L'auteur : marathon-Yann
La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km
Date : 18/3/2023
Lieu : Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines)
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Distance : 80km
Objectif : Pas d'objectif
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Bon, j'avoue, ce n'était pas l'idée du siècle, mais ce n'est que le samedi matin que je prépare mon sac pour l'Ecotrail 80. Quinze minutes chrono pour rassembler mes affaires, ne pas trouver la ceinture porte dossard qui m'aurait été utile cette année, amasser une réserve alimentaire hétéroclite à laquelle je ne vais pas toucher, et offrir à mon épouse une petite démonstration de stress que je me reprocherai longtemps dans l'après-midi. Elle me conduit néanmoins avec gentillesse à la base de loisirs de Saint Quentin en Yvelines, où j'ai la surprise de tomber sur Christian et Julia. Christian et Julia, ce sont deux immenses champions, que je retrouve plutôt sur des courses de 100 miles ou 200 km qui rassemblent quelques dizaines d'ultrafondus. Les retrouver au départ de cette course de seulement 80 km, au milieu de milliers de concurrents bariolés , n'était donc pas quelque chose à laquelle je m'attendais, mais leur compte rendu enthousiastes que je lirai demain sur Facebook montreront qu'ils ont apprécié cette course et illustreront une nouvelle fois l'adage : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.
Malgré le gros point rouge sur son dossard élite, Julia se demande si elle peut partir dans la dernière vague. C'est évidemment le cas, et nous partons ensemble à 11h45, cinq petites minutes après la vague précédente, quinze minutes après les premiers. Comme à mon habitude, je pars assez rapidement, à la sensation. Il ne me faudra qu'un gros kilomètre pour rattraper les derniers de la vague précédente, et à partir de là je vais enchaîner les dépassements, peut-être pour expurger les remords de mon énervement de ce matin, peut-être tout simplement parce que je n'aime pas être pris dans le trafic.
Sportivement, je n'ai pas vraiment d'objectif aujourd'hui. L'organisation nous annonce 81,5 km, et la météo des chemins boueux, autant de paramètres (avec la légère fatigue liée à mon 24h couru il y a 3 semaines) qui font que je ne pense pas améliorer les 8h00 de l'année dernière. Je cours donc pour le plaisir, sans regarder ma montre, pour le simple amusement de regarder les voiles sur la base de loisirs, de trembler sur la passerelle flottante de Saint Quentin en Yvelines, et de dévaler les marches qui vont suivre. A peine le temps de passer dans les bois et nous sommes à Buc (km 22), la course peut commencer.
C'est le gros morceau de l'ecotrail qui s'offre à nous : 23 nouveau km jusqu'au prochain arrêt, qui n'est qu'un point d'eau : il faut en fait compter encore 35 bons km avant de retrouver un ravitaillement digne de ce nom. 35 km qui sont à l'image de l'ecotrail, sur des chemins sympathiques, dans des bandes de bois qui serpentent entre des agglomérations que nous n'apercevons pas, avec quelques montées assez raides mais jamais très longues. Je m'attend chaque fois à être repris par Julia, qui a l'habitude, dans nos longues courses de me doubler dans des côtes interminables où je marche, en me demandant poliment si tout va bien avant de disparaître au loin et finir des heures avant moi. Je m'applique donc à courir plus longtemps que d'habitude dans chaque montée pour retarder ce moment gênant.
Au moment où je dépasse une coureuse, une spectatrice lui annonce : "24ème féminine". Je ne sais si c'est vrai, mais cette information me semble un repère intéressant. La semaine dernière, lors du semi du Grand Paris, j'ai fini 3ème M3, juste avant la 3ème féminine. Bien que n'appartenant pas à la gent féminine, je me prend au jeu, et je commence à compter les dépassements féminins. Je dois reconnaître qu'ils sont de moins en moins fréquents. Je pense à cet article de l'excellent journal Zatopek, qui s'amusait à nous faire reconnaître si des photos de jambes, bras, dos,... appartenaient à des filles ou des garçons. Pas toujours facile ! Aujourd'hui aussi je me laisse parfois tromper ! Mais l'important est de laisser ma pensée se focaliser sur des choses futiles, et ce petit jeu rempli parfaitement cette fonction.
J'arrive ainsi au point d'eau de Meudon (km 46). S'il ne s'agit que d'un point d'eau, c'est un endroit que j'apprécie toujours par sa beauté, la prévenance des jeunes qui remplissent nos gourdes, et le fait qu'à partir de là, le compte à rebours commence vraiment.
Nous passons ensuite par l'observatoire de Meudon, avec sa très jolie vue sur Paris. Je m'arrête même faire une photo, et reprend ma course. Quelques gouttes de pluie font leur apparition..Alors que j'étais remonté à la 18ème place féminine, je me fais dépasser par une concurrente italienne. Même sans ce petit jeu, je me rend compte que mon allure a bien baissée, et j'ai l'impression d'être rentré dans la dimension ultra, un moment que je ne saurais décrire mais où l'on avance sans se soucier de son allure, pas très rapidement, certes, mais en ayant l'impression que l'on peut avancer des heures comme ça. L'ivresse.
Chaville km 57. Comme l'an dernier au même endroit, je prend une compote de pommes avec une poignée d'amandes, un verre de coca, et je repars. Je me souviens que l'an dernier je m'étais planté en repartant, et je suis plus attentif à ne pas me perdre. Nous arrivons très rapidement au parc de Saint Cloud, par une entrée encore différente de celle de l'an dernier. Je suis remonté à la hauteur de la 15eme féminine, si j'en crois le décompte qui m'occupe depuis des heures. Le dernier ravitaillement est le bienvenu, même si je me contente d'un quart de pomme et d'un verre de coca.
Pour la première fois depuis que je cours l'Ecotrail 80, 7 éditions quand même, il fait bien jour quand je quitte ce ravitaillement. Même si nous sommes un peu plus tard dans la saison que d'autres années, et que nous sommes partis plus tôt dans la journée que certaines éditions, je commence à me demander si je ne pourrais pas améliorer mon temps de l'an dernier, malgré les 2 km en plus et les chemins parfois glissant. Malgré surtout une allure bien faible, comme en témoigne les dépassements que je subis maintenant. Je continue à refaire le match en me concentrant finalement sur des gains marginaux : en sortant de Chaville, je ne me suis pas perdu, je peux traverser ici alors le feu était rouge l'an dernier, je cours dans les premiers paliers de la Tour Effeil...
Et je franchi la ligne d'arrivée, en 8h13, même pas déçu. J'apprendrai plus tard que je suis classé 152 ème, 5ème de ma catégorie, juste après la 9 ème fille qui m'avait doublé dans les bois de Meudon. Le repère n'était pas si mauvais !
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. En me relisant, je trouve la formule un peu sévère pour l'ecotrail, qui n'est pas n'importe quelle "flacon" , mais une très jolie course, nous faisant passer par de très beaux endroits et sportivement intéressante. Une épreuve où je reviendrais avec plaisir.
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