Récit de la course : Grand Raid 73 2006, par olivier74

L'auteur : olivier74

La course : Grand Raid 73

Date : 20/5/2006

Lieu : Cruet (Savoie)

Affichage : 3028 vues

Distance : 73km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

Partager :

83 autres récits :

Le récit

Vendredi 19 Mai au soir, Le terrier.
C’est l’heure de l’apéro. Autour de la table Marmotte, sa maman, Didier, Val , Soul, Olivier91, Sandrine. Ambiance d’avant course festive, vin rouge, saucisson , salade de pâtes, fromages…Le pied quoi, ça discute sec jusqu’à 23h30, et on lève le camp pour tenter de dormir un peu jusqu’à 2h30, heure du réveil.
2h34. Je suis réveillé par les discussions à côté, mon premier réflexe est de me dire qu’ils devraient se coucher parce que la nuit va être courte, en fait mon cerveau n’a pas du avoir le temps de mémoriser le court sommeil ! café rapide, kokocake, départ pour Cruet .
Nous laissons les sacs dans la voiture de Marmotte, dernière chance pour le choix des vêtements, je décide de prendre le poncho, au cas où ! la température est vraiment douce et les conditions presque idéales. Pourvu que ça dure. La pluie est annoncée pour le milieu d’après midi, donc j’y aurais droit, pensant finir entre 13 et 15h de course, soit une arrivée entre 18 et 20h.
A la salle des fêtes plein de têtes connues, retrait de dossard rapide, contrôle des sacs. Café (encore) + tartines.
Y a rien à faire, ces minutes qui précédent le départ ont quelque chose de magique, avec une tension qui grandit avec l’approche du départ (sauf pour DidierP !!).
5h00 départ, les jambes sont un peu lourdes mais le premier kil est relativement plat, ce qui permet de se mettre en jambes. Comme d’hab, ça part vite devant et nous sommes vite en fin de peloton avec Jacques74 et Sandrine74. Restez groupir les hauts savoyards !
La première montée est raide, nous sommes sur ce que je considère comme un bon rythme d’ascension pour moi (850 m / h) mais on se fait déposer sur place ! pas de soucis c’est une question d’habitude et on a bien le temps de voir venir.
Malgré les fortes pluies de la semaine le terrain est resté praticable ce qui me rassure pour la suite.
J’ai carrément chaud, les autres aussi. On se dit qu’on se découvrira au prochain ravitaillement. Première côte bouclée en 50 mn et on bascule vers la descente. On fait un peu tourner les jambes, Sandrine me dit qu’elle préfère y aller mollo au départ, je ne me fait pas de soucis, le ravito est 2 kms plus loin, je sais qu’on se verra là bas. J’ai le sentiment d’avoir digéré les canons de la veille, et suis plutôt satisfait des sensations malgré le manque de sommeil.
Au ravitaillement nous discutons 2 minutes avec les bénévoles et mangeons un bout, le temps pour Sandrine de nous rejoindre avec Soul que je croyais parti devant. On échange 2 mots et nous repartons avec Jacques. Je suis content que Sandrine ne soit pas seule, la route est encore longue et c’est cool de pouvoir faire la causette !
La montée jusqu’au mont Pelat se passe bien, on discute tranquille, les conditions sont bonnes. Ravitaillement en eau au 17eme km, et plus rien avant le 35eme. On charge la mule donc, tout en se disant qu’heureusement qu’il n’y a pas de soleil, on boira moins.
Suivent 4 kms de montées descentes très courtes. Ça paraît très long et le rythme est dur à trouver. Dès le sommet je branche Jacques sur la méthode Cyrano que je voudrais enfin expérimenter et nous décidons de l’appliquer pour tout ce qui sera plat ou descente au rythme de 9 minutes / 1 minute.
En fait il n’y aura qu’une fois ou l’opportunité de courir plus de 9 minutes se présentera !
Les choses sérieuses commencent au col de la Thuile, 21eme km, avec la montée vers le col de Cochette. Un coureur arrive comme un avion à contresens, nous lui faisons remarqué qu’il n’est pas dans le bon sens, et il a l’air un brin énervé !! On apprendra plus tard qu’il était 2 ème de la course au moment ou il s’est planté de direction dans la descente du Colombier.
Les 5 kms de montée se passent bien, le rythme est toujours régulier autour de 700m / h.
La pluie commence à tomber de manière assez régulière, mais pas trop forte pour l’instant. Je regarde ma montre, il n’est pas encore 10h, je note au passage que le milieu d’après midi commence de bonne heure pour Météo France !
Nous arrivons sur un chemin assez large où nous croisons des coureurs qui redescendent du Colombier, le premier que je vois est Olivier91 qui a l’air au top, boosté qu’il est par le port du drapeau UFO. Suit Didier Petitjean, qui ralentit pour nous dire qu’il reste un petit raidillon sympa avant de basculer sur la descente. Papatrail et Dhom ne sont pas loin derrière et entament la descente au moment ou j’aperçois le petit raidillon sympa !!! je trouve ça vraiment bonnard de s’être vu quelques secondes malgré la différence de niveau. Plusieurs fois depuis le début du col de Cochette nous nous sommes retournés pour essayer de voir Sandrine et Soul, mais rien à l’horizon. J’espère que tout va bien pour eux.
En fait le petit raidillon sympa de Didier , c’est un plus de 300 m de dénivelée sur un peu moins d’un km. Pour une fois, je ne suis pas certain d’avoir super apprécié son humour sur coup là.
On attaque donc la montée sous un vent terrible et une pluie qui s’intensifie. La température est très basse, j’ai froid. J’essaie de ne pas regarder le sommet et avance tranquillement. Jacques est mieux que moi et creuse un peu l’écart. Je reste sur mon rythme. Le paysage est magnifique. Le chemin suit l’arête de la montagne avec une cassure de plusieurs centaines de mètres sur notre droite. J’ai de plus en plus froid, mes doigts sont rouges et commencent à gonfler. La neige remplace la pluie et le vent me déséquilibre deux fois. Je regarde mon altimètre et je doute. Il me reste 100 mètres de positif avant le sommet mais les conditions sont exécrables. J’hésite à continuer un moment, tout en continuant à grimper. Le vent est trois quart arrière et le fait de se retourner me glace encore plus. Je pense un moment mettre le poncho, et réalise qu’avec le vent qu’il y a, je risque de finir en parapente. J’avance, doucement, en essayant de me concentrer sur l’endroit où je pose mes pieds. Le sommet s’approche. Je double une concurrente frigorifiée. Elle est en short court et petite chaussettes . Je lui demande si ça va . A priori pas mieux que moi. On est obligés de gueuler pour s’entendre. Au sommet le bénévole est transi de froid, il n’en peut plus et nous prévient que la descente est très glissante. Je m’engage dans la descente, mes doigts sont tellement engourdis que je lâche plusieurs fois mes bâtons, incapables de conserver les doigts fermés dessus.
J’arrive au pointage quelques centaines de mètres plus bas dans une véritable tempête. Je décide de m’arrêter 3 minutes derrière un rocher à l’abri du vent pour me réchauffer. Les mains dans le cuissard se réchauffent assez vite. Je repars pour un bout de montée douce avant
d’attaquer les 8 kms de descente. J’aperçois Jacques un peu plus haut, il a 5 minutes d’avance environ.
Au moment de basculer dans la descente, je décide de mettre mon MP3, chose que je n’avais jamais faite en course..ça part avec Bertignac et je me sens des ailes, je chante comme un cinglé sous le regard éberlué de 2 bénévoles de la croix rouge. Je double quelques concurrents reprend Jacques un peu plus bas et continue au taquet. Je me retourne et ne vois plus Jacques, le ravitaillement étant à 2 kms environ je continue sur mon petit nuage. La fin de la descente est plus technique, ce qui me vaut mes deux premières gamelles de la journée, sans conséquences. J’arrive au ravitaillement en 6 h 40 mn.
Je bois une soupe bien chaude, retire mon coupe vent , sors le poncho, un paquet de Tuc et me restaure. Les bénévoles sont très sympas, on discute un moment. Jacques arrive en pleine forme lui aussi. A force de discuter je m’aperçois que je suis là depuis 20 mn et décide de repartir.
J’aperçois une silhouette qui arrive et je crois reconnaître l’ami Soul. Effectivement c’est lui. Il n’est pas au mieux. A peine arrivé il me dit « j’arrête, j’en ai marre , je ne prends pas de plaisir ». Je lui rappelle qu’on n’abandonne pas en arrivant à un ravitaillement. On mange on boit on se repose et on voit venir. Après 5 mn de palabres, je finis par lui dire en rigolant que je lui pourrirais la vie sur le forum si il ne repart pas. On se marre encore 2 mn et on repart avec Jacques.
Pas de nouvelles de Sandrine, il reste 20 mn avant la barrière horaire et je suis persuadé qu’elle ne passera pas.
Je repars en me disant que Soul va avoir du mal à redécoller.
Bilan , 30 minutes passées au ravitaillement, c’est un peu long.
Au bout d’un km je réalise que je n’ai pas rempli mes bidons au ravito. Quelle buse !
Faut vraiment être con. Je me maudis. Pour discuter le bout de gras avec tout le monde, y a pas de problèmes, mais pour assurer le minimum c’est plus dur.
Pas envie de faire demi tour, on continue, il reste un bidon et le prochain point d’eau est à 6 kms, ça va passer.
Après 2 ou 3 bornes de bitumes, on attaque la montée vers le chalet de la Buffaz. La pente est très raide. Le terrain hyper glissant. Je repense à Phil et à sa Barkley à la française..
Je me dis que s’il nous voyait nous accrocher aux racines pour passer à certains endroits ça lui donnerait de nouvelles idées farfelues.
On rattrape un concurrent complètement à la dérive. On a fait le yoyo avec lui depuis 5 heures et là, il prend un méchant coup de moins bien. On le motive un peu à s’accrocher au gruppetto et on repart à 3.
La montée est raide mais en discutant avec Jacques, on se rend compte qu’on a un mental de feu et qu’on ira au bout. On est largement dans les délais, même en ralentissant un peu, pas de douleurs, on en a gardé sous la semelle pour finir. Au milieu de la montée je lui dit qu’on vient de passer les 3 000 m de D+ et ça nous met un coup de re mieux.
Plus que 1500 m de positif !! on va se régaler. Au sommet , nouveaux bénévoles, pas plus réchauffés que les autres. « attention ça glisse la descente » !!
On repart en croisant un concurrent à contresens qui nous dit qu’il abandonne, que la descente est trop dangereuse. Il a l’air d’avoir morflé moralement surtout. On attaque la descente prudemment, ça glisse très fort. Je me prends un vol mémorable, j’ai mal au bras. Jacques me dit que si j’ai envie d’abandonner, j’ai qu’à le dire mais qu’il n’y a pas besoin de faire tout ce cinéma. Il a raison, on repart.
Le ravitaillement est en vue , à 200m . Curieusement, une dizaine de personnes sont attroupées autour d’un barbecue. On nous informe tout de suite que la course est arrêtée.
Coup de massue brutal.
Pas étonnant toutefois, c’est vrai que la décision est sage. En regardant les données du polar dimanche, je note que nous avons « dévalé » les 2 kms de descente en 35 mns !!! moins de 4 km/h !!
Et ce n’était pas la descente la plus technique du parcours.
Nous sommes ensuite évacués vers les Aillons où se tenait le ravitaillement du 35eme km.
Une grande salle est ouverte, on dirait un hôpital de campagne. Des coureurs couverts de boue, hagards, des couverture de survie sorties, Dhom le Jurassien est en train de faire un feu et tout le monde se groupe autour.
Je pense à Soul en me disant que cet enfoiré doit déjà être retourné au Cruet, douché et au chaud.
Les navettes arrivent débarquant une dizaine de coureurs à chaque fois. Arriveront, je ne sais plus dans quel ordre, Gilbert, Papatrail, Gustavo45, Sandrine, Soul….
Mort de rire en voyant Soul !! il me dit qu’il ne veut plus me voir !! Je lui aurait dit de continuer, qu’il allait se régaler !!
Et il est reparti.. Avec Sandrine qui est arrivée peu de temps après que l’on soit partis du ravito. Elle me scotche sur ce coup !! Pour avoir tenu avec les conditions, en fin de peloton et aux limites de la barrière horaire, faut un putain de cabasson de haute savoyarde…
Nous resterons deux heures à attendre une navette pour retourner sur le Cruet. Deux heures à discuter avec les uns et les autres, comme on n’a jamais le temps de le faire sur une course. Deux heures riches, ou l’on prend conscience de la grandeur de cette journée. Que l’on ai fait 38, 45, 60 kms ne change rien. On a rien lâché et on était toujours dans la course.
Personnellement ma carrière de coureur est courte, mais j’ai le sentiment d’avoir vécu une de mes plus belles journées de course à pied. Un parcours exigeant, des conditions extrêmes mais j’en sors heureux.
Heureux d’avoir revu ou rencontré pleins d’UFO’s sympas.
Heureux d’avoir passé cette soirée chez Marmotte la veille (un grand MERCI encore Dominique, et embrasse ta maman pour moi).
Heureux d’avoir pris le temps au Cruet de discuter avec tout le monde.
En clair, pour ceux qu’ont pas compris je me suis régalé !!!!

Mention spéciale à :
Marmotte (encore ) pour sa gentillesse.
Val pour sa perf (à l’entendre la veille au soir, il n’était pas sûr de finir !)
Durdur pour sa perf aussi.
Olivier91 pour sa bonne humeur
Soul pour m’avoir écouté :-)
Sandrine pour son mental
Papatrail et Dhom avec qui on a bien déliré aux Aillons
Jacques pour avoir partagé cette course pendant 9 heures avec moi.
Et à Didier Petitjean, pour son humour décalé et pour m’avoir promené en voiture.

Olivier_qui_n_est_pas_encore_redescendu




6 commentaires

Commentaire de ALBANAIS posté le 23-05-2006 à 12:06:00

chapeau à toi olivier, vu le temps cela restera pour vous tous mémorable, récit super sympa, et cela donne envie !!!!!si si je ne déconne pas

Commentaire de Sandrine74 posté le 23-05-2006 à 20:57:00

Bises Olivier !
Dommage que je n'arrive pas à mettre les photos, autrement ça aurait de la gueule....
A tout bientôt
Sandrine

Commentaire de UPDA posté le 23-05-2006 à 21:41:00

alalalala, ce que vous m'avez fait baver avec vos CR, Sandrine, Olivier et toi...
ben merde, vivement le GR73 de 2007
amitiés, laurent73

Commentaire de olivier74 posté le 23-05-2006 à 21:54:00

En même temps, t'as bien fait de ne pas venir !!
ça deavit être encore pire pour les spectateurs
:-)

Commentaire de cèd73 posté le 24-05-2006 à 21:45:00

Brrrrr quel horreur.
Les spectateurs on trinqués !
Me suis levé à 5h30 pour venir vous encouragé, et j'était au colombier à 7h30. La montre notais 5°C (avec la chaleur de poignet !!!!). De peur de me voir congeler je suis descendu au chalet de rossane d'où j'a

Commentaire de cèd73 posté le 24-05-2006 à 21:48:00

oups pas fini...
... d'ou j'ai pu voir la totalité des concurents. En tout cas, bravo à vous, super mental malgrès le froid, pas une seule plainte.
C'est dis, en 2007 j'y serrais.
Sportivement, Cèd73

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.06 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !