L'auteur : Vincent O
La course : Embrunman
Date : 15/8/2024
Lieu : Embrun (Hautes-Alpes)
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Distance : 234km
Objectif : Pas d'objectif
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Et oui, les années passent et pèsent, et c’est déjà le 6ème EmbrunMan.
J’ai dépassé les 5 saisons de Breaking Bad, je me rapproche tout doucement des feux de l’amour.
L'an dernier je disais stop aux EmbrunMan. Promesse d’arracheur de dents. Ma promesse n'aura pas tenu bien longtemps. Début 2024, j'ai revu un documentaire qui suivait la préparation et la course de 4 bretons. La dureté de la course et l'émotion des coureurs m'a à nouveau fait pleurer, et du coup j'ai resigné pour 2024. Oui, je sais c’est une maladie mentale, qui porte un nom de jeu sexuel couru dans le milieu de la politique et de la finance. C’est difficile à comprendre, long à expliquer, mais promis à la maison, j’ai bien un petit canard rose vibrant, mais pas de combinaison latex et de menottes.
C’est en combinaison néoprène noire et bonnet de bain blanc que je suis à nouveau ce 15 août, 6h du mat au pied du lac d’Embrun, au milieu de 1000 concurrents. Je suis prêt pour la natation.
Ce départ natation, qui était un cauchemar, un calvaire pour moi les années précédentes, est toujours un moment puissant, fort, intense, avec un peu de stress, mais cette année aucune peur, aucune crainte. C’est nouveau pour moi, je n’ai plus mes crises de panique en début de natation.
J’ai bien évidemment pris des coups, mais cette natation a été un vrai plaisir. Un départ de nuit, et une arrivée avec le lever du soleil entre les montagnes.
Depuis quelques mois j’ai un nouveau vélo, un vélo ‘chrono’ type contre la montre du tour de France, que m’a monté mon collègue Pierre. Merci Pierre !!!! . Un super vélo sur lequel je me sens vraiment bien.
Ce vélo est top, oui, mais voilà, je ne suis vraiment pas fortiche en vélo, je tiens plus de la crevette en cuissard peau de chamois que du cycliste élite. Je me suis vu trop beau, trop bien coiffé (Ah ! Ah ! Ah !!! vous verrez les photos en fin de compte rendu ! et encore les meilleures ont été classifiées secret défense), trop d’optimisme, j’ai choisi de faire la course avec ce vélo chrono.
Le choix du vélo n’est pas une excuse valable, le maillon faible c’est bien moi, pas le vélo. Mais qu’est-ce que j’ai souffert pour amener les 10kgs de ce vélo sur les 3800m de dénivelés. Dur… dur…
Dès le départ vélo j’ai souffert, j’ai été doublé par des dizaines de coureurs dès la première boucle de Puy-Sanières. Les années précédentes c’était moi qui doublait en vélo, cette année impossible pour moi.
Pour ne rien arranger, cette année on a un vent de face de Savine jusqu’à Guillestre, puis sur toute la remontée du Guil, histoire de bien se mettre en jambes pour l’Izoard.
L’an dernier je m’étais rendu compte que les lieux où je souffrais le plus en vélo et les virages où j’étais à deux doigts de me mettre les fesses sur le bitume étaient chaque année les mêmes. Cela tient certainement plus du mental que du physique, mon cerveau a inconsciemment en mémoire ces difficultés. J’ai donc fait un peu de préparation mentale et de visualisation positive.
Ça a marché. Cette année je n’ai pas pleuré de souffrance dans la montée de Brunnissard et j’ai mieux négocié les derniers virages de la descente de Chalvet.
Mais la préparation mentale a ses limites, cela ne compense pas une préparation physique insuffisante. Cette année je mets 22 minutes de plus sur le vélo, et près de 20 minutes de plus en course à pieds, 3 minutes de plus en transitions. Oui, je suis toujours atteint de ce syndrome ‘’Pierre Richard’’, j’ai voulu déchausser trop rapidement à l’entrée de la transition vélo et j’ai réussi à perdre une chaussure. Heureusement elle est jaune fluo, ça ressort bien sur la moquette bleue. Mais il m’a fallu tout de même du temps pour la retrouver.
Au total je finis la course en 13h29’, 45 minutes de plus que l’an dernier.
Je ne cherche pas d’excuse, mais à comprendre. Cette année l’Embrunman n’était pas mon objectif principal. Avril mai juin j’ai multiplié les courses très différentes, du court, du long, du très très long. L’ultra triathlon de Colmar de fin juin m’a épuisé. J’ai mis du temps à m’en remettre. Je n’ai pu préparer spécifiquement l’embrunman que sur 15 jours entre mi/fin juillet et début août. Je n’ai pas pu faire suffisamment d’allure spécifique. Mon corps ou plutôt mon petit cerveau avait encore en mémoire l’allure de la course de Colmar. Je pouvais donc courir très longtemps, mais pas très vite.
Dommage. 4 kilomètres avant l’arrivée je cours avec une jeune femme, j’entends ses proches l’encourager et lui dire que sa concurrente est 50 secondes devant, et qu’elle est proche d’une bonne place au classement général. Je lui propose de l’emmener pour prendre cette bonne place. On passe de 6 minutes au kilomètre à 5 minutes au kilomètre. Je l’emmène sans difficulté à cette bonne allure jusqu’à l’arrivée. J’avais donc des jambes. Je n’ai pas réussi à faire le marathon que j’aurais du faire.
Dommage. J’ai encore du boulot à faire en préparation mentale.
Dommage. Mais je suis malgré tout satisfait de cette course. L’embrunman est une course tellement difficile, avec tellement d’émotions, que peu importe le chrono et le classement. La satisfaction est dans l’intense émotion donnée par l’effort, le dépassement de soi et la souffrance. Oui je finis une nouvelle fois en larme dans les bras de mon cœur Valérie. Elle m’a à nouveau accompagné et encouragé sur cette course. Cela devient un rituel, on s’est rencontré 10 jours avant l’Embrunman 2021, elle m’a de suite suivi et on ne s’est plus quitté depuis. On fête sur Embrun nos trois ans de vie commune et heureuse. L’Embrunman est une sorte de course porte bonheur.
Merci ma chérie !!!! Tes encouragements me donnent une force énorme. Un jour je vous mettrai une vidéo des encouragements de Valérie, vous comprendrez la chance que j’ai.
Merci, Merci infiniment Françoise et François pour vos encouragements sur la course à pieds, ça m’a porté ! Dans vos yeux j’avais une bonne allure, dans les miens je n’y étais pas du tout, la vérité est entre les deux, mais ça m’a fait un bien fou.
Merci aux membre de l’ACO qui m’ont encouragé sur la partie vélo et course à pieds !
Merci aux amis du Mistral triath'club orange qui m’ont suivi et encouragé à distance !
Bravo à Nico et à Etienne qui font une superbe course !
L’après Embrunman est toujours une période difficile.
Physiquement, il faut du temps, plusieurs semaines, pour retrouver de la force en vélo et de la vitesse en course à pieds.
Mais la vraie dégringolade est psychologique. Il faut trouver de nouveaux objectifs pour se remotiver, se remobiliser.
La dépression post-Embrunman. Oui, il est difficile de trouver un objectif à la hauteur des émotions que l’on vient de vivre.
Il y a bien une course coriace qui me fait rêver. Le bon terme n’est pas rêver, ce serait plutôt cauchemarder.
Mais en vérité ce n’est ni rêver ni cauchemarder, c’est un sentiment qui se rapprocherait plus de « défi qui m’anime », défi impossible qui m’anime profondément. C'est une course accessible aux phoques, mais pas aux crevettes, même avec 2 3 paillettes dans les cheveux.
Je n’ai pas été sélectionné pour l’édition 2025 de cette course. Il n’y a que 10 participants par an à cette course. Mais j’ai été retenu pour un ‘test camp’ en janvier à Lanzarote, pour une éventuelle sélection pour 2026 ou 2027 si je suis à la hauteur des tests et de l’épreuve, autant vous dire que ce n'est pas gagné.
Je vais donc me faire violence et reprendre les douches à l’eau froide (brrrrrrr ..... quelle horreur ... impossible pour moi) et les séances natation interminables, dur … dur …
Chaque année je mets de plus en plus de temps à écrire mes comptes rendu. Je les écrivais dans la nuit de l’Embrunman, maintenant il me faut 1 semaine. J’ai de moins en moins d’anecdotes intéressantes à raconter. Je ne sais pas si reviendrai sur l’Embrunman.
L’an dernier, j’avais promis à mes proches d’arrêter les EmbrunMan, cette fois-ci je pense que c’est la bonne, c’est fini f i n i promis j’arrête j’arrête de faire des promesses.
Vincent – Dossard 476
L’an prochain j’investit pour installer un moteur bosh à mon vélo chrono.
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