L'auteur : TomTrailRunner
La course : Les Aventuriers du Bout de Drôme - 100 km
Date : 14/5/2011
Lieu : Crest (Drôme)
Affichage : 5731 vues
Distance : 108km
Objectif : Battre un record
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64 autres récits :
Samedi 14 mai : Les Aventuriers du bout de la Drôme
Vendredi midi
Le début de saison fut perturbé par mon genou droit mais ma préparation fut tout de même sérieuse. Entre sérénité et incertitude, mon objectif est fondamentalement de me rassurer sur le foncier tout en essayant de pousser un peu la mécanique. Comme souvent, pas vraiment d’objectif de temps si ce n’est la référence de l’année dernière en 20h (mais c’était ma première très longue course). Direction la gare et retrouvaille avec Bottle sur le quai pour se remettre dans l’ambiance et sortir déjà de la vie parisienne. Arrivée en gare de Valence où on retrouve ultrasteph & stephane3394; Roger est fidèle au poste avec sa navette comme premier signe de retrouvaille avec Crest.
Arrivée à Crest, retrait du dossard, récupération de la clé de la chambre à l’économat que l’on atteint en escaladant un mur. Pasta party avec des têtes connues (Jack26 bien sur mais aussi Xavhié entre autres), vérification de la météo attendu et préparation finale du matos et dodo.
Samedi 2h10
Après 3 bonnes grosses heures de sommeil, lever et équipement puis direction l’espace Soubeyran (cœur névralgique de la course), dépose du sac pour le ravito stratégique de Saillans (change, ravito, bâtons, coupe-vent), contrôle des sacs, retrouvaille avec Stéphanos, briefing un peu zappé en discutant et départ groupé à travers les rues de Crest endormie.
Samedi 3h45
Le départ est lancé à la sortie de Crest directement en montée après 2km qui étire déjà le petit peloton (environ 95 partants sur le 100Km) : je me retrouve de suite tout seul et fais les premiers Km avec prudence sur la crête où il serait vite fait de se tordre la cheville. Il fait déjà bon (presque chaud : 15° C) et bien que globalement à l’avant du peloton, je décide d’avancer relativement vite pour profiter de la fraicheur de la fin de nuit. La lune joue à cache-cache avec les nuages. Un peu de single track puis une piste qui permet d’avancer aisément ; la nature commence tout doucement à se réveiller en commençant par les insectes et un ou deux animal gêné par le passage de la course.
Nous voilà déjà au point d’eau à La Beaume Cornillane: arrêt express pour moi (juste un remplissage d’un petit bidon) dans la nuit. Le parcours est un peu changé par rapport à l’année dernière avec un premier raidillon et de jolis single track en suivant dans la forêt. Le terrain est très sec et nous arrivons sur le site médiéval du « cœur de la Pangée » après avoir croisé Jack au franchissement d’un ruisseau : l’année dernière, nous avions fait des photos avec Bottle mais cette année, le jour pointe à peine et n’en profite qu’avec les yeux.
On entend le coucou et les premiers oiseaux qui s’éveillent mais j’arrive déjà en vue de la tour de Barcelone dans les senteurs du matin – un coup d’œil à la montre me confirme les impressions puisque je suis plus rapide d’un bon ¼ d’h par rapport à 2010.
Samedi env 6h30
A Barcelone, le 1er ravito est situé à côté d’une tour tout en haut d’une montée bien sèche mais la vue y est superbe. Fais presque chaud, je fais le plein de boisson puisque j’ai décidé de « tourner » quasi exclusivement avec du liquide (de l’hydraminov) & range la frontale. J’aperçois Stephanos qui arrive (signe que je suis parti vite si je suis devant lui) mais décide de ne pas trainer pour entamer la très longue et très progressive montée vers le pylône en douceur tout en tentant d’en garder sous le pied en prévision de la suite. On avance en petit groupe en discutant cette montée longue mais belle : la vue sur les contreforts du Vercors à gauche puis sur la vallée du Rhône à droite est magnifique entre nuages au loin et lumières du matin (Il faut juste prendre garde où on met les pieds sur l’arrête car le vide n’est pas loin tout de même). On traverse un espace pastorale privé (merci les proprios de nous laisser passer) puis une montée un peu plus sèche avant d’arriver sur la partie terminale assez aérienne en bord de falaise.
Voilà le pylône : c’est juste un pylône électrique-radio donc pas énormément d’intérêt si ce n’est qu’il marque la fin de la montée. Dans le très (trop si on y pense ?) loin, j’aperçois les 3 becs qui seront au programme dans plusieures heures. Mon petit groupe me lâche mais je n’y attache pas trop d’importance concentré que je suis sur ma propre progression. On continue sur l’arrête avant de plonger dans une descente qui me semble bien plus courte que l’année dernière pour arriver au ravito de Cobonne.
Samedi entre 9h00 & 10h00
Ravito de Cobonne, magnifique petit village médiéval, où je fais un break express de 2mn en restant bien concentré. Déjà 42km au compteur : c’est maintenant que se joue en partie la course : gérer la partie suivante de 24Km qui nous conduit à Saillans (où débuterons les vraies difficultés) en gérant la fatigue et la chaleur sans pour autant trop puiser dans les forces : ca peut ressembler à une transition mais cela peut être un vrai piège en cas d’erreurs.
Paysages vallonnés, senteurs et soleil de plomb, j’avance en souplesse avec quelques concurrents et discussions. Le parcours est très agréable, quelques cigales chantent et mon portable m’annonce une première vague de SMS (notamment Astro, Marina & Loïc qui me serviront de fil conducteur…). Il fait bien chaud dans ces cuvettes mais je gère bien mon hydratation avant d’arriver au ravito de Mirabel. Je repars en direction de Saillans et avec la perspective des 2 bosses à venir et notamment la première dans laquelle j’avais eu un vrai coup de moins bien l’année dernière.
Bien que prévenu et connaissant le chemin, c’est exactement le même scénario qu’en 2010 qui se reproduit : chaleur accablante, 50 Km au compteur et un coup de vrai moins bien : dans ces cas là, il ne reste plus qu’à prendre son mal en patience, je laisse partir Eric (un concurrent avec qui nous avons sympathisés depuis quelques heures), m’autorise un break et monte sans me presser pour ne surtout pas me mettre dans le rouge. Elle n’a l’air de rien cette montée mais à ce stade de la course, c’est un vrai piège. Les sensations reviennent petit à petit mais j’attends vraiment d’être en haut pour repartir franchement.
De là c’est plongée dans un trou ou des ruisseaux déjà asséchés témoigne de la sécheresse puis remontée immédiate : un panneau nous indique un mur de 4km entre 18% & 20% de pente dans une chaleur de plomb : pour partie en sous-bois, pour partie au bord du précipice : rien de facile d’autant que l’orage gronde. C’est d’abord un orage de vent violent puis la pluie qui rafraichit. Je rattrape Eric qui est dans le rouge et lui dis que l’on est presque en haut (çà à l’air tout du moins) et on achève ce off road pour replonger tout de suite sur Saillans après une pause photo
La descente est belle et je lâche les chevaux dans les grands lacets sinueux alors que la pluie se met à redoubler ; je rate une rubalise (comme beaucoup d’autres) pour me rallonger le parcours d’un petit Km avant de rentrer dans Saillans par le mauvais côté alors que c’est dorénavant presque le déluge et que je suis complètement trempé.
Samedi 13h30 env
Saillans, c’est le break : 65 Km/2200 D+ de bouclé et 35 Km/2000 D+ à faire avec toutes les grosses difficultés du parcours. J’ai décidé de faire une vraie pause a l’abri : approvisionnement du sac à dos, récupération des bâtons et du coupe-vent, changement de tenue, petites douceurs (rarement avalé un tube de lait concentré aussi vite :) ), petit coup de fil à la maison, contrôle médical. Je croise Stephanos ainsi que Bottle qui arrive et repars au bout de 10h de course (1h de moins qu’en 2010) sous le déluge : les pieds sont de nouveaux trempés en quelques centaines de mètres et il est impossible de sortir le téléphone qui s’agite (je me dis que mon pointage doit être consultable en ligne pour que tout ces SMS soient quasi-simultanés).
Je monte seul sur un bon rythme la montée des rochers de Cresta totalement en sous-bois et assez agréable même si détrempée. Arrivée en haut, mini-pause et je vois Stephanos avec qui on décide de continuer le chemin ensemble. La descente est très très glissante et nous restons prudents tout en discutant tout du long. Arrivés en bas, on pointe et traversons un ruisseau avant d’attaquer sur un bon rythme la route puis la piste forestière puis le chemin qui montent de plus en plus fortement. Je me sens en pleine forme et avance bien alors que le ciel se dégage.
Nous arrivons aux Aubert, Stéphane a besoin de manger et moi de ranger le coupe-vent : petite pause photo pour immortaliser notre ballade commune et nous attaquons la montée du Pas de la Motte dans laquelle on discute moins (plus de souffle pour :) ). Un œil sur l’altimètre, l’autre sur la paysage, on débouche finalement après les derniers lacets très serrés et pentus au pas de la Motte où nous attend/pointe Mathieu sous un abri de fortune.
La météo est avec nous à ce moment là : pas de pluie ni vent, l’arrête sommitale qui s’en suis en montagnes russes est moins délicate ainsi : les paysages sont magnifique et nous progressons rapidement vers le Pas de la Laveuse (petite pause photo) puis les 3 becs. Enfin, ca redescend d’abord sous bois puis avec un passage en piste forestière où j’ai eu tant de mal l’année dernière.
Un avion nous double mais nous décidons d’être raisonnables en prévision de la Combe de Saou : 5 Kms dans un canyon : ca glisse entre cailloux mouillés et feuilles trempées, il fait sombre, c’est encaissé et très piégeux. Rencontre avec une magnifique salamandre d’une dizaine de cm. Une pluie battante se déclenche soudainement et nous force à ressortir le ML alors que cela se termine enfin (50mn pour faire les 5km de descente !!!). Une portion plane où nous n’avons pas vraiment déroulé de belles foulées et nous voici au ravito de Saou trempés
Samedi 18h45
Dernier gros ravito : on prend notre temps, 2 concurrents nous double au stand, Bottle arrive avec un compagnon mais nous repartons avant eux après avoir englouti moult victuailles (bonjour le mélange dans l’estomac en quelques minutes :) ). Une montée pas trop longue nous permet de rejoindre une piste forestière descendante sur laquelle nous avons du mal a bien courir : Bottle, son compagnon (avec sa pacer) nous rattrape en nous charriant pour nous dire de courir ; nous leur emboitons le pas avant d’arriver au pied du Pas du Faucon. Je prends les devants dans la montée qui est assez rude, Stéphane me suis avec quelques difficultés me semble-t-il mais son moral de battant est impressionnant.
On bascule pour faire les premiers mètres très impressionnants de la descente (des marches de 50-60 cm très glissantes) avant de sortir les frontales car il commence à faire sombre sous les arbres. Puis j’engage la descente et sens tout de suite que les jambes vont très bien : il reste une dizaine de Km et je ne vais plus arrêter de courir jusqu’à l’arrivée. Stéphane me laisse partir et je profite de ma forme du moment pour passer toutes les mini-difficultés en souplesse (petites bosses, boue, sentiers glissants,…)
Me voilà déjà au dernier point d’eau à Aouste où je fais une pause mini-mini de 30s tout en repartant presque avec euphorie tellement les jambes tournent bien alors que cela sent l’arrivée : un peu de calcul mental pour estimer qu’arriver en moins de 18h est possible et j’accélère dès que possible sauf sur une dernière bosse au-delà de laquelle la tour de Crest est visible.
Samedi 21h43
Arrivé en plein milieu du spectacle cabaret, je n’aurais pas l’occasion de monter sur le podium mais je suis très content de ma journée : le parcours est superbe, la météo capricieuse fait partie du jeux, les rencontres toujours aussi sympa. Je retrouve UltraSteph et nous accueillons Bottle puis Stephanos pour manger la fameuse Chorba de Crest….
Dimanche
Réveil, massage, rencontre avec le Philippe (toujours first Kikou ici et vainqueur V2 en 6ème place scratch:) ) et hop la navette et le TGV pour taper le CR…
Mini-bilan
Un immense plaisir à courir et des moments de partage
0 problèmes musculaire mais 1 ampoule bien pernicieuse
Des améliorations dans la gestion et surtout de l’alimentation
108 Kms & 5900 D+ en 17h58
Un beau voyage dans la nature et avec soi-même
Et un grand merci à tous les bénévoles et à l’organisation, tant pour le parcours que pour l'ambiance
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18 commentaires
Commentaire de mara posté le 16-05-2011 à 21:04:00
Bravo Tom ! Très bonne gestion de course.
Merci pour le récit et les photos... qui donnent envie d'aller faire un petit tour par là un de ces jours ;-)
Biz
Commentaire de Stéphanos posté le 16-05-2011 à 21:14:00
Prem's
Normal, vu qu'il m'est dédié !! Lol
Superbe récit que je partage totalement, je n'avais pas fait garde et je ne savais pas que tu étais devant moi, jusqu'à ce que je te rejoigne dans la montée de Cresta...une tres belle surprise!
Très belle progression en un an, tu peux être super fier de ta course!
Tu m'as mis tout de même 45 min dans les dix dernier kilomètres!
Tres content d'avoir fait un bon bout de chemin avec toi, du pur plaisir! UN TRES GRAND BRAVO pour ta course Tom!
À la prochaine et bonne récup!
Commentaire de Astro(phytum) posté le 16-05-2011 à 21:39:00
Certainement la plus belle de tes courses !!!
Bravo Tom ;-)
Commentaire de Jorge posté le 16-05-2011 à 21:40:00
Bravo pour ta course et pour ce CR très détaillé.
Bonne récup !
A la prochaine, Jorge.
Commentaire de Bert' posté le 16-05-2011 à 22:46:00
Des courses réussies comme ça + un bon récit + de belles photos : on en redemande !!
Bravo encore et à très bientôt j'espère,
Commentaire de Mustang posté le 16-05-2011 à 23:37:00
bravo pour ce parcours bien géré!!!!
Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 17-05-2011 à 09:42:00
Bravo Tom, ça s'appelle "progresser de belle manière" surtout avec un tel récit remplit de plaisir.
Un peu surpris du dénivelé à Saillans, 2200+ ? j'en suis à 2800 et Rémy vainqueur du 66km en est à environ 3000+.
Bonne récup.
Commentaire de Jay posté le 17-05-2011 à 10:53:00
SUPER TOM ! une belle course, bien gérée et où le partage et la convivialité ont été de mise ..
encore bravo et au plaisir de te recroiser,
Jay
Commentaire de Françoise 84 posté le 17-05-2011 à 12:05:00
Et bien, c'est ce qu'on appelle une belle course!!! Bravo, on te lit avec plaisir, tu n'as même pas l'air fatigué!! Bonne récup et à bientôt, j'espère!
Commentaire de eric41 posté le 17-05-2011 à 13:28:00
Bravo Tom tu as bien assuré et merci pour le CR.
Eric
Commentaire de Pat'jambes posté le 17-05-2011 à 21:48:00
Superbe récit, merci, je note d'aller faire des promenades dans le coin!
Bravo pour ta course, 100K nature, ça impressionne.
Commentaire de lapinouack posté le 17-05-2011 à 21:53:00
bravo , trés beau récit :) merci du partage
Commentaire de Papillon posté le 18-05-2011 à 07:26:00
Superbe récit et très belles photos! Bravo Thomas pour ce partage d'expérience!
Commentaire de Land Kikour posté le 18-05-2011 à 08:21:00
Un grand bravo Thomas, merci pour ce retour d'expérience. Quelle belle progression en 1 an !!
Tu peux être fier de ta course, finalement, tu récoltes les fruits d'un travail rigoureux. Encore bravo.
A bientôt,
Olivier
Commentaire de JCDUSS posté le 18-05-2011 à 09:05:00
bravo tom belle perf et joli récit!
ça donne envie d'aller y faire un tour.
Bonne récup :)
Commentaire de olafmax posté le 18-05-2011 à 15:30:00
Comme d'hab : super course et récit. Merci pour le partage.
Amicalement.
Olaf
Commentaire de raspoutine 05 posté le 20-05-2011 à 14:06:00
Un vrai plaisir que d'admirer ces photos aux couleurs Irlandaises. Ta course aura été rondement menée, un modèle de gestion qu'on aimerait bien avoir. Alors bravo pour cette réussite et merci de nous en avoir fait profiter ; y'a pas, ça donne envie.
Raspa
Commentaire de marioune posté le 25-05-2011 à 03:23:00
Bravo et dis donc super gestion. Ton recit sonne completement different de celui de l'an dernier..
Que du bon pour la "petite coursette" de Juillet...
bisous et bonne recup
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