Récit de la course : Annecime 2007, par runstephane

L'auteur : runstephane

La course : Annecime

Date : 19/5/2007

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 4445 vues

Distance : 80km

Objectif : Se dépenser

2 commentaires

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Ça passe mieux en buvant, non ?

Cette année, je me prépare un peu mieux, je ne fais pas plus de bornes mais je fais de la vitesse, j’essaie de bien travailler. Je pars de la maison avec un objectif plutôt costaud : gagner deux heures. J’estime à une heure pleine le coût de ma défaillance de la fin de course, et espère en grapiller encore pas mal (de minutes) sur les différents coups de mou que j’avais subi l’année dernière. Au départ, la stratégie est simple, j’ai bien tourné au début (jusqu’à Lathuile en fait) la première fois, je veux reproduire la même chose cettte fois-ci. Donc ça sera un départ à la même cadence et après Lathuile, je garde le rythme au lieu de le perdre. C’est plutôt beau sur le papier, pourvu que ça marche. Ah aussi, cette année c’est gestion pro : pas de photos. Et j’emporte un bon millier de personnes avec moi, avec le drapeau Ufo, je vais le faire, ce chrono.

3h45, sur le Paquier, Annecy. Il y a du monde cette année, pratiquement 200 individuels et une quarantaine d’équipes en relais à 2 ou 4. Briefing d’Éric Dubois, attention ça va glisser au col de la Frasse… et aussi ailleurs.

4h, c’est parti, quel plaisir de fouler encore ce tapis herbeux, dans cette ville où je me verrai bien habiter (enfin, légèrement en hauteur). Et là, un doute m’assaille, signe d’une préparation impeccable, il n’y a plus de piles dans ma frontale « ahhh, qui a joué avec ma frontale ? »
Bref, ça commence mal, j’accélère un peu tant que c’est éclairé et je vais laisser passer les vrais coureurs avec frontale pendant la montée du Semnoz, histoire de profiter de la lumière… des autres.

Finalement, le jour se lève assez tôt, vers 5h15, donc la nuit ne me posera pas trop de problème, à part quelques passages piegeux avec racines. Pendant cette montée, un concurrent me passe en me disant « tiens, ça ne sera pas runstephane ? » Bigre, je suis une star. Déjà pas mal de flaques depuis le début, je suis mon credo en allant droit dedans, ça me permet de garder les pieds au frais, et sûrement d’éviter quelques ampoules. Arrive la dernière longueur dans l’herbe avant le crêt du Chatillon, avec cette année un magnifique soleil sans brume, qui éclaire un panorama à couper le souffle. J’y suis en 2h32', soit 4' de retard par rapport à l’année dernière, jusque là, tout va bien. 3' de pause, le temps de prendre 3 verres de coca et quelques morceaux de banane. C’est reparti pour la descente de Leschaux, ya-ouh. C’est là que la course commence, et que le changement s’opère.

La montée suivante, qui mène aux châlets du Sollier, se fait en mode économie en poussant fort sur les bâtons. Ensuite de nouveau une descente qui passe… plutôt vite, sur une piste à 4x4 en lacets. Un point d’eau à Mont-derrière, et ça remonte vers le col de la Frasse, il est superbe ce passage, dans les prés, dans les ruisseaux glacés, c’est vraiment un beau tracé, une montée très agréable. Je me fais rattraper ici par Maud (qui finira 2e féminine), sans bâtons et avec qui je finirai cette étape, jusqu’au ravito de Lathuile. La descente se fait donc en discutant (beaucoup), et passe (beaucoup) mieux que l’année dernière. Arrivée à Lathuile (en 5h51', 13' de mieux que l’année dernière, donc 17' de gagnées depuis le 1er ravito, ça c’est de la gestion de course !) et à sa fontaine où je me plonge la tête dans l’eau froide, ahhhh que c’est bon. 15' d’arrêt pour faire le plein d’eau, boire du coca, manger une banane et… du saucisson super-bon. Là encore, quelques participants me demandent si je ne serais pas runstephane par hasard, rapport au récit de l’année dernière lu sur kikourou ou ici-même, c’est rigolo internet. D’autres m’en parleront encore plus tard sur le parcours, par contre aucun ne me parle de Ultrafondus magazine, alors si vous lisez ça les gars, essayez Ufo !

Et c’est reparti, Maud reprend la route et je la suis à 10'', mais je n’essaie pas de la rattraper, je me doute qu’elle sera bien meilleure que moi sur les montées à venir, ce qui se confirmera à l’arrivée (près de 30' d’écart, la prochaine fois, faudra voir si ça passe, en étant accompagné). J’en profite pour appeler la famiglia, et je trottine puis marche jusqu’à Verthier, en passant devant le site d’atterrissage des parapentes, où se trouve Patrick (qui m’héberge ce week-end) pour toute cette journée.
Et voici la côte qui mène au col de la Forclaz, côte très agréable en sous-bois, avec quelques trouées dans les arbres pour voir le lac, superbe. C’est là que Dawa Sherpa me double, en trottinant, alors que je pousse sur mes bâtons. Il est 10h40, je me fais prendre deux heures par le futur vainqueur de la course. La côte se passe bien, je me chante quelques chansons dans ma tête (Legs des ZZ Top notamment), puis arrive le village de la Forclaz, avec son point d’eau, où je vois Guillaume Millet, qui est 2e (ou 3e ?) à ce moment (2e à l’arrivée), que je salue et qui repart en courant vers le site de décollage des parapentes. Moi je préfère y aller en marchant (d’ailleurs je n’ai pas trop le choix), je me rappelle de la côte après ce site, sur une allée forestière qui m’avait marquée. Finalement, elle passe bien quand on y va tranquillement, et j’arrive dans les sous-bois peu après midi, et je profite de cet endroit agréable pour faire la pause du midi, je m’installe sur une souche pour manger quelques gâteaux que je transporte depuis le matin, les seuls que je mangerai.
Je repars avec la forme pour ce long bout jusqu’au prochain ravito. Ce passage alterne les petits chemins à moitié oubliés et les pistes un peu plus larges et au soleil, mais surtout on croise de nombreux rus, tous débordant de vitalité (quelle douce musique aux oreilles) et débordant également sur les chemins, ce qui permet encore une fois de refroidir les pieds, mais qui rend très gras certains passages. Les bâtons m’auront bien rassurés dans certains franchissements, au bout d’une dizaine d’heures de course, la confiance en mes appuis est quelque peu limitée. Arrive donc le ravito, que j’atteins presque deux heures après ma pause, complètement à sec d’eau depuis… 5', juste à temps.

Planfait, 10h05' de course, soit 35' de mieux qu’en 2006 et dans un état de forme sans commune mesure. Je me pose un peu plus de 7' pour refaire le plein d’eau, de coca, de saucisson et je repars avec une banane. Direction Bluffy, en descente, avant d’attaquer le dernier bout, le « monstre bout ». La portion de route se passe bien, je marche d’un bon pas, et arrive donc la montée vers le col des contrebandiers où je passe à 16h03, l’heure du goûter. À cet endroit, il me reste 3h de course si je vais au même rythme que l’année dernière, j’ai donc une heure d’avance. Y’a plus qu’à en en grapiller une autre !

Cette dernière partie est quand même rude, même en étant bien préparer (mentalement du moins) à ce qui m’attend. Entre le mont Baron et le mont Veyrier, les 15' prévues par les panneaux pour randonneurs sont bien 15', c'est dur. Rochers, pierres, escalade, escaliers, pfiout.
Un petit sourire pour le photographe :

avec 26' de retard sur Maud :

Enfin voilà le mont Veyrier, avec son point haut introuvable. Le chemin est bien rocailleux encore, les genoux deviennent douloureux, et les grosses marches un calvaire. Et voilà enfin le début de la descente à 17h (la dernière, oui la dernière, cf. mon récit 2006, ou sans les photos sur kilourou), quelle différence par rapport à l’année dernière ! Je suis mentalement très bien, et je relance (le grand secret) à chaque lacet. Je dois donc gagner une demi-heure pour finir en 1h et passer le cap des 14h de course. Je me dis que c’est possible, alors j’attaque (?) en relançant dès que je peux. Dans un tournant, j’entends un « tac » qui vient de mon pied, juste une ampoule qui vient de sauter.
Mais ça ne suffira pas, j’arrive à la route en 13h50' de course, il reste 2,3 kilomètres le long du lac pour arriver à l’arche, tant pis. J’y vais en trottinant, essaie d’entraîner trois gars en les doublant mais je finis tout seul, une tape dans la main de Guillaume (je connais le 2e, je le connais, incroyable hein ?) et voilà la fin, en 14h07', quelle journée, je suis ravi.

Vite la table de ravitaillement, coca, salade de tomates, carottes, pain, je m’allonge par terre et je souris tout seul. J’assiste au podium (c’est pas souvent sur ce genre de courses) où je vois Maud 2e, quand même j’aurai bien tourné sur la fin de la 1re moitié ! Ah oui, la 3e féminine me double dans une des dernières montées, juste avant le col des contrebandiers. Je suis donc 4e féminine, pas mal du tout.
Je récupère, vais me rincer les jambes, discute 5' avec Éric Dubois pour le féliciter encore pour sa course, le balisage (sur-balisage ?) était parfait, à chaque moment de doute (et il y en à eu quelques uns, quand même), je trouvais une rubalise, impeccable ! Les ravitaillements étaient aussi parfaits (le saucisson exquis, ex-quis !) et les bénévoles aux petits soins.

Je ne sais pas si je reviendrai l’année prochaine (le raid du Ventoux la semaine précédente me tente vraiment beaucoup), mais sachez que le cheminement en arrivant sur Planfait sera différent en 2008.
Avant de partir du Paquier, encore un « ça ne serait pas runstephane ? » d’un coureur Jurassien, la classe ! Après un appel aux bonnes volontés pour me ramener sur le haut-de-Cran en voiture (Patrick est encore au site de parapente), c’est Nicolas (durdur chez les Ufo) qui s’y colle. Il a terminé en 11h32' (ouch) et a le temps de faire un détour avant de revenir pour l’arrivée de son collègue, prévue un peu plus tard dans la soirée.
Bon vraiment c’était super, je reviens ravi de la qualité de la course elle-même, et bien sûr de mon chrono, qui colle quasiment à mon objectif, qui était tout de même un peu osé.
Sûrement l’effet drapeau Ufo !

Allez-y ça vaut le coup !

Au podium chez les filles, c’est Sabine Weiss qui l’emporte en 13h14', suivie de Maud Giraud (13h40') et Marie-Laure Mazoyer (13h43').
Chez les gars c’est Dachhiri Dawa Sherpa qui gagne en 9h18' (record de l’épreuve, bravo Dawa), 2e Guillaume Millet (et un Ufo, un, en 10h04', impecc pour cadrer mon objectif UTMB) et 3e Patrice Kervevan (vainqueur du raid du Morbihan en 2006) en 10h18'.

L’état au final, deux grosses ampoules aux gros orteils, une petite à un pouce (j’ai bien utilisé les dragonnes) et pratiquement pas mal aux bras, alors que je m’en suis quand même beaucoup servi. Quelques crampes sous les pieds pour remettre mes chaussures avant de partir du Paquier et c’est à peu près tout.

Y’a plus qu’à faire ça deux fois de suite fin août…

2 commentaires

Commentaire de tounik posté le 09-06-2007 à 18:17:00

Superbe, bravo à toi pour ta course. Il me semble bien d'avoir doublé entre l'Aulp et Planfait, mais pour moi c'éatait la fin de la course. Abandon à Bluffy. C'est grâce à ton récit que j'ai décidé de faire la course et je reviendrai l'année prochaine pour finir le tour.

Commentaire de runstephane posté le 11-06-2007 à 11:10:00

Salut Tounik,

Pas de bol pour ton abandon. Sans doute à l'année prochaine alors !
Stéphane

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