L'auteur : franck de Brignais
La course : L'Echappée Belle - 85 km
Date : 29/8/2014
Lieu : Vizille (Isère)
Affichage : 4170 vues
Distance : 85km
Objectif : Pas d'objectif
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J’ai beaucoup hésité avant de me lancer dans ce récit.
Je ne suis pas allé au bout de l’effort qu’a exigé cette course, ma volonté n’a pas été assez forte, je n’ai pas pu rejoindre la ligne d’arrivée… j’ai abandonné. C’est la première fois que j’ai eu à vivre cette expérience. Je m’étais toujours promis que ma seule raison d’abandonner aurait pour origine une blessure ou une barrière horaire. Là il n’en a rien été : j’ai abandonné par peur, je n’ai pas eu le courage d’affronter la fin de l’épreuve.
Mon objectif 2014 était l’UTMB. Cette course représente, comme pour beaucoup de coureurs, un véritable objectif à atteindre. Je l’ai en tête depuis plusieurs années, je veux me mesurer à elle, je veux tenter l’expérience. Ma bonne expérience sur la TDS en 2013 a renforcé ma confiance et m’a prouvé que j’avais une petite chance.
Malheureusement je ne suis pas tiré au sort. Je veux conserver ma priorité pour 2015, je me mets donc à la recherche d’un autre objectif. C’est PtitDenis qui va m’aiguiller sur l’Echappée Belle. Il a trouvé la course sur Internet : elle semble avoir un profil assez proche de l’UTMB (distance/dénivelé). Je me penche de plus près sur la course, je parcours les forums, lis les récits et je me rends compte… que ça n’a pas grand-chose à voir avec l’UTMB !!
Très technique, très atypique. Une vitesse moyenne très lente. L’expérience me tente cependant : un deuxième format est disponible : 85 km et 6500m D+, il m’ira parfaitement. Denis décide de s’inscrire sur le grand format de cet ultra hors norme : 145km et 11 000 D+. Au fur et à mesure de mes recherches cette course me fait de plus en plus peur. Les adjectifs les plus forts semblent ne pas suffire à la qualifier. Mais à quoi ça peut ressembler ?! Des recos/photos montrent de nombreux pierriers, des pentes abruptes, des paysages très sauvages.
Comment s’entrainer à ce genre de choses ? Je ne me pose pas véritablement la question et je monte le kilométrage dès le mois de Mai. Je reprends ce que j’avais fait pour la TDS : des sorties/randos un peu longues, des endroits un peu techniques (qui me font sourire avec le recul…) je garde un peu de vitesse. Je m’aligne sur 2 courses superbes : le trail des passerelles dans le Vercors et l’Aravis trail. C’est certainement ce dernier qui m’aura le mieux préparé.
Enfin les 15 derniers jours se feront, comme d’habitude, en famille, à randonner en montagne. Cette fin de prépa, très cool, est importante. On s’approprie l’altitude, les particularités des randos en montagne. C’est un passage quasi obligatoire.
Le format de ma course (la « petite ») est en fait la deuxième partie de la « grande ». Une deuxième partie ++ tout de même qui voit la plus grosse partie de km et de dénivelé. Nous partons 24h00 après la grande, nous avons donc tout le loisir de voir passer, la veille de notre départ, en fin de journée, les 1ers de la grande version sur la base de vie du Pleynet. C’est en famille que nous nous rendons à Fond de France pour les encourager, je veux absolument aussi voir passer Denis. J’ai besoin d’avoir ses impressions sur la typologie du terrain. Arrivée sur place sa femme m’informe qu’il était en 9ème position au 1er ravito d’Arselle et que depuis elle n’a pas de nouvelles. Je pense qu’il a dû partir vite, pourvu qu’il ne le paie pas plus tard…
Nous voyons passer le 1er qui est d’une facilité déconcertante : Sange SHERPA, il gagnera l’épreuve… avec 1h30 d’avance sur le 2nd !!... et une arrivée en 28h00… c’est la course de la démesure ! Tous les repères chronométriques que nous avons sont à oublier ! Puis nous voyons passer les suivants. Passera dans le top 10 Christophe ANSELMO, champion kikoureur que je ne connaissais pas mais que je rencontrerai sur la Nuit des Cabornes. Mais toujours pas de Denis…
Puis les 10 suivants… certains ne sont vraiment pas au mieux, blanc, fatigué, les traits tirés… ça semble compliqué là haut… et Denis n’est toujours pas en vue…
Puis encore 10 autres… Denis à + d’1h30 maintenant de retard sur le temps prévisionnel qu’il a donnée à son épouse lors du précédent ravito au Pas de la Coche… je ne le montre pas à, mais je commence à m’inquiéter… j’ai lu et vu en photos la démesure de cette course, elle se confirme…
Il est bientôt 19h00, je dois prendre la décision de partir pour aller manger et dormir dans la vallée. Le temps de monter dans la voiture et le téléphone de l’épouse de Denis sonne : « il vient d’arriver !! ». Je gare la voiture et monte en trombe au ravito. Je fais face à un Denis qui ne semble pas au mieux : il a le souffle court, semble épuisé, les traits tirés… Je vois sa femme inquiète, Denis semble désorienté. Je le guide vers le restaurant pour qu’il prenne son repas chaud et surtout qu’il prenne le temps de se reposer. Je comprends quelques minutes après : il n’a pas voulu se laisser dépasser dans la descente qui arrive sur le ravito, il est donc simplement sous le coup de l’effort du moment.
Il me confirme par contre que la typologie du terrain est vraiment hors norme : seuls les 10 1ers km sont courables… après c’est la guerre ! Des blocs énormes, sans arrêt. Constamment en équilibre, impossible de tenir un rythme régulier. Des passages compliqués où il faut mettre les mains. Je sens qu’il appréhende la nuit à venir. J’essaie de le rassurer autant que possible, sans connaitre grand-chose des lieux : Tu vas de nouveau avoir quelques kilomètres roulants. Puis attention, le col Moretan. Tu vas le passer de nuit. Prend ton temps, reste lucide, pas de risque, tu n’as que 2 objectifs : arriver et ne pas te blesser. Je le sens déçu de sa dégringolade dans le classement, mais l’effort est tellement peu commun, il ne pouvait pas en être autrement. A moins d’être montagnard et d’avoir ces massifs comme terrain d’entrainement, on ne peut pas être prêt à ça…
Je voudrais le convaincre de se mettre dans un lit, au moins une heure, il n’a pas fait le plus dur, loin de là… et il est déjà très entamé. Je n’insisterai pas, il est aussi quelqu’un d’expérience et sait parfaitement ce dont il est capable. Je lui souhaite bon courage et lui donne rdv dans 2 jours… si tout va bien. Il repart et moi je vais tenter d’aller trouver le sommeil après cet échange qui ne m’a pas rassuré.
Quelques heures après, me revoilà à Fond de France. Il est 6h00, il fait encore nuit, les organisateurs s’apprêtent à donner le départ de cette traversée, pour partie, du massif de Belledonne. Il fait bon, les conditions météo sont annoncées correctes. Il a plu les jours précédents, le terrain est gras par endroit, mais pas ou peu de pluie annoncée. Les risques d’orages de la veille ont disparu.
Caro m’a accompagné jusque là, mon fils dort au camping en bas. Ils ont décidé de me suivre et me rejoindre sur chacun des ravitos… Ceux qu’ils peuvent rejoindre facilement en tous cas ! J’ai une chance exceptionnelle de savoir que, régulièrement, je vais pouvoir parler à quelqu’un qui va m’encourager et que quelqu’un m’attend à l’autre bout, j’ai beaucoup de chance, merci à vous !
Nous sommes peu nombreux au départ, un peu moins de 300. Encore quelque chose qui ne me rassure pas : je sais que je serai dans les derniers, mais plus la course est importante, plus j’ai des chances d’avoir du monde derrière moi… et là… Cette course me fait peur, c’est une sensation étrange, que je rencontre pour la première fois, j’ai peur, physiquement. La distance ou le temps de course ne m’effraye pas… seulement cette sensation que le massif est hostile et qu’il peut m’arriver quelque chose… Avec le recul, un détail confirme la crainte que j’avais à ce moment là : c’est la 1ère fois que je remplis et que je prends sur moi la fiche de sécurité de la course…
Le départ de la grande majorité est extrêmement prudent, malgré un terrain simple, en descente sur les premiers km. Sans forcer un seul instant je remonte assez facilement une bonne vingtaine de coureurs sur ces grands chemins larges. Je me rends compte cependant que je suis très tendu : au bout de quelques km seulement j’ai déjà mal aux épaules, signe que je suis très contracté… il faut absolument que je me détende : pour le moment tout se passe bien.
J’ai beaucoup de plaisir à croiser Arthurbaldur et Biscotte, inséparables, fortement impliqués dans la vie sportive lyonnaise. Je porte un grand respect à leur engagement, je connais leurs forces, ils sont à l’origine, organisateurs ou participants de courses hors normes. S’ils sont là c’est que le défi doit être de taille. Ils me confient qu’ils ont dû abandonner l’année dernière sur leur tentative du 145km. Voilà qui ne va pas pour me rassurer… Ils ont cependant une pêche d’enfer et me donne le sourire. Je les distance bientôt en entamant la première montée de 1 000 m de dénivelé à l’assaut de la montagne de Tignieux.
Le terrain est pour le moment assez simple : en sous-bois, c’est gras, mais praticable. Le % est important, mais en ce début de course, je le sens assez peu. Ca passe finalement assez bien, la descente est pentue, mais j’ai des jambes, je me prends donc au jeu, je me relâche petit à petit, je prends du plaisir à remonter encore quelques concurrents et on arrive finalement assez vite au 1er ravito : les Gleyzins. 2h45 pour arriver jusque là… je suis étonné d’arriver aussi vite. Ma petite femme aussi, qui a eu du mal à trouver le lieu Je dois l’attendre dix petites minutes. Mais je ne peux pas leur faire le coup de repartir sans les voir, ils viennent exprès pour moi. Une petite bise, les encouragements qui vont bien et je repars. Mes 2 compères lyonnais en ont profité pour prendre le large et je repars pour la 2ème bosse et 1ère grosse crainte du parcours : le col Moretan. J’en ai vu beaucoup de photos ou vidéos, mais je dois dire que je ne m’attendais pas à ça !!...
Le début de l’ascension est d’abord ludique : une végétation qui prolifère, nous longeons un torrent qui nous rend beaucoup de fraicheur... et d’humidité ! Etape au refuge de l’Oule, je reste juste le temps de remplir le camel et je repars. Je rattrape doucement le groupe devant durant la montée, Biscotte et Arthur en font partie. Je décide de rester avec eux. Le paysage change au fur et à mesure de la montée, il devient minéral, quasiment lunaire. Le chemin est de moins en moins marqué, puis bientôt plus du tout. La trace est balisée avec des piquets, au milieu des rochers. Des blocs de plus en plus gros. Il faut s’arrêter sans arrêt pour voir où l’on peut passer au mieux. Les bâtons ne servent pas à grand-chose, au contraire, ils se coincent sans arrêt dans les failles ! On ne voit toujours pas le haut du col, et il faut continuer de monter. Physiquement ça va, je suis toujours très bien : les jambes sont nickel, le souffle un peu court mais rien d’anormal, on monte à 2 500 mètres. Puis d’un coup, au détour d’un rocher, je tombe sur 2 bénévoles, signe de l’arrivée au col. Les pauvres doivent être là depuis quelques heures et le vent est glacial ! Ils ont un mot rassurant et sympathique pour tout le monde. On ne peut effectivement pas louper la bascule de l’autre côté !! Je prends le temps de m’asseoir quelques minutes à l’abri du vent et je mange un peu avant d’attaquer la descente… et quelle descente !! Elle est plongeante, juste sous mes pieds, d’abord dans un pierrier, puis sur un gros névé. Je devine une corde le long du névé pour aider à aborder la très forte pente. Les bénévoles insistent pour que nous l’utilisions. La descente est très dangereuse et ils nous ordonnent la plus grande attention. Je regarde partir Arthur et Biscotte, 3 minutes plus tard je pars à mon tour. La descente me met mal à l’aise. Elle est très pentue, la neige et parfois dure, parfois humide. Je tente d’utiliser la corde mais le frottement me brule la main. Une fois encore mes bâtons me gênent. Je tombe à plusieurs reprises, en avant ou sur le dos… quelle dépense d’énergie ! Je dois avancer, dans cette descente à moins de 2 km/h, je me remémore ce que j’avais lu sur le site de la course : « vous perdrez parfois plus de temps en descente que dans les montées »…
Enfin le névé est passé… mais on attaque certainement le morceau le plus dur : une moraine de 400 mètres environ. Un passage de 20 à 30 cm environ sur des petits cailloux fuyants, de chaque côté le vide, une pente terrible. Je ne suis pas du tout sujet au vertige, j’ai même le pied assez « montagnard » habituellement, mais à cet endroit j’ai très peur de tomber. Je suis crispé sur mes jambes, du coup, sous chacun de mes pas, le sol se dérobe. Je finis par tomber et rouler sur quelques mètres. J’ai l’impression que je vais tomber dans le précipice (… il est encore loin dans la réalité…). J’ai perdu mes lunettes dans la chute, la jeune anglaise qui me suivait me les ramasse. Elle me demande si tout va bien, je la rassure, mais je tremble comme une feuille. J’ai besoin de quelques minutes pour repartir. Je galère un bon bout de temps encore et on finit par arriver sur un terrain plat.
Il n’en est pas moins simple : de nouveau nous allons faire quelques kilomètres dans d’énormes blocs. Je rattrape Arthur. Il n’est pas au mieux lui non plus : « On est pas entraîné pour ce genre de choses !!... » Je ne peux que lui confirmer et je continue à avancer…
Puis d’un coup… plus de rochers, plus de dangers, nous arrivons dans un endroit extraordinaire. Je n’ai jamais vu un endroit aussi beau en montagne. Le soleil, pour quelques instants, illumine une prairie où s’étalent 2 petits lacs. Les couleurs sont magnifiques ! Peu de personnes ont dû avoir l’occasion de monter jusque-là, mais quel endroit, il est unique ! J’oublie toute trace de fatigue et je coure au milieu des herbes hautes et jaunies, je ne sens même pas les flaques dans lesquelles je passe, c’est un moment unique, magique… voilà pourquoi j’aime ce que je fais…
Trop vite à mon goût, j’arrive sur le ravito de Périoule. Il est posé au milieu de nulle part, il me fait penser, de loin, à une base de vie qu’on aurait posée quelque part sur la Lune. Il n’a pu être monté que par un hélico ! Je rejoins Biscotte qui me demande si j’ai croisé Arthur « Il est juste derrière moi ». A ce ravito les bénévoles n’ont plus grand-chose à nous offrir. Ils ont partagé les derniers gâteaux qui leur restaient et ils font chauffer de l’eau pour nous proposer du café instantané. Nous échangeons quelques instants sur le parcours, ce qu’il reste. Je profite de ma bonne forme et je repars rapidement, laissant, pour le moment, mes 2 amis de route.
J’ai 26 km et 2 500m dans les jambes, je repars pourtant comme pour ma sortie du dimanche. Nous sommes toujours dans cette belle prairie, le soleil est toujours présent, je profite, je suis tellement bien… Nous attaquons la descente qui va nous emmener à 1 000 m environ. Assez dure, en sous bois, elle est très piégeuse, il faut rester concentrer… Je ne croise personne durant ces 45 minutes de descente. Je suis attentif aux marquages, je me demande parfois si je ne suis pas perdu… Un long chemin forestier la clôture.
J’arrive au pied du long, très long single en S, en sous-bois, qui va nous amener jusqu’à Super Collet à 2100 m d’altitude. Je me fais doubler par un trio incroyable : 3 hommes et une femme, du Sud de la France. Ils sont sur le 145 km, ils ont une caisse incroyable et sont très à l’aise dans cette montée vertigineuse. Je tente de m’accrocher, mais au bout d’1/4h, je les laisse partir. Je continue la montée seul. Elle n’en finit pas et pour agrémenter le tout, une bonne partie se déroule sur les pistes de ski de la station… de grandes bandes de terre retournées et ravagées sans beauté… qu’elle est longue cette montée, rien de technique, juste qu’il n’y a rien à voir, ça monte, c’est tout, à en couper le souffle, inutilement… Nous reprenons à un moment un single, enfin. Le paysage change, plus d’arbres, c’est un paysage d’altitude qui s’offre à nous, mais toujours pas de sommet en vue. Un refuge se dessine. Je m’y arrête quelques instants pour faire le plein de la poche. Des bénévoles font un pointage et nous annonce…encore… 300m positifs. Biscotte me dépasse et m’explique en souriant qu’Arthur traine les godasses… mais qu’il le connaît bien, c’est pour mieux nous surprendre après ! Nous rentrons dans un épais nuage. Soudain, au détour d’un chemin en S, j’entends 2 voix familières : Thomas et Caroline sont venus à me rencontre ! C’est un plaisir énorme de les voir, je ne suis pas au mieux, je suis épuisé, je n’ai plus de force. J’essaie cependant de ne pas leur peindre un tableau trop noir. Je les sais attentif aux signes que je vais montrer. Thomas me donne une poignée de myrtilles qu’il a cueillies. Elles me font un bien fou et me permettent de reprendre un peu de force… Il m’explique qu’il fait ça depuis 1 heure : il propose des myrtilles qu’il a ramassé aux coureurs qui passent... ils m’attendent depuis tellement longtemps… je ne peux pas les décevoir. Je suis pourtant si fatigué. Je crains la suite, je sais que le passage le plus dur sera la prochaine portion avec des passages annoncés « techniques et aériens » sur le road book…
Nous arrivons enfin au ravito. Il y règne une super ambiance : des familles viennent encourager, les bénévoles (comme partout…) sont aux petits soins. Ma femme prend tout en main et donne les consignes à mon fils. « Va chercher de l’eau, remplis le camel, va chercher à manger,… ». Je tente de reprendre des forces, mais je traîne volontairement, je m’en rends bien compte. Ici tout est bien, là-bas ça ne sera pas pareil ! Je vais rester pratiquement 30 minutes à ce ravito, mais la moitié de ce temps était inutile… je suis pris entre l’envie de rester (j’ai plus de 4h00 d’avance sur la barrière, je suis en milieu de classement…) et celle de passer absolument le point dur avant la nuit. Après une énorme lutte contre moi, j’essaie de ne rien montrer de mes craintes et de mes doutes, je me lève et après un bisou à mes si précieux supporters, je repars avec un groupe de 3 coureurs.
Je repars pour une portion de 1200M D+, 1500M D- et … seulement 14 km… ils seront les plus longs que je n’ai jamais eu à porter en course… je vais mettre plus de 7h00 pour faire ces 14 km !! Pourtant les 5 premiers sont courus à bon allure. D’abord un plateau exposé au vent, puis on redescend en direction du chalet de la Balme. Le terrain est de plus en plus gras. Je double au moins une trentaine de coureurs, des 145 mais aussi des 85km. A un moment il faut enjamber un ruisseau (un parmi les dizaines sur cette portion…) je pose mal mon pied, il glisse et je m’étale de tout mon long dans l’eau et la boue !! Je peste, je jure, je n’arrive pas à me relever : mon bâton est resté coincé sous moi et me bloque un bras… un coureur arrive derrière et m’aide à me relever. Ma mauvaise humeur augmente avec cet incident sans conséquence… C’est ensuite une alternance de montées et de descentes jusqu’au chalet de la Balme. Les singles ne sont pas propices à doubler les coureurs, je prends le temps de rester derrière et de discuter avec un judoka engagé sur le 145. Il est d’un courage exemplaire. Son physique ne se prête pas à l’épreuve : pas très grand, il pèse près de 90 kg. Il m’avoue que ces articulations sont en feu, qu’il ne rêve que d’une chose c’est d’arrêter, mais il a promis à ses copains, qui sont devant, qu’il finirait alors il sert les dents !!...
Nous voici au chalet de pré nouveau. C’est maintenant que nous allons grimper les 1 000 m positifs qu’il reste sur cette étape. Je prends un rythme lent, de toutes façons je n’ai plus de forces pour faire autrement. Je rejoins un concurrent derrière qui je vais rester plus de 2h00. Je m’arrête avec lui, je me cale à son rythme, je ne pense plus, j’avance.
Le jour tombe petit à petit, avec lui l’angoisse du passage délicat monte. Nous arrivons au refuge des Férices. 2 bénévoles pointent nos dossards. Depuis 1 heure, on voit un hélicoptère tourner au-dessus de nous, je pensais que c’était l’orga ou un reportage, mais les bénévoles nous expliquent qu’il s’agit des secours : ils cherchent un concurrent depuis le milieu d’après-midi. J’avais bien besoin de ça !!...Mon compagnon de route repart, j’ai besoin de quelques minutes de plus, je me pose à côté des bénévoles. Là encore, avec le recul, c’était un signe fort de la peur qui montait : le jour tombait doucement et je savais que les 3 prochaines heures allaient être terribles… sans que je m’en rende compte, mon esprit ne voulait pas y aller !
Je me décide à me remettre en marche. Je prends un rythme correct sur ce single. Le soleil vient de se coucher derrière la montagne, le ciel est rouge et violet, en dégradé, je suis seul au monde, le paysage est certainement superbe, mais je ne le vois plus, je ne prends aucun plaisir. Je ne fais qu’attendre ce passage dur et aérien. Je vois une frontale au loin, je force le pas pour rattraper ce concurrent. Je pensais qu’il s’agissait de mon compagnon précédent, mais non, c’est une femme d’une cinquantaine d’année, engagée sur le 145. Je la trouve d’un courage remarquable, mais elle doit être dans un sale moment : ses paroles sont parfois incompréhensibles, j’ai l’impression qu’elle n’est pas au mieux. Elle m’explique qu’elle connaît ce passage : elle l’a fait en reco, cet été, avec des amis. Je lui pose des questions sur la technicité des passages à venir. Elle ne rassure pas du tout : « je ne sais pas comment on va faire pour passer de nuit, déjà que de jour c’est très compliqué ! » « A la rigueur c’est pas plus mal de nuit : on ne verra pas le vide sur le côté ! »… Parfois elle rit, parfois elle pleure en m’expliquant qu’elle n’a jamais eu aussi mal aux pieds, comme des milliers d’épines qui lui transperce la voute plantaire. Je ne sais pas quoi lui dire pour la réconforter. Je pense qu’elle ne m’entend même pas de toutes façons.
Il fait maintenant grand nuit. Les frontales sont allumées et le chemin devient très compliqué. De nouveau des blocs à traverser, mais de nuit les difficultés sont décuplées : il faut chercher les balises au loin, voir sur quel rocher avancer. Le vent se lève, il fait de plus en plus froid. Ma camarade du moment est en Tshirt manche longue, je lui dis que l’on va s’arrêter pour se couvrir pour la nuit. Elle refuse violemment « pas question, je n’en ai pas besoin !! ». Je regarde derrière moi : pas de frontales à l’horizon, personne pour m’aider à la convaincre de se couvrir. Je finis par lui dire que je dois m’arrêter pour rajouter une couche, je lui demande si elle peut m’attendre. A ma grande surprise elle me dit oui avec un grand sourire et qu’elle aussi doit se couvrir… Elle prend énormément de temps, elle a l’air de ne plus vouloir avancer. Je lui dis qu’il va falloir que l’on y retourne, mais elle ne veut pas. « Je vais faire une pause ici ». Mes tentatives pour la faire repartir sont vaines, je ne veux pourtant pas la laisser seule, j’attends qu’une frontale arrive. J’en vois 4 ou 5 au loin. Je lui dis que je vais repartir, lui demande si elle veut qu’on y aille ensemble. « Non, je reste encore un peu ». Je lui souhaite bonne continuation et je repars.
Je plonge de nouveau seul dans la nuit, ma peur augmente au fur et à mesure de mes pas. Nous sommes à flanc de montagne. Sur ma droite la roche, sur ma gauche le vide. Je ne le vois pas, je le devine. La sensation est renforcée par les petites lumières que je vois au fond dans la vallée. Il faut descendre sur des rochers, je mets mes mains dès que je peux, j’ai la sensation de ne pas avancer. Je n’ose plus regarder ma montre pour connaître l’altitude : j’ai les yeux rivés sur le sol, à la recherche du piège qui me ferait tomber ! Puis de nouveau un single à plat je reprends un rythme de marche correct. Je vois des frontales loin devant moi, j’ai tellement envie de les rejoindre pour ne plus être seul, mon regard passe des lumières au fond de la vallée aux scintillements des frontales au loin, d’un coup je trébuche, mon pied droit se prend dans une racine, pourtant bien évidente !!... mon genou droit heurte le sol, ma jambe gauche part dans le vide à côté… j’hurle de surprise et de peur, je ne veux pas tomber !!... personne ne pourra me retrouver !!... il fait nuit !!... de quelle hauteur je peux tomber ?!...Mes bâtons, une fois de plus, m’ont gêné, mais dans la chute j’arrive à saisir la racine sur laquelle je suis tombé… la position me déclenche une violente crampe dans le mollet droit… je me retrouve à terre, ma jambe gauche est dans le vide, la peur accentue ma force, malgré la crampe je remonte rapidement sur ce petit passage tellement étroit. Je m’assois, prostré contre la roche.
Cet incident déclenche plein de sentiments qui se télescopent : la peur d’abord, incontrôlable, irrationnelle, avec le recul parfaitement injustifiée, je n’ai fait que trébucher sur ce chemin, à aucun moment je n’ai risqué un accident plus grave. La colère ensuite : je ne suis pas là pour mourir ou me blesser !!... Je pensais être aussi fort que les autres ?! je connais trop bien mes capacités, je sais pourtant qu’elles sont faibles !! bien plus faibles que les autres concurrents de cette course ou que d’autres courses… pourquoi je m’embarque sur quelque chose comme ça ??!... j’en suis incapable, je ne suis pas au niveau !! Enfin la déception : ma femme est au prochain ravito, elle m’attend, elle porte mes projets et supporte tout ce qu’il y a autour et le regard de mes enfants ?... Comment vont-ils juger cet échec. Moi qui leur explique chaque jour qu’il faut être fort, que rien n’est impossible à celui qui le veut !...
A ce moment, sans même prendre une quelconque décision, l’issue est devenue inévitable… j’arrête, j’abandonne. Je rejoins Val Pelouse, je rends mon dossard, je ne veux plus entendre parler de ça ! Je me relève, je tremble de froid, peut être aussi de peur et je me remets à marcher. Etrangement, je reprends une certaine sérénité : c’est la meilleure décision à prendre, je ne pourrai pas continuer. Plus j’avance, plus ma décision se renforce.
C’est à ce moment-là que j’ai manqué de lucidité. La fatigue, la nuit et surtout la peur de cette course, avant même le départ ont eu raison de ma volonté de terminer.
Le reste est un vague souvenir. Je suis arrivé à Val Pelouse, ma petite femme m’attendait, elle avait un super sourire jusqu’à ce que je lui lâche ma décision, elle a tout tenté, mais il n’y avait rien à faire à ce moment-là. J’ai tenté de reprendre mes esprits, en mangeant, en essayant de reprendre des forces, mais la peur a été plus forte. J’ai rendu mon dossard au bénévole qui se trouvait à l’intérieur, je m’attendais à ce qu’il essaye de retenir ma décision, peut être que j’aurai voulu, mais il n’a rien dit.
Je suis sorti du ravito, Caro à mes côtés, j’ai remonté la pente pour aller jusqu’au parking, j’ai éclaté en sanglots à ce moment-là… je regrettais déjà ma décision. Mais pour rien au monde je n’aurais fait demi-tour pour tenter de récupérer mon dossard.
Aujourd’hui encore, 3 mois après la course, je conserve une déception profonde de n’avoir pas eu plus de détermination ou de courage. Je me suis caché pendant des jours derrière « Il faut vivre l’expérience au moins une fois », mais j’aurais tellement préféré ne pas la vivre…
J’ai pris la décision d’y retourner. Si en 2015 je ne suis pas sur l’UTMB, je serai sur l’Echappée Belle et si je suis sur l’UTMB en 2015, je serai sur l’Echappée Belle en 2016. Je mettrai toute ma lucidité dans cette course, j’y engagerai tout mon courage et je ferai tout pour aller sonner la cloche à Aiguebelle !
Franck
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19 commentaires
Commentaire de patrovite69 posté le 30-11-2014 à 22:08:09
Et on sera encore là ! Et s'il le faut je ferai un bout de chemin avec toi pour que tu ne lâches pas!Tu ne resteras pas sur cet échec!
Quant aux enfants je crois qu'ils ont compris que des fois c'est plus dur que prévu et qu'il faut savoir pendre des décisions même si elles sont dures à accepter. A aucuns moments ils n'ont été déçus par ton attitude, mais juste parce qu'ils savaient à quel point tu y tenais et que toi tu serais déçu de ne pas terminer!
Aller! en selle pour de nouvelles courses, on sera là pour t'épauler!
Commentaire de lemulot posté le 30-11-2014 à 22:11:14
Bravo Franck, pour ton aventure et d'avoir eu le courage de faire un CR. Tu remercieras ton fils pour les myrtilles ;-)
Nous avons dû naviguer dans les mêmes temps (3h aux Gleyzins), pour moi ça c'est mieux passé puisque j'ai fini (22h). Tu as l'air de t'être bcp mis la pression, je n'ai pas ressenti la course comme toi, je l'ai abordé comme une rando et finalement c'est comme ça que ça passait le mieux. Comment juges-tu l'échappée belle par rapport à la TDS ? (je fais le chemin inverse de toi ;-). Comme toi si je ne suis pas pris à la TDS retour à l'échappée belle (le 145) sinon ça sera pour 2016, mais je reviendrai, elle marque cette course.
Commentaire de randoaski posté le 30-11-2014 à 22:20:53
Très chouette récit. Je pense que ta peur t'as simplement totalement inhibé. C'est vrai que cette course est dure, mais qu'est ce qu'elle est belle...
Ah: à propos de la comparaison UTMB-Echapée Belle: je mets 10h de plus sur l'EP que sur l'UTMB alors qu'il y a 20 bornes de moins c'est dire sa difficulté ;)
Commentaire de Jean-Phi posté le 01-12-2014 à 09:13:54
Tu as appris beaucoup sur toi et nous avons tous des limites à certains moments. Avec la fatigue, les décisions que l'on prend sont parfois amèrement regrettées ensuite mais il reste l'envie et avec l'envie on fait beaucoup de choses ! Tu la boucleras cette EB, c'est sûr ! Bravo pour avoir su exorciser tout ça.
Commentaire de Arclusaz posté le 01-12-2014 à 09:17:57
un récit marquant que je vais sans nul doute lire et relire.
C'est un peu "chronique d'un abandon annonçé", c'est vrai que tu t'es sans doute mis trop de pression
Je me demande si ton excellente forme physique ne t'a finalement pas desservie : tu es peut être allé trop vite et n'était plus lucide quand il a fallu serrer les boulons.
Avoir peur, ce n'est pas manquer de courage. Le pleutre c'est celui qui n'essaye pas.
Et celui qui abandonne n'a pas à se justifier, c'est une décision personnelle.
Tu as pris la bonne décision car c'est toi qui l'a prise et tu es revenu entier.
Faut que j'aille le voir ce Col de Moretan : on se fait une sortie cet été ?
Commentaire de marat 3h00 ? posté le 01-12-2014 à 10:35:46
Et bien je trouve que tu as pris la bonne décision. On fait ces épreuves pour le plaisir. Je ne suis pas à l'aise dès qu'il y a une notion de danger réel ou imaginé. C'est ainsi. Sois plutôt fier de ta décision : tu as placé la sécurité et l'attachement à tes proches avant ton orgueil. C'est très respectable. Tu peux bomber le torse pour ça !
sache en tous cas que ta volonté d'y retourner te place au dessus de pas mal de monde, dont moi. Quand je ne prends pas de plaisir, je prend acte de mes limites et je passe à d'autre choses; il ya tellement de belles choses à vivre !
Et bravo pour le récit, tu franchis déjà un blocage.
Commentaire de fred_1_1 posté le 01-12-2014 à 13:11:32
dommage que la peur de la chute t'ai paralysé.
- le tronçon super-collet / val pelouse n est pourtant pas du tout exposé, il faudrait que tu ailles le repérer de jour pour mieux t'en rendre compte.
Enfin une petite correction par rapport à ton recit. Tu dis : "une bonne partie ( de la montée au supercollet) se déroule sur les pistes de ski de la station " ,en réalité la montée au refuge de la pierre du carre, ce ne sont pas des pistes de ski, c est uniquement des chemins d'exploitation forestiers très pentus tracés pour descendre les grumes.
Commentaire de rico69 posté le 01-12-2014 à 14:22:18
Je viens juste de poster mon CR des templiers où j'abandonne aussi (pas pour les mêmes raisons et pas dans les mêmes conditions). Je crois que sincèrement ton CR (comme le miens) est nécessaire pour ne pas garder tout "ca" en nous. C'est assez étonnant comme j'ai ressenti exactement la même chose à peu près au même moment: les regrets quand tu rentres "la queue entre les jambes" juste après. Mais j'en suis convaincu un abandon ca reste de l'expérience emmagasinée malgré tout. La prochaine fois on saura, on sera préparer à ces moments de doutes intenses où tout raisonnement devient impossible. et là... on sera plus fort on saura faire face.
Commentaire de fildar posté le 01-12-2014 à 16:35:06
Franck, ton récit m'intrigue et je ne sais plus vraiment quoi penser de cette course.
Moi aussi elle me fait peur mais elle m'attire aussi.
Comme toi 2015 sera orienté sur l'UTMB car recalé cette année et si je suis pris se sera Belledonne en 2016 mais avec des recos pour voir ce qui nous attend.
Bon je suis le 2éme à te proposer d'aller voir le col de Moretan.
Bonne chance pour le tirage au sort de mi-janvier.
Commentaire de the dude posté le 01-12-2014 à 17:35:11
Eh bien dis donc, moi qui pensais avoir vécu l'enfer en 2013 sur cette Echappée, je vois que tu es passé par des états pires encore.
J'ai vécu le Morétan à peu près comme toi - mais de nuit - en revanche il faisait jour quand j'ai fait la portion Collet - Val Pelouse, j'étais donc plus serein.
T'as eu le courage d'aller jusque là alors que dès le début ta tête ne voulait pas y aller, probablement qu'en reconnaissant cette partie-là de jour ça passera beaucoup mieux.
Commentaire de bubulle posté le 01-12-2014 à 20:22:40
Ah que j'aurais voulu être là, comme vous avez été là sur ce chemin maudit des Houches. Alors, et si on se donnait rendez-vous sur l'EB 2016 (2015, honnêtement, je ne me sens pas prêt) ? Ce genre de course, si ça se trouve, c'est fait pour se vivre en duo/trio/va savoir. En tout cas, il est marquant, ce compte-rendu, on n'en sort pas indemne. Faudra que je le relise quelques fois.....
Commentaire de bubulle posté le 26-12-2014 à 16:51:07
Je viens de le relire. C'est que, bon, je viens aussi de décider que si je ne fais pas d'UTMB en 2015, ce sera l'EB (le grand, tant qu'à faire). Le seul problème, c'est que chaque CR que je lis me fiche un peu plus la trouille...:-). En fait, le seul truc qui, jusqu'ici, me fait rester optimiste, c'est que je sais que le suis très têtu..:-)
Et il faudra bien l'être puisque même si, de toute façon, le tirage au sort de l'UTMB me "sauve" de l'EB en 2015, il faudra alors que j'y aille en 2016..:-)
Commentaire de bubulle posté le 15-02-2015 à 13:56:13
Et là, je suis totalement maso puisque je viens de re-re-relire ton CR, Franck. Comme qui dirait une façon de me persuader que ce qu'il faut que je travaille, surtout et de très loin, c'est le mental. Le physique suivra, j'en suis persuadé, donc c'est le mental qui pourra m'emmener, comme il t'emmènera, toi, au bout de ta deuxième tentative, j'en suis certain.
Commentaire de loiseau posté le 01-12-2014 à 20:40:00
Merci Franck pour ce récit, c'est comme si on était là, avec toi.
Comme pour beaucoup d'autres personnes, cette course m'attire. J'ai fait pas mal de randos en Belledonne, c'est un massif magnifique et sauvage. Venant du plat pays, je connais bien aussi la peur en montagne. La peur peut protéger contre les bêtises, mais parfois il faut l'oublier une fois engagé dans un passage délicat pour ne pas être tétanisé. Pas facile...
Comme dit avant, fait des reconnaissances des passages délicats et essaie de trouver un binôme pour faire la course avec toi, et ça ira beaucoup mieux !
Commentaire de calpas posté le 01-12-2014 à 21:40:06
j'en ai encore des sueurs froides , merci pour ton récit c'est toujours plus facile de raconter une course qui se passe bien.je suis persuadé que tu as pris la bonne décision.la prochaine fois quelques recos et ça se passeras bien.
Commentaire de DKféeinée posté le 02-12-2014 à 21:00:54
Quelle honnêteté, quelle franchise avec toi même... Ton récit me plait beaucoup, il est tellement riche d'enseignements... Pour autant ça me donne presque envie d'être confrontée à ce genre de situation, même si ça fait peur quand même ! C'est courageux d'oser, encore davantage d'assumer la décision d'abandonner avec autant de vérité. Bravo !... Vraiment.
Commentaire de snail69 posté le 02-12-2014 à 23:25:02
Je me suis retrouvé plongé dans ton CR comme dans un roman d'aventures. Tu as un vrai talent d'écriture. Le passage avec cette femme qui semble avoir perdu toute lucidité sur sa course est absolument incroyable. Je ne suis pas un montagnard, je ne connais ni ces environnements de course, ni l'ultra: cela me semble être un monde différent de ma pratique du trail. J'ai l'impression qu'avec ce type d'épreuve, on est dans une surenchère qui m'échappe. Une chose est sûre : tu as franchi un sacré palier cette année. Tes courses de prépa et ce début d'EB en sont la preuve. Au plaisir de se recroiser.
Commentaire de Spir posté le 10-12-2014 à 14:00:22
J'ai fini la lecture de ton CR avec les larmes aux yeux. Il me semble qu'on s'est croisé brièvement à la NdC et j'avais retenu que tu avais eu très peur. Tu as pris la bonne décision. Dommage que tu n'ai pas réussi à plus te détendre sur la première partie de la course... L'état de cette femme que tu croises fait beaucoup réfléchir. Tu sais ce qu'elle est devenue ?
J'ai bien l'intention d'être sur le 85km l'an prochain. On pourra aller faire un repérage aux beaux jours !
Encore merci pour ce CR.
Commentaire de Arclusaz posté le 01-09-2015 à 23:02:01
voilà, un an après j'ai relu cette première tentative.... en sachant comment s'est passée la 2eme. Toujours aussi intéressant.
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