Récit de la course : Grand Raid 73 - Le Petit Savoyard 2012, par long-range

L'auteur : long-range

La course : Grand Raid 73 - Le Petit Savoyard

Date : 26/5/2012

Lieu : Cruet (Savoie)

Affichage : 1719 vues

Distance : 73km

Objectif : Balade

5 commentaires

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GR 73 : ça commence par un vignoble....

Grand Raid 73

277 gus sur les départs. Cédric vient me serrer la pogne…les kikoureurs sont en bande organisée.

5h00 du mat, départ et première balade dans les vignes des vins de Savoie : ça, ça donne du baume au cœur ! Le jour se lève, la chaine de Belledonne est bien enneigée. Belle vue.

Enfin une montade qui se respecte +800 m. Le sentier va bien en sous bois. Le troupeau est cool, pas de coup de coude, pas de dépassement intempestif…que du bonheur.

Tranquille on sort au col, puis ça chemine le long de l’arête entre les buissons jusqu’à la crête du Cruet. On continue sur la crête de Montgelas : belle visite et vue imprenable sur la Chartreuse, le Grésivaudan, Chambéry… Cédric se prend pour un japonais et photographie tout ce qu’il peut.

J’ai bien mentalisé le parcours et aborde sereinement la descente. Des feuilles en sous bois, que du bonheur pour ne pas trop solliciter les articulations. Petite remontée puis belle descente pentues, avec même une corde dit donc ! En bas, un bout de route vers Nécuidet et un chemin qui nous remonte au lac de la Thuile : 8h45, ravito – kilo 20. Trop à la cool. Une brave dame m’arrose le crâne, danger la température monte.

Après 7’ d’arrêt au stand on repart. Nouveau cheminement en forêt, c’est super sympa. Je caresse un chien au hameau de la Rongère. Rien de difficile. Puis une belle grosse côte nous arrive pour le pic de la Sauge. Une sorte de kilomètre vertical. Hallucinant comme c’est raid, mais au moins ça monte « efficace » (+700). Au sommet, je veux profiter et m’affaisse 5’ pour profiter de la vue. Je choisi un carré d’herbe à l’ombre. En fait je commence à être un peu râpé…

Petit col (la Galoppaz) et de nouveau une belle montée (+150) pour la pointe du même nom. Là je crois que je vais m’écrouler…ouf, rien de grave, j’ai juste eu 5’ de doute, un petit coup de mou au moral. Il fait chaud, mais il y a de l’air sur l’arête tondue, je sors au sommet sans encombre, puis belle descente, sans difficulté.

En bas, au point d’eau, tout va bien.

Puis une belle remontade. Changement d’atmosphère. Sous les arbres c’est l’étuve, l’air ne circule pas, j’étouffe. 450 m de montée pénible. Enfin une redescente là aussi super cool, puis un bout de route que j’avais bien anticipé, car c’est là que c’est plat et qu’il fallait en garder sous le pied.

Arrivée à Aillons pour le ravito. Kilo 41. Là je commence à tutoyer la barrière horaire 14h00 pour 14h30.

Une soupe de nouille et un repos à l’ombre : tout va bien. Autour de moi, les abandons pleuvent, ils réclament tous la navette, j’ai le sentiment qu’ils lâchent l’affaire un peu vite pour cause de chaleur.

Enfin vient le gros morceau, route vers le Colombier à 2045 d’altitude par le col de la Cochette. Dans ma tête j’imaginais une grosse bosse certes (+1200), mais pas pire qu’autre chose. Quelle erreur !

Après un plat sur les hauteurs de Aillons et sur lequel je n’ai pas pris l’option de courir (histoire de digérer comme il se doit après mon festin) voilà que ça monte et là je comprends l’enfer de l’étuve – une fois encore. Sous la forêt, pas d’air, le soleil qui cogne sur les feuillages, j’étouffe total. Je ralentis au point de ne plus avancer, mon cœur doit monter à 170 pulsations. Pas à pas je me hisse vers le col. Quand on passe des feuillus aux conifères, la fraicheur revient mais le vrai bonheur, c’est de sortir de la forêt. Un peu d’air me donne du tonus car mes cuissots sont encore impeccables. Ce qui m’a ruiné dans cette montée, c’est de m’imaginer hors course, hors délai horaire, il ne faut pas rêver !

A la sortie de la forêt donc, juste 150 m sous le col, un check point. Le mec contrôle mon dossard, je lui dis « je suis niké, hein ? ». Il me répond « niké de quoi ? ». « Eh ben, pour la barrière horaire !? ».

Il me dit « non, vas y monte ».

Me voilà donc en sursis, jusqu’au prochain check point au col de la Cochette. Il me reste 20’ de délai. Avec le peu d’air qu’il y a, je me tracte jusqu’au col, je mets même un peu de turbo pour arriver à 16h28 (pour 16h30 de time out). Mon cœur explose !

Là les mecs me disent que la barrière horaire, c’est après avoir fait le sommet du Colombier, puis retour au col. Et pouis quoi encore !? Une plaisanterie ! J’en déduis que pour moi la course c’est mort. « Mais non, tu peux encore y aller, le serre-fil est 2h derrière toi »

Ah bon !

L’épopée se poursuit donc et me voilà livrant l’assaut final, encore 350m de D+ bien raid sur une magnifique arête aérienne. Au bout de 50 m à peine je m’écroule. Je suis au bout. Un gus monte, je lui dis que j’aviserai sur ma situation dans 10’. Finalement je repars, tout ça sous les yeux atterrés de l’équipe du check point et du médecin du SMUR.

Je suce la roue d’un gars qui passe par là, je me refais une petite forme, on jacasse ensemble, et du coup ça passe tout seul et on atteint le sommet à 2045 m d’altitude comme de rien. Descente vers le col du Colombier, puis de nouveau passage au col de la Cochette au check point, toujours aussi attéré. Je leur lance "nos pathologies sont surement davantage psychologique que physique pour autant aimer se faire mal". Le médecin hausse les épaules.

La fraicheur se réinstalle, il est 18h00.

Belle descente confortable dans les pâturages vers la Fullies, c’est magnifique. Encore un contrôle, encore des abandons. Un gars me dit qu’il reste encore 6 kilo avant la dernière barrière horaire, mais celle là a été reculée de 15’ et il n’y aura pas plus de dérogation. Objectif donc pour le mont Pelat : 19h45.

Le cheminement sur la large arrête verdoyante est magnifique, je trottine allègrement sans douleur, que du bonheur, juste un petit stress sur l’horaire.

19h39 je passe limite. Ravito et début de descente. Bien raide, mais toujours sur des chemins super confort. La nuit s’installe je vais à fond dans les feuilles, je sors la frontale.

Dernier ravito, musique à fond, tout le monde se détend, ça sent les paddocks… Je finis à la cool avec Gilles (que j’ai rencontré au Colombier). On jacasse…tient…on est arrivé…déjà fini ? Il est 22h20, on vient de boucler le tour en 17h et 19’ – 73 kilo et 5000 m de dénivélé. Une balade quoi !

Jamais je ne m’étais lancé dans pareil trail avec si peu d’entraînement et en exès pondéral – merci quand même au ski pour les cuisses et mes 3 ou 4 footing du printemps !!! Je suis dans les 10 derniers, avec quand même 50% d’abandons (140 sur 277). Colossal. Une bonne adresse pour ceux qui cherchent à ne pas se faire mal (dans la caillasse) et les pros diléttantes Cool

Attention :  Déçu  le vin rouge n'est pas à volonté au repas d'arrivée.

5 commentaires

Commentaire de Byzance posté le 30-05-2012 à 19:09:45

Une véritable course contre la montre ta balade ! Bravo d'avoir tenu !

Commentaire de Mamanpat posté le 30-05-2012 à 22:10:24

Chapeau bas monsieur...

Commentaire de franck de Brignais posté le 31-05-2012 à 08:14:44

Bravo l'ami !! avec une telle chaleur, et un profil aussi exigeant que ce grand raid 73 c'est un véritable exploit de finir !! j'ai beaucoup pensé à vous lorsque qu'on a emprunté les passages communs avec le petit savoyard... bonne récup'

Commentaire de paspeur posté le 08-10-2012 à 11:05:16

Bravo pour ta course et merci pour ton récit que je découvre très tard, "limite avant les barrières".

Commentaire de trinouill posté le 21-02-2013 à 10:29:39

merci pour ce retour d'exeprience.......je vois que c'est aussi escarpé qu'une autre course se déroulant début Juillet sur St Nicolas de Véroce...........la bière était elle bonne ?

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