L'auteur : raspoutine 05
La course : Embrunman
Date : 15/8/2010
Lieu : Embrun (Hautes-Alpes)
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Distance : 233km
Objectif : Pas d'objectif
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Au risque d'en choquer certains qui ne me connaissent pas j'ai le regret de dire que je ne suis pas triathlète et je pense que je ne le serai jamais. Au départ, je fais partie du monde des trailers, bientôt V2, et je suis passé au tri en fondant deux espoirs : s’économiser les articulations et surtout progresser dans ma discipline originelle. Les deux objectifs sont atteints de manière inespérée et, grâce au triathlon, je me sens à présent prêt pour réaliser mon objectif majeur de cette année, je pars dans l’Himalaya au mois de novembre sur le SoloKhumbu. Je peine à partager les valeurs inhérentes au triathlon. Hé ! Je suis « Raspoutine », un peu moine, un peu fou, surtout très libre et acceptant difficilement des contraintes de réglementation . Loin de moi cependant l’idée de renier ma famille d’accueil, elle m’aura apporté bien des valeurs qui complètent à merveille celles que j’avais originellement. De ce mariage impromptu est né mon Embrunman. En quelques sortes, une autre voie que je suis heureux de partager avec chacun et en particulier les triathlètes pur jus car, il faut bien le reconnaître, j’ai quand même attrapé le virus de la discipline...
Etre Embrunman…
Avertissement au lecteur, celui kikoure et celui kikoure pas… Voici un récit assez long et il est à l’instar de cette course. Pas de l’épreuve ne elle-même qui dure la journée, mais plutôt de la préparation qui s’envisage sur l’année. Toutefois, au-delà de l’entrainement que j’ai choisi sur l’année précédent la course (en vert), arpenter les chemin de l’Embrunman (en rouge) ne va pas sans interrogations et des questions, je mentirais si je disais ne pas m‘en être posé. Alors, j’évoque aussi ici des visions assez personnelles de ce que j’ai pu ressentir (en bleu) et ça n’intéresse pas nécessairement beaucoup de monde. Quant aux photos de la course, je suis heureux de les offrir au lecteur comme dans chacun de mes récits, j’en ai même qqs unes prises depuis mon vélo le jour de la course; il paraîtrait que c’est mal ! lol !Bonne lecture…
La décision,
« A la recherche de nos gloires et de nos folies ! »
Près de 30 ans que je connais les Hautes Alpes. Si à présent j'y vis, j'ai toujours eu le sentiment de connaitre l'Embrunman, cette course si exceptionnelle (c’était la 27e édition). A l’instar de tant de choses, l’objectif devait se réaliser un jour. Je venais d’assister au départ de l’Embrunman de Monpépère et je filais vers l’Alpe d’Huez où devait avoir lieu la classique montée pédestre des 21 virages ; une course à ma mesure. Un condensé de folie où tout devient possible et où tout se décide, donc. Le lendemain de sa course, je faisais part à Monpépère, finisher triomphant de la veille, du désir de participer à la prochaine édition de l’Embrunman, en 2010. Tout naturellement, ce dernier allait devenir mon coach d’une année de préparation alors que presque tout restait à accomplir.
La préparation, « être ou ne pas être triathlète ».
Automne 2009 ; je peinais pourtant à me convertir à la cause triathlètique, n’étant pas parvenu à prendre mes marques au cours d’une première saison active dans la discipline après trois tri CD (Pont-Audemer, les Sables d’Olonne et la Baule). C’est que, votre serviteur, moine trailer fou de son état, venait du monde de la course pédestre en montagne, compatible tout ça ? Il faut croire que oui, d’ailleurs, anecdote amusante, une rencontre des plus incertaines eut lieu au cours du tri de la Baule ; je croisais alors Lt Blueberry, également bien éloigné de ses terrains de chasse alpestres habituels. Connaissance faite, nous nous rendions compte que nous avions pour l’année suivante cet objectif Embrunnais commun. En définitive, pour quelqu’un fréquentant un club exclusivement constitué de triathlètes pur jus, un élément de motivation supplémentaire de savoir que d’autres sportifs bien capés pensaient que la passerelle entre le trail et le tri n’était pas si hermétique que cela.
A l’automne 2009, donc, après la période des courses, j’avais eu le sentiment d’avoir déclenché quelques vagues de perplexité (doux euphémisme ?) au moment d’annoncer ma participation à l’Embrunman 2010. C’est que… il faut bien le reconnaître, J’étais très loin d’avoir fait mes preuves dans la discipline vu que je ne m’étais exprimé que sur des CD au cours de l’année, et de manière somme toute modeste. Par contre, en trail, à l’issue d’une année d’entrainement au tri, c’est vrai que je tenais une forme inhabituelle et réussissais, à mon niveau bien sûr, à enchaîner de jolies courses en montagnes, avec la 6000d comme objectif majeur de l’année. La 6000d, avec le recul, une gestion de course réussie même si la fin s’était révélée difficile. lol ! En définitive, venant du trail, mon unique point fort pour l’Embrunman, était ma compétence relative dans la gestion des efforts longs. Un peu mince pour s’attaquer à un pareil morceau ! D’autant plus que Monpépère venait de me briefer et, en gros, il me demandait d’oublier que j’étais un trailer. J’allais devoir me mettre à penser à la mode « tri ».
Dur a été le réveil au moment de travailler le vélo le dimanche matin ! D’ailleurs, il faut bien reconnaître que je ne m’y suis jamais fait ! lol ! Ah ! L’an passé, on ne risquait pas de me pénaliser pour drafting sur une course ! mdr ! Pourtant, à l’époque, Monpépère venait de me rééquiper gracieusement, me permettant ainsi de remiser le « samovar à deux roues » que j’utilisais, un vélo digne de Fosto ! J’y pense encore quotidiennement, la stèle de Copi se trouve au bout de mon jardin au pied de la Casse Déserte ! lol
Bon, j’avais vraiment décidé de me préparer proprement pour cette épreuve mythique et, fort de cette résolution, je commençais à considérer les plans d’entraînement et j’arrivais avec mon petit classeur noir dans lequel je rangeais mes feuilles d’activités hebdomadaires…. Ssss…. Il faut bien reconnaître que tout cela n’a duré qu’un temps et puis, je me familiarisais avec les carnets de Kikouroù, préférant de loin le format (merci Mathias !).
Alors, que garder de cette époque de préparation ?
1° Tout d’abord, un incroyable sentiment de liberté retrouvée en vélo. Voici quelques années, en 98 me semble t-il, j’avais été littéralement shooté dans les airs par un abruti de conducteur et j’en avais conservé un manque d’assurance lattant dans la discipline. Fin octobre, alors que les mélèzes prenaient leur couleur rousse, un redoux venait de libérer à nouveau les routes d’altitude et d’arpenter sous le soleil les cols de l’Izoard ou du Galibier dans un monde blanchi, ça vous confère le sentiment d’être franchement privilégié. Je reprenais enfin goût au vélo dans ces grands espaces.
2° Une nouvelle famille sportive d’accueil. L’an passé, ne vivant pas encore à Briançon, je prenais déjà contact avec l’Athlétic Club de Briançon. Très gentiment, ils m’avaient accueilli dès le début bien que pas encore inscrit et je les en remercie. Je serai très fier de porter les couleurs de la ville l’an prochain, à l’instar de ma fierté d’appartenir au S.O.H. pour encore cette année.
3° La parole des aînés. Est-ce vraiment un scoop que de dire qu’il convient d’écouter les gens d’expérience avant de se lancer dans un tel périple ? Bah non ! … En dehors de mon Embrunman de coach et de sa compagne, Sabine, également merveilleuse athlète et triathlète, de vrais amis qui avaient un peu pris pour habitude ces derniers temps de me nourrir avec de grandes gamelles de pâtes carbonari (curieux menu, non ? … lol), disons que ces personnes ont attisé mon écoute.
La plus inattendue, un déca-Embrunman, c’est assez rare… Nous allions nous entraîner au plan d’eau d’Embrun à sept heures du matin et je prenais beaucoup de plaisir à écouter tous ses récits de course, comme j’appréciais sa simplicité ainsi que sa disponibilité. En dehors du fait qu’il a du coup une certaine part de responsabilité dans mon désir de m’être engagé cette année, il m’a conseillé sur le choix du vélo. J’ai donc un CR1 PRO, équipé en ultegra triple, chaussé de ksyrium élite (Moi ? Je n’ai pas dit de marque ! lol). A la fois simple, de bon goût et un bon rapport qualité-prix.
La plus Ancienne. Olivier, Le grand Marathonien de son état, qui m’équipe dans les courses depuis le début et m’a ouvert la voix de la réussite par son expérience et ses conseils avisés sur les courses les plus originales et les plus dépaysantes.
La plus capée. Fred, ami tout d’abord, quintuple Embrunman et une pratique depuis la nuit des temps de tout ce qui se court en trois étapes en France, et de préférence quand c’est long. Ce n’est quand-même pas désagréable de recevoir la confiance (en toute humilité) d’un sportif alignant à lui tout seul autant d’Embrunman que tout un club. D’ailleurs, j’ai un peu pris l’habitude de courir avec lui, ces derniers temps. Nos courses se trouvent en moyenne à 600 km de notre point de départ et elles sont belles ! (Les Sables d’Olonne, Cublize et le Ventoux). Nous avons en commun ce désir de d’abord nous faire plaisir et la considération de la compétition nous est étrangère. Bref, on se comprend.
4° Les contraintes d’entraînement. Il faut bien l’avouer, du haut de mes 47 ans et en dépit du discours de Monpépère qui assumait son coaching en me relançant (Mais quel sacerdoce ! lol), j’ai toujours eu quelques difficultés de me tenir à certaines exigences de base de la préparation de l’Embrunman. Ainsi, voilà près de trois ans que je n’avais pas entamé le moindre travail de VMA (pour le marathon de Paris en 2007), je n’ai pas été capable de m’y mettre cet hiver et je sais à présent que je n’en ferai plus jamais dans ce cadre.
Autre couac de la préparation, le home-trainer. Cauchemar de mes voisins qui pensaient que ma machine à laver n’était plus callée, voire que leur dernière heure était venue car le Big One approchait. Ah ! Il fallait voir leurs têtes ! lol ! En définitive, je n’ai jamais pris la moindre parcelle de plaisir à faire tourner cette maudite essoreuse à salade car la nature me manquait. Bien que m’entraînant de manière consistante si l’on considère le volume global de temps passé au sport cet hiver, j’étais loin de me trouver dans des normes acceptables en considérant les sports séparément.
La natation restait cependant un point fort avec trois plongeons hebdomadaires. En dépit de la VMA, la CaP s’en tirait honorablement car, avec ses trois sorties (2 courtes + 1 longue le WE).
Surtout, j’avais entamé sur le stade un travail de VME qui m’allait mieux au teint, d’autant plus que je le complétais avec un travail de côtes sur les plus belles montées que l’on puisse imaginer arpenter lorsque je me trouvais à la montagne durant les vacances (Sainte Victoire, Alpe d’Huez, Ventoux, Granon, Izoard et même Pallon !).
Restait le vélo. Bien sûr une sortie hebdomadaire mais force est de constater que je me trouvais bien loin du compte ! Le « compte », tel que me le suggérait Monpépère devait faire trois cents kilomètres hebdomadaires… Bouh ! Très loin du compte ! Ce n’est qu’à partir du mois de mars que je tiendrai effectivement les volumes d’entrainement à vélo recommandés.
5° Chacun sa voie. Comme je le précisais en amont, je réalisais un volume d’entraînement pourtant conséquent tout au long de l’hiver, avec notamment des pointes aux vacances. Alors… Je n’ai fait que réaliser ce que font tous les coureurs et cyclistes montagnards dans l’impossibilité de s’entraîner efficacement sur leur hobby premier, je suis passé aux sports d’hiver et notamment au skating. Outre un plaisir effectif, j’en tirerai à l’issue de l’hiver une absence de lassitude physique et de l’esprit qui auraient pu me guetter consécutivement à la dose d’effort répété à l’issue du semestre de travail entamé.
6° Un parcours adapté à l’ambition que je m’étais fixé : le “ Trèfle” . Le printemps arrivant, le S.O.H. se remettait à rouler et, il faut bien le reconnaître, je suis parti rouler dans mon coin car je ne partageais pas les mêmes objectifs que les copains, je recherchais désespérément les côtes également couplées hebdomadairement avec du kilomètre. J’atteignais alors de manière satisfaisante le volume fixé ainsi que la qualité en côte ; je passais alors souvent par le massif de l’Autil qui, abordé de 4 côtés différents dessinait un trèfle. Le parcours en lui-même durait 22 km et montait de plus de 500 m. Il me sera arrivé de le réaliser jusqu’à 4 reprises dans une même journée. Autrement dit, cela équivalait à deux montées de l’Alpe d’Huez. Sauf que, à propos de l’Alpe d’Huez, je profitais de mes passages en voiture à Bourg d’Oisans pour y faire étape et filer vers les sommets à vélo ; une autre difficulté, quand-même ! lol !
Fin mars, l'Ombre de Raspa
hantait déjà Pallon...
7° Une blessure. Monpépère m’avait prévenu : plus de trail ; pas question de se blesser bêtement à la veille d’un engagement comme l’Embrunman, réduisant à néant l’année d’efforts entrepris. Il fallait pourtant que je parvienne à me rassurer sur ma forme avec des courses que je connaissais et, à ce titre, en hiver, j’en connaissais deux : le Trail Blanc de Serre-Chevalier (je n’ai pu m’y rendre bien qu’inscrit) et le trail du Ventoux. C’est là-bas, sur la montée technique (il faut le faire !), que je me suis distendu des ligaments internes dans le pied gauche car j’avais oublié de serrer convenablement mes chaussures. Grrr ! Etude faite de mes pieds, on a su me rappeler que ces derniers étaient plats… Bouh ! Un abandon au CD de Pont-Audemer pour cause de bronchite ne m’aura pas permis non plus de vérifier ma forme et, bien plus grave, c’est sans doute à cet occasion-là que Monpépère mettait sa participation à l’Embrunman 2010 de côté car s’étant blessé durablement au dos. Le CD des Sables d’Olonne sera de facture honorable sans toutefois se montrer convaincante car justement un CD. Quant au LD de Cublize, je venais de récupérer enfin mon nouveau destrier et je possédais déjà en moi une forme à tout casser ! Toutefois, je portais depuis trop peu de temps des semelles qui avaient eu pour effet secondaire de modifier le frottement de mes talons en remontant trop mes pieds à l’intérieur des chaussures ; je ne l’avais pas détecté en les essayant depuis trop peu de temps… L’erreur. Alors que j’avais réalisé une bonne natation, ainsi qu’un vélo explosif, je disparaissais dans les profondeurs du classement à cause d’un semi ayant duré plus de 3 heures et achevé sur la pointe des pieds ! Et, la loi de Murphy s’appliquant aussi à Cublize, aucun temps intermédiaire pour tirer des conclusions sur ma progression en tri. lol !
A l’issue de la course, mes élèves auront eu le bonheur de voir leur maître porter des tongs pendant une semaine ! mdr ! C’était déjà çà ! Et puis, je sentais la perplexité grandir à nouveau autour de moi quant à l’aboutissement de ma démarche.
8° Alors, rester serein. A vrai dire, je l’ai toujours été ; seul le travail dans la durée pouvait payer ; un « entraînement de qualité », comme Monpépère le nommait. Cependant, j’avais aussi tout le loisir de constater les progrès accomplis aux entraînements vélo que je réalisais, aussi bien ceux autour du Trèfle que ceux réalisés depuis Briançon. A ce sujet, même si je ressentais à l’époque ponctuellement leurs inquiétudes, mes proches n’ont jamais douté de ma réussite. Quant à moi, réussir n’était pas une question que je me posais. Je percevais déjà comme une grande victoire le simple fait de s’engager dans une pareille course et parvenir à franchir les barrières de vélo aurait été l’apothéose. J’étais bien loin du compte mais, pour l’heure, je l’ignorais encore.
En conclusion, cette période aura été des plus mitigées en terme de résultats, force est de le reconnaître, cependant, très naturellement, s’assemblaient les pièces du puzzle de la course. Et puis… Fin juin, je déménageais à Briançon.
Raspoutine, un moine fou ? « Tel est mon bon plaisir »
Je mettrai cependant près de quatre semaines avant de dormir pour la première fois dans mon nouveau home (Hum… Ma localisation de Kikoureur habitant dans la Casse Déserte, c’est juste parce que j’aime bien l’endroit ! lol), préférant alors, à l’instar de l’an passé séjourner à la Berrarde à 2000 mètres d’altitude. Bref, accepter de vivre comme un moine, ça tombait plutôt bien, non ? Et puis, l’endroit s’avérait parfait pour l’entraînement à vélo, comme en CaP. En face de l’Alpe d’Huez et à l’altitude équivalente, pendant près de trois semaines, je multipliais tous les deux jours les sorties à vélo (environ 100 km pour 2400m de d+) et augmentais encore la charge une fois par semaine pour les sorties longues.
A cette occasion je retrouvais Lt Blueberry au cours de l’une de ses sorties avec le Fontanil Triathlon, son club. Fichtre ! Pour moi, rude rencontre avec ces charmants et néanmoins furieux garçons qui préparaient le LD de l’Alpe (Et jolies perfs’ ! Félicitations !). J’en ressortais à la fois carbonisé de ma seconde ascension vers la Croix de Fer mais aussi heureux de ma nouvelle rencontre avec le Blueb’, « celui qui donne à boire dans le désert », la grande, grande classe.Le Blueb' et le tri du Fontanil avec Raspa...
Ces trois semaines se dérouleront à l’abri du temps qui passe, c’est l’endroit qui veut ça et c’est aussi parfait pour la concentration. Deux fois par semaine, je descendrai vers Grenoble retrouver les carreaux bleus de la piscine universitaire, histoire de conserver le contact avec l’élément liquide et de peaufiner l’équipement sportif pour la course finale.
Quant à la CaP, je me serais contenté de deux entraînements longs dont un, une montée vers les glaciers au pied de la barre des Ecrins et l’autre sur la petite Merell à Nevache au pied du Thabor (24 km et 800 d+). En tout cas, ce trail m’aura permis de considérer mon état de forme car j’arrivais « à la 75e place » en moins de 3 heures. Bien qu’ayant filmé mon arrivée, je reste prudent dans mes paroles car je n’ai jamais officiellement passé la ligne, j’avais oublié ma puce ! lol ! Je prenais un peu trop cette course pour un entraînement comme un autre, très certainement… Je tenais en outre un résultat tangible sur mon état de forme du moment, puisque mon ratio au général était de 25%.
Philou et Raspa à la Merell...
La quatrième semaine passée à la Berrarde sera celle de la récupération et, à l’exception de la natation que j’intensifiais en allant me baigner directement au plan d’eau d’Embrun, je baissais très sûrement le volume d’entraînement alors que je me préparais à venir vivre pour de bon à Briançon (Ainsi, mon appartement se trouve-t-il au pied de la montée vers l’Izoard… pratique et… symbolique). A propos d’acte symbolique, je punaisais la carte de l’Embrunman sur une des portes de mon séjour encore vierge de toute photo montagnarde; pas que décoratif. lol !
Inexorablement, le mois d’août se présentant, rapprochant ainsi l’échéance, je reprenais le travail du vélo, notamment autour d’Embrun sur le parcours du CD (+ de 40 km de difficultés en concentré et 800m de d+) que je couplais toujours avec au préalable une double boucle de natation sur le plan d’eau (soit la distance requise). Ainsi, la première transition se trouvait-elle au cœur de mes préoccupations du moment et je parvenais à avoir des informations assez précises quant à mes temps de passage au 41e kilomètre, le carrefour d’Embrun vers Barratier.
Je choisissais par ailleurs de réduire conséquemment le volume global de travail et j’étais alors loin des efforts que j’avais pu fournir me trouvant à la Berrarde encore deux semaines auparavant. Je déciderai cependant d’une ultime sortie longue à vélo, une boucle couvrant Briançon, Pallon, Champcella, Réotier, St. Clément, Guillestre, la combe du Queyras et bien sûr l’Izoard ; près de 100 km, Soient grosso modo les 3/5e du parcours vélo long de 188 km, aussi bien en distance qu’en dénivelée. Et là, il faut bien reconnaître que mes temps enregistrés sur la boucle m’auront plus qu’encouragé, puisque je réalisais la boucle en moins de 4 heures 30 mn et surtout en ayant le sentiment d’avoir utilisé un rythme cooooool ! Je savais à présent qu’à moins d’un accident, le passage sous les barrières horaires du vélo tiendrait quasiment de la promenade de santé. PAS CROYABLE ! Je me sentais à présent plus que jamais à la veille de réussir la course entière pour peu que « je gère proprement l’effort de longue durée », le point solide hérité du trail, la gestion de course, allait me servir.
Eh bien, difficile de trouver plus zen que moi à la veille d’un pareil rendez-vous ! J’avais beau chercher, je trouvais difficilement des facteurs susceptibles de contrecarrer la réalisation de la course. En définitive, j’en avais trouvé trois : l’ennui mécanique, l’accident et enfin la météo. Au-delà de l’entraînement, j’avais également réalisé un travail de repérage suffisamment efficace pour lever les doutes quant aux temps à réaliser en course. Indirectement, et sans doute est-ce là le vrai plus de ma démarche, je supprimais toute situation de stress généré par les inconnues de l’épreuve car… elles avaient disparu (à part, peut-être, la météo restée plus qu’incertaine !).
Par ailleurs, mon état d’esprit évoluait à mesure que l’échéance se rapprochait. Je parvenais à me distancier de toute sollicitation extérieure, au point de sembler me moquer de ce qui se passait autour de moi. Au-delà de mes lunettes de vélo, le Monde entier aurait pu s’écrouler… Il suffisait juste qu’Embrun 2010 tourne dans ma tête. lol ! D’ailleurs, ce Monde, je l’ai toujours vu s’écrouler !
Pour conclure ces cinq semaines d’entraînement passées en juillet et début août, trois mots me viennent à l’esprit me concernant : « prêt », l’entraînement semblait bien avoir payé, « concentré », la vigilance était nécessaire avec au moins 15 heures de course s’annonçant, enfin « explosif », je brûlais d’en découdre, il allait falloir gérer l’effort.
Monpépère arrive
Dernière semaine, j’ai le bonheur de retrouver mes amis à Briançon et qui me font le plaisir de partager le « Home sweet home » de Raspoutine. Cette dernière semaine, moment crucial de veille de l’Embrunman, j’ai été heureux de la vivre avec deux grands, grands athlètes également très concernés par l’endroit; Sabine allait, elle, se mesurer au CD.
Bien sûr, il s’agira d’inventorier le matériel sous l’œil vigilent de Monpépère, de peaufiner les dernières petites choses de toutes sortes, celles qui mises bout à bout font que la course reste confortable après des heures d’effort et, ajoutées les unes aux autres, font la différence.
Le sommeil et la récupération étant toujours au cœur de mes préoccupations, se coucher avec les poules n’a pas posé de problèmes, ce rythme était déjà le mien à la Berrarde. Dans ce genre de RdV, plus que jamais, l’hygiène psychique et physique s’avère prépondérante. Nous ne sommes pas des grands champions, en marge de la compétition que nous partageons tous, il s’agit de vivre, de travailler, de gérer notre famille et le quotidien ; pas simple.
En fait de préparation corporelle, je me serai également offert deux séances d’ostéopathes (une fois de plus, on m’a dit que j’étais mal foutu et que j’avais les pieds plats ! Bouh ! « Etre mal foutu »… Expression favorite des ostéos, du moins en ce qui me concerne ! lol !) J’aurai également profité de mon arrivée à Briançon pour travailler le pied gauche resté un peu fébrile depuis le trail du Ventoux chez les kinés en bas de chez moi (Merci Stéphane, c’était du solide !). Bref, on ne laisse rien au hasard, après…
L’échéance arrivant, Monpépère faisant son office de coach à merveille, il était temps que je m’occupe à mon tour de lui, d’autant plus qu’il était frustré de ne pas faire l’Embrunman. En « bon camarade », il m’avait dès à présent inscrit sur le LD du Ventoux qui a lieu cinq semaines après l’Embrunman… Mine de rien, un peu empoisonnée la pomme ! lol ! Pour ma part, si j’avais déjà préventivement réservé mon billet de train pour l’occasion, j’attendais prudemment de voir ce qui se passerait à Embrun avant de prendre la décision pour le LD du Ventoux. Tout naturellement, j’ai tenu à le remercier de son cadeau en l’inscrivant sur la montée cycliste de l’Alpe d’Huez qui a lieu chaque jeudi matin à 10 heures... lol !
Monpépère montant l'Alpe....
Très honorable aura été sa prestation dans les lacets, nous profiterons ensuite de l’après-midi pour nous détendre à la Berrarde avec un pique-nique sur les chemins arpentés par le moine fou lors de sa retraite en juillet dernier. Ainsi s’égrainèrent les derniers jours passés à se détendre et à boire du malto…
Détente à la Berrarde... Stratégiquement,
le meilleur terrain d'entraînement qui soit, c'est dit.
Veillée d’arme au bivouac
Raspoutine ignore comment peuvent se sentir les concurrents à la veille d’une pareille épreuve ; pour sa part, seules priment la concentration et… la météo ! Samedi matin, alors que je prenais l’air dans les rues de Briançon, j’ai senti que le temps était de mon côté. La dépression nous environnait, un temps gris, sans saveur et presque oppressant rendait les sommets environnants invisibles… Jusqu’au moment où un soleil d’hiver vint percer la chape sans pour autant nous éclairer davantage. Le 15 août, il allait faire froid. D’ailleurs, le seuil de gel était descendu à 2800 mètres d’altitude et prévu pour s’y maintenir. Raspoutine est un homme venu du froid et n’aime pas les grosses chaleurs… Bon… Un soleil d’Austerlitz… Pas mal pour la démesure des Embrunmen ! Lol !
De retour au bivouac, je faisais part avec satisfaction à mes amis de mes sensations météorologiques de l’instant ainsi que de ma confiance pour le lendemain. Bon, j’ignorais juste à quel point ça allait encore se dégrader ! lol ! Pour l’heure, je considérais avec satisfaction le travail d’artiste entrepris par Monpépère, un as de la calligraphie…
Le destrier de Raspa préparé
par Monpépère, "El Vilanovo"...
Lorsque nous nous sommes dirigés vers Embrun l’après-midi, de bonnes averses n’allaient pas tarder à tomber sur le plan d’eau. Une fois passés dans le centre-ville pour la récupération des dossards (et du tee-shirt de participant à l’Embrunman 2010 truffé de fautes… couac !), nous nous dirigeons vers le plan d’eau où nous devions dès la veille déposer nos vélos. Remontage des vélos sous les bâches tendues afin de se protéger de la pluie, Sabine et Raspoutine se dirigent vers l’entrée du parc.
Il est vrai qu’à cet instant-là, nous ne ressentions pas franchement l’humidité, mais plutôt un certain goût de solennité. Retrouvailles dans la file avec Nathalie, du tri d’Echirolles, et Jacques, de notre équipe, le S.O.H.
Nous ne serons numérotés que le lendemain matin car les feutres indélébiles… avaient pris l’eau ! lol ! il ne nous restait plus qu’à déposer nos destriers dans la légendaire piscine du parc à vélos qui commençait à se remplir, à l’instar de l’Embrunman 2008.
Le briefing étant retardé d’une heure, j’allais retrouver quelques instants avec plaisir les Kikoureurs, sans oublier de se souhaiter bonne chance pour le lendemain. Le briefing ? Je ne l’ai pas écouté, ce qui n’est sans doute pas malin.
En même temps, cela fait un an que Monpépère me briefe…
Retour direct vers Briançon, Philou 84 nous rejoindra en soirée. Ҫa fait toujours chaud au cœur de voir les amis venir vous supporter dans pareille épreuve !Il ne me restait plus qu’à… dormir, une excellente nuit au demeurant ! (En même temps, cela faisait une semaine que je dormais...)
Arpenter avec humilité les sentiers de l’Embrunman…
Chacun sait que le grand jour commence au milieu de la nuit. Pour ma part, je me suis levé à 3 heures 30 du matin, avec, déjà dans la tête l’odeur des pâtes « al dente » de Monpépère, ça passe bien, tôt le matin, mieux qu’un gâteausport ! Lever plus difficile pour les enfants, la journée allait être aussi longue pour eux… Sans tarder nous rendons-nous à Embrun où, je suis un peu étonné, l’effervescence n’a pas encore démarré. J’imaginais à tors que ça se bousculerai un peu pour le numérotage et même simplement à l’entrée du parking. A la bonne heure. Je me trouve donc «numéroté -636» et vais de ce pas m’assoir dans ma chaise perso que j’avais pris soin de relever un peu la veille (histoire de garder les fesses au sec…). La lumière est assez crue à 4 heures 45 un matin d’Embrunman et on perçoit l’humidité ambiante. Le premier choix approche…
Le froid et la lumière très crue...
Heure H -1…
Un choix… Celui de la tenue. Elle sera longue pour le vélo car il va faire assez froid, là-haut. Ce qui veut dire que je passerai qqs minutes supplémentaires pour me changer lors des deux transitions. Qu’importe ! Le confort doit primer alors que je me prépare à une bonne journée d’effort. Dès à présent, sous la combinaison, j’enfile un collant skin long de vélo (beaucoup plus confortable que la tri-fonction !) sous la combi, je prépare tout naturellement mon matériel de transitions alors que le parc commence à se remplir de triathlètes, dont qqs uns ayant oublié leur pompe à vélo ou bien se posant des questions de dernière minute… (petit lol de compréhension). Une demi-heure avant le départ, je craquerai bien sûr mon gel de magnésium, tout en continuant de m’hydrater et de me concentrer…
… La concentration… Cette dernière ne m’aura pas fait défaut. Mes proches m’auront eux-mêmes perçu comme terriblement concentré sur la course bien avant et ça allait durer…
Heure H -15 mn…
… Il convient bien sûr d’assister au départ de la soixantaine de triathlètes féminines. Quelles femmes ! Respect, respect, respect… Je n’évoque pas ici les professionnelles dont c’est le métier de courir, même si leur tâche est ardue, elles savent aussi pourquoi elles viennent vu que c’est leur métier. Je pense à toutes les autres qui partagent leur vie quotidienne entre leur métier, leur famille et leur passion, un autre genre de triathlon, non ?
Heure H
Bon, on y va. Il fait nuit, il fait froid, on ne voit rien mais on y va. On referme les écoutilles avec les bonnets d’Embrunmen, laissant passer à peine le speech sorti du haut-parleur tentant plus de réchauffer que de chauffer la foule (merci à eux) bien présente, et nous d’applaudir aussi en rythme… On n’entend plus rien lorsqu’on est concentré ? Oh ! Mais si ! « Hell’s bells » en musique de fond ! Yes ! AC Ϟ DC ! Ce tri était vraiment fait pour moi ! C’est parti !
Un petit lien musical pour ceux qui veulent l'ambiance...
http://www.youtube.com/watch?v=2Kjh9lQXLWk
La natation…
A force de raconter depuis un an aux copains que je percevais le tri d’Embrun comme une épreuve commençant après la natation et que je me voyais sortir autour de l’heure sans pour autant avoir donné trop d’efforts, il allait falloir que je puisse me raisonner un peu et penser mode « course longue », tout en alliant quand même un peu d’énergie au risque de me voir couler sur place sinon. C’est que le parcours de natation et mon entraînement ne font qu’un, y compris l’heure à laquelle je vais nager le matin (heu, non, 7 heures du mat’.). Comment décrire ce plaisir de voir le jour se lever sur les montagnes depuis le plan d’eau ? Même sans participer à l’Embrunman, venez nager, voir et communier avec ce silence naturel, interrompu par le bruit des vaguelettes dorées de soleil que vous soulevez… C’est magnifique ! A vrai dire, dès que c’est possible, je m’y rends, course ou pas course. Je m’arrête là pour la description bucolique de l’endroit car des kikous bien attentionnés vont me demander si j’ai aussi vu des sirènes ou bien ce que j’ai consommé avant la course ! lol !
Bon, la course. Quelques baffes au démarrage (sinon, ce ne serait pas un tri ! lol !), ensuite, passée la première bouée que l’on va chercher à 300 m à droite, il y a vraiment toute la place pour nager sereinement ; Quelques fois, des kayaks bienveillants sortis de cette atmosphère nocturne sauront nous ramener dans le droit chemin jusqu’au bout. Ainsi s’égraineront les minutes où y convient de penser à allonger, allonger, allonger… La plupart du temps, je respirerai tous les 4 temps, sauf au début où on sort un peu plus la tête de l’eau. Je me suis cependant surpris à passer en mode « 6 temps », tant la sérénité de l’endroit m’y invitait l’air de rien (et c’est vrai que j’ai un peu de coffre…). La sortie de l’eau au milieu de la foule me rendra à la réalité de la course. Enfin presque, car si je sors 20e de ma catégorie de l’eau, je perds directement un paquet de places à l’issue de la transition ; naturellement, s’il s’agissait d’un sprint… (lol !).
Temps passé dans l’eau : 1h 05 mn
269e temps et 20e V2
Le vélo…
Lors de la première transition, je m’applique particulièrement à avaler le 1er coup de fouet, me sécher, pommader, habiller en long et… c’est parti ! Et, le moins que l’on puisse dire, ça part très fort… très, très fort…
Raspa en transit...
Secteur Réallon : les 40 premiers kilomètres
Incroyable le nombre de cyclistes qui me paraissaient avoir cette puissance qui me manque tant. Bien sûr, je n’ai pas compté le nombre de ceux qui m’ont dépassé lors des 7 premiers kilomètres de vélo et donc de montée abrupte (d’emblée, la montée dans la ville d’Embrun vous met au diapason et dès que l’on tourne à gauche, les 3 kilomètres à venir se révéleront certainement pour beaucoup de triathlètes comme les plus délicats à négocier de la course à cause de la mise en jambes et on grimpe d’office de près de 400 m. Il y a bien un ou deux répits, notamment le long de la ligne de chemin de fer, cependant, ils ne suffisent pas à calmer le cardio si l’on n’y prend pas garde.
Comment me sentais-je lors de ce début de vélo ? Eh bien… « Disposé à produire juste l’effort minimal en côte.» Force est de reconnaître qu’il s’agissait là de la stratégie de course que j’avais décidé d’appliquer tout au long des 188 km. Dès qu’une montée un peu sévère apparaissait… « A gauche toute ! » Et là, je ne regretterai jamais d’avoir insisté auprès de mon marchand de vélo de préférer un « triple plateau» à un « compact ». (Une jolie bête de course qu’il m’avait réalisée, en attendant, merci à lui !) Donc, commencer les premiers km course avec le plus petit développement… Ҫa manque très sûrement de classe, je faisais partie de ces coureurs qui moulinaient leur montée, semblant déjà souffrir au regard d’autres, debout sur les calles et passant avec célérité et élégance la côte sous les applaudissements du public venu spécialement au bon endroit, là où c’est dur ! lol !
Très rapidement nous retrouvons-nous tous au dessus du lac où des nageurs attardés ont décidé de profiter encore un peu du spectacle. Le Soleil devrait commencer à s’élever et nous éclairer, voire nous réchauffer un peu… Raté ! Nous plongeons assez rapidement dans le brouillard humide, celui-ci se densifiera lors du début de la descente pour se dissiper ensuite. En attendant… « Gla-gla ! »
Les kilomètres commençant à défiler, passés le 7e, les côtes sévères laissent place à une succession de petits raidillons aisés à négocier et les premières descentes apparaissent en alternance ; nous avions grimpé la première difficulté de la journée et nous pouvions également commencer à nous exprimer dans les faux-plats et les descentes. Comment qualifier ces 15 premiers kilomètres de route ? D’assez bonne qualité mais vraiment pas larges et peu de visibilité (ajoutez le brouillard… lol). N’empêche, quand on connait bien la route et qu’on n’a pas fait d’efforts dans la montée, la moindre descente vous donne des ailes et il est temps de faire parler la poudre ! après tout, j’ai bien dit me sentir « explosif »… La chaîne repartait alors à droite et… Dans le trou !
Ainsi appliquerai-je presque jusqu’au dernier kilomètre cette stratégie de course : pas le plus petit effort dans les montées, efforts dans les faux-plats et le plat, enfin, tout donner (à mon piètre niveau, du moins) dans les descentes. Avec le recul j’ai pu observer bien sûr beaucoup de stratégies de course différentes sur le parcours du vélo, surtout des efforts dans les montées doublées de récupération dans les descentes. La mienne vaut ce qu’elle vaut, elle m’a permis de finir, elle était donc bonne. Bien sûr, je vais rattraper quelques cyclistes dès que les côtes vont se calmer…
La petite route s’achèvera vers le 15e km par une côte longue de 100 m et à 29% ! Merci les organisateurs, c’est gentil de nous prévenir ! Cet endroit présente la particularité de se passer debout sur ses calles ; j’ai essayé assis mais on part en arrière ! lol !
No comment...
Le plateau au dessus du lac de Serre-Ponçon est assez roulant, suffisamment pour se glisser dans les prolongateurs à maintes reprises (2e gel Antioxydant). Par contre, la descente vers le lac nous fait renouer avec une route moins large, certes de bonne qualité mais piégeuse. Il s’agira du seul accident auquel j’aurai assisté : une sortie de route dans le trou (espérons que ce n’était pas grave). Il convient de savoir qu’à cet endroit se trouvent qqs virages progressifs, tournant paisiblement à l’entrée, puis s’accélérant subitement sur la fin que l’on ne distingue pas d’emblée. Donc, dangereux.
Arrivée à la hauteur du lac et première détente sérieuse sur les prolongateurs. Je me sens à présent dans le rythme de la course et heureux d’avoir bien négocié cette première difficulté (état d’esprit du diésel qui se sent chaud en hiver… lol).
Traversée du lac...
Ravitaillement à Savines (j’avais sauté le premier), je découvre avec une immense satisfaction le goût de la boisson énergétique distribuée sur la course. Du pamplemousse ! Ҫa passait bien ! Et ça allait passer ainsi pendant tout le vélo ! L’alimentation… Tout un poème chez Raspa ! Dans le passé, j’ai dû supporter trop souvent mon estomac à l’agonie sur des longues courses pour ne pas oublier de me le « blinder » auparavant sur un pareil rendez-vous ! Du plâtre, de l’anti-acidité et, si besoin, un antispasmodique sur la fin (pas eu besoin, finalement).
A mesure que je me rapprochais du carrefour de Barratier, la détente aidant, je commençais à prendre un certain plaisir à cette course, plaisir qui ne me quittera plus un seul instant jusqu’à la fin de l’effort final.
Je ne possède pas de temps intermédiaire, il n’y avait pas de tapis au carrefour et je n’avais pas déclenché mon chronomètre. En définitive, je ne voulais pas devenir accroc au temps qui passe, je désirais tout juste « finir entier » comme je l’évoquais sur le Kivaoù des Kikoureurs. La pression… Vraiment pas mon truc ! Moins j’en ai et mieux je me comporte en course ! Je l’avais déjà vérifié sur les trails et je le vérifiais sur l’Embrunman. J’avais pensé me trouver au km 40 au bout de 2h 45, je suis passé bien avant sans le savoir. Quant aux amis venus m’encourager bien tardivement dans le secteur, ils ont finalement abandonné les recherches ! lol !
Pendant ce temps, Sabine (photo),
l'Ourson et Jacques sur le CD...
Secteur Guillestre : les 40 km suivants…Ahhhh ! Un premier passage en haut des gorges de la Durance. La route autour de Saint André vient d’être refaite, un vrai billard ! une fois la petite montée passée, nous nous retrouvons environ 150 mètres au dessus de la rivière avec une vue imprenable…
Au dessus des gorges de la Durance...
Ce triathlon est une source de plaisirs et l’un des premiers se trouve dans la diversité des paysages que l’on arpente au cours des 188 km. On retrouve dans l’endroit des supporters de la course des plus solides et qui donnent de la bonne humeur à la course : « Merci ! je vous revois ce soir ? – Of course ! » Eh oui ! On repasse par là l’après-midi… Et les supporters n’ont pas bougé ! Grand, grand merci à tous ceux qui étaient là…
Il y aura même moyen de se poser sur les prolongateurs car, à cet endroit, la route est sans danger bien que tournoyant un peu et les km de commencer à défiler, à défiler… Alors que se profile au loin la noirceur du ciel en direction de Briançon…
La descente vers Saint Clément reste un tronçon de route relativement médiocre, sans grosse surprise mais à la pente soutenue et au revêtement « abrasif », pas agréable. Un nouveau ravitaillement juste avant de bifurquer sur la nationale nous permet de remplacer le bidon ; il suffit d’en prendre un à la fois, c’est bien suffisant compte tenu de la température ambiante et de la proximité de chaque poste. Toutefois, les bidons proposés ne m’auront pas tous paru également pleins (Méfiance en cas de chaleur). Bon, il me restait à chaque ravitaillement 2 ou 3 gorgées. Après le poste, je terminais à chaque fois mon bidon et le jetais ensuite, le nouveau étant en place. Même s’il ne faisait pas très chaud, boire, boire, boire…
Trois km de nationale sous un soleil pointant le bout de son nez entre les nuages sans parvenir à réchauffer l’air. Nous tournons vers Guillestre. Que de souvenirs pour Raspoutine… Le parc du Queyras et la réserve du Val d’Escrins, le trail de Guillestre, tous ces cols mythiques et puis la Combe…
Justement, la Combe. Passées les qqs côtes (parfois un peu raides) nous permettant de contourner la ville par la droite, nous passons au pied du « Pain de Sucre » surplombant la ville et nous nous engageons dans les quelques kms de gorges du Guil, route escarpée au début et d’une beauté ! J’entends encore les triathlètes découvrir avec émerveillement cet endroit préservé. La première partie correspondant aux contreforts du mont Guillestre jusqu’à l’embranchement vers Ceillac est à vous couper le souffle ! Ҫa manquait un peu de lumière, mais bon ! On va finir par me trouver difficile… lol ! Tronçon en légère descente, il conviendra de regarder aussi un peu le bitume au revêtement dégradé ponctuellement et les voitures peuvent se retrouver bloquées par des véhicules un peu larges vous croisant. Par endroit, les gorges se resserrent au dessus de la route et les véhicules hauts peinent à se frayer un passage. « Foutus camping cars ! »Dans la combe...
A la Maison du Roy, nous laissons la route de Ceillac sur notre droite pour nous diriger vers Château-Queyras. La route s’élargit alors et les montagnes deviennent moins oppressantes. Nous suivrons encore le Guil sur près de 11 km (beaucoup de prolongateur) et je consommerai pendant ce répit un 3e gel Antioxydant. On peut avoir un vent contraire dans cette portion, la dépression n’a pas que du mauvais…
La route consiste alors en un long faux-plat montant à l’exception du raidillon contournant le monument de la Résistance, monument qui donne aussi le signal de la vraie montée vers l’Izoard. Quel souvenir que le passage dans cette combe ! Je me sentais électrisé et entamais des allures soutenues, doublant ainsi régulièrement de nombreux cyclistes se préservant pour la montée à venir. Est-ce utile de préciser qu’ils allaient me rattraper ?
Raspa in the Sky...
Secteur montée du col de l’Izoard : 15 km et mi course…
Question : Où commence la montée vers le col de l’Izoard ? Dès que l’on quitte la combe et non pas au pied des lacets. Effectivement, bien que dotée de qqs répits, la route affiche d’emblée des pourcentages plus que respectables. Bon, ce n’est pas compliqué, ça passe régulièrement les 10% et on doit avoir une moyenne de 8 %. L’approche des lacets nous réchauffe les mollets sur près de 8 km et nous traverserons les villages d’Arvieux, la Chalp et pour finir, Brunissard. Certains tronçons se feront sur le plus petit développement… « Pas l’savoir ! Ce sera ma stratégie jusqu’au bout !»
Arvieux, la Chalp, Brunissard...
Ç a se rapproche...
Nouveau ravitaillement à Arvieux. Je choisissais de goûter aux bananes, pas mûres… Bouh ! En fait de ravitaillement solide, votre serviteur consomme de la pâte de dattes. J’en avais avec moi et en grignotais régulièrement. L’Izoard s’approchait peu à peu, bien cerné de nuages menaçants… (3e « coup de fouet » avalé qqs minutes avant le plus dur…)
La difficulté de l’endroit ? Il s’agit d’une côte de 6 km de long, de 10%, des fois 12% jusqu’à la Casse Déserte où l’on peu se refaire une santé (enfin, si cette dernière a été entamée) sur une légère descente. Restent ensuite les derniers lacets pendant un peu moins de 2 km. En fait, l’instant le plus délicat à négocier se situe juste à la sortie de Brunissard, qui se trouve à l’entrée des lacets. Pour accéder à ces derniers, une rampe droite de près de 200 mètres vous élève l’air de rien des champs environnants. Curieuse impression, un effet d’optique ? Cela devient pendant qqs instant plus dur de pédaler sans pour autant avoir l’impression de gagner beaucoup d’inclinaison. 12% ? 13% ? Quoi qu’il en soit, le premier virage à droite calme tout et l’on retombe sur des pentes plus supportables. Enfin, en ce qui me concernait, c’était juste que je moulinais un peu moins vite…
A l’instar de la montée de l’Alpe d’Huez, le premier lacet vous propulse à hauteur respectable et permet de déjà considérer la vallée à peine quittée depuis une hauteur certaine. Ce qui nous ramène encore une fois à la beauté des lieux arpentés. Très rapidement, nous retrouvons-nous à plus de 1800 mètres d’altitude et le panorama qui se détache des arbres (nous grimpons dans une forêt) offre dès à présent un aperçu de tous les sommets du Queyras. Avant même la difficulté, ce tri est vraiment un plaisir des yeux et offre aux concurrents une variété de paysages inimaginable et parmi les plus beaux du département que l’on puisse observer depuis une route ; l’Embrunman, « vitrine des Hautes Alpes » à plus d’un titre.
Mais retour à la réalité. Dans le second tournant, un spectateur a la bonne idée de nous compter. Mince ! Je suis le 352e sur 900 ! Suis-je à ma place dans la hiérarchie ? Assurément non ! Mais comme je me sens bien sur ce tri ! Bon, cela confirme que ma stratégie semble valable et je poursuis le mode économique dans la montée tout en me lâchant dans la descente. Plus de 26 km/h de moyenne jusqu’alors, bien sûr, cela baissera ensuite un peu. Je crois avoir fait du 23,2 km/h de moyenne en vélo sur l’ensemble du parcours.
Et les kilomètres de montée défilent sagement alors que… La Tortue me double ! Super la classe ! Quelques mots d’encouragement mutuels et c’est reparti ! Et en mode turbo ! L’espace d’un instant, je m’étais dit que je pourrais avoir une chance de le rattraper dans les descentes… Bon, faut pas rêver ! La Tortue is back ! Et en grande forme ! Nous nous retrouverons à l’arrivée. Une grande, grande journée !
La Tortue... Ze Class !
L’approche de la Casse Déserte nous fait découvrir les sommets fraîchement enneigés 200 mètres plus haut et la température devenait « délicatement » supportable (4°), à tel point que je me suis même demandé si je n’allais pas enfiler mon coupe-vent avant le sommet afin de ne pas risquer les problèmes intestinaux dus à un refroidissement. Des fois une petite brise descendant des sommets environnants venait frapper les coureurs en plein effort, pas agréable.
Et puis, libération, la Casse Déserte. Raspoutine est heureux de vous montrer sa résidence. lol ! Au sortir de la forêt, un virage à droite vous propulse dans le plus beau des spectacles lunaires que l’on trouve sur Terre. Beau et dangereux à la fois, au début du mois de juillet, les fortes pluies avaient provoqué dans le virage un glissement de terrain et cz sont près de 6000 m³ de roches qui avaient dû être rebasculées au bulldozer de l’autre côté de la route ! On en aperçoit encore les stigmates. Les stèles de Copi et Bobet surveillent la sortie de la Casse, ainsi que les photographes du tri, ce qui n’est pas sans poser qqs problèmes de circulation, elle-même modérée par des bénévoles, merci à eux. Mais quel travail !
Il nous reste exactement 4 lacets avant le sommet et moins de 2 km que nous franchirons sur une route à nouveau élargie mais ayant repris une pente régulière. Le casse-croute approchait dans une atmosphère carrément frisquette. lol ! Je me sentais alors très heureux d’achever cette partie du parcours dans une bonne forme et avec le sentiment de conserver encore du jus pour la suite.
Les résultats sur Internet m’indiqueront un passage au col après 5 h 44 mn de course, je repartirai quasiment de suite, mon sandwich ne coulant pas (j’ai juste avalé le jambon pour le « salé »), repris un bidon et demandé l’heure par curiosité. Lorsque j’ai appris que j’allais quitter l’endroit avant midi moins le quart, j’ai su que le travail que je produisais portait ses fruits car je me retrouvais avec près d’une heure et demie sur les barrières horaires de l’Izoard… Du très positif, tout çà… Mais surtout, rester concentré car un paquet d’heures de course m’attendait encore et j’enfilais le coupe-vent.
Secteur Izoard-Briançon : 22 km de folie furieuse.
Passés les premiers lacets descendants, nous passons devant le refuge Napoléon local et, très rapidement, nous engageons-nous entre les sapins qui se densifient rapidement au point de nous limiter le champ de vision. La première partie de la descente d’un peu moins de 8 km nous fait-elle plonger à près de 10% vers le Laus. Quelques belles épingles à cheveux nous freineront certes, toutefois la relance sur ce bitume parfait s’avèrera des plus aisées et là il n’y avait plus qu’à tout envoyer ! Je me suis surpris à passer à plusieurs reprises le 75 km/h dans cette descente ! J’avais ce sentiment de laisser sur place à mon tour de nombreux coureurs qui me supplantaient lors de la montée.
La descente nous mènera très rapidement vers Cervières à des vitesses légèrement moins élevées car la pente s’adoucit un peu, cependant, la route apparaît-elle plus rectiligne puisque nous sommes sortis des lacets. Il est donc possible d’utiliser les prolongateurs. Ce sera le cas jusqu’à l’arrivée de Briançon où, l’inclinaison de la pente reprend de plus belle. En attendant… Quelles sensations de liberté ! Je me trouve sur une autre planète et je me sens filer, filer, filer… l’arrivée dans Briançon me donnera l’occasion de doubler encore qqs cyclistes, voire qqs voitures dans les tournants, il faut que je me calme ! lol !
La liaison entre Briançon et Prelles s’avère inintéressante au possible car nous nous retrouvons rapidement le long de la route nationale, presque contrariés de devoir la quitter pour passer à l’intérieur d’un village aux routes défoncées. Par contre, quelques gouttes nous font conserver encore un moment le coupe-vent tout en s’inquiétant de la noirceur du ciel qui semble s’installer sur Briançon. Ҫa ne va pas s’arranger de ce côté !
Par contre, le temps a beau s’avérer maussade, cela n’empêche pas le vent venu d’Embrun de souffler dans le sens de la vallée, contrecarrant sensiblement le faux-plat descendant que nous trouverons jusqu’au retour… Sinon, ce ne serait pas l’Embrunman ! lol !
En conséquence, je me réfugie une nouvelle fois dans les prolongateurs… Un vaste débat, l’utilisation des prolongateurs à Embrun. Ce qui est frappant à propos de cette course est la quantité de convictions que les gens, Embrunmen ou non, pouvaient avoir dans un sens… comme dans l’autre… Ce qui ne va pas sans me rappeler cette parole de Coluche : « Je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire ! » Et j’ai le sentiment que je n’ai pas fini d’entendre des avis variés à ce sujet.
Très rapidement, bifurquerons-nous à droite arrivés à Prelles ; pas mécontents de quitter cette route nationale inhospitalière pour les vélos. La gentille montée vers Villar Meyer va nous permettre de retrouver des paysages de toute beauté et, jusqu’à l’arrivée, surplomberons-nous en quasi permanence la Durance. A ce rythme-là, on oublie même que l’on est en train de rouler. Mais quel ravissement pour les yeux et quel plaisir tout court d’être là, précisément, au bon endroit.
Un crochet vers la droite nous fera nous éloigner ponctuellement de la vallée pour nous diriger vers les Vigneaux sur une route d’excellent qualité et légèrement descendante. Chic ! la tête dans les prolongateurs ! La descente qui suivra jusqu’à l’Argentière sera à la limite du comportement euphorique ; Un second souffle avant l’heure, en tout cas, avant d’avoir été essoufflé ! lol ! Un instant de soleil, une accalmie dans le vent et tout semblait avancer sous une allure que j’affectionne : à fond et sans effort ! lol ! Cette route me rapprochait du but, moins d’une quarantaine de km, alors que mes yeux considéraient rageusement le compteur de vitesse… Rester concentré… Le passage par l’argentière était aussi le moment de prendre un troisième coup de fouet car la côte de Pallon se rapprochait, une affaire de qqs minutes.
Secteur Pallon-Embrun : les 40 derniers km
Tout a une fin, n’est-ce pas… Eh bien, ça finit comme ça a commencé ! Sévèrement. Depuis que je m’intéresse à l’Embrunman, j’ai toujours entendu parler de la côte de Pallon. environ trois cents mètres de montée sur deux km et demie. Du 14 ou 15 %, très régulier de surcroit. Alors, la difficulté est avant tout que l’on a aussi près de 150 km derrière soi et un marathon à venir.
Pourtant, il n’y avait pas que la difficulté de la montée qui nous attendait. Le public, en bon connaisseur, avait aussi donné rendez-vous aux triathlètes. lol… Alors… Tout à gauche. Ainsi ai-je monté Pallon à l’économie, me faisant dépasser par une dizaine de vélos sur lesquels se trouvaient des triathlètes debout sur leurs calles. Y’a pas ! Ç a allait plus vite ! J’en rattraperai sur la route de Champcella car l’effort entrepris laissait nécessairement place à une période de récupération.
Cette route sur les hauteurs de la Durance confère à nouveau cette ultime vue sur toute la vallée avec en plus Guillestre et la forteresse de Montdauphin, tous deux visibles sur la gauche à l’ombre du pic d’Escrins… Le pic d’Escrins… Le trail de Guillestre ; un si fort souvenir. Une course sur ces sommets déjà bien enneigés pour un mois de septembre. J’en avais alors tiré un goût prononcé pour les trails blancs !
Mais pour l’heure, la descente de Champcella nous fait plonger vers l’aéroport avant de nous relancer une fois encore vers une autre montée relativement aisée, celle de Réotier anticipant notre retour sur Saint Clément. Un cinquième gel antioxydant avalé, juste avant la descente vers la route nationale… bien encombrée d’automobiles bloquées par la course. Il fait mauvais se trouver sur les routes des Hautes Alpes un quinze août ! lol ! Vigilance cependant. J’ai connu ces descentes (voire ces « montées ») dans d’autres circonstances. Il convient de savoir que le bitume peut fondre dans certaines épingles à cheveux… Bon, pour l’édition 2010, aucun risque ! Lol !
Plus que quelques kilomètres avant la montée finale par Chalvet ; reprendre la route de Saint André et son bitume de bonne qualité nous fait momentanément oublier la difficulté prononcée des deux dernières descentes, d’autant plus que le soleil semble faire de timides percées (par contre, la météo semble se déchaîner au dessus de Briançon). Et puis… Embrun est en vue ! La fin du vélo ! Il va être temps de se concentrer pour un ultime effort pour cette seconde discipline. La passerelle de fer sur la Durance approchant, je déciderai de craquer un quatrième coup de fouet pour faire face avec sérénité à cet ultime effort sur deux roues. Ainsi, à la base de la côte à l’entrée d’Embrun, dans une partie commune entre le vélo et la CaP , pouvons-nous observer des triathlètes plus rapides déjà dans leur marathon.
La côte de Chalvet nous propulsera d’un peu plus de trois cents mètres en altitude. Une côte irrégulière, commençant par nous mener dans les faubourgs d’Embrun puis, une fois la gare dépassée, la pente de la route s’accentuera lorsque nous gagnerons les coteaux dominant la ville. Une route, presque un chemin creux ! lol ! Pourrait-on penser au regard de l’état du revêtement.
Ces derniers kilomètres négociés à la fois dans l’effort mais également la retenue car il convenait de commencer à se concentrer pour le marathon approchant. En fait, difficile de ne pas sentir après 180 km de route que la côte de Chavet se négocie quand même difficilement («la bête de Chalvet » a-t-on écrit au dos des tee-shirts de finisher ! mdr ! Bienvenue en pays Gévaudan !).
Nous voici revenus en vue du lac de Serre-Ponçon quitté huit heures auparavant mais maintenant, la descente doit-elle, également, se négocier modérément. Pour plusieurs raisons, et j’ai le sentiment que tous les triathlètes parvenus à cet endroit les partageaient. Déjà, la médiocrité de la route n’incitait pas à la vitesse, ensuite le marathon approchait et il convenait de se reconstituer dès à présent un maximum de forces (ne rêvons pas trop quand même…), enfin la fatigue, forcément bien présente ; il ne s’agissait pas d’aller commettre une erreur alors que l’on touchait au but. La descente, bien 5 ou 6 kilomètres, en semblera interminable lorsqu’il s’agira de louvoyer entre les maisons d’Embrun jusqu’à la base nautique, également notre point de départ.
Temps passé sur le vélo : 8 heures 7 mn,
431e temps et 65e V2
Les transitions
Les transitions à Embrun ??? pas mal ! Et j’en souris encore tellement j’en garde un bon souvenir ! La quatrième épreuve disent certains ? Bah ! il faut bien reconnaître que les transitions ont toujours plombé mes « performances », si on peut les appeler ainsi car jamais, jusqu’à présent, je n’étais parvenu à me glisser dans la première moitié des arrivants dans ma catégorie. Il faut croire que le long, le très long me convient beaucoup mieux car les temps mis dans les transitions perdent de l’importance au regard de la durée des épreuves version « LD » ou « IM».
Pourquoi ai-je apprécié à ce point ces quelques minutes entre le vélo et la CaP ? … Les massages ! Tenir huit heures non stop à vélo laisse des traces dans l’organisme, mais également des tensions sérieuses tout au long des vertèbres (du moins en ce qui me concernait). Au fil des entraînements, j’ai pris l’habitude de m’étirer sur mon vélo en roulant, environ tous les dix kilomètres, mais vient le moment où on a le sentiment de l’inutilité de la démarche et puis la fatigue monte sournoisement.
Je gardais en mémoire l’intervention des étudiants en kinésithérapie l’an dernier sur Monpépère, et il avait semblé apprécier la chose !
Donc, sitôt arrivé dans le parc à vélo, j’ai demandé à deux charmantes demoiselles (pas moins !) de bien vouloir s’occuper chacune d’un côté de mon dos ; ainsi se sont-elles exécutées simultanément, remontant depuis mes lombaires douloureuses jusqu’aux deltoïdes encore engourdis d’avoir reçu tant d’à coups dus à l’état piteux des routes Embrunnaises. Ainsi me suis-je abandonné quelques instants posé en équerre sur les barrières des vélos du parc. Et là… mais comment ne pas se dire que ce foutu Embrunman, j’étais vraiment en train de le réussir dans un état proche de l’extase ! Tout se mettait en place extraordinairement ! Bon, mon seul regret sera de ne pas avoir été pris en photo à ce moment aussi cooOol de la course. Deux minutes pour vous remettre le dos en état ; elles sont fortes ! Encore merci à toute l’école pour sa gentillesse et sa grande disponibilité.
J’ai demandé aux demoiselles de repasser me voir quelques instants plus tard afin de s’occuper des quadriceps également bien sollicités depuis huit heures. J’ai alors pris soin de me rechanger intégralement, optant cette fois-ci pour la tri-fonction (enfin du court !), histoire d’être bien à l’aise pour le marathon à venir. J’ai cependant décidé d’enfiler des boosters, ainsi que des chaussettes double épaisseur permettant de limiter les frottements sur des pieds littéralement tartinés de NOK. Le proche avenir me dira combien j’ai pu avoir raison de vider la moitié d’un tube entre mes orteils. Moment crucial, le serrage des lacets (j’ai couru quelques centaines de mètres et revérifié encore afin d’écarter les ennuis de ce côté-là). Je serrais enfin ma banane pleine de gels autour de la taille et, rituel ultime, le bandana, pour l’occasion celui des kikoureurs qui était resté au chaud pour le marathon. Et… « En avant ! A la recherche de nos gloires et de nos folies ! » J’étais redevenu un homme neuf en quelques minutes, quant au mental…
YES ! je levais déjà des bras victorieux et rageurs à la fois devant mes amis en passant près d’eux pour leur dire à quel point je me sentais dans mon élément, à quel point je me sentais bien et prêt à en finir alors que près de cinq heures d’effort m’attendaient encore… Rester concentré…
Avec le témoignage que je laisse en ce qui concerne les transitions, j’imagine que certains triathlètes verront un moyen de gagner deux fois plus de temps en demandant l’aide de deux masseurs à la fois, pour ma part, j’y aurai pris deux fois plus de plaisir ! lol ! Naturellement, j’assume la responsabilité de la prochaine pénurie de masseuses sur l’Embrunman, je me permets toutefois de suggérer à l’organisation (i-na-tta-qua-ble !) de prévoir dès à présent deux écoles de kinés. mdr !
Temps passé dans la seconde transition : 11 mn
669e temps et 116e V2
Le marathon
La sortie du parc nous ramène une première fois autour du plan d’eau, ce qui nous permet de considérer tout le chemin parcouru depuis le début de la journée, et puis, on se trouve très rapidement dans une zone assez dégagée, la digue, qui offre une vue complète du ciel alentour. Ainsi, sur le retour, ai-je pu apercevoir l’orage descendu de Briançon (Celui qui venait d’arroser copieusement le semi Névache-Briançon parti en début d’après-midi) se rapprocher dangereusement au dessus de nos têtes… Le brouillard à Réallon, le froid dans la montée de l’Izoard, le vent sur le retour et l’averse à présent. Bon. Seul regret, ce ciel menaçant, on le voyait nous rattraper sûrement depuis notre passage par l’Argentière et, alors que je finissais le vélo dans la côte de Chalvet, le grain allait nous rattraper, c’était é-vi-dent. Mais alors, pourquoi n’ai-je pas pris un sac plastique alors que j’y avais pensé ? L’explication se trouve naturellement dans le précédent chapitre. lol. La prochaine fois, le sac se trouvera préventivement dans la banane des gels. Grrr !
Dans quel état psychologique un triathlète peut-il aborder un marathon sur une telle épreuve ? C’est l’histoire de la bouteille d’eau « encore à moitié pleine » ou « déjà à moitié vide ». Toutes les courses en montagne auxquelles j’ai participé m’ont, certes, permis de construire un vécu ; j’en parle humblement, ça a été parfois douloureux et, il faut bien le reconnaître, je ne m’aligne plus sur des marathons sur du plat depuis un moment. J’avais pourtant fait une exception à l’automne 2008 avec le marathon « des Givrés » près d’Orléans. Pas de performance, je n’en fais pas, mais un curieux sentiment intérieur à l’issue de la course, sentiment assez indéfinissable si ce n’est avec ces trois mots chargés d’incrédulité : « C’est déjà fini ?! ». Voilà ce qui arrive lorsqu’on court des fois près d’une journée entière dans la montagne et que l’on redescend ensuite dans la plaine…
Donc, mon état psychologique. Je me rapprochais à grands pas du but, tous les voyants étaient au vert, je prenais un plaisir indescriptible tout au long de cette course, d’ailleurs, pas un seul instant ce dernier n’aura diminué. Et puis, je le redis humblement, dans ma tête, « il ne me restait qu’un marathon à terminer ». Bien sûr, charge pour moi de réaliser une course propre si je voulais quand même terminer ailleurs que dans une ambulance. En définitive, je l’aurai même réalisée un peu trop proprement ! lol !
En termes de conduite de course à mener à l’issue d’un vélo aussi exigeant que celui d’Embrun, j’avais depuis très longtemps pris deux décisions que je n’allais pas regretter.
Déjà, s’il n’est bien sûr pas question de tenir une vitesse forte sur cette ultime discipline, j’avais décidé de me mettre encore « un cran en dessous » pendant les quinze premiers kilomètres, histoire de récupérer des efforts précédents qui laissent indéniablement des traces dans l’organisme, et ce, même si je me sentais franchement bien.
Ensuite, j’avais aussi décidé de marcher dès que la pente se faisait sentir. Ceci dit, une marche efficace ne retarde guère. Sur le parcours de CaP de l’Embrunman, se présentent trois endroits dignes d’intérêt. La première moitié autour du plan d’eau est très loin d’être plate, cependant, on ne grimpe jamais de plus d’une trentaine de mètres à la fois. Le retour sur la digue est plat, cependant le passage sous la route donne le signal d’une mini montée vers Embrun, elle-même prélude à une montée plus « sérieuse » qui cette fois nous mène au sommet de la falaise. Le dernier endroit se trouve peu avant Barratier, de l’autre côté de la Durance. En attendant d’y arriver, l’accueil que nous réservent les Embrunnais est des plus chaleureux, il n’aura d’ailleurs pas faibli au moment du second tour, alors que le ciel nous tombait sur la tête. Merci, merci, merci…
On marche énergiquement...
Ainsi commencent à se succéder les kilomètres marqués méthodiquement en bleu sur le sol. La descente vers la Durance nous fait reprendre la route à vélo vers Chalvet. Ainsi considérons-nous à notre tour les ultimes cyclistes de l’épreuve. « Accrochez-vous, vous y êtes ! » La descente achevée nous renverra au pied de la falaise avant d’arpenter à nouveau la digue de la Durance jusqu’à la passerelle de fer. Je me trouve vers le dixième kilomètre de course lorsque deux évènements vont se présenter.
... Et puis on court sur le plat...
Tout d’abord, la pluie. Elle ne nous quittera que vingt kilomètres plus loin pour se déchaîner à nouveau sur les deux derniers kilomètres. Je la redoutais, cette pluie. Une raison de prendre froid. Je repensais avec inquiétude à tous les déboires que j’ai pu connaître dans le passé, des super courses littéralement pourries sur la fin ! Le Ventoux, la 6000d ! L’alimentation qui ne passait plus car j’avais pris froid en plein effort ! il s’est avéré que cette pluie n’était pas froide, juste mouillée ! lol ! Et, puis, le vent venait de tomber. Tous les coureurs se sont donc retrouvés pataugeant sur la digue, pestant après les éléments et, franchement, il y avait de bonnes raisons. Question météo, peut-être qu’au bout de la journée, il aurait fallu que la chance tourne un peu. Quant à Raspoutine, il ne se sentait pas non plus dans la raspoutitsa, même si par moment, les chaussures imbibées d’eau paraissaient plus lourdes. Et puis… Un orage… Pour l’histoire, trop class ! L’Izoard a dû bien blanchir en cette fin d’après-midi ! lol ! Soyons heureux d’avoir échappé à la grêle.
plouf....
Sur le marathon, les ravitaillements se trouvent environ tous les deux-trois kilomètres et permettent de s’alimenter comme de s’hydrater dans les meilleures conditions. Et c’est tant mieux car, en même temps que se présentaient les premières gouttes de pluie au moment de quitter le pied de la falaise, j’ai recraché d’écœurement un gel d’antioxydant. La-tui-le ! J’ai bien sûr réessayé par petites doses mais sans succès et j’abandonnais donc ce mode de ravitaillement pour passer … en mode coca ! (comme quoi, toujours prendre soin d’écouter l’expérience des ainés ; salut à toi, Papy…). Ce changement d’alimentation aura eu pour premier effet de ralentir ma course, déjà bien lente. Je choisissais de m’arrêter aux stands et de boire bien posément. Je n’avais surtout pas envie d’avoir un estomac saturé de liquide partant en vrille, j’ignorais un peu ce qui allait se passer mais contradictoirement, je cherchais aussi à boire « raisonnablement » et « le plus possible » à la fois, car mon corps n’allait plus puiser que dans le sucre rapide à disposition immédiate.
...Beurk !
Ainsi, me suis-je retrouvé, surtout lors des ravitaillements suivants, en train de considérer chacune de mes gorgées de coca, à l’écoute de mon estomac. lol ! En définitive, un excès de prudence, qui m’aura certainement fait perdre du temps mais que je ne regrette pas car à mon sens nécessaire pour ma « transition alimentaire ». Au niveau de la course, le coca aura fait office de carburant pendant encore 32 kilomètres et je pense que j’aurais pu aller bien plus loin ainsi car n’étant pas déshydraté, ni en manque de sels minéraux. C’est naturellement dû aux conditions météorologiques, mais j’avais également eu la présence d’esprit d’emmener avec moi qqs cachets de Sporténine. C’est assez drôle, j’en ai toujours sur moi mais je ne les utilise pas car l’Hydrixir ou les gels sont bien suffisants. Bon, le demi-tube que j’avais y est passé sans problème mélangé au coca. Je m’en souviendrai. Quand je pense qu’à l’issue de la course, je commencerai à peine à avoir les cuisses un peu dures…
Ainsi, logé dans ma bulle de confiance, verrai-je la course s’avancer au fil des kilomètres. Même la pluie ne me mouillera plus. Passée la montée de Barratier, je commencerai comme prévu à accélérer dans la descente et à tenir jusqu’au bout un rythme de CaP plus élevé (10-11 km/h), bien sûr exception faite des trois endroits montant cités et des ravitaillements.
A propos de rythme élevé, il est évidemment sans comparaison possible avec les champions masculins qui terminaient leur marathon alors que nous achevions à peine le vélo, comme celui des championnes escortées de leurs vélos suiveurs bien bruyants car assurant à la tête une liaison plus que sonore… COUAK ! Bon, ce ne sont pas mes affaires et surtout je ne juge pas comme ont pu le faire certains de mes compagnons de course qui évoquaient directement un cas de triche entre les premières car ils estimaient que les vélos suiveurs renseignaient leur championne sur l’état de la concurrente ainsi que l’écart entre les deux. Personnellement, ces vélos ne parvenaient qu’à me casser les oreilles. lol de dépit… Monpépère et puis Philou m’auront eux-mêmes suivi un bout de CaP, histoire de prendre quelques photos et puis c’était aussi leur bon plaisir… Pour ma part, ça m’aura fait très plaisir qu’ils prennent justement ce plaisir d’accompagner leur pote à l’instar de nombreux coureurs et ça n’ennuyait personne car tous les accompagnateurs que j’ai pu observer sur la CaP n’ennuyaient personne. Bien sûr, si c’était autorisé, il n’y aurai plus de limite. Ainsi Monpépère s’est-il vu légitimement rappeler à l’ordre. (Nananère !)
De retour sur la digue, je retrouve le S.O.H. presque au complet et qui me réserve un super accueil sous une pluie qui commence à baisser d’intensité. J’étais tellement concentré dans la course que je ne les avais pas vus à l’issue du vélo ! L’aller-retour autour du plan d’eau me permettra les retrouver alors que, pour moi, le second semi s’entame dans une bonne forme (J’avais vraiment bien fait de lever le pied avant Barratier) et surtout un mental énorme !
D’ailleurs, lors de mon premier passage sous la banderole d’arrivée, je ne me gênerai pas pour lancer mes poings vers le ciel une première fois en signe de triomphe, détail qui n’échappera pas à celui qui tenait le micro sur la ligne d’arrivée et qui encourageait les coureurs : « Encore un tour, Thierry !» Mais dans ma tête, je me disais que j’en aurais même fait deux ; je me sentais dans le coup !
Et les kilomètres défileront, défileront, défileront… Jusqu’au point de ravitaillement du 37e kilomètre, c’est juste avant celui de Barratier. Un endroit où j’avais promis de m’arrêter pour partager une bière ! Entre deux verres de coca, donc ! lol ! Dores et déjà, pour l’an prochain, je donne rendez-vous au ravito du 37e kilomètre ! L’adresse est bonne et je rends ici hommage à tous les bénévoles qui savent si bien nous accueillir tous les ans. Quand j’en aurai fini avec cette course, je viendrai au 37e km avec des bières !
Reprise de la course à pied… Et là, une voiture vient se placer à ma hauteur… décidément, cette course me réserve quelques bonnes surprises ! L’Ourson en personne, regagnant sa tanière avec l’Oursonne. YES ! Dès à présent, je savais que sa course avait été un succès !
... Bientôt...
Je retrouverai et dépasserai à mon tour nombre de coureurs marchant sur la fin, tout se paye. Viendra l’ultime passage dans Barratier puis la descente vers Embrun, où s’entend de très loin le haut-parleur de l’arrivée. Les derniers kilomètres où tout semble être survolé et la pluie qui se remet de la partie pour l’arrivée ! Un tour de plan d’eau, un tour de parc à vélo et l’arrivée.
Temps de CaP 5 h 13
597e et 98e V2
Ce dernier tour, une année que je l’imagine dans ma tête ! Eh bien, j’y suis ! Je franchirai la ligne d’arrivée sous la pluie au bout de 14 heures et 45 minutes de course, que dis-je ? 14 heures et 45 minutes d’un plaisir au-delà de l’intense et jamais rassasié ! Je franchirai la ligne la tête dans « mes rêves de gloire et de folie ».
Temps de course 14 h 45
523e et 74e V2
Encore une médaille... Je vais devenir collectionneur de timbres poste !
Epilogue
Très vite, je retrouverai sur la ligne Blueb’ et la Tortue ; j’ai dans l’idée qu’il s’agissait d’une grande, très grande journée pour les Kikoureurs à Embrun ! Nous nous verrons tous le lendemain. Et surtout Monpépère, très fort le coach ! Il est parvenu à berner la sécu pour faire des photos juste derrière la ligne ! mdr ! Et juste retour des choses.
Je partirai m’assoir dans le parc près de mon vélo et je passerai près d’un quart d’heure à juste savourer l’instant. La nuit tombait, je me sentais bien, seulement bien… Terriblement euphorique, presque à la limite de l’hilarité ! Je revivais ma course comme je voulais la voir vécue depuis un an. Dans le plaisir, et franchement, là, il n’y avait plus rien à ajouter.
Bien sûr, il y aura toujours des choses à améliorer, il y aura du débriefing à venir mais ce soir, après avoir récupéré la médaille et ce fameux tee-shirt noir du finisher pourtant criblé de fautes d’orthographe à l’instar du blanc donné la veille, je me disais que des fautes, justement, je n’en avais pas fait beaucoup pour ma première participation à l’Embrunman et, cerise sur le gâteau, mes objectifs les plus inespérés étaient atteints car j’avais le sentiment de finir la course avec encore de l’énergie à revendre !
A présent, je me prépare pour un ultime tri, le L.D. du Ventoux. 5 semaine après Embrun. Un peu court diront pertinemment certains au regard de la récup‘. Il faut savoir que je ne me donne jamais à fond dans les courses. Enfin en novembre, place à l’objectif majeur de l’année, et pour ça, retour aux fondamentaux, le trail. Je pars courir dans le SoloKhumbu, au cœur de l’Himalaya pendant trois semaines ; un défi autre, je me sens prêt .
Mais pour l’heure, Merci Monpépère, par ton écoute et ta patience, tu viens de m’offrir mon plus beau défi sportif en triathlon ! Au-delà de tes compétences sportives, ta patience, ton écoute et ta compréhension font de toi un foutu coach ! Et puis, l’année prochaine, RdV sur l’Embrunman !
Merci à tous ceux qui m’ont suivi et soutenu, depuis le début voici près d’un an ou spectateur d’un instant le long de cette course, à 800 km d’Embrun ou bien sur la digue en plein orage ! Bien sûr, merci à toutes les personnes de l’organisation, un superbe triathlon cet Embrunman.
Débriefing
La natation et le vélo me semblent avoir été correctement appréhendés avec l’idée de ne pas se mettre dans le rouge mais au contraire de considérer la longueur de l’épreuve. Sans compter que, au final, les temps semblent honorables. Puisque je compte me réengager sur Embrun dès l’année prochaine, je ne peux affirmer quels seront mes temps, ils dépendent de ma fraicheur ainsi que des conditions atmosphériques, c’est dit. Par contre, je conserverai le même type d’entrainement ainsi que la même stratégie de course.
Bien sûr, il faut évoquer la CaP ! Ce ne sont pas les 5 heures 13 mn qui font désordre à l’issue de la compétition, mais plutôt que je me sente aussi bien à la fin du marathon, pas entamé, pensant même pouvoir aligner sans trop de soucis un 3e semi. A force de travail, je suis parvenu à éliminer du vélo le stress mais celui-ci s’est reporté sur la CaP à cause de mes déboires gastriques. D’où ma prudence excessive. Je ne la regrette pas un seul instant ma prudence, je réagirais exactement de la même manière si c’était à refaire en tant que première course. En titre de chapitre, j’écrivais « Arpenter avec humilité les sentiers de l’Embrunman », précisément à cause du fait qu’il s’agissait d’une première participation avec nombre d’inconnues potentielles et l’objectif était de « finir entier ». Le fait est que je suis même parvenu à finir dans un certain état de fraicheur, ce qui est un comble (même si les courbatures ont fait leur apparition un fois refroidi). Je n’hésiterai donc pas à aller plus vite en CaP lors de l’édition 2011 de l’Embrunman, tout en conservant une stratégie de course voisine.
En définitive, j’espère me rapprocher des quatorze heures de course, un objectif de temps, donc, même si je ne déclencherai pas, là non plus le moindre chronomètre.
Avant tout, le bon plaisir...
Raspa
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6 commentaires
Commentaire de La Tortue posté le 28-10-2010 à 20:45:00
je serais aussi court dans l'écrit que tu as été long : CHAPEAU !!!!!
et crois moi, je sais ce que tout ça représente...
Commentaire de CROCS-MAN posté le 30-10-2010 à 22:48:00
Méga cr bravo.quel temps de me..de ce we là.
Commentaire de LtBlueb posté le 30-10-2010 à 23:17:00
tout simplement bravo et merci pour ce magnifique récit ... dans lequel je me suis reconnu tant de fois !
quelles coincidences dans nos trajectoires : se croiser à la baule , mêmes doutes, même passion pour la discipline sans pour autant se dire "je suis triathlète", même prudence le jour J pour faire passer le plaisir avant tout . jusqu'à ce se retrouver à 2' près sous l'arche d'arrivée !!!
Commentaire de Monpépère posté le 31-10-2010 à 21:44:00
Récit absolument magnifique !
J'avais l'impression de revivre l'épreuve avec tous les détails liés au parcours somptueux de l'Embrunman.
Ça donne envie de "remettre le couvert", vite.
Que les dieux du sport soient avec nous en 2O11, Raspoutine...
Commentaire de Ironmickey posté le 11-12-2010 à 18:41:00
Super récit. J'ai participé à l'édition 2008. C'est mon plus beau souvenir sportif. J'espère retourner à Embrun, peut être en 2012. Bravo à toi.Mickaël.
Commentaire de deserteuse posté le 10-08-2011 à 09:35:20
A 5 jours du grand jour, je m'offre la lecture de ton CR...scotchée, impressionnée, émue, envie d'y être enfin et de vivre à mon tour les émois d'une novice!
Françoise
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