Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2008, par Nono limit

L'auteur : Nono limit

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 16/2/2008

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 4318 vues

Distance : 80km

Matos : Camelbag 2l avec boisson isostar (pas de pub !)
Chaussures NB 1100 OR
4 barres isostar (ah non, encore !)
2 gels énergétiques eafit

Objectif : Terminer

5 commentaires

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Un grand tour vert ... LA Tour

Inscription faite dès le mois de novembre. Un trail sur notre terrain de jeu ... chouette ! Et un ultra pour pas gâcher (le 1er pour moi, le second pour Coach après son glorieux 34h à l'UTMB).

Dès le mois de décembre, un objectif à court terme, ça motive son homme pour avaler de la piste et des sorties longues en forêt de Viroflay. Alors pensez-donc, quand le 15 février arrive, on se sent gonfler (ça c'est pour le glycogène) à bloc et ratatiné (ça c'est pour les intestins) face à l'ampleur de l'objectif : mettre au mieux 8H et au pire ... ben, finir, c'est déjà ça ! L'enregistrement à Issy se passe bien (15' montre en main). Pour ma part, c'est une aubaine de préparer le matos la veille car dans le genre "ah, tiens je crois que j'ai oublié quelque chose", je fais certainement un podium.

Le soir, au lit pour une bonne nuit et surtout un réveil pas trop matinal (merci aux organisateurs pour ce départ à l'heure où même l'étudiant moyen en 24ème année de DEUG peut avoir l'espoir de se lever pour y participer).

A 11h Coach passe avec sa femme et ses filles, toutes trois ravies de nous accompagner (je sais, c'est un cr de course ... mais la présence de quelques proches mettent du baume au corps lorsque le stress du départ commence à monter). Et c'est pour cela qu'en arrivant, je suis bien content de voir arriver ma p'tit femme et mes gamines aussi.

La course ne se fait jamais seul(e). C'est une telle organisation dans l'emploi du temps annuel (entraînement, courses) qu'il est bon d'inclure ceux qui participent à la passion   ... (pardon pour cet interlude psy, mais je crois que beaucoup de coureurs vivent cela) ... Ô toi, ami(e) coureur(euse), vas où tes jambes te portent (tant qu'elles le peuvent), tu n'es pas seul ! (ah, si, peut-être lorsque tu te demandes ce que tu fous là pendant que ton corps refuse d'avancer ...). Bon allez, ça fait beaucoup de parenthèses. Entrons dans le vif du sujet !

12H29, nous entrons dans le sas de départ en bons derniers. Un type équipé pour partir en expédition dans le Grand Nord se plaint de l'organisation "z'aurez pu mettre des protections contre le vent", et pourquoi pas des bouillotes ! Toujours des gars pour râler. Vas courir en montagne mon gars, tu verras. Et puis, on est là pour souffrir, non ?!

12h30, c'est parti. Le troupeau s'élance pour 21 km de mise en jambe, un profil relativement plat. A la fois idéal et piégeux. Idéal pour chauffer progressivement la machine. Mais piégeux si la machine s'emballe trop vite. Car il restera encore 60 bornes ensuite ... Partir lentement, partir lentement ... C'est le tempo qui rythme ces premiers kilomètres. Lentement oui, mais il faut remonter tout le peloton au fur et à mesure tout au long de la traversée de la base de Saint Quentin. Au passage, nous saluons les orangemen qui conduisent une personne handicapée. Chapeau bas les gars ! La traversée de Montigny est curieuse car nous sommes des habitués de ce coin où nous avons nos habitudes culturelles (médiathèque, cinéma ... et oui un coureur sait aussi se culturer). Passage aux étangs de la Minière où j'ai fais une belle chute à VTT il y a deux semaines. Le rythme me semble bon. A la sortie des étangs, Coach me fait part de sa méforme du moment. Pas bon ça ! On n'est pas encore au premier ravito, va falloir s'accrocher. Ah, une belle descente, ça soulage et nous voici au bout d'1h47 au ravito de Buc. Nous avons bien sûr été trop vite car nous voulions mettre 2h pour commencer.Arrêt de presque 10' pour remplir le camel et manger une banane. Nous savons que le plus dur reste à venir et surtout savoir gérer 29 km sans ravito. Courir lentement, marcher dans les côtes, boire et manger régulièrement, c'est le programme ... faut juste savoir s'y tenir.

Nous connaissons très bien les 10 km qui suivent puisque nous y courons en période de préparation pour du long. Nous savons donc que de très belles côtes nous y attendent. Coach est toujours un peu dans le cirage, mais il est toujours fidèle au poste. A peine 30 bornes et nous croisons déjà un type échoué dans une montée "ça va?" "pas trop, non". Parti trop vite celui-là ou blessé ... ou les deux. Dans cette portion de la course, nous faisons un huit, nous éloignant de Chaville pour y revenir ensuite avec à la clé 70 % du dénivelé dans ces 30 bornes. Autant dire que ça monte et ça descend avec entre les deux de longues portions de plat où il faut savoir relancer pour ne pas perdre trop de temps. C'est pourquoi au bout de 43 bornes, nous sommes contents de voir un contrôle qui nous annonce plus que 7 km avant la pose.  Dans ces derniers kilomètres, nous attendons les côtes avec le plaisir non dissimulé de celui qui n'attend qu'une chose : pouvoir marcher. Et je peux vous dire qu'on y marche à l'Eco Trail, preuve que ce n'est pas tout plat__________/  A trois km du 2ème ravito, nous doublons une femme, "bravo, tu es pas loin de la première ?" "je suis 5ème". Les féminines vont vite sur cette course.

Après une dernière montée qui nous coupe les jambes, nous voici à Chaville au bout de 4h31. Là, il faut faire une vraie pose. D'autant plus que ma maman vient m'encourager (quand je vous dis que l'entourage est important ...). 15' ne seront pas de trop pour bien boire : vive la soupe, elle est bouillante, je me crame le gosier à plusieurs reprises, mais peu importe, j'en ai besoin. J'avais souvent lu dans des témoignages de coureurs les bienfaits que procure la soupe dans les ultras. Et bien je confirme, ça requinque ! Ah au fait, pour les kikoureurs et autres adeptes des expériences paranormales, le truc bleu-vert en forme de pâte de fruit (mais non, cela n'en n'est pas, prudence !) s'appelle l'algue bleue du Pérou, dixit un bénévole. Curieux, j'ai goûté sous l'oeil inquiet des bénévoles "alors, c'est comment ?". "ça gôute la terre !"et pas qu'un peu, du coup j'ai balancé le reste dans la poubelle. Coach dit "dans un ravito, mange ce que tu connais et ce qui te réussit d'habitude", "ouais coach, encore une fois t'as raison !". Mais là tu vois faut repartir car il est 17h15 et si on veut maintenir le rythme, va falloir déguerpir . On repart en se disant que dans un peu plus d'1h, il faut chausser la frontale et il reste quand même 30 bornes ...

Et les petits malins d'organisateurs nous ont encore trouvé des bonnes côtes dans cette partie de la course (vive la marche !). Coach a retrouvé de l'énergie. Curieusement, j'ai mal nulle part. Tout va bien ... mais jusqu'à quand ? Le coucher de soleil en forêt est magnifique. La journée est glaciale et je crains de me tétaniser sur les ravitos ... et à l'arrivée. Je vidange toujours autant depuis le départ (minimum 7 fois ... oui, je sais, curieux relevé des compteurs, mais le coureur sait qu'uriner est signe de bonne santé, donc je bois). Mes pompes sont récalcitrantes : je me suis baissé une bonne dizaine de fois pour remettre le velcro de la chaussure droite qui se barre régulièrement (merci les NB 1100 OR !!!). Je suis content de voir arriver le 3ème ravito. "Haras de Jardy" 5' d'arrêt, le temps d'enfiler une banane et un verre de coca, remplir le camel et zou, c'est reparti. Plus que 19 KM, il est 18h40, il faut enfiler la frontale.

Heureusement pour moi, Coach est toujours là. Sans lui, je me serai sûrement planté (au propre comme au figuré). Ma frontale (petzl tikka +) éclaire à 20 m et c'est vraiment insuffisant, d'une part pour repérer les obstacles et d'autre part pour voir les balises rétro-réflechissantes, pourtant nombreuses (bravo les baliseurs et baliseuses). Sur ces 17 derniers km, tous les méchants cailloux qui dépassent sont pour mes pieds. Je trébuche mais ne chois pas ! Avec sa frontale, Coach éclaire déjà la Tour Eiffel. En plus, il mène le train juste derrière un gars superpuissant-superàl'aise. On le suit pendant 2-3km en traversée de ville puis il part loin devant (trop fort le gars !) peu de temps avant d'arriver au ravito de Saint-Cloud.

Après 6h50 de course, nous avons un superbe panorama sur Paris et voyons enfin la Tour Eiffel. L'objectif est enfin à portée de vue. Autre bonne nouvelle : nous ne ferons pas le tour du Champ de Mars, trop de monde, problème de sécurité. Il ne reste donc plus que 10 km à faire en 1h10 ... Cela semble réalisable et après 5' d'arrêt nous repartons, gonflés à bloc.

C'est là que la descente dans le Parc de saint Cloud se révèle plutôt casse-coureur de nuit. Nous doublons un autre rare coureur dans ces derniers km "allez, le moins de 8h, c'est possible !". l'entrée dans Boulogne est hasardeuse. A un carrefour nous voyons un coureur revenir vers nous, "tout droit c'est pas bon". Un coup de frontale à droite et coach repère les balises sur le trottoir opposé. Il n'y a personne pour signaler ce passage délicat et 50m plus loin, nous rencontrons un bénévole qui s'y rend immédiatement (encore bravo, efficacité de l'organisation). Nous entrons dans un parc le long de la Seine. Pour moi, c'est le début d'une petite inquiétude. Depuis la descente de Saint Cloud, je ressens une douleur sous le pied gauche, genre début de tendinite. Et sur les quais, le bitume peut-être en cause, la douleur s'accentue. Je maudis alors les pavés et les escaliers, mais aussi le chemin de halage, le long des péniches où je me casse la figure après avoir planté pour la énième fois mes pieds dans des méchants cailloux. Je me relève sans rien de cassé (que mon amour-propre, plus tellement d'ailleurs). Comme l'a remarqué un kikoureur, le passage à proximité d'un pont qui enjambe la Seine est piégeux. Un type s'est engagé dessus et semble regarder en bas en quête d'une hypothétique balise. Coach-Phare est là pour remettre tout ce petit monde dans le droit chemin !

La Tour Eiffel se rapproche lentement dans ces derniers km. Les lumières et les bruits de la ville sont un peu perturbants après ces dizaines de km en forêt. Nous connaissons les ponts de Paris et nous pouvons les décompter au fur et à mesure que nous approchons de la Tour. En passant devant, je reconnais le siège administratif du Port autonome et le lieu où un ami a vécu pendant un an ... sur une péniche.

Dernier escalier, puis c'est la foule, traversée du boulevard, passage à gauche sous la tente, petit coucou et merci à toutes et tous, à droite, prise du ticket, il est presque 20h22, nous attaquons les premières volées de marches en courant, piqués par l'adrénaline de l'arrivée, mais finissons sagement en marchant pour pointer en 7h54'31'' sur le tapis d'arrivée.

On a réussi, on l'a fait. Du 10km/h de moyenne sur 80km sans être courbaturé de partout, ça c'est vraiment top ! Merci la préparation, merci la bonne hydratation, la bonne alimentation, la bonne marche, le bon compadre de course (Coach), merci ma tête et mon corps de n'avoir pas plié devant l'ampleur du défi (petit à notre niveau, mais si on ne s'autocongratule pas, qui le fera ...).

Remise d'une jolie médaille. Superbe symbole cette feuille de chêne avec ce coureur dessus. Est-ce à dire que nous sommes tous des glands ?! Joli tee-shirt technique. mais bon, maintenant il faut redescendre : 10'd'attente dans la cohorte des touristes : sueur contre Yves Saint Laurent, le combat n'est pas égal, mais qu'importe, "l'important c'est pas l'issu, mais c'est l'combat "(Mano Solo). Au pied de la Tour, nous commençons à grelotter et il faut aller récupérer le sac à 300 m ... ces 300 m sont plus couteux en énergie que les 80 bornes. Au gymnase, Coach se jète sur les masseurs. Moi je fonce à la douche, un vrai hammam. Ensuite, osthéo pour me remettre le pied gauche en place. De toute façon, je ne cours pas pendant 10 jours, donc sérénité , j'espère bien avoir totalement récupéré ma tonicité d'ici là.

Au bout De 45', nous rejoignons le buffet sous la tente. Belle idée de manger devant les coureurs arrivant, mais c'est vrai qu'après 80 km, la station debout est pénible. Je ne vois pas d'autre solution si l'on veut pouvoir encourager les coureurs jusqu'au bout. La solution : un bon massage avant d'aller manger. Au bout d'une heure, lassés et fourbus, nous décidons de rejoindre la navette qui doit nous ramener à Issy. Et c'est là qu'est le seul vrai kwak (qouaque, quoi ?) de la course : il est 22h30, nous sommes 15 coureurs à vouloir rentrer et il n'y a pas de navette visible à l'horizon ... En fait l'une est partie et doit revenir bientôt et l'autre est stationnée car le chauffeur cherche les clés ... Zut, pas de chance, on se gèle les arpions. Attente de 15', puis voilà la navette revenue et les clés retrouvées. Oui, mais 2x6 places pour 15, c'est juste ... qu'à cela ne tienne, on va se serrer, bah oui, quoi, on a froid, alors un peu de chaleur humaine ...

Retour à la maison, il est minuit. Je m'allonge, douloureux, mais fier. Vive les courbatures. Notre corps est juste là pour nous rappeller à quel point c'était beau ...

A l'année prochaine, objectif ... participer pour donner le meilleur de soi (ou le moins mauvais).

5 commentaires

Commentaire de akunamatata posté le 25-02-2008 à 08:42:00

Belle course et beau récit
au fait c'était les dunes d'espoir avec leur fameuses joelettes

"Cette étonnante association de coureurs a déjà à son actif, de nombreux et prestigieux marathons et raids où ils ont intégré des enfants et adolescents handicapés moteurs. Leur objectif est de « faire courir » ces jeunes en utilisant la joëlette sur des courses célèbres de type raid comme la « trans-oasis », le « marathon des sables » ou la « nomade »."
http://hmlcm.free.fr/dunes_1.html

Commentaire de gdraid posté le 25-02-2008 à 09:37:00

Merci Nonolimit pour ce bon récit plein d'humour et très agréable à lire.
Bravo pour ta perf du niveau supérieur, à celles de 2 autres Kikoureurs, Michel Feasson V3 en 7h56'29", et Yannick Legay SE en 7h56'43"...
Tu témoignes en outre, comme beaucoup, d'une excellente organisation pour cette "Première".
L'édition 2009 devrait être impressionnante, au niveau des inscrits, le double peut-être !
JC

Commentaire de Nono limit posté le 25-02-2008 à 10:49:00

Merci JC, mais nos amis kikoureurs Yannick et Michel sont devant à la 56è et 58è place. Je leur colle aux basques à la 59è. Les résultats ont été modifiés dans la semaine (erreur de 3' enregistrée par l'ordi). La prochaine fois je m'accroche à leur maillot pour finir avec eux ...
L'année prochaine, il faudra sûrement s'inscrire très tôt. Le trail a le vent en poupe !

Commentaire de la panthère posté le 21-08-2008 à 17:35:00

mieux vaut tard.....bravo, et merci pour ton cr, plein d'enseignements pour une future candidate....
il avait quelle lampe "coach"????

Commentaire de gastéropode posté le 26-03-2009 à 23:18:00

Salut Nono! Je fais les choses à l'envers, mais je ne te connaissais pas l'an dernier, ni le trail d'ailleurs. Bravo pour ton récit toujours aussi modeste malgré l'excellence de ta place. Bravo pour ta perf! Tu as déjà envisagé de courir un peu moins vite et de passer moins de temps aux ravitos?
à bientôt!

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