Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 30 km 2018, par Bérénice

L'auteur : Bérénice

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 30 km

Date : 17/3/2018

Lieu : Meudon (Hauts-de-Seine)

Affichage : 2793 vues

Distance : 30km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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  ECOTRAIL 2018 : 30 km

 

Cette année retrouvaille avec l’Ecotrail délaissé ces 2 dernières années au profit du Marathon de Paris (et sa chaleur infernale !). J’ai hésité à reprendre un dossard car je m’entraîne un peu moins. Finalement je suis embarquée le 31 décembre avec joie pour m’inscrire à l’aventure du Bures 28 (fin janvier) que je redoute à cause de la boue et des balises à chercher mais du coup je clique aussi pour un dossard Ecotrail pleine de bonnes résolutions pour attaquer 2018 ! Cela me booste à me bouger pour aller courir mais des soucis perso vont mettre à mal mon entraînement. Je ne me prends pas la tête en me disant « on verra bien ! ». Une semaine avant la course, je me dis que j’ai quand même été légère sur les séances et que c’est pas sûr que le vélo à la maison va compenser ! Bref je ne sais pas trop à quoi m’attendre...

 

JOUR J :

 

J’ai la chance d’avoir une copine qui accepte de me déposer à Meudon en voiture. J’ai bien surveillé la météo toute la semaine et la veille j’ai retenu les risques d’averses à 40% et 6-7 degrés. Je m’habille donc en TS manches courtes + manchons que je baisserai quand j’aurai chaud + coupe-vent pour les averses éventuelles + des gants au cas où... Finalement je reste au maximum dans la voiture de ma copine pour éviter l’attente sous la pluie mais raté car je me retrouve en queue de peloton pour le départ en vagues. Il pleut des cordes mais je suis toujours optimiste et je me dis que ça va s’arrêter ! Je retrouve Kévin heureusement et on papote jusqu’au démarrage enfin à 10h25. J’ai déjà mis les gants dans la poche car ils sont trempés.

 

C’est parti et on se retrouve rapidement en forêt. Je décide de faire un démarrage tranquille à 7mn le km avec objectif 3h30-3h45. Comme tout le monde j’ai tendance à courir sur les bas côtés pour éviter les mares de boue (oh oh comme c’est drôle en y repensant !). J’aime cette forêt que je connais si bien. Km 4-5 : On passe sous le pont de la N118  et je me dis que je suis vachement contente d’être là, que la course c’est génial et que la pluie c’est pas si grave ! Je décide de me fier à mes impressions car je comprends rapidement que ça va être pénible de relever la manche pour regarder la montre. C’est la première fois que je me détache ainsi du chrono. Je suis juste focalisée sur le terrain pour ne pas me casser la figure dans cette boue immonde ! Il me semble percevoir quelques changements par rapport à 2015. On commence à attaquer les côtes, les descentes et le temps passe bien. Je réussis à bien attaquer  la 1ère côte de Chaville ce qui me donne le sourire. Voilà ce que je suis venue chercher ! Par contre j’ai froid aux doigts et je m’énerve pour ouvrir une barre de céréales, j’essaie avec les dents mais l’emballage plastique glisse... juste un détail agaçant. On passe la voie ferrée et je suis scotchée de voir l’eau qui ruisselle dans la grande rue qui descend. C’est assez impressionnant. On tape bêtement nos pieds par terre sur le bitume pour éliminer la boue ! Km 12 : je passe le lieu où je reviendrai ce soir distribuer mes fraises Tagada pour les courageux du 80 et hop les escaliers que je monte en courant au début. Ma forme est finalement plutôt bonne et je me sens bien. J’aime ce sport, en particulier les jours de course pour l’ambiance "tous ensemble". Etant partie dans les dernières, j’arrive même à doubler un peu. Je reste malgré tout impressionnée par le terrain que je n’ai jamais vu dans cet état. J’atteins les lacs de Ville d’Avray et je ressens un peu de lassitude de cette pluie ininterrompue. Plus loin je reconnais les pancartes d’encouragement de Patrick et cela fait du bien, juste de savoir qu’un pote sympa et généreux est passé les installer pour nous encourager. J’ai envie de dire aux personnes autour de moi « hé je le connais le gars qui a mis ces écriteaux ! ». Allez direction Marnes la coquette et la boue continue.

 

Un peu de répit bitume dans Marnes où je me dis qu’on a fait la moitié et nous voilà dans le parc de St Cloud. J’en ai marre de la boue, j’ai les pieds trempés donc je ne risque plus grand-chose de pire alors je décide d’accélérer et cela marche bien au début où j’avance bien. Mais plus loin c’est cauchemardesque car ce sont des mares de boue où il est difficile de courir. Je regarde autour de moi et j’imagine les mêmes pensées que nous avons tous « mais bon sang on voulait autre chose quand on a cliqué ! » et chacun tire une tronche pas possible. C’est idiot mais j’ai pensé à la guerre au Vietnam ! Du coup j’ai presque envie de rire de cette mésaventure inattendue. Au fond c’était un truc dingue et je pestais juste d’avoir super froid aux mains. A un moment j’ai enfoncé mes pieds jusqu’aux chevilles et je me suis dit que c’était vraiment fou. Dans une très large allée je suis frappée par cette vision de coureurs à droite, au milieu, à gauche...tout désordonné à chercher l’endroit le moins boueux. Je me suis dit qu’il fallait immortaliser cet instant et puisque j’ai oublié le chrono j’ai pris le temps de m’arrêter pour prendre une photo.

Km 21 : arrivée au ravito je me dis que je vais essayer de me réchauffer un peu alors j’attrape une soupe chaude : pas de chance car le gobelet est super isolant donc il n’est pas chaud pour mes mains comme je l’espérais et par contre la soupe est brûlante donc imbuvable. Je reste à l’arrêt, l’encéphalogramme plat à me demander ce que je fais. Je ressors mon portable pour envoyer un sms à ma fille pour la supplier de m’amener des gants au km25 pas très loin de chez moi et pour prévenir un copain qui doit venir courir avec moi au parc André Citroën sauf que le portable ne s’allume pas. Grrrr ! Je demande à une dame de m’aider mais en vain. Je comprends que je n’aurai pas mes gants dans 4 km... Bon alors du coup je repars mais en fait j’aurai dû grignoter un petit truc pour me rebooster un peu. Avant de quitter le parc, je fais une pause technique et là c’est idiot mais pour nous les filles c’est plus compliqué et avec mes doigts gelés je n’arrive pas à me rhabiller. Je suis coincée dans mon fossé avec mon corsaire trempé d’eau que je ne peux pas remettre en place avec des doigts raides incapables d’être efficaces. J’y passe du temps, j’ai envie de hurler de rage et c’est insupportable ! La honte absolue quoi !! Enfin je repars, je me résigne que je vais devoir patienter avant de me réchauffer les mains et ça descend... Le photographe nous attend en bas, je suis quasi seule  et je lui fais un grand sourire à l’idée d’aller sur les jolis quais tout neufs de la Seine ; il me dit juste « ah jolies dents ! » : compliment apprécié pour une dentiste et surtout cela me fait rire intérieurement.

 

Allez hop le pont de Sèvres avec une petite bourrasque de vent au passage : c’est cadeau ! Les quais : je les connais par cœur et j’aime bien ! Je vois un couple qui marche en se tenant par la taille : j’ignore lequel est le plus mal mais je compatis fortement car leur route va être encore plus longue que moi pour atteindre la tour Eiffel. On longe l’ile Seguin et puis on va sur l’ile St Germain et là j’ai la grande chance de voir Bert’ qui m’attend. Il me propose un  nounours en guimauve : oh j’adore cette petite attention. Il démarre avec moi, me prodigue pleins de paroles encourageantes, me félicite sur ma régularité...bref une bouffée d’oxygène. Il hèle au passage quelques coureurs qui étaient en train de prendre le mauvais chemin et me dit en rigolant que j’ai dû en doubler 25 d’un coup ! On se marre. Bon j’avoue que je louche juste sur ses gants avec envie et il me raconte qu’il s’est gelé les doigts à installer les pancartes Kikourou (non sans blague il fait froid ?). Et ça pleut toujours... J’ai droit à quelques nouvelles flaques de boue dans le parc mais pas très grave : mes pieds sont de toute façon trempés ! Il me laisse à la sortie du parc et je continue. J’ai une pensée pour le Off des Ponts de Paris avec les kikous quand j’arrive à Garigliano mais pour le coup il n’y a pas  Bubulle pour nous inventer des trucs tordus de traversées, escaliers, boucles qui rallongent le parcours. Là c’est tout droit ! Je vois enfin ma Tour Eiffel adorée, enfin pas en entier car le sommet est dans la brume, les nuages. Plus loin on fait un bout de chemin dans le parc André Citroën, désert. Et là vers le km 27-28 : je me sens cette fois vraiment glacée de partout, j’ai les muscles des bras tétanisés qui me font super mal, la pluie a laissé place à la neige et je n’ai plus envie de me battre pour finir, je ralentis encore car cette fois-ci  j’en ai trop marre et je suis crevée, je marche vers le pont de Grenelle où je fais une tête d’enterrement au photographe. Cette fin de course est un calvaire ! L’ile aux cygnes me semble interminable. Pont de Bir Hakeim enfin : j’arrive dans les derniers mètres et je ressens une forte émotion : un mélange de fatigue, joie, découragement, fierté, épuisement...Tout se bouscule et je franchis la ligne d’arrivée en 3h51. Quelle course !!! Je récupère mon tee-shirt et je me fais cette réflexion : quand je croiserai des coureurs avec ce tee-shirt en forêt je leur dirai ou penserai « alors tu y étais aussi dans cet enfer ? ».

 

Et l’arrêt de la course sonne le début d’un autre enfer : j’ai encore plus froid ! Je demande à une femme non coureuse de me sortir ma couverture de survie car j’ai l’impression d’être un glaçon sur patte ! Je vais au gymnase me changer le haut et les chaussures et il me faut un temps fou avec mes mains toujours gelées. Je croise un de mes patients qui a bien galéré aussi et qui découvrait cette course ! Je prends le métro en claquant des dents et j’arrive enfin chez moi où je me plonge dans un bain chaud vers 15h30. J’en rêvais !

 

Le soir vers 19h10 je vais à Chaville avec Bert’ et rejoint par Gilles (qui a fait le 45 km), on encourage ceux du80 kmen espérant voir nos amis. Je distribue mes fraises Tagada et on essaie de les booster. On est super content de voir Bart, Tonton, Caro, Killian et d’autres kikous inconnus. Certains me sidèrent avec leur short ! On reste 45 mn  et on s’en va avant d’être momifiés sur place par le froid ! On a l’impression d’abandonner ceux qui vont arriver et notamment Raya et Bubulle mais bon ils ont trainés ces 2 là aussi...)).

 

Jour J+1 :

 

Dès le lendemain, j’ai réalisé que j’avais vécu un truc hors norme de dingue et que c’était une belle chance au final d’avoir participé à cette édition 2018 dont on parlera longtemps. C’est bon pour le mental de vivre ce genre d’expérience et je prendrai davantage les difficultés sur moi lors de prochaines courses sans me plaindre !

7 commentaires

Commentaire de Tonton Traileur posté le 25-03-2018 à 18:05:50

double BRAVO Sophie !
-1°: pour ta course et ce bain de boue forcé, qui restera mémorable,
-2°: pour nous avoir attendu dans le froid et la nuit à Chaville, avec Bert', et je peux te dire que nous aussi, on était super content de vous voir là !!!

Commentaire de Bérénice posté le 25-03-2018 à 22:45:56

Merci Tonton et bravo à toi aussi : il en faut du courage pour faire 80 km dans ces conditions !

Commentaire de catcityrunner posté le 26-03-2018 à 21:27:05

Bravo !
Une édition dont on se rappellera longtemps :-)
Je te comprends trop bien sur l'enfer du froid à l'arrivée, ayant moi aussi fait confiance aux prévisions météo optimistes ;-)

Commentaire de Bérénice posté le 26-03-2018 à 21:40:29

Tu te souviens comment j'avais évoqué la veille l'idée de t'attendre à l'arrivée !!!! ça ne risquait pas...je me suis demandée en allant prendre le métro à Bir Hakeim où tu étais !

Commentaire de Bert' posté le 29-03-2018 à 18:24:23

Excellent ! On se marre après coup de ces péripéties mais sur le moment c'était bien chaud... enfin gelé !
Bravo 'avoir réussi à affronter les éléments. Avec le Raid 28, ça fait 2 très belles expériences pour commencer l'année :-)
P.S : tu aurais sans doute dû te couvrir un peu plus (facile à dire après coup) <=> T. Shirt court + manchette pas adapté dans tous les cas, même si ça change pas grand chose.

Commentaire de badgone74 posté le 30-03-2018 à 10:08:38

flûte....J'ai raté les fraises tagada ! Etais-je trop lent ? Ben oui mais j'ai fait ce que j'ai pû .....
Et tu avais froid...Ah bon ? Quel froid ?
Bravo pour ta course et au plaisir de te croiser

Commentaire de Kephset posté le 30-03-2018 à 15:44:27

J'ai été content de te voir avant le départ, la pluie de ce moment là annonçait la suite !
Belle course malgré les conditions et ton manque de prépa.
Tu n'es pas la seule à avoir eu très froid dès l'arrivée avec beaucoup de mal pour se réchauffer, j'ai vécu la même chose.

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