L'auteur : nahu
La course : Euskal Trail - Ultra Trail - 130 km
Date : 15/5/2015
Lieu : St étienne De Baigorry (Pyrénées-Atlantiques)
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Distance : 130km
Objectif : Pas d'objectif
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Ce n’est pas dans mon habitude de faire des comptes rendus de mes courses mais je pense que ma journée du 15 mai 2015 sur les sentiers basques du 130km de l’Euskal Rraid mérite bien quelques lignes.
Tout d’abord flash-back en 2014 où je participe à la première édition de l’ultra avec deux amis de la team. C’est ma première course de plus de 100 km et pour ajouter un peu de piment j’avais participé au GR73 (70KM & 5000m D+) dans le massif des bauges 6 jours auparavant. Malgré des conditions difficiles on boucle cet ultra à 3 en un peu moins de 23h en ayant partagé des supers moments entre amis.
Frustré de ne pas avoir pu profiter des merveilleux paysages basques (une région que j’adore) et pour faire une transition entre la saison de plaine et de montagne le parcours de l’Euskal me parait très adapté. Donc on remet ça en 2015.
Toute la semaine la météo est au beau fixe mais les prévisions sont pésismistes pour le jour J. Jeudi nous prenons la route direction Saint etienne de baigorry ou Yann Ilhardoy nous héberge. Après avoir fait connaissance avec notre famille d’accueil, direction le retrait des dossards (personnellement je préfère les cadeaux de cette année par rapport à ceux de l’an dernier) et le brieffing.
Retour à la maison où la maman de Yann a préparé un festin, malheureusement je ne pourrais le deguster qu’avec les yeux car pour moi ce sera crudités, quinoa, patate douce, pâtes et fruits.
Après une courte nuit, un petit déjeuner à base de pain d’épices, de miel et de germibarre direction le départ sous des tombes d’eau. Un dernier mot d’encouragement de Pauline que je ne reverrais qu’au 31ème km au ravito du col d’ispeguy et c’est parti pour une longue balade.
Saint Etienne de Baigorry – Gaztigarlepo (km19)
Dès les premiers km, Yannick Gourdon vient se présenter à moi (je ne le connaissais que de nom), on parle des Citadelles (où il a fini 3ème du 40 km derrière deux fusées) et on commence à faire connaissance. On passe devant le chai de mon ami Iban Riouspeyroux qui malheureusement n’est pas là cette année pour m’encourager. La première partie de course nous formons un groupe composé de yannick, un coureur basque que j’ai cotoyé à la Rialp Matxicots 2014 ainsi que Pierre (un coureur basque). On continue à discuter, Yannick me présente les coureurs qui nous entourent sachant qu’un coureur espagnol a déjà pris la poudre d’escampette. Dès la première crête les rafales de vent sont impressionnantes de force nous sommes obligés de lutter pour continuer à avancer droit.
Gaztigarelepo – Col d’ispeguy (km31)
Après le premier ravito on repart avec Yannick direction la cheminée d’Iparla. Une montée en deux temps : une première montée régulière puis un replat avant d’attaquer la cheminée. Yannick attaque fort la montée moi je me mets à mon rythme (je cours au cardio donc je veille à rester à une fréquence cible d’env 130/135 puls/min). Yannick creuse l’écart tandis que je mène un groupe de 3 jusqu’au sommet. En restant à mon rythme de croisière je reviens progressivement sur Yannick. On arrive ensemble au ravito du col d’ispeguy où nos proches nous attendent pour la première fois de la course.
Col d’ispéguy– Les Aldudes (km44)
Après un ravito express avec l’aide de Pauline on repart direction les Aldudes. Dans la montée Yannick prend un peu d’avance, moi je gère avec l’aide de mon cardio et je refais la jonction après la bascule. Au 40ème km je m’etale de tout mon long sur le ventre (en mode ventrigliss). De suite une forte douleur me prend au niveau des cotes, en effet je suis tombé sur ma flasque qui était pleine. Quelques mots d’oiseaux sur moi-même, je répare la valve de ma flasque et c’est repartit.
Les Aldudes – Urkiaga (km59)
Après un ravito une nouvelle fois géré de main de maître par Pauline je repars avec Yannick. On décide de gérer jusqu’au prochain ravito car on sera au pied de l’Adi le point haut du parcours. Il fait froid et on est très exposés aux intempéries dès qu’on sort de la forêt (une forêt magnifique d’ailleurs). Arrivés à 2 km du ravito on voit les proches de Yannick qui nous informent que l’écart est stable avec le premier. Son fils et son ami nous emboitent le pas et nous courons à 4, direction le pied de l’Adi. Ce moment de partage avec les enfants est un moment de grand plaisir malgré leur jeune âge ils sont déjà très rapides, et ils ont une foulée naturelle que malheureusement je n’ai pas !!
Urkiaga – Urepel base de vie (km72)
Au ravito le directeur de course nous informe qu’on ne montera pas au sommet. Dommage car l’an dernier j’avais complètement « ouvert le capot » dans cette montée et je voulais avoir ma revanche. On comprend la décision et on repart direction la base de vie d’Urepel. Le froid commence vraiment a être difficilement supportable et mes doigts commencent à être gelés. Très vite l’onglée me tétanise les doigts et je dois demander à Yannick de me sortir l’alimentation du mon sac car je n’y arrive presque plus. Ma cote me fait mal mais comme disent certains « fait de la douleur ton ami tu ne seras jamais seul » !
Urepel – Ronceveaux (km88)
Arrivé à la base de vie je retrouve ma chérie après un changement de short et de t shirt, je mange une soupe, un sandwich au pâté de foie ariégeois, des pains au lait fourrés au miel/purée d’amande et c’est reparti. Pour la première fois on retrouve le premier qui repart 5 min avant nous.
Dans la montée Yannick prend les devants, je reste à mon rythme mais avec le brouillard je le perds vite de vue donc je me retrouve seul sur les sentiers direction Ronceval un ravitallement qui a lieu en Espagne. J’essaie de me gérer à la sensation car mon cardio est sous la goretex et j’ai trop froid pour regarder mes pulsations. Les kilomètres passent malgré de longues portions roulantes. Au ravito je suis soulagé de retrouver Pauline car il a changé de lieu par rapport à l’an dernier et le cadre est vraiment rural (un hangar avec des poules !) mais c’est plutôt sympa. Là j’apprends que je suis désormais 2ème suite à l’abandon du 1er.
Ronceveaux – Egantza (km100)
J’ai toujours aussi froid et je repars avec un coupe vent en plus sous ma goretex. Je suis sur les sentiers du chemin de Saint Jacques de Compostelle où je croise beaucoup de pèlerins en sens inverse. Au sommet de cette montée le temps se dégrade vraiment et les kilomètres en crête et en descente jusqu’au ravito suivant sont horribles (brouillard, vent à 70km/h, pluie). Maintenant même mes jambes commencent à tétaniser avec le froid. Aux grands maux les grands remèdes, je décide donc de me réchauffer comme je peux (je vous passerai les détails ). Arrivé au ravito la soupe et la cheminée me rechauffent avant de redescendre vers Arneguy, je remplis une flasque de soupe bouillante qui me fait le plus grand bien.
Egantza – Arnéguy (km110)
Le chemin a été modifié et c’est bien plus agréable que l’an dernier.La descente est vraiment sympa malgré le froid, mais on arrive vite à mon dernier lieu d’assistance. Au fronton je retrouve donc Pauline pour la dernière fois avant l’arrivée où elle me ravitaille. Là, je me rappelle que dans mon sac d’apràs course j’ai une micropolaire, je l’enfile et elle me fera énormément de bien pour les 20 derniers km que je sais très difficiles (12km 1300m D+, puis 8km de descente).
Arnéguy – Col d’Ehuntzaroy(km120)
Je repars donc après Yannick au moment où le 3ème rentre, mais je me rends compte que j’ai oublié de demander à Pauline de me sortir ma frontale, je perds un temps fou à la sortir de mon sac avec mes doigts tétanisés. Pas mal de temps de perdu, je me gère tant bien que mal avec le froid, mais là je sais qu’il faut accélérer car connaissant le parcours je sais que beaucoup de choses se jouent dans ce tronçon de 10km et + 1000m D+.
Col d’Ehuntzaroy – Ahartza(km126)
Arrivé à l’avant dernier ravito je bippe et repars de suite pour ne pas profiter du confort du ravito et de la bonne ambiance qui y règne. On m’apprend que j’ai repris 5 min à Yannick (ce qui est normal il doit gérer tranquillement son avance) et je vois au loin le faisceau de la frontale du 3ème. Il me reste 10 km et 400m D+ la fin de la montée est vite pénible (on glisse, on ne voit plus grand-chose, la pluie, le vent le brouillard redoublent d’intensité). Arrivé au sommet c’est carrément l’apocalypse, un bénévole me guide tant bien que mal. Je me lance dans la descente mais au bout de quelques mètres c’est le flou total, je ne vois plus rien car le brouillard et la pluie forment un voile devant la lumière de ma frontale que j’ai mis au max (500 lumens), je distingue à peine mes pieds et malheureusement les balises réflechissantes se sont envolées, il ne reste que des rubalises lestées par des pierres et puis plus rien !! Le néant je ne sais plus où sont les balises. Je m’arrête, je cherche, je réflechis, je commence à paniquer. Après avoir étudié les différentes options qui s’offrent à moi, je décide de me lancer dans la direction qui me semble être la plus logique, miracle je retrouve des rubalises et malgré quelques cascades et de nombreuses chutes, je m’extirpe du brouillard. Là je croise le directeur de course qui m’informe que Yannick s’est perdu, naturellement je lui propose mon aide pour aller à sa recherche mais après un appel au PC course il me dit que je dois continuer en me remerciant pour mon initiative. Entre le froid, la fatigue, le mal aux cotes et les brûlures à l’entre cuisses dues aux frottements de mon short trempé, qui avec le vent me colle et m’irrite, le stress que je viens d’avoir et le fait d’apprendre que Yannick est seul perdu dans cette galère je ne me sens pas bien.
Ahartza – Baigorri (km132)
Je continue ma route avec une seule envie rejoindre au plus vite l’arrivée car là je viens de tutoyer mes limites. Je bippe au dernier ravito et repars de suite A 2 km de l’arrivée on me remet un flanbeau a led, une sensation bizarre m’envahit car je me vois mal pavoiser dans les rues de Saint Etienne de Baigorry sachant que mon compagnon de route qui avait course gagnée est égaré dans cet enfer. Je franchis donc la ligne et de suite j’invite le fils de Yannick à me rejoindre pour lui remettre ce trophé symbolique. Comme je l’ai dit au micro à mon arrivée j’ai franchi le premier la ligne d’arrivée mais sur cette course ce n’était pas moi le meilleur coureur. La ferveur de l’accueil qui m’est reservé est irréelle. Toutes les personnes présentent ont un mot sympa à mon égard et me félicitent pour le geste que j’ai fait pour le fils de Yannick. Je retrouve Pauline et profite du ravito d’après course où je peux déguster enfin une bonne bière après deux semaines d’abstinence d’avant course (offerte par des amis de yannick ) avec un bon gâteau basque. Après une bonne douche chaude je me rends au buffet qui contrairement à mes souvenirs de l’an dernier est gargantuesque, un véritable régal. Au moment de partir je recroise enfin Yannick ce qui me fait extrêmement plaisir et je le laisse profiter de ses proches.
J+1 : Après une très courte nuit (due aux nerfs qui sont en ébullition ainsi que toutes les irritations que j’ai des doigts de pieds jusqu’à l’entre jambes) et deux petits déjeuners (l’un avec les parents à Yann et l’autre avec Pauline), on va assiter à l’arrivée de Yann et son binone qui finiront 10ème du 2x25 gourmand. J’en profite aussi pour voir l’arrivée et la victoire de Sébastien Buffard sur le 2x40 (un coureur qui comme Yannick a un palmarès impressionnant mais qui est vraiment très gentil et simple. C’est vraiment un plaisir de cotoyer de telles personnes). Je recroise Yannick avec grand plaisir et l’on se met à discuter, Pauline viens me chercher car nous sommes attendus pour le repas (un véritable festin) préparé par la maman à Yann. Et Benat c’est occupé de notre hydratation avec une grande maitrise (Nikka from the barrel, Saint-Emilion, champagne, Genepi…). Après ce super moment de convilialité j’en profite pour aller refaire le stock de vin au Domaine Arretxea de mon ami Iban. Je me rends ensuite au podium où je reçois la boina et le makila dont Benat m’a longtemps parlé. Puis viens le moment de rentrer en Ariège pour ne pas abuser de l’hospitalité de nos hôtes et surtout rejoindre ma famille (ma mère et ma sœur qui nous ont preparé des bonnes lasagnes et mon fréro qui m’attend pour une dégustation de bières bien méritée).
J+2
Après une longue nuit j’ai déjà envie de revenir courir malgré les douleurs, mais ce n’est pas raisonable donc ca sera cuisine avec ma cherie et apéro avec mes amis du foot que j’avais pas vu depuis un moment.
J+3
Après deux jours d’apéros sans courir, la balance m’indique un bon 79.8kg contre 72kg le mardi d’avant. Reprise de la course tranquillement avec ma chérie malgré des douleurs persistantes aux coustellous et des fourmis en permanence dans un doigt. Avec en prime la marque de ma softflask en souvenir.
J+7
Malheureusement les douleurs me gênent dans mon quotidien donc je vais consulter, le verdict est : ma cote est fracturée !!
Merci à,
- l’organisation et tous les bénévoles qui étaient sur le parcours ainsi qu’une grosse pensée à tous les traileurs qui ont du être stoppés. Félicitations aussi à tous les finishers car là le mot est bien trouvé!
- toute les marques de sympathie et tous les compliments que j’ai reçu de la part d’inconnus.
- Pauline ma chérie qui a passé 22h à m’assister ainsi qu’à Yann Ilhardoy et sa famille pour leur accueil.
- aux partenaires de l’association Ultra Passion qui me permettent de pouvoir pratiquer ma passion.
- Tous mes amis de la Team Bonnery qui m’ont suivi.
Je tiens à dire que je suis honoré d’avoir rencontré Yannick avec qui je partage pas mal de valeurs, merci pour ces kilomètres passés en ta compagnie et pour ton sms de samedi qui ma beaucoup touché. Rester aussi simple avec un tèl palmarès chapeau. Merci à tes proches d’avoir aidé Pauline. Vous êtes au top ! Aupa
Si je fais du trail ce n’est en aucun cas pour me fighter avec d’autres coureurs, mais je cours contre moi-même à la recherche de mes propres limites et là je tiens à dire que la limite n’était pas loin. J’essaie juste de garder les valeurs que l’on trouve encore dans ce sport telles que le respect, la solidarité, qui malheureusement se perdent dans la société actuelle.
Voilà le récit de mon 4ème ultra de +100 km.
Je vais essayer de récuperer le mieux possible car fin juin se profile un autre énorme défi personnel : La ronda dels cims.
Sportivement
Nahu
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7 commentaires
Commentaire de campdedrôles posté le 23-05-2015 à 21:16:57
Merci pour ton récit et bonne réussite pour la Ronda !
(j'aurai aimé faire ta connaissance fin juin, malheureusement je suis obligé d'annuler mon inscription sur la Ronda pour la deuxième fois)
thomas
Commentaire de Bacchus posté le 23-05-2015 à 21:29:59
Bravo Nahu pour cette superbe performance et merci pour ce super CR qui fait plaisir à lire. Super état d'esprit
Commentaire de stphane posté le 24-05-2015 à 00:23:50
Très beau récit tout en simplicité;quel champion tu fais avec des conditions si difficiles, au plaisir de te croiser à la ronda dels Cims.
Commentaire de Byzance posté le 24-05-2015 à 14:53:00
Surtout ne change pas ! Super esprit !
Commentaire de Berty09 posté le 24-05-2015 à 17:49:27
Bravo pour ta course et ton état d'esprit qui fait vraiment plaisir. Quand tu dis que t'étais pas loin de tes limites c'est que les conditions étaient sacrément difficiles! Encore bravo et récupère bien.
Commentaire de Jean-Phi posté le 18-08-2015 à 10:12:38
Je découvre et tes perfs et ton état d'esprit, je n'ai qu'un seul mot : Bravo !
Et au passage, courir avec une côte fracturée, c'est sacrément couillu !!! Costaud je veux dire.
Commentaire de TomTrailRunner posté le 19-08-2015 à 08:24:42
Faire l'ultra de l'Euskal : j'en ai rêvé, tu l'as fait. Le faire a un tel niveau, même pas en rêve.
Merci de ton récit
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