Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 50 km 2015, par Rems

L'auteur : Rems

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 50 km

Date : 21/3/2015

Lieu : Versailles (Yvelines)

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Distance : 50km

Objectif : Terminer

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Premier 50 km !

Bonjour à tous,

 

Moi c’est Rémi, coureur régulier depuis deux ou trois ans, lecteur assidu des récits de kikourou, je partage également mon temps sportif avec du basket en club, avec aussi un peu de natation et du vélo. Ma chérie Vanessa partage à peu près les mêmes sports que moi, le basket étant remplacé par des séances de renforcement musculaires. Les semaines sont donc rythmées par le boulot et le sport, moi plutôt en soirée (elle me dit que je suis taré, elle ne comprend pas comment je peux courir si tard le soir), elle plutôt avant le chant du coq (je lui dis qu’elle est tarée, je ne comprends pas comment elle peut courir si tôt le matin), on commence à être connus dans le village d’ailleurs ! ;-)

Nous nous sommes immergés petit à petit dans le monde de la course à pied dès l’année 2012, d’abord sur route, avec un 10 km en juin, une petite course nature en septembre (12 km) et le 20 km de Paris la même année.

En 2013, le Lyon Urban trail (12km), le 10km de Clermont (on est auvergnat !), le 13 km thiernois local, puis notre premier semi, suivi de Marseille-Cassis (20 km) et de la saintesprint (22 km) où nous avons pris beaucoup de plaisir.

En 2014, le trail de Vulcain (22 km), l’écotrail de Paris (30km), le trail des forts de Besançon (27 km), un nouveau 13km thiernois, Marvejols-Mende (23 km), la course des volcans (25km), le marathon de Lyon, et la Saintexpress (44km) pour finir l’année en beauté.

En 2015, un petit trail des couteliers sympa (27km, beaucoup de neige) abordé en mode sortie du dimanche, en vue de cet écotrail de Paris.

Bref, nous recherchons une progression constante, l’avantage est que maintenant, courir 25 ou 30 km à l’entrainement ne nous effraie plus du tout. Notre entourage n’est pas de cet avis ;-)

Nous lisons aussi beaucoup les récits de course, ça nous motive, on se retrouve beaucoup dans ce qui est dit. En passant, nous adorons le style des lapins runners et surtout leur palmarès impressionnant. C’est vraiment un couple sympa et attachant, on a l’impression de les connaitre et que ce sont des célébrités qu’on voit dans paris match ou gala (c’est vrai qu’ils commencent à être connus). On les appelle même par leurs prénoms alors qu’on ne les connait pas !

On savait qu’ils étaient inscrits sur la course, Emir sur le 30 (on remarquera que son prénom est l’anagramme du mien, c’est cool) et Carole sur le 80 (Je dis à ma chérie qui aime ce côté romantique qu’ils ont à courir toutes leurs courses cote à cote : « tu vois qu’ils ne courent pas ensemble des fois » (c’est vrai qu’on aime bien courir chacun dans notre coin et se retrouver à l’arrivée)). On savait aussi qu’Emir avait prévu de revenir en arrière à la rencontre de sa promise. Donc on allait le croiser, on s’est donc juré de lui lancer un bel encouragement.

Avec  ces quelques courses à notre actif, nous avions donc décidé de nous inscrire à ce trail de 50km. L’histoire débute l’an passé, où nous nous sommes inscrits sur le 30 km avec un de mes cousins par alliance qui avait déjà fait le 50 et le 80 les années passées. Il ne lui manquait que le 30, comme ça il aura eu les 3 t-shirts ! Il l’avait fait avec ma compagne, en guise de préparation pour des trails bien plus longs (il sera finisher du Swiss Iron trail de 144 km quelques mois plus tard, chapeau ! Cette année, il tente le 201 km !). J’avais fini en 2h47, elle en 3h35, tout contents de notre perf et avec l’envie de tenter plus l’année suivante.

Nous y voilà.

Avant course

Vanessa a assuré comme d’habitude une logistique sans faille, inscriptions, train, hôtel, repas, petits dej, je m’occupe juste des transports dans paris et nous voilà à la récupération des dossards le vendredi  soir. Un peu déçu cependant par les stands qui nous ont semblés un peu petits et moins nombreux que l’an passé (où nous avions pu voir également D. Chauvelier). Nous sommes passés tout de même devant Dawa Sherpa, impressionné de le voir de si près. Lui aussi avait l’air impressionné, mais je ne sais pas si c’est de nous voir en vrai pour la première fois ou pour autre chose. Après avoir pris soin de faire quelques emplettes, nous reprenons le métro direction l’hôtel, un bon repas et une bonne nuit, le lit a l’air sympa, l’hôtel est accueillant, tout va bien !

Réveil à 6h30.

Dos en vrac. Ventre en vrac. Lit pourri. Hôtel pourri. Ca commence mal. J’arrive à manger tant bien que mal, Vanessa dévalise le petit déjeuner (l’hôtel a fait faillite depuis).

Fin de la préparation des sacs, puis départ pour le métro direction la gare Montparnasse, facile de trouver le chemin, il n’y a que des paquets de trailers qui défilent devant les yeux ébahis des non-trailers en costard. Il suffit de suivre gentiment, on arrive au Transilien, déjà en gare, on monte dans un wagon, on s’assoit. Facile, Organisation au top pour le moment. En plus, c’est gratuit pour cause de pollution. Vive la pollution ! (Blague à part, je ne suis pas sûr que les parisiens renoncent si facilement à leurs précieuses machines à klaxons…).

Arrivée en gare de St-Cyr, heureusement que certains connaissaient pour prendre les bus. On attaque par une descente en sortie de gare, certains me doublent déjà, ça ne va pas se passer comme ça ! Bon, ce n’est pas commencé, mais je me jure d’aller étrangler le type que nous sommes tous en train de suivre si jamais il se goure et que nous devons remonter tout ça. Finalement, c’est un type bien, on trouve les bus, on monte dedans, on s’assoit. Facile.

Dépose au château de Versailles. Je ramasse un buff égaré par un coureur sur un siège. Ironie du sort, Vanessa en cherchait un, ça nous fait rigoler car on n’est pas des sauvages et on va le porter à l’organisation pour que son propriétaire puisse le retrouver, mais on a apprécié ce petit clin d’œil du destin, comme si on nous mettait à l’épreuve ! (Alors ils vont le garder ou pas ??? Et zut, sont honnêtes…).

Coté matos, je suis en trabuco 2 en fin de vie (1200km), car j’avais acheté des Salomon XA Pro 3D, pourtant à ma taille, mais j’ai l’avant des pieds assez large et elles sont étroites et raides. Au bout de 250 km d’entrainement avec, j’ai abandonné l’idée de les utiliser en compétition car elles commençaient à me faire également mal sous les malléoles. Trop raides. C’est la première fois qu’une paire de chaussure me fait aussi mal. Donc, je m’excuse auprès de Kilian, mais je n’ai pas trop aimé tes Salomon. Sinon, j’ai prévu un petit coupe-vent au-dessus de mes deux t-shirt techniques car le petit vent frisquet et l’absence de soleil me font peur, surtout pour mes avants bras, je n’ai pas envie d’avoir froid. En dessous, petit short mi-cuisse (très sexy) et sac à eau Quechua de 2L (d’eau uniquement) et quelques gels déjà utilisés à l’entrainement. Ah oui, quelques sucres et des tucs au cas où. J’aime bien les tucs.

Une ou deux petites rasades de boissons énergisantes, un passage au petit coin écologique et son bénévole qui a du faire une belle connerie pour se retrouver là et on va pour laisser nos sacs à l’organisation, avec plein de confiance, jusqu’au moment où je me rends compte qu’il n’y a pas de casier pour mon numéro de dossard. La panique, l’angoisse, le stress, faudra-t-il que j’emmène ce sac de 27 kg avec moi ? Mais pourquoi ai-je pris cet appareil photo ? Ce stylo 4 couleurs ? Je tombe au sol les bras en direction du ciel, implorant le bon Dieu de sa pitié, le suppliant d’une intervention divine. Heureusement, les bénévoles firent preuve de clémence et d’une improvisation géniale en me laissant déposer mon sac derrière les casiers, au milieu d’un tas d’autres, dont les propriétaires ayant vécu la même mésaventure entrevoient maintenant la vie sous un autre angle, débarrassés d’un fardeau qu’ils croyaient devoir trainer jusqu’à la mort.

Le speaker annonce un départ par vagues pour cause de Vigipirate. Nos décidons de ne pas trop trainer et nous nous retrouvons vers la fin de la première vague, ce qui nous va bien, même si nous partons habituellement dans les deuxièmes vagues, on ne devrait pas trop gêner dans ces chemins larges.

 

Départ -> Chaville

Pan, c’est partit pile à l’heure, en avant !! Il y a un point de chronométrage à 100 m nous avait dit le speaker, donc nous y passons 700 m après (700 m pour du beurre ? Non, en fait le chrono est bien déclenché au départ, c’est juste pour savoir dans quelle vague tu es. Mais ça tu ne le sais pas sur le moment et tu es déjà énervé.)

Le petit tour dans le parc du château est très agréable, malgré la brume qui nous masque le paysage. Je vois ma chérie en queue de peloton lors d’un demi-tour, je lui fais coucou, elle en me voit pas, normal, je suis au milieu du troupeau. Je ne vois même pas le château de Versailles alors que j’attendais ce moment avec impatience, mais les particules microscopiques de résidus de machines à klaxons en ont décidé autrement.

Je me freine volontairement à 11km/h environ, l’envie d’aller plus vite est présente, mais je sais qu’il ne faut pas, surtout pas, se griller dès le départ, donc je me laisse doubler joyeusement au point de me retrouver plutôt en fin de peloton.

Je vois la deuxième vague, partie 10 minutes après, dont l’avant-garde commence à nous rejoindre. Ca va vite. Pfiou que ça va vite ! Le premier nous rattrape au 6° km, fait pour moi en 33 minutes, je vérifie ma lucidité en effectuant un calcul complexe pour conclure que lui n’a mis que 23 minutes, plus de 15 à l’heure, respect. D’autres le suivront et me doubleront également, mais beaucoup plus loin, les nuls. Après, les vagues se mélangent allègrement, donc on se fait de temps en temps doubler par des bombes, mais on se rassure en se disant qu’ils ne font certainement pas partie de la course et qu’ils ont de faux dossards et de fausses puces.

Nous sortons du parc, une toute petite montée pavée me chauffe très légèrement les cuisses (ça m’inquiète presque un peu), puis première route à traverser, premier concert de klaxons, je crois reconnaitre un passage de Berlioz, mais en fait non.

Nous entrons dans les bois, c’est sympa, ça commence à monter, je me mets très vite à marcher dans les côtes, pas envie de me griller. Vers le 7° km, Je me retrouve avec un coureur qui semble avoir décidé de tout faire au sprint, les dents serrées, la respiration est forte dans toutes les micro-montées, on sent qu’il ne va pas tenir longtemps. Pourtant, il tiendra encore 6 ou 7 bons km comme ça avant de bien exploser (je ne sais pas si il était en course, il n’avait pas de dossard ni de puce visible et qu’un petit porte bidon). Je m’arrête vers le 15° pour satisfaire un besoin pressant, malgré la charte que j’ai signé plein de fierté la veille, j’ai honte, mais j’avais envie depuis le départ et ma vessie était au bord de l’explosion, il y avait donc urgence médicale. Mon sprinteur en profite pour me rattraper et revient à mon niveau, il a l’air de m’avoir pris pour cible pour tenir l’allure, il me regarde l’air dépité, peut-être que je ne respire pas assez fort. Il explosera à nouveau quelques centaines de mètres plus tard. Je ne saurai jamais dans quel état il a fini. Tout comme je l’ai fait sur mes premières courses, il y a des erreurs qui nous font apprendre le métier petit à petit.

Je commence à ressentir de petites douleurs à mes genoux, séquelles d’un essuie-glace tenace qui avait été traité radicalement par ondes de chocs (miracle d’ailleurs, je le conseille à tous ceux qui en souffrent ! J’ai trainé ça pendant des années au point de ne plus pouvoir faire de sport…). Maintenant, j’ai une super technique mentale, je me dis : « Non, j’ai pas mal ». Et ça marche. Sinon, je me concentre sur une autre partie du corps et ça marche aussi. L’esprit vaincra toujours. Mais bon ça a ses limites car il faut sans arrêt changer de partie du corps sur laquelle se concentrer, à tel point que j’ai trouvé un autre truc quand je n’ai plus d’idée, je me dis que j’ai mal au genou du coureur qui est devant moi. Comme ça en plus je lui mets un handicap et je le rattrape.

Nouveau carrefour. Concert de klaxons habituel. Agrémenté d’une petite enguelade cette fois-ci. Une impatiente de l’accélérateur tance vertement la bénévole en gilet jaune qui se met devant sa trajectoire. Elle avance au point de n’être plus qu’à un mètre de la garde à vue pour tentative d’homicide volontaire. J’entends la bénévole dire « Mais attendez  un peu !» avec pour réponse laconique mais d’une logique froide et terrible : « Mais c’est vert ! ».

« Mais quelle c… » me soufflera un coureur quelques mètres plus loin.

Les petites montées ou faux plats montants s’enchainent, je suis toujours très prudent en marchant dès que le cardio s’affole. Je profite d’ailleurs d’un épisode de marche pour retirer mon coupe-vent qui commence à me tenir chaud. J’ai bien fait, il était bien humide, je le bourre dans mon sac à eau, sans m’arrêter, la classe.

D’ailleurs, je me rends compte que la tétine de ma poche à eau fuit, même lorsqu’elle est fermée, je venais juste de la changer car l’ancienne avait souffert de mes anciennes sorties et était perforée. J’arrive à atténuer ce léger goutte à goutte en coinçant la tétine dans la lanière du haut de mon sac, au lieu de la laisser en bas. Je remercie à ce moment-là mon ancien prof de mécanique des fluides.

Sur un passage un poil caillouteux, je me tords très légèrement la cheville, mais sans aucune gravité. Pourtant quelques km plus loin, je ressens quelques douleurs sur les appuis gauche en descente, ça me fait quand même un peu mal, mais ça m’inquiète surtout, il reste encore beaucoup de km, dont les quais de Seine qui ne sont pas de tout repos pour les articulations.

Les km continuent à s’enchainer et je passe le semi en 2h environ, on rejoint le parcours du 30 km que je me remémore bien. Evidemment, le rythme est tombé avec ces petites montées, mais c’est normal. Je sais que le prochain ravito est au km 27 à Chaville, donc plus très loin. Je pense y être un peu après le km 27, mais au détour d’un virage, je me rends compte qu’il faut aborder un long faux plat interminable. C’est là qu’on voit que l’esprit est souvent plus fort que le corps, car la forme était là, mais je m’étais tellement dit que j’étais à 2 doigts du ravito que cette portion me met le moral à zéro, des idées d’abandon en tête.  Abandon ? La baisse de moral, c’est comme une ampoule au pied, ce n’est pas une excuse, c’est un prétexte ! Ca ne dure pas longtemps et je reprends vite du plaisir d’autant que ça eu un effet plutôt positif, je cours maintenant presque tout le long et je remonte pas mal de monde.

J’arrive au ravitaillement de Chaville (en 2h42, 440°) situé juste après ce faux plat. Je passe la borne de contrôle de puce, je n’entends pas de bip, alors que celui devant moi en a eu deux. Je stresse, si ça se trouve j’ai une puce défaillante. En fait, les bips que j’avais entendu pour le coureur devant moi étaient en fait les miens (je ferai l’expérience au prochain où je me suis arrangé pour bien être seul au moment de passer la borne), mais sur le moment, je ne le sais pas et je suis limite à retourner demander au gars du chronométrage si je suis bien enregistré. Bref, je me dis que ça ne vaut pas le coup de perdre du temps, on verra bien.

J’essaie de faire l’appoint de ma poche à eau grâce aux bidons d’eau judicieusement placés en entrée de ravitaillement, mais comme c’est la première fois que je m’essaie à ça, je foire complètement. Ma poche à eau est elle-même dans une poche et elle est compressée par ce qu’il y a dans mon sac, donc elle déborde dès les premiers centilitres d’eau.

Premier réflexe : je regarde le truc déborder dans mon sac sans réagir. Un peu entamé donc.

Deuxième réflexe, je soustrais légèrement l’embout de remplissage de la verticale du flux d’eau. Celle-ci tombe donc maintenant directement dans le sac.

Troisième réflexe : je regarde tranquillement autour de moi pour m’assurer que personne ne m’a vu.

Quatrième réflexe : je coupe le robinet.

Cinquième réflexe : je fais comme si tout était normal et je referme le bouchon de la poche à eau comme si de rien n’était, abandonnant l’idée de finir l’appoint, les ravitaillements sont maintenant assez rapprochés, ça devrait aller. Par contre, maintenant qu’il y a plein d’air dans ma poche à eau, ça fait floque-floque à chaque foulée. Maintenant j’ai peur de passer pour un idiot qui ne sait pas remplir sa poche à eau.

Je bois deux verres de pepsi offerts par de charmantes bénévoles (merci à tous les bénévoles en passant !), quelques tucs (j’aime bien les tucs), un peu de chocolat, une portion de banane et je repars, 2’30 d’arrêt. Très bien. Enfin, le dos un peu mouillé à cause du sac à eau, mais bref, j’en rigole.

Chaville -> Parc de Saint cloud

Je connais maintenant le parcours, on traverse une route où on peut applaudir Monique, chef d’orchestre bénévole en gilet jaune qui règle avec une précision impeccable le tempo des chœurs de l’armée des klaxons et on emprunte un petit single bien montant où l’an passé des gars qui tiraient une petite carriole avec une personne handicapée avaient bien galéré.

On arrive aux magnifiques étangs de Ville d’Avray. Là je me remémore un incident l’an passé. Une joggeuse qui faisait son footing à contre-courant du peloton a fait une mauvaise rencontre. Un coup d’épaule et paf, un plongeon les deux pieds en avant dans l’étang ! Heureusement, il n’y avait pas de fond et elle en a eu jusqu’aux genoux seulement, quand je suis passé à son niveau, elle était juste ressortie, ça allait. Par contre, le joggeur qui l’avait fait tombé ne s’était même pas arrêté (peur de ne pas être dans l’étang, euh les temps ?) et s’est fait insulter par tout le monde, une personne du public (Le mari de la joggeuse ?) l’ayant même coursé pour lui expliquer les bonnes manières, mais il manquait vraisemblablement d’entrainement pour le rattraper. J’ai entendu le joggeur l’insulter également et dire que la joggeuse n’avait qu’à se pousser. Bienvenue à la capitale.

Bref, ça me permet de remarquer qu’ils ont fait des aménagements dans ce bel étang, la nature est belle quand on la préserve. D’ailleurs, sur les 50 km je n’ai vu que deux gels par terre et il m’a semblé qu’ils étaient pleins, donc des pertes involontaires, c’est bien. J’aurais pu les ramasser aussi me suis-je dit après coup, d’autant que j’avais une mini-éco-poubelle sur moi.

On passe de plus en plus dans des environnements urbains enklaxonnés, mon pied me fait mal dans les descentes, mais la douleur n’empire pas alors ça va. La méthode Coué permet d’atténuer les douleurs, mais pas totalement.

On dépasse le 30° km, je commence à fatiguer très légèrement, mais franchement, je m’étonne de ma fraicheur. Je me cale sur le rythme d’un coureur jaune fluo, je décide de ne plus le lâcher, son rythme est pile celui qu’il me faut. Parfois, dans les montées il me prend quelques mètres, mais je m’accroche et revient à chaque fois sur lui. Super lièvre à son insu qui m’emmènera loin.

Fait étonnant, je rattrape des marcheurs nordiques, il me semblait qu’ils partaient bien avant nous et avec 20 km de moins à faire, je pensais ne rejoindre les derniers que sur les quais de seine. J’apprendrai plus tard qu’il y a eu un léger souci de parcours, ils ont pris le parcours du 50 km à contre sens avant de s’apercevoir de l’erreur. 10 km de plus pour tout le monde, c’est ma tournée !

J’arrive à l’entrée du parc de saint cloud, je connais bien le profil, je sais qu’il faut le contourner par la droite et que c’est assez long. En haut du parc, on voit les tentes du ravitaillement. On a envie de tirer tout droit, mais c’est de la triche.

Le contournement se passe bien, je ne lâche pas mon lièvre et on entre dans le ravitaillement, en 3h58, 312°. Je sors ma tasse pour prendre quelques gorgées de Pepsi, j’avale quelques tucs (j’aime bien les tucs) et je prends à nouveau une banane, je jette la peau où il faut, après être resté planté quelques secondes devant les poubelles pour trouver la bonne, la bouche grande ouverte devant les panneaux explicatifs pourtant très clairs, heureusement, il y avait aussi un bénévole pour nous aider (C’est comme dans la pub pour les iPhone, vous cherchez la bonne poubelle ? Il y a un bénévole pour ça !). 2 minutes à tout casser pour ce ravito, pendant lesquelles j’entendrai des marcheuses nordiques parler de l’erreur de parcours, mais avec le sourire alors qu’elles avaient l’air de viser la tête du classement, apparemment il y avait de l’enjeu au niveau national.

Saint-Cloud -> Arrivée

Je repars juste après mon lièvre (pas fait exprès), celui-ci me dit qu’il a du mal à repartir, je lui réponds « surtout quand on sait ce qui nous attend en bas ! », je lui passe devant et on arrive sur les quais en travaux, le pire moment du parcours dans mes souvenirs du 30km. En fait, ça passera bien mieux que l’an passé.

Je fatigue quand même, l’an passé, j’avais attaqué bien plus fort cette portion (pour m’écrouler à 3 km du but, mal géré mon hydratation), mais là c’est plus raide. Mon lièvre me rattrape, cette fois–ci il est trop fort, je n’arrive plus à le suivre.

Les neurones sont déconnectés maintenant, j’avance sans me soucier de ma fatigue, ne jamais marcher. Ca passe bien au final, je me suis trouvé un nouveau lièvre, mais je commence à faire du pac-man, c’est bon signe. Je passe le marathon en 4h15, ça ne veut rien dire, mais ça fait plaisir.

Je rattrape maintenant la queue de peloton du 30km, je les encourage et en profite pour me planter de chemin, heureusement, une spectatrice qui est à fond dans la course nous hurle depuis un pont qu’il faut faire demi-tour ! Merci à elle, enfin des spectateurs professionnels ! De toute façon, je n’aurais pas pu aller plus loin, après, c’était soit de l’escalade, soit un plongeon dans les eaux turquoises du fleuve.

Et là au milieu de ces interminables quais, je croise le lapin Emir, avec ses oreilles sur la tête. Je ne l’ai pas vu arriver, je n’ai pas le temps de réagir comme prévu, j’ai juste deux neurones qui se reconnectent pour sauver les meubles et lancer un « Allez le lapin ! », auquel je reçois un beau sourire qui en dit long sur la gentillesse du « rongeur ». Mes deux neurones épuisés se déconnectent dans la foulée.

Un peu plus loin, il croisera ma chérie, à la sortie du ravitaillement du parc de Saint cloud. (Beaucoup plus lucide, elle lui a dit « Allez Emir ! », ce qui est quand même plus intelligent que moi),

En lisant le compte rendu des lapins cette semaine, j’ai d’ailleurs une anecdote marrante. Apparemment, Carole a couru un moment avec un certain Miguel  (en manque d’eau). Ce n’est autre que notre voisin de palier trailer ! Comme quoi le monde est vraiment petit !

Bon, sur ces émotions, je poursuis les quais de Seine, ça va bien, je rattrape et double mon lièvre fluo qui semble avoir un bon coup de mou, j’arrive au pont de Grenelle, je monte en courant, contrairement à l’an passé où mon sourire pour les photographes leur avait fait peur. L’allée des cygnes est longuette, mais passe bien car c’est joli et ça change des quais bétonnés. J’avais prévu de monter les escaliers du pont de Bir-Hakeim en marchant, mais les 3 trailers devant moi les ont montés en courant. Et comme il y avait des spectateurs, j’en ai fait de même, c’est passé nickel, très content. Je pensais être arrivé, mais, tiens,  on redescend sur les quais ? Flute, ils ont changé le lieu d’arrivée. Mais au moins on les a les 50 km, on va pouvoir frimer.

Après quelques escaliers où il faut jouer des coudes avec les touristes imperturbables et plutôt absorbés par un gros tas de ferraille centenaire que par nos corps sculptés dans le bronze, j’arrive enfin à l’arrivée, en 5h06, 304° sur 1500 environ, très content de moi !

Je passe au ravitaillement à base de sucre et d’eau (déçu quand même, surtout pour celui qui a vraiment la dalle, c’est pas très sécurisant, surtout qu’il n’y avait pas de tucs et que j’aime bien les tucs), étonnement je suis encore en bonne forme, je repars direct vers la récup des sacs et les douches, à 3km de l’arrivée, je réponds à mon cousin qui m’avait laissé des encouragements car il me suivait sur livetrail, je lui demande où en est Vanessa, ce qui me permet de calculer l’heure approximative de son arrivée.

A peu près à l’heure prévue, je vois ma chérie arriver, toujours vaillante, je suis super fier d’elle, elle a un moral d’enfer, quoi qu’il se passe, elle finira toujours la course, il n’y a que les blessures qui pourront l’arrêter, mais si il faut finir à quatre pattes, elle finira ! ;-) Elle termine en 6h30, bien mieux que ce qu’elle avait prévu, 1290° sur 1500, ce qui est excellent vu le peu de féminines engagées. On voulait essayer de faire à peu près le même temps qu’à la Saintexpress (moins long mais terrain beaucoup plus technique), on a fait mieux tous les deux.

Le temps de prendre quelques photos devant le panneau Isostar et on va chercher son sac, sur le chemin, on voit Manu Gault arriver en tête du 80, impressionnant de facilité.  Je laisse Vanessa se changer pendant que je fais quelques étirements dans le gymnase et aide un malheureux coureur perclus de crampes au mollet.

Après un repas à base de lasagnes bien revigorant, on rentre à l’hôtel se poser un peu, on reviendra en soirée voir l’arrivée du 80 sous la tour Eiffel, je me dis que je m’y verrais bien l’an prochain, Vanessa un peu moins, l’allongement de la distance lui fait un peu peur.

En conclusion, une course bien plaisante qui nous permet de mettre un peu les pieds dans le monde de l’ultra, une organisation au top, malgré quelques soucis de balisage qui pimentent un peu la course, mais que quand on ne s’est pas fait avoir.

La suite de l’année n’est pas encore décidée, on aimerait bien faire le swiss iron trail de 44km en aout et la saintélyon en décembre. On verra bien dans les prochaines semaines.

A bientôt !

Rémi

3 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 29-03-2015 à 15:16:57

Hé bé, heureusement que tu ne te contentes pas de lire des compte-rendus mais que tu en écris ! Il en valait le coup, celui-là, je me suis bien bidonné en le lisant (même que ma chérie à moi, en face de moi, se demandait pourquoi je riais comme un âne devant mon ordi).

Belle progression sur les courses, ça me rappelle quelqu'un, c'est bizarre. Donc, je ne doute pas qu'on te croisera un de ces jours sur un des hauts lieux de rendez-vous de kikous genre, je sais pas moi....une Montagn'hard ? Normalement, c'est la prochaine étape dans la progression, la montagne. Ou alors un petit 80 (ou une Saintélyon si tu veux troupotiser ou comparer les klaxons lyonnais aux klaxons de parigots).

En tout cas, faut pas en rester là !

Commentaire de Rems posté le 30-03-2015 à 22:03:13

Salut !
Venant du vainqueur de la marche nordique, ça fait plaisir ! ;-) La montagne est effectivement une idée de progression, pourquoi pas la Montagn'hard effectivement (mais petit format qui a déjà l'air costaud. En plus, je connais et apprécie la région du massif du Mont-Blanc pour y avoir passé quelques hivers au ski aux Houches et étés en rendo à Chamonix)! Sinon, le Swiss Iron Trail est déjà coché sur le calendrier pour août, on verra bien ! En tout cas, merci pour tes compliments et à une prochaine peut-être !

Commentaire de Bérénice posté le 02-04-2015 à 09:34:49

Très sympa ton récit ! Bravo à toi et Vanessa.
Pour ton anniv, on sait quoi t'offrir : des TUCS !

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