Récit de la course : Trail du Lac d'Annecy - Technica Maxi Race 2014, par Caro74

L'auteur : Caro74

La course : Trail du Lac d'Annecy - Technica Maxi Race

Date : 31/5/2014

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 3993 vues

Distance : 86km

Matos : Hoka Stinson Evo, Textiles X-Bionic, Bâtons Pro-Trailer Original.

Objectif : Objectif majeur

6 commentaires

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Une bonne bavante..

(Désolée, mais une fois de plus, mon récit n'est pas agrémenté de photos... pas le temps d'en prendre et je trouve un peu narcissique d'afficher les photos de moi que les gens ont prises.)

3h du matin : départ ! J’opte pour la prudence et n’essaie pas de suivre Juliette qui me distance sur le plat. J’essaie d’adopter un bon rythme, mais de ne pas aller à l’essouflement. Après avoir longé le lac, on s’élève vers le Semnoz par des jolis sentiers en sous-bois. J’aime beaucoup cette partie de la course, de nuit. J’aperçois régulièrement Juliette, 200 mètres devant. Je me fais aussi doubler par une Italienne, que je rattrape ensuite lorsque le sentier se fait plus technique, recollant aussi Juliette par la même occasion. Il fait très froid. On arrive ensemble au sommet du Semnoz, admirant le spectacle de l’aube, mais constatant aussi que, au lieu du soleil attendu, c’est une grande mer de nuages qui baigne les montagnes environnantes.

C’est la première fois que j’ai une assistance, et j’en apprécie le confort ! J’ai juste à attraper mes flask toutes prêtes et quelques gels et, zou, c’est reparti. Sur un coup de tête, je rends ma frontale. 100 mètres en dessous du ravitaillement, je constate qu’il fait encore très noir et que ce n’était peut-être pas une bonne idée. J’ai aussi oublié mes bâtons, que je comptais utiliser dans les côtes suivantes. Tant pis, je les reprendrai à Doussard, en espérant que cela ne va pas trop me fatiguer de forcer uniquement sur les jambes. Dès que la descente se fait plus raide, je double à nouveau Juliette, qui m’avait passée après le ravito, je me penche un peu sur l’avant et c’est parti ! Nuit ou pas nuit, je fonce ! Heureusement, il y a plein de concurrents à doubler et qui m’éclairent un peu et, petit à petit, le jour se fait plus franc.

A la faveur d’une piste large, Juliette revient sur moi et, quand la piste devient un faux plat montant, elle me dépose littéralement. Qu’est-ce qu’elle est forte sur ce type de pente ! En 2-3 km, je ne la vois plus du tout ! On attaque ensuite un chemin large et boueux, bien raide. J’ai une petite pensée pour les 1600 personnes qui vont passer derrière, ça va être épouvantable ! On monte quand même beaucoup, mais ensuite le chemin se fait technique, j’adore ça ! Au Col de la Cochette, les gens me disent que Juliette est 10 secondes devant. Dans la descente, je la rattrape et envoie tout ce que je peux ensuite. Je sais qu’en principe, sur l’ultra, il faut s’économiser dans les descentes, mais c’est plus fort que moi, j’aime tellement ça ! Vient une montée et, youpi, encore une descente technique. Puis un long plat de 3-4 km jusqu’au ravito de Doussard. A ma grande surprise, j’ai une pêche d’enfer et tourne à 13 km/h. Arrivée au ravito, je fais le plein, prends mes bâtons et c’est reparti. D’après livetrail, j’ai 5 mn d’avance sur Juliette et suis à 4h56 de course lorsque je sors du ravitaillement.

Vient bientôt la longue montée vers la Forclaz. C’est juste la pente que je n’aime pas trop : trop plat pour marcher, mais courir dessus donne l’impression de se traîner. Par contre, le sentier est joli. Arrivée à la Forclaz, déception : au lieu du splendide sentier en balcon que j’avais emprunté en reconnaissance (marrant, d’ailleurs, cette reconnaissance : je n’ai quasiment emprunté aucun des chemins de la course !!), on descend une route, puis on va tourner dans des chemins à moitié fermés, avant de remonter le long d’un ruisseau. Je trouve vraiment cette section sans intérêt et commence à fatiguer. Je me fais doubler par Anna Frost avec qui j’échange quelques mots. Je n’avais pas compris qu’elle faisait un relais et pensais qu’elle faisait juste son footing matinal ce qui, vu la différence de vitesse entre nous, m’a un peu déprimée sur le moment. La montée vers le chalet de l’Aulp va être un peu le calvaire pour moi, j’ai mon premier vrai coup de mou. Mais je sais qu’en ultra, ça passe. D’ailleurs, j’avais très mal aux genoux jusqu’au km 35, et c’est complètement passé. Après les sentiers un peu vallonés qui suivent le chalet de l’Aulp, je rencontre Christophe Aubonnet (Hoka) et Goran Mojijevic (Passion Trail), je ne leur décroche quasiment pas un mot (pardon les zamis), mais je suis contente de les voir.

Tout d’un coup, mon coup de mou passe et je suis en forme pour attaquer la montée sur le col des Frêtes. J’adore cet endroit ! (Bon, d’habitude, la vue sur le lac est hallucinante, mais là, c’est brouillard). Vient enfin la redoutée descente pleine de cailloux vers Villars-Dessus. A ma grande surprise, je m’éclate comme une bête et sens même qu’elle me repose, après toutes ces montées depuis Doussard. (Merci mes Hoka !) Si bien que j’aborde la piste montante qui suit au petit trot. La partie qui mène à Menthon me semble quand même longuette, surtout quand on va encore tourner sur du goudron pour aller au ravito. De nouveau, mon plein d’eau (merci Thibault pour l’assistance), et c’est reparti. 8h10 de course, j’ai peu d’espoir de passer sous les 10h, mais j’y crois encore. Je n’ai plus mangé depuis le col des frêtes, mais n’ai plus faim du tout , alors décide de ne plus manger jusqu’à l’arrivée, mon hydrixir longue distance faisant des merveilles. (C’est la 1ere fois que je teste et suis ravie !)

La montée vers le Veyrier est un calvaire. On alterne piste boueuses, chemins boueux et herbeux en dévers, le tout de façon interminable. (hum, je sens que je fais envie à mes lecteurs). Je n’avance plus, c’est horrible. Heureusement, tout à une fin et on arrive enfin sur les belles arêtes techniques du Veyrier. Le soleil est sorti, la vue est magnifique et, OUI, enfin la descente. Après quelques centaines de mètres parcourus un peu maladroitement, je reprends mes marques et m’amuse quand même bien. Je croise un concurrent qui me dit qu’il en a marre (sans blague ?) et, comme ça fait du bien de se sentir comprise, je m’envole de plus belle vers l’arrivée. Un peu de plat pour achever la bête, une longue boucle un peu curieuse, et enfin l’arche d’arrivée. 10h15 ! Je suis émue et heureuse. Un petit bain dans le lac pour terminer.

Une petite pensée pour mes copines Anne Valéro et Juliette Bénédicto, qui ont dû abandonner. J’étais vraiment triste pour elles, quand je l’ai appris. On se sent déçu, malheureux et misérable quand on abandonne, j’en sais quelque chose ! Mais, en observant un peu le petit monde de l’ultra, je crois que l’abandon fait partie du jeu et, que quand on veut gagner, on prend des risques et qu’on abandonne donc encore plus que la moyenne des gens.

Un autre constat que je fais aussi (forte de ma courte expérienceSourire), c’est que les coups de moins bien et les douleurs musculaires et articulaires sont fréquents en ultra, et qu’il faut savoir se dire que cela va passer. Moi, j’ai toujours tendance sur le moment à me dire que je suis une nullité, que tout est fichu, etc… puis j’ai des moments d’euphorie, où j’ai envie d’aller à fond la caisse. Le tout est de savoir lisser ces hauts et ces bas et de rester serein. Pas si facile !



6 commentaires

Commentaire de Maido posté le 02-06-2014 à 09:50:59

Ah oui, la course à l'avant, ce n'est pas tout à fait le même monde. Merci de nous le faire partager ! Félicitations en tout cas. On comprend bien que c'est plus dur de prendre des photos à 13km/h...

Je te confirme que les chemins boueux sont bien horribles pour le milieu du peloton ;)

Commentaire de eric74 posté le 02-06-2014 à 21:37:54

Bravo Caro
Oui j'ai su rapidement pour Anne , j'ai aussi été triste pour elle ...
Marrant que tu ais cru qu'Anna faisait son footing , je la croise souvent justement dans le veyrier et j'ai toujours l'impression d'etre à l'arrêt ...bref en tout cas sympa de pouvoir lire le récit d'une championne qui plus est première de la course..
bravo encore à toi

Commentaire de loiseau posté le 02-06-2014 à 22:31:50

Merci Caro pour récit, et bravo pour ta course ! Une bonne reconnaissance pour l'année prochaine (au moins là tu as pris les bons chemins) ? Ah, comme j'aimerais pouvoir m'éclater dans les descentes techniques comme toi :-(

Commentaire de stphane posté le 02-06-2014 à 22:37:45

Bonsoir Caro félicitation pour ta première place et pour ta qualification aux mondiaux 2015!
Tu as fais une superbe course. J'ai fais comme toi cette maxi race et j'hallucine de tes 13 km/h... , je confirme aussi que la montée vers le Veyrier était super hard (mais bon moi j'ai pas trouvé que ça hard en fait ...)
Encore BRAVO pour ta perf !!!!!
Stéphane

Commentaire de martinev posté le 05-06-2014 à 13:44:09

Bravo Caro, ça à l'air si facile à te lire. Tu es vraiment une "guerrière" et tu ne lâches rien. Félicitations pour ton beau parcours et ta place en équipe de France est largement méritée.

Commentaire de ilgigrad posté le 05-06-2014 à 23:04:00

Même si nos vitesses et nos objectifs ne sont en rien comparables, nous partageons parfois les mêmes sensations. Nous avons grimpé sur les mêmes sentiers et courus sur les mêmes pierres. Je me retrouve dans tes coups de mou et l'euphorie de la dernière descente.
Contrairement à toi je n'ai pas la sagesse que tu exposes en conclusion : ne pas se laisser emporter par des sensations qu'on sait passagères, qu'elles soient positives ou négatives, est un art; tu le maîtrise parfaitement.

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