On descend à 3 après que j’ai encore ( !) manqué un balisage sur une intersection. Heureusement la parano s’est emparée de moi et je passe mon temps à m’arrêter dès que je ne vois plus de balisage après 20m, ce qui me permet de corriger vite le tir. Je les suis péniblement dans la descente en m’appuyant beaucoup sur les bâtons pour soulager les genoux douloureux.
Vue sur le Vieux Colombier et les crêtes qui suivront au début de la descente
Ça va mieux sur le plat dans le fond de vallée où je papote un peu avec le traileur rattrapé à la montée précédente pour rejoindre les Aillons et le 2ème ravito.
Arrivée aux Aillons, la masse du Vieux Colombier (et encore pas jusqu'en haut) devant nous
J’avais passé mon tour pour me désinfecter au point d’eau mais cette fois je prends le temps de m’arrêter pour me faire nettoyer et désinfecter mes genoux écorchés, tout en me ravitaillant pour le plat de résistance de la course : les 1100m de montée vers le Vieux Colombier à 2045m. Je suis alors en 20e position environ.
La montée débute après 2km de plat. Je suis tout seul dans cette portion très sauvage sur un nouvel «ultra-single» en dévers dans la forêt. Ça grimpe de plus en plus et doucement je rejoins mes compagnons de la descente précédente partis avant moi du ravito.
Une fois le sentier principal rejoint, on croise quelques randonneurs
Objectif en vue, mais on est pas encore arrivés !!
Acte manqué, j'en photographie de dépit mon pied
On rejoint lentement les alpages puis le col de la Cochette où l’on croise un coureur qui redescend déjà ! Mais avant de faire de même il nous manque la partie la plus raide sur la crête rocheuse.
La montée finale, photo Guillaume Bernard
Le soleil est caché sous quelques nuages qui ont fait leur apparition, ce qui n’est pas pour me déplaire. Un pas devant l’autre, pas bien vite, mais je finis par rejoindre le sommet où on m’annonce 17e. Martinev qui s'y trouve postés avec quelques autres signaleurs devait nous y monter un ravito spécial kikourou à base de houblon fermenté mais les bulles et la pression en ont voulu autrement... Le coup de grâce !!
Mon arrivée au sommet (merci qd même martinev ), tête basse (mais c'est pas facile de twitter avec des bâtons !)
Le temps de prendre quelques photos en haut et j’attaque péniblement une descente raide et technique qui va mettre mes genoux à mal.
A vrai dire, chose rare, je ne prends aucun plaisir sur cette descente et je rejoins péniblement le col de la Cochette pour basculer sur l’autre versant.
Début du single-track à flanc dans la suite de la descente, photo Guillaume Bernard
Suit une jolie portion à flanc jusqu’aux chalets de Fulie où j’y vais toujours mollo mollo.
Vue sur la Dent d'Arcluses, qui me rappellent quelques souvenirs de wek-ends "changement d'heure"
L'arrivée sur les chalets de la Fullie avec le Vieux Colombier en arrière plan
On retrouve aux chalets des bénévoles qui continuent à nous encourager et propose de remplir les camels à un pont d’eau. J’hésite (voir le roman photo ci-dessous) mais j’ai encore de quoi tenir jusqu’au ravito suivant, peut-être un signe que je n’ai pas assez bu sur cette portion ?
Le coureur: "Salut à tous, contents de vous voir". Les bénévoles: "Il y a un point d'eau à gauche"
Le dilemme du coureur: "Pff j'ai chaud mais il me reste de l'eau mais il y a encore 5-6km et de la montée avant le ravito...". ça parait insoluble !
(merci à Guillaume Bernard pour les photos )
La suite se passe sur les crêtes. J’alterne marche et course en parvenant à relancer un peu quand le sentier est plat ou en légère descente, ce qui ne met pas les genoux à contribution. Une montée au soleil nous amène au Mont Pelat, dernier ravito, où je retrouve à nouveau Franck qui m’annonce 14e, comme quoi malgré mon train pas très vif, je remonte quand même au classement : la course a fait du dégât sur les organismes ! Frites, saucisses, cuisses de poulet sont proposés ! Mais j’en reste au fromage, bananes et oranges et repars vite, les poches pleines, en dépassant 2 coureurs sur le coup. Il ne reste plus qu’une dernière montée de 300m de D+ vers le Mont Charvet puis une longue descente pentue que je redoute pour mes genoux.
Est-ce l’imminence de l’arrivée qui me redonne des forces mais j’ai l’impression de bien avancer sur cette dernière montée pas trop raide qui passe très bien et où je distance un peu mes poursuivants, consolidant la 12e place. Même cette fameuse descente dans les bois n’est pas aussi pénible que je m’y attendais. Peu technique, souple mais très raide, ce sont surtout les cuisses qui travaillent et les miennes sont encore en bon état. Les genoux sont nettement moins douloureux que sur les descentes précédentes et celle-ci passe vite. On rejoint le dernier ravito de Montlambert où je me contente d’un quartier d’orange.
L’arrivée est toute proche mais la chaleur est écrasante ici en vallée. Pas mal de relances sont nécessaires et je commence à avoir vraiment hâte d’en finir ! Quelques petites montées obligent à marcher mais finalement je rejoins l’arrivée en 10h51 avec soulagement et la satisfaction d’une belle 12e place, surtout compte tenu du déroulement de la course. L’arrivée sur pelouse est particulièrement sympathique pour rester vautré par terre !
Le Mont Charvet et la dernière descente depuis l'arrivée
Emilie arrive une demi-heure plus tard, remportant la course chez les féminines. Je profite de l’arrivée avec douche, massage des jambes, repas. Je fais soigner mes écorchures et applaudissant aux arrivées successives, alors qu’on nous annonce la pluie, voire la grêle sur les crêtes ! Un petit coucou à Oufti et à la Souris que j’avais croisés récemment déjà sur l’ultra-montée du Salève puis je me retourne doucement vers Chambéry et mon train de nuit que j’ai eu bien du mal à attendre sans sombrer dans le sommeil !
Très belle course en tout cas que ce GR73 : une organisation sympa et conviviale avec tout ce qu’il faut, un parcours vraiment dur, des montées et descentes d’une raideur terrible et des mini singles que l’organisation dégote je ne sais pas comment car visiblement ils sont très loin des sentiers battus ! Et bien sûr des passages en crêtes magnifiques avec pour se délecter des panoramas sur toute la Savoie et le massif des Bauges comme vous avez pu le voir malgré la qualité bof bof de mes photos ! Mais attention, ces chemins peuvent piquer
Le profil mesuré au GPS:
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4 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 29-05-2011 à 17:06:00
Bravo à toi, tu as fait une super course. Que dire... 12° en perdant 19mn de temps, ouah !!! Je savais bien à l'UMS que tu tapais fort, mais là, je suis épaté !
Bravo ! AU TOE, il faudra compter avec toi ;)
JP
Commentaire de sonicronan posté le 29-05-2011 à 21:06:00
Des déboires, ... mais une superbe fin !
On voit que tu t'es éclaté ;-)
Bravo pour ta perf !
Commentaire de lulu posté le 29-05-2011 à 22:46:00
Ma foie, une belle course....pour un pro de la topo !?
Féloche..
lol
Commentaire de oufti posté le 08-06-2011 à 15:40:00
Bravo pour ta course et content de t'avoir revu !!!
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