Récit de la course : Trail du Ventoux - 42 km 2008, par Shostag

L'auteur : Shostag

La course : Trail du Ventoux - 42 km

Date : 23/3/2008

Lieu : Bedoin (Vaucluse)

Affichage : 3323 vues

Distance : 42km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

Partager :

76 autres récits :

Trail du Ventoux - 38,5 km, +/- 1.840 m

Préambule :

 

Trois semaines après la Sainte-Baume, j’arrive au Ventoux en vue d’emmagasiner le maximum d’expérience en compétition pour le Trail des Balcons d’Azur (50 km) qui aura lieu fin Avril. Mon entraînement ce mois de Mars commence à ressembler à quelque chose : deux sorties pistes par semaine, une VMA courte (20 fois 200 m avec récup 100 m) et une endurance fondamentale (1 heure sous les 140 bpm) ainsi que la traditionnelle sortie longue « montagne » du week-end. J’en suis désormais à 500 km depuis mes débuts en course à pied contre 350 km à la Sainte-Baume.

 

Julien, compagnon de sorties VTT, m’a en effet convaincu plutôt facilement de participer. Il faut dire qu’un sommet mythique, cela ne refuse pas ! Ainsi, nous nous retrouvons la veille sur la route avec quelques membres de l’ASPTT Nice, Jany, Clary et les kikoureurs Semirunner et Brague Spirit. Nous avons appris avec regret dans la matinée que le passage au sommet était annulé à cause d’une météo capricieuse (fortes chutes de neige et avis de tempête). Nous arrivons à Bedouin vers 17h00, le temps de retirer les dossards et flâner un peu avant de rejoindre la copieuse et conviviale pasta-party du Racing Club de football. Le ciel couvert se dégagera le lendemain.

 

Au matin, les températures étant fraîches et un fort vent annoncé, je m’habille chaudement (collant long, polaire, gants, bonnet et protège oreilles). Dans mon sac raidlight endurance, se trouvent un coupe-vent, un t-shirt et des chaussettes de rechange et l’approvisionnement énergétique en totale autosuffisance (5 compotes acti’food isostar et 2 litres de boisson hydra aptonia).

 

Je rate bêtement le rassemblement Kikourou en attendant trop longtemps Brague Spirit et Semirunner partis distribuer les flyers de « L’ascension du Col de Vence » qui s’y rendent eux directement. Je croiserai brièvement Kafta. L’hommage pour Laurence est émouvant, ponctué par les paroles justes de Joe One et le morceau « Con te partiro » d’Andrea Boccelli qui accompagne la minute de silence.

 

La foule est massée entre les deux arches gonflables, nous sommes situés dans le dernier tiers du peloton. Le départ conjoint pour les deux distances, légèrement décalé par l’arrivée tardive du ravitaillement à la séparation des parcours, est donné à 8h42.

 

Course :

 

Il s’agit de mon 1er trail aussi long et j’ai décidé d’aborder prudemment ce saut dans l’inconnu en suivant Jany, grande métronome et 1ère V3F du marathon de Barcelone en 3’18 il y a 15 jours. C’est un véritable troupeau qui s’élance dans une boucle sur piste (2,75 km, + 50 m) qui nous ramène au domaine de Bélézy (344 m) en passant par le Sablas, les Condamines et la Chambre. Cela bouchonne dans la bonne humeur sur ces premiers kilomètres, je me résigne à quitter Jany, trop lente (9 km/h sur le plat) et manifestement dans un mauvais jour (elle optera finalement pour le 25 km) au niveau des Condamines. Je double plusieurs grappes de sportifs agglutinés en passant par les bas-côtés et retrouve l’arche de départ en 16’’15.

 

Privé désormais de mon poisson-pilote, je décide rapidement de courir à la sensation. J’invoque un état d’esprit et un mode de fonctionnement bien connus en VTT : le « je peux continuer à ce rythme toute la journée » ou « j’ai toujours du jus pour accélérer n’importe quand », en gardant la plus haute vitesse possible. Je garderai cette allure, correspondant vraisemblablement au seuil aérobie (soit sans dépasser les 170 bpm), toute la course.

 

Après une courte montée en monotrace sur le Rougadou, nous tombons sur Bedouin, surplombé par sa remarquable église historique. Nous traversons sur un semblant de piste vallonnée des champs de vignes à travers le Piébounau et le Grand André jusqu’aux Demoiselles Coiffées, curiosité géologique locale dans une terre ocre et argileuse. Nombreux sont ceux qui s’arrêtent un moment, ébahis par le spectacle. Un sentier et un passage sur route en faux-plat montant, par le Jacoumet et les Colombes, nous amènent à l’Epaule de Curnier (7,5 km, 446 m) où je passe en 47’’29. Je grappille encore une trentaine de places, tout étonné d’avoir pu doubler « sans forcer » et « en courant ».

 

Ca y est, nous sommes au pied du Ventoux. L’ascension commence dans de la petite rocaille et les broussailles, je progresse bien (+ 850 m/h) en alternant marche rapide et course dans les replats ou pour dépasser. J’atteins la fin de l’Epaule (8,6 km, 630 m) en 59’’58. Nous rejoignons par un passage abrupt la Combe de Bouisse, je profite du ralentissement pour me ravitailler en buvant beaucoup et prenant ma 1ère compote.

 

La Combe de Bouisse est un gigantesque pierrier, j’ai adoré, les autres beaucoup moins puisqu’ils semblaient appliquer au pied de la lettre la maxime « deux pas en avant, un pas en arrière ». Même si mon allure a diminuée (+ 750 m/h), je sélectionne le chemin le plus direct et saute de nombreux groupes qui peinent sur le sentier, ahuris de me voir passer à travers les rochers. Je sors de la Combe (10,2 km, 871 m) en 1’22’’47.

 

Un travers et une monotrace en forêt nous amènent au Jas du Pied Gros sur le GR 91 B. Je croise Francki07 et échange quelques mots avec lui : il peine et est visiblement parti trop fort. Nous suivons le GR 91 B jusqu’à un point haut (11,7 km, 1.067 m) où j’arrive en 1’40’’10 avant de redescendre sur le Jas des Landerots et son ravitaillement (12,8 km, 1.026 m, 1’47’’55). Le négatif est technique et les coureurs encore nombreux, ce qui induit à nouveau quelques petits ralentissements.

 

J’assouvis un besoin naturel et me ravitaille en marchant dans le début de la montée du Baumasson, sympathique raidillon (20 % de pente moyenne), enneigé partiellement à mi-ascension et entièrement au sommet où beaucoup commencent à connaître quelques difficultés. Je continue mon petit bonhomme de chemin (+ 800 m/h) jusqu’à 14,3 km et 1.324 m (2’11’’52).

 

Nous sommes toujours sur le GR 91 B et en forêt, dans une grosse descente délicate et glissante avec de petites remontées et d’inévitables temporisations où je bois abondamment. J’arrive à la séparation des circuits située au Jas de la Couanche (16 km, 1.138 m) en 2’23’’51.

 

Je shunte le gros ravitaillement. Cela monte (les Prayets – 1.252 m) et cela descend (Combe Sourre) pour rejoindre la Combe de la Grave à 18,3 km et 1.125 m (2’46’’02). Ceux du « 25 km » nous ont quitté et les rangs sont désormais plus clairsemés, au point même de connaître certains moments de pleine solitude.

 

Nous entrons dans un monde nouveau dans l’ascension jusqu’au Chalet Reynard. Le blanc omniprésent et les rafales de vent me font penser aux vastes étendues arctiques, nous progressons dans un silence de cathédrale. La neige est bien tassée mais glissante : rares sont ceux qui courent par intermittence, la plupart marchent (pente moyenne 10 %) et admirent le paysage et la beauté de la nature qui s’offrent à nous. Je fais de même, le rythme cardiaque redescend et je récupère tout en avançant correctement (+ 600 m/h). C’est en bonne forme que je sors de la Combe (21 km, 1.448 m) en 3’18’’12.

 

Nous coupons ensuite la D 974 puis montons jusqu’à croiser le téléski de l’Ermitage (1.493 m) et tomber sur Chalet Reynard par la piste de ski (22,3 km, 1.418 m, 3’29’’14). Je fais une entorse à ma règle d’autosuffisance alimentaire et prends deux verres de soupe chaude et deux morceaux de banane. Je ne m’éternise pas, il y a bien une quinzaine d’athlètes, certains bien entamés, qui tardent à repartir.

 

La descente démarre enfin, d’abord par le Vallon des Pointes, entièrement enneigé, où l’on retrouve l’ambiance de la Combe de la Grave. J’ai de bonnes jambes, les muscles ne sont pas durs. Je suis seul et prends un rythme correct sans trop casser de fibres (- 1.200 m/h). Je retombre sur le GR 91 B au Jas des Melettes (25,3 km, 1.139 m) en 3’46’’08.

 

Le balisage suit le GR, une brève montée sur piste précède un sentier menant jusqu’au Jas de Serre (1.011 m) qui remonte ensuite vers la séparation des parcours au Jas de la Couanche (29,2 km, 1.138 m) où je reviens en 4’17’’06. Je rattrape Forest1473 avec son buff kikourou et me présente, il s’arrêtera au ravitaillement.

 

S’enchaîne une plongée anthologique dans la Combe d’Ansis avec une terre bien fraîche et de superbes virages relevés où je reviendrai avec plaisir en VTT. Je dévale ce goulet, trop vite à mon goût, à 12 km/h et – 1.600 m/h pour parvenir aux Fébriers (33,8 km, 517 m, 4’40’’08).

 

Le final est nettement moins agréable : sur piste à profil majoritairement descendant, il enchaîne les petits « coups de culs » où l’on ne sait pas s’il faut courir ou marcher (je ferai trois ou quatre passages à la Cyrano) et à combien se situe l’arrivée. J’avais beau être prévenu, ces montagnes russes qui suivent le GR 91, passent par les Clons et Font Couverte avant le domaine de Bélézy me paraissent interminables. Je garde à tort des réserves et finis au sprint au camp naturiste (38,5 km, 344 m) en 5’06’’37. Je suis 168èmesur 423 classés.

 

 

Bilan :

 

Satisfait de ma gestion de course (38,5 km, +/- 1.840 m). Je termine plutôt frais sans avoir ressenti la moindre souffrance, contrairement à la Sainte-Baume où j’étais au taquet. Je garde un rythme constant sur les 5 heures de course, même si j’aurai probablement pu tout donner et accélérer en « négative split » à partir de la Combe d’Ansis. De bonne augure pour les Balcons d’Azur.

 

Bonne organisation, notamment le balisage exemplaire. Je reviendrai. Juste perplexe sur le choix d’une date si précoce qui nous prive deux fois en 3 ans du sommet.

8 commentaires

Commentaire de kikidrome posté le 24-03-2008 à 19:48:00

Merci pour ce récit du grand parcours... La phrase "Nous entrons dans un monde nouveau dans l’ascension jusqu’au Chalet Reynard" me fait rêver mais malheureusement, je pense que je ne serai jamais capable de me présenter au départ du 42 ...
Bravo pour la perf.

Commentaire de Kafta posté le 24-03-2008 à 22:59:00

Beau CR et belle course Sylvain! et bien gérée en plus! Si tu gères toutes tes courses comme ça, en en gardant toujours sous le pied, tu vas bien progresser!

Commentaire de akunamatata posté le 25-03-2008 à 08:08:00

belle course Sylvain!
On se reverra au balcon d'azur !

Commentaire de riri51 posté le 25-03-2008 à 10:54:00

merci pour ce cr et félicitations pour ta perf. Au plaisir de te revoir sur une autre épreuve.

Commentaire de defi franck posté le 25-03-2008 à 16:26:00

félicitations pour ta perf. Au plaisir de te voir sur une autre sortie.a+

Commentaire de brague spirit posté le 25-03-2008 à 16:49:00

Récit très précis et interessant,il ne manque que quelques photos,bonne récup et à bientot.

Commentaire de phildeval posté le 25-03-2008 à 18:01:00

bravo pour ta course et ton c.r tout ce qu'il ya de plus détaillé et précis

Commentaire de Mabouya posté le 06-04-2008 à 21:04:00

Falut sylvain,

Super CR, clair et précis, comme à ton accoutumé sur 1001sentiers....
Joli perf et je te dis à très bientôt sur les sentiers de Mouans Sartoux, et j'espère uassi très vite en mode course!!

Easyrider
qui s'est transformé en Mabouya sur kikourou!!

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.07 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !