Récit de la course : Ultra Tour du Beaufortain 2019, par Mazouth

L'auteur : Mazouth

La course : Ultra Tour du Beaufortain

Date : 20/7/2019

Lieu : Queige (Savoie)

Affichage : 2009 vues

Distance : 108km

Objectif : Terminer

6 commentaires

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UTB : Le Cormet et les boules

Sur mon blog : https://sylrunandbike.blogspot.com/2019/07/utb-le-cormet-et-les-boules.html

 

UTB : Le Cormet et les boules

 

Parti sur l'Ultra Tour du Beaufortain motivé pour boucler les 105 km et 6900 mD+ prévus, j'ai malheureusement abandonné au Cormet de Roselend après 48 km, 3600 mD+ et 12 heures de course.


Les photos - Le film - La trace


Voici ce que j'écrivais le lendemain :

Ca avait plutôt bien commencé, prudemment et dans les temps, en gérant bien le gros D+ et le petit D- mais néanmoins technique. Après la longue montée au ravito du Cormet d'Arêches ça allait encore pas trop mal. Puis juste après, dès les premières pentes du Col du Coin, plus de force dans les jambes. Je rame et le souffle est un peu court (l'altitude peut-être, je ne sais pas). Cette faiblesse s'accentue au fil des km et sur les passages techniques (nombreux) je suis lent et pataud. Vient le Col à Tutu qui finit de me tutuer. J'ai encore bien ramé pour arriver au Refuge de Presset. Là je suis pile dans les temps de mon RB (assez pessimiste), et j'ai donc perdu les 20 minutes d'avance que j'avais depuis le début. La pause dure un peu plus longtemps que prévu (un bon quart d'heure) mais je ne suis pas requinqué et je rame de plus belle dans la courte mais difficile montée au Col du Grand Fond. La descente de ce dernier est une grosse galère. Je suis d'une lenteur et d'une inefficacité dans le technique ! Et même sur les deux petits km de piste roulante je n'arrive plus à courir que par intermittences pour arriver à 16h00 au Cormet de Roselend avec 30 minutes de retard sur mes prévisions et juste 50 d'avance sur la BH. Dans l'état de faiblesse où je suis, soit je repars pour la Gittaz avec l'assurance d'une longue galère (éventuellement dangereuse) et de me prendre la BH là-bas, soit je rends les armes avec les copains ici présents eux-aussi à bout de forces. J'ai fait le deuxième choix. Pourquoi ce scénario ? Ai-je fait le bon choix ? Il y a plein de paramètres et de façons de voir les choses pour répondre à ces questions... en gros je n'en sais rien. Ce qui est sûr c'est que c'était ultra beau !


Plutôt qu'un récit détaille, cette fois je vais faire un roman photo :



Veille de course. On arrive au camping de Queige avec Eric. Le camping est rempli de trailers et de cyclistes car l'Etape du Tour cyclo aura lieu le dimanche. On plante nos tentes à côté de Fabien, Philippe et Thomas, et on file au retrait des dossards. On en repart avec un joli sac contenant entre autres deux tickets pour la buvette... à la notre !



 


Le 20 juillet à 4h00 le départ est donné. Les 500 frontales s'agitent pour faire le tour du petit plan d'eau avant de filer dans la nuit sur 2 kilomètres roulants.





Le jour se lève alors que nous gravissons les 1500 mD+ de la Frette Basse. J'adopte un rythme tranquille en pensant à ne surtout pas forcer.




 A 6h35 je suis au ravito de l'Aulp de Tour. Tout va bien. On rigole un peu avec Philippe et ça repart.









 
 

Franchissement du Col des Lacs (2245 m) à 7h15. La montée est courte et pas très dure. La vue sur Albertville, et les massifs environnants est très belle. Maintenant on va pouvoir courir un peu.





Le col de la Bathie (1892 m), de ceux où on arrive ne descendant et d'où on repart en montant... donc fini de courir pour un moment.

 

 


Les premières heures de course sont un grand bonheur pour les yeux !
A 9h25 j'approche du ravito des Grangettes, dévalisé, il n'y restait qu'un peu d'eau et du Coca, et les tables étaient couvertes de bouteilles vides. Heureusement j'avais prévu le stock de barres et de viande des Grisons sur moi.




 
Après une descente un peu chaotique on arrive sur le superbe Lac de Saint-Guérin (1563 m). La piste qui le longe permet de dérouler la foulée pendant quelques minutes, un répit rare sur ce parcours relativement technique et mal plat.

On franchit une passerelle (où une gentille spectatrice me prend en photo), puis on attaque la longue montée vers le Cormet d'Arêches.
 




Coup d'oeil dans le rétro sur le Lac de Saint-Guérin. Le Cormet d'Arêches (2103 m) n'est plus très loin.
C'est le premier gros ravito du parcours. J'y arrive à 11h15 et je vais y rester un bon quart d'heure, le temps de bien me ravitailler et de troquer mon maillot pour un débardeur. Malgré la fraicheur qu'apporte l'altitude, j'ai eu un peu chaud dans la montée.





Début de la montée vers le Col du Coin. Ca ne semble pas très dur, mais je commence à peiner.





Petit havre de paix dans la montée du Col du Coin, le genre d'endroit où on resterait bien quelques heures.



 



J'arrive enfin au Col du Coin (2398 m) à 12h15 après avoir beaucoup ralenti. Je rame et je ne comprends pas bien pourquoi. Je me dis que c'est juste le temps de digérer le ravito et que ça ira mieux plus tard...






La fameuse vue sur la Pierra Menta depuis le Col du Coin !





Au bord du Lac d'Amour. C'est beau, mais ça marque aussi le début du terrible Passeur de la Mintaz (Col à Tutu pour les intimes, 2575 m d'altitude).










La Pierra Menta se dresse fièrement alors que je rame comme jamais dans la montée du Col à Tutu (juste à gauche du gros caillou sur la photo). Je suis lent et le souffle est court.


 



Juste avant le col je m'offre une petite pause pour contempler le Lac de Roselend.





Je franchis enfin le Col à Tutu à 13h20, et un nouveau paysage sauvage s'offre à moi.





Je me retourne pour regarder la Pierra Menta et le sentier sur lequel j'avance avec peine. Il n'a l'air de rien mais il n'est jamais plat et parsemé de petits passages techniques qui me ralentissent. Je suis de plus en plus pataud et sans forces.






Au fond, le Col du Grand Fond, devant le Lac de Presset, à ma droite le refuge du même nom où j'arrive à 13h55 pour profiter d'une bonne pause au ravito. Je prends une soupe, je mange et je bois, en espérant me requinquer un peu.

 
 

 


Pas de miracle après la pause au ravito, j'ai toujours le tonus et la vitesse d'une limace.
A 14h40, au Col du Grand Fond (2671 m), je bascule dans la Neuva.
J'espère alors pouvoir profiter de ces 7 km descendants jusqu'au Cormet de Roselend pour me refaire un peu. Erreur. Pour commencer il faut "skier" sur un long névé, ce qui n'est pas de tout repos.






La suite de la descente de la Combe de la Neuva est quand même un peu technique, et dans mon état ça me ralenti et ça me fait avoir des pensés négatives d'abandon. Plus ça va plus je sors mentalement de la course.
Petit à petit j'essaye de reprendre le dessus en me dissuadant d'abandonner au Cormet quitte à me prendre la BH à la Gittaz 17 km plus loin, mais il faut que j'essaye.
Arrivent enfin les deux kilomètres de piste super roulante avant le ravito, je vais enfin pouvoir trottiner tranquillement... et ben non. Je n'arrive même pas à courir en continu. Alors j'alterne marche et course. Pas bon pour le moral ça.




 
 
 

A 16h00 j'arrive au ravito du Cormet de Rosenlend, avec 50 minutes d'avance sur la barrière.
Mauvaise surprise, c'est Eric qui m'y accueille. Ca fait plus de 20 minutes qu'il est là et il ne pense pas repartir. Dans un premier temps je lui dit que je dois réfléchir car je ne suis pas sûr non plus de repartir dans l'état de fatigue où je suis, mais je ne veux pas me décider trop vite.
Je récupère donc mon sac de délestage et procède comme prévu : je me mets en tongs pour faire sécher les pieds, je sors mes chaussures et mon maillot de rechange, je mets ma montre et mon téléphone en charge, je mange et je bois. Je fais tout comme si j'allais repartir, mais en commettant l'erreur de ne pas me concentrer dans une bulle. Forcément j'ai besoin de parler avec Eric, et avec Philippe et Yann qui arrivent aussi, en bout de course. Mais à discuter de nos malheurs respectifs, l'idée de continuer s'éloigne, et la crainte de se lancer dans la montagne avec trop peu de force et des appuis aléatoires vient clore le débat ainsi que ma course.


Il me reste maintenant à bien analyser tout ça et à apprendre de mes erreurs.



6 commentaires

Commentaire de Benman posté le 10-08-2019 à 09:26:28

Bravo pour ce récit lucide. Pour avoir été dans la même situation que toi, je pense que ton choix d'arrêter est logique et lucide, même si il fait mal. La difficulté des courses en juillet est probablement l'acclimatation. Difficile d'analyser ce genre de galère, le mieux étant d'y retourner, et de garder en mémoire comme tu l'as fait de belles images.

Commentaire de fred_1_1 posté le 11-08-2019 à 18:42:39

Très belles photos merci ! ( sauf celle du col du coin qui est à l'envers :)

J ai fait plusieurs fois l'UTB et je n'arrive toujours pas à savoir pourquoi cette course est aussi difficile à boucler. Sur le papier elle n'a pas l'air plus dure qu'une autre, pourtant j'en chie un max à chaque fois !!

Commentaire de Cheville de Miel posté le 12-08-2019 à 14:03:55

J'ai l'impression qu'il te manque pas grand chose pour passer le cap. Un peu de randonnée avec du D+ et du volume mode loche (Home Trainer/vélo Elliptique/Natation) par exemple Voir un week end choc chez Ju qui garantie 100% de Finisher ;-)

Commentaire de jano posté le 12-08-2019 à 14:50:10

Ouais, comme fred, j'explique difficilement ces systématiques 50% d'abandon. Bon, le parcours est quand même super usant et ton récit le montre bien. Je pense que tu ne dois pas remettre en question ta capacité, ça passera bien sur la prochaine

Commentaire de Spir posté le 12-08-2019 à 23:03:19

Il reste de beaux souvenirs ! Prend le temps de bien réfléchir à ta course à froid, il y a plein de bonnes choses à tirer d'un abandon, on trouve beaucoup de sources de progrès pour la suite (parce qu'il y en aura d'autres, très certainement !!)

Commentaire de tidgi posté le 14-08-2019 à 11:36:11

Bravo Sylvain. Chouettes photos.
Tu reviendras avec des boules au gout de bons parfums ;-)

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