Mon expérience trail est assez limitée. Mon dernier dossard est celui du Munster Trail d'Octobre 2019 (76km /4200d+). Ça s'est terminé en DNS puisqu'un début de TFL 2 semaines avant la course m'a privé du départ. Autant dire que les 68km de l'infernal trail de 2018 commencent à remonter. Pas de dossard en 2020. Sans avoir d'objectif, j'ai augmenté le rythme et le volume début 2021 avec pas mal de séances de vitesse et quelques sorties de 15-17km.
En regardant le calendrier des trails estivaux, je me dis : et pourquoi pas l'écotrail. La date inhabituelle convient bien à mes obligations pro/perso et me permet de me lancer dans un défi ambitieux mais réaliste. Après avoir couru le 45 en 2018 (l'édition entre le mud day et la sortie ski), il est temps de me confronter au 80. Certes ce n'est pas aussi sexy qu'un trail alpin mais ça me permettrait de monter pour la première fois à la Tour Eiffel (en fait oui mais non). Et débuter l'été par cette course, me permet d'en envisager une seconde plus tard (re: en fait oui mais non).
Je me concocte un petit programme sur 8 semaines, avant tout orienté sur le volume. Mais 6 semaines avant le départ, mon genou a commencé à me gêner, sans me faire mal. Je soupçonne un début de syndrome fémoro patellaire et je revois ma prépa en conséquence. Certainement une transition vitesse/volume trop rapide. Ma prépa a donc été très très light. Une seule sortie de 20km mi-mai et un peu de vélo. Pour ne rien arranger, je me suis fait voler mon vélo durant cette période et un vilain torticolis a fini de ruiner ma prépa. Enfin, les 4 dernières nuits ont été ponctuées par les réveils de mon fils de 2 ans qui a chopé le rhume. Bref, je m'élance avec l'unique objectif d'atteindre le 1er étage de la Tou... ah on me souffle à l'oreillette qu'il faut viser le bas de la Tour Eiffel.
Départ
Je suis un "local" des Hauts-de-Seine, j'ai donc le privilège de me faire accompagner sur le départ par ma femme et le petit dernier. Nous serons à peine 1100 partants. L'objectif numéro 1 est déjà d'être finisher compte tenu de mon état de forme.
Niveau alimentation je pars avec de quoi tenir au moins jusqu'à Chaville : gels, pâtes de fruits, barre cliff, pompot. J'avais prévu large mais rien en salé puisque j'ai oublié les morceaux de saucisson dans le sac d'assistance. Je me dis que je me rattraperai sur les ravitos (erreur !). Niveau hydratation je pars avec 2x600ml (eau + boisson maison à base de miel/malto/pulco). Côté équipement, je suis plutôt team D4. Je suis chaussé des XT7. Sur le dos, je porte le vieillissant Kalenji 9-14l dont ce sera la dernière course. Il fait le job mais est très perfectible. Au poignet, je porte ma fidèle Amazfit Pace. Très basique mais endurante (elle finira avec 50% de batterie restante) et précise (à l'arrivée, ma montre affiche 79,95 km avec 1416m de D+).
Le départ par vague est assez mal géré et n'a aucun sens puisque on se retrouvent tous entassés (pourquoi ne pas avoir formé les vagues directement dans le sas de départ ???). Il aura au moins le mérite de fluidifier le trafic lors des premiers km. On subit la sono qui sature sous les cris du speaker et les speech sans saveur des nombreux partenaires. Je pars dans la troisième vague et commence sur un petit rythme.
Section 1 => ravito 1 de Buc (km23,7) 2h18 - 427e
J'appréhendais la première partie de course avec la crainte du départ trop rapide, favorisé par le profil plutôt roulant. Je me suis fixé comme contrainte de ne pas parcourir les 10 premiers km en moins de 55min (5:29/km) et d'atteindre BUC en plus de 2h15 (5:40/km). Ainsi, j'atteins la fameuse passerelle de SQEY au rythme prévu. Le départ par vague a permis de limiter les bouchons (et de limiter l'oscillation également).
Je me tiens à mes objectifs et j'atteins BUC en 2h18. Jusqu'ici tout va bien. Je respecte ma "stratégie" de prendre autant d'avance que possible sur les BH tant que mon genou tient, quitte à finir en marchant. En gros, LA stratégie à ne pas faire en temps normal.
Ma petite expérience personnelle m'incite à limiter au maximum les arrêts au ravito. Je préfère m'alimenter/m'hydrater en marchant. De toute façon vu la pauvreté des ravitos, je n'aurais pas vraiment le choix. A Buc, je me contente donc de remplir mes flasques, je prends un morceau de pastèque et je repars.
A partir de là, l'allure sera dictée par mon genou et "les sensations". Et justement, parlons des sensations. Dès la sortie du ravito, ça n'allait pas. Je pense que c'était mon mur à moi. Là où la plupart des coureurs le rencontre au km 30-35, le mien sera beaucoup plus tôt. Pendant 10 km je suis dans le dur. Ce n'est qu'au km32 que j'ai pu repartir convenablement et garder un petit rythme jusqu'au point d'eau à Meudon.
Section 2 => point d'eau Meudon (km46) 5h54 - 718e
Je connais bien la forêt de Meudon puisque j'y fais mes sorties longues et mes sorties gravel. J'admets ne pas trop comprendre pourquoi il n'y a pas de solide à ce point de la course. Cela fait un intervalle de 32km/700d+ (soit 4 bonnes heures pour un coureur moyen) sans ravito solide. Ça me parait vraiment long. Surtout que les trois derniers ravitos sont très proches. Mais bon, cela fait partie du "charme" de la course.
Mon classement reflète clairement mon coup de mou. Je me suis fait croquer 300 places. Mais à Meudon ça va bien mieux et je continue d'avancer tranquillement. J'ai commencé à avoir du mal à m'alimenter, heureusement que j'avais pu avaler des glucides sur la première partie de course et que ma boisson maison passait bien. Surtout, je savais qu'une grosse motivation arrive dans quelques km.
Section 3 => ravito 2 de Chaville (km56) 7h45 - 742e
J'ai eu la chance d'avoir l'assistance de ma femme et les encouragements de mon garçon un peu avant le ravito (c'est pourquoi le classement ne reflète pas vraiment mon état de forme de ce moment). Je savais que ce serait un moment difficile de la course (et ça l'était !). J'avais prévu de m'arrêter un peu plus longtemps pour profiter du soutien familial. J'en ai profité pour m'alimenter, refaire le plein et changer de t-shirt. Je bois aussi de la Saint Yorre parce que j'ai eu des débuts de crampe. A partir de ce point, je sais que segmenter la course mentalement m'aidera à avancer. J'ai donc Saint cloud dans le viseur !
Je repars avec un bon rythme, je "saute" le ravito et continue sur ma lancée.
Quelques km après le ravitaillement, j'avais repéré la dernière difficulté du parcours : la montée (en fait il y en a 2) dans la forêt de Fausses Reposes juste après la longue descente dans les rues de Chaville. Je savais qu'une fois passé le km61, c'était essentiellement de la descente.
Jusqu'à Saint Cloud, je tiens un très bon rythme, surtout que je continue de passer par des sections que je connais très bien.
Section 4 => ravito 3 de Saint Cloud (km69) 9h40 - 569e
Le passage dans le domaine de Saint Cloud m'est très familier. Je reconnais de nombreuses sections que j'ai l'habitude d'emprunter pendant mes sorties sur mes pauses dej, puisque je bosse en face du parc.
La montée du "fer à cheval" vers le ravito me donne la patate : c'est un de mes spots d'entrainement, je sais que c'est la dernière "difficulté" du parcours et je bats mon record de distance.
Pour ce ravito (toujours aussi triste), je bois bien et reprends un morceau de pastèque puis je repars. Je me fais la réflexion que ce ravito avait une toute autre allure en mars 2018 puisque je me souviens avoir traverser une belle étendue de boue pour chercher une soupe.
Section 5 => tour Eiffel (km80)
Lorsqu'on regarde le profil de la course, les 10km qui séparent le dernier ravito de la dame de fer semblent easy. Mais en 2018, cette section m'avait fait très mal. Les cuisses étaient dures comme du bois et j'étais transi de froid. Je m'étais fié aux prévisions météos et n'étais pas équipé pour affronter la chute des températures (1°C à 16h) et la pluie puis la neige. Même s'il y a peu de chance de subir de telles conditions en juillet, j'appréhende le bitume des quais de Seine.
Je connais par cœur la descente après le ravito qui nous mène jusqu'à la sortie du parc de saint cloud, je sais qu'une fois passé les grilles du parc, ce sera du plat et du bitume. Jusqu'au km73 j'arrive à maintenir l'allure puis ... gros coup de mou. Je pense que je paie le manque d'hydratation et d'alimentation en partie dû à l'indigence des ravitos. Je passe même un coup de fil à ma femme pour me motiver et je continue à avancer péniblement. Ce n'est qu'au km78, avec la tour Eiffel en vue, que je parviens à redémarrer pour finir en trottinant quelques instants avant Obélix.
Je boucle finalement ces 80km en 11h30 (667e sur 929 arrivants et 1099 partants).
Conclusions
25km avec les jambes puis 55 au mental. Je suis super satisfait d'être arrivé pour ce premier ecotrail 80 compte tenu des circonstances. Surtout, mon genou a tenu et hormis des bobos classiques sur ce genre d'épreuve, j'arrive entier (moins l'ongle de mon gros orteil droit qui tombera un mois plus tard).
Concernant le parcours, et bien c'est l'écotrail. Beaucoup de plats, des chemins forestiers, quelques montées casse-pâte et un finish sur le bitume. La météo a été super clémente mais comme je le savais déjà, je suis très sensible à la chaleur et je pense que la météo de mars me conviendrait mieux.
En revanche, côté orga, c'était vraiment pas au niveau. Les bénévoles et le balisages ont été au top, mais de nombreuses choses fâchent : un "kit" de départ réduit à une enveloppe, le départ qui n'a pas de sens, les ravitos vraiment trop pauvres, pas de 1er étage de la Dame de Fer (alors que quand je me suis inscrit deux mois avant c'était encore clairement indiqué), un sac finisher triste à mourir et rien à manger à l'arrivée (j'ai réussi à gratter un panier repas prévu pour l'orga qui restait). Je ne vais pas entrer dans la polémique sur les t shirt mais avec l'arrivée d'un sponsor comme Salomon, on aurait pu avoir un petit souvenir utile comme un buff, une écotass voire un masque (c'est de saison il parait) ou un petit accessoire.
Et parlons du gros point noir : les ravitos! Je comprends le souhait de faire du local et bio. Mais dans ce cas, pourquoi proposer du coca, de la pastèque et des amandes alors que du jus de pomme, des oranges et du saucisson auraient certainement eu plus d'intérêt et font un peu plus local ! (à moins qu'on m'ait caché les fameuses plantations de pastèques du 92). Sur l'eau pétillante, j'aurais apprécié de la Saint Yorre ou une vraie eau minérale pétillante (pas du sodastream à base de Cristaline). Bref, c'était clairement la tristitude. En ce qui me concerne, je pense que le manque de choix, notamment pour le salé, à contribuer à certains de mes coups de mou. Je ne me suis pas laissé tenter par le gaspacio qui semble avoir causé pas mal de troubles gastriques parmi les "courageux". Bref, je sais que ça a beaucoup râlé sur les réseaux et je confirme les reproches formulés. Surtout l'excuse du "on a voulu proposer des produits de saison" ne tient pas.
Au final, je reviendrais peut être pour une édition normale mais mieux préparé (ce sera pas très difficile), avec une stratégie plus adaptée et sans oublier le saucisson
2 commentaires
Commentaire de Shoto posté le 05-11-2021 à 15:02:51
Merci pour ton CR. Visiblement tu as croisé le même coureur déguisé en Obelix présent sur mon Ecotrail 80 de mars 2019. Je suis d'accord avec toi sur la pauvreté des ravitos de l'Ecotrail comparés à ceux d'autres trails. Bravo pour ton finish au mental.
Commentaire de S4m posté le 09-11-2021 à 10:24:21
Merci pour ton commentaire ! :) Il semble effectivement qu'Obélix soit un habitué des sentiers franciliens si j'en crois les anciens compte-rendus.
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