Récit de la course : Trail de la Vallée de Chevreuse - Aventure - 55 km 2010, par Bikoon

L'auteur : Bikoon

La course : Trail de la Vallée de Chevreuse - Aventure - 55 km

Date : 4/4/2010

Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 3001 vues

Distance : 59km

Objectif : Faire un temps

9 commentaires

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TVC 2010 : une cuvée brute

 

Enfin le 4 avril !!! ça fait 6 mois que je suis inscrit, 2 ans que je n’ai pas couru dans cette vallée en mode compétition, je suis excité comme une puce !!

Je sais pourtant que la course ne va pas être qu’une grande partie de rigolade : il a plut quasiment tous les jours de la semaine précédant le départ, le parcours a été rallongé (on nous annonce 57 km au briefing, j’aurai finalement presque 60 à l’arrivée après avoir pas mal jardiné…). Et surtout, je ne m’attends pas à rigoler, car c’est une course que je connais, un format déjà pratiqué en 2008, ça ne représente pas une nouveauté pour moi.  Ce qui signifie que je ne pars pas dans l’inconnu comme sur tous mes ultras précédents, et psychologiquement c’est totalement différent.


Je me présente donc au départ dans l’optique de faire une belle course, fort de mes 3 entraînements hebdomadaires habituels, je compte améliorer ma marque d’il y a 2 ans (42ème ), même si je sais que ça ne sera pas évident compte tenu du plateau assez relevé présent pour cette 2ème manche du challenge national Salomon.


Le gymnase du Perray d’où est donné le départ est nettement moins convivial que ne l’était le foyer rural d’Auffargis. Dommage. En plus ça caille. Bref, heureusement qu’il y a une chaleur humaine créée par la présence de nombreux Kikous et UFO avec qui j’échange quelques mots avant de s’élancer ; je fais un peu moins mon sauvage….


Le départ est donné à 7h10, et les trombes d’eau ont cessé. Ouf, je n’ai prévu qu’un haut déperlant, pas un ciré marin. Ça part assez vite comme d’habitude et je suis grosso modo dans les 35 à 40 premiers sur ce petit chemin qui suit la zone industriel et qui longe un petit ruisseau avant d’arriver à Auffargis. Je suis rattrapé par Sylvain (GGO) et on discute un peu malgré le 13/14 km/h. Bon OK, ça descend légèrement !! Nous rejoignons Jean-Philippe (Juanfé) que je n’ai pas revu depuis notre très belle ballade commune à l’Ecotrail 2009, ça me fait super plaisir de le voir ! Nous attaquons donc à 3 les fameuses montagnes russes entre Auffargis et les Vaux de Cernay, et comme on pouvait s’en douter le terrain est très gras. Pas la peine de faire du gymkhana pour éviter les flaques, autant y aller franco !


Cette première boucle passe très vite, j’ai de bonnes sensations et ces sentiers sont un pur régal à courir. J’arrive au 1er ravitaillement en 1h52, Sylvain est juste devant moi, je refais le plein d’un bidon et c’est reparti.


Nous changeons de versant, et je sens tout de suite que ça va un peu moins bien. Je ne me fais pas reprendre, mais les jambes répondent moins, je dois serrer les dents pour maintenir mon rythme.


Je profite de ce moment dans ma course pour évoquer un aspect qui me pose question depuis le Sparnatrail couru mi novembre dernier. Lors de ce Sparnatrail donc (56 km et 1200 D+), j’en avais vraiment bavé sur ma course mais le résultat avait été très satisfaisant : je termine 19ème mais avec une fréquence cardiaque de 172 bpm soit plus de 84% de ma fréquence cardiaque max. Autant dire que j’ai cravaché ;o).  Pour autant que ce bon classement me satisfait, je n’ai pas vraiment eu de plaisir à courir à ce rythme élevé, un peu trop à bloc.


C’est ce que je commence à ressentir sur ce trail de la vallée de Chevreuse après 2 heures de course. Je sais que je suis pas mal placé pour l’instant, mais pour conserver ce classement, il ne va pas falloir que je laisse ma part au chien, ce qui implique un moindre plaisir à courir dans ces beaux paysages, et ce, malgré la charmante présence de nombreuses faisanes !


J’arrive relativement esseulé au 2ème ravitaillement après 3h17 de course où on me pointe 28ème. Les bénévoles sont encore une fois adorables, serviables à souhait et encourageants, c’est top ! Je ne m’attarde pas, car la boucle nord m’attend et je l’appréhende un peu car j’avais pas mal pioché sur cette portion il y a 2 ans.


Ce qu’il y a de bien (ou pas) avec le trail c’est que les années se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Les minutes non plus d’ailleurs. Car alors que je commençais à gamberger vers le ravitaillement, je reprends soudain du plaisir dans cette boucle nord si sauvage. Toute proportion gardée, certains passages me font penser à la Barkley telle que je me l’imagine avec des troncs à enjamber, des blocs de rochers à escalader, mais sur quelques centaines de mètres, pas sur 160 km…. ;o)) Bon, je jardine un peu à cause d’un rebalisage dans la mauvaise direction… c’est presque une habitude vers Maincourt.


Finalement cette boucle passe bien, et le soleil faisant son apparition les paysages printaniers sont un vrai bonheur. Un bonheur boueux par contre ! Autant le ciel est clair, autant le sol est détrempé, et ces foutues  pierres qui dépassent de plus en plus. Je m’étale de tout mon long dans un champ boueux, ma seule gamelle du jour, mais une belle !


Dernier ravitaillement atteint après 5h14 de course, il reste grosso modo 12 km jusqu’à l’arrivée, et pas les plus faciles car nous reprenons le retour de la 1ère boucle jusqu’à Auffargis (les fameuses montagnes russes). Heureusement que je connais le parcours, et que c’est parfaitement balisé car je ne verrais pas un seul coureur entre ce dernier ravitaillement et l’arrivée !! C’est d’ailleurs assez jubilatoire par moment, l’impression que le parcours a été tracé pour soi.


Les jambes sont maintenant bien dures, mais je maintiens tant bien que mal un rythme régulier, j’appuie fort sur les cuisses en montant, et j’essaie de garder un déroulé propre dans les descentes. Je me retourne régulièrement pour voir si ça ne revient pas par l’arrière, preuve que je ne suis pas totalement confiant en mes capacités à garder cette place jusqu’au bout.


Puis arrive le foyer communal d’Auffargis où étaient donnés départs et arrivées du TVC jusqu’en 2008, et j’aurai donné cher pour m’arrêter ici ! Je suis bien cramé, et je me traîne un 10-11 km/h dans le faux plat montant vent de face qui mène au Perray. C’est bucolique avec ce petit ruisseau qui longe le chemin, mais je n’ai pas la tête à la contemplation, je suis impatient d’arriver et d’en finir.


Enfin arrive cette zone industrielle nettement moins bucolique, mais signe d’une imminente libération. En passant l’arche, je demande à un gars sur le côté si c’est bien là l’arrivée, car ça n’est pas flagrant… J’imagine l’impression de ceux qui sont arrivés plus tard une fois l’arche envolée !!


Je boucle finalement en 6h44 et 21ème. C’est mon premier ultra depuis que je suis passé Vétéran 1 (GRRRRRR……) au 1er janvier, et le fait de terminer 4ème V1 me console un peu de ce changement de catégorie… Sylvain en a terminé 4 minutes devant moi.


Comme je le mentionnais par rapport au Sparnatrail, mes pensées sont un peu confuses, et mes sentiments mitigés. Certes je suis ravi de ce classement et de ce chrono, mais j’ai pas mal pioché pour les décrocher. Il me semble que l’équilibre entre plaisir et performance (toute relative) n’est pas évident à obtenir. Ou plutôt, que dans un cas comme celui-ci, le plaisir est différent, et déporté : un moindre plaisir à courir durant la course, mais une satisfaction dû à un chrono et/ou un classement.


Le paradoxe, c’est que je suis conscient que c’est un peu cette douleur que l’on recherche, du moins savoir la maîtriser et la surpasser pour franchir heureux la ligne d’arrivée. Et je me retrouve complètement dans les propos de Haruki Murakami dans son « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » : «Si la souffrance n’entrait pas en jeu, qui diable s’embêterait à participer à des disciplines telles que le triathlon ou le marathon [il ne connaît pas l’ultra trail !], qui réclament autant de temps et d’énergie ? Ce qui nous procure le sentiment d’être véritablement vivants, c’est justement la souffrance, la souffrance que nous cherchons à dépasser. Notre qualité d’être vivant ne tient pas à des notions comme le temps que l’on réalise ou le rang [pas tout à fait vrai en ce qui me concerne], mais à la conscience que l’on acquiert finalement de la fluidité qui se réalise au cœur même de l’action »


Merci de m’avoir lu.

9 commentaires

Commentaire de ouster posté le 22-04-2010 à 19:41:00

Bravo Olivier pour une course bien gérée et un résultat 2 fois mieux que y a 2 ans !

A bientôt
Andrew

Commentaire de bottle posté le 22-04-2010 à 20:59:00

Salut Olivier
Belle perf encore une fois, 20ème (je ne compte pas le 6e) sur le TVC 2010 respect, il y avait du beau monde. Tu devrais essayer d'alterner course plaisir et course performance pour trouver ce qui te convient le mieux. Et puis finalement garder les 2, un coup tu perfes, un coup tu prends ton temps sur du plus long par exemple.
A+

Commentaire de le G.G.O. posté le 22-04-2010 à 21:23:00

C'est toujours un plaisir de te croiser p'tit vieux ! A la prochaine

Commentaire de caro.s91 posté le 23-04-2010 à 00:06:00

Ah bon, il y avait une arche !!! ;-)
Bravo à toi pour cette course et un excellent résultat. La prochaine fois tu es sur le podium !!!

Caro

Commentaire de philcrux posté le 23-04-2010 à 09:44:00

Bravo pour ton CR
Super chrono et superbe place au classement pour une course de ce type.
Tu dis que tu n'as pas pu prendre du plaisir en course à cause de l'aspect compét. mais je ne vois pas comment sur ce type de course tu peux concilier les 2?
Le parcours est bcp trop exigeant à mon goût à moins d'arriver super préparé ce qui était loin d'être mon cas!

Commentaire de MiniFranck posté le 23-04-2010 à 10:33:00

Félicitations Olivier,

De même je suis passé V1 récemment, par contre classé encore en senior au TVC...
Concilier plaisir et performance c'est le cocktail magique que je n'arrive pas à trouver non plus mais c'est plus un problème de niveau physique pour ma part...
Merci pour ton CR et bonne continuation
A+

Commentaire de Mustang posté le 23-04-2010 à 15:02:00

bravo pour ta perf! un circuit pas évident et un terrain gras!; beaucoup de lucidité dans ta gestion de course!

Commentaire de shunga posté le 23-04-2010 à 18:11:00

C'est un des extraits les moins bêtes de ce livre. Tu as bien choisi. Commencer à se poser la question que tu poses est à mon avis un bon départ. Ca veut pas dire que tu trouveras la réponse mais... La grande majorité des gens qui courent aussi vite que toi ne me donne pas l'impression ne serait-ce que d'effleurer cette idée. C'est pourtant une des clés... Bravo.

Commentaire de JLW posté le 23-04-2010 à 23:18:00

T'es passé V1 ? Quelle chance, tu es encore loin des V2, V3, V4 ...
Bravo pour ta place (même si c'est la plus dure à accepter ... j'en connais qq chose) et je te souhaite un peu plus de plaisir ds tes prochaines compets.

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