Récit de la course : La Montagn'Hard - 125 km 2018, par Marmadoc

L'auteur : Marmadoc

La course : La Montagn'Hard - 125 km

Date : 6/7/2018

Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)

Affichage : 3059 vues

Distance : 145km

Objectif : Terminer

9 commentaires

Partager :

140 autres récits :

Montagn'Hard 145 : finisher et c'est déjà pas si mal

Après une première expérience en ultra de montagne sur la TDS l’an dernier, je me suis inscrit sur l’UT4M Xtrem cette année 2018. Je cherchais donc une course de préparation début juillet.

Un 100 km ça aurait impeccable. Je regarde ce qui se fait le weekend du 7/8 juillet : Xalpine et Montagn’hard. La Xalpine n’étant pas réputée pour sa facilité avec plus de 50% d’abandons chaque année (Ha ha ha !! naïf que j’étais !), je regarde du côté de la Montagn’hard, course dont les mérites sont régulièrement vantés ici. Je prends donc connaissance du parcours « 10ème anniversaire » 126km (ha ha ha !! naïf que j’étais) 11000 de déniv et un parcours superbe (mince, c’est que je cherchais un 100km moi…). Je connais certains sentiers pour y avoir randonné, mais il y a très longtemps. Il y a du déniv, mais je suis bien préparé, j'arrive avec 1600km et 60 000m de d+, ce qui n'est pas si mal n'habitant pas à la montagne.

La course part à minuit dans la nuit de vendredi à samedi. J’arrive dans la journée de jeudi, j’ai un logement dans un chalet aux Chattrix à 2 km de St Nicolas. J’y serai rejoint le lendemain par dca et Cabri89 (que je salue au passage !) qui font le 60 et le 40.

Le vendredi après-midi, je fais une bonne sieste en prévision du départ, et j’enchaine avec France-Uruguay, quart de finale de la coupe du mode de foot avec les autres. En allant chercher les dossards, je cnstate que tout le monde à son plan de course "made in bubulle". Moi aussi, sauf que je'ai du l'échapper à ce moment. Tant pis, je ferai tout de tête.

Samedi 00h00 : départ, 179 partants


C’est parti, les fauves sont lâchés, les 900m jusqu’à l’épaule du Joly sont montés à un bon rythme. A mi-pente comme prévu par le règlement (qui est interprété assez librement par certains), je sors les bâtons. Problème, le picot qui ressort pour maintenir les 3 brins tendus est coincé et ne ressort pas. Sur les 2 bâtons. Je tapote dessus, rien n’y fait, je décide de finir la montée sans bâtons.

La descente qui suit est bien roulante, et on attaque la 2ème bosse, la montée au Mont Joux. Toujours à bon rythme. Les bâtons refusent toujours de se déplier, je m’arrête, je tape dessus avec des cailloux, je m’agace, rien n’y fait. Je fais la 2ème montée sans bâtons…

Après la descente vient le 1er ravito aux Plans.

Ravito des Plans : 38/179 en 3h15

Au ravitaillement, j’emprunte une paire de ciseaux à bouts pointus à un bénévole, je réquisitionne mon voisin qui était en train de tranquillement se ravitailler (merci à toi, traileur inconnu !) pour maintenir les bâtons tendus tandis que je fait sortir les picots avec les ciseaux. Victoire !!!

La Montée des Plancerts se passent bien, au loin on voit des frontales monter au refuge du Gouter.

On redescend sur le 2ème ravito.

Ravito des Toilles : 38/169 en 5h09

Dans la montée au Prarion, les premiers signes de fatigue commencent à se faire sentir. Au loin le Soleil commence à se lever sur les Aravis.

Le sommet est atteint avec le lever du Soleil, c’est superbe, tout le monde s’arrête pour une petite séance photo. Courir sur le plat au sommet commence à devenir de plus en plus difficile.

 

 

Le Buet à contrejour

Ravito de Bionnassay : 36/164 en 7h25

A Bionnassay je tombe le Tshirt manches longues pour un manches courtes. Je m’inquiète pour la longue portion jusqu’à Miage qui vient, je n’ai que 3 flasque de 500 sur moi. On me dit qu’il y a peut-être un torrent en redescendant sur les Houches depuis Bellevue.

Arrivé à Bellevue, je rate la bifurcation qui descend vers les Houches en regardant mon portable. En levant la tête, je vois bien de la rubalise sur des poteaux, en allant vers l’arrêt du tram, mais c’est bizarre, c’est pas la même que celle de la course… Arrivé à l’arrêt du tram je vois la bifurcation qui descend à la passerelle, et là je comprends que j’ai raté quelque chose (et quelle portion !). Je fais demi-tour sur 4-500m et je retrouve facilement le bon chemin.

Arrivé en bas de la descente, point de torrent pour refaire le plein. Aïe aïe aïe, il va falloir se rationner en eau, d’autant plus que la chaleur commence à se faire sentir. Dans la montée au Mont Lachat en plein cagnard, je suis à la tête d’un groupe de 3 ou 4. Je marche, vite, trop vite, la surchauffe arrive, il faut que je m’arrête. Je mets le clignotant pour une pause improvisée au milieu de nulle part. Un petit plaisir, une compote fruits exotiques de chez décath, un bon coup à boire et c’est reparti plus doucement.

Arrivé au Mont Lachat c’est la délivrance, cette montée a vraiment fait du dégât. Et dire qu’on devait monter jusqu’à la cabane des Rognes s’il n’y avait pas eu tant de neige ! Par contre c’est la panne sèche. Tenir sans eau jusqu’à Miage me semble très compliqué. Alors je fais comme tout le monde, je vais faire le plein au bar de Bellevue. Ca va mieux !!

Dans la descente sur la passerelle du torrent de Bionnassay on double pas mal de randonneurs, montée au Tricot (côté soft) puis descente sur Miage (côté à 30%).

Ravito de Miage : 52/128 en 12h43 (oui, j’ai pris cher sur cette section)


A Miage je décide de faire une grosse pause, on enlève les chaussures, on fait baisser la température et on se refait. Vomme tout le monde en fait en regardant autour de moi. En discutant avec les bénévoles, on apprends qu’il y a pas mal d’abandons… Passage à la douche (une bénévole qui nous arrosait) en partant. Montée sur le Truc, redescente au-dessus des Contamines et début de l’ascension de la Combe d’Armancette vers Trè-la-Tête. Le rythme est poussif, mais je ne peux pas vraiment aller plus vite. Dans mes souvenirs une fois en haut, c’était à flanc jusqu’au refuge. Ah non, perdu ! Après la partie à flanc il faut encore remonter un peu…

Ravito de Tré-la-Tête : 50/116 en 15h54

Arrivé au refuge, le bagnard propose bière, sirop de menthe ou de fruits rouge. Je repars avec de la menthe dans une flasque, pour une descente pas roulante (ça tombe bien, je me sens pas trop de courir longtemps) vers notre Dame de la Gorge.

En 2017 sur la TDS j’avais réussi à courir tout le plat jusqu’aux Contamines à 10 à l’heure en plus ! Là, ça ne sera pas le cas, je marche tout du long jusqu’au camping du Pontet où je retrouve mon sac d’allègement.

Ravito du Pontet : 53/126 en 16h45 (oui je sais 126>116, je reprends juste les chiffres du chronométreur)

Au Pontet, c’est la cour des miracles. Un coureur est en surchauffe, les pieds dans une bassine, plusieurs autres appellent leur proches pour qu’ils viennent les chercher parce qu’ils abandonnent… Je reste une bonne vingtaine de minutes, mais je ne m’éternise pas pour ne pas me faire gagner la morosité ambiante. D’autant plus que je sais très bien ce qui suit immédiatement après : les 1500m de la  montée au Joly.

Je marche toujours sur la partie plate. L’ascension jusqu’à la bifurcation se passe pas trop mal comparativement à ce qui a précédé. Je suis accompagné d’un coureur du 60 et d’une coureuse du 40.

Bifurcation : 45/98 en 19h48

La bénévole me dit que ça bifurque par charretées entières. Je décide de continuer, je suis bien claqué, mais la fraicheur commence à revenir.

La dernière partie de l’ascension jusqu’à l’arrivée du télésiège est très raide, je vais très lentement en faisant les pauses trop souvent. Je me fait inexorablement rattrapé par un groupe de 4-5 que j’avais en visu depuis quelques temps.

Dans la partie plus sinueuse avant le sommet, j’arrive à 6 leur roue, jusqu’au sommet et aussi sur la crête avant de redescendre, je recommence à courir, ça fait du bien. On a un beau panorama avec le soleil couchant.

Par contre dans l’interminable descente jusqu’aux Tappes, je me fais lâcher tout de suite (je descends très mal). Au milieu, je m’arrête pour poser la veste et sortir la frontale, et je finis la descente en compagnie d’un coureur qui me rattrape à ce moment-là.

Ravito des Tappes : 47/74 en 22h36

Ici le ravito est à l’intérieur avec des masseurs. Mon collègue de descente fait une microsieste de 5min, ce qui inquiète un bénévole croyant qu’il va mal. Je le rassure. N’ayant pas encore vraiment sommeil, je repars sans trop tarder.

Le manque de sommeil commence vraiment à se faire sentir dans la deuxième moitié de la montée au col de la Fenêtre. Les balises rétroréfléchissantes ont un vrai effet hypnotique, je dors littéralement debout, je suis tout seul, je vois juste une frontale loin devant et loin derrière. En levant la tête on voit toutes les balises, ce qui est un peu décourageant…

Arrivé au col c’est la délivrance, on aperçoit la tente illuminée du Bolchu.

Ravito du Bolchu : 34/56 en 26h43

Les bénévoles nous annoncent que c’est l’hécatombe, que les 3 quarts des partants ont déjà abandonné, qu’on peut se faire plaisir sur le ravito, car il va en rester plein. Je demande un grand gobelet de café, ça ca beaucoup mieux !! Je n’aurai plus de somnolence comme la montée précédente.

On repart à 2 sur une partie à peu près plate, mais je marche plus vite, je me retrouve vite seul. Je ne connais pas du tout cette portion du parcours. Tout ce que je sais c’est qu’on va descendre vers le Lac de la Girotte à un moment donné. Je me contente de suivre les balises, en essayant de pas les rater, il n’y a pas de chemin. Pour la première fois je commence à penser à ce qui reste et aux barrières horaires, je me fais un petit calcul à 15min du km et je trouve que ça risque être juste. En fait non, juste le manque de lucidité. Ca monte, ça descend, je double la première féminine, et on est 3 ou 4 à arriver dans la petite ascension bien caillouteuse du sommet à côté du rocher des Enclaves (je vois des cristaux, c'est donc qu'on doit être au passage des cristaux... ou une hallucination), qui se fait au ralenti et dans le jour naissant, et la descente encore plus au ralenti, les rochers humides étant très glissants. La montre vibre : le dernier km a été parcouru en 36 min !!!! J’ai assez de lucidité pour me rendre que ça fait moins de 2km/h…

Avec le jour viennent les hallucinations. Tous les cailloux au bord du chemin ont droit à une interprétation plus ou moins invraisemblable. Finalement après l’avoir tant attendu, on aperçoit enfin le lac de la Girotte

Ravito du barrage du lac de la Girotte : 27/48 en 31h11

Ca commence à sentir bon, on voit le col du Joly qui n’est pas si loin que ça. Je me prends un thé, il y a même des vraies toilettes, quel luxe !

La montée au col du Joly se fait sous la chaleur naissante. Lentement mais sûrement.

Ravito du col du Joly : 30/48 en 33h09


Tu t'es vu quand t'as pas dormi ?

Reste la dernière ascension jusqu’à l’aiguille Croche, sus la chaleur qui devient pesante. Je commencerai même à attraper un début de coup de soleil sur cette dernière section.

La traversée Croche-Joly se fait à l’allure d’un escargot neurasthénique. Plusieurs fois je me dis qu’on ça y est on voit le Joly. Eh non, c’est toujours un sommet secondaire…

Une fois au Joly ça y est, c’est la dernière (longue) descente. Je commence à  avoir sacrément mal aux pieds. Ce qui est surtout gênant et m’empêche de courir ce sont les échauffements de la plante de pied. Un peu en dessous de la bifurcation, la batterie de ma montre me lâche. Elle annoncera 144km et 10800m de d+. Je rattrape un coureur qui descend en marche arrière tellement il  a mal !!! Je décide de l’attendre pour finir avec lui, à ce niveau, ni le temps, ni classement n’ont plus d’importance, on en rattrape un autre qui a une grosse tendinite. Finalement on passe la ligne à 4, heureux. Remise de médaille par Ugo Ferrari. Je n’ai plus du tout envie de dormir et la bière du finisher est vraiment excellente !

Arrivée : 33/47 en 37h37          132 abandons !!

9 commentaires

Commentaire de BouBou27 posté le 27-06-2019 à 11:19:41

Bravo à toi d'avoir fini cette édition épique !
A (très) bientôt ^^...

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 27-06-2019 à 13:51:45

Il fallait la finir celle-là !! Un grand bravo!

Commentaire de Marmadoc posté le 27-06-2019 à 14:03:25

Mais bravo à toi aussi, comme tu le dis, il fallait la finir !

Commentaire de Mazouth posté le 27-06-2019 à 16:20:42

Chapeau ! Naïf que tu étais :))

Commentaire de Cabri_89 posté le 27-06-2019 à 17:44:43

Bravo Nico. Moi aussi je procrastine sur le mien haha.
On se revoit cette année, mais sur le parcours cette fois :))

Commentaire de Marmadoc posté le 28-06-2019 à 23:18:56

Et au repas de la veille !

Commentaire de Olivier91 posté le 27-06-2019 à 20:17:49

Bravo à toi! Par contre tu n’as pas payé le surplus pour les km en plus! ;-)

Commentaire de Boutts67 posté le 27-06-2019 à 21:30:10

Respect !

Commentaire de Bacchus posté le 28-06-2019 à 00:17:35

Bravo !! mais c'est à cause de récits comme celui là qu'il n'y a déjà plus de places pour cette année. Merci pour le récit

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.04 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !