Récit de la course : Grand Raid 73 2009, par tatamix1972

L'auteur : tatamix1972

La course : Grand Raid 73

Date : 23/5/2009

Lieu : Cruet (Savoie)

Affichage : 1913 vues

Distance : 73km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Le récit

Il y a des jours où je voudrais pouvoir revenir en arrière, remonter le temps... Des jours que je ne voudrais jamais avoir à vivre. Aujourd'hui, vendredi 29 mai, c'en est un ! Un de ces jours qui se rajoutent à une déjà trop longue liste. A cette liste de jours où une nouvelle vous déchire les tripes, vous arrache le coeur, vous tire les larmes... Une nouvelle qui vous cueille à froid alors que la journée avait pourtant bien commencé.

Aujourd'hui, vendredi 29 mai, une amie s'est tuée en montagne...

Je pouvais penser que tant d'autres, amis, compagnons de cordée, copains ou même seulement connaissances... morts là-haut aurait rendu cette nouvelle moins violente mais il n'en est rien. Bien au contraire, j'ai l'impression que cela fait à chaque fois un peu plus mal... 

J'ai mal et pourtant je ne réalise pas encore que je ne croiserai plus son sourire au coin d'une rue de Chamonix ou le long des cordes de l'arrête, que je n'échangerai plus quelques mots avec elle dans une cabine de l'Aiguille ou autour d'une table...

C'est étonnant comme la vie est faite, succession de joies et de peines.

Il n'y a pas une semaine en arrière, par exemple, j'étais heureux... heureux de finir une superbe épreuve de trail avec ma compagne, heureux de partager ces moments exaltants avec la femme que j'aime !!! Je ne partagerai plus rien avec toi, Karine... mais je te dédie ce récit plein de bonheur.

Cela commence toujours par des moments de doute, un trail, d'autant plus quand on tape dans la longue distance. Et là, distance il y a avec pas moins de 73 kilomètres et, pour agrémenter le tout, quelques mètres de dénivelé. Moi, ça va à peu près mais pour Catherine, c'est la crainte de ne pas finir, d'avoir les genoux explosés comme cela lui est déjà arrivé, ou de ne pas passer les barrières horaires. J'ai beau lui dire que je courrai avec elle et que nous allons y arriver ensembles, le stress est bel et bien là, bien ancré.

Nous arrivons donc au matin du 23 mai avec cette tension palpable qui précède les grands jours, un peu la même d'ailleurs que celle au pied d'une grande voie de montagne... Il est 4h45 quand nous rentrons dans le parc de départ, accompagnés par François et Hélèna, eux aussi inscrits sur le grand parcours... Un seul mot lors du briefing : boire... La chaleur sera le fil conducteur de la journée ; nous sommes prévenus !

La nuit s'illumine de mille feux, le compte à rebours s'égraine... et c'est parti pour une grosse journée d'efforts. Nous sommes tout de suite mis dans le vif du sujet avec un nouveau départ au dessus de Cruet, dans une monotrace. Il fait encore nuit et déjà la chaleur est présente...

Petite descente pour rejoindre le parcours de l'année dernière et déjà Hélèna semble souffrir de ses genoux. Beaucoup de monde lui avait pourtant conseillé de ne pas prendre le départ ! Devant, Catherine a pris son rythme "régulier", enfin presque puisque dès qu'elle voit une autre féminine devant, elle place une bonne accélération pour la doubler. Cela augure que du bon pour la suite !

Nous entâmons la première grande montée et déjà Hélèna a lâché ; nous ne la reverrons plus de la journée... Montée avalée dans la joie et la bonne humeur, le tout agrémenté de quelques vannes potaches. Et oui, on ne peut pas toujours faire dans la finesse, surtout en plein effort... Enfin, tout ça pour dire que nous ne voyons même pas les kilomètres défiler et que nous sommes surpris de tomber aussi rapidement sur le premier ravito.

Catherine en profite pour me pourrir parce que j'ai osé lui dire qu'elle n'avait pas assez bu ! Mais que cela ne fasse, nous repartons avec le même état d'esprit que pour le début de la course, ce jusqu'au col de Maroccaz... Et là, c'est le drame !!!

Oui, c'est le drame pour notre tranquillité, à François et moi quand un bénévole annonce à Catherine qu'elle est 9ème féminine avec d'ailleurs la 8ème juste devant...

Je finirai mon récit plus tard même si d'écrire est un bon palliatif à la tristesse...

2 commentaires

Commentaire de Khanardô posté le 17-07-2009 à 22:48:00

En ouvrant ton récit, je m'attendais à tout sauf à cette triste nouvelle qui nous a frappé en Mai, et toi manifestement bien plus que pas mal d'autres...
Après avoir échangé tous les deux, de ci delà sur ce forum, je pense qu'il y aura bien un jour où nous nous rencontrerons. Sûrement nous serons tentés de parler des amis disparus. Je pense que nous en avons plus d'un(e) en commun malheureusement...
Mais la vie continue malgré tout, et malgré toute cette tristesse j'espère que tu finiras d'écrire ce récit.
A bientôt sur les chemins.
Alain triste aussi bien souvent quand le passé remonte.

Commentaire de coach Jack posté le 10-08-2010 à 11:13:00

ouaou ! que d'émotions !
J'aurai bien aimé avoir la suite de ce récit très poignant !
Bon courage à toi

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