L'auteur : FlorianC
La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km
Date : 17/3/2018
Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)
Affichage : 3200 vues
Distance : 80km
Objectif : Faire un temps
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Trois jours après la course, voici quelques mots sur cet Ecotrail de Paris aux conditions particulières.
Pour une quatrième participation, le principal objectif était d'approcher des 7h30, et bien sûr de prendre un maximum de plaisir sur un parcours qui emprunte quelques uns de mes chemins d'entraînement favoris, surtout dans les 25 premiers kilomètres. Si le premier objectif restera hors de portée, le second sera bien atteint !
J'emporte principalement :
Note : Je ne rentre pas dans les détails du parcours : d'autres le feront avec connaissances et talent que je n'ai pas :)
Sur les 22 premiers kilomètres de la course, jusqu'au ravito de Buc, les sensations sont assez bonnes, à environ 12km/h de moyenne sans trop forcer.
Nous affrontons quelques premiers passages de boue, que j'essaye d'éviter soigneusement comme presque tout le monde - précautions qui n'existeront presque plus quelques heures plus tard.
Malgré l'envie d'accélérer sur ces chemins que je connais par coeur, je reste calme et en profite pour jauger un peu les sensations du jour. Elles semblent assez bonnes, meilleures en tout cas que l'année dernière. Je m'hydrate régulièrement et, essayant dès le début de bien m'alimenter, mange 2-3 biscuits.
Je profite du ravitaillement pour remplir deux flasques, mais ne m'attarde pas plus.
Les premiers enchaînements de côtes se profilent, et la bonne forme globale se confirme. J'adopte un bon rythme, suivant un schéma que j'affectionne sur ce type de course, fractionnée de courtes côtes :
Les fréquences cardiaques que j'indique ici me sont bien sûr spécifiques, et dépendent également de la longueur de l'épreuve : sur des courses plus longues, je réduis par exemple le tout de 10bpm. Ces valeurs ne sont par ailleurs valables qu'un certain temps sur la course : au bout d'un moment, il ne m'est plus possible d'atteindre des fréquences telles que 165, 160 voire 155 bpm sur des durées prolongées (phénomène normal sur une distance longue, et certainement amplifié du fait de mon manque relatif d'alimentation).
Ces fréquences ne sont par ailleurs qu'indicatives, et je me fie également beaucoup aux sensations de course, sans rester les yeux fixés sur la montre. Il s'agit surtout d'un bon moyen, en début de course, de me contrôler et éviter de monter trop haut en intensité (souvenirs de mes premiers trails moyens/longs, entamés à 180, 185 voire 190bpm)
Afin de rester suffisamment rapide, je me concentre régulièrement sur la notion de "relâchement", et évite de tomber, comme souvent, uniquement dans ce qu'on pourrait appeler la "tranquillité" ou la "facilité". Plus concrètement :
Ces raisonnements peuvent sembler assez basiques ou évidents - mais je sens qu'il me faudra encore beaucoup d'entraînement pour les maîtriser et appliquer sur des temps longs, et rester suffisamment rigoureux pour avancer d'un bon rythme.
La boue fait progressivement son apparition, entraîne l'allure vers le bas afin de gérer prudemment certains passages, et surtout entre totalement dans mes chaussures. Je ne regrette pas pour autant le choix des chaussures légères.
Evidemment les objectifs de temps sont déjà presque oubliés, même si le seuil symbolique des 8h reste dans un coin de la tête, et je reste positif et confiant pour le bon déroulement du reste de la course
Cette portion me permettra de doubler pas mal de concurrents (comme d'habitude sur cette partie du parcours, après un départ assez rapide de nombreux participants), et de discuter un petit moment avec Luca, toujours aussi sympa :)
Le ravitaillement de Meudon, même s'il ne propose qu'un rechargement en eau, reste mon favori sur cette course : les jeunes apprentis d'Auteuil (si je ne me trompe pas) sont d'une sympathie et d'un enthousiasme particuliers, et on ne peut être que remotivés après ce passage. Je remercie chaleureusement la personne qui remplit mes deux flasques, et nous nous souhaitons mutuellement bon courage par la suite.
J'en profite pour remercier une fois de plus ici tous les bénévoles croisés tout au long de la course, pour leur bienveillance, leur patience habituelles, et leur bravoure particulière nécessaire cette année ! Vous êtes nos champions :)
Je ne m'attarde cependant pas trop longtemps, pour ne pas perdre le rythme ou me refroidir dans le vent.
De la boue, de la boue. Nous empruntons énormément de chemins de pure boue, où aucune échappatoire ou presque n'est envisageable. Les chaussures et pieds sont condamnés à plonger, glisser, finir souillés et trempés, doubler de poids par adjonction méthodique de liquide (à l'intérieur) et solide (partout).
Cette section est vraiment celle où les choses commencent à changer, psychologiquement principalement. Ce changement n'est pas vraiment négatif : je me sens toujours plutôt bien et, même si la difficulté croît, je prends du plaisir à continuer l'effort.
Il devient cependant évident que, même si le rythme est encore bon, le terrain ne permettra pas de viser de temps particulier : la performance est bien trop dépendante des conditions actuelles, et de celles que nous rencontrerons par la suite.
La course se transforme ainsi progressivement en aventure, avec pour principal enjeu d'arriver au bout se faire trop de mal (mais en conservant toujours un bon rythme !), et en profitant au maximum de l'expérience
Quelques douleurs physiques apparaissent, notamment au tendon d'Achille droit, à force de patiner dans la boue. Quelques prémisses de crampes se manifestent sur le quadriceps droit, mais ne feront heureusement plus parler d'eux par la suite.
C'est sur cette partie et la suivante que me viennent des mots et pensées auxquels d'autres auront certainement songé : mud day, enfer, apocalyptique (cf. un certain Manu Meyssat), on risque le "KO de boue", de finir "à bout de force à force de boue", mais on sait tout de même que l'on ira "au boue", qu'on en "viendra à boue"...
Je me rends également compte petit à petit que je ne mange pas suffisamment : cela n'est déjà par mon point fort en temps habituel, mais j'ai là encore plus de mal à trouver un terrain propice à une alimentation tranquille, sans peur de glisser par négligence. J'arrive néanmois à manger deux biscuits supplémentaires (perdant au passage le 5ème et dernier, que je me réservai avec gourmandise pour la portion suivante, dans la boue) et le début d'une barre isostar.
Le ravitaillement est cependant l'occasion de prendre rapidement quelques fruits secs et une part de quatre-quart, que je mangerai en marchant dans les hectomètres suivants.
Et ce constat me revient une fois de plus : que l'on se sent mieux après avoir mangé, physiquement et psychologiquement ! Pourquoi ne le fais-je pas plus régulièrement ? Difficile à dire, et je pense que cela me demandera encore un peu de pratique et d'entraînement (quand, quoi manger ?), et surtout en acceptant lors des courses de ralentir quelque peu, de prendre le temps de "redescendre" physiquement pour reprendre quelques calories.
Cette partie est du point de vue physique et psychologique assez semblable à la précédente, quelques passages goudronnés permettant de courir de façon prolongée. Je profite de la régularité d'un concurrent britannique revenu de l'arrière pour m'accrocher et reprendre un certain rythme.
Les passages boueux sont, comme sur la section précédente, assez longs et difficiles à négocier, d'autant qu'ils ont également été empruntés par de nombreux coureurs des autres épreuves de cet Ecotrail. Je ne prends plus vraiment la peine de chercher une quelconque optimisation sur le trajet, et passe tout droits dans la boue et les flaques.
A l'approche du ravitaillement, je sais que les difficultés sont quasiment terminées et que je pourrais rallier l'arrivée d'ici une bonne heure, sur un terrain beaucoup plus maîtrisable. Une fois de plus, je ne traîne pas (j'ai vraiment toujours très peur de ne pas pouvoir repartir des ravitos !), le temps de saisir quelques fruits secs et saluer les bénévoles.
Pour une fois, ces dix derniers kilomètres le long de la Seine seront plutôt agréables ! Interminables et ennuyeux les années précédentes, ils passent beaucoup mieux :
Niveau parcours et orientation, je n'ai pas rencontré de problème particulier : dans le doute, j'ai quasi-systématiquement suivi les bords de Seine, finissant toujours par retrouver au bout de cent mètres au plus la rubalise tant espérée. Rétrospectivement, j'ai l'impression d'avoir eu pas mal de chance par rapport à beaucoup d'autres trailers.
Une légère douleur au talon d'Achille droit m'empêchera cependant d'aller aussi vite que souhaité (rien de très grave, c'est une douleur que je retrouve de temps en temps après des passages prolongés sur la boue, les pieds subissant quelques mouvements inhabituels). Il n'y a de toute façon aucun enjeu particulier : le chrono ne sera qu'anecdotique, et comme toujours en course ce ne sont pas 5 places de plus ou de moins qui feront la différence.
Je profite donc jusqu'au bout, satisfait de m'être sorti en relative bonne forme, et songeant déjà au petit confort qui me tend les bras (ne serait-ce qu'un siège de transilien, dans un wagon un peu chauffé)
Au bout de 8:33:07, me voici donc arrivé au premier étage de la Tour Eiffel :
Je récupère le T-Shirt et la médaille (très belle et en phase avec le concept "éco") et, contrairement à l'année dernière, je n'ai pas à attendre longtemps avant de pouvoir emprunter l'ascenseur pour redescendre (les autres escaliers étant a priori fermés à cause des intempéries).
Jusqu'à la fin de la dernière BH, comme pour chaque course, je penserai beaucoup à ceux qui sont encore dehors, en train de se battre pour rallier l'arrivée, alors que je me sens incapable de faire ne serait-ce que 10m en courant.
Retour...à Saint-Quentin, où je réside, près du départ de la course :). Comme chaque année, repasser par la gare quelques heures après la course donne un sentiment particulier, en ce lieu où le périple ne faisait que débuter et l'innocence était encore de mise avant les galères à venir.
Comme d'habitude, je n'arrive pas à manger tout de suite : mon organisme ne semble pas prêt à ingérer du solide. Et comme d'habitude, je me réveille 10 minutes après m'être endormi, avec une bonne faim ! Le fractionné repos / manger se poursuivra jusqu'à 4h du matin, avant que le sommeil ne vienne pour de bon.
Deux jours après il reste quelques douleurs, essentiellement au niveau des tendons sollicités sur cette boue, mais la forme globale est plutôt bonne. Si tout va bien, on y retourne dès dimanche sur le trail d'Auffargis. Beaucoup moins de boue normalement :)
Vivement l'édition de l'année prochaine, en souhaitant tout de même meilleur(s) temp(s)
Bravo à tous ceux qui auront affronté ces chemins franciliens ce week-end, sur toutes les distances de cet Ecotrail, qu'ils aient pu rallier l'arrivée ou non.
Et merci aux personnes avec qui j'ai pu discuter pendant quelques minutes sur le parcours, échanges précieux pour profiter de la course et retrouver une bonne dynamique.
PS1 : Ceci est mon premier récit, et l'occasion de remercier tous ceux qui enrichissent Kikouroù de toutes leurs expériences, dont j'ai pu puiser conseils motivation ces dernières années.
PS2 : Pour ceux que ça intéresse, l'activité Strava associée : https://www.strava.com/activities/1458138460
La Garmin 920XT sous-estime d'une manière générale le cumul de D+/D- (le capteur baromètrique, et l'altitude mesurée sont bons, le problème vient surtout de l'intervalle de mise à jour du cumul, trop élevé). Il est très probable également que la distance soit sous-estimée, constat régulier sur les différents trails que je fais (promis je ne prends pas de raccourci)
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1 commentaire
Commentaire de kris92 posté le 20-03-2018 à 17:49:32
Merci pour cet éclairage très technique. Je prend des idées sympa pour mieux gérer certaines courses plus tard.
Je reste impressionné et admiratif de tous ceux qui ont pu maintenir un rythme rapide (courir en fait) tout du long. Ca n'était vraiment pas évident la nuit venue, mais même de jour, j'ai vu des gamelles qui m'ont bien refroidi...
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