L'auteur : lolod
La course : Le Tour de l'Oisans et des Ecrins Non Stop
Date : 27/7/2011
Lieu : Les Deux Alpes (Isère)
Affichage : 914 vues
Distance : 180km
Objectif : Terminer
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Pourquoi donc suis-je allé visiter cette planète ?
L'envie d'aller plus loin après la planète CCC découverte en 2010, l'envie de profiter d'une édition unique d'un trail parcourant les montagnes de mon enfance. Participer à une course dont le profil accidenté me correspond mieux que les courses sur route.
Comment ma préparation modeste a pu m'emmener vers ces sommets ?
Comme souvent, très peu de courses au programme de l'année. Le très beau trail d'Ecuillé fin décembre 2010 après quatre mois d'interruption suite à mes entorses à la CCC, le marathon de Trelazé bouclé laborieusement, avec des crampes, en 3h25min mi mai puis le trail urbain d'Angers (26km en 2h05min) 15 jours après avec de très bonnes sensations. Tout cela en vue du TOE ! De janvier à mai, préparation marathon avec seulement 2 à 3 sorties par semaines, plus une séance piscine jusqu'en avril seulement.
Après le marathon, quatre séances hebdomadaires, essentiellement à l'étang Saint Nicolas pour profiter du dénivelé monstrueux pour la région, 30m ! Les sensations satisfaisantes et mon expérience alpine m'incitent à ne pas en faire plus et je préfère arriver frais le 27 juillet. J'apprécie le feeling et la simplicité, même si parfois je peux rester sur ma faim concernant la performance finale.
J'espère que cela suffira pour découvrir mon premier ultra de plus de 100km.
Voilà donc quelques éclaircissements sur ce qui amena Denis vers cette aventure.
Les grandes personnes aiment bien les chiffres, alors la première chose qu'il voulut partager est le résultat brut, avant de dévoiler ses sensations, ses sentiments.
Quelles horaires ais-je tenu au cours de ce périple ?
Départ à 8h05 aux Deux-Alpes.
Arrivée au Terrasses (km39, +2500m) en 5h50, à la Grave en 6h.
Arrivée au Mônetiers (km 65, +3600m) en 9h50. Pause de 20 minutes.
Arrivée à Vallouise (km 83, +4600m) en 13h45. Pause de 45 minutes.
Col de l'Aup martin (km102, +6200m) en 19h.
Col de Vallonpierre (km 118, +7350m) en 23h30.
Arrivée à la Chapelle en Valgaudemar (km 132, +7430m) en 26h20. Pause de 40 min.
Arrivée au désert (km 152, +9000m) en 32h30. Pause 20min.
Arrivée à Valsenestre (km 162, +10100m) en 35h45. Pause 20min.
Col de la muzelle (km 166,+11500m) en 38h30.
Arrivée à Venosc (km 175,+11500m) en 41h.
Arrivée aux Deux-Alpes (km 180, +12200m) en 42h45.
Quelles sont les heureuses rencontres vécues pendant ces presque deux jours ?
Bien entendu rencontre avec moi-même, mais cela reste personnel.
Et surtout rencontre avec des bénévoles extraordinaires toujours aux petits soins lors de mon arrivée aux ravitaillements.
Je me souviens en particulier des pointeurs cachés dans leurs tentes, sous la pluie, à nous attendre aux cols, excepté au col de la Muzelle, où planter une tente sur une lame de rasoir semblait trop ardu.
Je me souvient aussi des masseurs et masseuses à Vallouise et à la Chapelle. Sur le moment, les massages sont parfois douloureux, et j'ai pu douter de leur efficacité sur le court terme, mais je suis convaincu qu'ils ont participé activement à ma récupération.
Je me souviens aussi des bénévoles aux bases vie toujours vigilants à notre alimentation chaude (pâtes, soupe) et des bénévoles aux ravitaillements intermédiaires. En particulier, au désert, où la bonne humeur d'un barbu et de sa compagne du moment donne du baume au cœur. Surtout après avoir sifflé une bonne partie d'un saucisson.
Je me souviens aussi de tous les coureurs au départ dans ce grand gymnase. Apeuré par leurs matériels impressionnants et leurs très grand sacs vie, là où je n'avais qu'un peu de complément de nourriture et une paire de chaussette à Vallouise !
Je me souviens aussi des rencontres le long des chemins. Avec Arnaud Guéguen ainsi qu'Alexandre Richard dans la montée du col de Cluy. En discutant avec eux et de leurs performances sportives en particulier à l'UTMB (l'un en 28h et l'autre en 30h), je me suis dis qu'il fallait rapidement modérer mon allure. Ils finiront respectivement 14ième et 11ième. Bravo à eux et merci pour ces instants partagées. Avec pleins d'autres aussi, où le souffle m'a manqué pour discuter et échanger. J'ai pendant quelques heures suivi Séverine, la première féminine. Arrivée ensemble à la Chapelle, elle me devancera de 50min à l'arrivée. Chapeau!
Je me souviens aussi des applaudissements de mes acolytes à mon arrivée dans le gymnase. Un beau réchauffement avant le thé chaud.
Je me souviens aussi de mes parents à Vallouise et à Entraigues, ainsi que Francis, mon mentor de montagne, et Christiane. Leur simple présence est chaleureuse et donne de l'élan pour repartir.
Je me souviens pour finir d'un partage différent avec mon pacer, papa poule pour mes 50 derniers kilomètres. Un grand merci à lui pour son soutien et sa gestion.
Je me souviens aussi de la douce voix de ma femme au col de la Muzelle. Miracle de la technologie et découverte du téléphone portable pour la rassurer et la prévenir de mon arrivée prochaine. Tout cela dans un vent et un froid glacial.
Quelles ont été mes sensations sportives pendant ces 43h?
Avec un départ en descente, j'ai modéré mon allure pour éviter de me griller et de me blesser. Au cours de presque toutes les descentes, je n'ai presque pas couru pour éviter les entorses, comme cela m'était arrivé à la CCC. J'ai évidemment perdu du temps mais j'ai préservé mon intégrité physique et je pourrai ainsi continuer mes activités sportives et éviter quatre mois d'arrêt. Je suis donc satisfait de ce choix raisonnable.
Très rapidement, la pluie s'invite, plus ou moins fine au cours des heures. Globalement, cela ne m'a trop gêné et est préférable à un soleil de plomb.
J'ai l'impression d'avoir été assez régulier sur la totalité du parcours, avec bien sûr des moments de fragilité et d'autres un peu d'euphorie. Jusqu'au Mônetier, un seul petit coup de mou dans la remontée vers Besse, ainsi que les 3km après le Casset. Je n'aime décidément pas le plat !
Le redémarrage dans la montée du Col d'Arsine est un peu dur. Heureusement, un heureux homme qui a choisit de dormir à Vallouise, m'entraine doucement vers le haut.
La descente vers Vallouise est très roulante et se déroule donc sans encombre.
La remontée suivante par la route est longue et fastidieuse (7km pour 400m de dénivelée). Une marche rapide permet d'avaler cette portion en 1h30.
La fin de l'ascension du col de l'Aulp-Martin est un peu plus délicate, mais l'arrivée de nuit au refuge du pré de la Chaumette est agréable et sereine. Le col de la Valette est avalée en 1h30 environ mais je subit une grosse baisse de régime dans le petite montée du col de Vallonpierre ou il me faut, de mémoire, environ 50 minutes pour 300m. La descente vers le refuge de Vallonpierre est la bienvenue. La vue depuis ce replat sur lequel est posé le refuge est fantastique. Un très beau moment, où enfin le soleil pointe son nez.
Je termine tranquillement la descente vers le refuge Xavier Blanc avant de retrouver la trop longue route pour la Chapelle. Je trottine parfois mais après calculs, je me dis qu'il est préférable de marcher, 1km en 8min en courant et 11min en marchant, et garder de la réserve.
Je retrouve Antoine mon pacer. Il trépigne d'impatience de démarrer mais je le déçois surement en me contentant de marcher sur la route avant d'attaquer la montée vers le refuge des souffles. C'est ici que Séverine me double. Dans la montée des souffles, des sensations d'absences, de vertiges, de fatigues apparaissent. Je me laisse tenter par une sieste de 15min au refuge. Très réparatrice après 28 heures de courses. Irina, la seconde féminine en profite pour me doubler. Quand je pense qu'en 2009 à l'Ecotrail de paris elle arrivait avec 1h45 d'avance sur moi, je me dis que je suis finalement dans un bon jour (en l'occurrence deux bons jours!).
Nous reprenons la montée vers le col de Vaurze, assez longue. Descente tranquille comme d'habitude. La montée de Belle côté est effectuée en 1h45, dans la moyenne des concurrents d'après le pointeur. La descente sur Valsenestre est longue est impressionnante (vue depuis la muzelle).
L'aller retour sur Valsenestre n'est finalement pas désagréable. Après 10 minutes de remontées, un doute nous submerge. Fallait-il signaler notre départ de la base-vie. Antoine fera un aller retour express à la base vie pour s'en assurer. Je continue donc à monter à faible allure avant de l'attendre quelques instants. Nous perdons ici surement un bon quart d'heure mais je gagne aussi quelques moments de repos. Une fois réunis, je décide d'accélérer le pas pour faire l'ascension du col de la Muzelle. Nous mettrons environ 1h30 pour 900m.
La dernière descente est interminable (-1750m!). Encore et toujours des cailloux, de la boue, de la neige....Dès le début de la descente, nous avons perdu le chemin et les cairns (il était à 10mètres de nous). Merci le GPS. C'est la seule utilisation, mais cela rassure à 23h en pleine nuit sous une pluie fine désagréable. La fin de la descente sur un sentier en pavé arrondi est pénible. Enfin Venosc et sa dernière remontée avec de nouveau des envies de dormir. Malgré cela, il nous faudra 1h25min pour les 850m de dénivelée. Ce n'est pas si mal après plus de 40h. Un dernier quart d'heure, pour un peu plus d'un km où je râle un peu de ne pas voir plus tôt la ligne d'arrivée. Il est presque trois heure du matin quand je passe avec Antoine la ligne d'arrivée sous les acclamations imaginaires d'un public venu en nombre.
Comment ais-je géré mon alimentation ?
Dès le début de la course, j'ai bu régulièrement des petites gorgées d'eau, j'ai mangé des fruits secs et des gels aptonia (non testé avant, oups) en une petite dizaine de prise par gel.
Avant les ravitaillement, je ralentissais mon allure pour faciliter mon alimentation. A chaque ravitaillement, j'ai profité pleinement du choix offert. Je prenais souvent deux ou trois pâtes de fruits pour les km suivants.
Aux bases vie, la facilité d'assimilation de mes repas gargantuesque m'a agréablement surpris. Soupe, pâtes, compotes, saucisson, chips...de beaux festins ! Côté boisson, eau gazeuse et coca en alternance m'ont permis de bien doser sucré/salé.
Nous avons eu la possibilité de remplir nos poches à eau en eau gazeuse. J'ai apprécié ce changement d'hydratation.
Je n'ai eu aucun problème de digestion, de difficulté urinaire. Je ne sais pas si c'est de la chance mais j'ai apprécié de ne pas avoir à gérer des désagréments liés à l'alimentation.
Que puis-je rajouter avant d'évoquer la récupération ?
Une chose fondamentale : l'utilisation de lentilles de contacts m'a évité les désagréments du port de lunettes, surtout sous la pluie. Une meilleur vue est essentielle pour le choix des appuis.
Une nuit précédent le départ à l'arrache. Nous n'avions, avec mon pacer, rien prévu pour dormir et finalement, le terrain de foot de Bons, près des deux alpes, accueillit notre tente pour la nuit. Le sommeil ne fut pas très bon et court, mais la veille d'une tel course, rien de surprenant.
Ma récupération fut-elle, est-elle satisfaisante ?
Oui, oui,oui. La nature humaine est parfois étonnante.
A peine deux jours après l'arrivée, soit samedi soir, je pars pour un tour de vélo, modeste de 20km pour faire tourner les jambes. La fatigue générale est bien présente mais je ne ressent pas de douleur particulière. Seule la flexion totale du genoux donne quelques tiraillements dans les quadriceps et une petite douleur sous les voutes plantaires au moment du reveil.
Le lendemain, ballade familiale pour montée à la langue du glacier blanc. Les 400m de dénivelé, au rythme de mes jeunes enfants se font sans problème. Ouf, j'arrive à les suivre.
Six jours après l'arrivée, de nouveau en famille, nous montons au Lac Laramon et du serpent dans la très belle vallée de la Clarée. Je poursuis avec Fred, un copain vers le Pic du Lac Blanc. Pour me tester un peu, j'enclenche la machine. Au final, 530m en 45minutes. Heureux d'en être là, à peine une semaine après.
Au cours de cette première semaine, j'ai découvert la faculté de se poser, de fermer les yeux et de s'endormir dans l'instant pour se réveiller sereinement dix minutes, une demi ou une heure plus tard. Cette sensation n'est pas désagréable.
Depuis deux trois footing plus ou moins tranquille me donne bon espoir pour la reprise. Il me faut maintenant réapprendre à nager et pédaler pour négocier correctement le triathlon de Villevêque, c'est à dire ne pas abandonner et finir comme d'habitude dans les derniers, toujours avec un grand plaisir et la bonne humeur.
Un mot de fin ?
A la lecture des autres CR, de la performance de mes compagnons de jeu, je prends conscience peu à peu d'avoir réalisé une belle sortie, peut-être une des mes plus belles pages sportives. Cela me fais hésiter de participer à l'UTMB l'an prochain tellement cette aventure était belle et réussie. Sur quoi puis-rebondir maintenant ? Laissons le temps agir...
Des remerciements ?
Sans aucun doute, sans ordre d'importance, je remercie chaleureusement et affectueusement,
ma femme et mes enfants
Antoine, mon pacer, et muriel sa femme,
mes parents, Francis et Christiane
Les organisateurs, les bénévoles, les autres coureurs
mes camarades d'entrainements d'Angers Tri et d'Esprit Trail Anjou
Fred, un ami
Denis
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3 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 17-08-2011 à 14:47:49
Comment, mais comment as-tu fait ??? Peu de prépa, peu de bornes, pas d'inquiétude... Je suis sidéré et admiratif ! Bref, tu n'as pas fait comme moi en tout cas et c'était la bonne formule de mon avis ! ^^
Bravo, félicitations. Tout en douceur, en harmonie ce TOE. Pour un résultat des plus prometteurs pour d'autres ultras !
Commentaire de BENIBENI posté le 17-08-2011 à 16:13:29
Bravo l'angevin ! Je suis super impressionné par ton temps ! Dire qu'il m'a fallut 22 Heure de plus pour boucler l'aventure...
A trés bientôt !
Commentaire de goonif37 posté le 17-08-2011 à 16:24:33
Très bon récit et un grand bravo à toi(ça promet)... ce fut un réel plaisir de faire un bout de chemin en ta compagnie. Les gars du plat pays ne s'en sortent pas si mal !!! @+
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