Récit de la course : Euskal Trail 2004, par Bertrail

L'auteur : Bertrail

La course : Euskal Trail

Date : 29/5/2004

Lieu : St étienne De Baigorry (Pyrénées-Atlantiques)

Affichage : 3168 vues

Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

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Higway to Pays-Basque !!!

Euskal Endurance 2004

67 km et 3700 m+/-

“ Higway to Pays-Basque ”

St Etienne de Baïgorry (64)

4 heures du matin, la montre sonne. Non, les montres sonnent !
C’est toujours la même histoire, la peur de ne pas pouvoir se lever, de ne pas entendre le premier coup de starter de la journée. La nuit, quoique courte, fût bonne. Je n’ai finalement pas de mal à me lever.

Tout est prêt, il ne me reste plus qu’à me mettre à table pour avaler ce dernier repas qui est primordial pour une course aussi longue. Au menu : café, ¼ gateau-sport (banane), gateau de riz au caramel, jus de fruit (multi-vitamines !) etc… Mais avant d’avaler tout cela, je me rends à la voiture pour aller chercher la boite de sucre qui est restée dans le coffre. En mettant le nez dehors, je trouve la température agréable, mais l’atmosphère est un peu lourd. D’ailleurs, durant les cinq minutes que je vais passer dehors, je vois pas moins de quatre éclairs qui me laissent présager le pire pour la suite.

5h30’, je suis enfin prêt ! Je mets mon sac sur le dos, prends mes bâtons et rejoins l’aire de départ. La nuit est bien sombre, le ciel à l’air bas, j’ai beau chercher des étoiles, je n’en vois pas.

5h45’ , tout le monde est présent et le breiffing d’avant course commence. C’est à ce moment là que je rencontre Jean-Marc Jouart qui est un coureur super sympa rencontré sur le « Net ». On se serre la main, on discute un peu et se souhaite bonne chance mutuellement pour cette nouvelle aventure.

6h (Km: 0 ; Alt: 150m) , une véritable bombe éclate dans le ciel, le départ est donné !
Nous partons pour 67 km de joie, de plaisir et sûrement de souffrance.
Un petit tour dans le village et puis s’en vont.

La première montée se fera donc de nuit. Lorsque je me retourne, un serpent de lumière glisse en « zigzagant » tout doucement sur cette crête à fort pourcentage. L’humidité ambiante me fait transpirer énormément, se sera un facteur important pour tout le reste de la course. Certains passages sont délicats. Il faut être prudent, car les rochers sont très glissants. Il y a des bénévoles postés aux endroits les plus « chauds » qui nous éclairent avec des torches puissantes. Vers la fin de cette première ascension, le jour pointe et nous rentrons en même temps dans le brouillard. La température est légèrement descendu, mais je continus à beaucoup transpirer. La pente est toujours aussi impressionnante.

Autza (Km: 9 ; Alt: 1306m), premier sommet du parcours et premier pointage.
Le début de la descente n’est pas roulante. J’essaye de faire au mieux, de ne pas perdre trop de temps, s’en non plus me faire mal sur ces cailloux qui sont très glissants. Cette première partie de course doit être faite avec beaucoup de prudence, car la suite s’avère difficile.
Les forêts que nous traversons sont magnifiques et le brouillard donne un charme tout particulier à ces montagnes. Je n’ai qu’un seul repère dans ces montagnes que je parcours pour la première fois, c’est mon altimètre. Il sera un précieux allié pour toute la course.

Les pointages succèdent aux pointages, les montées succèdent aux descentes. Mais qu’il est difficile de prendre un rythme sur cette épreuve ! Il n’y a que quelques traverses à flanc de montagne qui me laisse le temps de réguler ma course. Sinon les pourcentages rencontrés, que se soit en montées ou en descentes, sont vraiment terribles.
Le brouillard commence à se déchirer et quelques rayons de soleil forment un rideau de lumière qui traverse la forêt et donnent une couleur féerique à la mousse sur les arbres qui nous indiquent le nord. Les silhouettes des coureurs apparaissent et disparaissent suivant l’épaisseur des nappes de brouillard, la sensation de plénitude, à ce moment de la course est intense et je sais qu’il faut que j’en profite, car dans quelques heures des sensations beaucoup plus dures vont me parcourir le corps.

Argintzu (Km: 23 ; Alt: 1138m), est le deuxième sommet de la course.

Puis vient le fameux mur de l’Adi (Alt : 1450m) dont j’avais entendu parler par les gars du coin. C’est un mur de 300m de dénivelée ! Il y a des coureurs un peu partout ! C’est de la folie ! Tous les styles sont représentés, il y a des coureurs avec bâtons qui poussent sur leurs bras autant que sur leurs jambes, des coureurs sans bâtons qui appuient tant qu’ils peuvent sur le bas de leurs cuisses, des coureurs qui montent tout droit dans la pente, d’autres qui « zigzagent », certains font des pauses très courtes histoire de voir où ils en sont… Nous ne sommes pas tout à fait à la mie course et cette difficulté aura pour effet (il me semble) de plus ou moins figés les places à quelques choses prés. Une fois le sommet passé, la descente est tout aussi impressionnante que la montée ! C’est une véritable chute libre que j’effectue du mieux possible. Les cuisses sont misent à rude épreuve, il faut rester très vigilant pour ne pas se faire embarquer dans cette pente démoniaque !

Après cette longue descente qui passe dans une nouvelle magnifique forêt, j’arrive au grand ravitaillement de Sorogain qui est à un peu plus de la mie course.

Sorogain (Km: 39 ; Alt: 820m), tout est prévu pour le confort des coureurs, c’est le gros ravitaillement du parcours, sucré, salé etc…, des podologues sont présents et assurent les premiers soins pour ceux qui auraient les pieds abîmés. Je décide de ne pas trop perdre de temps ici, car même si le premier objectif sur une telle épreuve est de finir, le chrono reste tout de même dans un petit coin du cerveau. Je me rends compte à ce moment là que pour faire cette course en moins de 10 heures il ne va pas falloir trop flancher et bien au contraire, il va me falloir persister, résister, tenir ! J’enlève mon sac de sur le dos, et fait quelques mouvements d’étirements afin d’essayer de faire passer une douleur au coude droit. Je décide alors de plier mes bâtons et de les fixer à mon sac pour les prochaines heures de course. Ma douleur au coude m’empêche de bien les utiliser. Après avoir avalé banane, orange et Coca, je repart en direction des sommets suivants.

Mendiaundi et Lindus sont les suivants sur la liste (Km: 43 et 45 ; Alt: 1130, 1170m).
Les montées maintenant se font vraiment de plus en plus dures malgré un pourcentage moins important que sur les précédentes. Certains faux plats montant me font alterner la marche et la course comme peut-être je ne l’ai jamais fait auparavant. Je me dit que je suis entrain de réaliser une superbe sortie d’entraînement pour mon objectif d’octobre : l’Endurance Ultra Trail.
Ehuntzaroy (Km: 54 ; Alt: 971) en arrivant sur ce ravitaillement je n’ai plus que deux choses en tête ; Résister et penser que ma petite famille est en bas à l’arriver ! D’ailleurs, mes yeux commencent à piquer quand je pense à elle ! (Signe que l’organisme est en train de prendre un petit coup !)

Le dernier sommet Adarza (Km: 57 ; Alt: 1250m) est mortel ! Je retrouve des pentes terribles qui me donnent l’impression de ne plus avancer. C’est presque à l’arracher que je franchis cette dernière grosse difficulté ! Et toujours, je retrouve derrière une descente diabolique.
Mais maintenant, une nouvelle sensation s’offre à moi, celle de me dire que rien ne pourra m’empêcher de boucler la boucle (sauf accident). Il me reste environ 10 km de course et essentiellement en descente.

« Rien lâcher !! Tu dois Rien lâcher !! ». J’encourage un coureur qui venait de me rattraper à la faveur d’un dernier petit ressaut, à me suivre dans la descente pour que nous passions la ligne d’arrivée en moins de 10 heures. Dans cette descente qui est assez roulante je me lâche complètement et ça paye, je me sens encore très efficace. Les 500 derniers mètres qui sont tous plats seront eux par contre vraiment très durs, due au changement de rythme qu’ils imposent par rapport aux 8 derniers kilomètres que je viens de faire.

Finalement, je passe la ligne d’arrivée en 9h 47’ , et ceux sont mes deux petits bouts de choux qui m’accueillent, du pur bonheur !!!
Derrière moi mon compagnon de fin de course arrive, on se serre la main, son visage est rempli aussi de bonheur, ces nouvelles images seront maintenant à jamais gravées dans ma mémoire.

10 à 15’ après mon arrivée, je serais contraint d’aller faire un petit tour à l’infirmerie pour une petite baisse de tension (9). Les conditions de course ont étaient très difficiles pour cette 2e édition de l’Euskal Endurance.

Je tiens à féliciter tous ceux qui ont pris part à cette épreuve, que se soit du côté des organisateurs ou des coureurs. Ce fût une superbe journée de Trail. Une course organisée par des coureurs, pour des coureurs, c’est toujours une réussite…


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