L'auteur : Olivier91
La course : Le Tour de l'Oisans et des Ecrins Non Stop
Date : 27/7/2011
Lieu : Les Deux Alpes (Isère)
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Distance : 180km
Objectif : Pas d'objectif
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L’ultratrail est un sport dangereux : il crée une forte dépendance au bonheur. L’ultratrail n’est pas un sport difficile : les moments durs ne laissent pas de traces, nos souvenirs de courses se nourrissent de flashs de plaisir, d’images superbes ou surprenantes.
Ce n’est pas ce Tour de l’Oisans et des Ecrins qui fera exception ! Pourtant tout a été fait pour nous dégoûter : 180 km (au moins !), 12000m de D+ (au moins !), pluie, orages, brouillard, vent, pas de balisage, …
Les amis Ultrafondus et kikoureurs (du forum kikourou.net) sont venus nombreux pour cette édition non-stop unique à l’occasion du 20ème anniversaire du défi de l’Oisans. L’ambiance est chaleureuse parmi ces coureurs souvent très expérimentés qui se retrouvent depuis plusieurs années à l’occasion des grands rendez-vous du calendrier.
Pour ma part, il y a longtemps que je n’ai pas terminé un gros ultra suite à deux années de galère niveau blessures, mais mes derniers entraînements m’indiquent une forme ascendante (pour ceux qui suivent, dans le numéro XX d’Ultrafondus, j’indiquais que je me lançais dans un nouveau programme de perte de poids, objectif atteint avec 22 kg perdus en 4 mois, d’où la bonne forme à l’entraînement !). J’ai donc hâte de confronter ces bonnes sensations à la réalité de la course.
Seulement, sur ce TOE, il faut que la motivation survive au briefing donné par Arnaud, l’organisateur la veille du départ !! Lui et Brigitte, la responsable médicale de la course mettent le paquet dans leurs recommandations pour qu’on ne s’engage pas à la légère sur ce gros morceau ! Arnaud rappelle que mis à part quelques rares endroits, le parcours n’est pas balisé et qu’il faudra pour se diriger s’appuyer sur un GPS obligatoire et sur le balisage du GR. Ce qu’il ne dit pas, c’est que le balisage du GR est particulièrement light, et en particulier de nuit, ceci aura une certaine importance.
Sur la ligne de départ, les visages sont souriants mais dissimulent avec peine une certaine inquiétude devant le programme proposé. La météo annoncée est moyenne : pluie et froid jusque dans l’après-midi et ensuite çà s’améliore …
Il ne pleut pourtant pas quand nous nous élançons pour une première descente. La tête de course attaque fort, je me cale à mon habitude en deuxième partie de peloton, préférant doubler qu’être doublé ! En plus je suis un peu intimidé devant ce qui nous attend.
Avec une trentaine d’ultras terminés, je ne retrouve que rarement cet état particulier d’excitation liée à l’incertitude devant la tâche à effectuer que je ressentais au début. A cet égard, le TOE me redonne ce goût épicé avec sa part d’inconnu. Quel plaisir !!
Cette première descente, tranquille, est l’occasion de discuter avec les uns ou les autres, c’est fort sympathique. Même si je suis plutôt un descendeur, je ne donne pas tout à ce moment car il faudra continuer à descendre en courant avec 12000m de d- dans les jambes !
Dans la première montée, la pluie annoncée arrive, fine et froide, les coupe-vent sont de sortie. Je suis surpris de finir la montée en rattrapant Fabrice puis Eric, habituellement bien loin devant moi. Premier signe que je dois aller plutôt bien. Je trouve l’ambiance amicale, ça discute pas mal, des petits groupes se forment, les bénévoles mettent l’ambiance … Je me sens bien, je me trouve à courir sur des portions où d’habitude je marche, je reste avec Fabrice, un bon pote avec lequel nous avons déjà bouclé ensemble un GR73 et le premier trail des Aiguilles Rouges. La pluie n’est pas encore trop gênante. Seul bémol, les paysages sont invisibles, l’horizon étant très bouché.
Passé le col de Sarenne, alors que la pluie s’intensifie, j’entame ma première descente, avec beaucoup de concentration car le terrain détrempé est piégeux et que ma glisse n’est pas au point. Je me retrouve seul et commence à entrer dans ma bulle. J’aime ce moment de rendez-vous avec soi-même. Même si j’apprécie les échanges lors des ultras, surtout avant et après, il m’est important d’avoir de longs moments d’ introspection . Ils me permettent d’écouter mon corps et de régler tous les paramètres mis en jeu dans ce genre de course, les allures, l’alimentation, l’hydratation, l’orientation (à chaque fois que je fais une erreur en course, c’est que je suis en train de discuter …), l’équipement et la motivation.
J’entame une des nombreuses parties sur route, qui contrastent avec le caractère souvent très sauvage de la plupart des cols. Cette route vient buter contre un vrai mur où serpente un sentier où s’échinent cinq / six coureurs courbés sous la violence de l’effort. C’est le dernier avant d’arriver au 2ème ravitaillement où j’ai le plaisir de croiser quelques têtes connues dont Alice, ma femme qui, avant de se muer en pacer pour un autre Olivier, joue un rôle plus habituel de supporter. J’adore ces moments de retour à la civilisation et aux personnes aimées qui contrastent avec les moments de solitude sur le parcours. J’y passe même toujours un peu trop de temps !
Alice m’indique que je serais classé dans les 40 premiers, ce qui m’étonne, je me croyais plutôt dans les 100 ! Cela me booste et malgré la pluie, je repars l’air joyeux ! Direction le plateau d’Emparis et sa fameuse vue de la face nord de la Meije …. Qu’on ne devine même pas sous les nuages. Le parcours est de plus en plus imbibé et nous traversons de longues flaques d’eau glacée. Les pieds sont sans arrêt trempés et frigorifiés. Après une longue montée, nous arrivons sur le plateau qui normalement serait propice aux relances, mais la météo rend la motivation pour ce faire assez incertaine. Seule la présence d’autres coureurs devant et derrière me pousse à alterner course et marche.
Bon an mal an, je gratte quelques rares places. L’absence quasi-totale de paysages me conduit à investir plus que d’habitude dans l’approche « compétition », d’autant qu’il est rare que je sois si bien placé aussi tôt dans la course … et que je sois aussi confortable dans les allures utilisées. La descente sur La Grave se poursuit alors que la pluie confine au déluge. J’ai froid, je suis trempé malgré ma veste de montagne, le paysage est gris. Seul l’enthousiasme des bénévoles et des quelques spectateurs donne un peu de chaleur. Et seul le plaisir de l’effort voire la compétition me font avancer, tant autrement je serais mieux au chaud à siroter un Coca et manger une bonne crêpe.
A la Grave, je retrouve Yannick, Val et Sylvain que j’imaginais bien loin devant moi. Je me pince, mais je dois me rendre à l’évidence, je suis bien en compagnie de coureurs qui d’habitude sont à l’avant. Ma forme est bonne et je me sens super bien. Comme partout, les bénévoles sont aux petits soins et ils rendent difficile la sortie du petit bâtiment où on se sent tellement mieux que sous les trombes d’eau qui s’abattent sur les pauvres coureurs !
En compagnie de Yannick, j’avale en courant presqu’intégralement les longs plats et faux-plats qui nous conduisent au pied de l’Alpe de Villar d’Arêne. La pluie a cessé, le sentier est très beau, je vis ce moment comme une accalmie. Le fait d’être à deux me pousse un peu aux fesses, et çà déroule à bonne vitesse. Dans la montée de l’Alpe, je lâche Yannick, Val et rattrape plusieurs coureurs. Les sensations sont incroyables. Je monte sans avoir besoin de souffler … et ma montre m’indique que je dépasse les 1000 m/h. A ce moment-là je bénis la perte de poids et mine de rien, un entraînement nouveau pour moi et improvisé car il répondait uniquement au besoin de brûler des calories et d’épargner mes articulations : le vélo elliptique à fortes doses.
Aux abords du refuge, le vent qui vient des sommets avoisinants s’engouffre dans le col d’Arsine et vient nous frigorifier à nouveau. L’humidité est omni-présente. J’ai un peu peur que la descente soit glissante … et je n’aime pas ça ! Au final, celle-ci se passera bien et le passage en fond de vallée pour rejoindre Le Monêtier est l’occasion d’un petit regroupement avec en particulier Sylvain le globe-coureur et val. Un coureur, habitué du défi de l’Oisans, m’indique qu’il compte dormir à Vallouise pour attendre le jour pour franchir le col de l’Aup-Martin, point culminant de la course, qu’il me décrit d’une manière assez abominable. Cette description trottera dans ma tête à tel point que une certaine angoisse s’installe et ne me quittera qu’après son franchissement. Celui-ci m’est annoncé pentu, étroit, glissant, en dévers et peut-être sous la neige. Beau tableau !!
A la base-vie de Monêtier, j’ai le plaisir de retrouver Alice et mes 2 garçons qui m’aident à m’organiser pour réduire ma perte de temps. Mais une tension est apparue sur mon releveur gauche et avisant un stand kiné sans file d’attente, je m’octroie un petit massage préventif pour éviter la courante tendinite du jambier antérieur. Les visages paraissent marqués après une journée quasi-entière sur les sentiers. Michel Cercueil est là, m’apprenant son abandon. J’apprends aussi celui de Philippe, un pote qui courrait pour le podium : il s’est fait une entorse très rapidement. Mathias est là aussi, dossard rendu. Ça sent le mouroir, ici !! Je reste une bonne heure, et repars plein d’allant pour tailler encore la route avant la tombée de la nuit. D’autant que j’aimerais passer le col de l’Eychauda de jour, car là-haut, le tracé des pistes de ski rend l’orientation bien délicate.
Je repars au niveau d’Etienne et des 2ème et 3ème femmes dont je constate qu’elles n’ont pas lourd à porter et qui semblent animées d’un mental en acier tout en arborant un sourire quasi permanent. Bref la panoplie idéale pour jouer les premiers rôles.
Le début de la montée est agréable, je n’ai pas froid et le sous-bois est sympa. S’il ne pleut presque plus, le moindre coup de vent fait tomber des gouttes des arbres et la moindre traversée de végétation me trempe les pieds et les jambes. Le calme qui précède la tombée de la nuit est impressionnant. J’accélère un peu le pas pour profiter des dernières lueurs. Quand j’arrive aux pentes précédant le col, je me satisfais d’avoir fait l’effort, car effectivement, l’orientation sera bien délicate d’ici quelques dizaines de minutes, avec l’obscurité. Par contre, passer de jour présente l’inconvénient que l’on peut voir combien l’industrie du ski peut être une catastrophe au niveau des paysages !
La longue descente vers Vallouise se passe bien et l’arrivée de la nuit se fait quasiment quand je prends pied sur les premiers mètres de la longue portion de route qu’il faudra suivre jusqu’au pied de l’Aup Martin.
Dans les villages ou hameaux, le peu de balisage mis en place est souvent insuffisant pour effacer tout doute quant à l’orientation. Heureusement, à cette heure, dans Vallouise, il y a du monde pour m’orienter. La base-vie de Vallouise grouille de monde et ceux qui avaient fait le choix de dormir ici le regretteront souvent, car leur sommeil n’y aura pas été de bonne qualité.
Moi je reste 50 minutes environ, le temps de refaire les niveaux. Au moment de partir en petit groupe pour s’aider dans cette grosse partie nocturne, Martine, première féminine, me demande si elle peut se joindre à nous. Ainsi, c’est à 5 que nous repartons dans la nuit. Cette très longue partie de route, de nuit, en légère montée ne me plait pas beaucoup surtout qu’elle s’achève par un premier coup de mou pour moi. Une « tension intestinale » (!) me vide soudain de toute énergie. Il me faut m’asseoir pour ne pas tomber. Je suis obligé de laisser mes compagnons disparaître dans la nuit. Je m’arrête une vingtaine de minutes le temps de faire passer ce petit inconvénient, puis repars doucement pour remettre le corps en mouvement sans heurts. Je serre les fesses tant du fait de mes petits problèmes que du souvenir de la description dramatique qui m’a été faite de ce que je risque de trouver là-haut. Après une vingtaine de minutes à petit rythme, je sens l’énergie qui revient et j’accélère le pas. Tant et si bien que peu à peu je rattrape du monde, dont mes compagnons qui m’avaient semé. Le passage du sommet n’est pas confortable, certes, mais pas aussi horrible qu’annoncé. Comme sur la plupart des cols, c’est un empilement un peu instable de schistes qui accueille le sentier, ou plutôt la trace étroite, un peu en dévers. Mais c’est tout de même praticable. Par contre, l’absence quasi permanente de marques du GR m’impose une attention permanente pour ne pas perdre le fil ténu de ma progression.
La nuit est étoilée, mais toute la montagne exhale l’humidité dont elle s’est imprégnée pendant la journée. Quand je suis à l’abri du vent, c’est plutôt agréable. Mais étant encore trempé, les rafales de vent aux cols en particulier, sont particulièrement réfrigérantes. L’ambiance est très sauvage ce qui renforce le côté « oasis » des petites tentes avec leurs 2 courageux bénévoles que l’in trouve quasiment à chaque col.
La descente sur le refuge de Pré de Chaumette commence dans des barres rocheuses où le faux-pas est fortement déconseillé. La fin de la nuit approche et je suis décidé à mettre en pratique la stratégie que j’avais décidé avant le départ : dormir 2 heures juste avant le lever du soleil. De toutes façons, ces deux heures sont celles où je suis le moins efficace et je fais le pari que le gain de vitesse sur la suite de la course est supérieur aux 2 h de sommeil.
Coup de chance, il reste de la place dans le refuge et je me dépêche de m’allonger. Au pointage, je suis 33ème. 2h30 après, lors de mon départ du refuge, je pointe à la 59ème place. Nous allons voir maintenant si mon pari est le bon.
Ce matin, le soleil brille. Il fait frais, mais le ciel bleu et la lumière éclatante font un bien fou. Il me faut bien un quart d’heure pour relancer la machine, mais dès que je suis réchauffé, l’opération pacman peut débuter. A partir de ce moment, je ne crois pas avoir été doublé ! Je m’engage sur une longue période de bien-être. Il fait beau, je suis en pleine forme. Je ne suis jamais dans le dur alors que je monte à 1000m/h. C’est un moment de plénitude. Au col de la Valette, la lumière est resplendissante, je ne résiste pas à l’envie de m’asseoir et discuter avec la bénévole qui sort d’une longue nuit d’attente. Je ne traîne tout de même pas trop et enchaîne les 2 cols suivants à bonne allure.
Dans la descente du col de Vallonpierre, les nuages m’entourent non sans me laisser un répit au passage du refuge où je m’arrête pour un coca et une barre chocolatée. On y est tellement bien que j’y reste un peu pour profiter de ce petit coin de paradis. Je repars pour cette très longue descente qui me ramène à la civilisation. Elle est d’abord très agréable et je cours intégralement jusqu’à prendre pied sur la route que je dois suivre sur environ 6km pour rejoindre La Chapelle en Valgaudemar. Je me force à courir de temps à autre, mais le bitume et la chaleur (seul moment chaud de la course) ont tendance à m’en dissuader.
A la base-vie, Daniel me propose de partir avec lui. Nous avons un peu échangé sur le forum UFO mais nous ne nous connaissons pas. Ce sera l’occasion ! Dès les premiers lacets de la montée au col de Vaurze, notre entente s’avère très efficace. Il est rare que ce genre d’association bonifie les performances individuelles, chacun attendant l’autre sur son point faible. Mais là, magie du hasard, nous prenons tour à tour des relais qui nous font aller plus vite que si nous avions été seuls.
Nous sommes tous deux habitués de la montagne et pourtant, lorsque nous nous trouvons dans un secteur de roches rouges d’oxydes de fer, avec quelques pas d’escalade sous des filets d’eaux et que l’orage nous tombe dessus brusquement, nous n’en menons pas large ! On est pile à l’endroit où il ne faut être en cas d’orage. Aucun autre choix que de continuer, mais c’est avec une certaine angoisse que nous avançons. La configuration de cette montée non balisée me conduit à la trouver dangereux pour ceux qui le prendront de nuit et j’ai très envie d’appeler Alice pour lui dire d’éviter cette configuration. En fait comme pas mal de coureurs, elle partira de La Chapelle de manière à faire ce col de jour.
La descente sur le Désert est l’occasion de me lâcher sans retenue. Nous volons et doublons avec allégresse. Pour moi le moment le plus ludique de la course. J’adore ces descentes courables à la condition expresse de choisir très vite ses points d’appuis. Anticipation, souplesse, dextérité, puissance sont alors nécessaires. Au ravitaillement on nous annonce 35ème. J’ai repris ma place d’avant mon petit somme. Tout va bien, cette stratégie semble porter ses fruits. Au point où nous sommes, je n’ai plus de doute sur notre capacité à finir. Pas de trace de fatigue, les rythmes de montée sont encore très élevés, la bonne humeur est de la partie.
Heureusement parce que ce qui nous attend est un peu inhabituel. En effet, la première moitié du col de Belle Côte est un vrai mur, sans aucun moment de répit. Je ne me souviens pas d’avoir déjà franchi un tel obstacle. Les mollets sont tendus à l’extrême, le souffle est court. Comme nous continuons de doubler quelques coureurs dont des duos, le moral au beau fixe nous fait grimper sans trop de difficultés, mais je plains ceux qui ont attaqué çà en étant déjà bien entamés !
Nouvelle descente sympathique quoique très boueuse et glissante sur la fin. Nos discussions se poursuivent avec Daniel. Le temps passe sans qu’on s’en rende compte. On est bien !
L’aller-retour sur la piste menant à Valsenestre nous permet de croiser quelques têtes connues. Les sourires sont de la partie car tous ceux que l’on croise s’attaquent à la dernière grosse montée du circuit. Ce que nous faisons après un rapide arrêt à la dernière base-vie. Nous ne traînons pas encore car la nuit s’annonce et nous voulons avancer au maximum alors qu’il fait jour.
La première moitié de la montée se fait dans la continuité de toute cette journée bénie. Mais alors qu’il me reste 400m de D+ environ, c’est la panne d’essence. Je cale complètement et c’est au métier, sous les encouragements de Daniel que je franchis avec difficulté le col de la Muzelle. Nous entamons la descente dans une obscurité totale, doublée d’un brouillard très dense. Le faisceau de la frontale fait briller les fines gouttelettes du brouillard du coup on ne voit plus rien ! Nous sommes dans une bonne pente schisteuse où le sentier est remplacé par une petite trace, caractérisée par un schiste un peu marqué par les passages de randonneurs. Mais ces marques sont extrêmement ténues de nuit et dans le brouillard.
Je fais tout le début en piétinant, courbé en deux et écarquillant les yeux pour essayer de deviner si je suis encore sur le sentier, sans jamais être sûr qu’on ne se dirige pas vers une zone de barres rocheuses dangereuses. Parfois nous cherchons la trace en nous déployant de front. Une petite partie est indiquée par cairns, mais dans les conditions de visibilité que l’on a c’est très insuffisant.
On doit ensuite passer un long névé. La frontale fait briller la neige ce qui nous empêche là encore de dénicher le passage pour traverser. Nous errons sur ce névé pendant de longues minutes. Impossible de trouver la sortie !
Quand enfin nous y arrivons nous pouvons enfin trottiner un peu avant de se reperdre peu après avoir dépassé le refuge. Un coureur remonte le parcours, persuadé de s’être trompé, il veut rejoindre le refuge pour faire le point. Nous l’assurons que nous sommes sur le bon chemin et il décide de nous accompagner.
La suite est très longue. Pas encore remis de mon coup de mou de la montée, j’avance un peu hypnotisé par la fatigue. Le terrain est traitre et ne permet pas vraiment de courir ce qui rallonge encore le supplice. Une envie de dormi r s’est discrètement installée. Il est temps d’arriver. Quand nous voyons enfin les lumières de Vénosc à quelques minutes, nous nous voyons proposer un petit jeu improvisé : tenir debout sur les espèces de galets qui recouvrent la fin du chemin. Que dis-je des galets !! Des savonnettes plutôt ! C’est impressionnant à quel point çà glisse même à très faible vitesse, notre compagnon de descente part sur les fesses, moi ça manque de le faire au moins 20 fois. Pour une fois c’est avec plaisir que j’arrive sur le bitume !
C’est complètement au radar que j’arrive au dernier ravitaillement. Dans mon plan initial, je devais juste pointer et repartir. Dans la réalité, je reste prostré sur ma chaise, au bord du malaise. Je me pose même la question de demander une aide médicale. Je décide alors ce qui m’a déjà réussi : m’accorder un micro-sommeil de 10/15 minutes. Bien m’en prend : après une pause au total de 40 minutes, je m’attaque à la dernière montée sur les 2 Alpes dans une forme renouvelée. 700m/h alors que j’étais quasiment à l’arrêt avant ma sieste. Je connais cette montée pour l’avoir reconnue quelques jours auparavant. Une grande satisfaction m’envahit. J’y suis arrivé et pas trop mal en plus. Mon allégresse est tout juste un peu refroidie par les 2 km plats dans le froid et le brouillard qui me permettent, en contournant la ville, de rejoindre l’arrivée. Je suis absolument frigorifié, il n’y a pas un chat dans les rues (il est 3h du matin), je n’y vois rien, le balisage est un peu étrange avec 10 flèches en 20 m puis aucune pendant 200 !
Deux jeunes bénévoles me pointent à l’arrivée, bien tristounette sans ma famille. Mais une fois au chaud dans la salle qui nous accueille, bichonné par les ¾ bénévoles présents, une profonde joie m’envahit. Je finis 28ème sur 241 au départ et mis à part deux petits épisodes, tout s’est passé sans anicroche.
La course a été belle, dure en soi et durcie encore par les mauvaises conditions atmosphériques, l’ambiance extraordinaire. Le souvenir de cette unique édition restera gravé dans la mémoire des participants.
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8 commentaires
Commentaire de BENIBENI posté le 10-11-2011 à 15:14:59
Superbe ! Tu viens de me replonger quelques mois en arrière ! J'y etais non de diou !
Commentaire de Astro(phytum) posté le 10-11-2011 à 18:04:35
Je me disais bien que j'avais déjà lu ça quelque part ;-)))
Enfin respect pour ta course Olivier !!!
Commentaire de Land Kikour posté le 10-11-2011 à 18:57:12
Merci Olivier pour ce superbe cr qui nous replonge dans cette si belle aventure. Que du bonheur et encore une fois, toutes mes félicitations pour ta course. Quelle gestion !!
Commentaire de ptijean posté le 10-11-2011 à 19:41:52
C'est bien d'avoir pris du temps pour nous écrire ton CR, ça nous rappel de bon souvenir. A+ sur un prochain truc de ouf .
Commentaire de Bacchus posté le 10-11-2011 à 21:15:08
Bravo pour ta course Olivier
22Kg en quatre mois, il faut que tu me donne ta recette -;)
Commentaire de jpoggio posté le 10-11-2011 à 23:31:21
Même remarque que Benos...C'est vrai que j'y étais, dammit...(même si on ne parle pas *vraiment* de la même course :~ )
Commentaire de lolo' posté le 11-11-2011 à 23:17:39
Toi aussi des flashs de plaisirs ? ;-))
Bravo Olivier et merci de faire remonter des bonnes choses qui nous prouvent que nous sommes vivants
Commentaire de UfoLau posté le 10-12-2011 à 16:20:15
Très belle course, bravo!
Et ravi d'avoir fait ta connaissance après course (parce que pendant j'étais derrière...)
Amicalement,
Lau
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