Récit de la course : Marathon des Alpes Maritimes Nice - Cannes 2008, par Pastrice

L'auteur : Pastrice

La course : Marathon des Alpes Maritimes Nice - Cannes

Date : 9/11/2008

Lieu : Nice (Alpes-Maritimes)

Affichage : 1570 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

Partager :

80 autres récits :

Inoubliable !

Marathon des Alpes Maritimes Nice-Cannes

Dimanche 9 novembre 2008

Inoubliable !

Samedi 8 novembre, la journée a été longue et nous arrivons à Nice vers 16h30. Après l’agréable sensation de douceur (aux alentours de 19 °c !) une désagréable sensation de tourner en rond pour trouver une place de parking. L’appartement où nous logeons est idéalement placé : 800 m du départ et 300 m de la gare. La SNCF est partenaire du marathon et elle a prévu des « pass » qui permettent aux accompagnateurs de rejoindre différents endroits du parcours entre Nice et Cannes.

Les quelques centaines de mètres pour rejoindre le village marathon permettent de dérouiller les jambes. Les rues sont noires de monde et les terrasses des cafés sont pleines. Il règne un parfum de vacances… Place Masséna, le village marathon est entièrement couvert. A l’entrée une énorme file d’attente serpente sur plusieurs dizaines de mètres. Il va falloir prendre son mal en patience ! Heureusement un bénévole aperçoit mon bon de retrait de dossard et me dit de doubler tout le monde en passant par un autre couloir. A l’intérieur la file d’attente est encore plus longue. Il s’agit en fait des personnes qui n’avaient pas renvoyé la photocopie de leur nouvelle licence ou certificat médical. Maintenant tout va vite. Vérification de la carte d’identité, récupération du dossard avec la puce, récupération du lot souvenir, vérification de la puce, et enfin passage obligé au milieu des nombreux stands publicitaires pour rejoindre la sortie. Dehors le groupe des meneurs d’allure s’est regroupé pour récupérer leurs drapeaux. Ils sont tous du club Endurance 72, je reconnais Mohamed Serbouti qui emmènera le groupe des 3h00 (je ne le reverrai donc pas !).

Retour à l’appartement. Je prépare tout pour demain matin : le dossard, la puce, la pommade anti-irritation, les tubes de gel énergétique… Nous allumons la télé, Yohann Diniz est invité sur le plateau du journal de France 3. Dommage, c’est la fin des infos, nous avons loupé le reportage sur le marathon.

Après une très bonne nuit de sommeil je me réveille à 4h30. Je sens que je n’arriverai pas à me rendormir alors je me lève. Mon petit déjeuner est copieux sans être trop chargé. Il me reste des pâtes de la veille, je prends aussi un café et quelques tartines de pain. J’aurai le temps de digérer, le départ est dans quatre heures. Pour patienter, je jette un œil sur le programme distribué hier avec le dossard. Je le lis de long en large, en revérifiant les horaires, les points de ravitaillement et d’éponges etc… Il y a aussi des conseils d’avant course et d’après course, la présentation de toutes les villes traversées et différents articles. J’apprends notamment la participation de Dominique Chauvelier, Philippe Rémond (une semaine après avoir couru à New York en 2h32), Stéphane Diagana, Richard Dacoury, Yohann Diniz (sur le relais) et bien sûr tous les favoris africains. Le député maire de Nice, Christian Estrosi prendra aussi le départ.

L’organisation a prévu un service d’acheminement de sacs de consignes nous permettant d’avoir des affaires de rechange à l’arrivée. Je décide d’aller déposer mon sac dès l’ouverture à 7h00. Le soleil commence à se lever, les rues sont calmes. Sur la Promenade des Anglais je découvre la ligne de départ. Deux grandes arches gonflables sont dressées et des barrières clôturent les deux côtés de l’avenue. A l’opposé de la ligne de départ des bénévoles installent des grands cartons dans lesquels nous devons déposer nos sacs en fonction de notre numéro de dossard. Il fait un peu frais, il n’y a pas de nuages, pas trop de vent non plus. Je reste quelques instants pour contempler la mer et la Baie des Anges. Les coureurs commencent à affluer, la plupart enveloppés dans des sacs poubelles pour ne pas se refroidir en attendant le départ. Il est temps de repartir à l’appartement pour se mettre en tenue. Il y a déjà plus de monde dans les rues, des cars commencent à arriver, et sur l’avenue Jean Médecin qui remonte jusqu’à la gare je croise une marée humaine. La pression monte !!

Laurence est levée quand je reviens à l’appartement. Elle vérifie elle aussi son road-book. Elle n’assistera pas au départ, elle préfère prendre le premier train pour éviter la foule, elle a prévu de rejoindre Antibes (vers le 22e km). 8h15, j’enfile mon sac poubelle avec un peu de mal (je n’avais pas plus grand).

 

 Les 800 mètres pour rejoindre la ligne de départ me servent d’échauffement en petites foulées. Plus je m’approche, plus les rues se remplissent et plus j’entends la voix du speaker et la musique. La promenade des anglais que j’avais quittée tout à l’heure quasiment déserte ressemble maintenant à une fourmilière. Le départ est dans 20mn et les sas ne sont pas remplis, beaucoup de coureurs s’échauffent sur le trottoir côté mer. Tiens ! J’en reconnais un ! Dominique Chauvelier trottine parmi les anonymes.

J’entre dans le sas jaune, celui des 3h15, mon objectif étant de mettre moins de 3h20. Un bruit assourdissant jaillit soudain au-dessus de nos têtes. Un hélicoptère stagne à basse altitude, il transporte des journalistes qui filment et prennent des photos. Au même moment on se retrouve sous une grande banderole demandant l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en 2018 par la ville de Nice. Le peloton est séparé en deux, de chaque côté de l’avenue. Je choisis le côté droit où il y a moins de monde car c’est le côté extérieur de la grande courbe de la Promenade des Anglais. Je parviendrai bien à passer de l’autre côté après le départ. Une barrière nous sépare du sas des 3h00. Je cherche Philippe (Caliméro) de l’autre côté, mais en vain. On se verra peut-être à Cannes !

Plus que 10 mn, les bénévoles enlèvent les barrières qui séparent les sas, la foule se tasse pour être au plus près de la ligne. Je me retrouve avec surprise à quelques mètres de l’arche de départ. Mon temps réel correspondra donc à quelques secondes près au temps officiel.

Le speaker annonce 5 mn avant le départ. Il est de plus en plus euphorique, il semble que le son de la musique est plus fort. Heureusement que je n’ai pas de cardio, je ne préfère pas compter mes pulsations ! Chacun essaie de décompresser comme il peut : on sautille, on s’étire, on discute un peu… Pour la plupart d’entre nous on pense à ce moment depuis plusieurs mois. On est partagés entre deux sentiments : le bonheur de prendre le départ et la peur de ne pas être à la hauteur. On ne veut surtout pas gâcher cet évènement (surtout quand c’est le cadeau de ses 40 ans !).

2 mn ! 1 mn ! Le speaker annonce le compte à rebours… 5 ! 4 ! 3 ! 2 ! 1 ! Coup de pétard, nuage de confettis et de serpentins, musique à fond, bruit de l’hélicoptère, speaker complètement « fou » et applaudissements de la foule de spectateurs ! J’en ai des frissons !

 

J’ai quand même pensé à déclencher mon chrono sur la ligne de départ. Il faut maintenant redescendre sur terre et rester concentrer sur son allure. Je dois mettre 4’45’’ au km. Je passe le premier km en 4’50’’ (très raisonnable vu l’ambiance !). Comme prévu en me décalant peu à peu j’ai pu passer du côté gauche de la promenade. Mes premières sensations sont moyennes, j’ai vu mieux. Je préfère donc maintenir la même allure, j’aurai bien le temps d’accélérer plus tard si je le peux. Je ne vois pas le temps passer sur ces premiers kilomètres. Je n’ai pas faim ni soif quand le ravitaillement du 5e km approche, mais je prends quand même un verre d’eau et deux sucres (conseils du coach). Ce ravitaillement, comme tous ceux qui suivront, est animé par un groupe de musique. Après avoir perdu plus d’une minute sur l’allure prévue j’accélère un peu et je parviens à rester entre 4’45’’ et 4’50’’ au km. Je passe le km 10 en 48’40’’. Je me sens de mieux en mieux mais je reste prudent. Pour le moment le parcours est très plat mais une côte est annoncée au 25e km. De plus, le soleil commence à chauffer et je crains la chaleur.

C’est la première fois que je fais une course avec autant de monde. Il y a aussi beaucoup de monde au bord du parcours. C’est notamment le cas dès qu’on passe à St Laurent du Var et Cagnes sur Mer. Les gens nous encouragent en nous appelant par notre prénom qui est inscrit sur le dossard. J’entends donc des « Allez Patrice ! », « C’est bien Patrice ! », « Super Patrice ! » et soudain un « Allez Patou ! » d’une voix que je connais. On est aux alentours du 15e km à Villeneuve-Loubet. Laurence avait sympathisé avec des belges et des bretons dans le train et elle a modifié son programme. Ils ont calculé qu’ils pouvaient s’arrêter à Villeneuve-Loubet et ensuite à Antibe, puis à Cannes. Malheureusement ils vont rester bloqués pendant plus d’une heure à Villeneuve et devront rejoindre directement l’arrivée à Cannes.

Cette petite surprise me donne des ailes pour attaquer la longue ligne droite entre Villeneuve et Antibes. On aperçoit au loin le Fort Carré, signe que la mi-course approche. Je passe au semi-marathon en 1h42’13’’, c’est-à-dire 2 mn en retard sur l’allure des 3h20. Ça risque d’être difficile de rattraper le retard, mais j’y crois parce que je ne ressens pas encore de signes de fatigue. Heureusement, car le profil du parcours va changer. Dans le vieil Antibes tout d’abord, après le passage sous un porche deux petites côtes se succèdent, assez raides mais très courtes. Je les passe en trottinant, certains les avalent à grandes enjambées.

Ce seront ensuite une succession de petites côtes et de faux plats jusqu’au 30e km environ. Cette partie du parcours correspond au passage du Cap d’Antibes, endroit magnifique d’où on peut admirer la baie des Anges au premier plan, la côte de Nice à Cagnes sur Mer au second plan, et les montagnes enneigées en arrière plan. Le tout au milieu des villas de milliardaires avec leurs grands parcs bien entretenus. Au 23e km un coureur qui a aperçu mon maillot d’Aubusson m’interpelle :

« T’es d’Aubusson ?

_ Oui, tu connais la Creuse ?

_ Je suis du Val d’Oise mais ma femme est originaire de Mérinchal et nous avons une maison Là-bas.

_ Enfin je suis au club d’Aubusson mais j’habite Lépaud.

_ Ah oui ! Je connais j’ai fait un semi une fois à Lépaud ! »

Etonnant non ? Je rappelle que nous étions près de 10 000 au départ ! Nous avons discuté comme ça sur environ 2 km puis il a ralenti pour ne pas se mettre dans le rouge, le changement de relief commençant à produire ses effets… Je passe toutes les côtes tout doucement pensant à chaque fois que c’est la dernière. Vers le 27e km des coureurs marchent déjà, certains ont même des crampes. Puis viennent les 28e et 29e km et ça devient une hécatombe. Beaucoup ont sans doute trop forcé sur la partie difficile du Cap d’Antibes.

Je suis content de m’être préservé même si j’ai perdu pas mal de temps (2h27’40’’ au 30e km). Il reste 12,2 km, j’oublie les 3h20. Je me fixe un autre objectif, battre mon record personnel qui est de 3h25’22’’. Il faudrait courir maintenant à une moyenne de 12,7 km/h. Je reprends un rythme plus soutenu, aidé par la foule nombreuse aux abords de Juan Les Pins et de Golfe Juan, et grisé par le fait de doubler sans cesse. Cerise sur le gâteau au 32e km : j’entends un brouhaha derrière moi, il se passe quelque chose. En effet, alors que je me prenais pour le roi du monde en doublant tout le monde un « OMNI » (objet marchant non identifié) me dépasse en me frôlant l’épaule gauche ! Il me faut finalement peu de temps pour l’identifier, il s’agit de Yohann Diniz qui slalome entre les coureurs tout en ayant la gentillesse de nous encourager au passage. Il est tout simplement impressionnant. Inconsciemment j’augmente mon allure pour le voir un peu plus longtemps.

Euphorie de courte durée puisqu’un faux plat apparaît au détour d’un rond-point. Je décide cette fois-ci de forcer et de maintenir mon allure, je sens que j’ai assez de ressources pour finir les 7 derniers kilomètres dans de bonnes conditions. Cannes approche, dernière difficulté à franchir : une descente sous un pont suivie d’une remontée très casse-patte. 39e km, puis 40e avec le dernier ravitaillement. Je ne m’arrête pas cette fois-ci et je ne prends rien. Je suis maintenant à bloc. Ces deux derniers kilomètres sur la Croisette seront inoubliables. La foule nous laisse un couloir étroit dans le dernier km. Je n’ai jamais autant entendu mon prénom. Soudain le couloir s’élargit, protégé par des barrières, et un tapis rouge nous conduit jusqu’à la ligne d’arrivée devant le Palais du Festival dans une ambiance de folie : pom-pom-girls, musique et speaker aussi infatigable que celui du départ.

 

Le chrono affiche 3h26’08’’, j’aurai finalement couru les 12 derniers kilomètres à 12,5 km/h, pas assez pour battre mon record personnel. Peu importe, ce marathon restera un de mes meilleurs souvenirs de course à pied. Un bénévole récupère ma puce et me demande d’avancer pour récupérer mes récompenses. Ma première récompense (pas prévue celle-là) est une poignée de main de Yohann Diniz (vraiment sympa !). Puis on m’offre une médaille et un tee-shirt Finisher. Un dernier ravitaillement très copieux nous attend mais je n’ai vraiment pas faim. Chacun commente sa course, un orchestre anime cet espace de récupération où certains s’allongent, d’autres mangent, d’autres font la queue devant les salles de massages…

 

Des points de rencontres ont été prévus devant le Palais du Festival. Avec Laurence on doit se retrouver au point A. l’accès est facile pour les coureurs mais beaucoup moins pour les accompagnateurs. Laurence me rejoint finalement 2 heures plus tard… en boitant. Elle s’est fait une entorse en descendant du train ! Finalement c’est elle qui aura besoin de massage le soir. Comme d’autres coureurs je me détends quelques instants dans l’eau salée de la méditerranée.

Il nous reste maintenant 3 jours pour profiter de la beauté de la région et du climat presque estival… Que du bonheur !

 

Classement : 1272e sur 8207 arrivants, 559e V1 sur 2746

Temps officiel : 3h26’08’’         Temps réel : 3h25’57’’

Temps au semi-marathon : 1h42’13’’ (place : 1967e)   Temps au 30e km : 2h27’40’’ (place : 1773e)

 

3 commentaires

Commentaire de agnès78 posté le 29-11-2008 à 21:02:00

super sympa ce récit plein de bonheur et de bonne humeur! J'espère que la récup' s'est aussi bien déroulée que la course!
BRAVO!
au plaisir de te lire à nouveau
bises
agnès

Commentaire de calimero posté le 29-11-2008 à 23:46:00

Que du plaisir de voir que tu as enfin mis ton magnifique CR en ligne!
Dommage que nous, creusois, nous n'ayons pas pu nous voir à Nice!
RDV donc en 2009 à Lépaud pour la 5éme fois!!!

Commentaire de CROCS-MAN posté le 02-12-2008 à 10:08:00

Bravo pour ta course et merci pour ce CR qui nous renvoie à un excellent week-end.

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.17 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !