L'auteur : Free Wheelin' Nat
La course : La Montagn'Hard - 100 km
Date : 2/7/2011
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
Affichage : 4197 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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140 autres récits :
Oh là là, cette pré- course, quelle horreur !
Plus jamais ça : comme moi, la voiture en panne, la maison en vrac, , un sac mal dressé préparé en urgence la veille au soir de partir, vidé (comme moi) , rempli, vidé, rempli , vidé… rempli !!! (yeeees, je l’ai eu à l’ usure : sac maté à 23h…)
Voiture chargée et départ vendredi matin à 05h30.
Lorsqu’on arrive sur St Nicolas de Véroce l’après midi, je suis littéralement écrasée par le paysage : grandiose.
Je me sens minuscule…insignifiante face à ce monstre de montagne devant moi.
Ca monte aux yeux et un gros papillon vient se loger dans mon estomac.
J’eus conduit que j’aurais posé la voiture sur le bas côté pour chialer comme un veau !
Zhom et moi allons récupérer nos dossards, et , après présentations nous faisons royalement verbaliser par Le Bagnard pour non présentation de signalisation Kikourou (ben oui, la photo !). Rhhâââ, grossière erreur de débutante, j’le f’rai plus, promis.
J’sus toute timide au milieu de tout cette population Ultra…sympa !
Bonne bouffe « ToutSchuss » le soir même avec un panoramique de rêve avec …pfff… un bon paquet de kikoureurs.
J’ai peur de citer, je vais en oublier, mais je ne peux pas zapper notre Grand Organisateur Olivier qui nous rejoins (et Alice, son ultra dame ) et nous pré-briefe . Très très chouette personnage.
Pour les topines , je tente une photo des convives eeet…. Bon, j’ai vaincu le sac mais pas l’appareil , je laisse tomber (pas l’appareil, juste la photo).
Bien sûr, Loïc se fout de ma gueule ,(de bonne augure pour nos relations futures, ça…)
Jean Michel, compagnon de galère de mon homme en 2011 arrive, ainsi que « nôtre » Petit Franck, fournisseur officiel de Champomy sur le ravito des Contamines.
En vrac dans mon environnement proche (mais se tenant bien à table , les traileurs sont des gens corrects), the Ice man Trinouill , Ponpon, notre SuperBagnard, Land , Jean Michel, Astro et son extraSophie, quelques UFOistes ,dont un drôle de barbu qui nous aura mitonné un balisage aux petits oignons.
Tous les kikous n’y sont pas (et j’ai oublié qq noms et pseudos pardonnez moi , ça fait beaucoup pour mon neurone tout retourné ce soir là )mais ça fait quand même une sacrée tablée !
Et tout le monde est heureux d’être là .
Je biche.
« No comment » sur la nuit qui précède le départ à 5h , entre l’énervement , le matelas qui se dégonfle vitesse grand V et la température, on va dire…fraîche, mmhhh, pas besoin de faire un dessin sur mon aspect au réveil !
Coup de bol que je ne dormais pas d’ailleurs, l’Homme n’a pas entendu le réveil (moi, si, mais je pensais que c’était le voisin et j’ai attendu que le nôtre sonne)… C’est entendre le village commencer à bouger qui m’a fait regarder la montre. Naan… On a perdu du temps ,meudeu !…
Va falloir tout faire à donf, s’habiller, remplir les poches à eau, finir de se préparer sans oublier le détail idiot dont l’absence va polluer la suite. J’aime pô.
C’est l’APN qui fera les frais de la précipitation. Y’a pire…
Je flippe car mon portable n’a que 2 barres (et si je suis contrôlée ?? C’est grââââve , Gaby ? « Pfffff, naaaannn… »).
L’angoisse d’oublier un truc colle à moi comme le papier au chewin-gum, je me sens ridicule, les autres concurrents sont sûrement zen et concentrés , sûrs d’eux , de leur matos , en pleine forme et prêts ! lol.
Ah non, pas Ponpon. Faut une force de caractère hors du commun pour arriver à préparer sa poudre ( ?) à genoux par terre au milieu de la meute sur le départ passablement énervée, même pas 1mn avant le départ . Je te tire mon bob, man.
Allez, la dénivelée commence de suite, on est de suite prévenus.
L’allure ? Sans plus. Pour une fois je reste dans le peloton . Ca veut tout dire.
Premier ravito , les Toilles au petit jour et premier « bîp !--> Tirpouêêêt !! »
Je glisse à Astro que je commence à avoir mal à la cheville depuis environ le 3-4ème kilomètre. Celle qui m’a fait prendre des antiinflammatoires il y a 15 jours. Pour une petite élongation. D’après mon toubib.
Je ne tiens pas à mettre ParapGab au courant. Je ne saurais pas trop décrire mon état d’esprit mais ça cogite grave.
La mer est déchainée, le minuscule bateau est tout seul et chahuté par les vagues mais Nat s’active sur sa noix de coco (qui, les fans des Monthy Pythons le savent, est arrivée en France grâce aux hirondelles).
Je me souviens de la douleur à l’issue de ma dernière sortie longue. C’est bien simple, poser le pied par terre était insupportable au bout de 10h30 de rando-course.
Il faudra tenir trois fois plus.
« Sois sage ô ma douleur » …
Décision : pour l’instant je n’en prends aucune, et je rejoins ma moitié . Je finirai par lui glisser mon petit souci peu avant Bionassay. Pour l’instant je fais demi tour, j’ai raté le remplissage de la 1litre par de l’Effinov que je compte bien tester sur la course.
On court ensemble et j’aime beaucoup le coin , une magnifique forêt de feuillus qui se réveille au son des clarines. Montée, descente (mhhhmm), montée , descente (mmhmmm). ..
Chouette ! Ouster ! Enfin, Andrew, notre chef d’équipe .( Hé il est bobbé aussi !! Décidément , je l’aime bien , Ouster !)
Celle-ci, dédiée aux grands Monthy Pythons , se compose de : Dieu (Astro), de la fille à poil (moi), du French Froggie( Parap’gab), et du Capitaine Mister Cleese (Ouster).
Nous sommes la Flying Circus Kikourou’s Team. The Great.
Extra, le groupe se forme enfin sur la montée du …« Ni !! » « Ni !! »
En effet ! Entre chevaliers qui disent « ni » , peux pas y avoir un autre cri de reconnaissance ! lol Ouster est un peu plus haut sur le monotrace.
Il fait doux au soleil, et par moments on nage dans le végétal et les fleurs.
Arrivée au sommet du Prarion nous sommes au complet, ‘tttainnnn, c’est trop bôôôô !!! La vue sur le MontBlanc …ouaahhh…
Je kiiiiffe… Ce moment, je ne l’échangerais pas contre quoi que ce soit. Pour moi, c’est de l’or pur.
Pffiout… c’est reparti , on a un sacré tour à faire…
J’accélère dans la descente qui précède l’ascension jusqu’au Col du Tricot, zhom n’y comprend rien. Moi pas trop non plus, à croire que je m’ennuie malgré la cheville qui m’enjoint fortement de lever le pied (ha ha).
La montée au Tricot est sympa comme tout ! Mais il y a un monde dans le secteur !!
J’avais oublié l’heure et le fait que nous pratiquions des sentiers…de randonnée ! lolLes randonneurs semblent se mouvoir au ralenti (quoique, en arrivant sur le col, un couple dépotait autant que nous !). Carrément pas la même dimension !
Souvent l’incompréhension s’affiche sous les chapeaux (c’est quoi ces dingues numérotés qui ont le feu aux fesses ?), mais des encouragements se font souvent entendre, c’est sympa.
En parlant de la passerelle qui enjambe le torrent de Bionassay : du beau, du haut, de l’eau, du bruit ! (je n’étais pas fière dessus)
Le col du tricot : belle brochette de traileurs en pause ! Le barb’UFO Gilbert est là et me demande si ça va.
Ah ben oui, impec, c’est juste la cheville qui m’embête.
.On en discute un peu et le verdict de la tendinite tombe. « Tu n’as pas trop serré tes lacets ? », « bah non, justement ».
Je ne traine pas vu le courant d’air et je redescends vers Miage et son ravito (loiinn en bas !).
On termine par son « bon courage « un chouille dubitatif.
Là c’est clair, le bobo m’handicape sur la descente (mmhmm grmmml).
D’un seul coup j’entends quelqu’un arriver vite derrière moi et je me pousse .Un courant d’air blanc et bronzé me double par la gauche . Ca fait juste :« wooooshhhh » !
Hmm. (?)
Le grand gars avec qui j’avais papoté avant le col me rejoint et on discute
Bla bla…curcuma... tendinite…blabla…boisson maison… Les antiinflammatoires arrivent sur le tapis et Benoît m’en propose . Il me proposerait de la dope que ce serait pareil lol
Je décline, ça va pour l’instant mais je le remercie .
Je crois d’ailleurs que c’est à ce moment là que je croque la première aspirine ou sportétine, je ne sais plus (ça va défiler sur la suite mais je sais le stock limité »
Arrivée sur Miage : « , « bîp !--> Tirpouêêêt !! »,3ème !
On m’annonce 4ème fille (m’en fous, c’est le mot « finisher « qui m’intéresse)
La bouffe m’indiffère et je file faire le plein de la poche sous un bidon . D’un seul coup un bidon pousse ma poche. Je ne dis, rien, grince des dents mais prépare une saleté si y’a pas un « merci » derrière. Il est pressé le gars, c’est clair, mais quand même… Ah, « merci », bon , ça va…
La bénévole qui m’aide à remplir me dit rapidement que c’est le premier du 37.
Ah .
Oui…
Normal…
On reprend un monotrace boisé mais quand même en plein cagnard , et je retrouve Jean-Michel qui a du mal avec la chaleur. Je suis. Les montées ne me posent pas trop de problèmes, ça va.
On va, pour un bon bout de temps, se doubler l’un l’autre , on échange un peu.
Franchement pas désagréable, ce qui suit, ça se calme un peu côté dénivelée (mais pas côté douleur), il fait chaud mais c’est supportable car la forêt arrête les rayons en pointillé.
Pas trop de souvenirs après, si ce n’est que depuis un moment je suis une fille que je sens avoir le dossard noir, elle va bien . Je lui colle aux basques de loin , pas question de la lâcher pour l’instant, l’allure me va.
Ca se corse après, mais je sais que j’arrive sur le gros ravito bruyant du village des Contamines où , normalement, les kinés -ostéo doivent se trouver ( le Bagnard au Tré la tête me l’a promis !)
J’entends mon nom, subis viteuf un petit coup de « bîp !--> Tirpouêêêt !! » et file m’enquérir d’un soignant.
Bon ben là , c’est une toubi. De suite l’air est sombre et elle finit par me dire « je vous conseille de bifurquer sur le 57 » (les larmes me montent aux yeux rien que de m’en souvenir ).
Elle ne s’écroule pas sous mon regard foudroyant (y’avait quelques watts , pourtant…), et persiste.
« Avec le petit bandage, vous tiendrez bien et finirez honorablement votre 57 »
« … »
« C’est dur à entendre, mais faites le. »
« Au nouveau fonctionnel, qu’est-ce que je risque ?
« Pas grand chose, c’est la douleur qui vous arrêtera »
« Ah »
In petto , « Ah oui ? Elle m’arrêtera si elle veut, la douleur, mais pas sur le 57. »
La mort dans l’âme je vais remplir les poches : je ne sais plus ce que je veux finalement, je n’arrive pas à prendre la décision, je n’y arrive pas.
Petit Franck m’aperçoit et m’offre sa surprise, du Champomy ! Et ben ce serait une bonne idée d’en mettre sur les ravitos, ça passe super bien, le jus de pomme qui gaze !!
Je tourne en rond un instant, retrouve mon détecteur de tendinite qui ne m’aide pas choisir, mais je sens bien qu’il me voit dégringoler dans mes objectifs.
Cela dit, la balance continue à hésiter entre senestre et dextre et Olivier me demande si ça va. Bien sûr je couine que ma cheville blablabla etc …
Et ce grand Monsieur m’envoie une bouffée de … je ne sais pas… Mais j’ai bien senti qu’il m’a « passé » quelquechose. Il me parle brièvement de son expérience personnelle (pfiouuu…), et ne juge pas ma volonté de tenter quand même le 100.
Après quelques pâtes avalées à la hâte (bof…moi et les pâtes…) je repars avec JeanMi .
La douleur m’arrêtera ? Ah, ben si elle veut, mais qu’elle sache que je ne suis pas venue pour le 57.
Pour l’instant elle reflue un peu suite au repos pris sur le ravito (un peu trop long à mon goût…).
Encore un très bon moment à venir , passé en compagnie de (O'scour, j'ai mangé ton pseudo, pardon pardon pardon...!).
Qu’il soit encore remercié de m’avoir donné son tube de sporténine avant que nous nous sépariions à la bifurcation 57/100.
Lui partira sur la descente amorçant les dernier 10 kil du 57, et moi, ma foi, je souris aux 2 flèches opposées et pars vers le Mont Joly.
« bîp !--> Tirpouêêêt !! »
Le soleil descend sur l’horizon . C’est magnifique , un véritable havre de paix se situe en ces prés. Les chevaux nous regardent passer dans des couleurs sublimées par les rayons solaires qui amorcent leur déclin . Je suis en paix avec moi-même.
Comme je le dirai un peu plus tard à , je crois, Benoît et son pote , « un pas après l’autre nous rapproche toujours de l’arrivée . » Ou quelque chose comme ça.
Ca les a fait un peu rire , mais moi j’étais très sérieuse.
On commence à souffler, tous , ça ne cause plus guère…Pétard, ça grimpe jusqu’au Mont Joly !
Oh les saletés de chèvres, elles bouffent les balises !! Et elles nous précèdent ces c…es , pas moyen de les faire redescendre ! On s’inquiète pour les suivants qui arriveront sur place d’ici « une paire » d’heures environ…de nuit.
Yo ! Les antennes du sommet du Mont joly!!
Bien sympas les anciens qui nous accueillent là haut (vont rester toute la nuit ???).
La crête est sympa et jeanMi me montre le minuscule bâtiment en bas, loiiiiiiiiinnn en bas (la descente col du Tricot-Miage était franchement cool à côté...).
Que de la descente alors.
Je mets la bestiole en mode , « ne penses pas , descends » .
Jean Mi , après m’avoir dit « oh là là, je me suis tué les quadris l’année dernière ici » se met à dévaler la pente comme un fou furieux!
Je rigole toute seule en voyant le plaisir manifeste qu’il prend à accélérer dans la descente.Ca ne dure pas car j’ai mal et il me tarde d’arriver aux Tappes et ça n’en finit pas.
Ouuuffff…. « bîp !--> Tirpouêêêt !! »
Ca c‘est bouclé et bientôt, j’aurai à coup sûr parcouru 60km, soit plus de la moitié.
Arrivée aux Tappes, quasiment de nuit.
C’est le gros ravito endormi au pied d’un lac. Y’a des lits de camp.
Comment définir l’ambiance ? Le jour tombe et j’ai l’impression que les hommes suivent.
Apparemment non, ça vit, ça mange, …
Les filles bénévoles se démènent dans la bonne humeur pour nous nourrir (« cette boisson là ? c’est de la boisson énergétique salée mais personne n’en veut, ça n’a pas l’air terrible… »)
Ok m’dame, faites péter le bouillon !
Je m’assois devant JeanMichel qui termine ses pâtes. Et d’un seul coup tout lâche. Un coup de blues comme jamais j’ai eu me couvre les épaules.
Saloperies de trolls vous me lâchez oui ????
JeanMi s’en va et sa main qui se pose sur mon épaule en dit long sur la tête que je dois avoir en cet instant.
J’ai du mal à réfléchir mais la priorité est de se nourrir et de remplir la gourde.
Une des bénévoles m’aide à remplir la 2l, j’ai trouvé le moyen de me couper avec un couteau en essayant d’ouvrir un sachet de Nutratruc, houuuu, y’a du mou dans la corde à nœud !!
Je me lève pour aller récupérer le sac avec des affaires de rechange, et là, je suis stoppée net au milieu de la pièce.
Je grelotte comme une perdue, peux plus bouger, je crois mourir de froid.
Je repars comme je peux vers les sanitaires et je me change.
Je bouge au ralenti, mais tout ce que je sais , c’est que je dois fuir l’endroit et me barrer au plus vite.
D’ailleurs la cinquième fille arrive et l’air suffisant qu’elle affiche en affirmant en gros qu’ »près avoir fait 60km (en gros, hein) , ça ne peut qu’aller » me hérisse.
Qui est-elle pour affirmer un truc pareil ? Sait elle que probablement le plus dur reste à faire ??
Ma faiblesse passagère me rend minuscule à côté de cette morgue et je n’aime pas ça du tout
J’ accélère les préparatifs de départ, pas question de lui laisser ma 4ème place, nanmého...
Je ne retrouve pas mon buff (à mon cou…) et finis par demander à Benoît son comprimé d’AI, pars sans mes bâtons (je le réalise juste une fois dehors, pfff...).
J’allume ma frontale et c’est parti.
Il y avait des trolls dans cette bâtisse , c’est pas possible, car une fois dehors, je retrouve mes esprits et repars comme si de rien n’était.
Je demande au traileur juste derrière moi: « passe, je ne vais pas aller bien vite, je disfonctionne de la cheville ».
Je vais discuter avec David( enfin, je crois..?) sur tout le trajet jusqu’au « bîp !--> Tirpouêêêt !! » du parking de… quelqu’un m’aide ?
Une dame me demande « ah mais vous êtes ma voisine de camping ? » heu ??? Camping?
Dans le noir, là je ne sais pas, je dois avoir l’air totalement ahurie !!
David doit retrouver son épouse et on se dit à tout à l’heure, c’est clair qu’il va vite me rattraper.
J’attaque la suite en chantant (j’étais seule, je vous le promets, et puis "Mountain of God" des Incredible string, c'était plutôt de circonstance, non?) Je ne cours pas car seule j’ai un peu peur de rater les balises, mais ce n’est pas l’envie qui manque!
La montée vers le prochain ravito de la Balme s’amorce et j’attaque joyeusement le monotrace forestier au son d’un bal.
Je vais adorer la majeure partie de la nuit qui va suivre.
Le comprimé fait effet et je prends un rythme de croisière assez soutenu, je cours dès que le chemin me le permet, trop boooon...
Je rejoins Jean-Michel . « Ah , non, mais vous n’êtes pas loin, moi, c’est Michel » lol.
Un cou de mou dans l’équipe que je double, le gars en a marre.
J’encourage comme je peux (pas douée) puis je reprends ma route vers ce bizarre petit point rouge lumineux avec lequel je joue à cache-cache depuis un moment : on tourne autour ? Il se rapproche, s’éloigne…On dirait une tente de cirque rouge et jaune.
Pas d’inquiétude cependant, j’ai bien suivi bien doctement mes balises réfléchissantes.
« bîp !--> Tirpouêêêt !! »
Je suis à la Balme. Je commence à vraiment le trouver rigolo cet indicatif ! (les bénévoles un peu moins , peut-être…)
Des jeunes extra sympas résident dans cette petite tente rouge et l’ambiance est réconfortante .
Une des filles me pousse presque sur une chaise car je reste debout à remplir ma poche, discuter avec le vrai jeanMi cette fois et Michel planqué dans sa couverture.
Je consens à m’asseoir mais refuse la couverture et discute avec une des bénévoles qui semble troublée quand après avoir trouvé que j’étais courageuse, je finis par lui retourner le compliment (ça caille malgré les bonnes ondes qu’ils dégagent !) et lui affirme que sans eux nous ne serions pas là.
Je m’apprête à repartir et David rentre dans la tente comme dans un sas . Je croirais presque entendre le « pssshhh » de décompression ...
Dans quel vaisseau posé sur quelle planète nous trouvons nous?
-« ouahh, tu as bien tourné je ne te retrouvais plus ! »
-« je n’ai plus mal pour l’instant ...»
Je rejoindrai le prochain point de contrôle pas loin derrière les Michel , un peu inquiète car j’y vois de moins en moins. C’est pas les piles, pas poss, le voyant rouge n’est pas allumé.
Une lumière fixe au loin attire mon attention , je vais tenter de l’atteindre rapidement et voir à ce moment là ce qu’il se passe.
Un « scrich scrich ...dossard 109 ! » plus tard, un bénévole m’aide à changer mon jeu de piles (mes rechargeables étaient trop faibles pour la lampe)
Et vous savez ce qu’ont supporté les gars cette nuit là près des lacs Jovets?
-5 °C.
Des bruits d’eau un peu partout mais l’obscurité nous empêche de discerner quoi que ce soit à part les lueurs mouvantes ( lointaines) de nos prédécesseurs .
Je distingue à peine les étoiles et un peu le relief d'un noir insondable qui les cache, ça va monter dur d'ici peu.
Les balises réfléchissantes se font fil d’Ariane lorsque plus rien n’accroche le regard.
Plutôt rassurant après avoir franchi le Col de la fenêtre !
Juste devant moi un traileur semble tituber et je m’inquiète, mais je comprends vite , un talus à droite et rien à gauche, faut pas être saoul !
Mais pourquoi, je me crois faire le tour du Mont Joly ? lol
Au détour du chemin qui devient enfin praticable une lueur sentinelle apparaît et je réalise mon erreur (ah les femmes et l’orientation…)
J’avais oublié « le Signal » , c’est sûrement lui le dernier ravito (dernier ??!!)
Rien aux alentours si ce n’est , encore plus loin très bas, des lumières urbaines orangées.
Je guette les lueurs du jour mais non , rien pour l’instant vu l’heure.
L’homme au blouson vert partira devant , besoin oblige (y’en a marre , je ne suis pourtant pas déshydratée , pénible cette vessie à nouveau pleine aussitôt vidée !)
En attendant on galère , ça glisse …
Enfin nous sommes aux portes du complexe (restau, hôtel ?) , je double un homme tout tordu qui titube et je m’enquiers de sa forme, j’ai peur qu’il ne tombe devant moi.
-« ça ira, j’ai juste besoin de repos ».
Comme mon homme qui abandonnera un peu avant, le bassin en vrac.
Les portes poussées, la lumière nous aveugle. « bîp !--> Tirpouêêêt !! »
Oh, il fait bon ici !!
Quelques hommes sont assis, et tous (moi y compris) affichons un air vaguement hébété, et les déplacements sont lents...
Je vais aux toilettes et manque me pisser dessus tellement je suis « gourde », limite abrutie par la chaleur et la lumière.
Je me lave les mains... Ohhh, ben,j'ai une sale tête, là! lol
Surtout ne pas s’engourdir pour ne pas coller au carrelage et abandonner ici .
Je mange des pâtes mais vraiment j’ai du mal. Même le saucisson ne me tente plus.
Je me surprends à avaler malgré tout la boisson récup que j’avais emmenée.
Poche remplie, je repars avec Jean-Mi et Arnaud le blouson vert .
Poukram, pourquoi je n’ai pas pris mes gants….
Arnaud s’éloigne assez vite et je finis par laisser Jean-Michel car rester à son allure me refroidit, il a le coup de barre là..
Je commence à attaquer le mont Joly dans le jour naissant, dans l’autre sens cette fois-ci.
Ah ? On doit faire toute la crête ?
Tout ça ?
Pffff… ben on la fera , hein ? (même pas peur…)
Encore un petit coup en haut (papyyyy, c’est koaaa, ça …) et c’est parti pour une longueur de crête qui n’en finit pas. Là, je réduis l’hydratation (ah, quand même!!), je suis devenue une machine à uriner ma parole !!
J’essaie de sortir mon télephone tout neuf pour prendre des photos. Nul de nul.
Ca ne reproduira jamais ce qui m’entoure, il faudrait 120 prises pour un panoramique !
Des montgolfières face à la crête … Il y en a trois, il n'est pas tout à fait 7 heures .
Normal, l'air est d'un calme , ils fuient plutôt les thermiques, eux...
Je ne sais plus trop mettre un nom sur les reliefs qui entourent le Joly, mais fichtre, c’est impressionnant.
En bas à gauche, quoi ? Megève ?
Je vacille presque en réalisant comme la piste de l’aéroport est… petite !
De temps en temps, un rapide coup d’œil sur le côté sans tourner la tête , brr, la largeur est faible, mais le sentier agréable malgré tout.
La douleur est revenue depuis un bon moment, je fais avec, mais la pointe du pied, en se relevant mal, s’attarde de plus en plus souvent sur la roche .
L’étirement provoqué décuple la douleur, et même si je serre les dents , des fois « ça m’échappe ».
Pas vrai… le dernier check point !! « Dossard 109 » !!
Le soleil est plus haut sur l’horizon, bien ! Je commençais à en avoir marre de l’avoir dans l’œil (marre tout court ? lol).
Ca sent l’écurie même si je sais que j’ai 6km de descente avec la souffrance en sus, ce n’est pas fini.
Je passe difficilement sous le mont Joly , les roches sont grosses, c’est plus de l’éboulis qu’un chemin .
Et là, qu'entends-je au départ du chemin enfin carrossable? Blo Blo Blo Blo!
Y pète la forme celui-là… ?
C’est Jean-Michel Touron qui me descend cette p… de piste à mach 2, la banane en étendard extra large!!
Impressionnant !!
Même les gars un peu plus bas me demandent si j’ai le portable pour appeler les secours pour le décrocher d’un sapin quand il se ratera.
« Mais il est taré ce type, c’est vraiment un fou furieux !! » Il ont vraiment eu peur , ces pov’ jeunes ! (in petto, je rigole : « ça s’appelle un descendeur, ça ! »)
Re « vous savez quoi » (génial quand on a mal aux jambes) et Benoît et son pote me rejoindront peu après .
Côté membres inférieurs, ça crie de partout : à gauche pour la cheville, et tout à droite finit par en avoir marre de compenser.
Je maudis un peu tout le monde, mais moi en particulier :
Aïeaïeaïe
Quelle c..e je fais !!
Aouuuuchhhh
P.. de course de mmeeerde !!
Gnnnh…
Mais qu’est-ce c’est stupide de se faire mal comme ça, c’est pô vraiii !
SSSSsssss…
Les organisateurs sont cinglés ,c’est pas possible !!
Aoaoaoww !….
Putain de cailloux, plus jamais ça , etc etc «
La colère, c’est bon pour l’adrénaline… lol
Je raccroche le couple sur les derniers 500m de D- et on finit par arriver enfin en vue de l‘arrivée .
Benoit : « On court ? »
Ah ouais, je veux !( argggghhhh, alleeeeez …hoooopppahh ….)
On remet la machine en route pour la dernière fois. Ca grince mais j’avance, j’en suis toute surprise.
Même pas réalisé que les gars me laissaient passer devant ! (‘ci !)
Ah oui, elle devait m’arrêter la douleur ? Pas grand-chose , je crois, ne pouvait m’arrêter, à part un truc qui casse.
C’était énorme , et je ne remercierai jamais assez tout ceux qui m’ont permis d’atteindre mon but : on a beau jouer les fiers, on sait bien que tout faire tout seul, ce n’est pas possible.
Un grand grand merci à tous.
Et merci à toi mon homme, ta foi en moi m'a portée jusqu'à l'épreuve, et sans aucun doute, elle a a veillé sur moi jusqu'au bout. Je ne l'avais pas réalisé jusqu'à présent.
Non, décidément, je n’en reviens pas, de St Nicolas…
Comme d’être finisher de la Montagn’Hard 100 .
Y’a pas, hein, faut que j’y retourne histoire de voir si ce n’était pas un rêve … Un drôle de songe éveillé avec un bagnard, des chèvres , des tentes de cirque , des "tirpouêêêts" et plein, plein de gens formidables.
Pour vivre la course, je n'ai pas trouvé mieux que la vidéo d'Ouster comme illustration...
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11 commentaires
Commentaire de Ponpon posté le 14-07-2011 à 02:38:54
Magnifique récit !
C'est vivant, c'est génial... merci !
Par contre petite précision, je n'étais pas au repas mais au bar le vendredi !!! Et la technique du "tout le monde est prêt, sauf un" c'est bien moi...
Commentaire de skyrun74 posté le 14-07-2011 à 09:17:49
Impressionnant ton vécu sur cette course...
Commentaire de trinouill posté le 14-07-2011 à 13:13:11
terrible Bob et encore bravo ........merci de m'avoir remis aux oreilles les fameux « bîp !--> Tirpouêêêt !! »
Bonne récup et gros bisoux à Gab
Commentaire de ouster posté le 14-07-2011 à 15:24:45
Ni !! Terrible ces trolls aux Tappes, ils y étaient toujours quand je suis passé, looooongtemps après toi, mais je les ai vaincu :-)
Commentaire de Astro(phytum) posté le 15-07-2011 à 21:31:59
Un récit à lire à haute voix avec toutes tes onomatopées :)) Tu m'as scotché avec ton mental de guerrière, bien content de t'avoir rencontré Nath !!!
Commentaire de caro.s91 posté le 19-07-2011 à 11:28:39
Je suis très heureuse de lire ton CR.
Plein d'émotion, beaucoup de fierté légitime d'avoir su être humble avec la montagne et d'avoir réussi à dépasser ta douleur. Le temps du repos et de bien réparer ta blessure et je suis certaine que tu repartiras encore plus forte pour de nouvelles aventures en ultra.
Quand on y a goûté, difficile d'y renoncer. :-)
Bises,
Caro
Commentaire de maï74 posté le 21-07-2011 à 16:49:30
Enfin eu le temps de lire ton CR ! Qu'il est bien écrit, avec humour et émotion, comme si on y était... Fallait un sacré gros moral pour boucler ce truc de ouf, chapeau ! J'espère que ta cheville va mieux avec la récup, bisous.
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 22-07-2011 à 10:53:16
Hénaurme !
A te lire, j'ai peur. A voir les paysages du Rosbeef, j'ai envie...
En tout cas, bravo !
Commentaire de raspoutine 05 posté le 22-07-2011 à 22:02:36
Excellent !
Y'a pas ! Les récits en live, ça te connait ! Un vrai plaisir que de lire toutes tes anecdotes de cette belle course.
Et puis, impressionnante ! Tu auras trimbalé jusqu'au bout ta foutue douleur (... Histoire de mental, of course !).
Encore bravo pour ta perf' et bonne récup' .
Raspa
Commentaire de Bert' posté le 25-07-2011 à 13:03:26
Enorme !! et quelle(s) leçon(s)... Merci !
Après le pot pris ensemble la veille sur la terrasse, on est arrivé exactement en même temps à Miage où j'avais pris de tes nouvelles... (N.B : ça doit être mon pôte Daniel qui est passé comme une fusée dans la descente après le Tricot).
Il aura juste fallu ton CR pour que j'arrive à faire le bon lien sur Kikourou ;-)
En tout cas, merci encore de ce super récit et j'espère que tu te remets bien.
Commentaire de Krum posté le 02-09-2011 à 21:45:02
Hello ,
Je t'excuse pour ne pas avoir retenu mon speudo lol mais heureux que ma sportenine et peu d'apporter un modeste coup de pouce dans l'accomplissement de ton exploit.
J'ai adoré ton récit et d'avoir fait quelques pas en ta compagnie , j'espère que nous aurons l'occasion de faire quelques montées ensemble , je suis bien tenté apres l'essai du 57 à passer sur le 100 l'année prochaine à moins que cela soit la CCC.
J'espère que tu as bien récupère et encore bravo à toi et à tous .
Krum
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