L'auteur : Sprolls
La course : Raid 28
Date : 17/1/2009
Lieu : Bures Sur Yvette (Essonne)
Affichage : 2383 vues
Distance : 85km
Objectif : Pas d'objectif
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En décidant l’an dernier de participer à la Diagonale des Fous en 2009, je me suis dit que 2009 était l’année idéale pour me lancer également sur le Raid28, étant déjà adepte de la CO nocturne longue distance. Plein de nouveauté au programme pour moi :
Les équipes de raid sont nombreuses dans mon club de CO à Guyancourt et je n’ai aucun problème à me faire une place dans l’une des équipes Let’s go78 à l’automne avec Sylvie, Christophe, Patrick et Michel, le capitaine. Tous sont expérimentés sur ce genre de raid et ont déjà participé au Raid28 sauf Sylvie (mais qui a déjà couru et remporté en mixte le raid normand hivernal et participé brillamment à la Sainté-Lyon). Bref c’est une équipe très solide, il va falloir être à la hauteur ! Je ne connais pas tout le monde mais un long entraînement en équipe nous permet de faire connaissance et de prendre quelques repères. J’ai aussi bénéficié des indications du Jeu du Raid28 et des révélations pré-départ : un parcours entièrement en Essonne, avec départ et arrivée à Bures, passage à Arpajon (la solution du Jeu Raid28) et un mystérieux tunnel de 440m de long…
On se retrouve le samedi soir à Bures autour d’un pique nique à base de pâtes, gâteau et mousse au chocolat ! Je profite sans doute un peu trop de ses victuailles en abondance, la peur de manquer de carburant sans doute pour les 18h qui nous attendent. Hop, un petit coucou aux parents venus m’encourager en voisins. Je prépare le sac : 4 litres de boisson qui pèsent, une veste gore-tex légère (qui sera bien utile sur les plateaux pluvieux), la dose de barres de céréales, quelques gels, 3 saucissons fins (la denrée de loin la plus appréciable en course), quelques compotes… J’avais bien prévu des petits sandwichs en plus mais je les ai lamentablement oublié dans le frigo, ça commence bien ! On profite aussi du repas pour finaliser la stratégie : Patrick et moi orienterons, Christophe poinçonnera, Sylvie fera les rappels ravitaillement, Michel donnera les définitions et gardera le road-book. Et puis surtout on s’adaptera pendant la course ! Sur les conseils de Michel E., on décide de faire l’intégralité du report des balises dès le départ car la météo annoncée est mauvaise avec de la pluie et du vent qui devraient arriver au cours de la nuit.
22h : c’est le top départ ! Michel récupère les documents de course. Patrick et Christophe reportent le début des balises, tandis que je commence par la fin avec Michel. Je suis déjà la tête dans le guidon à attaquer le report sans me préoccuper du reste. Heureusement Michel, en bon capitaine expérimenté, a lu les instructions de course qui mentionnent un prologue à faire pendant que le reste de l’équipe reporte ! Certaines équipes mettront visiblement un peu de temps à s’en rendre compte… Sylvie et Michel partent donc le faire tandis que je fais ma partie du report de balises tout seul comme un grand. Ils seront revenus avant qu’on ait terminé… Ce n’est qu’à 22h45 qu’on décampe enfin, mais il reste encore pas mal de monde dans le gymnase donc ça doit être normal ! En tout cas la 1ère heure de « course » n’aura pas été trop physique !
Je commence à orienter sur les 1ers postes qui nous font longer l’Yvette vers Palaiseau. J’attaque un peu vite, l’habitude des CO de 10km, puis on trouve un rythme mieux adapté qui nous permet quand même de doubler régulièrement des équipes. Je laisse en fait rapidement la carte à Patrick à Villebon avant le PC2 car il a reporté ces postes et sait ce qui nous attend vers la balise 9... Je commence également à avoir des crampes à l’estomac, une première pour moi en course. Sans doute la conséquence de mon repas trop chargé (mais la mousse au chocolat était tellement bonne !). Du coup je supporte difficilement la poche ventrale de mon sac à dos et je me dis que la course va être bien difficile si ça dure. Je me force malgré ce mal au ventre à manger un peu mais j’évite la boisson énergétique.
Nous approchons du fameux tunnel: il s’agit d’avancer dans la rivière morte à Longjumeau, un bras de l’Yvette à partir du poste 9 où nous rejoignons l’équipe de Michel E. D’après le classement sorti après la course on est autour de la 20ème place à ce moment. On évolue d’abord dans un tunnel avec de l’eau très froide à hauteur du genou (et on y pointe le poste 10), puis en terrain découvert, mais toujours dans l’eau dont l’odeur n’est pas ce qui nous manquera le plus à l’issu du raid ! Un passage nous donne l’occasion de baigner un peu les cuisses et, comme j’en demande toujours plus, je prend l’initiative de trébucher un peu plus loin et de m’allonger dans l’eau pas claire de tout mon long… J’adore… A la sortie, les pieds gelés, les 1ères foulées sont raides ! Les genoux commencent aussi à tirer un peu.
On retrouve ensuite notre Yvette qui, comme chacun sait, se jette dans l’Orge qui sera notre 2ème fil conducteur vers le sud à partir du PC4. A ce moment de la course on retrouve alternativement, voire ensemble, les 2 autres équipes Let’s go78. Les balises s’enchaînent sans problèmes jusqu’à la 20, première balise bleue ! Le DLNI à rechercher n’est pas évidente à identifier du tout sur la carte. Nous jardinons la zone dans les grandes largeurs en nous trompant de DLNI, un bon quart d’heure en tout, mais pas assez pour trouver la fameuse balise. En repartant, on décide une dernière tentative plus au sud de la zone, et là bingo ! Elle est au niveau d’une clôture. Ça fait du bien au moral, on n’a pas perdu complètement notre temps ! Par contre l’estomac ne va pas mieux… C’est là que je sors l’aliment miracle : le sauciflard. Incroyable, les crampes d’estomac disparaissent quasi-immédiatement. Elles reviendront atténuées un peu plus tard mais finiront par partir pour de bon, ouf !
Nous poursuivons la descente vers le sud jusqu’à Arpajon, comme prévu, et la Norville. Vient alors la partie la plus pénible du parcours : une traversée par des chemins très boueux avec vent fort et pluie du plateau agricole permettant de rejoindre la forêt de Cheptainville et le début du parcours en forêt, plus habituel pour le Raid28. Cette première partie de parcours aura d’ailleurs fait pas mal débat parmi les concurrents de l’édition 2009. Les organisateurs ont dû revoir leur parcours pour des problèmes d’autorisation, d’où la nécessité de commencer par cette partie urbaine et plate (qu’il valait quand même mieux prendre de nuit que de jour !). Certains habitués ont regretté les précédentes éditions plus exclusivement en foret. En ce qui me concerne pour ma 1ère participation, bien que je sois habitué à courir presque uniquement en forêt et bien que je n’ai pas fait l’orientation à ce moment de la course (ce qui rend toujours la course plus attractive à mon sens), cette partie ne m’a pas du tout ennuyé. Le choix de suivre les rivières et les GR permettait de limiter un peu le côté urbain et s’est finalement assez bien passé sans que je trouve ce « paysage » pénible à aucun moment. Cela dit, j’étais peut être trop concentré sur mon estomac douloureux pour faire vraiment attention à mon environnement !
Bref, revenons au récit, nous arrivons à la spéciale memory un peu après 5h du matin je crois. On nous a annoncé 7ème à passer à un précédent point de contrôle, ce qui est encourageant (mais avec quand même plus d’1 heure de retard sur les futurs vainqueurs d’après les classements d’après course). On sent qu’on remonte dans le classement mais on a juste derrière nous 2-3 équipes. Pour cette spéciale 10 postes à mémoriser en 28 secondes. On se partage la tache et nous parvenons à les recopier tous. Je prends la carte de CO pour cette partie. Je peux enfin tirer parti de la super lampe prêtée au club par Silva. C’est sûr, on ne manque pas de lumière sur cette partie qui se passe plutôt bien : quelques petites erreurs de ma part sur le début mais la suite se passe bien avec une descente bien marrante dans le sable d’une carrière pour ramasser une balise au fond avant de remonter aussi sec un sacré raidillon. Et là dans le sable, c’est beaucoup moins facile ! Patrick reprend l’orientation en sortie de la spéciale. Jusqu’ici tout va bien, on a tout ramassé mais il nous manquera 3 postes où un des bracelets qu’a chaque équipier autour du poignet devait être poinçonnés, instruction que nous n’avons pas vu au moment du pointage du carton…
Après la memory, on enchaîne très vite, toujours en forêt, sur une spéciale CO à Chamarande avec des postes plus techniques dans le flanc rocheux. Patrick nous indique les zones que Michel et moi ratissons avec lui, et avec efficacité puisque tous les postes sont en général rapidement trouvés, mis à part le poste 50 qui traîne par terre et n’est donc pas bien visible.
Nous avons maintenant en vue le PC10 qui marque la 1ère barrière éliminatoire que nous surveillons depuis quelques temps déjà car elle est contraignante : 8h30. Je reprends la carte IGN (que je ne lâcherais plus) pour nous y emmener une fois sortis de la forêt. Pour éviter les chemins boueux entre les champs, je fait suivre la petite route qui n’est pas interdite et qui est quand même plus roulante, bien que moins directe. On en profite faire un peu l’état des lieux de l’équipe. Ça commence à être dur ! Les jambes sont lourdes et/ou les articulations douloureuses pour tout le monde. En ce qui me concerne je me sens bien physiquement mais les genoux souffrent, sans doute à cause de la forte proportion de route à laquelle je ne suis pas habitué. Au moins mon estomac ne me cause plus de souci donc le moral est plutôt bon.
On alterne marche et trottinage, alors que le jour pointe le bout de son nez. Une dernière descente boueuse en forêt et nous sommes au PC10 vers 8h. Une demi-heure d’avance sur la barrière bien qu’on n’ait pas traîné et été en moyenne assez efficaces sur les recherches de balises, ce n’est pas énorme ! Je me dis que beaucoup d’équipes risquent d’être éliminées à ce point. En fait beaucoup n’auront pas eu le temps de ramasser toutes les balises des spéciales. Le temps de remplir mon camel back avec le point d’eau surprise pour assurer et nous traversons la RN20 par un souterrain. Et là on découvre une foule de raideurs en couverture de survie, transis de froid ! Ca fait un peu camp de réfugiés. Ceux-là ont dû prendre le « raccourci » qui évitait les sections de spéciales CO dans la forêt. Plusieurs malgré le froid ont la gentillesse de nous encourager. C’est plutôt nous qui aurions dû leur souhaiter bon courage pour l’attente du bus qui ne devait arriver qu’une heure plus tard.
Nous filons vite vers la suite, une traversée du bois de Baville, avant la remontée vers le noooorrrrrd ! Pas de difficulté particulière, même quand il n’y a pas de chemin direct sur la carte IGN, il y en a un sur le terrain qui nous emmène au bon endroit J. L’objectif suivant est clair : atteindre la barrière horaire suivante (12h30) en ayant le temps de faire la CO de précision de la Roche Turpin. Ça a l’air largement gérable si on maintient notre rythme. Encore un peu de plateau agricole et donc de boue, c’est usant mais toute l’équipe tient bien en on maintient une allure très correcte. Peu avant la Roche Turpin, on rattrape même des équipes parmi les favorites du Raid 28 : Esprit raid, Issy Grany Aventures… Tout ça est de très bon augure pour le classement final auquel on commence à penser et permet de maintenir un bon moral quand les organismes s’épuisent.
On arrive à la spéciale CO précision dans la forêt de la Roche Turpin. Après quelques hésitations, on se lance tous ensemble pour faire l’intégralité des balises. J’avais pu déjà tester une fois en 2007 la version « officielle » de la CO de précision (avec assez peu de réussite !). Ici la possibilité de se balader au milieu des balises rend l’exercice vivant et sympa (et aussi plus facile). Patrick et moi prenons notre temps pour analyser les zones et s’assurer de notre choix. Certaines balises sont seules et l’une d’elle me pose des problèmes car je me fais piéger par l’échelle des zooms. Finalement nous finissons l’exercice, qui a permis à l’équipe de souffler un peu, sans faute d’après le résultat final, ce qui n’était pas gagné d’avance. Direction la barrière horaire par un chemin sur lesquels passent des motos trails et des quads qui rendent le chemin boueux impraticable, avec des ornières nombreuses. Finalement nous arrivons à 11h55 à la barrière avec 35 minutes d’avance. Il reste encore beaucoup de distance mais ça s’annonce bon pour arriver avant 16h !
Suit une longue série de montées / descentes en forêt qui rattrape le début de raid urbain et plat. Les deux photo-définitions me permettent de prendre des options qui semblent payantes et doivent nous faire gagner un peu de temps. Une des dernières ascensions vers le bois de Saulx les Chartreux est directe pleine pente avec une fin boueuse où les photographes et caméramans s’en donnent à cœur joie pour immortaliser notre progression laborieuse, les mains dans la boue, où l’on s’accroche à tout se qu’on trouve. Encore une dernière descente / remontée pour chercher une balise et nous touchons au but, à l’avant dernier point de contrôle. Toute l’équipe compte les balises qui restent (6, 5, 4, 3…), les relances sont difficiles pour tout le monde et l’envie d’arriver vite se fait sentir. J’ai l’avantage d’avoir la carte en main qui me permet de mieux évaluer la distance restante et de m’éviter la lassitude qui vient après tant de temps. Du coup j’essaie de donner quelques indications aux autres tant bien que mal entre les postes. L’avant dernière balise nous fait retarder le moment de la libération. Je la cherche trop en avant sur le terrain. Finalement dans une dernière tentative après plusieurs minutes Michel la repère et la poinçonne. Yes ! On les aura toutes trouvées (à défaut de les avoir toutes pointées correctement). C’est maintenant la descente finale vers Orsay, le dernier point de contrôle, l’Yvette, la dernière balise et enfin la dernière ligne droite le long de l’Yvette où nous arrivons à trottiner. Enfin le campus, le gymnase, l’arrivée, qu’on franchit tous les 5 vers 15h30, sacrément contents d’être arrivés là après cette boucle interminable en Essonne !
Ma mère est là pour me féliciter, une bonne soupe pour nous ragaillardir ! La télé Raid28 tente de m’interviewer mais je pense que je botte rapidement en touche pour rejoindre le sas de « décontamination » où on enlève les chaussures dont l’odeur, comment dire… Direction la douche ultra chaude, sans attente, nickel quoi. Tiens les pieds ont une drôle de tête ! Les genoux sont bien douloureux. Vite un plateau repas et on se retrouve tous les 5 réconfortés par ces attentions d’arrivée auxquelles on a beaucoup rêvé ! Les autres équipes Let’s Go arrivent peu après. C’est marrant tout le monde marche en canard, sans doute d’avoir trop patauger dans les mares J. Les dernières équipes arrivent. On annonce celle qui ferme la marche tout près de l’arrivée et les organisateurs lancent la remise des prix vers 17h30 avant que les équipes repartent. Je pense que nous sommes dans les 5 premiers à ce moment-là, mais atteindrons nous le podium ? Arverne Outdoor est en principe intouchable pour la victoire mais pour le reste... L’annonce des résultats débute : les 6èmes sont arrivés juste après nous, les 5èmes sont l’équipe de Michel E., les 4ème Esprit Raid que nous avions doublé et qui n’avaient pas pu prendre toutes les balises sur la fin. « Non, on est sûr le podium ?! ». 3ème Quechua Célestes… « Non, on est pas 2ème quand même !? » Et si ! Incroyable résultat, une belle 2ème place derrière les intouchables Arverne Outdoor arrivés une heure avant nous avec toutes les balises.
Voilà qui aide à oublier les courbatures et articulations douloureuses. Au final les équipes Let’s Go78 auront vraiment faits un super résultat d’ensemble puisque l’équipe de Jean-Marie était 7ème. 3 équipes dans les 7 ! Bref, grosse satisfaction pour tout le monde, d’autant que le nombre d’abandons révèle la difficulté de l’épreuve cette année. En ce qui me concerne j’ai bien supporté la distance d’une longueur inédite côté musculaire. Les soucis digestifs m’ont pas mal inquiété en début de course mais sont finalement passés. Je n’ai pas du tout souffert du froid. Seul point dur: la rotule droite qui se fait toujours sentir 1 mois après… Il faudra qu’elle soit d’aplomb pour le trail de la Sainte Victoire début avril donc c’est repos quasi complet depuis la course.
Pour en revenir à l’organisation et à la course, on ne peut qu’être admiratif devant l’armée de bénévoles dévoués et tellement sympas depuis le samedi soir jusqu’au dimanche après midi (énorme merci à eux, avec une mention spéciale pour Gilles des Dunes d’Espoir et ses énigmes impossibles dans Le Jeu !). Le parcours n’était pas très exigeant du point de vue de l’orientation mais ça ne m’a jamais frustré et au final j’ai pris beaucoup de plaisir tout le temps de course, en ville ou en forêt. Pas de lassitude non plus ressentie, que j’oriente ou pas. Pour expliquer cela, je pense que la nouveauté que représente une telle course pour moi y a contribué mais surtout que l’équipe y joue beaucoup. L’échange avec l’équipe (quand presque tout se passe bien comme pour nous), donc en l’occurrence avec des gens sympas et motivants, le fait de penser à l’équipe plutôt que de tourner uniquement autour de sa propre personne, tout ça a contribué à ce que je passe vraiment une super course sans jamais trouver le temps long (bien qu’il le fût !!). Et le plaisir de finir, de l’avoir fait, et avec un podium à la clé encore plus, fait vite oublier la difficulté physique de cette épreuve !
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2 commentaires
Commentaire de _azerty posté le 15-02-2009 à 10:19:00
un seul Mot : BRAVO
Domi_du_GO78
Commentaire de l'orienteur masqué posté le 17-02-2009 à 16:01:00
Bravo Sprolls.
Une bien belle équipe qui a encore une marge de progression. 2009 sera redoutable pour les Arvernes.
Par contre, je ne désespère pas que l'Castor Junior nous rejoigne l'an prochain. Cela ne fait que 3 ans que j'attends qu'il endosse le maillot de son club pour disputer le Raid 28.
Tiens d'ailleurs, Domi, il faudrait aussi que l'on songe à courrir avec toi sur une prochaine course...
Bien le bonjour à la communauté des Kikoureurs.
L'orienteur Masqué.
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