L'auteur : Libellule
La course : Embrunman
Date : 15/8/2013
Lieu : Embrun (Hautes-Alpes)
Affichage : 1449 vues
Distance : 233km
Objectif : Objectif majeur
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Il est 15h ce 14 août 2003 , je suis en train de regarder des pingouins nager dans le lac de Serre-Ponçon lorsque j'écrase sur les galets du plan d'eau d'Embrun ce qui sera ma dernière cigarette.
Lorsque je me mets au triathlon en septembre 2009, je repense à ce moment là, et il est clair que le 15 août 2013, je n'aurais pas d'autre choix que d'être au départ de ce qui est appelé encore à l'époque, le triathlon le plus dur du monde (bon je connaissais pas encore l'Altriman, le Norseman, le Celtman et autres joyeusetés ;-) ) pour fêter mes 10 ans sans cigarette.
En septembre 2012, je me fais renverser par une voiture dans Paris à vélo et cela me calmera l'envie de remettre mes fesses sur une selle jusque début avril (et le temps pourri en région parisienne n'incitait pas non plus à sortir le vélo ...) .
Début mai, je m'inscris, comme ça plus trop le choix. Pour épargner la vie de famille, l'entraînement se fera en grande partie sur le temps "travail".
Aller-retour tous les jours en vélo : 30 kms
Aller tourner une heure à 1h15 à Vincennes le midi tous les 2 jours: 40 kms
Sortie le dimanche matin de 90 à 100 kms
2 sorties CAP le midi de 10-12 kms
2 à 3 fois 1h30 de natation avec le club
Résultat de mi-mai à mi août, je totaliserai un peu plus de 3200 kms de vélo, 300 kms de CAP et 50 kms de natation.
Bon c'est pas tout ça, nous voilà déjà le 12 août et je suis en route vers Briançon pour découvrir la "maison bleue" de Thierry et Régine (alias le Raspa et la Gazelle).
L'accueil est extra-ordinaire et ils sont vraiment aux petits soins. Chambre d'ami rien que pour moi, repas diététiques adaptés aux futurs efforts (dont un riz au lait de chèvre à se taper le cul par terre), bref une adresse de premier plan à recommander ;-)
Le mardi après-midi, on se fait une petite sortie de 20 bornes en remontant vers l'Izoard depuis Briançon pour faire un peu tourner les jambes. La Gazelle n'est pas trop en forme, mais c'est pile le petit rythme qui me fallait pour faire tourner les gambettes, et une petite sortie comme ça, l'air de rien, ça fait un peu retomber la pression.
Le mercredi matin, direction Embrun pour aller récupérer les dossards. Thierry est un guide hors pair, on passe par le parcours de la course et il me détaille chaque bosse, chaque virage et surtout chaque descente.
On récupère les dossards, croisons un ami de la Gazelle qui compte faire moins de 11h ( !!! ) et surtout nous récupérons le troisième larron , Fred (alias le Paname).
Petit pique-nique au bord de l'eau, nous allons préparer les vélos et réussissons à les déposer dans les 10 premiers, ce qui fait qu'à 14h45, nous sommes déjà sur la route du retour avec notre petite caissette et les deux bidons de l'orga (que je fais avec Paname, ce qui nous permet de faire connaissance).
Dans ma tête je résume les CV et je me sens un peu petit :
- Thierry, 3 Embrunman, 1 Norseman (black finisher)
- Fred, 10 Embrunman, 2 Altriman
- Yohan, 2 Ironman dont le plus vallonné était Chalon Sur Saône .......
Bon, on arrête de penser à ça et on passe une soirée super-sympa tout en gardant assez de sérieux pour préparer nos affaires.
De mon côté, voilà ma petite checklist :
- Natation
- un anti-oxydant à prendre à 5h30 avec un peu d'eau
- un maillot de bain
- une paire de lunettes
- le bonnet Embrunman
- ma combinaison (Synergy Hybrid)
- la puce à mettre à la cheville
- la montre timex pour connaitre le temps écoulé depuis le départ
- un stick anti-chauffe pour me graisser la nuque
- Vélo
- la trifonction Ekoi longue distance
- le casque
- le porte dossard
- les chaussures de vélo (route pas tri)
- les chaussettes
- les manchettes
- le gilet coupe-vent pour la descente (poche arrière)
- 4 recharges de poudre pour faire des bidons
- 3 barres à consommer selon l'envie
- un anti-oxydant
- à l'Izoard, 6 recharges en poudre, 3 autres barres au cas où, deux chambres à air si celles du départ ont servi
- Course à pied
- chaussures de course à pied
- gobelet
- montre GPS ( que 7h d'autonomie ...)
A 22h, nous sommes au lit à essayer de trouver le sommeil. Je dors finalement pas trop mal et mon réveil sonne à 3h30.
Petit déj au gatosport, et nous sommes sur zone à 5h15. Dans le parc à vélo ça grouille de monde, ça fait la queue pour aller aux toilettes.
Je commence à me préparer et à rentrer dans ma bulle. Fred arrive pour me passer la pompe à vélo de Raspa . Je descends mon vélo de la barrière et gonfle les deux roues à 7,5 bars.
Je mets ma combi, ramène la pompe à Raspa, et nous nous dirigeons tous les 3 vers la mise à l'eau. Les filles sont déjà partis et le speaker annonce que la suissesse est en train de mettre le feu au lac ;-)
Je tape sur la taille de mon Raspa, on s'encourage et à peine arrivé sur la plage hop c'est parti !
I La natation
Je rentre tranquillement dans l'eau et je la trouve franchement bonne. Avec Raspa on s'est mis sur la gauche pour éviter de se retrouver serrés contre la digue à la première bouée qui n'est vraiment pas loin du départ ...
C'est un peu le bazar, j'ai du mal à trouver ma place. Je décide de décaler franchement à gauche quitte à rallonger de 50 mètres, et la première bouée se passe franchement bien en faisant un petit crochet.
La deuxième est plus pénible, il y a beaucoup de monde, au final, je lève les bras et me laisse porter par le tourbillon généré par les nageurs. La sensation sur le coup me fait bien sourire ....
Après la deuxième bouée, j'aperçois au loin la troisième , je commence à me diriger vers elle et O miracle, il n'y a pas grand monde pour me gêner. Je nage deux-trois coups en polo pour voir ce qui se passe, et je vois tout un groupe qui oblique à 10° par rapport à moi. Merdouille, il y a une autre bouée une centaine de mètres sur la droite. Je me remets dans le flot, sur le côté gauche du peloton et je peux enfin allonger ma nage.
De temps en temps un petit trou se forme au sein du groupe, je donne deux-trois coup de bras plus fort que d'habitude pour m'y glisser et je peux ensuite allonger de nouveau ma nage.
Le but aujourd'hui est de ne pas se griller en natation, je n'appuie pas sur les bras, je les fais juste tourner, j'allonge du mieux possible, j'essaie de fixer ma tête (hein Benjamin ;-) ) et surtout, je n'utilise quasiment pas les jambes, la combi assurant la flottaison .
Le premier tour se finit et le jour se lève enfin. C'est super tentant de se tordre le coup un peu plus que d'habitude pour admirer le lever de soleil lors des respirations, mais c'est une course et j'aurais 9h de vélo pour faire le touriste, alors maintenant qu'il fait jour, je regarde les algues au fond de l'eau (toujours pour essayer de fixer la tête).
Les autres bouées sont des formalités maintenant qu'il fait presque jour et qu'on y est passé une fois. Il me reste 500 mètres à faire, et à regarder la façon dont nagent les personnes autour de moi, je pense que je suis à ma place. Nage fluide , propre, position bien allongée, je me dis que le groupe au sein duquel je nage est plutôt pas mal ....
Allez je bats des jambes pour les ralimenter en sang bien frais, je double quelques personnes sur l'affaire, et je sors de l'eau. Je retire le haut de ma combi avant les douches, je regarde ma montre et je vois 1h06mn54.
Je suis bien content, j'ai pas du tout forçé et je fais un temps super correct.
J'arrive à ma chaise, je retire le bas, je me sèche, je retire le maillot de bain, j'enfile la tri-fonction, je mets les manchettes, les chaussettes, les chaussures, le porte-dossard et le casque et c'est parti !!!
II Le vélo
Le vélo commence par une petite grimpette, j'avais donc fait attention de me mettre sur le 34*19 avant de poser le vélo hier après-midi. Quelques concurrents slaloment dangereusement (honnêtement ça devait être leur première fois avec les chaussures sur les pédales, à Embrun j'ai du mal à voir l'intérêt), un d'entre eux m'envoie presque dans les barrières, je freine et passe par la gauche.
Il y a beaucoup de monde dans cette petite grimpette et c'est assez sympa comme départ. J'aperçois la Gazelle sur le côté gauche de la route, le temps qu'elle me reconnaisse, elle photographie mon postérieur ;-)
La montée des puys se passe super bien. Je remonte sans cesse des concurrents, ce qui ne m'apparaît pas forcément délirant, dans mon esprit, certains très bons nageurs étant de piètres cyclistes.
Je passe mon temps à mouliner tranquille sur le 34*21 et de temps en temps, je passe le 34*19 pour me mettre en danseuse et changer de position.
Avant que je ne m'en rende compte, me voilà déjà en haut de cette route à Saint Appolinaire. Je refais un bidon avec ma poudre et j'attaque la descente. Je sais par le Raspa qu'il y a un virage dangereux au km 27, je préviens donc mes accolytes lorsqu'ils me passent pour pas qu'il y en ait un qui termine sa course dans le ravin ...
L'organisation semble avoir mieux sécurisé ce virage cette année, il y a marquage en fluo sur les côtés, des cônes dans le virage, les pompiers 100 m avant et un bénévole qui fait signe de ralentir à l'entrée du virage, s'il y en a un qui se met au tas ici cette année, ce sera plutôt mérité, car à part nous faire descendre du vélo, l'organisation peut pas faire plus ....
On arrive à la nationale pour retourner vers Embrun et là, ça roule super bien. Je suis à 40 km/h sans forcer, je me dis que j'ai de bonnes jambes aujourd'hui et que ça tombe bien parce que je vais en avoir besoin.
On arrive au rond point des Orres, et là il y a une ambiance de folie, impossible de doubler, il n'y a le passage que pour la largeur de son cintre, les gens applaudissent, on dirait presque une étape du tour de France, ça rebooste super bien !!!
Bon il ne faut pas trop s'enflammer, je regarde le compteur et je m'empêche d'appuyer trop fort sur les faux plats descendants pour pas griller de cartouches de façon prématurée.
Après Guillestre, petite pause pipi et on attaque les gorges du Guil. Ca monte et descend tranquillement, jamais rien de bien terrible en tout cas. Le point de vue est superbe et j'en prends vraiment plein les yeux.
Le compteur affiche déjà plus de 75 kms et la montée de l'Izoard se dessine . Qu'est-ce que j'ai hâte d'en découdre avec cette montée. Moi qui n'ai jamais monté un col alpin de toute ma vie, j'ai vraiment hâte de voir ce que ça donne.
La technique sera la même que pour Pallon ou Chalvet .... Le 34*25 assis pendant 2/3 minutes alterné avec 1 petite minute de 34*23 en danseuse pour varier les positions.
Allez la pente s'accentue et c'est parti ! Je suis à l'aise, je me sens vraiment bien, comme si je n'avais toujours pas commencé à pédaler et je remonte toujours un peu de monde (beaucoup moins qu'au début c'est sûr, mais environ un coureur toutes les 3-4 minutes).
Voilà Brunissard, la tortue en a parlé quelques fois et tout les zanimos ont l'air unanimes pour dire que c'est là que l'Izoard est difficile. Je ne change pas de stratégie, et en alternant le 34*25 et 34*23 je ne vois que rarement le compteur passer sous les 12 km/h. Je me dis que je suis vraiment bien mais qu'il faudrait voir à pas s'emballer.
Je regarde ma montre, il est 11h et il me reste 5 kms à faire pour être en haut. Je calcule rapido, si je mets 20 minutes (ce qui me paraît raisonnable vu qu'il y a 1 km de descente dans la Casse Déserte), j'y serais à 11h20 alors que l'objectif très optimiste était fixé à 11h45 !!!!
Je continue mon bonhomme de chemin et là, un homme au bord de la route m'annonce que je suis le 183 ème à passer !!!!!
Alors là plus de doute, je suis en train de faire un truc énorme !!! J'y crois pas, je me dis qu'il a du fumer de la gentiane ou abuser de la gourdasse bleue, mais un concurrent à côté me dit qu'il est là tous les ans et qu'il compte réellement les coureurs !
J'arrive à la Casse Déserte, et je suis en train de passer en revue chaque membre de mon corps pour faire l'état des lieux parce que ça m'apparaît surréaliste ! Rien à signaler, comme si je venais de démarrer la course, je ne vois aucune raison d'être un tant soit peu pessimiste.
Je descends la Casse Déserte, petit coup de cul pour Tintin Photo , clic-clac Kodak et deux-trois lacets plus hauts, j'arrive au col de l'Izoard à 11h20 pile.
Je récupère mon sac, je fais deux bidons de boisson avec deux sachets de poudre du sac, je remets 3 autres dans ma sacoche de cadre, un dans le gilet, je mets le gilet, remonte mes manchettes et j'attaque la descente avec une vieille odeur d'embrayage fondu dans les narines (à mon avis une voiture qui a du monter l'Izoard à côté de "son" coureur .... sans commentaire).
Je descends vers Briançon avec deux objectifs : arriver vivant en bas, et accessoirement avoir bu un des deux bidons avant d'arriver à Chamandrin pour pouvoir le refaire lorsque je retirerais le gilet et les manchettes et me réhydrater car j'ai finis le dernier km avant l'Izoard à sec et même en machouillant mon eau, j'avais un poil soif en arrivant au ravito.
La descente se passe bien, j'assure et je ne mouline que pour faire tourner les jambes, aucunement pour faire avancer le vélo plus vite, de toutes façons je freine plus que tout le monde et j'assure chaque virage au maximum (et puis j'ai des roues parachutes il paraît alors ... ;-) .
J'arrive à Briançon, puis enfin Chamandrin dont la route est au moins en aussi bon état que celle de Chalvet (mais cette ville a le bon goût de ne pas être en descente).
Je refais le plein de mon bidon, je mets le gilet et les manchettes dans la poche dorsale de la tri-fonction et c'est reparti.
La montée des Vigneaux se passe bien, je n'ai pas trop de vent dans la ligne droite de l'aéroport (que je fais tranquille en moulinant à 30 km/h) et me voilà au pied de Pallon, une côte de 1500 m à 12-13% de moyenne.
Je passe le 34, je suis sur le 19 derrière, je profite de l'élan pour faire les 50 premiers mètres "gratuitement" et je passe le 23 pour me mettre en danseuse. Toujours la même technique qui me réussit depuis le début.
Un triathlète qui n'en peut plus me demande s'il y en a pour longtemps, je lui réponds mais non c'est Pas Long . Devant son regard colérique, je lui précise qu'au rocher ça se calme. Il se radoucit un peu, trop dans le dur pour avoir de l'humour.
J'arrive enfin en haut (12h35) et descends sur Champcella, la route est pas terrible et une petite partie des triathlétes doublés dans Pallon me redouble dans cette descente. En plus je commence à avoir super mal aux épaules (sans doute la crispation dans les descentes qui commence à se faire sentir).
Le retour sur Embrun se passe toujours sans forcer, je vois quelques coureurs monter en force les quelques coups de culs après la nationale, je les laisse faire, je garde mes forces pour Chalvet.
Je passe le pont métallique, croise quelques avions déjà sur leur marathon et j'attaque Chalvet. Je pense à Raspa et ses trois tiers. C'est vrai que le premier passe bien car la route est bonne, le deuxième j'ai plus de mal, je commence à avoir un peu de mal à bien tourner sur le 34*25, je reste assis et je force un peu et c'est là que je prends un risque car un début de crampouille à l'Ischio apparait. Ni une ni deux, je passe le 23 et me force à rester en danseuse pendant 3-4 minutes. Je sens que c'est parti je repasse le 25, m'asseoit et me voilà en haut de Chalvet.
La descente est périlleuse, je prends zéro risque. J'ai vraiment mal aux épaules, mais qu'est-ce que je suis content de mon vélo. Je sens que j'ai fait quelque chose d'énorme (à mon niveau en tout cas). Me voilà sur le tapis bleu, je déchausse à la volée ma chaussure gauche, je m'arrête devant l'arbitre et perds 15 secondes à défaire la chaussure droite (mon emplacement est à facile 150m de l'entrée du parc, ça valait le coup de se dechausser). 7h11 pour faire le vélo soit 26,2 km/h de moyenne pauses comprises !!!!
Je cours jusqu'à ma place, un kiné me court après pour me proposer un massage, je lui dis que je veux bien les épaules mais rapidement et pendant que je me change. Pas de souci il vient avec moi jusqu'à ma chaise, me laisse poser mon vélo et me masse une trentaine de secondes pendant que je mets mes chaussures et retourne mon porte dossard. Je le remercie, retire le casque, attache mon gobelet au porte-dossard et je pars sur le marathon.
III La CAP
Je pars à 11 km/h en me disant que si je tiens cette allure, avec les pauses ravitos, les deux montées en mode marche, je devrais pas être loin des 4h10 au marathon et que ce serait un putain d'exploit de passer sous les 13h. J'ai les larmes aux yeux en partant sur le marathon car je pense à ma femme, mes filles qui sont là par la pensée, aux heures passées à tourner comme un con autour de l'anneau de Vincennes entre midi et deux, et je sais que désormais plus rien ne peut m'arriver, je vais aller au bout et je vais essayer de faire le job jusqu'au bout !
Au bout de 3 kms, je vois la Gazelle qui attend Raspa sous le pont. Elle m'encourage et voit que je suis pas mal. J'ai un petit sourire en pensant aux messages qui doivent circuler chez les zanimos, que je suis en train de faire quelque chose de top !!!
Il fait très chaud, dès que je peux, je m'asperge avec les éponges. A chaque ravito, je bois un demi-verre d'eau et un demi-verre de coca, mais je sens que ça risque d'être juste.
Dans embrun, nouveau clic-clac de Tintin Photo.
Lors de la partie commune avec le vélo, je croise mon Raspa qui est en train d'attaquer Chalvet, il a l'air bien et me sourit quand je lui crie un sonore "Allez Raspa !!!"
Le premier semi se passe bien, au 17éme kilo, je revois la Gazelle, elle immortalise l'instant avec son appareil photo.
Elle attend Raspa, je lui dit que je l'ai vu dans Chalvet, il devrait pas tarder. Je sais qu'il comptait sur un bon massage à T2, je ne m'inquiéte donc pas . Au dernier ravito avant le semi, plus de coca . Ca me fout un petit coup au moral, j'espère qu'il vont être de nouveau achalandé et que je n'ai pas eu tort de m'appuyer sur l'organisation pour le marathon.
Je croise Paname qui m'annonce l'abandon du Raspa à cause de ses soucis d'épaules. Je suis un peu peiné pour lui, mais le connaissant, ça ne va pas lui poser de problème, il a un voyage de noce au Népal en préparation, ça va largemennnnnnt compenser.
Au ravito du semi, il y a à nouveau du coca, j'en prends un peu plus, un peu plus d'eau, et je me rends compte que je ne peux pas boire plus sinon ça ballote sec dans l'estomac.
Je saute le deuxième ravito et reprends au troisième (après le pont).
Je croise Eric Céleste qui me filme et m'encourage pendant une petite dizaine de secondes (d'ailleurs j'attends le film Eric ;-) ).
Je commence à avoir des crampes sur les ischios. Je sais que je manque d'hydratation malgré les 6 litres bus en vélo et les 25 cls bus à chaque ravito. Je ne peux boire plus, je décide donc de passer en mode Cyrano pour ne pas bloquer complètement la machine. Ce sera 4 minutes de course à 10 km/h puis 1 minute de marche, sauf sur les montées d'Embrun et Baratier où je marche jusqu'en haut des montées.
Ca commence à être vraiment dur, je me force à relancer à chaque fois, mais je me rends compte que la course et la marche sont moins rapides. Une ampoule au pied droit (sans doute à cause de l'eau des fréquents épongeages) me fait titiller encore plus l'ischio droit (à cause de la mauvaise position du pied en course).
Je pioche et je passe mon temps à calculer. Je sais que c'est mort pour les 13h, mais je vais essayer de passer sous les 13h10. Il est 18h58 à ma montre et je passe le 40éme kilo. Il en reste un peu plus que deux. Je me force à courir non stop, je focalise sur l'ampoule pour faire en sorte de la dompter, je m'applique à poser le pied bien droit, et j'avance. Je saute l'avant-dernier ravito, il ne sera pas utilisable avant l'arrivée. Je recroise Fred, je lui tape dans la main pour l'encourager.
Il y a du monde des deux côtés de la barrière. Des enfants tendent les mains, je tape dedans (deux petits cons d'une quinzaine d'années la retire au dernier moment, mais je vais pas perdre 15 secondes pour leur mettre un coup de boule ;-) ). Purée je savoure le moment mais je lâche rien. Je contourne le parc à vélo une dernière fois et je vois la ligne d'arrivée dans 200 mètres.
J'entends le speaker annoncé : " Et pour le Triathlon Plessis Robinson voici l'arrivée de Yohan Journe". Le public applaudit, dans ma tête tout se bouscule.
Je passe la ligne d'arrivée en levant les bras ... Je l'ai fait et bien fait !!!!!!!!
Je récupère ma médaille et mon T-Shirt de Finisher.
Mon Raspa est là pour m'aider avec mes affaires. Il m'attend pendant que je me fais poser un compeed sur mon ampoule au milieu des perfusés et ramène mes affaires à la voiture pendant que je vais chercher des sandwichs et une bière.
On s'installe au bar le Cagnard pour attendre l'arrivée de Fred en buvant un coup à sa santé. Fred arrive au bout d'environ 16h de course (un mois après l'Altriman, chapeau l'ami).
IV Epilogue
Dur de conclure cette aventure et de trouver les bons mots.
En premier, je tiens à remercier ma femme et mes filles pour leur patience, car même si j'ai essayé de rendre la préparation la plus transparente possible pour elles, il faut quand même souvent s'absenter et c'est à leurs dépens.
En deux, je tiens à remercier Thierry et Régine pour leur accueil formidable. J'ai été accueilli comme un ami de longue date même si nous ne nous étions rencontrés que 5 petites minutes l'an passé au Tri du lac des Sapins.
Certains vous disent de faire comme chez vous quand ils vous reçoivent, mais chez eux c'est vrai et ça fait vraiment chaud au coeur.
Bon j'arrête là car ceux qui ont été au bout de ce CR ont été sacrément courageux et qu'il me faut encore un peu de temps pour digérer.
PS : Je m'étais dit que j'irais bien à l'Altriman l'an prochain si Embrun se passait bien .... No comment ;-)
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5 commentaires
Commentaire de La Tortue posté le 05-09-2013 à 23:45:57
je t'ai déjà dit tout le bien que je pensais de ta performance. lire un tel récit sur kikourou devrait en inspirer plus d'un à se lancer dans ce beau triathlon !
encore mille bravossss!
Commentaire de caro.s91 posté le 29-10-2013 à 12:10:02
Impresssionnant ! Ca donne envie, c'est sûr, mais le volume d'entraînement nécessaire est lui aussi impressionnant. Bravo.
Commentaire de raspoutine 05 posté le 28-09-2014 à 18:11:37
Purée !
A avoir lu le Cr sur la mailing list des zanimoos, je m'avais pas mis de com' chez les kikous !
Je me rattrape au bout d'un an ... (hum...)
De ta course, je garde cette image très forte qui , s'il de devait en rester qu'une, résumerait l'ensemble : notre croisement après la passerelle métallique, il me restait à attaquer Chalvet à vélo, et toi, tu descendait d'Embrun en cap. Je me suis simplement dit que tu te trouvais dans une foutue forme ce jour-là !
Bref, un grand, grand jour pour la Lib' et pour moi et la Gazelle un we de fête partagé avec toi ! Bon, il faudra bien que tu remettes le couvert sur Embrun un de ces jours !
Encore mille bravos !
Commentaire de Papy posté le 18-10-2021 à 13:50:26
Et l'Altriman, c'est pour quand ? 😉
Commentaire de Libellule posté le 05-11-2021 à 08:51:10
Jamais !!! ;- (Jamais dire jamais)
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